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Jours tranquilles à Paris
28 novembre 2019

Extrait d'un shooting. Photos : Jacques Snap

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28 novembre 2019

Une exposition pour comprendre comment l’amour fait palpiter notre cerveau

Par Florence Rosier

Avec le parcours « De l’amour », le Palais de la découverte, à Paris, invite à déchiffrer les vibrantes alchimies de l’état amoureux et du désir sexuel.

Pourquoi aimons-nous ? C’est la grande affaire. Elle défie la philosophie, a inspiré des monuments littéraires, enfanté opéras et chansons populaires. Elle fascine psychologues et sociologues. Et, depuis un siècle, elle captive aussi les biologistes. Ce sont les regards croisés de toutes ces disciplines sur cet insaisissable objet, l’amour humain sous toutes ses formes, que propose de découvrir l’exposition « De l’amour », au Palais de la découverte, à Paris. Son tour de force ? Montrer comment les découvertes des neurosciences font ici écho aux intuitions littéraires.

La visite est palpitante. Dès l’entrée, un cœur géant vous accueille, vibrant de toutes ses plumes. Là où la langue française n’a qu’un mot pour désigner les diverses formes d’attachement humain, le grec ancien en offre quatre : éros (désir sexuel et passion charnelle), storgê (amour familial), philia (amitié et liens sociaux) et agapè (amour désintéressé).

La première partie de l’exposition, ou « Galerie des attachements », est consacrée aux grandes références culturelles et aux symboles de l’amour. Vous y croiserez une collection de peluches, « objets transitionnels » de vos jeunes années. Vous écouterez des contes venus de Chine, du Vietnam, d’Ethiopie… Puis, soudain, place à l’irruption des corps : dans une brève vidéo, un duo de danseurs donne vie à un fantasme sexuel. Le but : « déconstruire les clichés de la pornographie », relève Astrid Aron, cocommissaire de l’exposition.

Voici maintenant la seconde partie et le cœur du parcours : la science de l’amour. Tout commence très tôt. Vous découvrirez les quatre formes d’attachement (sécure, évitant, ambivalent ou désorganisé) que développe le nourrisson selon les réactions de son entourage. « Avec nos enfants, on tend à reproduire la forme d’attachement que l’on a eu pour ses parents. Elle influence aussi nos premières relations amoureuses », note Astrid Aron. Mais on peut aussi en sortir !

« Hormone de l’amour »

Dans ces histoires de cœur et de corps-à-corps, ce n’est pas tant le cœur qui palpite que le cerveau. Quelle est donc l’alchimie cérébrale des philtres d’amour ? Dans ses cornues, un ingrédient central : l’ocytocine. Ici, posez-vous pour visionner une pépite : Parlez-moi d’amour. Soit vingt-cinq minutes de découvertes jubilatoires, joliment illustrées.

Vous découvrirez l’étonnante saga des campagnols des prairies et de ceux des montagnes. Les premiers, monogames, sont des parents attentionnés. Les seconds, volages, font figure de parents indignes, raconte le chimiste Marcel Hibert.

Seules différences entre les deux espèces : les concentrations en ocytocine et vasopressine, très élevées chez les premiers, extrêmement faibles chez les seconds. Ce qui lancera les chercheurs sur la voie de l’ocytocine, cette « hormone de l’amour » et du lien social, qui n’est pas réservée à l’allaitement et au lien mère-enfant. Une dizaine d’autres molécules entrent aussi dans la danse cérébrale, selon le type d’attachement.

Mais pourquoi idéalise-t-on tant l’être cher, lors d’un amour naissant ? « On se plaît à orner de mille perfections une femme de l’amour de laquelle on est sûr ; on se détaille tout son bonheur avec une complaisance infinie… », écrivait Stendhal. Vous découvrirez la réponse à cette « théorie de la cristallisation » dans le film Un cerveau qui palpite. Soit sept minutes de tempêtes cérébrales, pour le meilleur et parfois le pire.

Inventer des expressions grivoises

L’amour est une cuisine complexe. Il résulte de « la fusion instable, en proportions variables, de trois ingrédients hétérogènes : l’amitié, le désir, la passion », explique aussi le philosophe Francis Wolff. Trois couples mythiques ont illustré ces trois ingrédients : Paul et Virginie (l’amitié) ; Tristan et Iseut (le désir) ; Roméo et Juliette (la passion).

