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Jours tranquilles à Paris
societe
21 février 2018

Abus sexuels: le co-fondateur de Guess suspendu

Le co-fondateur de la marque de prêt-à-porter Guess, Paul Marciano, a été écarté de toute responsabilité opérationnelle en attendant les résultats d’une enquête sur des accusations de harcèlement sexuel contre lui, a indiqué mardi la société.

Le conseil d’administration de Guess a formé «un comité spécial comprenant deux directeurs indépendants pour superviser l’enquête en cours sur les accusations de conduite inappropriée» de M. Marciano, a précisé la société dans un communiqué.

«Le conseil d’administration et M. Marciano ont convenu que M. Marciano n’assumerait plus ses responsabilités opérationnelles (...) en attendant la fin de l’enquête, a ajouté la société, soulignant «prendre très au sérieux toute accusation de comportement sexuel inapproprié».

«Je me suis engagé auprès de la société à coopérer pleinement», a indiqué de son côté M. Marciano, 65 ans, cité lui aussi dans le communiqué.

L’action Guess cotée à la Bourse de New York perdait quelque 4% mardi, à 14,92 dollars, peu avant 12H00 locales (17H00 GMT) après cette annonce.

Paul Marciano a été publiquement accusé de harcèlement et d’abus sexuels par la mannequin Kate Upton.

Dans une interview publiée début février par le magazine Time, Upton a accusé l’homme d’affaires franco-marocain de l’avoir harcelée et de l’avoir forcée à des attouchements à plusieurs reprises alors qu’elle posait pour des photos pour la marque en 2010.

M. Marciano a qualifié ces accusations d'«absolument fausses» et «absurdes», et assuré n’avoir jamais touchée Kate Upton «de façon inadéquate».

Le monde de la mode est lui aussi pris dans la tempête du mouvement anti-harcèlement #MeToo, qui a vu de nombreux hommes de pouvoir accusés de harcèlement ou d’abus sexuels dans la foulée de l’affaire Weinstein.

Plusieurs photographes de mode ultra-célèbres ont été écartés, comme Terry Richardson, Bruce Weber ou Mario Testino. Vendredi, après avoir interrogé quelque 50 mannequins, le Boston Globe a publié une grande enquête mettant en cause le comportement d’au moins 25 photographes - dont le Français Patrick Demarchelier - stylistes, directeurs de casting et autres professionnels du secteur. AFP

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21 février 2018

Bangkok croule sous les lupanars

Par Bruno Philip, Bangkok, correspondant en Asie du Sud-Est - Le Monde

La prolifération d’« établissements de bains » inquiète les autorités thaïlandaises. Grands consommateurs d’eau, ces bordels déguisés en salons de massage pompent illégalement la nappe phréatique de la mégapole.

LETTRE DE BANGKOK

On savait déjà que l’avenir de Bangkok était, à terme, problématique : croulant sous le poids des gratte-ciel qui sont autant de symboles de la modernité de cette vibrante mégapole de l’Asie du Sud-Est, la capitale thaïlandaise s’enfonce de plusieurs centimètres par an dans le sol marécageux des abords du fleuve Chao Praya.

Ce que l’on ne savait pas, c’est que la prolifération de salons de massage où le massage n’est pas la prestation unique est devenue au fil des temps un nouveau facteur de naufrage potentiel : les bordels proposant la célèbre spécialité de la maison, le « soap massage » – ou nettoyage du client à l’eau savonneuse par les prestataires de service, pompent la nappe phréatique avec une telle constance que la stabilité déjà précaire de la ville en est d’autant plus affectée.

Dans le but de lutter contre l’inéluctable, le commandant adjoint du Département de la suppression du crime et de la protection de l’environnement et des ressources naturelles, Suwat Inthasit, a mené fin janvier un raid musclé dans plusieurs « établissements de bains » de la capitale. Tour à tour, les « spas » Embassy, Long Beach, The Lord et Copacabana ont vu les courageuses équipes de la protection de la nature débarquer dans ces lieux d’opprobre et de stupre.

« Nous allons aujourd’hui examiner les modes de pompage de l’eau, et ce dans chaque chambre de massage », a lancé le commandant adjoint devant les journalistes avant de partir à l’assaut. « Nous soupçonnons que les responsables de l’établissement utilisent frauduleusement et abusivement la nappe phréatique », avait-il auparavant précisé. Le but de la manœuvre était ainsi clairement d’ordre écologique : il est plus que temps de prendre des mesures appropriées afin d’éviter la disparition programmée de Bangkok. Plusieurs autres facteurs expliquent par ailleurs la menace : érosion des berges du fleuve, changement climatique, élévation du niveau de la mer, etc.

Scandale

En l’occurrence, il n’a pas été question du fait que ces « massage parlors » ne sont pas seulement des voleurs d’eau mais sont aussi des bordels déguisés où chaque client choisit sa « masseuse » en vitrine… Même si la prostitution est illégale en Thaïlande, elle est, comme l’on sait, amplement pratiquée et quasiment au grand jour au « pays du sourire ».

L’honnêteté oblige cependant à rappeler que si ce raid contre les pompeurs d’eau abusifs a été déclenché, c’est qu’il est intervenu en point d’orgue à une affaire qui avait précédemment défrayé la chronique de « Krung Thep » , ou « la cité des Anges », nom thaï utilisé par les habitants de Bangkok. A la mi-janvier, cinq policiers thaïlandais, dont un haut gradé, avaient été accusés de se faire payer « en nature » par les patrons des « spas » mentionnés plus haut ; en échange de prestations gratuites de « massage », il était convenu qu’ils porteraient un regard bienveillant sur les activités d’ordre moins « thérapeutique » des établissements susnommés.

