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Jours tranquilles à Paris
societe
21 juin 2018

Chronique d'un buzz présidentiel

macron collegien

Explicite a rencontré le collégien rembarré par Emmanuel Macron, une vidéo devenue un buzz aux dimensions planétaires. Résultat : un adolescent anéanti et un débat politique vide.

19 juin 2018 - par Camille Crosnier

La vidéo a fait le buzz . Emmanuel Macron qui "fait la leçon", disait le titre, à un collégien à l'issue des commémorations du 18 juin au Mont Valérien. Le jeune lui avait demandé "ça va Manu ?" après avoir chanté un extrait de L'Internationale.

Hier soir, j'ai moi aussi regardé la vidéo, et l'ai commentée, ainsi : "et en plus, il va se taper cette séquence À VIE". Eh oui, il va lui arriver quoi maintenant au collégien, qui en plus de s'être fait rembarrer par le Président de la République, est en train de devenir l'objet d'un nouveau buzz ? Pour être honnête, ce sont ses parents que je voulais surtout retrouver. Alors j'ai cherché. J'ai trouvé.

Ce matin, je suis allée, seule, devant son collège. Pas de caméra, pas de micro, rien. Les élèves ne parlaient que de ça : "hey y'a (on ne dit pas son prénom) qui est partout sur internet !". Tous le connaissent, il fait partie des mecs populaires, un peu grande gueule mais sympa et bon en classe - et au théâtre, qu'il pratique.

L'accueil du collège ne veut pas de journalistes, et ne donne "aucune info". Le collégien habite à deux pas, l'une de ses camarades de classe me montre, en me confirmant que le collège ne parle que de ça depuis ce matin, et que même si le garçon a l'habitude de "faire son malin", tout le monde se moque de lui et que "c'est un peu dur".

C'est là que je tombe nez à nez avec lui. Les cheveux sur les yeux, comme sur la vidéo, mais la tête basse, et complètement surpris, comme moi. Il est seul, et rentre chez lui, alors que les cours ne sont pas finis, on est en plein milieu de la matinée. Il ne veut pas parler. "S'il vous plait, ne donnez pas mon prénom, rien, pas mon adresse, ma ville, mon collège, rien. Je ne veux pas que ça me pose de problème pour le lycée." Il ne rigole plus comme sur la vidéo. Confirme qu'on ne lui parle que de ça depuis hier, et semble abattu.

Je lui demande ce que ses parents lui ont dit, s'ils sont dans le coin pour que je puisse leur parler, il répond "non, non, pas de questions, je ne veux pas en parler", avant de rentrer et de fermer la porte.

À ce moment-là, d'autres élèves de 3ème rentrent de l'EPS et passent juste devant chez lui en criant son prénom, et en sortant leur téléphone pour regarder la vidéo, encore. "T'as pas vu la vidéo ?? Attends je te montre, regarde ce qu'il lui dit Macron !"

Je repars. L'idée était bien d'avoir aussi l'autre point de vue, celui du collégien et de sa famille, surtout après qu'Emmanuel Macron a posté sur son compte Twitter la suite de la vidéo, ce moment où il semble vouloir "se rattraper", en discutant du brevet de façon plus apaisée avec lui.

C'est à partir de là que la séquence devient un instrument politique. L'autorité présidentielle qui s'affirme en tout lieu et en tout temps. Du fort au faible. La mécanique est connue, mais au final pour raconter quoi ? Dans quel but ? Aucun. Ça va tenir quelques jours, jusqu'au prochain coup. On se souviendra de cet épisode comme on se souvient de celui du "costard", du" bordel", du "pognon". Mais aussi, comme du "casse toi pauvre con" de Nicolas Sarkozy en 2008 ou de la gifle de François Bayrou en 2002. Le "tu apprends d’abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même, d’accord ?" sera répété, blagué, moralisé. Cette séquence fabriquera une image politique à défaut de faire la politique.

Pendant ce temps un collégien un peu provoc, silencieux aujourd'hui, mais dans les medias du monde entier et partout sur internet, s'apprête bien, lui, à se taper cette séquence, à vie.

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20 juin 2018

A la SNCF, les syndicats réformistes ne veulent pas poursuivre la grève

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Par Éric Béziat - Le Monde

La CGT a proposé trois jours d’arrêt de travail les 2, 6 et 7 juillet. L’UNSA « ne continuera pas le mouvement en juillet », la CFDT juge toute décision « prématurée ».