Bien d’autres questions sont abordées. Comment le numérique a-t-il changé – ou pas – nos relations amoureuses ? Quelle est la sociologie des « amours plurielles » ? Peut-on analyser la réalité concrète des dons – et contre-dons attendus – dans un couple ? Quelles sont les différences entre orientation sexuelle, sexe et genre ? Comment prévenir le harcèlement sexuel ? Eros reste le grand favori de cette visite. Vous pourrez aussi vous amuser à inventer des expressions grivoises. Et vous comprendrez, à travers une vitrine d’objets érotiques, à quel point la sexualité reste une construction, fondée sur la culture sociale et sur le vécu personnel.

La visite est réservée aux plus de 15 ans ? Certes, mais rien ici n’est de nature à choquer. « Un enfant de 10 ans peut y trouver son compte », précise Astrid Aron. Tout en étant très explicites, parfois drôles, les films manient avec délicatesse schémas et symboles. Et parce qu’en France tout finit par des chansons, l’exposition se termine par une invitation à écouter une chanson d’amour, parmi un florilège de cinquante titres. La préférée des ados ? J’aime tes fesses, de Philippe Katerine.

« De l’amour », Palais de la découverte, avenue Franklin-Delano-Roosevelt, Paris 8e, jusqu’au 30 août 2020. A partir de 15 ans. Plein tarif : 9 euros. Tarif réduit : 7 euros.

28 novembre 2019

Le 5 décembre... ?

 

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28 novembre 2019

Milo Moiré

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28 novembre 2019

Reportage - Spectacle : « War Horse », des chevaux d’acier et des hommes

Par Rosita Boisseau, Londres

Créé en 2007 par Marianne Elliott et Tom Morris, le show débarque avec son écurie à La Seine musicale à Boulogne-Billancourt, jusqu’au 29 décembre.

On ne l’a pas senti arriver et soudain, il surgit des coulisses au galop, s’arrête net sous notre nez, s’ébroue en secouant sa crinière rousse, frémissant jusqu’aux oreilles et hennissant fort. Deux paires de jambes humaines cohabitent avec les sabots de ce cheval qui repart comme s’il avait le feu aux fesses. Cet animal imposant, marionnette géante de 66 kilos, est Joey, star du spectacle War Horse, mis en scène en 2007 par Marianne Elliott et Tom Morris, qui débarque avec son écurie, du 29 novembre au 29 décembre, à La Seine musicale, à Boulogne-Billancourt. Car Joey n’est pas seul à se faire déchirer par les tirs au mortier dans cette saga équine sur la première guerre mondiale. Il y a aussi le puissant Topthorn, 70 kilos, deux chevaux plus légers ou encore Baby Joe, le poulain, qui aime caracoler dans les prés.

GRETCHEN MAYNARD-HAHN, CHARGÉE DE LA RÉPARATION DES MARIONNETTES : « CE SONT DES MACHINES EXTRÊMEMENT BIEN FAITES MAIS DES ACCIDENTS PEUVENT SURVENIR »

A quelques minutes de la représentation, jeudi 21 novembre, au Troubadour Theatre de Londres, le troupeau, fabriqué par la compagnie sud-africaine Handspring Puppet, est au calme dans les coulisses. Lampe de poche dans la bouche, Gretchen Maynard-Hahn, chargée de la réparation des marionnettes, inspecte les armatures d’acier couvertes de mousseline, resserre les boulons des oreilles de Joey. « Nous veillons à faciliter le travail des marionnettistes qui les endossent, explique-t-elle. Ce sont des machines extrêmement bien faites mais des accidents peuvent survenir. Si une jambe se brise pendant le spectacle, nous devons la remplacer à toute vitesse. » Il faut trois mois pour construire un cheval et six Joey ont été fabriqués depuis les débuts de la pièce.

Depuis sa création au National Theatre de Londres, en 2007, quatre ans avant le film de Steven Spielberg, ce show inspiré par le livre (Cheval de guerre, Gallimard, Folio Junior) écrit en 1982 par Michael Morpurgo, a tourné dans douze pays dont la Chine, le Japon, l’Australie. A son compteur : huit millions de spectateurs.

