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Jours tranquilles à Paris

22 mars 2017

Erwin Blumenfeld

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21 mars 2017

Le Louvre

Louvre (1)

Louvre (2)

21 mars 2017

Extrait d'un shooting

shooting amedea (2)

shooting amedea (4)

21 mars 2017

Débat présidentiel : les petites et grosses intox des cinq candidats

Par Adrien Sénécat, Alexandre Pouchard, Maxime Vaudano, Anne-Aël Durand

Le Pen gonfle les chiffres du chômage, Fillon déforme ceux sur les demandeurs d’asile, Macron s’emmêle les pinceaux sur les peines de prison… Neuf déclarations des candidats décryptées.

C’est à un débat pugnace que se sont livrés les cinq principaux candidats à l’élection présidentielle, lundi 20 mars, sur TF1. François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon se sont opposés sur de larges thèmes comme la sécurité, l’immigration, les retraites ou encore l’Europe. Au prix de quelques contre-vérités ou d’exagérations, parfois, dans leurs argumentaires. Nous avons décrypté les neuf plus flagrantes relevées.

La proposition inapplicable de Marine Le Pen sur les fichés S

PROPOSITION : « EXPULSER LES ÉTRANGERS ISLAMISTES FICHÉS S ».
MARINE LE PEN
POURQUOI C’EST INAPPLICABLE
En pratique, la loi permet tout à fait d’expulser un étranger qui représente « une menace grave ou très grave pour l’ordre public ». La décision peut être prise par le préfet ou, dans certains cas, le ministre de l’intérieur. Sauf « urgence absolue », la procédure demande de convoquer la personne concernée devant une commission avant de prendre une décision. Convocation qui doit être notifiée au moins quinze jours à l’avance.

Ce qui pose problème, c’est que la candidate laisse entendre qu’il serait possible d’expulser de manière systématique des étrangers soupçonnés d’appartenir de près ou de loin à la mouvance djihadiste. Or la décision d’expulsion ne peut se faire qu’en fonction d’une appréciation individuelle de la menace. Il n’est pas nécessaire que la personne visée ait été condamnée, mais le danger doit être jugé « actuel » et « proportionnel » à la décision d’éloignement.

Mais surtout, le cas des fichés S regroupe des situations bien trop vagues et diverses pour légitimer des expulsions systématiques. La fiche S est un outil de surveillance, pas d’appréciation du niveau de dangerosité d’un individu.

L’intox de François Fillon sur les demandeurs d’asile

« UNE PARTIE [DES DEMANDEURS D’ASILE] FUIENT LA GUERRE EN SYRIE MAIS L’IMMENSE MAJORITÉ DE CES HOMMES ET FEMMES FUIENT LA PAUVRETÉ ET VIENNENT DE TOUTES LES RÉGIONS DU MONDE. »
FRANÇOIS FILLON
POURQUOI C’EST FAUX
En 2015, selon les chiffres d’Eurostat (organisme de statistiques européen), plus de la moitié des demandeurs d’asile venaient de pays en guerre tels la Syrie (29,9 %), l’Afghanistan (14,2 %) et l’Irak (9,7 %).

L’erreur d’Emmanuel Macron sur les peines de prison courtes

« LES PEINES DE MOINS DE DEUX ANS [SONT] SYSTÉMATIQUEMENT NON APPLIQUÉES.»
EMMANUEL MACRON
POURQUOI C’EST FAUX
Il est en effet possible, pour les peines de prison ferme de moins de deux ans, d’aménager la peine si la situation de la personne condamnée le permet aux yeux de la justice. Il n’y a alors pas de mandat de dépôt.

Il est en revanche erroné de dire que les peines de prison de moins de deux ans ne sont jamais appliquées, ou « systématiquement non appliquées » comme le dit M. Macron. La preuve ? Au 1er janvier 2015, 12 % des peines en cours d’exécution (sur 60 742 détenus) concernaient des peines de moins d’un an et 29 % des peines de 1 à 3 ans, selon les chiffres du ministère de la justice.