Etre ou ne pas être… en grève pendant les grandes vacances. Telle est, désormais, la question qui taraude les syndicats de cheminots, alors que leur longue grève de Petit Poucet contre l’ogre réformiste macronien – petit caillou après petit caillou – va finir, jeudi 28 juin, par arriver au terme au terme de son calendrier de trois mois.

L’UNSA-Ferroviaire, deuxième syndicat des agents SNCF, a tranché. Il a annoncé, mardi 19 juin, qu’il « ne continuera pas la grève en juillet ». Très représenté chez les cadres, il avait décidé de consulter l’ensemble des mandants au cours d’une téléconférence nationale pour savoir si les adhérents souhaitaient ou non prolonger le conflit.

Lundi, la fédération CGT des cheminots – premier syndicat de la SNCF –, avait fait savoir qu’elle proposerait, mardi, aux autres membres de l’intersyndicale du groupe public (UNSA, SUD, CFDT) de discuter de l’organisation de trois nouveaux jours de grève contre la réforme ferroviaire lundi 2, vendredi 6 et samedi 7 juillet. Autrement dit, le premier grand week-end de départ en vacances serait transformé en journées de galère pour les usagers du train.

« Il faut taper là où ça fait mal, approuve le secrétaire fédéral de SUD-Rail, Erik Meyer. C’est-à-dire, perturber les grands départs. » Chez SUD, on ne veut plus de calendrier de grève annoncé trop à l’avance, une stratégie qui permet à la direction d’organiser la riposte.

« Faire grève contre quoi ? »

« L’UNSA ne s’inscrira pas dans les propositions de mobilisation en juillet faites par la CGT », a déclaré le secrétaire général, Roger Dillenseger. Mais à l’UNSA, « on reste combatif pour la défense d’un nouveau pacte social ferroviaire, a-t-il souligné, évoquant les négociations à venir sur la convention collective nationale (CCN) de la branche ferroviaire et celles au sein de la SNCF. On mobilisera à bon escient. » Avec la réforme voulue par le gouvernement, « on a perdu un maximum mais la bataille n’est pas terminée (...) On veut donner des perspectives d’avenir au ferroviaire et aux salariés », a-t-il insisté.

La CFDT-Cheminots, quatrième syndicat de la SNCF, réunissait mardi son conseil national pour décider également d’une poursuite ou non de sa mobilisation par la grève en juillet. Au final, le syndicat a décidé de se laisser « d’ici au 28 juin ». Mais, au sein du syndicat, personne n’a l’air très partant pour aller au-delà du 28 juin. « Faire grève contre quoi ?, demande un syndicaliste. La loi est votée ! On a surtout du mal à reconnaître qu’on a perdu cette bataille. »

« Pas question pour la CFDT de faire de la surenchère »

Didier Aubert, le « patron » de la CFDT-Cheminots, a jugé « prématurée » la décision d’une poursuite du mouvement au-delà du 28 juin. « Comme nous avons réussi à le faire avec la convention collective et une négociation la semaine dernière, nous espérons bien conclure avec la SNCF cette semaine. Pour nous il est prématuré de tirer des plans sur la comète sur juillet », a-t-il déclaré sur BFM TV.

« Il n’est pas question pour la CFDT de faire de la surenchère dès aujourd’hui », a-t-il ajouté, estimant qu’après les amendements obtenus sur la loi et les garanties apportées dans la convention collective, seule la négociation du pacte ferroviaire d’entreprise avec la SNCF continuait de représenter un « verrou ».

Le 32e jour de grève, lundi, s’est soldé par un taux de gréviste de 10,8 %, le plus bas depuis le début du mouvement. Chacun mesure le risque de la décision à prendre : se couper d’une partie des cheminots en renonçant au combat ou s’aliéner une opinion publique de plus en plus – disent les sondages – exaspérée par ce long conflit.

17 juin 2018

Fête des Pères

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14 juin 2018

Un rêve pour l'Aquarius – Laurent Joffrin

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L’Aquarius n’est pas tiré d’affaire. Les migrants qui sont à son bord non plus. À cause des conditions de mer difficiles – un vent annoncé à 35 nœuds et des vagues de quatre mètres – il s’est dérouté. Au lieu de gouverner directement vers Valence, où il devait arriver samedi, il longe les côtes est de la Sardaigne, rallongeant nettement le temps de voyage.