Outre les policiers, une vingtaine d’autres officiels – dont un responsable de la lutte contre le trafic d’être humains et un percepteur des impôts – ont ensuite été embringués dans l’affaire. Et quand on finit par apprendre que l’ancien chef de la police taïlandaise, Somyot Poompanmoung, avait été accusé d’avoir reçu des « prêts » d’un montant de 9 millions d’euros de la part du propriétaire du Victoria Secret, un certain Kampol Wirathepsuporn, la mesure du scandale fut à son comble.

Mesures cosmétiques

Dans le bordel Victoria Secret, la police a dressé la liste d’une centaine de jeunes masseuses, originaires de Thaïlande, de Chine, du Laos et de Birmanie. Le pire étant que trois d’entre ces filles avaient moins de 18 ans : l’on peut supposer que ces dernières avaient été réduites en esclavage sexuel, crime sur lequel avait fermé les yeux ledit responsable de la lutte contre le trafic d’êtres humains qui profitait à l’œil des plaisirs offerts par l’établissement, nourriture et bière comprises. Les 85 autres masseuses du lupanar, pour la plupart étrangères, ont été accusées de « vente illicite de prestations sexuelles » et pourraient être expulsées. Pas de chance pour ces dames, dans un pays où différentes études évaluent le nombre de péripatéticiennes dans une fourchette située entre 70 000 et 2 millions de personnes…

Ce n’est certes pas la première fois que des policiers sont mêlés à des affaires de prostitution à Bangkok, la ville qui s’enfonce dans le sol mais croule aussi sous les bordels. La junte militaire arrivée au pouvoir depuis 2014 a bien tenté, au début de son « règne », de fermer des établissements de plaisir. Mais, comme toujours, il s’est agi là de mesures cosmétiques, comme si des salons de massage avaient été pris au hasard – ou peut-être parce que les patrons des deux ou trois établissements fermés ne s’acquittaient pas assez dûment des oboles aux bonnes œuvres de la maréchaussée, l’on ne sait…

L’implication de fonctionnaires d’envergure dans le scandale des bordels ne contribuera pas en tout cas à redorer le blason d’une junte militaire souvent fustigée pour son incompétence. Arrivés au pouvoir pour prétendument se débarrasser d’un précédent gouvernement accusé de corruption, les généraux qui ont endossé le costume de ministre devraient prendre soin d’assurer leur légitimité en donnant l’image adéquate de « MM. Propre ». L’impression donnée par la dernière sordide affaire en date tendrait au contraire à prouver que Bangkok continue de s’enfoncer dans la boue. Au (mal)propre comme au figuré.

20 février 2018

SOCIETE Xdolls, le premier établissement français de location de poupées sexuelles...

SOCIETE Xdolls, le premier établissement français de location de poupées sexuelles, a ouvert le 1er février dernier dans le 14e arrondissement à Paris…

Article de Romain Lescurieux

L’adresse de cet espace unique en France de 70 m2 « de plaisir » est tenue secrète.

Entre chaque passage, la poupée est nettoyée avec un protocole très précis.

« Nous faisons de la location de jouets. Ni plus, ni moins », explique le fondateur du lieu.

Suce mon plastique pour la Saint-Valentin. Au lendemain de la fête des amoureux, Joaquim Lousquy a la banane. « Nous avons eu des gens hier soir », lance le fondateur et gérant d’un lieu, actuellement unique en France : une « maison close » de poupées sexuelles. Le nom: Xdolls. Cet espace de 70 m2 « de plaisir » – à l’adresse tenue secrète – a ouvert ses portes le 1er février dernier, dans le XIVe arrondissement de Paris. Ambiance tamisée, posters de fesses siliconées, plantes empotées et poupées figées… 20 Minutes a fait le tour du propriétaire.

« Titillé l’esprit »

Poupées de plaisir, poupées sans son. Elles s’appellent Kim, Sofia et Lily. Chacune dans leur chambre – ou plutôt « espace de jeu », précise Joaquim Lousquy –, elles font la joie de plusieurs clients et clientes, prêts à débourser 89 euros pour une heure et 120 euros en couple. Chaque doll a son style, ses mensurations. « Kim – Latine – 1m53 – 38 kilos. Brune aux yeux verts, j’ai des lèvres charnues, et des formes très… très… généreuses », lit-on sur le site, qui permet de réserver un créneau avec la poupée. Ce concept qui fait fureur notamment au Japon, a germé il y a six mois dans la tête de cet entrepreneur, davantage passionné de « nouvelles technologies que de cul ».

« Je suis tombé sur un article de presse qui m’a titillé l’esprit », explique Joaquim Lousquy, cigarette électronique en main, son précédent business. Après un passage en Espagne et en Allemagne – où ces établissements existent déjà –, l’homme de 28 ans décide de monter le concept en France.

Après « quelques galères » de banques et d’assurances, le projet voit finalement le jour. « Tout est un peu compliqué dans ce domaine mais nous avons réussi à faire quelque chose de carré, propre et légal. » Sur ce dernier point, Joaquim Lousquy est clair. « Nous faisons de la location de jouets. Ni plus, ni moins. On parle d’un squelette de métal, avec du silicone par-dessus », tranche-t-il. Une option de réalité virtuelle pour s’immerger encore plus, est également proposée. Pour quelle clientèle ?