Marine Le Pen force le trait sur l’insécurité

IL Y A EN FRANCE UNE SITUATION « D’EXPLOSION DE L’INSÉCURITÉ ».
MARINE LE PEN
POURQUOI C’EST EXAGÉRÉ
Marine Le Pen a évoqué des « violences » et des « cambriolages sur tout le territoire », sans citer de chiffres précis. La candidate du FN semble ici passer un peu vite du sentiment d’insécurité qui reste élevé (notamment du fait des attentats successifs depuis janvier 2015) à une « explosion » des statistiques pour le moins contestable.

Il faut toujours prendre les chiffres de la délinquance avec du recul, car ils mesurent l’activité policière (par exemple à travers les plaintes déposées) et pas les atteintes commises directement. Reste que, selon les grands indicateurs disponibles, difficile de parler « d’explosion ».

Par exemple, le nombre de vols et de tentatives de vol de voitures est en baisse continue depuis 2006, selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). A l’inverse, le nombre de victimes de retraits frauduleux sur les comptes bancaires a augmenté. Les cambriolages, les injures ou les violences physiques sont quant à eux restés plutôt stables depuis 2014, à un niveau « élevé par rapport au niveau moyen des années 2006 à 2010 », selon l’ONDRP.

Temps de travail : l’argument discutable de François Fillon

« LA FRANCE EST LE PAYS OÙ LE VOLUME D’HEURES TRAVAILLÉES EST LE PLUS BAS PAR RAPPORT AUX GRANDES ÉCONOMIES. »
FRANÇOIS FILLON
POURQUOI C’EST CONTESTABLE
Certaines données, notamment celles d’Eurostat sur le temps de travail des salariés à temps complet, laissent effectivement entendre que les Français travaillent moins longtemps que leurs voisins européens.

Ces chiffres sont toutefois à manier avec précaution : d’abord, il faut également souligner que toutes catégories confondues (c’est-à-dire en intégrant les temps partiels et les indépendants), les Français arrivent cette fois en 10e position (sur 28) du classement européen.

Par ailleurs, lorsque l’on s’intéresse au temps de travail et donc à la « rentabilité » des salariés en France, il n’est pas inintéressant de citer les chiffres de productivité. Et cette fois, selon Eurostat, la France se classait en 5e position européenne en 2014, devant l’Allemagne et le Royaume-Uni par exemple, toujours selon Eurostat.

Approximation de Jean-Luc Mélenchon sur le nucléaire

« DANS LE PROCHAIN MANDAT, 18 RÉACTEURS NUCLÉAIRES ATTEIGNENT 40 ANS, IL FAUT 100 MILLIARDS POUR LES “RECARÉNER”. »
JEAN-LUC MÉLENCHON
DU VRAI ET DU FAUX
Le candidat a raison lorsqu’il parle de dix-huit réacteurs qui dépasseront les 40 ans avant 2022. Ils se trouvent dans les centrales de Fessenheim (Haut-Rhin), Bugey (Ain), Dampierre (Loiret), Gravelines (Nord), Tricastin (Drôme) et Blayais (Gironde).

En revanche, les « 100 milliards d’euros » que coûteraient le grand « carénage » correspondent plutôt à la somme qu’il faudrait débourser pour rénover les 58 réacteurs français selon la Cour des comptes. Pour les dix-huit réacteurs évoqués, on arrive plutôt à 30 milliards… bien qu’il ne s’agisse que d’une estimation, qui peut encore évoluer.

Dette publique : l’erreur de François Fillon

« NOUS SOMMES LE PAYS LE PLUS ENDETTÉ DE TOUS LES GRANDS PAYS DÉVELOPPÉS »
FRANÇOIS FILLON
POURQUOI C’EST FAUX
Alors que la dette publique française est d’un ordre de grandeur équivalent au produit intérieur brut (PIB) – soit 97,5 % de celui-ci au troisième trimestre 2016 selon l’Insee –, cela n’en fait pas le pays le plus endetté du monde. Par exemple, les Etats-Unis (108 % du PIB) et le Japon (250 %) le sont beaucoup plus.