Faisons un rêve : devant cette situation, qui n’est guère conforme à la dignité humaine, ni aux règles maritimes reconnues par tous, le gouvernement français accepte d’accueillir le navire dans un port de la Corse, qui n’est guère éloignée, comme on sait, de la Sardaigne. Conformément à la proposition avancée par les responsables corses, les migrants sont accueillis, soignés, et leur situation juridique est examinée selon les lois en vigueur. Certains peuvent rester en Corse, d’autres sur le continent, d’autres encore se rendre à Valence, d’autres enfin n’auront pas vocation à s’installer en Europe, selon les procédures habituelles. Saisissant l’occasion, répondant à l’émotion suscitée par l’affaire, les grands pays européens, à la demande de la France, se réunissent en urgence à Bruxelles et ouvrent une conférence destinée à dégager une position commune équilibrée, entre l’accueil nécessaire et la régulation inévi table du flux d’immigration. Si certains – les pays de l’est notamment - refusent tout compromis, les pays attachés à l’Union et aux principes qui le fondent concluent un accord entre eux autour de règles humaines et raisonnables. Fruit de concessions réciproques, l’accord sera inévitablement critiqué. Mais au moins, l’Europe aura montré sa volonté commune et mis fin à l’impuissance qu’elle affiche en cette matière depuis plusieurs années.

Mais c’est un rêve. Entre cynisme et hypocrisie, on obligera l’Aquarius à une longue et éprouvante navigation alors que le bon sens voudrait qu’il puisse gagner le port le plus proche. Politiquement, l’Union aura démontré son inexistence dans ce dossier, laissant les Etats membres réagir en ordre dispersé et les partisans de la fermeture des frontières triompher.

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14 juin 2018

Avec Sexpo, les robots sexuels arrivent en Australie

Du 14 au 17 juin , Sydney accueillera Sexpo, une manifestation dédiée à l’industrie du divertissement pour adultes. Cette année, le thème de ce rendez-vous haut en couleur sera « Feel the Future », en référence à la toute dernière génération de robots sexuels exposés pour la première fois en Australie. L’événement s’annonce fascinant.

Durant trois jours, la température risque de monter à l’International Convention Center à Darling Harbour : stands présentant des produits érotiques, espace avec casques à réalité virtuelle, danseurs, présence de stars internationales et australiennes de films pornographiques, compétition de strip-tease amateur , mais surtout,  présentation des tout derniers robots sexuels, nouveau phénomène tendance.

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Elle est blonde, des lèvres pulpeuses dessinent son visage, sa voix est douce et agréable. Elle connaît vos moindres désirs et veut en apprendre davantage sur vous. «  Voici la manière dont l’entreprise américaine Realbotix présente Harmony, son dernier modèle de robot sexuel vendu à 15 000 US $ l’unité. Les visiteurs pourront observer de leur propre yeux à l’ICC ses incroyables capacités pour le moins troublantes. « Harmony est complètement interactive », explique Bentleigh Gibson, directeur de Sexpo en Australie. « Vous pouvez avoir une vraie conversation avec elle, car elle mémorise des faits et des personnes. » Avec ces nouveaux robots, l’industrie du divertissement pour adultes s’est, selon lui, lancée dans une véritable révolution technologique.

Cet intérêt croissant pour le développement des robots sexuels suscite beaucoup de débats et ouvre la porte à un imaginaire que l’on pensait réservé aux films et séries télévisées comme Westworld ou Real Humans.

Vers l’isolation sociale ?

Certains experts estiment que les robots sexuels détruiraient la capacité des individus à avoir des relations sexuelles saines. Noel Sharkey, travaillant pour the Foundation for Responsible Robotics, estime que ces machines feraient « perdre tout sens de la vie à leurs utilisateurs » et transformeraient ces derniers en « zombies ».

M. Gibson pense au contraire que ces robots réalistes peuvent réellement aider certaines personnes dans le développement de leur vie sexuelle.  « Ces robots peuvent être bénéfiques pour des utilisateurs souhaitant explorer leurs curiosités dans un environnement sûr et sécurisé. Je pense à des personnes souffrant de handicaps physiques ou rencontrant des problèmes à agir en société, mais aussi à des individus très timides par rapport à leur intimité.

