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Jours tranquilles à Paris

12 février 2015

Lulu Gainsbourg...

LULU, LE DIGNE HÉRITIER DE GAINSBOURG

Par Pierrick Geais

CETTE SEMAINE, LULU GAINSBOURG, FILS DE SERGE, LANCE VÉRITABLEMENT SA CARRIÈRE EN SORTANT SON DEUXIÈME ALBUM : SON TRÈS RÉUSSI LADY LUCK SURPREND PAR SON ÉCLECTISME, SA POP ET SA DÉLICATESSE.

Tuer le père ?

Lulu s’était fait connaitre en 2011 avec un premier album de reprises From Gainsbourg to Lulu. De Initial BB à la Poinçonneuse des Lilas, il revisitait, avec un résultat plus ou moins concluant, les morceaux cultes composés par son père. L’album était sauvé par ses guest stars : Jonnhy Depp, un bon ami, M, Vanessa Paradis ou encore Scarlett Johansson en fabuleuse Bonnie. Cette fois, Lulu revient, bien plus mature, avec un album soigneusement arrangé, mélancolique et gai à la fois. On découvre un mélodiste très prometteur, qui  s’émancipe de la figure paternelle sans en renier l’héritage.

Qui est Lulu ?

Cheveux longs, regards ténébreux et tatouages, Lulu semble avoir gagné en assurance et délaissé cette figure de jeune premier un peu gauche. Pourtant, le jeune homme est toujours aussi timide. En promotion pour la sortie de son album, ses réponses aux questions des journalistes se résument souvent à des mono-syllabes. Il n’est pas très loin de ce jeune enfant de trois ans qui ne voulait pas dire un mot au micro de Jean-Pierre Foucault alors qu’il accompagnait son père sur un plateau. Mais cette maladresse attachante semble aujourd’hui participer à l’image et au potentiel symbolique de l’artiste. Après six années passées aux Etats-Unis, le musicien vit désormais à Londres où il a écrit cet album : par ce déménagement, il voulait se rapprocher de sa mère, Bambou, qui vit encore à Paris.

Un hommage à la mére ?

Le morceau le plus réussi de ce nouvel album est sans conteste Moushka . Dans un anglais subtil, Lulu écrit une ode à la figure maternelle qu’il susurrerait à cette mère à qui il donne tendrement ce surnom. Comme dans cette ballade, il ne se lasse pas de déclarer son amour sans faille à cette mère bienfaitrice : "elle est tout pour moi, elle a su faire le travail d'une mère et d'un père toute seule" dit-il aux médias.

Qui est Lady Luck ? 

Suite à une rupture difficile, Lulu voulait appeler l’album Trouble…Puis il y a eu cette rencontre incroyable, une française avec qui il vit aujourd’hui à Londres. La chanson Lady Luck, pop légère très agréable mais bien plus commerciale, raconte en quelque sorte leur rencontre. Bizarrement, il l’avait écrite avant…le destin, que voulez-vous. Cette fille le rend fou : il a même tatoué l’empreinte de ses lèvres sur son bras. Ce sont d’ailleurs ces lèvres pulpeuses que l’on retrouve sur la cover. Une Lady Luck aguicheuse donc mais aussi mystérieuse, tout à l’image de l’album.

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12 février 2015

Dans deux jours la St Valentin...

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12 février 2015

Nobuyoshi Araki

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12 février 2015

Isthme de Penthièvre (presqu’île de Quiberon)

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12 février 2015

Pauline Moulettes (parce que j'aime bien ce qu'elle fait...)

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12 février 2015

"Fifty Shades Of Grey" : une déception prévisible

Précédé par un buzz frénétique, l’adaptation du best-seller "érotique" de E.L James envahit tous les cinémas. Faut-il se ruer dans les salles pour succomber au charme de Jamie Dornan alias Christian Grey ? On vous dit tout.

Il déboule (enfin ?) sur les écrans à la veille de la Saint-Valentin et les millions d’yeux qui ont déjà reluqué la bande-annonce sur internet vont pouvoir découvrir de quoi il en retourne. Pour celles et ceux qui n’auraient jamais ouvert le best-seller international de E.L James (traduit en 52 langues et écoulé à plus de 100 millions d’exemplaires), un pitch succinct des Cinquante nuances… s’impose.