Attention, néanmoins : ce chiffre à lui seul ne permet pas d’appréhender la situation des finances publiques d’un pays, puisque d’autres paramètres jouent : croissance, taux d’emprunts, niveau du chômage… C’est pourquoi le taux d’endettement du Japon, qui peut paraître spectaculaire, n’est pas un problème majeur pour le pays actuellement.

Chômage : l’exagération de Marine Le Pen

« NOUS AVONS 7 MILLIONS DE CHÔMEURS. »
MARINE LE PEN
POURQUOI C’EST TROMPEUR
Si l’on y ajoute les personnes à temps partiel et souhaitant travailler davantage (les catégories B et C), ce chiffre s’établit à 5,5 millions, selon les chiffres de Pôle Emploi. Si l’on ajoute les catégories D et E, qui regroupent les personnes non tenues de chercher un emploi (personnes en stage, formation, maladie, contrats aidés…), on atteint 6,2 millions de demandeurs d’emploi en janvier 2017 (6,6 millions pour la France entière).

Fin janvier, en France métropolitaine, le nombre de chômeurs tenus de rechercher un emploi et sans activité (catégorie A) était de 3,5 millions. C’est ce nombre que l’on convoque communément pour parler des « chiffres du chômage ».

Cette définition, très large, ne correspond pas à celle du « chômeur », au sens du Bureau international du travail (BIT), qui doit répondre à trois critères simultanément :

être sans emploi, c’est-à-dire ne pas avoir travaillé au moins une heure durant une semaine de référence ;
être disponible pour prendre un emploi dans les quinze jours ;
avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.
C’est sur cette base que l’Insee estimait le nombre de « chômeurs » à 2,8 millions de personnes en France métropolitaine au troisième trimestre 2016.

L’exagération d’Emmanuel Macron sur le niveau des écoliers

« NOUS AVONS PLUS DE 20 % DES ÉLÈVES QUI ARRIVENT EN CM2 » QUI NE SAVENT PAS LIRE, ÉCRIRE OU COMPTER.
EMMANUEL MACRON
POURQUOI C’EST EXAGÉRÉ
Les statistiques du ministère de l’éducation nationale sur le niveau des élèves de CM2 montraient en 2013 que 79,8 % maîtrisaient les compétences attendues en lecture et 70,9 % celles en mathématiques. Des chiffres qui peuvent sembler correspondent à l’ordre de grandeur évoqué par le candidat, mais sa présentation est en réalité trompeuse.

Il est en effet faux d’affirmer que ceux qui ne maîtrisent pas les compétences du socle ne savent pas lire ou compter. Sur la compétence lire, il est notamment attendu de savoir « dégager le thème d’un texte, repérer dans un texte des informations explicites, inférer des informations nouvelles (implicites), repérer les effets de choix formels ».

21 mars 2017

Coco de mer

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21 mars 2017

Souvenir...souvenir

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21 mars 2017

Affaires Fillon : l'enquête élargie à des faits d’"escroquerie aggravée", de "faux et usage de faux"

L'enquête sur les époux Fillon est élargie. L'information judiciaire, ouverte notamment pour détournement de fonds publics et abus de biens sociaux, porte également sur des suspicions d'"escroquerie aggravée", de "faux et usage de faux". Un réquisitoire supplétif a été délivré aux juges d'instruction, le 16 mars, par le parquet national financier, a appris franceinfo, confirmant une information du Monde publiée mardi 21 mars.

21 mars 2017

Miles Aldridge

Une publication partagée par @milesaldridge le 20 Mars 2017 à 10h49 PDT

Une publication partagée par @milesaldridge le 20 Mars 2017 à 10h49 PDT

Une publication partagée par @milesaldridge le 20 Mars 2017 à 10h49 PDT

21 mars 2017

Inrockuptibles

21 mars 2017

Présidentielle : un premier débat dynamique mais sans bouleversement

Par Solenn de Royer, Cédric Pietralunga, Bastien Bonnefous, Olivier Faye, Matthieu Goar, Alexandre Lemarié, Raphaëlle Besse Desmoulières

Les cinq principaux candidats ont débattu pendant plus de trois heures. Au final, pas de grand vainqueur ni de vaincus. Mais une campagne électorale enfin lancée.