Port de la capote obligatoire

« Même moi j’avais des clichés. Je m’attendais à recevoir des gens peu recommandables, violents, étranges, pervers, sadiques. Mais pas du tout, je reçois des gens très bien, entre 30 et 50 ans, CSP + qui ont envie de découvrir une nouvelle pratique, une nouvelle expérience sexuelle », détaille-t-il. Des couples viennent aussi chez Xdolls. Joaquim accueille tout le monde, à partir de 18 ans et dès lors que les gens respectent les règles. À côté des lits, le matos est soigneusement aligné : Capotes (port obligatoire), lubrifiant, sextoy et essuie-tout. Ici, on ne rigole pas avec l’hygiène. Joaquim tient à ce que la maison soit clean et que les clients s’y sentent bien.

Entre chaque passage, la poupée est nettoyée (tout comme « l’espace de jeu ») avec un protocole très précis. D’abord avec du savon, puis avec des produits désinfectants, à l’intérieur comme à l’extérieur. Puis, elle est vaporisée d’une autre solution bactéricide et fongicide. Enfin, elle talquée, préparée et prête pour une nouvelle utilisation. Et quel avenir?

« Il est fort probable qu’on soit embêtés »

Dans les prochains mois, des poupées masculines débarqueront dans les espaces de jeu Xdolls. Joaquim croit au secteur. Il va ouvrir six autres établissements de ce type en France. Notamment en Bretagne, en Savoie, dans le Sud et le Nord. « Nous allons quadriller la France », assure-t-il entre provoc' et lucidité. « Je ne sais pas à quoi m’attendre, mais il est fort probable qu’on soit embêtés : peut-être une descente de police pour contrôler, un tollé de la mairie et d’associations. C’est le jeu, sourit-il et il en faut pour tout le monde ».

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20 février 2018

Coup d’envoi de la réforme de la SNCF

Par Guy Dutheil - Le Monde

Le gouvernement a lancé lundi la réforme ultrasensible de la SNCF, en recevant direction de l’entreprise publique et syndicats, ces derniers réaffirmant leurs « limites » quant aux pistes avancées.

Le gouvernement a donné, lundi 19 février, le coup d’envoi de la refonte de la SNCF. Une première journée au cours de laquelle, le premier ministre Edouard Philippe et la ministre des transports Elisabeth Borne ont reçu tour à tour les dirigeants et les syndicats du rail français. Un partage des tâches. Le chef du gouvernement a rencontré Bernard Roman, président de l’autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer), puis Guillaume Pepy, Frédéric Saint-Geours, respectivement président de la SNCF et président du conseil de surveillance de la SNCF, et enfin Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau.

De leur côté, les quatre syndicats représentatifs de cheminots (CGT, Unsa, SUD et CFDT) se sont succédé au ministère des transports. Une première phase de consultation, sans aucune annonce, qui avait tout d’un round d’observation. « L’enjeu des rencontres cette semaine » est « d’abord d’écouter ce que chaque acteur attend de la réforme et d’entendre leurs réactions au rapport (…) Nous sommes dans un état d’esprit d’écoute, de dialogue et aussi de clarté sur la nécessité d’agir », a déclaré Elisabeth Borne.

43 recommandations

Il est vrai que le dossier de la SNCF est ultrasensible. Nombre des quarante-trois recommandations contenues dans le rapport Spinetta, telle la remise en cause du statut des cheminots ou la transformation des différentes entités de la SNCF en « sociétés nationales à capitaux publics », agissent comme des chiffons rouges aux yeux des syndicats. Toutefois, le gouvernement s’est fixé comme objectif de réduire la dette de la SNCF qui atteindra 50 milliards d’euros en 2018 et de préparer l’entreprise à l’ouverture à la concurrence comme l’exige l’Union européenne.

Face aux organisations syndicales, la ministre des transports « a balayé le rapport Spinetta », estime Bruno Poncet, secrétaire fédéral SUD-Rail. L’occasion de tester devant les organisations les principales recommandations contenues dans le rapport Spinetta. Si l’UNSA-Ferroviaire, premier syndicat à avoir été reçu par Mme Borne, a voulu voir une ministre « plutôt ouverte à la concertation », les centrales dans leur ensemble se veulent extrêmement vigilantes.

Montrer les muscles

« Nous restons sur nos gardes » après avoir découvert un rapport qui « taille dans le vif » a indiqué Roger Dillenseger, secrétaire général de l’Unsa-Ferroviaire. Plus abrupt encore, M. Poncet a estimé que ce premier échange avait mis en lumière « des visions diamétralement opposées » entre le gouvernement et les syndicats sur l’avenir de la SNCF. Selon SUD-Rail, pour l’heure, « il ne peut y avoir de terrain d’entente ».

