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Jours tranquilles à Paris

17 mai 2020

Les Coquettes

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17 mai 2020

Enquête - #guillotine2020 : ascenseur pour l’échafaud numérique

Par Nicolas Santolaria - Le Monde

Le hashtag né aux Etats-Unis visait, depuis l’apparition de la pandémie, les stars américaines confinées. En France, il a pris une tournure plus politique. La crise sanitaire a exacerbé le sentiment d’une déconnexion des élites, suscitant colère et moqueries sur les réseaux.

Très engagé sur le front de la pandémie, le comédien Thierry Lhermitte intervient le 19 avril en duplex dans le JT de 13 heures de TF1. Voix pleine d’une chevrotante sollicitude, celui qui est le parrain de la Fondation pour la recherche médicale (FRM) lance un appel aux dons. Objectif ? Contribuer au financement des travaux pour trouver en urgence un remède contre le Covid-19.

Pourtant, ce que retiennent certains téléspectateurs, ce jour-là, ce n’est pas la grandeur d’âme de l’ex-Bronzé, mais l’arrière-plan de l’intervention. Dans la bibliothèque que l’on suppose être celle de l’acteur, on peut distinguer trois gros dossiers siglés BRED, Neuflize, Lazard. Une humeur monte alors des tréfonds de Twitter, que l’on pourrait résumer ainsi : n’y a-t-il pas une forme d’inconvenance à inviter les petites gens à se délester de leurs économies lorsqu’on est soi-même le client aisé d’institutions bancaires si prestigieuses ? Assimilé sans autre forme de procès à un social-traître, Thierry Lhermitte est alors conduit sur l’échafaud numérique comme les aristocrates étaient jadis emmenés en place de Grève ; et son nom se voit associé au hashtag le plus tranchant du moment : #guillotine2020.

« NON SEULEMENT ON EST CONFINÉ, MAIS EN PLUS IL FAUT SE COGNER LES AVENTURES DE SYLVAIN TESSON QUI SE PREND POUR ULYSSE » : LE TWEET DE MARCEL AIPHAN

Cette exécution symbolique est loin d’être un cas isolé. Léa Salamé, Pascal Praud, Eric Zemmour, Robert Namias, Raphaël Enthoven ont, entre autres, vu s’abattre sur eux ce mot dièse aussi intimidant que la balle ou le petit cercueil qui arrivaient jadis par courrier, menace parfois assortie d’un tout aussi inquiétant #onoublierapas. Même l’écrivain bourlingueur Sylvain Tesson, dont l’odyssée néohomérique a récemment été diffusée sur Arte, en a fait les frais : « Non seulement on est confiné, mais en plus il faut se cogner les aventures de Sylvain Tesson qui se prend pour Ulysse sur un somptueux voilier dans ce cimetière marin qu’est devenue la Méditerranée. On a vraiment mérité ça ? #guillotine2020 », poste sur Twitter, le 11 avril, un certain Marcel Aiphan.

Inconscient sans-culotte

Généralement anonymes, ces messages aux conclusions expéditives interrogent : la part la plus sanglante du refoulé révolutionnaire hexagonal aurait-elle refait surface à l’occasion du confinement ? « Pour ceux qui voient leur nom associé à #guillotine2020, ça peut effectivement être vécu de manière très traumatisante », reconnaît le sociologue Romain Badouard, auteur de l’ouvrage Le Désenchantement de l’Internet. Désinformation, rumeur et propagande (FYP éditions, 2017). « Mais il ne faut pas dramatiser, c’est une violence symbolique, parfois teintée d’ironie, qui ne traduit pas forcément une volonté de nuire physiquement à quelqu’un. Le fait d’avoir des propos très agressifs, d’être dans la surenchère pour capter l’attention, est une des particularités du débat sur Internet. »

Même si elle semble exhumée des soubassements de l’inconscient sans-culotte, cette résurgence numérique de la guillotine est en réalité mâtinée de sauce ketchup. C’est #freethemall, militant(e) socialiste de Portland (Oregon), aujourd’hui âgé de 28 ans, qui, pour dénoncer les inégalités croissantes, la montée des populismes et l’absence d’alternative démocratique dans son pays, a imaginé ce hashtag spectaculaire et horrifique, dans lequel 2020 fait référence à l’échéance de l’élection présidentielle américaine. Lorsqu’il a été posté pour la première fois sur Twitter en 2017, #guillotine2020 était accompagné d’un tout aussi provocateur #eattherich (« mangez les riches »).