Seattle, de nos jours. Anastasia Steele - 22 ans, ravissante, mais engoncée dans la timidité et la peur du loup (elle est toujours vierge) - remplace au pied levé sa copine et coloc’ Kate pour réaliser l’interview d’un magnat de la finance : Christian Grey. Objectif : rédiger un article pour le journal étudiant de sa fac de lettres dont le millionnaire est l’un des principaux mécènes. Quand elle pénètre dans les bureaux ultramodernes de Christian où chaque secrétaire arbore un look de top model, Anastasia se sent un peu gourde dans sa robe défraichie et ses baskets avachies. Elle n’est (vraiment) pas au bout de ses peines. A la surprise générale, l’étudiante toute simple et naïve et le golden boy aux allures de mannequin et au compte en banque exponentiel éprouvent une sorte de coup de foudre. Problème : Christian ne jure que par les pratiques S-M. Il souhaite faire d’Anastasia sa soumise favorite et lui propose de signer un contrat détaillé sur les diverses pratiques et punitions à accepter : fessées, liens, godemichets divers, entraves variées etc. Cette dernière, romantique à souhait, ne l’entend a priori pas de cette oreille.

Le fantasme brûlant balaye-t-il tout sur son passage ? Peut-on réfréner ses désirs les plus ardents quand ceux-ci agitent avec une telle urgence son corps et son esprit ? Autour de ces questions qui en valent assurément beaucoup d’autres, Fifty Shades Of Grey, le film, entraine dans une longue, très longue, fiction de deux heures cinq qui alterne scènes où les deux amants jouent à une prévisible partie de cache-cache psychologique (Madame ira-t-elle se soumettre dans le loft de Monsieur ? Monsieur confessera-t-il à Madame ses traumatismes d’enfance ?) et séquences prétendument transgressives où Grey sort son matériel pour assouvir ses désirs tordus. Bilan : un ratage complet.

Personnages fantomatiques : elle est une quasi cruche, lui un névrosé caricatural. Clichés en rafale sur la domination du "mâle" et la soumission de la "femelle" (quand Anastasia fait la gueule, Christian l’emmène faire un tour en hélico ou lui achète une jolie petite auto et, hop, l’héroïne semble prête à toutes les fessées). Séquences hot qui n’ont de hot que le nom et qui rappellent les téléfilms pseudo érotiques des années 80. Jeu des acteurs atone : Dakota Johnson, alias Anastasia, ne sait que se mordiller la lèvre pour incarner le désir. Jamie Dornan, alias Christian, a beaucoup de muscles, mais aucun charisme. On en passe… Bref, un film en forme de mauvaise publicité pour le sexe, pour les femmes, pour les hommes et pour le cinéma. En France, la "chose" est interdite au moins de douze ans. Au-delà, on est assez grand pour se l’interdire tout seul.

"Cinquante nuances de Grey", de Sam Taylor-Johnson, avec Jamie Dornan, Dakota Johnson, Jennifer Ehie… Sorti le 11 février.

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12 février 2015

Extrait d'un shooting - fétichisme

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12 février 2015

Que vaut «Cinquante Nuances de Grey» au cinéma ?

Au départ, l’œuvre coquine en trois tomes de E. L. James, Cinquante nuances de Grey, bousculait le sexe vanille dans les chaumières. Deux années après, le phénomène est mondial et une horde de fans acharnées attendent l’adaptation sur grand écran du roman à l’eau de rose corsée. Faut-il aller voir Cinquante nuances de Grey ? Peut-on continuer d’ignorer le phénomène ? Décryptage et critique façon douce et dure, comme les traitements qu’inflige Mr. Grey à Anastasia Steele, en trois questions essentielles.

Par Bethsabée Krivoshey

Y a-t-il de l’alchimie entre Dakota Johnson et Jamie Dornan ?