Cette fois, ça y est, la campagne est lancée. Lundi 20 mars, à trente-quatre jours du premier tour, les cinq principaux candidats à l’élection présidentielle – Marine Le Pen, Emmanuel Macron, François Fillon, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon – ont pu débattre pendant plus de trois heures, en arc de cercle sur le plateau de TF1 et LCI à la Plaine Saint-Denis, sur les sujets de société, les questions économiques et les enjeux internationaux. Exercice inédit, bousculant les usages de la Vè République.

Animée par les deux journalistes Gilles Bouleau et Anne-Claire Coudray, la soirée a commencé par une pensée pour les absents, ces six « petits » candidats exclus par les organisateurs car à la traîne dans les sondages ; un parti-pris jugé antidémocratique par plusieurs acteurs de ce « grand débat ».

Calme et corsetée, voire ennuyeuse au début, la confrontation a pris un tour plus dynamique et interactif à mesure que la nuit avançait, virant parfois à la cacophonie, sous les yeux d’un public autorisé à se manifester, à rire aux bons mots notamment, ce qui a parfois donné à ce long débat appliqué des faux airs d’émission de divertissement.

In fine, celui-ci ne semble pas avoir bousculé les tendances préexistantes, ni inversé radicalement les rapports de force entre les candidats. Tout ça pour ça ? Revue de détail.

Les affaires ont-elles pesé sur le débat ?

Alors que depuis fin janvier, et les premières révélations du Canard enchaîné sur l’emploi présumé fictif de Penelope Fillon, la campagne présidentielle est rythmée par les affaires, celles-ci ont été absentes du débat télévisé.

Mis en examen depuis le 14 mars, François Fillon s’attendait pourtant à être au centre des attaques de ses adversaires sur ce sujet délicat. Il aura finalement été relativement épargné. Dans la première moitié des échanges, le candidat Les Républicains (LR) s’est même permis de venir lui-même sur ce terrain en proposant de mettre en place une « commission qui planche sur les conflits d’intérêts et les règles de la transparence » en cas d’élection à l’Elysée. Aucun autre candidat ne l’a alors interpellé.

Ce n’est que lorsque les journalistes ont évoqué le « climat des affaires », sans être plus précis, que Jean-Luc Mélenchon a brisé le non-dit qui s’installait dans le studio, moquant ces « pudeurs de gazelle ».

« Ici, il n’y a que deux personnes qui sont concernées : M. Fillon et Mme Le Pen. Nous n’avons rien à voir avec tout ça, alors s’il vous plaît ne nous mettez pas dans le même sac », a insisté le candidat de La France insoumise avant d’égrener ses propositions pour plus de transparence, comme l’interdiction pour un élu d’embaucher des membres de sa famille. « Il n’est pas interdit aux électeurs de récompenser les vertueux et de châtier ceux qui leur paraissent ne pas l’être », a conclu l’ancien socialiste.

« C’est Robespierre… », a alors rétorqué Marine Le Pen, elle-même visée par plusieurs affaires concernant des emplois présumés fictifs d’assistants au Parlement européen.

Seul Benoît Hamon a glissé une allusion aux soupçons qui pèsent sur M. Fillon. Attaqué par ce dernier sur son projet de réduction du temps de travail à 32 heures, le candidat socialiste n’a pas laissé passer l’occasion : « Vous, c’est 500 000 fonctionnaires en moins. Vous êtes très fort en soustraction, un peu moins en addition quand il s’agit de votre propre argent ! »

Mais sur le fond, l’ancien premier ministre n’a jamais eu à détailler sa défense. Aucune allusion sur son train de vie, ses costumes payés par l’homme d’affaires Robert Bourgi ou ses amitiés avec des grands patrons.