« J’associe la période actuelle à la France d’avant la Révolution parce que, bien que n’ayant pas de monarques, nous avons des individus et des familles qui possèdent d’immenses richesses et dictent la politique publique. Ces gens n’ont pas l’intention de renoncer volontairement à leur pouvoir, Jeff Bezos ou Mark Zuckerberg n’abandonneront pas leurs milliards ; donc, à un moment donné, une société doit décider de s’emparer de cette richesse », nous explique le/la jeune socialiste américain-e (son genre reste indéterminé).

Têtes coupées de personnages publics

En se diffusant et en prenant des sens divers, #guillotine2020 devient au fil des mois un vaste mème révolutionnaire, donnant parfois lieu à des reprises déroutantes, aux confins du mauvais goût. En 2019, le groupe de folk punk AJJ, originaire de Phoenix (Arizona), diffuse sur YouTube le clip de son nouveau titre, Mega Guillotine 2020. Les têtes coupées de personnages publics y entonnent un refrain guilleret à la gloire de la machine à décapitation, dont le principe fut imposé en France par le docteur Guillotin. Utilisée pour la première fois en 1792, elle coupa sa dernière tête en 1977.

Mais c’est avec l’épidémie de Covid-19 que ce hashtag morbide va connaître un regain d’intérêt, et prendre un sens nouveau. Alors que le monde se confine face à la menace d’un virus mortel, les stars multiplient les happenings depuis chez eux, nous expliquent comment nous laver les mains, nous inondent de leurs pensées positives et tentent de réinventer le charity-business depuis leur arrière-cuisine. Mais la magie n’opère plus.

« VOIR DES STARS FAIRE ÉTALAGE DE LEURS RICHESSES ET PRÉSENTER LE CONFINEMENT COMME UNE OPPORTUNITÉ CRÉATIVE A FONCTIONNÉ COMME UN RÉVÉLATEUR DES INÉGALITÉS SOCIALES. » ROMAIN BADOUARD, CHERCHEUR

Quand Jennifer Lopez publie une vidéo d’elle confinée dans une propriété de Miami avec énorme jardin et piscine, quand Madonna se filme dans un bain rempli de pétales de roses ou en train de recevoir des soins esthétiques pharaoniques, quand Pharrell Williams lance un appel aux dons pour les soignants depuis sa luxueuse villa de Beverly Hills, les expressions de rejet se multiplient, notamment au moyen de #guillotine2020. « Il est clair que, durant cette période, on a passé beaucoup de temps sur les réseaux sociaux dans un état de tension psychologique exacerbée par l’enfermement, souligne le chercheur Romain Badouard. Pour de nombreuses personnes, voir des stars faire étalage de leurs richesses et présenter le confinement comme une opportunité créative a fonctionné comme un révélateur des inégalités sociales et de la déconnexion des élites culturelles et intellectuelles. La violence expressive, qui est une constante sur Internet, est d’autant plus forte qu’elle se trouve ici des justifications morales. »

Un article du New York Times du 30 mars, diffusé sur les réseaux sociaux et traduit par Courrier international, accélère en France la propagation de ce nouveau mot d’ordre lapidaire. L’œil rivé sur les intérieurs de stars confinées, les internautes sautent sur le moindre détail pour instruire des procès expéditifs. Alors que Patrick Bruel multiplie les concerts depuis son appartement pour célébrer les « héros du quotidien », ce que retiennent les observateurs, c’est qu’il s’époumone devant une rutilante cave à vins. Quant à Leïla Slimani ou Marie Darrieussecq, qui racontent la pandémie depuis leur maison de campagne, elles voient leurs journaux de confinement se faire atomiser sur les réseaux sociaux, car jugés trop bourgeois et déconnectés.