Depuis quelques mois, de nombreuses rumeurs ont circulé sur les conditions de tournage, et surtout les supposés rapports entre les acteurs qui interprètent Christian Grey et Anastasia Steele, respectivement le beau Britannique Jamie Dornan (qui nous a définitivement conquis depuis son rôle de serial killer dans la série The Fall) et Dakota Johnson, fille de et petite-fille de, puisque sa mère est Melanie Griffith et sa grand-mère l'actrice Tippi Hedren. Autant l’admettre : le volte-face du premier acteur pressenti pour le rôle, Charlie Hunnam, entachait déjà l’aura du film à base de gossip et autre messes basses de plateau. Charlie Hunnam abandonne le projet ? C’est que Dakota Johnson a le charisme d’une huître et le tournage du film est un panier à crabes. Des scènes de sexe ont dû être retournées ? Probablement à cause du manque d’alchimie criant entre les acteurs. Même si Hunnam a expliqué avoir simplement refusé le rôle car le tournage débutait six jours après Sons of Anarchy et qu’il n’envisageait pas sa carrière comme un enchaînement de films éreintants, Cinquante nuances de Grey sur grand écran s’annonçait malgré tout houleux. Il faut croire que Jamie Dornan, finalement convainquant avec ses pectoraux et son physique de mignon, laissait a priori la pression revenir à celle qui devait interpréter l’héroïne du livre, étudiante pucelle initiée au SM et aux affres de l’amour, la jouvencelle Dakota.

Niveau d’alchimie : 50%. À la décharge de la pauvre Dakota Johnson, beaucoup plus convaincante qu’elle n’y paraît, l’excitation d’Ana Steele se borne en général à se mordre les lèvres de façon récurrente, comme dans le livre (vous avez dit cliché ?), de souffler fort quand elle est très excitée et de baisser les yeux devant son Dominant, qu’elle n’a même pas le droit de toucher. Soit les pires mimiques scéniques de Bella, aka Kristen Stewart dans Twilight, légèrement mieux interprétées par Johnson – qui l’eut cru ? Jamie Dornan, lui, peut donc onduler à loisir sur sa proie comme un alpha qui se veut irrésistible, jouant des obliques de son corps ultra bien gaulé tout en roulant complètement à l’improviste des pelles intenses dans les ascenseurs, en tenant fermement soit les mains, soit les cheveux, de sa dulcinée rougissante.

C’est qu’il faut bien pousser la pucelle à signer le contrat de 32 pages de supplices corporels qu’il lui prépare, et force est de constater que ça fait son petit effet et sur Steele, et sur les femmes de l’audience. Enfin, si n’est pas Mr & Mrs Smith qui veut, le charisme et l’alchimie des acteurs dans le film est bien moins catastrophique que le laissaient présager leurs séances photo promotionelles, ou encore l’article excité de Jezebel, tentant de prouver, photos et gifs du tournage à l’appui, que Johnson et Dornan se haïssent.

Les scènes de sexe sont-elles vraiment osées ?

Livre oblige, Cinquante nuances de Grey offrait un catalogue de détails croustillants quand il s’agissait des parties fines entre Anastasia et Christian, et aucun orifice n’était laissé pour compte dans la description des plaisirs et douleurs que la jeune fille subissait avec passion. Pour un film américain nunuche et tout public, qui raconte malgré tout l’histoire d’amour entre un millionnaire torturé et une oie blanche étudiante en littérature anglaise, on peut dire que l’adaptation de Sam Taylor-Johnson ose. Déjà, premier étonnement : on voit des poils. Et pas seulement les poils pubiens de Grey qui dépassent tant il porte des jeans taille basse (peut-être que le corps de Jamie Dornan mérite un paragraphe complet, après tout), mais bien ceux de la brune Anastasia, simple tonsure brune loin de l’esthétique porn des années 2000. Et comme le milieu du SM se veut plus libre, coquin et moins hygiéniste que le porno à l’américaine, Grey s’attarde à respirer la culotte d’Ana (oh) tandis que l’excellent directeur de la photographie du film, Seamus McGarvey (Anna Karenine, The Hours) nous fait apercevoir en contre-jour les cuisses duveteuses de la jeune fille et la réalisatrice filme une séance de fessée dans toute sa splendeur (ou son humiliation). Mais passons aux choses sérieuses : l’initiatique scène de dépucelage d’Ana a la part belle et les coups de reins, comme les préliminaires, sont plutôt convaincants ; le film fait honneur à la pratique du cunnilingus (sans les détails de La vie d’Adèle…) et à la nudité (Johnson montre ses seins dès la première scène d’intimité, chose que Sarah Jessica Parker n’aura su faire en six saisons de Sex and The City, sans pour autant devenir une Maria Schneider). Enfin, pour ce qui est des scènes de sadomasochisme, Cinquante nuances de Grey a voulu rester tout public tout en s’attaquant à un sujet sulfureux : le montage rapide, ne montrant que des détails et prises de vues clichés (des poignets liés, les joues encore et toujours rouges de Johnson, la jouissance symbolisée par sa tête à la renverse), surfe sur le SM sans faire mal aux yeux. Soit.