Sans attendre, la CGT, premier syndicat de la SNCF, et Force ouvrière ont déjà appelé les salariés de la SNCF à manifester le 22 mars. A la même date que la journée d’action prévue dans la fonction publique. « La bataille n’est pas gagnée d’avance pour le gouvernement », s’est écrié pour sa part Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots. Elle pourrait recevoir le renfort de SUD-Rail. Le syndicat « a lancé une consultation auprès de ses adhérents ». Un préalable avant de définir sa position mercredi 21 février. M. Poncet se déclare déjà prêt à former « une plateforme unitaire ». Même la CFDT, d’habitude plutôt accommodante, est prête à se joindre au mouvement. « Nous saurons aussi (…), si nous voyons que les choses ne changent pas, être capables de montrer les muscles et de faire réagir le rapport de forces », a-t-il prévenu à la sortie. Mais « on n’en est pas là », a indiqué Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT-Cheminots.

SUD-Rail lance un avertissement au gouvernement s’il persiste dans son projet. Il risque « d’agréger tous les mécontents » contre lui. Non seulement, « tous les cheminots qui sont inquiets » mais aussi les « usagers et les régions ».

« Un léger rétropédalage »

Cette première journée a été l’occasion de faire passer quelques messages. Reçu par la ministre des transports, le président de l’Arafer a défendu l’avis conforme (juridiquement contraignant) du régulateur sur la tarification du réseau ferré. Un pouvoir menacé par le projet de réforme qui permet pourtant à l’Arafer d’accompagner l’ouverture à la concurrence en obligeant SNCF Réseau à justifier le niveau de ses péages et à les maintenir à un niveau soutenable pour les compagnies ferroviaires.

Outre les syndicats, les régions se sont aussi déclarées, lundi, « très préoccupées » par l’avenir du réseau ferroviaire de proximité. Dans un communiqué, l’association Régions de France a fait part de son opposition à la recommandation du rapport Spinetta sur l’évolution du rail « qui invite l’Etat à ne pas respecter les Contrats de plan Etat-Régions » (CPER). Une vive réaction qui semble avoir été entendue par le gouvernement. A l’occasion de son entretien avec Mme Borne, Bruno Poncet a cru percevoir « un léger rétropédalage sur la fermeture des petites lignes ». Le Premier ministre pourrait décider de remettre à plus tard ces clôtures. Un premier recul qui traduirait une « inquiétude politique », signale le dirigeant de SUD-Rail.

Porteuses de « risques d’impopularité » pour le président de la république Emmanuel Macron et pour le chef du gouvernement, elles seraient tout bonnement « sorties de la réforme », indique-t-on de bonne source. Prudent, Edouard Philippe a fait savoir qu’il annoncerait le calendrier et la méthode de la SNCF le 26 février. C’est-à-dire au lendemain de la manifestation organisée par la CGT.

17 février 2018

Qui est Patrick Demarchelier, le photographe français et portraitiste de Lady Diana accusé de harcèlement sexuel?

#METOO Proche d'Anna Wintour et de Lady Diana, le photographe de 74 ans Patrick Demarchelier est accusé de harcèlement sexuel par son ancienne assistante...

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Le photographe Patrick Demarchelier et Anna Wintour, la rédactrice en chef du «Vogue» américain, le 2 mars 2017. — Swan Gallet/WWD/Shutter/SIPA

Vendredi, le Boston Globe publiait un article avec des témoignages accusant Patrick Demarchelier de harcèlement sexuel. Le photographe français de 74 ans est une star de la mode et du showbiz, qui a notamment participé au calendrier Pirelli de 2005 et 2008. Il a photographié beaucoup de mannequins, parmi lesquels Kate Moss, et est à l’origine de nombreuses photos de couvertures d’albums de stars de la musique comme Elton John, Céline Dion ou Madonna.

Une longue collaboration avec Anna Wintour

Sa célébrité dans le milieu de la mode est telle que son nom est cité à plusieurs reprises dans le film Le diable s’habille en Prada, satire du monde de la mode où Meryl Streep campe un personnage inspiré d’Anna Wintour. Il a longtemps travaillé avec la prêtresse de la mode, pour laquelle il a réalisé bon nombre de couvertures.

L’ancienne assistante du photographe – anonyme- qui a témoigné, explique avoir cédé aux avances insistantes de Patrick Demarchelier, de peur de compromettre son avenir professionnel si elle persistait à refuser. Elle dit avoir demandé instamment à Anna Wintour, de ne plus laisser le photographe travailler avec de jeunes mannequins.

Photographe de mode à 20 ans

Le photographe est né au Havre, en Normandie, en 1943. Il se fait offrir son premier appareil photo à 17 ans et commence à photographier des mariages. Après avoir assisté le photographe Hans Feurer, il devient photographe de mode. Ses premières photos paraissent dans les magazines Elle et Marie Claire au début des années 1970.

En 1974, il s’installe à New York et commence à travailler pour Condé Nast, l’éditeur de magazines comme Vogue, Vanity Fair, Glamour ou encore The New Yorker. Il photographie les stars au naturel et enchaîne les portraits dans lesquels il met en avant leur spontanéité. Dans les années 1990, alors que Lady Diana cherche à renouveler son image, elle embauche le photographe comme portraitiste personnel.