Spectacle obscène

Coincés dans de petits appartements, craignant pour leur emploi et leur santé, de nombreux Français vivent ces tentatives de romantisation de la quarantaine comme un spectacle obscène. Plop (c’est un pseudo), une « personne en situation de handicap » qui, en plus de #guillotine2020, poste également des gif de fourche en train d’être aiguisée et des photos du film Marie-Antoinette, de Sofia Coppola (2006), résume : « Aujourd’hui, alors que l’illusion se fissure et que les vrais décideurs restent anonymes, c’est à travers les célébrités que s’exprime la trahison du modèle social actuel. Pour moi, comme pour la majorité des gens qui utilisent ce hashtag, c’est une image. Les guillotines ou les fourches sont symboliques, ce sont des références à la Révolution française. Par contre, le soulèvement populaire, quelle que soit la forme qu’il prendra, est “en marche” ; les gens sont de plus en plus en colère, parce qu’ils vivent des situations sans issue. »

Leurs têtes dépassant plus que celles des autres, les stars, en tant que modèle à la fois enviable et inatteignable, se voient reprocher d’être ce rouage intermédiaire qui a longtemps conféré au système sa désirabilité. En France, #guillotine2020 a d’autant plus résonné que cette culture de la célébrité était déjà remise en question, notamment par la mystérieuse écrivaine Zoé Sagan (une prétendue intelligence artificielle, nouvelle coqueluche des lettres, en connexion avec l’avocat militant Juan Branco), qui en a offert un démontage inspiré dans son roman Kétamine : C13H16ClNO paru en janvier (Au diable vauvert, 496 p., 23 €) « Je pense que #guillotine2020 est un message clair de renversement culturel, nous dit l’auteure. Il est temps de remettre à plat, de manière agressive, ce qui compte. La culture des célébrités était une stratégie parfaite pour promouvoir le consumérisme mondial. Or, au temps de la pandémie, la vie prime sur le style de vie. »

« MÊME SI TOUT EST SYMBOLIQUE, LA VIOLENCE SOUS-JACENTE EST BIEN RÉELLE. » PIERRE VERMEREN, HISTORIEN

Expression d’une colère sociale grandissante, #guillotine2020 est souvent accompagné, en France, du hashtag #giletsjaunes, et sert à dénoncer tout aussi bien un star-système perçu comme obsolète, une classe politique jugée corrompue, que l’affairisme supposé de la grande distribution, qui ferait commerce des masques au détriment de la santé des soignants. Sous des formes diverses, réplique grandeur nature ou instrument de menace dans les discours, la guillotine avait déjà été convoquée à plusieurs reprises par le mouvement des ronds-points, totem d’une violence jugée légitime.

« Se présentant comme les héritiers des révolutionnaires et des combattants contre les malheurs du peuple, les “gilets jaunes” se saisissent très logiquement de ce qui peut “terroriser” – héritage de la Terreur – le bourgeois ou le potentat qualifié d’oppresseur », décrypte l’historien Pierre Vermeren, auteur de La France qui déclasse. Les Gilets jaunes, une jacquerie au XXIe siècle (Taillandier, 2019). « Cela fait partie du stock de la culture politique française depuis deux siècles de manière extrêmement banale. Même si tout est symbolique, la violence sous-jacente est bien réelle. Et le message est d’ailleurs parfaitement bien reçu par les libéraux et la bourgeoisie d’Etat, qui profitent de cette représentation pour s’en prendre à la “sauvagerie” du peuple, à ses excès, à sa fureur. » Quand ressurgit la figure protéiforme du bouc émissaire, entre la terreur expressive et la terreur réelle, la frontière semble finalement aussi fine qu’une lame. Et le basculement possible.