« Ce succès m’étonne toujours, s’exclame l’écrivain britannique, de passage au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. Je suis heureux que War Horse arrive en France qui a tellement souffert de la première guerre mondiale. Mais l’histoire est universelle. Lorsqu’en 2004, le National Theatre m’a appelé pour créer un spectacle à partir de mon livre, je ne pouvais pas imaginer une pièce sur ce sujet avec des marionnettes. J’ai vu une girafe conçue par Handspring Puppet et j’ai eu les larmes aux yeux. C’était ridicule, mais je me suis dit alors que c’était possible. »

Violence de la guerre

Deux ans de recherche ont été nécessaires pour faire émerger cette fresque qui met en scène le conflit avec les Allemands à travers la vie de Joey et de son propriétaire, le jeune Albert (interprété par Scott Miller). Vendu par le père à la cavalerie et envoyé en France, Joey traverse les lignes ennemies. « Au départ, nous avons cherché les mouvements des chevaux en se mettant des boîtes en carton sur la tête, se souvient le chorégraphe Toby Sedgwick. Je vis à la campagne et j’ai longuement observé leurs comportements. Je les ai filmés aussi et nous avons commencé peu à peu à entrer dans le rôle de l’animal. »

LA MISE EN SCÈNE TRÈS CINÉMATOGRAPHIQUE, PARADOXALEMENT SOBRE ET SPECTACULAIRE, EST SERVIE PAR 34 ACTEURS

Et l’on y croit ! La mise en scène très cinématographique de War Horse, paradoxalement sobre et spectaculaire, est servie par 34 acteurs. Elle figure une tranchée avec un tas de terre, une ferme avec une porte en bois, un charnier avec deux marionnettes éventrées. A l’opposé, les lumières, les vidéos et la bande-son chargent pour plonger le spectateur dans la violence de la guerre. On oublie que les chevaux sont des leurres. Un exploit tant le travail mécanique, vocal et mental des manipulateurs, se révèle épatant jusque dans les détails d’un mouvement de tête ou d’une légère ruade de crainte.

Quatre équipes de trois marionnettistes s’activent en alternance avec les deux chevaux vedettes. Trois personnes sont nécessaires pour un seul animal, parfois lesté d’un cavalier. L’un, situé à côté du cheval, tient la tête et le cou. « C’est comme porter une chaise à bout de bras pendant près de deux heures », compare Tom Quinn. Les deux autres, glissés à l’intérieur de l’armature qu’ils portent sur les épaules, actionnent qui les pattes avant, qui l’arrière-train.

« Rythme commun »

Tom Quinn fait équipe avec Lewis Howard et Samuel Parker. Acteurs à l’origine, ils ont été engagés sur audition et sont pour la première fois marionnettistes. Après deux semaines d’immersion dans la manipulation, dix d’apprentissage plus global du spectacle, ils ont trouvé un certain confort après trois mois de représentation. Ils jouent Joey ensemble depuis deux ans et demi et ont enchaîné 700 dates – en général, les marionnettistes sont remplacés après 18 mois. «  C’est rafraîchissant d’une certaine façon, car il n’est plus question d’ego ici, souligne Tom Quinn. Au début, lorsque les spectateurs me disaient qu’ils avaient oublié que je suis là auprès de Joey, je n’aurais jamais pensé être content de m’effacer derrière un cheval. »

LEWIS HOWARD, MARIONNETTISTE : « LES BRUITS SONT LES NÔTRES MAIS S’ILS SONT SINCÈRES, ILS DEVIENNENT CEUX DE JOEY »

Observer cette triplette, dont aucun des membres n’a fait d’équitation, pendant le spectacle est un régal. Manipuler et jouer un cheval n’est pas une mince entreprise. Incorporer son comportement, faire bloc avec ses partenaires pour rendre chacune de ses réactions organiques exigent une écoute et une symbiose parfaites. Tom Quinn ne lâche jamais de l’œil la tête de Joey. Les jambes de Lewis Howard et de Samuel Parker en disent presque aussi long sur l’histoire que les sabots de l’animal.

« Lorsque je vois bouger la tête de Joey au-dessus de moi tandis que je suis en train d’activer ses jambes, il y a quelque chose d’incroyable qui se passe dans ma tête », s’exclame Lewis Howard. « Là où je suis, je n’ai qu’une petite fenêtre de vision et je fais très attention au moindre mouvement de Tom pour réagir en direct », précise Samuel Parker qui assure les mouvements de la queue grâce à un levier de frein de vélo posé sur des bâtons de ski.