Niveau de sexy : 30%. Il faut dire que malgré tout cela, le film ne parvient pas à créer de scènes vraiment cul-te, aussi troublante ou dérangeante (et excitante) que la fessée de The Secretary, la fellation de Brown Bunny, ou la fameuse scène de beurre du Dernier Tango à Paris. Sam Taylor-Johnson a réussi l’exploit de réaliser un film qui parle à 80% de sexe sans franchement nous exciter ; pas d’ambiance sulfureuse à L’Amant, mais plutôt toujours les mêmes tétons qui durcissent, dos qui se cambre et lèvres qui se mordent, à répétition. De l’initiation à la fornication pour grands débutants, en somme.

Finalement, le film est-il aussi chiant que le livre ?

L’adaptation de Cinquante nuances de Grey de E. L. James par Taylor-Johnson fut houleuse, ni l’auteur ni la cinéaste ne s’en cachent. Du contrôle exercé par l’écrivain à l’adaptation cinématographique, ces « batailles saines et créatives », selon Taylor-Johnson, n’auront su empêcher le film d’être aussi attendu que le livre. Entendons-nous bien : personne, ou presque, n’ignore désormais le pitch du livre. Et c’est bien là le problème : Sam Taylor-Johnson s’adresse à ce public d'adeptes convaincus, sans même s’attarder à essayer de charmer les autres, les moins fans, les sceptiques. Dans cette rom-com qui se veut légèrement plus piquante, malgré plus de deux heures de film, les personnages sont à peine esquissés, le mystère se traduit par des phrases typiques comme « méfie-toi de moi » et on n’échappe à aucun cliché, du petit-déj pancakes à la scène du bain, en passant par une escapade en hélico, une en avion et d’autres surprises de psychopathes que Grey s’autorise. Bref, le film suit de très près le livre (sauf pour la « déesse intérieure » d’Ana, pas mentionnée dans le film, et heureusement), et c’est bien ça qui signe sa perte pour nous, les moins fans et les plus sceptiques.

Niveau d’audace dans l’adaptation : 10%. À part une esthétique impeccable, millions de dollars obligent, dans laquelle évoluent les personnages, et de minimes changements, comme le nom de code « rouge » qui remplace le « stop » des sessions SM du livre, l’apport artistique est quasi-nul. La fin est exactement la même, et la suite sur grand écran, soit deux autres volets, vient d'être confirmée. Et si Anastasia s’avère moins nunuche dans le film que dans le livre, légèrement plus étonnante et comique que dans la version d’E. L. James, les dialogues et actions ont malgré tout besoin d’une constante et très présente bande son pour être un peu boostés.

Et c’est sans doute ce que l'on retiendra le plus du film : sa bande-originale de seize titres, de I Put a Spell on You chanté par Annie Lennox à Beyoncé remixée par elle-même, le tout coordonné par Danny Elfman, le compositeur attitré de Tim Burton.

Cinquante nuances de Grey de Sam Taylor-Johnson, avec Jamie Dornan et Dakota Johnson, sortie en salles le 11 février 2015.