François Fillon a même reçu le soutien de Marine Le Pen qui a semblé aller dans son sens. « J’espère qu’elle [la justice] sera aussi rapide que pour M. Fillon », a-t-elle lancé à Emmanuel Macron qui lui reprochait des propos relevant de la « diffamation ». « C’est ce qu’on appelle la justice TGV », a embrayé l’ancien premier ministre qui a profité de sa conclusion pour livrer des éléments de langage désormais bien rodés : « J’ai pu commettre quelques erreurs. J’ai des défauts – qui n’en a pas – mais j’ai de l’expérience. »

Qui a gagné le match à gauche entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ?

Le premier désaccord est arrivé après… deux heures et dix minutes de débat, sur le revenu universel proposé par Benoît Hamon. Et encore, avec des pincettes de la part de Jean-Luc Mélenchon, qui a jugé « l’idée brillante », mais impossible à réaliser dans l’immédiat. Une illustration de la tragédie de la gauche qui se présente à la présidentielle divisée entre deux candidats finalement d’accord sur pratiquement tous les sujets.

Sur l’éducation, la santé, l’écologie, la sécurité, la laïcité ou l’immigration, MM. Hamon et Mélenchon n’ont en effet exprimé aucune divergence forte. La question européenne n’ayant pas été évoquée, le seul point de friction entre le socialiste et son ex-camarade est intervenu sur les rapports de la France avec la Russie. « C’est là que nous avons un désaccord », a reconnu à voix haute le député des Yvelines.

Pour M. Hamon, ce rendez-vous devait être l’occasion de convaincre une partie des électeurs de M. Mélenchon qu’il était un candidat mieux placé que le député européen pour accéder au second tour de la présidentielle. Mission accomplie ?

Rien n’est moins sûr, alors que M. Mélenchon, qui a multiplié les saillies, a su faire vivre le débat, quand M. Hamon, en s’en tenant à sa feuille de route préétablie, a donné l’impression d’être plus en retrait. Dans le match qui oppose les deux hommes à gauche, le premier a clairement marqué des points lundi soir.

Regonflé par le succès de sa marche pour la VIe République, le candidat de La France insoumise est apparu très à l’aise, enchaînant les formules ciselées et les traits d’humour. Il a notamment fait rire le public en lâchant à propos de la loi El Khomri (qu’il compte abroger) : « Je ne suis pas d’accord pour un code du travail par entreprise, comme je ne suis pas d’accord pour un code de la route par rue. » Il s’en est par ailleurs pris à plusieurs reprises à la candidate du Front national (FN) qu’il accuse, à propos du voile, de « vouloir établir une police du vêtement dans la rue ».

François Fillon a-t-il rattrapé son retard sur Emmanuel Macron ?

Distancé dans les sondages par le duo Le Pen-Macron, François Fillon a tenté de combler son retard en ciblant principalement le fondateur d’En marche ! Sans parvenir toutefois à le déstabiliser vraiment.

Le candidat de droite a déroulé ses principaux angles d’attaque contre M. Macron : il l’a notamment accusé de vouloir « conduire par d’autres moyens la politique socialiste de François Hollande », cherchant à le rendre responsable du bilan du quinquennat et essayant de dissuader les électeurs de droite de le rejoindre.

A l’entendre, lui seul et son projet de rupture pourrait « rendre l’alternance possible ». M. Fillon a également assuré être « le seul candidat » à pouvoir disposer d’une majorité parlementaire « cohérente et stable » en cas d’accession à l’Elysée, contrairement à Marine Le Pen et à l’ex-ministre de l’économie, dont il a moqué le positionnement centriste. « La politique de M. Macron, c’est un petit peu à gauche et un petit peu à droite », a-t-il ironisé.

Son offensive anti-Macron s’est déclinée sur deux terrains principaux : le régalien et la stature présidentielle, des domaines où l’ex-premier ministre pense avoir l’avantage. « J’ai l’expérience », a-t-il souligné dans l’espoir d’accréditer l’idée que son rival, âgé de 39 ans, n’aurait pas la carrure pour présider le pays.

M. Fillon a rappelé aussi les mesures les plus musclées de son projet en matière de sécurité (rétablissement des peines planchers ou création de 16 000 places de prison) et fustigé la politique d’accueil de réfugiés mise en œuvre par la chancelière Angela Merkel en Allemagne – saluée par M. Macron – pour se démarquer de son rival.