Ensemble, ils font évoluer l’animal, bruitant de concert ses grognements, piaffements, hurlements. « La respiration est fondamentale pour rendre vivante la marionnette mais aussi pour communiquer entre nous et trouver notre rythme commun, insiste Lewis Howard. Les bruits sont les nôtres mais s’ils sont sincères, ils deviennent ceux de Joey. » Au trot, au galop, en marche arrière, au sol, blessé, le cheval est bien là, qui vieillit et souffre, portant l’histoire souterraine de ces huit millions de congénères morts pendant la première guerre mondiale.

War Horse. La Seine musicale, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), du 29 novembre au 29 décembre. De 29 € à 99 €.

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28 novembre 2019

Libération

libé sahel

28 novembre 2019

Enquête - Le long chemin européen d’Ursula von der Leyen

Par Virginie Malingre, Bruxelles, bureau européen

L’ancienne ministre allemande de la défense, 61 ans, présidera la Commission européenne à compter du 1er décembre. L’aboutissement d’un parcours semé d’embûches.

Ursula von der Leyen, alias « VDL », sera bien la première femme à présider la Commission européenne. Mercredi 27 novembre, l’ex-ministre allemande de la défense a franchi la dernière étape d’un parcours semé d’embûches : le Parlement de Strasbourg a donné son aval à son collège, avec une large majorité – 461 voix pour, 157 contre et 89 abstentions.

Pour en arriver là, cette fidèle d’Angela Merkel a dû surmonter bien des obstacles durant cinq mois. Elle confie avoir eu des moments de découragement et d’incompréhension dans ce monde des institutions européennes dont elle a découvert les usages parfois à ses dépens. Entre un Parlement en quête de pouvoir, des Etats membres désireux de lui tenir la bride et une Commission sceptique, son apprentissage s’est fait en milieu hostile.

Pour le comprendre, il faut revenir à sa nomination, le 2 juillet. Certes, à l’époque, Berlin et Paris pensent à elle depuis quelques mois déjà, mais comme un recours éventuel, un « second choix » dans le cas où les Vingt-Huit échoueraient à s’accorder sur quelqu’un d’autre. L’Allemand Manfred Weber ou le socialiste néerlandais Frans Timmermans paraissent plus légitimes. Le Bavarois, issu de la CSU (coopérant avec la CDU, le parti de Mme Merkel), a emmené la liste Parti populaire européen (PPE) aux élections européennes, qui est arrivée première au scrutin et revendique la tête de l’exécutif communautaire.

M. Timmermans, qui a conduit les sociaux-démocrates (SD) et est par ailleurs le bras droit du président en exercice de la Commission, Jean-Claude Juncker, y prétend également. Mais le président français, Emmanuel Macron, ne veut pas entendre parler du premier, et la droite européenne barrera la route du second.

Rien d’une spécialiste de l’Europe

Le conseil du dimanche 30 juin est un désastre. Les Vingt-Huit se séparent le lendemain sur un constat de désaccord. A ce stade, le nom de Mme von der Leyen est évoqué pour la première fois autour de la table des chefs d’Etat et de gouvernement, mais pour le poste de haute-représentante de l’Union pour les affaires étrangères. Les dirigeants européens ne la connaissent pas, ou peu. Il faut dire qu’elle n’a rien d’une spécialiste de l’Europe, même si elle a vécu jusqu’à l’âge de 13 ans à Bruxelles, où son père était haut fonctionnaire européen.

Ce lundi 1er juillet, « VDL » est loin de ces tractations. Elle a dû interrompre un séminaire avec ses équipes, près de Berlin, pour filer en Basse-Saxe, où un hélicoptère militaire s’est écrasé. A son retour, dans la soirée, son amie Angela Merkel l’informe que l’on songe à elle pour la présidence de la Commision. M. Macron, lui, l’appellera le mardi matin.