17 mai 2020

Mégots et tétons fessiers : les portraits surréalistes de Kuzma Vostrikov et Ajuan Song

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Dans ses mises en scène loufoques aux portes de l'absurde, le duo formé par les photographes Kuzma Vostrikov et Ajuan Song fait naître un monde factice où les hiérachies disparaissent, occasionnant un mélange des cultures, des registres et des époques. Leur première publication en commun sortira le 8 juin prochain aux éditions Scheidegger & Spiess.

Par Matthieu Jacquet

Nous voilà face à un homme barbu attifé comme une geisha, maquillage, chignon et kimono compris. Aux traditionnelles fleurs de cerisier qui ornent sa coiffure étudiée s’ajoute un accessoire saugrenu : une figurine dessinant la lettre “M” en jaune. Presque instantanément, notre regard reconnaît le logo de l’enseigne MacDonald’s, profondément imprimé dans nos mémoires collectives contemporaines. Son slogan “i’m lovin’ it”, non moins célèbre, est lui aussi présent au portrait, épinglés sur la soie fleurie du kimono dans laquelle il se fond de manière étonnamment convaincante. Cette image surprenante ne saurait mieux synthétiser la démarche de Kuzma Vostrikov et Ajuan Song, qui dans leur nouveau livre “Absolutely Augmented Reality” déploient en une centaine de photographies leur imaginaire surréaliste faisant la part belle aux mélanges des genres.

C’est par le terme de “photoexistentialiste” que le duo basé à New York a choisi de se décrire. Fruit de la rencontre entre l’artiste pluridisciplinaire russe Kuzma Vostrikov et la photographe Ajuan Song, celui-ci utilise la prise de vue pour capturer ses mises en scène loufoques, souvent colorées, semblables à de véritables collages symboliques des éléments qui composent notre réalité contemporaine. Car dans leurs clichés, toutes les hiérarchies sont abolies. Le sacré de a culture d’élite ou des traditions ancestrales est profané par l’invasion des éléments de la culture populaire, des produits de la société de consommation et de la culture visuelle de masse. La photographie publicitaire se mêle à la peinture et au théâtre, l’humour avoisine la mélancolie tandis que l’Orient se confond avec l’Occident dans des illustrations éloquentes d’une société mondialisée. Nullement surprenant, donc, que les deux artistes fassent explicitement référence au pop art d’Andy Warhol et de Yayoi Kusama autant qu’au surréalisme. Ainsi, sur l’une de leurs images, le célèbre homme au chapeau melon de dos face aux nuages peint par René Magritte en 1966 se voit ici incarné par trois modèles assis devant une mer agitée.

Photographiée devant un mur habillé de paquets de cigarette vides – un clin d'œil aux Campbell’s Soup Cans de Warhol ? –, une femme fixe l’objectif avec son crâne recouvert de mégots de cigarette. Dans un cliché, un modèle nu fait dos aux photographes, révélant sur ses fesses presque nues deux tétons. Dans un autre, une oreille émerge des cheveux d’une jeune fille, placée bien plus haut que la normale. “Absolutely Augmented Reality s’apparente à une expérience existentielle, une collection de statistiques visuellement poétiques du sujet réfléchissant aux circonstances de l’objet examiné”, écrivent Kuzma Vostrikov et Ajuan Song. En créant ces objets et sujets hybrides, le duo refait ainsi naître en photographie la puissance du factice. Assumé de la sorte, il devient un outil aussi drôle qu’efficace permettant de mieux comprendre l’époque dans laquelle nous vivons.