Mes précédents billets sur 50 shades of Grey :

Que vaut «Cinquante Nuances de Grey» au... 07:32 Film, Théâtre, Spectacle, TV, Clip, Court métrage
Earned It (Fifty Shades Of Grey) (From... 11/02/2015 Film, Théâtre, Spectacle, TV, Clip, Court métrage
50 nuances de Grey 10/02/2015 Film, Théâtre, Spectacle, TV, Clip, Court métrage
50 Shades of Grey 09/02/2015 Film, Théâtre, Spectacle, TV, Clip, Court métrage
"21ème Minute"... 06/02/2015 Presse
50 Shades of Grey 06/02/2015 Film, Théâtre, Spectacle, TV, Clip, Court métrage
50 Shades of Grey 05/02/2015 Film, Théâtre, Spectacle, TV, Clip, Court métrage
50 Shades of Grey 04/02/2015 Film, Théâtre, Spectacle, TV, Clip, Court métrage
50 Shades of Grey 31/01/2015 Film, Théâtre, Spectacle, TV, Clip, Court métrage
50 Shades of Grey 30/01/2015 Film, Théâtre, Spectacle, TV, Clip, Court métrage
50 Shades of Grey 29/01/2015 Film, Théâtre, Spectacle, TV, Clip, Court métrage
50 Shades of Grey - bondage 26/01/2015 Divers
50 Shades of Grey 25/01/2015 -
50 Shades of Grey 25/01/2015 Film, Théâtre, Spectacle, TV, Clip, Court métrage
50 Shades of Grey..... et ses produits... 24/01/2015 Film, Théâtre, Spectacle, TV, Clip, Court métrage
Earned It (Fifty Shades Of Grey) (From... 22/01/2015 Film, Théâtre, Spectacle, TV, Clip, Court métrage
ça commence ! Produit dérivé à propos du... 20/01/2015 Divers
50 SHADES OF GREY : UNE AFFICHE TROP... 30/12/2014 Film, Théâtre, Spectacle, TV, Clip, Court métrage

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12 février 2015

Liberté de la Presse

12 février 2015

EGOÏSTE

EGOÏSTE : LA HAUTE-COUTURE DE LA PRESSE MODE

Par Clovis Goux

EN TRENTE-HUIT ANS ET DIX-SEPT NUMÉROS, LA REVUE EGOÏSTE S’EST IMPOSÉE COMME LA HAUTE COUTURE DE LA PRESSE. RETOUR SUR UNE AVENTURE AU COEUR DE LA MODE ET PLEINE DE CAPRICES.

C’est avec l’imprévisibilité de ceux qu’on n’attend plus que le n° 17 du magazine Egoïste a fait son apparition, majestueuse comme il se doit, dans les kiosques le 23 janvier 2015. Pas difficile pour cet ovni de la presse française de se faire une place entre Le Nouveau Détective, Femme Actuelle et Vanity Fair. Au milieu de ses congénères, on ne voit en effet que lui : 30 x 40 cm, 45388 pages volantes reparties en deux volumes, 2,3 kg au bas mot, le noir et le blanc comme unique dress code, la typo Walbaum comme seule religion, et un prix (35 €) qui n’a pas bougé depuis des années. Si Egoïste joue la carte de l’intemporalité, voire de l’anachronisme pour ses détracteurs, c’est que sa périodicité totalement capricieuse (le précédent numéro a paru il y a trois ans) dépend du bon vouloir de sa directrice Nicole Wisniak, que l’on rencontre au Café de Flore. Aux commandes de ce vaisseau amiral depuis trente-huit ans, cette sexagénaire aux cheveux et au tempérament de feu sort son magazine quand elle estime qu’il est prêt. En véritable perfectionniste, elle remet ainsi son ouvrage sur le métier jusqu’à ce que la profondeur de tel noir dans l’iris de tel mannequin soit à la hauteur de ses exigences, car comme elle aime à le marteler : "Le temps est le meilleur rédacteur en chef." Vous l’aurez compris : Nicole Wisniak travaille dans le luxe et plus précisément dans la haute couture d’une presse peu habituée à de tels égards.