En réalité, le couple franco-allemand sous-estime les difficultés à venir, en particulier la faiblesse de Mme Merkel en Allemagne et auprès des droites européennes. D’ailleurs, la chancelière doit s’abstenir, le 2 juillet, lors du vote par le Conseil en faveur de sa ministre : furieux du sort réservé à M. Timmermans, le SPD allemand, qui participe à sa coalition, refuse de soutenir cette nomination…

Le choix de Mme von der Leyen apparaît alors comme le fruit « d’une construction politique désincarnée, imaginée par Macron et Merkel », témoigne l’eurodéputé macroniste Stéphane Séjourné. Est-elle consciente d’arriver en terrain miné ? Manfred Weber a pris la tête du groupe PPE, dans un Parlement furieux de s’être fait imposer « VDL » par les Etats membres. S’agissant de Frans Timmermans, ils somment Mme von der Leyen d’en faire son vice-président exécutif, un gage donné aux sociaux-démocrates. Ils lui demandent également de prendre pour vice-présidente exécutive la libérale Margrethe Vestager qui, elle aussi, se projetait volontiers à la tête de l’exécutif européen… « Les loups sont dans la place », assure un observateur avisé.

Changer de vie

« VDL » accepte « sans hésiter » le défi. « C’était comme rentrer à la maison », confie-t-elle. Au-delà de ses souvenirs d’enfance, elle sait le moment venu, à bientôt 61 ans, de changer de vie après quinze ans auprès de Mme Merkel. Ses cinq ans au ministère de la défense l’ont épuisée, elle y a affronté crise sur crise, et en sort très impopulaire. En femme politique aguerrie, elle pressent l’ampleur de la tâche.

Dès le 3 juillet, elle se rend à Strasbourg, à la rencontre des eurodéputés, et se heurte à un accueil glacial. Ce sera le début de son chemin de croix. « La Commission von der Leyen va souffrir du péché originel, la façon dont son nom est sorti du chapeau », prévient l’eurodéputé LR Arnaud Danjean.

Revenons à ce début juillet caniculaire. Mme von der Leyen a moins de quinze jours pour convaincre 751 eurodéputés de 28 pays, représentant plus d’une centaine de partis politiques nationaux, répartis entre sept groupes, de voter pour elle le 16 juillet ! Et cela dans un Parlement plus fragmenté que jamais, où les deux grandes formations, PPE et SD, ont perdu la majorité pour la première fois depuis 1979 et où plus de 60 % des élus sont nouveaux…

Flanquée de ses deux fidèles acolytes – Jens Flosdorff, pour la communication, et Bjoern Seibert, pour diriger son cabinet –, qui ne sont pas plus experts qu’elle en matière communautaire, Mme von der Leyen débarque à Bruxelles. Martin Selmayr, le secrétaire général de la Commission, a mis à sa disposition des bureaux du bâtiment Charlemagne ainsi que quatre de ses collaborateurs.

« Procès en illégitimité »

Il faut s’arrêter sur la personnalité de cet Allemand de 48 ans pour mesurer dans quelles conditions « VDL » se lance. Bombardé à ce poste par M. Juncker, celui que l’on surnomme le « Monstre » s’est octroyé des pouvoirs inédits, sources de bien des fantasmes, et sait son avenir incertain. Dans ce contexte, certains prétendent qu’il a procuré à « VDL » une équipe de bras cassés pour la faire tomber. D’autres affirment, comme ce diplomate, que le haut fonctionnaire « veut se rendre indispensable ». Ambiance… Quant à M. Juncker, que Mme von der Leyen voit régulièrement, il ne se montre pas vraiment coopératif. « Ces rencontres étaient flottantes », décrit-elle.

« VDL » comprend vite qu’elle va dans le mur. Elle a beau multiplier les contacts au Parlement, rien n’y fait : le compte n’y est pas. Certes, les Etats se sont accordés sur son nom, mais, à Strasbourg, les élus ne suivent pas. « Elle a subi un procès en illégitimité, sans exclure une certaine misogynie », commente un diplomate. « Juncker déployait son aura, son empathie, son téléphone. Von der Leyen est plus sur un modèle chef d’entreprise. Tu fais ci, tu fais ça. Elle est plus méthodique, plus systémique, plus calviniste », juge l’un de ses commissaires.

A quelques jours de l’audition, « on n’y croyait plus, on était épuisés », raconte-t-elle. Les capitales s’affolent. Paris mobilise En marche et les autres libéraux du Parlement, Berlin fait pression sur le PPE, Madrid sur les SD. A la Commission, au Conseil et au Parlement, certains préconisent un report du vote. « VDL » refuse. Son programme est « rosi » et « verdi ». Quant à M. Selmayr, détesté à Strasbourg, il est remercié.