Les femmes, premières victimes ?

Des défenseurs des droits des femmes sont également montés au créneau ces dernières années, en dénonçant la représentation et le rôle des femmes qui se dégageaient de ces robots sexuels.  La FFR (Foundation for Responsible Robotics), qui oeuvre pour un développement responsable et régulé des robots, estime que ces gadgets risquent de renforcer l’objectivation et la banalisation de la violence sexuelle dont les femmes seraient les premières victimes. « Créer une représentation pornographique du corps féminin via une machine active fait de ce dernier une marchandise, » clament les membres de la fondation. Pour Kathleen Richardson, fervente opposante aux robots sexuels et fondatrice de l’ONG Campaign Against Sex Robots, c’est une façon de perpétuer les inégalités entre les sexes.

Cependant, le directeur de Sexpo rappelle que l’engouement pour les robots sexuels est également sensible du côté du sexe féminin.  » Nous attendons, lors de ces trois jours d’exposition, une forte présence de femmes, accompagnées de leur compagnon ou se rendant ici avec un groupe d’amies.  » D’ailleurs, même s’il ne sera pas exposé à Sydney, un homologue masculin d’Harmony existe bel et bien. Il se prénomme Henry et dispose des mêmes fonctionnalités que sa version féminine.

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Cette révolution technologique dans l’industrie du divertissement pour adultes est donc accessible à tous, qu’importe le sexe ou l’orientation sexuelle des utilisateurs. Si l’envie de vivre une expérience hors du commun vous prend, et que vous avez quelques économies, vous savez donc ce qu’il vous reste à faire.

Sexpo du 14 au 17 juin à Sydney, International Convention Centre (ICC), Darling Harbour. Tickets à partir de 25 $ en ligne/28$ sur place.

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10 juin 2018

La FNSEA appelle au blocage de treize raffineries et dépôts de carburant

Par Laurence Girard - Le Monde

Les blocages devraient débuter ce dimanche, a priori jusqu’au 13 juin. Le premier syndicat agricole, associé aux Jeunes Agriculteurs, dénonce la concurrence de l’huile de palme dans les biocarburants.

« C’est la goutte d’huile qui fait déborder le vase », déclare, en une boutade, Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). L’huile de palme est, en effet, dans le collimateur du premier syndicat agricole français. Non pour sa présence comme ingrédient dans le Nutella. Mais pour la concurrence redoutable de ce produit importé de l’autre bout du monde sur le marché des biocarburants face à la filière colza française.

Associée aux Jeunes Agriculteurs (JA), la FNSEA appelle à une mobilisation nationale dimanche 10 juin. La feuille de route des actions est tracée. Officiellement treize sites, raffineries et dépôts de carburant, répartis sur le territoire national, seront bloqués. Ils pourraient l’être a priori jusqu’au 13 juin.

Un calendrier qui ne doit rien au hasard. « Le 13 juin doit se tenir à Bruxelles une réunion qui pourrait être décisive sur la place de l’huile de palme dans les biocarburants », affirme Arnaud Rousseau, président de la Fédération française des producteurs d’oléagineux et protéagineux (FOP). Il ajoute : « Nous souhaiterions que l’huile de palme ne soit plus comptabilisée comme une source d’énergie renouvelable et que la France défende cette position. »

«  Un renoncement vis-à-vis de nos impératifs écologiques »

Faces of Palm Oil, le puissant lobby de l’huile de palme, soutenu par les gouvernements malaisien et indonésien, pays qui concentrent 85 % de la production mondiale, suit le débat de près. Selon lui, les discussions menées dans le cadre de la directive sur les énergies renouvelables (RED II) dévoilent des grandes lignes de fractures. Si le Parlement européen a voté en janvier pour la disparition progressive de l’huile de palme dans les biocarburants d’ici à 2021, la Commission s’y oppose. Quant aux gouvernements nationaux, ils sont divisés. Selon ce lobby, la France, comme l’Espagne, l’Italie et les Pays-Bas défendraient la place de l’huile de palme dans les biocarburants.

