Sept hypermarchés de l’enseigne ont été bloqués par des éleveurs, hier, dans le Morbihan. Ils ont condamné les accès tout en autorisant les derniers clients à quitter les parkings. Certains magasins ont dû fermer.

Le fait du jour

« Leclerc est fermé, il faut manger Français. » La colère des agriculteurs ne faiblit pas dans le Morbihan. Hier, ils ont mené plusieurs actions simultanées dans le département avec comme seul mot d’ordre : faire baisser le chiffre d’affaires de l’enseigne. Dès 10 h, des blocus se sont mis en place comme à Vannes, où les agriculteurs ont bloqué les quatre entrées du parking avec leurs tracteurs. Une action qui n’est pas au goût de Jean-Christophe Rigobert, directeur du Leclerc de Vannes.« Il y a pas mal de confusions entre nos « deux mondes ». On ne s’entend par parce qu’on ne vit pas la même chose. On est surpris que l’on soit leur cible et que l’on soit aussi durement touché. On joue pourtant le jeu : 98 % de nos produits en boucherie sont français. » Pour les agriculteurs,« rien ne sert d’aller à l’affrontement », il faut être plus malin.« Puisque nos salaires baissent, on va faire baisser le chiffre d’affaires de Leclerc », explique un agriculteur de Grand-Champs.« Nous savons que l’action que nous menons ce samedi fait beaucoup plus de mal à Leclerc parce que les hypermarchés ne vont pas faire leur chiffre, ajoute-t-il.L’impact est plus fort que de déverser des remorques de déchets dans la nuit. Là, nous les touchons au portefeuille. » D’autre blocus ont été menés partout dans le département, notamment à Pontivy, Gourin, Riantec et Quéven. À Hennebont et Auray, le Leclerc est bloqué depuis deux jours. Il a dû fermer ses portes dès vendredi, 14 h, et samedi toute la journée. Article de Maël FABRE.

============================

Les supermarchés visés par les agriculteurs

Des supermarchés alréens ont été pris pour cible par les agriculteurs qui manifestaient à Auray. Purin, paille et pneus brûlés ont été acheminés sur le parking des grandes surfaces dans la nuit de mardi.

Reportage

Mardi, dès 20 h 30, les agriculteurs ont bloqué la quatre voies dans le sens Quimper-Vannes, à la sortie Porte-Océane. Après environ trois heures de blocage et un passage au compte-gouttes des automobilistes, le ton est monté et le climat s’est tendu. Dans cette ambiance électrique, les agriculteurs ont décidé de se diriger vers les supermarchés alréens à 1 h du matin.

De gros dégâts matériels

Lampadaires arrachés, arbres déracinés, vitres cassées, pneus et paille brûlés accompagnaient le fumier sur les parkings des supermarchés alréens mercredi matin. Les nombreux clients de Lidl et Aldi ont dû faire demi-tour en découvrant, stupéfaits, les dégâts, dans la matinée.« Il va nous falloir une bonne partie de l’après-midi pour tout enlever » , explique un salarié de la société de déblaiement engagée par Lidl.« Ils ont versé du lisier qui a pénétré à l’intérieur du bâtiment. Une vitre a même cassé sous le poids du fumier. » Le responsable du magasin devra faire venir une entreprise spécialisée pour nettoyer l’intérieur du commerce. Au Centre Leclerc, les déblayeurs ont nettoyé le parking en début de matinée. À midi, tout était déjà rentré dans l’ordre et les clients ont pu aller faire leurs courses, comme si de rien n’était.

Une incompréhension

Vers 10 h du matin, sur le parking de son supermarché, Eric Beaudequin, directeur des ventes Aldi Bretagne, semble désespéré :« On a été averti par l’alarme incendie vers 4 h du matin. » Les pompiers ont dû intervenir dans la nuit en raison de la fumée provenant des bottes de paille brûlées.« Ça aurait pu se propager et mettre le feu aux habitations juste derrière », se désole Eric Beaudequin. Vincent Lefevre, directeur du magasin alréen, explique :« Un responsable agricole de Camors est passé en début de semaine dans ma supérette et m’a dit « Tu n’as pas beaucoup de produits français dans ta boutique ! ». Je me dis qu’il a dû y repenser en venant ici. » Puis la tristesse laisse place à l’énervement chez les responsables de supermarchés.« Ils se disent écologistes et ils arrachent des arbres. C’est inadmissible de voir des choses pareilles », ajoute Vincent Lefevre, en pointant du doigt le tronc jonchant par terre. Le responsable évoque un préjudice financier de près de 20 000 €. Mais le préjudice est aussi moral, surtout pour les salariés. Le directeur possède d’autres magasins en Bretagne. Parmi eux, plusieurs ont été la cible des agriculteurs dans la nuit de mardi à mercredi.« Sur le parking de certains, ils ont mis des gravats. Ça, ça va. Je peux l’enlever rapidement. Mais là, c’est intolérable. Je vais porter plainte. » Article de Lise ABOU MANSOUR.