« Une majorité est une majorité »

Le 16 juillet, elle se lance dans l’hémicycle, phrasé précis, sourire aux lèvres. Aux sociaux-démocrates, elle promet un système européen de réassurance chômage. Aux travaillistes britanniques, elle assure ne pas exclure un report du Brexit. Aux Verts, elle vend son « green deal ». Aux pays de l’Est, elle annonce des aides généreuses. Aux parlementaires, elle offre le « droit d’initiative », dont ils sont privés. Aux jeunes, elle fait miroiter moins de chômage et rappelle qu’elle a sept enfants… Il y en a pour tout le monde, sauf pour le PPE qui trouve qu’elle gâte trop sa gauche.

Cela suffit tout juste à obtenir une courte majorité de neuf voix, grâce aux ultraconservateurs du parti Droit et justice (PiS) polonais et aux populistes italiens du Mouvement 5 étoiles. Au PPE, une quarantaine de voix lui ont manqué, notamment à la CDU. Chez les SD, un tiers des élus lui ont refusé leur soutien, dont ceux du SPD. « Une majorité est une majorité », se félicite-t-elle malgré tout. Le soir, lors d’un dîner avec son équipe, elle s’autorise pour une fois un verre de vin.

Mme von der Leyen a frôlé la catastrophe, elle le sait. Et rien n’est gagné puisqu’il lui faudra encore solliciter le soutien des eurodéputés, lorsqu’elle aura composé son collège. Pour l’heure, elle doit câliner les Etats, qui n’ont pas toujours apprécié ses promesses au Parlement. Et négocier avec eux les nominations des commissaires, un par pays. Le 17 juillet, elle fait une pause à Berlin, pour fêter les 65 ans de Mme Merkel. Avant d’enchaîner sur Paris, Varsovie, Zagreb, Madrid, Rome, La Haye, et Helsinki. « 99 % des Etats membres voulaient un portefeuille économique important », se souvient-elle.

Un coup à gauche, un coup à droite

En cette fin d’été, elle travaille seule avec ses deux lieutenants, au risque de susciter des accusations de « bunkérisation ». Celles-ci redoubleront quand elle confirmera, courant septembre, avoir engagé des travaux pour se faire aménager un studio de 25 mètres carrés contigu à son futur bureau, au 13e étage du Berlaymont, le bâtiment de la Commission, la bulle dans la bulle.

Qu’importent les critiques. Pour l’instant, il s’agit de choisir vingt-six commissaires. Même les nominations aux plus hauts postes dans l’administration de la Commission sont mises entre parenthèses, empêchant le « mercato » bruxellois traditionnel dans cette période de transition et créant des frustrations chez les hauts fonctionnaires…

Le 10 septembre, Mme von der Leyen présente son collège, respectueux des équilibres politiques, géographiques et de genre. On y trouve tout de même « quelques scories », relate un diplomate. Comme le choix de confier à un Hongrois l’élargissement. Ou l’intitulé polémique – « protection de notre mode de vie européen » – du portefeuille qui couvre les questions migratoires. Aux Etats membres, elle réserve une surprise : la nomination d’un troisième vice-président exécutif, le conservateur letton Valdis Dombrovskis. Une manière donc de prendre de la hauteur par rapport aux capitales et… de contenter le PPE. Un coup à gauche, un coup à droite : ainsi avance « VDL ».

Dernières concessions

Mais la politique européenne ne tient pas que de l’arithmétique et elle l’expérimente à ses dépens le 10 octobre. Ce jour-là, le Parlement, qui n’a pas digéré les conditions de sa nomination et que M. Macron a irrité dans cette séquence, rejette la candidature de Sylvie Goulard, pressentie pour être la commissaire française au marché intérieur, mais citée dans l’affaire des emplois fictifs du MoDem. Pour M. Macron, c’est un camouflet. « Je ne comprends pas », lance-t-il, renvoyant la responsabilité de ce revers à Mme  von der Leyen. « Macron a hésité à créer une crise institutionnelle. Finalement, il ne l’a pas fait et a proposé rapidement le nom de Thierry Breton », témoigne un proche de l’Elysée.