UN FRONT D’OPPOSITION ASSEZ INÉDIT, REGROUPANT LA FNSEA ET LES ONG ENVIRONNEMENTALES

Or, le débat sur la position du gouvernement français s’est enflammé avec l’affaire de la raffinerie Total de La Mède (Bouches-du-Rhône). Un projet qui a obtenu le feu vert, sous forme d’arrêté préfectoral, le 16 mai. Même si la décision n’a pas été prise de gaîté de cœur, selon les déclarations du ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot. Total a souhaité reconvertir cette ancienne raffinerie pétrolière en un centre de production de biocarburants capable de traiter 650 000 tonnes de matières premières par an pour fabriquer 500 000 tonnes de produits finis. Il a fait le choix de la technologie HVO (hydrogenated vegetable oil) capable de traiter tout type d’huiles, d’origine végétale ou de récupération. Dès l’origine, il n’a pas caché son intention de la faire tourner essentiellement avec de l’huile de palme pour des questions de coût.

Cette perspective a suscité un front d’opposition assez inédit, regroupant la FNSEA et les ONG environnementales. « Les ONG luttent contre la déforestation et la perte de biodiversité. Pour nous, c’est un enjeu économique, quand l’huile de palme est 30 % moins chère que le colza », assure Mme Lambert. Les opposants ont obtenu le soutien des sénateurs Les Républicains (LR). « Nous vivons ce feu vert accordé à Total comme un renoncement vis-à-vis de nos impératifs écologiques et une contradiction avec un modèle agricole duquel est exigé proximité, qualité et durabilité », écrivent-ils dans une lettre ouverte adressée à M. Hulot. Et de préciser que « l’huile de palme est avec le soja la principale source de déforestation dans le monde » et, évoquant l’agriculture française, « en réduisant comme peau de chagrin ses débouchés en huile, c’est également les coproduits de ces filières que l’on atteint : les tourteaux qui apportent des protéines végétales aux élevages ».

Patrick Pouyanné, patron de Total, n’a pas manqué de réagir. Dans une missive adressée, cette fois, aux députés La République en marche (LRM). Soucieux de donner des gages, il affirme être prêt à acheter 50 000 tonnes de colza, bien que cela ne soit pas rentable. Sachant qu’il s’est engagé volontairement à limiter à 300 000 tonnes l’apport en huile de palme. Il tient aussi à rappeler qu’il est un gros client de la filière, achetant chaque année 600 000 tonnes de biodiesel fabriquées à base de colza français. Il souligne aussi que l’on importe aujourd’hui la moitié du biodiesel consommé en France, soit 1,5 million de tonnes, dont 300 000 tonnes fabriquées à base d’huile de palme. Et il n’hésite pas à envoyer une pique aux détracteurs en affirmant que 260 000 tonnes d’huile de palme sont déjà importées pour la fabrication de biocarburant en France.

« Montée en gamme »

Avril, le bras armé industriel et financier de la filière des huiles et des protéines reconnaît une part de 8,5 % d’huile de palme contre 91,5 % d’huile de colza et de tournesol pour améliorer l’équation économique de ses biocarburants. M. Pouyanné met également dans la balance les 250 emplois préservés sur le site de La Mède. La FOP chiffre, quant à elle, à 100 000 le nombre d’agriculteurs qui produisent oléagineux et protéagineux, à petite ou à grande échelle.

Mais la FNSEA, soucieuse de fédérer les agriculteurs au-delà de la filière du colza, élargit le thème de la mobilisation du 10 juin en posant une question plus générale. « Comment maintenir nos modes de production et garantir une alimentation saine des consommateurs en laissant entrer sur nos marchés des marchandises avec des standards de production différents, voire inférieurs ? ». Et Mme Lambert, qui pointe du doigt les « distorsions de concurrence », s’interroge « sur les incohérences du gouvernement. Avec d’un côté les Etats généraux de l’alimentation assortis d’une demande de montée en gamme des filières françaises et en même temps les discussions avec le Mercosur ou l’ouverture des frontières à des produits ne correspondant pas à nos standards de production ».

Résultat, les principales branches spécialisées de la FNSEA, de l’élevage laitier aux fruits et légumes, de l’élevage ovin aux bovins, en passant par la volaille, répondent présentes à l’appel. Et demandent à leurs adhérents de participer aux opérations de blocage. « Faites le plein de carburant », lance comme un défi la FNSEA et Jeunes Agriculteurs Ile-de-France, ajoutant : « Paris sans carburant sera le symbole de la vision “macroniste” d’une agriculture sans paysan. »

9 juin 2018

Même le samedi les contrôleurs du stationnement payant sont de sortie...