Accusé d’avoir touché des parties génitales

Le Boston Globe cite également le cas de six autres femmes accusant toutes le Français de harcèlement sexuel. L’une d’entre elles raconte que le photographe lui a mis la main sur ses parties génitales, et une autre qu’il lui a touché la poitrine.  Patrick Demarchelier n’a pas donné suite dans l’immédiat.

https://www.instagram.com/patrickdemarchelier/?utm_source=ig_embed&action=profilevisit

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Patrick Demarchelier en 2009. Photo : J. Snap

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16 février 2018

Model Law : la première association française qui défend les mannequins

Par Tanissia Issad  

La Française Gwenola Guichard et la Russe Ekaterina Ozhiganova, 29 et 25 ans, viennent de lancer Model Law, la première association française pour défendre et protéger les droits des mannequins. Ces deux top models, qui fréquentent le milieu de la mode depuis qu’elles sont étudiantes à Paris, ont assisté de loin à la naissance de Model Alliance aux Etats-Unis. Cette organisation à but non lucratif créée en 2012 par l’ancien mannequin Sara Ziff, réalisatrice du documentaire Picture Me : Le journal vérité d’un top model, compte parmi ses buts celui de donner une voix aux modèles.

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Gwenola Guichard et Ekaterina Ozhiganova, les deux créatrices de Model Law - Model Law

Parties du constat qu’en France, capitale de la mode, rien de tel n’existe, Gwenola Guichard et Ekaterina Ozhiganova ont, après plusieurs années à en discuter entre elles et à témoigner dans la presse à ce sujet, décidé de monter Model Law, association loi 1901. Pourvue d’un manifeste qui a en un mois récolté 200 signatures (dont à ce jour celles des journalistes mode Alice Pfeiffer et Géraldine Dormoy-Tungate, des influenceuses Louise Follain et Sophie Fontanel ou encore du photographe Mauro Mongiello), Model Law n’a pas pour objectif de se transformer en syndicat.

« Notre but, c’est de proposer un projet de texte afin de revoir la convention collective actuelle des mannequins (établie en France en 2004) et de changer la loi. Tout en étant un intermédiaire neutre entre les mannequins et les agences, les mannequins et les pouvoirs publics, les mannequins et les médias... Ils ne peuvent souvent pas le faire eux-mêmes, à cause de la barrière de la langue, pour des raisons de maturité (certains sont très jeunes), parce qu’il s’agit d’un métier d’image et de réputation qu’ils ont peur de ternir… » nous explique Gwenola Guichard.

Et si le manifeste de Model Law comprend un paragraphe entier sur les violences sexuelles et sexistes, la jeune Française le précise, la réflexion et le travail autour de cette association ont commencé bien avant l’affaire Weinstein et les accusations portées contre les photographes Terry Richardson, Mario Testino, Bruce Weber ou encore le cofondateur de Guess, Paul Marciano.

Parce que Model Law a aussi à cœur de montrer les réalités liées au statut du mannequin, que l’on retrouve dès les premières lignes du manifeste : « Le salaire des top models suscite des fantasmes, mais la réalité est tout autre pour la masse des mannequins anonymes. Le mannequin ne touche que 33 % à 36 % des sommes facturées et pose toujours gratuitement pour la presse ». Une précision utile à l’heure où Condé Nast publie une charte de bonne conduite pour le bien-être de ses mannequins et où Elle comme Version Femina adjoignent leurs signatures au texte rédigé en ce sens par Kering et LVMH.

Si ces textes ont le mérite d’exister, pour Gwenola Guichard, « ils ne vont pas assez loin, ils sont écrits sans trop de concertation avec les mannequins et ça se voit », estime-t-elle. Et de rappeler que les top models n’ont que des contrats précaires et évoluent dans un système où elles sont « trop peu protégées des abus ».

15 février 2018

Espérance de vie en France : treize ans d’écart entre les hommes plus pauvres et les plus aisés

vieillesse

Par Jérémie Baruch, Elise Barthet

D’après les chiffres de l’Insee, l’écart est moins important pour les femmes, mais ne disparaît pas pour autant.

Treize ans d’espérance de vie en plus ou en moins. C’est l’abîme qui sépare, en France, les 5 % d’hommes les plus riches des 5 % les plus pauvres, d’après la dernière enquête de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), publiée mardi 6 février. Pour un niveau de vie moyen de 5 800 euros par mois, un homme peut espérer s’éteindre à 84 ans et quelques. Un seuil qui tombe à moins de 72 ans dès 470 euros par mois. Aux alentours de 1 000 euros, 100 euros supplémentaires représentent un gain de 0,9 an.

L’écart est moins important pour les femmes, mais ne disparaît pas pour autant. L’espérance de vie des plus modestes s’élève à 80 ans, contre un peu plus de 88 ans pour les mieux loties. Il est toutefois intéressant de noter qu’à partir de 1 300 euros mensuels, les femmes dépassent les hommes, même les plus aisés. Cela tient, selon l’Insee, à « des comportements plus favorables à une bonne santé », « un meilleur suivi médical, en particulier pendant la vie féconde », et « une durée de travail plus faible ».

En moyenne, les disparités entre les sexes tendent néanmoins à se réduire. Dans son bilan démographique annuel sorti le 16 janvier, l’Insee faisait remarquer que l’espérance de vie des hommes s’était remise à progresser depuis 2016, alors que celles des femmes accusait une légère baisse. « Elles ont adopté les comportements à risque masculins, le tabagisme en particulier », soulignait alors le géographe Laurent Chalard. Mais les données annuelles peuvent varier sensiblement selon la virulence des épidémies.

Le diplôme jouerait peu sur ces écarts, quels que soient les sexes. « Le niveau de vie en lui-même, en facilitant la prévention et l’accès aux soins, peut être la cause directe d’une bonne santé », note l’Insee. D’après une enquête de 2014, un adulte sur dix, parmi les 20 % les plus pauvres, avait renoncé à consulter un médecin pour des raisons financières. Mais causes et conséquences s’entremêlent souvent : une mauvaise santé peut aussi entraîner un faible niveau de vie en pesant sur les études et l’emploi.

