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Jours tranquilles à Paris
30 avril 2019

L'actrice Anémone, grande gueule au cœur tendre, est morte à l'âge de 68 ans

anemone

L'actrice avait notamment remporté un César en 1988 pour son rôle dans Le Grand chemin.

Anne Bourguignon, plus connue sous le nom d'Anémone, est morte à l'âge de 68 ans, a annoncé son agent mardi 30 avril. L'actrice, qui avait notamment remporté un César en 1988 pour son rôle dans Le Grand chemin, a succombé des suites d'une "longue maladie", a déclaré à l'AFP Elisabeth Tanner. Inoubliable dans Le père Noël est une ordure où elle incarnait Thérèse, l'acolyte de l'acteur Thierry Lhermitte à la permanence de SOS Amitié, Anémone avait démarré sa carrière dans le café-théâtre au sein de la troupe du Splendid.

D'"Anémone" au "Grand Chemin"

Fille du psychiatre André Bourguignon et de Claire Justin-Besançon, Anne Bourguignon est née à Paris, en 1950, dans un milieu bourgeois. Elle commence le cinéma en 1968 avec le film "Anémone" de Philippe Garrel, dont elle tire son pseudonyme. Elle y incarne une jeune fille de 17 ans partant à l'aventure avec un garçon.

Elle entre ensuite à l'école de théâtre fondée à Reims par Robert Hossein, puis se consacre au café-théâtre avec la troupe du Splendid. Le père Noël est une ordure, d'abord joué sur scène puis sur grand écran, lui vaut d'être remarquée du public. Elle enchaîne les comédies : Ma femme s'appelle reviens, Les Babas-cool, Le Mariage du siècle ...  En 1977, elle joue la cousine Lucienne dans le film de Coluche Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine, un de ses premiers grands rôles au cinéma.  Dans Le Grand Chemin, Jean-Loup Hubert lui offre un rôle plus sensible, celui de Marcelle, qui lui vaudra le César de la meilleure actrice en 1988.

Artiste à fleur de peau

L'actrice est devenue une figure incontournable du paysage comique français, dont le personnage culte de Thérèse demeure l'un des fleurons. Un rôle qu'elle va pourtant trainer comme un boulet. Artiste à fleur de peau, sans doute peu faite pour le vedettariat, et préférant être que paraitre, s'insurge très vite contre le système.

Je me suis retrouvée vedette, je ne m'attendais pas du tout à ça, je me retrouve marchande, au milieu des requins de la finance, de la pub.... Pas mon univers, moi ça ne me plait pas tout ça

Anémone

Son franc-parler la marginalise un peu, même si elle prouve l'ampleur de son jeu dans des personnages riches d'émotions secrètes et de tendresse cachée. Notamment dans Le petit prince a dit de Christine Pascal, Péril en la demeure de Michel Deville, Pas très catholique de Tonie Marshall,

L'actrice et comédienne a participé à une vingtaine de pièces au théâtre et plus de 70 films au cinéma. Nous l'avions rencontrée alors qu'elle interprétait une vieille femme qui perd la mémoire dans "Nœuds au mouchoir", de Denis Cherer, en 2017 et avait annoncé sa retraite.

Ecologiste de la première heure

Ecologiste de la première heure, membre d'Attac depuis sa création en 1998, sympathisante des Verts depuis toujours, Anémone est une militante. En 1988, elle a officiellement soutenu la candidature d'Antoine Waechter. En 1995, elle était candidate aux municipales à Paris sur la liste Paris Ecologie Solidarité Citoyenneté dans le 20e . En janvier 2002, elle s'est faite la porte-parole de l'Association Attac sur la scène du Zénith. Sans compter tous ces petits gestes du quotidien pour préserver la planète.

Anémone se scandalise du regard méprisant porté pendant longtemps sur les écologistes. "On nous traitait de fous, de Cassandre, peste-t-elle. Alors que c'est frappé au coin du bon sens : on ne peut pas rêver d'une croissance infinie de la population et de la consommation individuelle sur une planète qui n'est pas en expansion".

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30 avril 2019

Vénézuéla : Des blindés de militaires fidèles au président Nicolas Maduro ont foncé dans la foule ...

30 avril 2019

Marine Vacth

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30 avril 2019

Enki Bilal, Robin Campillo et Maïmouna N’Diaye dans le jury de Cannes

Le jury, composé de quatre femmes et de quatre hommes, dévoilera son palmarès le 25 mai.