Si MM. Fillon et Macron se sont tous deux posés en garant de la maîtrise des dépenses publiques, le premier a tenté de se prévaloir d’une ardeur réformatrice supérieure à celle de son concurrent. Le député de Paris s’est vanté de vouloir supprimer purement et simplement les 35 heures et l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), contrairement à l’ex-banquier.

Fragilisé par ses ennuis judiciaires, M. Fillon a aussi cherché à dissuader les électeurs de droite de fuir chez Marine Le Pen, accusant la présidente du FN – présentée comme un « vrai “serial killer” du pouvoir d’achat des Français » – de vouloir « entraîner le pays vers le chaos économique et social » avec sa volonté de sortir de l’euro.

Le statut de favori a-t-il nui à Emmanuel Macron ?

C’est celui qui avait le plus à perdre. Donné favori dans les sondages, au coude-à-coude avec Marine Le Pen, Emmanuel Macron jouait gros lors de « grand débat ». Nouveau venu en politique, le candidat n’avait jamais participé à un tel exercice et pouvait légitimement craindre les mises en cause et les chausse-trappes de ses adversaires.

Au final, il n’a pas été le punching-ball que ses partisans redoutaient et il a su déjouer la plupart des pièges qui lui ont été tendus, même s’il a semblé mettre du temps à trouver son rythme de croisière.

Désireux d’installer l’idée que le premier tour est déjà joué, Emmanuel Macron a concentré ses attaques sur Marine Le Pen. « Je ne vous fais pas parler, je n’ai pas besoin d’un ventriloque », a lancé l’ex-ministre à la présidente du FN, qui l’accusait d’être favorable au burkini. « Le piège dans lequel vous êtes en train de tomber, Mme Le Pen, par vos provocations, c’est de diviser la société » et de faire « des ennemis de la République » des « plus de 4 millions de Françaises et de Français dont la religion est l’islam et qui sont, pour la très grande majorité, absolument pas dans le communautarisme », a-t-il estimé.

A l’inverse, le candidat d’En marche ! a ménagé François Fillon, donnant l’impression de préparer d’ores et déjà le ralliement de ses électeurs au second tour. A de nombreuses reprises, M. Macron s’est ainsi dit « d’accord » avec le candidat LR, que ce soit sur le nucléaire, sur les institutions ou sur une plus grande « autonomie » accordée aux « acteurs de la santé ». Il a également souligné qu’ils étaient les deux seuls candidats à proposer un cadrage budgétaire sérieux de leur programme.

M. Macron a en outre su éviter les manœuvres – même si elles ont été peu nombreuses – destinées à lui faire porter le bilan de François Hollande, qu’il a servi durant quatre ans, d’abord comme conseiller à l’Elysée puis comme ministre de l’économie. « Le projet que je porte c’est d’abord un projet d’alternance profonde, avec de nouveaux visages, de nouveaux usages », a-t-il argué.

Mais l’ancien ministre de l’économie a aussi trébuché. Il est par exemple tombé à pieds joints dans un piège tendu par Benoît Hamon. Alors que le candidat socialiste dénonçait les risques de conflits d’intérêts liés aux « dons de personnes qui appartiennent à des grands groupes », M. Macron a aussitôt réagi… alors qu’il n’était pas nommé. « Je pense que c’est pour moi donc je me permets d’intervenir », a-t-il justifié, expliquant avec difficulté que « 32 000 personnes » lui avaient fait un don de « 50 euros » en moyenne. Erreur de jeunesse ?

Marine Le Pen a-t-elle déjà joué le second tour ?

Le fait a été peu noté, mais la présence de Marine Le Pen dans ce débat inédit n’a posé à aucun moment question. Une victoire en soi pour une candidate en quête de normalisation. Mais la présidente du FN, annoncée en tête du premier tour par les sondages, a visé plus haut lundi soir, s’adonnant à une sorte de répétition du second tour, où elle espère affronter Emmanuel Macron.