UN BOTTIN DES ARTISTES MAJEURS

Tiré à 25 000 exemplaires, Egoïste n’est ainsi jamais réimprimé. Ce qui n’est pas pour déplaire aux collectionneurs avisés : la cote des anciens numéros ne cesse de grimper, atteignant souvent des sommes absurdes. C’est en 1977 que cette fille d’immigrés polonais, élevée dans le sérail du 5e arrondissement de Paris, resté son fief, lance sur un coup de tête le premier numéro d’Egoïste : "J’avais l’idée de viser immodestement l’excellence. Quand j’ai commencé le journal, j’avais 8 000 francs sur mon compte en banque", dit-elle tout en saluant deux ou trois têtes connues attablées en terrasse du Flore. A 26 ans, celle qui affirme n’aimer "ni la contrainte, ni l’obéissance" a peu d’expérience mais un carnet d’adresses conséquent. Elle veut façonner un objet hors norme qui réunisse les meilleures signatures et photographes au service des grands de ce monde. Sur les conseils de son amie Françoise Sagan, elle écarte les journalistes au profit des écrivains. Un véritable bottin mondain des artistes majeurs de leur époque va ainsi se rencontrer dans les pages d’Egoïste au gré d’une parution "spasmodique", comme aime à la qualifier Nicole : Gainsbourg, Jagger, Borges, Chéreau, Modiano, Sartre, Dalida, Adjani, Finkielkraut, Ava Gardner, Sagan, Pialat, Patrick Besson, Fellini, Warhol, Bernard-Henri Lévy, Cioran, Baudrillard, sœur Emmanuelle, Beigbeder…

LA LIBERTÉ ET LE COURAGE

Pour immortaliser ces chocs de titans, d’autres stars donc : Helmut Newton shoote en couverture Ava Gardner une clope entre les dents, tandis que Richard Avedon suspend Yannick Noah à poil dans les airs. Des clichés désormais entrés au panthéon. Depuis la disparition de ces deux géants de la photographie, Egoïste s’est offert à l’objectif de Paolo Roversi, qui règne sur la photo de mode contemporaine. Pour les deux couvertures du n° 17, il a photographié une star planétaire, Cate Blanchett, et une étoile en pleine ascension, l’actrice iranienne Golshifteh Farahani, bannie de son pays depuis qu’elle a décidé de faire carrière à l’étranger, et qui dévoile tout de son anatomie. "Elle a voulu affirmer la beauté de son corps face à un système qui le nie, souligne Nicole Wisniak. Je ne veux pas être comme Louis XVI qui disait “rien à signaler” le 14 juillet 1789. Le contenu d’Egoïste est le reflet de l’air du temps, avec toujours une obsession pour la liberté et le courage." Mais la grande singularité d’Egoïste est d’être, avant tout, le seul magazine dont on regarde les publicités avec autant d’attention qu’on peut y lire un portrait du pianiste Daniil Trifonov par Michel Schneider ou la complainte des mal-filmés de Patrick Besson qui prend notamment la plume à la place de Jésus pour se plaindre du traitement que lui a infligé Mel Gibson sur grand écran (La Passion du Christ, ndlr).

DES MICROFICTIONS LUDIQUES

Effectivement, les quelque 80 pages de pub qui ouvrent et ferment Egoïste, vous ne les verrez nulle part ailleurs pour la simple raison que Nicole Wisniak refuse celles déjà existantes et qu’elle les réalise elle-même, comme des microfictions ludiques qui se déroulent sur plusieurs pages. On peut ainsi voir dans la dernière livraison du magazine deux amazones bardées de cuir découvrir la calèche d’Hermès telle une peinture rupestre au fond d’une grotte, ou une carabinière décrocher un collier Chanel en tirant sur une constellation. Vendues une fortune aux annonceurs, ces publicités ne leur sont révélées qu’à la toute fin par Nicole. Elles sont le nerf de la guerre d’un magazine qui ne peut être réalisé que par une équipe réduite sur ses seules ventes : Eléonore Thérond et Siegfried de Turckheim à la direction artistique, Judith Grumbach, bras droit de sa mère, Nicole Wisniak. Quand on lui demande au moment de se quitter dans quel état d’esprit elle se trouve avant de commencer le n° 18, Nicole rit en lançant : "Comme quelqu’un qui s’apprête à grimper l’Himalaya en talons aiguilles."

Voir mes anciens billets sur EGOÏSTE :

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L'actrice Golshifteh Farahani pose nue... 08/02/2015 Photographe - Photographie
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