Pour finir, l’espérance de vie varie assez nettement d’une région à l’autre. Toutes choses égales par ailleurs, c’est-à-dire en tenant compte du sexe, de l’âge, du niveau de vie et de la catégorie sociale, l’Occitanie et les Pays de la Loire se situent en tête du classement. Ce sont les Hauts-de-France qui finissent en queue de peloton.

Selon l’Insee, ces écarts pourraient s’expliquer par des différences culturelles, comportementales et environnementales (consommation d’alcool, habitudes alimentaires, pollution, etc.), ou encore être liés à l’offre de soins plus ou moins importante selon les régions françaises.

5 février 2018

« La solitude est partout et nulle part. Cette “garce” avec sa “triste gueule de l’ennui”, si joliment décrite par Barbara

Par Benoît Hopquin - Le Monde

La Fondation de France estime à 5 millions le nombre de personnes vivant dans l’isolement dans notre pays, rappelle, dans sa chronique, Benoît Hopquin.

Mardi 30 janvier, sous une pluie froide, deux personnes ont accompagné, de l’Institut médico-légal de Paris au cimetière de Thiais, Alain Poux (17 juin 1963-25 décembre 2017), Carmen Chavet (15 mai 1927-1er janvier 2018), Geneviève Bouley (1932-2017) et Serge Vildeuil (1960-2017). Elles ont lu un petit texte devant la tombe de ces défunts dont elles ignoraient jusque-là l’existence. Elles ont déposé une fleur pour réchauffer la pierre. Puis elles se sont rendues dans un café, ont consigné dans un classeur ce sobre cérémonial et publié un hommage sur Facebook.

La veille, l’humble cortège avait suivi Armelle Quentin, Vitor Casaleiro Ribeiro, Cabko Mapkob et Marie-Françoise Rigal. Mots, fleur, café : un protocole sommaire mais un protocole tout de même. Une dernière marque d’humanité adressée à un représentant de ladite humanité. Parce que quelqu’un est mort et un mort c’est quelqu’un. Parce que tout être de notre misérable espèce doit avoir le droit à cette digne sortie, les pauvres comme les riches, les anonymes comme les célébrités, Alain Poux comme Johnny Hallyday.

Une ultime civilité

Ainsi est-il, au moins deux fois par semaine, depuis 2004, car ainsi le veulent cinquante bénévoles du collectif Les Morts de la rue. Ils se relaient pour accorder à des inconnus cette dernière courtoisie, cette ultime civilité : qu’ils ne partent pas seuls, corps et âme. Admirable dévouement que cet In Memoriam ou plutôt ce « Salut l’ami », pour des gens qui avaient perdu la chaleur de l’amitié.

L’administration les appelle pudiquement « les morts isolés ». Ils ne sont pas SDF pour la plupart. Ils avaient un toit, des habitudes. Mais nul parent ou proche ne s’est signalé après l’annonce de leur décès. On sait des registres d’état civil qu’ils sont nés à Rodez, Fort-de-France, Saint-Pourçain-sur-Sioule ou en Bulgarie. On connaît leur dernier domicile, là où bien souvent leur corps a été retrouvé, parfois longtemps après. L’entre-deux, le chemin qui les a conduits à cette fin d’ermite, restera souvent un mystère.

A 86 ANS, JACQUES NE SE NOURRISSAIT QUE DE LAIT QU’IL FAISAIT CHAUFFER SUR UN BUTAGAZ. SON SALE CARACTÈRE AVAIT REBUTÉ LES VOISINS

Tentant de coudre des bribes de biographie sur ceux qu’elle accompagne, le collectif déniche parfois des histoires improbables. Ainsi de Jacques, qui vivait dans le nord de Paris depuis cinquante ans, dans un appartement au loyer de 1948, sans eau chaude mais surchargé de 5 000 livres. A 86 ans, il ne se nourrissait que de lait qu’il faisait chauffer sur un Butagaz. Son sale caractère avait rebuté les voisins. L’anachorète avait de toute façon coupé sa sonnette, en son désir de n’être point emmerdé. Pourtant, il achetait tout par deux, comme s’il y avait là regret ou remord d’une autre vie, une vie de couple. A moins qu’il n’ait fait siennes les paroles que chantait Reggiani : « Non, je ne suis jamais seul, avec ma solitude/Elle sera à mon dernier jour ma dernière compagne ».

« Drame de la solitude »

Une voisine avait pourtant réussi à amadouer le vieil ours, que les pompiers ont un jour découvert mourant dans son appartement. Après son décès, on lui a découvert d’autres affinités. Le vieil homme militait dans une association défendant la mémoire de Staline. Aucun de ses camarades n’est venu à l’enterrement. Devant sa tombe, les deux représentants du Collectif ont donc lu les paroles de L’Internationale.

On parle là d’histoires parisiennes, de l’incognito des grandes villes, mais cela vaut partout. La rubrique « drame de la solitude » fait émerger de la presse régionale pléthore de macabres aventures, de Beaune-la-Rolande à Douai, de Carquefou à Grenade-sur-Garonne.