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Photos prises rue des Volontaires - 75015 Paris ce 9 juin 2018

8 juin 2018

L’Assemblée vote l’interdiction du téléphone portable dans les écoles et les collèges

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Le texte a obtenu les voix des élus de la majorité LRM et MoDem, ainsi que de l’UDI-Agir. Tous les autres groupes ont dénoncé une proposition « inutile ».

L’Assemblée nationale a voté jeudi 7 juin une proposition de loi à l’initiative de La République en marche (LRM) visant à une « interdiction effective » des téléphones portables dans les écoles et collèges à la rentrée prochaine, défendue par le gouvernement comme « un signal à la société ».

Le texte, adopté à main levée en première lecture, a obtenu les voix des élus de la majorité LRM et MoDem, ainsi que de l’UDI-Agir, mais tous les autres groupes ont dénoncé une proposition « inutile » voire une « tartufferie » (Les Républicains), qui revient à une « simple opération de communication ».

« Une loi d’entrée dans la révolution numérique »

Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a défendu « une loi du XXIe siècle, une loi d’entrée dans la révolution numérique » qui envoie « un signal à la société française sur cet enjeu de société ». « Etre ouvert aux technologies du futur ne signifie pas que nous devons les accepter dans tous les usages », a-t-il plaidé, listant les « mauvais usages » tels que cyberharcèlement, consultation de sites pornographiques, addiction aux écrans…

S’il a reconnu que l’interdiction était déjà « dans les faits possible », il a fait valoir que son effectivité « n’[était] pas assurée ». Le code de l’éducation interdit, depuis la loi du 12 juillet 2010, les téléphones portables « durant toute activité d’enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur ». Mais le ministre a défendu le besoin d’« une base juridique beaucoup plus solide ».

Le texte LRM sur « l’encadrement de l’utilisation » du portable entend interdire l’usage de tout objet connecté dans les écoles et collèges, avec des exceptions « pour des usages pédagogiques » ou les enfants handicapés. Les activités à l’extérieur, comme le sport, seront aussi concernées pour les quelque 8,5 millions d’élèves du public.

« Nous passons d’un principe d’autorisation, sauf là où c’est interdit, à un principe d’interdiction », a résumé le président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation Bruno Studer (LRM), ancien professeur d’histoire-géographie. Les chefs d’établissement, pour qui la mesure est utile à défaut d’être un « big bang », auront à décider des modalités d’interdiction (lieux, conditions), le ministère prévoyant de leur fournir un vade-mecum.

Alors que près de neuf jeunes sur dix âgés de 12 à 17 ans (86 %) possèdent un smartphone, la rapporteure Cathy Racon-Bouzon (LRM) a insisté sur le fait qu’« en pratique », la disposition n’est appliquée que dans « la moitié » des établissements, plusieurs élus de la majorité vantant « un droit à la déconnexion » pour les enfants.

« Pure opération de communication »

Mais, à l’exception de l’UDI-Agir, tous les groupes d’opposition sont montés au créneau contre un texte revenant, à leurs yeux, à « enfoncer des portes ouvertes ». Voulant traduire « coûte que coûte » les promesses de campagne du président, la majorité s’est engagée « ostensiblement dans une pure opération de communication », a ainsi dénoncé l’ex-prof de maths Frédéric Reiss (Bas-Rhin, LR). Son collègue Patrick Hetzel (Bas-Rhin, LR), ancien professeur d’université et ancien directeur de l’enseignement supérieur auprès de Valérie Pécresse, a quant à lui parlé d’« un simulacre ».

Michèle Victory (Ardèche, Parti socialiste) a qualifié la mesure de « changement purement cosmétique » sans aucun outil aux chefs d’établissement, déplorant l’examen de ce texte « inutile » alors que « l’agenda parlementaire est suffisamment chargé ».

« Effet d’annonce et de communication » ou « gadget », ont aussi dénoncé les « insoumis » Alexis Corbière et Sabine Rubin. Les communistes ont jugé le texte « absurde », l’ex-ministre Marie-George Buffet soulignant que « l’outil existe » et que le problème est dans son application.

