Edward Snowden « aimerait beaucoup » qu’Emmanuel Macron lui accorde l’asile
Le lanceur d’alerte, qui réside en Russie, a réitéré lundi matin son souhait d’être accueilli par la France. Il assure avoir demandé en vain l’asile à Paris dès 2013, sous la présidence de François Hollande.
Edward Snowden s’exprime par liaison vidéo depuis la Russie lors d’une table ronde sur le thème « Améliorer la protection des lanceurs d’alerte », le 15 mars 2019 au Conseil de l’Europe, à Strasbourg. FREDERICK FLORIN / AFP
Le lanceur d’alerte Edward Snowden, réfugié en Russie après avoir dénoncé le système de surveillance massive des services secrets américains en 2013, « aimerait beaucoup » que le président français, Emmanuel Macron, lui accorde le droit d’asile, a-t-il déclaré dans une interview à France Inter enregistrée vendredi 13 septembre et diffusée lundi matin.
« On ne veut pas que la France devienne comme ces pays que vous n’aimez pas. Le plus triste dans toute cette histoire, c’est que le seul endroit où un lanceur d’alerte américain a la possibilité de parler, ce n’est pas en Europe, mais c’est ici [en Russie] », déclare l’ancien espion américain.
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Dans cet entretien, Edward Snowden rappelle avoir demandé en vain l’asile en France dès 2013, sous la présidence de François Hollande. « Evidemment, j’aimerais beaucoup que monsieur Macron m’accorde le droit d’asile », ajoute-t-il, tout en précisant :
« Ce n’est pas seulement la France qui est en question, c’est le monde occidental, c’est le système dans lequel on vit. Protéger les lanceurs d’alerte, ça n’a rien d’hostile. Accueillir quelqu’un comme moi, ce n’est pas attaquer les Etats-Unis. »
M. Snowden a demandé leur protection à plus de vingt pays, dont la France et l’Allemagne, qui ont tous refusé pour une raison ou une autre.
« C’est quelqu’un qui a rendu service à l’humanité »
Dimanche, la ministre de la justice, Nicole Belloubet, a affirmé être « pour » que la France accorde l’asile politique au lanceur d’alerte sur le plateau du « Grand Jury » RTL-Le Figaro-LCI. De son côté, l’Elysée a fait savoir à RTL qu’il s’agissait d’une prise de position personnelle.
L’eurodéputée La République en marche Nathalie Loiseau s’est également dite favorable à l’accueil par la France de M. Snowden : « C’est quelqu’un qui a rendu service à l’humanité, quelqu’un qui nous a montré, preuves à l’appui, qu’il y avait un système de surveillance extraordinairement vaste, travaillant avec des entreprises qui acceptaient de donner leurs données dans le dos [des] utilisateurs », a-t-elle déclaré sur France Inter lundi, avant de lancer : « Merci Edward Snowden ! »
« Je serais très heureuse qu’il soit en Europe », a-t-elle ajouté, tout en soulignant qu’aujourd’hui, « aucun pays européen n’a donné l’asile à Snowden. On est en décalage complet par rapport aux valeurs qu’on porte ».
« Notre pays doit honorer ceux qui combattent pour lui », a réagi dans un communiqué le député européen Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), qui avait demandé dès 2013 que l’asile soit accordé à Edward Snowden et a assuré le lanceur d’alerte de son « soutien » dans cette démarche.
Employé de l’agence américaine de renseignement NSA devenu lanceur d’alerte, Edward Snowden avait révélé en 2013 l’existence d’un système de surveillance mondiale des communications et d’internet. Il s’est réfugié en 2013 en Russie et a vu son permis de séjour renouvelé jusqu’en 2020. Les Etats-Unis l’ont inculpé pour espionnage et vols de secrets d’Etat. Il sortira le 17 septembre ses mémoires, publiées simultanément dans une vingtaine de pays dont les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Brésil ou encore Taïwan.