Au risque de laisser ses autres adversaires, dont MM. Hamon et Mélenchon en tête, s’en prendre à elle sur les questions d’immigration ou de sécurité – le socialiste l’a dépeinte comme « droguée aux faits divers » – sans vraiment leur opposer de riposte.

Arc-boutée sur sa définition d’un nouveau clivage qui opposerait les « patriotes » aux « mondialistes », la candidate du FN s’est efforcée de ranger M. Macron dans cette dernière catégorie, en pointant son soutien à la construction européenne ou son passé d’énarque devenu banquier d’affaires, qui serait selon elle aux prises avec des intérêts particuliers.

« Ce qui me choque, c’est le pantouflage : on est formés dans les grandes écoles de la République pour devenir fonctionnaire, on devient banquier puis on redevient politique », a-t-elle lâché, dénonçant ceux qui « prennent des décisions qui avantagent telle ou telle société ». « Je ne vous laisserai pas diffamer », a répondu l’intéressé.

De l’autre côté, la fille de Jean-Marie Le Pen a défendu son objectif de préférence nationale et a promis, entre autres, d’« arrêter l’immigration », de « retrouver nos frontières » ou d’en finir avec le « modèle ultralibéral ». Ou comment rester dans son couloir, sans vraiment faire le choix de s’adresser aux électeurs de droite ou de gauche en vue du second tour, et risquer de plafonner.

L’attaque la plus efficace contre M. Macron est sans doute intervenue en fin de débat. « Vous avez parlé sept minutes, je suis incapable de résumer votre pensée, vous n’avez rien dit. A chaque fois que vous prenez la parole, vous prenez un petit peu de ceci et un petit peu de cela, et jamais vous ne tranchez », a-t-elle lancé, rejoignant une critique déjà émise par François Fillon. Mais il était déjà minuit passé.

Qui a incarné le vote utile face à Marine Le Pen ?

Haro sur Marine Le Pen ! Favorite des sondages, la présidente du FN a concentré les critiques et les attaques tout au long du débat, chacun de ses challengers essayant de se poser en meilleur adversaire en vue d’un second tour face à elle.

François Fillon a multiplié les critiques sur l’irréalisme et la dangerosité de son programme économique qui mènerait le pays au « chaos ». Jean-Luc Mélenchon a été chercher la présidente du FN sur les questions de société, notamment l’éducation, l’immigration ou la laïcité. Quant à Emmanuel Macron, il a tout au long du débat installé l’idée d’un duel de second tour entre Mme Le Pen et lui, n’hésitant pas à dire qu’il était « d’accord » avec François Fillon quand celui-ci a assuré que la sortie de l’euro provoquerait le « chaos ».

Mais c’est sans doute Benoît Hamon qui jouait le plus gros dans cette partie. Prisonnier du piège tendu par l’ancien ministre de l’économie, qui veut installer l’idée d’un second tour entre Marine Le Pen et lui, le candidat du PS devait convaincre à la fois les électeurs de gauche et les élus de sa famille politique tentés de rejoindre Emmanuel Macron, que le leader d’En marche ! n’incarnait pas le vote utile face à Marine Le Pen.

Pour le député des Yvelines, dès lors que François Fillon reste enkysté à la troisième place dans les sondages, loin derrière Emmanuel Macron et Marine Le Pen, et que la gauche semble moins exposée – du moins à ce stade – au risque d’un second tour Fillon/Le Pen, l’argument du vote utile employé jusqu’à présent avec efficacité par les macronistes pour battre le rappel en faveur de leur candidat ne tient plus.

C’est ce qu’il a tenté de faire valoir lundi soir : « Le 23 avril puis le 7 mai, je vous propose un vote utile, a-t-il lancé en appelant à voter pour ses convictions d’abord. « Je vous propose de voter pour », a-t-il poursuivi en égrenant les points de son programme : « Transition écologique, soutien au pouvoir d’achat des plus modestes, VIe République, Europe libérée du dogme austéritaire… »

Mais le débat n’ayant pas inversé le rapport de force entre les candidats, le mistigri du vote utile reste pour l’heure entre les mains du leader de En marche !

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