« Certains essaient de nous dire que cette loi est inutile », a répliqué le ministre, pointant une « énorme » différence entre l’existant et ce qui est proposé. « Allez sur une plage où il est interdit de se baigner sauf quand c’est autorisé, ou une plage où il est autorisé de se baigner sauf quand c’est interdit. Vous verrez que vous ne vous baignerez pas avec la même fréquence », a-t-il affirmé.

6 juin 2018

Journée mondiale de la mini-jupe...

5 juin 2018

Pénétration vaginale : mesdames, prenez votre plaisir en main

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Par Maïa Mazaurette - Le Monde

Comment ça, « les hommes se tapent tout le boulot » ? Position, lubrification, caresses… La palette des compétences féminines en la matière est infinie, nous rappelle Maïa Mazaurette, chroniqueuse pour « La Matinale » du « Monde ».

Marie, couche-toi là. Passive. Etoile de mer. Bonne à regarder le plafond. Ah, ça, les femmes ont le beau rôle ! Il leur suffit d’écarter les jambes. Aucune initiative, aucune pression. Ne déchargeant pas, elles ne sont pas en charge – le rapport sexuel est une chose qui leur arrive, point barre, fin de l’histoire. Ah bon ? De l’autre côté du saint pénis, le son de cloche diffère.

Parmi les compétences sexuelles féminines spécifiquement liées à la pénétration vaginale, commençons par mentionner la plus évidente : celle qui consiste à se donner un orgasme. Car sans vouloir blesser le narcissisme des tenants de la théorie des « hommes qui se tapent tout le boulot », rappelons que le coulissement du pénis dans un vagin n’est pas la méthode idéale pour propulser la femelle humaine au septième ciel. Si votre étoile de mer personnelle se caresse pendant la pénétration, ou contracte ses muscles, ou utilise l’hyperventilation, ou choisit une position permettant la stimulation du gland du clitoris… c’est qu’elle se tape déjà sa part du boulot.

Cette première mise au point opérée, passons aux autres compétences féminines passées sous silence. Et commençons avec une pente glissante, puisque même le missionnaire le plus basique requiert un minimum de lubrification – du moins si on aime son petit confort (ceux qui n’aiment pas le confort sont priés de retourner manger des clous rouillés). Cette lubrification vaginale peut s’opérer de manière pulsionnelle, parce que le partenaire porte une jupette de gladiateur, parce que ce dernier donne sa langue au chat, ou parce qu’il est 13 h 44. Le reste du temps, notamment quand la routine de couple est installée, c’est sur la femme que repose la responsabilité de cette lubrification, volontiers mise à mal par des galipettes trop rapides, des changements hormonaux post-grossesse, ou des situations stressantes.

Le sujet est d’autant plus crucial qu’un cercle vicieux peut s’installer : des rapports douloureux, créant une anxiété, diminuant les sécrétions, entraînant d’autres rapports douloureux. Après la ménopause, ça se complique : la sécheresse vaginale est un problème pour la moitié des femmes (Université de San Francisco, 2011). Rappelons donc les basiques : on garde sa plaquette de beurre pour préparer le kouign-amann et on demande au pharmacien un gel adapté (à base d’eau pour une utilisation avec des préservatifs ou des jouets, à base de silicone pour des plaisirs peau contre peau).

Responsabilité de limiter la casse

La compétence féminine va également jouer un rôle crucial dans le choix des positions, d’autant que dans le cadre d’une culture persistant à valoriser les à-coups bourrins (« Je vais lui casser les pattes arrière, elle ne pourra plus s’asseoir »), c’est aux femmes qu’incombe la responsabilité de limiter la casse. Ce souci les place automatiquement en charge de la profondeur des pénétrations… sachant qu’on peut être gourmande ou douillette. Ainsi, pour compenser un petit pénis, l’amante expérimentée choisira des positions à pénétration profonde (Andromaque, levrette) ou proposera une sodomie.

Le cas des gros formats offre des variétés intéressantes de compensation : on peut opter pour des positions où les cuisses ou les fesses bloquent partiellement l’accès au vagin, comme le missionnaire ou les petites cuillers, ou se concentrer sur les pages du Kamasutra permettant de garder le contrôle (comme l’Andromaque, une fois encore). Une autre stratégie consiste à poser sa main sur le pubis du partenaire, ou carrément autour de la base du pénis, pour interdire une introduction complète.