Là aussi, des hommes et des femmes meurent comme des chiens au milieu des détritus, deviennent des corps momifiés que l’on retrouve des mois plus tard. « Triste découverte », commence invariablement le journaliste. Triste découverte, en effet, que ces individus oubliés au milieu de la société, de la foule, qui peut devenir un désert humain.

T’es pas tout seul, Jeff

La solitude est partout et nulle part. Cette « garce » avec sa « triste gueule de l’ennui », si joliment décrite par Barbara, se terre là où on ne l’attend pas. On a lu qu’Alain Delon menait une existence de reclus, de samouraï déprimé, en son domaine de Douchy : « Plus personne ne vient me voir », se plaignait-il à Paris Match. Mais non, t’es pas tout seul, Jeff ! Du moins, M. Delon, vous n’êtes pas tout seul à être tout seul.

La Fondation de France estime à 5 millions le nombre de personnes vivant dans l’isolement dans notre pays, chiffre en préoccupante augmentation. Les Petits Frères des pauvres recensent 300 000 personnes âgées en état de « mort sociale ». Le Crédoc assure que 700 000 jeunes de 15 à 30 ans vivent dans une situation d’isolement et de vulnérabilité mentale.

AU JAPON, DES SOCIÉTÉS PROPOSENT DE LOUER DES ACTEURS POUR JOUER LE RÔLE D’AMIS ET DE PARENTS. COMPTEZ 21 EUROS DE L’HEURE

Sur une île voisine, la Grande-Bretagne, où des millions d’individus vivent également comme des robinsons involontaires, le gouvernement vient de nommer un secrétaire d’Etat chargé des personnes isolées. Le poste, le sacerdoce, a été confié au ministre des sports, ce qui n’est pas sot puisque la vie peut bien s’apparenter à de la lutte ou à un 110 mètres haies, avec ses belles victoires et ses cuisantes défaites.

Au Japon, qui compte un tiers de foyers d’une seule personne, le marché entend pallier la carence affective : des sociétés proposent de louer des acteurs pour jouer le rôle d’amis et de parents. Comptez 21 euros de l’heure.

Un fléau de santé publique

En France, la solitude est encore largement ignorée. La première journée qui lui a été consacrée, le 23 janvier, s’est passée dans l’indifférence. Sur le terrain, seules les mairies et les associations se mobilisent.

Des scientifiques considèrent pourtant l’isolement comme un fléau de santé publique : il provoque des symptômes équivalant à fumer quinze cigarettes par jour. Confirmation que l’ennui est mortel. La solitude tue. En silence.

P.-S. : lundi 5 février, deux personnes du Collectif accompagneront au carré des indigents de Thiais, rebaptisé « carré de la Fraternité », les cercueils de Tony Jullien (1956-2018), Laurent Demetriadis (1951-2017), Renée Louison, née Robin (1944-2017) et Jean-Jacques Rozeaux (1933-2018).

4 février 2018

"Ne jamais rester seul(e) avec le photographe" : le guide de Condé Nast pour lutter contre le harcèlement sexuel

Le groupe de presse Condé Nast - propriétaire des magazines Vogue, Glamour et GQ - a diffusé cette semaine un guide de conduite destiné à limiter et prévenir les occasions de harcèlement sexuel. Aucune mention n'a été faite des affaires en cours impliquant les photographes de mode Terry Richardson, Mario Testino et Bruce Weber, fréquents collaborateurs de Condé Nast.

Récemment, la mannequin et actrice Kate Upton a enflammé Twitter en sous-entendant que Paul Marciano, co-créateur de la marque de prêt-à-porter Guess, devrait rejoindre Terry Richardson, Bruce Weber et Mario Testino aux rangs des grands harceleurs de la mode. "Il est décevant qu'une célèbre marque pour femmes comme Guess garde Paul Marciano comme son directeur artistique," écrit la mannequin, finissant son Tweet par le hashtag #MeToo. Si Kate Upton ne se mouille pas - elle ne cite aucun fait précis, ajoutant juste sur Instagram "Il ne devrait pas avoir le droit d'utiliser son pouvoir dans l'industrie pour harceler sexuellement et moralement les femmes" - certaines utilisatrices ont confirmé ses dires, révélant que le comportement de Paul Marciano était bien connu de tous.

1 février 2018

Anne Hidalgo priée de mieux nettoyer Paris

Par Patricia Jolly - Le Monde

Dans un rapport remis jeudi à la maire socialiste, des élus s’inquiètent du manque de moyens pour la propreté.

Anne Hidalgo doit désormais balayer plus méticuleusement devant sa porte. C’est, en substance, la conclusion du rapport de 225 pages qui devrait être remis à la maire socialiste de Paris, jeudi 1er février, par les membres d’une mission d’information et d’évaluation (MIE) réclamée il y a un an par la droite, et intitulé : « La politique parisienne en matière de propreté ».

En tête de l’ordre du jour du prochain Conseil de Paris, du 5 au 7 février, figurent 45 préconisations pour une capitale « enfin propre ». Elles ont été adoptées à l’unanimité par la quinzaine d’élus parisiens de tout bord qui, durant sept mois, ont passé au crible la gestion actuelle de la propreté sous la présidence de Florence Berthout, maire Les Républicains (LR) du 5e arrondissement et présidente du groupe Républicains et Indépendants. Le 5 février, ces pistes de travail seront débattues avant d’être soumises au vote.