La liste des quatre femmes et quatre hommes qui feront partie du jury du 72e Festival de Cannes, présidé par le réalisateur mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu, a été dévoilée lundi 29 avril par les organisateurs.

Il comprendra trois Français : l’auteur de BD et cinéaste Enki Bilal, le réalisateur Robin Campillo – récompensé par le grand prix du Festival de Cannes en 2017 pour 120 battements par minute – ainsi que l’actrice et réalisatrice franco-guinéenne Maïmouna N’Diaye, lauréate aux Trophées francophones en 2015 pour son rôle dans L’Œil du cyclone, de Sékou Traoré.

L’actrice américaine Elle Fanning, le réalisateur grec Yorgos Lanthimos, la réalisatrice américaine Kelly Reichardt, la cinéaste italienne Alice Rohrwacher, ainsi que le réalisateur polonais Pawel Pawlikowski sont les autres membres du jury.

Palmarès dévoilé le 25 mai

Le jury dévoilera son palmarès le 25 mai. Les vétérans Ken Loach, Terrence Malick, Pedro Almodovar ou encore les frères Dardenne seront en compétition lors de cette édition dont la sélection officielle a été dévoilée il y a dix jours et qui s’ouvrira le 14 mai.

La sélection n’est cependant pas dépourvue de nouveautés : quatre réalisatrices, Mati Diop, Jessica Hausner, Justine Triet et Céline Sciamma feront leurs premiers pas dans la compétition cannoise.

Présidé en 2018 par l’actrice australienne Cate Blanchett, le jury avait remis la Palme d’or à la chronique bouleversante Une affaire de famille, du Japonais Hirokazu Kore-eda.

30 avril 2019

Le Musée du Président Jacques Chirac à Sarran

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C'est dans le dessein de promouvoir les échanges sino-français dans le domaine des arts et traditions populaires que l'artiste Li Yongfeng a offert à Jacques Chirac ce plat peint à son effigie. Ce portrait hiératique correspond à une certaine tradition chinoise des images du pouvoir et s’inspire manifestement de l'iconographie de propagande de la Chine contemporaine. La physionomie de Jacques Chirac apparaît curieusement orientalisée, et ses yeux en particulier plus brides que nature.

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30 avril 2019

Le Jury du 72e Festival de Cannes !

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Face à une compétition prestigieuse, saluée par la presse lors de sa présentation le 18 avril dernier, faite de cinéastes de haut niveau ainsi que de réalisatrices et réalisateurs qui y accèdent pour la première fois, le Jury de la prochaine édition du Festival de Cannes (14-25 mai 2019) convie, sous la première présidence d’un cinéaste latino-américain, Alejandro Gonzalez Iñárritu, quatre femmes, et quatre hommes venant de quatre continents et issus de sept nationalités différentes.

Pierre Lescure et Thierry Frémaux commentent : « Le Jury de Cannes est invité à voir des films réalisés parmi les plus grands cinéastes de l’époque – c’est encore le cas cette année. Toutes celles et ceux qui figurent en Compétition doivent aussi se savoir regardés par de grands artistes – c’est également le cas ! »

Le Jury dévoilera son palmarès le samedi 25 mai au cours de la cérémonie de Clôture.

LE JURY 2019

Alejandro Gonzalez Iñárritu – Président

(Réalisateur, producteur & scénariste / Mexique)

Elle Fanning

(Actrice / États-Unis)

Maimouna N’Diaye

(Actrice, réalisatrice / Burkina Faso)

Kelly Reichardt

(Réalisatrice, scénariste & monteuse / États-Unis)

Alice Rohrwacher

(Réalisatrice, scénariste & productrice / Italie)

Enki Bilal

(Auteur de bandes-dessinées, réalisateur / France)

Robin Campillo

(Réalisateur, scénariste & monteur / France)

Yorgos Lanthimos

(Réalisateur, scénariste & producteur / Grèce)

Paweł Pawlikowski

(Réalisateur & scénariste / Pologne)

30 avril 2019

Marisa Papen

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30 avril 2019

Au Japon, un changement d’ère et d’empereur mais la même volonté de moderniser la dynastie

Par Philippe Pons, Tokyo, correspondant, Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance

Le prince héritier Naruhito doit monter sur le trône, le 1er mai, à l’issue de deux journées de cérémonies. A 59 ans, il défend comme son père le pacifisme et le devoir de mémoire.