LES PARESSEUSES PRÉFÉRERONT IMPRESSIONNER LEUR PARTENAIRE SANS TRANSPIRER, AVEC LEURS MAINS

Une fois la pénétration enclenchée, peut-on se reposer sur ses lauriers ? Pas nécessairement. L’amante participative peut changer complètement la donne en utilisant sa musculation vaginale ou ses mains. Dans le premier cas, pas de miracle, il faut un périnée en béton, donc de l’entraînement, donc des efforts, du sang et de la sueur (bon, d’accord, le sang n’est pas absolument nécessaire). Des tonnes d’objets et de techniques spécialisées sont disponibles en ligne. Trop de boulot ? On ne vous le fait pas dire. Mais, outre la satisfaction du mâle, les orgasmes sont plus intenses… ça peut se tenter !

Les paresseuses préféreront cependant impressionner leur partenaire sans transpirer, avec leurs mains. Comment faire ? Même si toutes les positions permettent un accès manuel aux parties génitales, c’est clairement quand la femme est au-dessus que les contorsions sont les plus aisées. La fière Andromaque peut ainsi masturber la base du pénis pendant la pénétration. Elle peut masser les testicules, les tirer légèrement, les enserrer. Elle peut titiller la prostate, utiliser un godemichet ou un vibrateur sur la zone anale de son partenaire (sauf souplesse vertébrale extrême, ce sera plus facile en se retournant en position du cheval renversé, celle que les Anglo-Saxons appellent reverse cowgirl). Elle peut imposer son rythme, stimuler les tétons de son mâle, lui agripper les poignets, le tenir à la gorge, sortir son martinet favori, ou lui chanter une berceuse. Parce qu’elle a deux mains, elle peut même se livrer à des combinaisons des éléments ci-dessus.

Les femmes déboulonnent nos paresses intellectuelles

Enfin, rappelons que les compétences théâtrales des femmes (expression plus adéquate que les très consensuelles et rassurantes « compétences émotionnelles ») forment la clef de voûte d’une sexualité active. Face à des idéaux virils interdisant l’expression du plaisir et des sentiments des hommes, la féminité traditionnelle autorise qu’on s’amuse, qu’on jouisse et qu’on le dise. On placera dans cette catégorie les mensonges et simulations : ces techniques permettent de valider la confiance de son partenaire autant que de l’emmener vers la jouissance – autant de super-pouvoirs à mauvaise réputation, mais qui mériteraient d’être mieux considérés. Sans ces permissions-là, la pénétration vaginale ressemblerait à l’imbrication de deux corps dans un silence de mort, avec peut-être un râle maîtrisé comme seul point d’orgue. Soupirer, rougir, gémir, trembler : du rire aux larmes, citoyens !

Revenons pour conclure à notre dictionnaire. Selon le Larousse, la passivité consiste à « subir les événements sans réagir, suivre docilement les ordres, ne jouer aucun rôle actif ». Est-ce réellement la vision que nous avons de la sexualité féminine ? La fameuse « réceptivité » ne vaut guère mieux : il s’agit de « se montrer particulièrement disposé à écouter les autres ou à subir l’influence de quelqu’un, quelque chose ». Ces mots, d’une violence symbolique inouïe, sont indignes de nos réalités quotidiennes. Et pourtant. Les compétences sexuelles des femmes, leur amplitude d’action, leur pouvoir de décision sont niés. Leur expression se trouve sous nos yeux, mais reste entourée d’un aveuglement culturel stupéfiant. Ainsi les techniques féminines d’accès au plaisir rejoignent-elles la masse du travail invisible des femmes et de la charge mentale.

Seulement, nous sommes en 2018. Les femmes cessent de se taire, et déboulonnent nos paresses intellectuelles. A l’heure de raconter notre côté de l’histoire, il n’est pas absurde de réclamer de nouveaux mots, plus équilibrés, loin des facilités binaires qu’on voudrait nous imposer. Passivité féminine « congénitale », domination « spontanée » des hommes, réceptivité sexuelle « naturelle » des femmes : nos concepts en disent long sur une certaine arrogance masculine, désireuse de s’arroger toute la responsabilité du rapport. Cette condescendance ne correspond pas à la réalité. Les femmes sont des partenaires sexuelles comme les autres, aussi actives, techniques et compétentes que les autres : est-ce si compliqué de l’admettre ?

book PS (67)

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