« Nous sommes à peu près d’accord sur le constat de défaillance, mais nous ne le serons pas sur le dimensionnement des moyens à déployer pour que cela s’améliore, prédit Florence Berthout. La gauche a considéré pendant des années la propreté comme une exigence bourgeoise et, aujourd’hui, force est de constater que le compte n’y est pas et qu’il faut un plan d’urgence. »

« Moins salir », « mieux nettoyer » et « mieux évaluer et organiser les ressources », tels sont les trois axes de travail fixés par la MIE. Ils se déclinent en une série de propositions suggérant aussi bien de « responsabiliser » les Parisiens en affirmant le principe du « salisseur-payeur », que d’intensifier la répression des comportements inciviques en instaurant la vidéo-verbalisation pour lutter contre les dépôts sauvages, ou de dépénaliser les amendes de propreté afin de permettre à la Ville d’en augmenter le montant, notamment en cas de récidive.

Reconnaître la pénibilité

Il est également question d’adapter le nettoyage aux rythmes de vie des Parisiens en élargissant les horaires d’après-midi et de soirées en fonction de l’utilisation de l’espace public, notamment en été ou le week-end. La MIE avance encore la nécessité de réorganiser les ressources humaines en simplifiant la chaîne managériale tout en assurant une meilleure coordination entre les services de la Ville par l’entremise d’un service.

Cette orientation permettrait de lutter contre l’absentéisme au sein de la direction de la propreté et de l’eau qui s’élève à 13,3 % chez les éboueurs – et jusqu’à 20 % dans les 5e et 6e arrondissements – et de remobiliser les agents en valorisant leur travail et en leur proposant des plans de carrière prenant en compte la pénibilité.

La MIE insiste enfin sur la nécessité d’améliorer les moyens matériels en augmentant le budget dévolu à la mécanisation, en acquérant du matériel « testé par les agents » et respectant la « spécificité géographique » de chaque arrondissement.

La présentation – médiatisée – par Anne Hidalgo, le 23 janvier, d’un échantillon des quelque 170 véhicules de nettoyage flambant neufs et fonctionnant à l’électricité ou au gaz naturel, en renouvellement de la flotte vieillissante d’engins diesel, a laissé Mme Berthout sceptique.

« Il faudra voir à la fin de l’année si toutes les machines promises ont bien été commandées, si elles ont été livrées, et comment elles seront réparties, dit la maire du 5e arrondissement. La lutte contre le réchauffement climatique est une priorité absolue, mais quand on annonce la fin de l’utilisation du diesel pour 2020 puis pour 2024, il faut tirer les conséquences financières que cela impose, ce qui n’a pas été fait. » Et de rappeler que, depuis 2010, le nombre d’aspiratrices de trottoirs a chuté de 275 à 248, soit d’environ 10 %, et qu’un quart du vétuste parc des véhicules de propreté était immobilisé en permanence par des opérations de maintenance ces dernières années.

« Absence d’anticipation »

Dénonçant une « baisse récurrente » des moyens financiers et humains, Mme Berthout décoche une implacable arithmétique : « Depuis 2001, l’espace public parisien a augmenté de près de 30 %, ce qui multiplie les surfaces à nettoyer, et plus de 100 000 personnes supplémentaires y circulent, alors que le budget consacré à la propreté est passé de 149 millions d’euros en 2001 à 133 millions d’euros en 2016, soit une diminution de 11 % en euros constants. »

Et les renforts de 200 agents de propreté entre 2016 et 2017 sont « loin de compenser » les 1 111 emplois du secteur disparus depuis 2001. « Dans le même temps, les effectifs de la Ville ont augmenté de 50 %, ce qui démontre que la propreté n’a pas été une priorité », conclut Mme Berthout, pour qui « la caricature de l’absence d’anticipation de la maire s’illustre dans le grave problème de prolifération des rats dans Paris ».

Le thème de la propreté revient comme une antienne dans la liste des griefs adressés à Mme Hidalgo depuis son arrivée à l’Hôtel de Ville en 2014. Ses adversaires politiques ironisent sur le fait qu’elle a, depuis, soumis pas moins de « trois plans de propreté » au vote du Conseil de Paris. Le 5 février, avant de laisser les groupes politiques faire leurs observations sur les préconisations de la MIE, la maire effectuera une communication pour défendre sa gestion.

Mao Péninou, son adjoint (La République en marche) à la propreté, invoque des « restructurations » de l’administration de la Ville et des questions de « nomenclatures ». Il considère les calculs de la MIE inexacts : « On a davantage d’éboueurs qu’en 2001 mais beaucoup moins d’égoutiers », affirme-t-il.

Corbeilles et PV

Il concède en revanche qu’il y a « trois ou quatre points à gagner » sur le taux d’absentéisme des agents « grâce à la modernisation des outils, à la modification des rythmes de travail et à une meilleure formation de l’encadrement ».

Il reconnaît aussi une « vraie question “rats” » liée à la nourriture disponible dans l’espace public, en dépit de la dotation de 1,5 million d’euros votée en 2017 pour lutter contre leur prolifération. Il promet, d’ici à la fin 2018, le remplacement d’une partie des corbeilles de rue situées sur les quais, dans les parcs et près des marchés alimentaires par des poubelles opaques, fermées et inaccessibles aux rongeurs.

La verbalisation des incivilités semble également porter ses fruits. Environ 110 000 PV à 68 euros ont été dressés en 2017 pour jets de mégots, déjections canines et autres épanchements d’urine – en hausse de 149 % en un an.

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