Mais l’édifice construit par Mme von der Leyen est d’autant plus fissuré que le Parlement lui a également refusé les nominations du conservateur hongrois et de la socialiste roumaine. « Chacun a joué avec son couteau dans une pièce sombre. Et quand on a rallumé la lumière, il y avait du sang partout sur les murs », résume-t-on du côté de l’Elysée.

« VDL » doit retarder son entrée en fonctions d’un mois, au 1er décembre – le temps que Paris, Bucarest et Budapest lui soumettent d’autres commissaires –, et renouer le lien avec le Parlement, appelé à voter sur son collège au complet le 27 novembre. C’est l’heure des dernières concessions. Les sociaux-démocrates obtiennent le changement de l’intitulé du portefeuille du Grec Margaritis Schinas, désormais chargé de « promouvoir » et non plus de « protéger » le mode de vie européen. Le PPE gagne un commissaire de plus, profitant d’un changement de majorité politique en Roumanie. Cette fois, « VDL » est parvenue à ses fins.

28 novembre 2019

Le REX illuminé

rex

28 novembre 2019

Donald Trump promulgue une loi prodémocratie soutenant les manifestants de Hongkong

Cette législation, qui menace de suspendre le statut économique spécial de l’ex-colonie britannique, a été qualifiée d’« abomination absolue » par Pékin, qui évoque en réponse d’éventuelles représailles.

Le président américain a longtemps hésité, pesant le pour et le contre à propos de la loi soutenant le camp prodémocratie à Hongkong, assurant être « avec » les manifestants, tout en réitérant sa confiance dans son homologue chinois Xi Jinping. Mais après quelques jours de tergiversations, Donald Trump a finalement promulgué, mercredi 27 novembre, l’« acte de 2019 sur les droits humains et la démocratie à Hongkong ».

Approuvée une semaine plus tôt à une écrasante majorité par le Congrès des Etats-Unis, cette législation menace de suspendre le statut économique spécial accordé par Washington à Hongkong – il permet à ce territoire d’être exonéré des restrictions s’appliquant à la Chine continentale. Le texte conditionne désormais son maintien à la validation annuelle par l’administration américaine d’une situation jugée convenable en matière de respect des droits de la part des autorités hongkongaises.

« J’ai signé ces résolutions par respect pour le président Xi [Jinping], la Chine, et le peuple de Hongkong, a défendu Donald Trump dans un communiqué. Elles sont promulguées avec l’espoir que les leaders et les représentants de la Chine et de Hongkong seront en mesure de régler à l’amiable leurs différences. »

Pékin évoque des représailles

Cette loi a provoqué l’ire de Pékin – sans surprise. Le gouvernement chinois a ainsi menacé, jeudi, de prendre « des mesures de représailles », le ministère des affaires étrangères qualifiant cette loi d’« abomination absolue » dans un communiqué.

Moins vindicatif, le gouvernement hongkongais a, de son côté, accusé Washington d’« ingérence » dans ses affaires intérieures. « Les deux actes s’immiscent manifestement dans les affaires intérieures de Hongkong », a déclaré un responsable de l’exécutif dans un communiqué, estimant que cette résolution envoie « un mauvais message aux manifestants ».

Aux Etats-Unis, la décision de Donald Trump a été saluée des deux côtés de l’échiquier politique. « [Notre pays] se tient aux côtés des manifestants alors qu’ils marchent vers leur autonomie, pour leur démocratie et pour leurs droits humains », a écrit Ben Cardin, sénateur démocrate du Maryland. « J’applaudis le président Trump pour promulguer cette législation essentielle en loi », a abondé son collègue républicain Marco Rubio (Floride).

Vers un accord commercial

Cette promulgation intervient alors que les négociations se poursuivent pour mettre fin au conflit commercial opposant, depuis mars 2018, les deux premières puissances économiques mondiales. Sur ce dossier, les Etats-Unis et la Chine ont envoyé ces derniers jours des signaux positifs quant à la conclusion avant la fin de l’année d’un accord commercial partiel, dit de « phase un ».

« Nous sommes dans la dernière ligne droite avant de parvenir à un accord très important », avait avancé hier M. Trump.

28 novembre 2019

Cara Delevingne et Olivier Rousteing (again)

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