Acte symbolique plus que politique, la montée, mercredi 1er mai, sur le trône impérial japonais du prince héritier Naruhito doit conclure deux journées de cérémonies, ponctuées de rituels shintos au Palais impérial de Tokyo.

Les premières accompagneront l’abdication d’Akihito (photo ci-dessous) , le père de Naruhito, officialisée dans l’après-midi du 30 avril lors d’une courte cérémonie d’une dizaine de minutes en présence de 300 personnes, dont le premier ministre Shinzo Abe.

akihito

A minuit, le 1er mai, le Japon entrera dans « Reiwa », nom donné à l’ère correspondant au règne du nouvel empereur, le 126e de la plus ancienne dynastie du monde. Naruhito doit assister à la remise des symboles et des sceaux impériaux puis à un événement entourant sa montée sur le trône.

Né en février 1960, Naruhito est l’aîné des trois enfants d’Akihito et de l’impératrice Michiko. Il fut le premier de la dynastie à être élevé par ses parents. Selon la tradition, son père avait été séparé dès ses 3 ans de ses parents pour être confié à des chambellans et à des précepteurs. Il en avait souffert. En rupture avec les pratiques passées, il avait choisi de s’investir dans l’éducation de Naruhito, qui a dès lors bénéficié des soins de parents presque « normaux ». Sa mère, Michiko, lui préparait des bentos quand il allait à l’école.

Joueur d’alto, Naruhito est amateur de tennis, de jogging et de randonnée. Très intéressé par la navigation maritime, il consacre ses études d’histoire au début des années 1980 à l’université Gakushuin, à Tokyo, aux réseaux de transports dans la mer Intérieure (à l’ouest du Japon) au Moyen-Age.

Un nouveau couple impérial ouvert au monde

De 1983 à 1985, au Merton College de l’université britannique d’Oxford, il rédige une thèse sur le commerce sur la Tamise au XVIIIe siècle. « Comme ma vie ne me laisse que peu de chances de sortir librement, a-t-il déclaré, les routes sont pour moi un lien précieux vers des mondes inconnus. » Son intérêt s’est ensuite porté sur le rapport entre l’humain et l’eau, de l’accès à l’eau potable aux catastrophes provoquées par l’eau. Naruhito intervient régulièrement dans les conférences internationales sur ces sujets.

Son séjour britannique reste pour lui un excellent souvenir, qu’il a relaté dans un mémoire, Temuzu to tomoni : Eikoku no ninenkan (« Auprès de la Tamise : mes deux années en Angleterre », ed. Université Gakushuin, 1993). Ce séjour lui a permis de découvrir la sociabilité des pubs et de s’étonner des manières relativement détendues de la famille royale britannique : « La reine Elizabeth II se verse le thé et sert les sandwiches. »

Il a également pu apprécier la liberté de ton dont jouissaient les étudiantes, ce qui l’aurait incité à se chercher une épouse « ayant des idées bien à elle ». Son dévolu s’est rapidement porté sur Masako Owada, une roturière rencontrée lors d’un thé donné en novembre 1986 en l’honneur de l’infante Elena d’Espagne. Fille du diplomate et ancien président de la Cour internationale de justice Hisahi Owada, diplômée d’Harvard et d’Oxford et sur le point de faire carrière au sein de la diplomatie nippone, Masako a fini, après deux refus, par accepter la demande en mariage du prince.

Le couple a une fille, Aiko, née en 2001, mais pas de fils. La pression subie par Masako pour donner au Japon un héritier mâle a largement contribué à la dépression dont elle souffre depuis 2003. Sa santé se serait améliorée et elle reprend peu à peu depuis 2012 ses activités officielles. De quoi faire espérer voir le nouveau couple impérial, multilingue et ouvert au monde, répondre aux attentes d’Akihito. Le retrait de l’empereur au profit de son fils aîné est significatif de sa tentative de mettre en harmonie avec son temps la fonction des descendants de la dynastie.

« Regarder le passé avec humilité »

Premier souverain du Japon à avoir été intronisé sous la Constitution de 1947, qui fait du monarque le « symbole de l’Etat et de l’unité du peuple » sans autres fonctions que protocolaires, Akihito est aussi le premier à abdiquer depuis l’empereur Kokaku (1771-1840).