Kuzma Vostrikov and Ajuan Song, Absolutely Augmented Reality. Sortie le 8 juin prochain chez Scheidegger-Spiess.

https://www.park-books.com/index.php?lang=en&page=books&view=co&booktype=order_1_releasedate&subject=4&artist=all&author=all&pd=ss&book=1174

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17 mai 2020

Fête de la Musique

Coronavirus : il y aura bien une Fête de la musique le 21 juin, mais "sans prendre de risques", annonce Franck Riester

Le Premier ministre Edouard Philippe devrait préciser fin mai les conditions d'organisation des grands événements.

DIRECT. Réouverture des frontières : après la décision de l'Italie, Christophe Castaner regrette le manque de coordination européenne

"On essaie de proposer quelque chose qui ait de la gueule, qui permette aux Français de chanter, de jouer de la musique, sans prendre de risques." Il y aura bien une Fête de la musique le 21 juin, premier jour de l'été, un "grand rendez-vous de musique", a assuré vendredi 15 mai Franck Riester, sur RTL. "C'est dans l'identité de nos compatriotes. On parlera musique, on verra musique", a déclaré le ministre de la Culture.

"On essaie de préparer quelque chose (...), y compris à l'extérieur. La limite est de ne pas prendre de risques avec des regroupements, un brassage de population trop important", a tempéré le ministre, soulignant que les radios et les télévisions sont aussi en train de s'organiser pour le 21 juin.

"Des formats différents"

Alors que les médiathèques, bibliothèques et petits musées ont pu rouvrir leurs portes le 11 mai, le Premier ministre Edouard Philippe devrait préciser les conditions d'organisation des grands événements fin mai.

Tous les festivals accueillant plus de 5 000 personnes ne pourront pas être organisés avant fin août. "Pour les autres, on espère pouvoir voir à partir de juin, juillet, août, organiser des évènements culturels en tenant compte des contraintes", a précisé le ministre.

"Il va falloir faire preuve de pragmatisme en proposant peut-être des formats différents, en permettant de développer l'éducation artistique et culturelle, pour que les gens fassent eux-même une pratique artistique", a poursuivi Franck Riester.

Concernant les conservatoires et les écoles de musique, le ministère "discute en ce moment avec les équipes de Jean Castex", chargé par le Premier ministre de coordonner la stratégie du déconfinement.

17 mai 2020

Dans une brocante, en Bretagne

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17 mai 2020

Sonia Sieff - photographe

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17 mai 2020

Les naturistes français sont inquiets de devoir porter un masque à poil

Comme pour les autres lieux publics, les sites naturistes risquent d'être soumis aux mesures sanitaires du déconfinement. L'idée de passer l'été nu avec un masque n'enthousiasme par tous les naturistes.

Par Justine Reix

« Je préfère ne pas sortir du tout ou porter un masque sur ma bite en guise de rébellion » raconte Pierre, 34 ans. Pour ses vacances d'été, l'Ardéchois avait prévu d'aller au Cap d'Agde. Une escapade qu'il a depuis annulé. Pierre pratique le naturisme depuis une dizaine d'années et ne se voit pas passer ses vacances en maillot de bain et encore moins avec un masque. Bien qu'il comprenne l'importance d'en porter un, il n'arrive pas à s'imaginer nu le visage couvert. Comme de nombreux naturistes en ce moment.

Il est vrai que l'idée fait sourire. Des corps dans le plus simple appareil, prônant un retour à la nature et la tolérance, au soleil sur le sable fin avec... un masque sur le visage. Dur de profiter des lieux naturistes dans ces conditions. Pour Mathieu et Morgane, couple de trentenaire en Loire-Atlantique, le masque est contraire à leur mode de vie : « Le naturisme nous donne un sentiment de liberté et d'égalité avec tout le monde, quel que soit notre statut social. Nous imposer un masque, ce serait vraiment triste. »

La Fédération Internationale de Naturisme définie cette pratique comme "une manière de vivre en harmonie avec la nature, caractérisé par la pratique de la nudité en commun, et qui a pour conséquence de favoriser le respect de soi-même, des autres et de l'environnement". Rien qui ne nous aide à comprendre si le naturisme peut être en adéquation avec le port du masque.