L’abdication d’un empereur, pratiquée avant la Restauration de Meiji (1868), avait été écartée dans les lois fondamentales de 1889 et de 1947. Il fallut une loi, de juin 2017, pour autoriser celle d’Akihito.

Ce renouvellement ne devrait pas modifier le rôle qu’Akihito s’était assigné, en conformité avec la Constitution mais en donnant à son statut de « symbole » toute sa portée. L’image de son père, l’empereur Showa (nom posthume d’Hirohito, les empereurs prenant à leur mort le nom de l’ère de leur règne) fut entachée par un expansionnisme commencé par l’invasion de la Chine en 1931 puis la guerre de Pacifique dans laquelle il eut une part de responsabilité. Akihito s’est attaché au cours des trente années de son règne à rappeler les valeurs démocratiques et pacifistes sur lesquelles le Japon s’est reconstruit après la défaite de 1945.

Respectant la retenue que lui impose sa charge, il a toujours posé discrètement, au fil de ses discours, des balises à ne pas franchir pour maintenir la démocratie japonaise sur la voie tracée. Assumant le fardeau de l’ère Showa (1926-1989), il a sans cesse rappelé le Japon au devoir de mémoire pour les guerres qu’il mena, exprimant ses profonds remords pour les souffrances infligées par l’armée japonaise lors de ses visites à l’étranger et sur les champs de bataille de la guerre du Pacifique. C’est sur la voie de la continuité que se situe le nouveau monarque.

Naruhito porte un regard similaire à celui de son père sur le passé. A plusieurs reprises, il a appelé lui aussi « à regarder avec humilité » ce passé. Il avait appelé, en 2015, les générations qui ont vécu la guerre à « transmettre correctement à celles qui ne l’ont pas connue les expériences de l’histoire tragique du Japon ».

L’utilisation du terme « correctement » l’année du 70e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale avait une signification particulière : elle marquait une discrète prise de distance des tendances révisionnistes, frôlant le négationnisme, de Shinzo Abe dont le grand objectif est une révision de la Constitution pacifique de 1947.

30 avril 2019

Extrait d'un shooting

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shoot 55 (8)

29 avril 2019

Entretien - Jean-Marie Delarue : « Au nom de la sécurité, toutes nos libertés sont menacées »

Par Louise Couvelaire

Le président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme estime, dans un entretien au « Monde », que les libertés fondamentales sont en « très mauvais état » en France.

Jean-Marie Delarue, 74 ans, nommé le 10 avril à la tête de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), a consacré sa vie à la défense des libertés fondamentales. Pour le conseiller d’Etat, ex-directeur des libertés publiques au ministère de l’intérieur (de 1997 à 2001) et ancien contrôleur général des lieux de privation de liberté (de 2008 à 2014), elles sont aujourd’hui en danger. Nommé pour un mandat de trois ans, le haut fonctionnaire, un temps président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité, entend faire entendre sa voix.

Dans quel état sont les libertés fondamentales en France ?

En très mauvais état. En apparence, nous sommes un Etat de droit, et l’on s’en flatte assez, nous avons un corpus juridique étoffé, des juges chargés de protéger nos libertés… En apparence, rien de tout ça n’est menacé.

Dans la réalité, c’est autre chose. Au nom de la sécurité, toutes nos libertés le sont. On n’arrête pas de nous dire que « la sécurité est la première de nos libertés », selon une formule désormais consacrée. C’est faux ! La sécurité est éventuellement l’une des conditions de notre liberté. Cet aphorisme est une dangereuse illusion qui pousse depuis plusieurs décennies les gouvernements à grignoter nos libertés toujours davantage.

Depuis quand ?

Le point de départ est la loi Peyrefitte de 1981, qui portait un nom prémonitoire, « Sécurité et liberté ». La démocratie était-elle alors désarmée face au terrorisme ? Au point qu’il soit nécessaire de légiférer ? Personne ne se pose la question, alors que la réponse me paraît claire : nous n’avions pas besoin de nouvelles lois pour mettre en prison des terroristes. Et ça n’est pas plus le cas aujourd’hui.

Quelles sont les conséquences ?