« Je ne vois pas l'intérêt de faire du naturisme si c'est pour être obligé de porter un masque. C'est complètement con »

Mathieu et Morgane envisagent déjà d'enfreindre les règles sanitaires sur les lieux naturistes. Pas question de porter un masque sur la plage cet été. Pour eux la distance entre les baigneurs suffit. « À la plage, dans l'eau ou dans les forêts je ne vois pas l'utilité du masque. Nous savons que les flics viennent rarement nous voir car les plages naturistes sont à l'abri des regards. On ne mettra pas de masque sur la plage, ça c'est sûr. »

Si tous espèrent une réouverture prochaine des sites naturistes, la plupart envisagent difficilement d'y retourner dans ces conditions. Arnault, Parisien de 20 ans, a été initié au naturisme par ses parents. Il avait prévu de partir pour la première fois en vacances avec d'autres amis naturistes dans un camping en Bretagne. Après une longue réflexion, l'étudiant a décidé d'annuler, de peur de devoir porter un masque en camping ou sur une plage : « Je ne vois pas l'intérêt de faire du naturisme si c'est pour être obligé de porter un masque. C'est complètement con. » Il compte sur les piscines naturistes pour le rafraichir cet été, en espérant ne pas devoir respecter un mètre de distance entre les nageurs.

Pour remonter le moral de ses membres, la Fédération Française de Naturisme organise régulièrement des challenges à faire chez soi et des lives, pour maintenir le lien et parler naturisme. Pour Viviane Tiar, présidente de la fédération, il est tout à fait possible d'être naturiste avec un masque. « Ce n'est pas parce que nous sommes naturistes et que nous ne porterons pas de vêtements qu'il ne faut pas porter un masque. Ce n'est contraire au naturisme de porter un masque, c'est simplement respecter les règles pour éviter une deuxième vague de l'épidémie » raconte-t-elle irritée.

DES LIVES ORGANISÉS PAR LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE NATURISME

Sur le site et les vidéos de la Fédération Française de Naturisme, Viviane Tiar rappelle régulièrement l'importance du port du masque. De nombreux événements estivaux ont déjà été annulés et la présidente espère surtout une réouverture des plages et des centres de loisirs. « Tout le monde n'a pas la chance d'avoir un jardin pour continuer à être naturiste alors pour que les sites réouvrent il faut que l'on reste conscient et concentré. » Que ce soit pour ceux qui partent en vacances ou non, naturiste sur son canapé ou avec un masque sur la plage, l'année 2020 aura permis au naturisme de se renouveler et peut-être attirer de nouveaux membres. Tout ça en respectant les gestes barrières.

Justine est sur Twitter

https://twitter.com/Justine_Reix

17 mai 2020

Värmland 2020 from Annas Workshops on Vimeo. - Anna Johansson

16 mai 2020

Pauline Moulettes

pauline35

16 mai 2020

Carnac - Ouverture des plages, pas avant le 2 juin

Le maire, Olivier Lepick, privilégie la prudence et le bon sens sans céder aux pressions multiples qui demandent la réouverture des plages. Son credo : « Il y a des gens qui meurent, des entreprises qui crèvent, des restaurateurs et des hôteliers qui ne savent pas quand ils auront un salaire. Rouvrir trop tôt serait un risque majeur sur la possible saison touristique qui est devant nous. Je veux que le 2 juin on ouvre toutes les plages, bars et restaurants et qu’on reprenne une vie normale sans risque de reconfinement ».

Les sentiers côtiers rouverts

Néanmoins, les sentiers côtiers sont rouverts dès ce vendredi, de même que la pratique d’activités nautiques depuis les cales de Saint-Colomban et de la base Est de Port en Drô (accès piétons uniquement). « Les autorisations s’entendent dans le cadre d’un usage non statique et dans les règles d’hygiène du moment », conclut le maire.

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