Par ces lois nouvelles, on installe une distinction entre le français ordinaire, qui a tous les droits, et le français suspect, qui a droit à des procédures particulières, à des juges particuliers… Cette dernière catégorie ne cesse de s’élargir. D’abord les musulmans avec l’Etat d’urgence permanent, puis les « gilets jaunes » avec la loi dite anti-casseurs. Désormais, il suffit de se trouver dans les environs d’une manifestation pour devenir un français suspect faisant l’objet de mesures extraordinaires, comme des fouilles.

Il est par ailleurs très inquiétant de voir des gouvernements donner toujours raison à leur police. Les policiers sont des gens très estimables, mais comme tout le monde, ils peuvent faire des erreurs et avoir tort. La façon dont a été traité le journaliste Gaspard Glanz est de la même façon totalement anormale. Quarante-huit heures de garde à vue, ça n’était évidemment pas nécessaire, vingt-quatre heures auraient suffi.

Il faut faire attention : c’est à l’aune dont on traite ces personnes que se juge une société. La majorité des Français croit que cela ne les concerne pas et qu’il existe un rideau étanche, or ce n’est jamais le cas. La frontière est toujours beaucoup plus fragile qu’on l’imagine. Ce n’est pas parce que l’on croit que cela ne regarde que les musulmans, les « gilets jaunes » ou la presse qu’il ne faut pas s’en émouvoir.

Vous estimez que les Français ne s’en émeuvent pas assez ?

Non. Et c’est aussi ce qui m’inquiète beaucoup. Il y a trente ans, lorsque l’on touchait à une liberté fondamentale, des pétitions circulaient, des intellectuels s’indignaient, des citoyens se mobilisaient… Aujourd’hui, à l’exception de la déchéance de nationalité annoncée en novembre 2015 par François Hollande et de la rétention de sûreté voulue par Nicolas Sarkozy en 2008, on entend peu de protestations.

En ce qui concerne les migrants, les ONG ont été les seules à « sauver l’honneur de l’Europe en Méditerranée », comme l’a déclaré au Monde mi-avril le directeur de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), Pascal Brice. C’est grave ! Comme si toutes ces lois successives avaient fini par tétaniser la protestation, comme si tout cela n’intéressait pas l’opinion.

Quel est le risque ?

Les droits de l’homme, ce n’est pas un machin qu’on met en avant de temps en temps comme une cerise sur le gâteau, ce n’est pas une décoration, ni un sapin de Noël qu’on installe une fois par an, c’est la base de tout. Il ne faut pas les poser comme des principes du passé, mais comme des principes d’avenir, comme le socle sur lequel construire de nouvelles libertés. Les droits de l’homme doivent s’appliquer à tous, en tout temps et en tout lieu. Or, on en est loin.

S’il n’y a pas de voix qui s’élèvent pour incarner ce que nous prétendons être, il n’y a aucune raison pour que la France résiste mieux que les autres pays à la tentation de renoncement à nos grandes libertés, à laquelle les gouvernements successifs ont déjà en partie cédé. Avec notre système de protection sociale, c’est pourtant ce qui nous différencie du reste du monde. Si nous abandonnons cela, nous nous renierons.

Quelle est votre feuille de route à la tête de la CNCDH ?

La CNCDH est une voix pour exprimer ces inquiétudes. C’est ce qui me motive. Sa voix ne porte pas assez, et c’est regrettable, c’est pourtant une voix indépendante, celle de la société civile. Les dangers les plus graves pour la dignité humaine se situent souvent dans les interstices que personne ne voie.

Notre rôle, à la CNCDH, est de voir où se cachent les indignités. On peut saisir les Nations unies, on peut témoigner devant le Conseil constitutionnel – ce que nous avons fait au sujet de la loi dite anti-casseurs. Par nos avis, nous essayons de faire réfléchir les pouvoirs publics. Il est d’ailleurs regrettable de voir que depuis quinze ans le gouvernement saisit rarement la CNCDH en amont lorsqu’il réfléchit à des projets de lois. Nous ne sommes pas des imprécateurs mais des lanceurs d’alerte.

Comment allez-vous travailler avec le Défenseur des droits, qui, lui, a une autorité constitutionnelle ?

Ce qui m’intéresse, c’est qu’on aille dans le même sens. Je vais rencontrer Jacques Toubon début mai. Chacun a son rôle. Le Défenseur des droits fait écho aux plaignants, la CNCDH à la société civile. Nous sommes complémentaires, pas concurrents.

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