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Jours tranquilles à Paris

5 octobre 2020

Louise Chabat

louise chabat 31 ans

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5 octobre 2020

Malade et contagieux, Trump sort brièvement de l’hôpital pour saluer ses partisans.

trump limousine

Apparemment lassé de faire les cent pas à l’hôpital militaire Walter Reed et de lire la couverture médiatique de son traitement contre le Covid-19, Donald Trump est brièvement sorti dimanche, à bord d’un 4x4, pour saluer ses partisans réunis devant l’hôpital. Cette décision impromptue, alors qu’il est toujours sous traitement et contagieux, a stupéfié un grand nombre de médecins, rapporte le Washington Post, qui s’interroge notamment sur le sort des membres de la sécurité rapprochée du président, qui l’accompagnaient dans le véhicule. Dans la matinée, les médecins de M. Trump ont précisé lui avoir administré un traitement à base de dexaméthasone, un corticoïde généralement utilisé contre les formes graves du Covid-19. Mais son docteur a en même temps assuré que les progrès du président pourraient peut-être lui permettre de retourner à la Maison-Blanche dès lundi.

5 octobre 2020

Ellen von Unwerth

ellen45

5 octobre 2020

Archéologie - Des dizaines de sarcophages intacts découverts en Égypte

sarcophages

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Les archéologues égyptiens ont découvert 59 sarcophages en parfait état de conservation dans la nécropole de Saqqarah, au sud du Caire. Un trésor déjà exceptionnel, mais qui pourrait n’être que “le début d’une grande découverte”, selon les autorités.

Saqqarah, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, abrite la nécropole de Memphis, la capitale de l’Égypte ancienne. Le site abonde en trésors archéologiques, mais les découvertes des dernières semaines constituent un événement majeur, selon Al Jazira.

Les 59 sarcophages ont été découverts dans un puits de la nécropole, mais de nombreux autres puits, contenant eux aussi des sarcophages, doivent encore être explorés. “Ce n’est pas la fin de la découverte, je considère que c’est le début d’une grande découverte”, a déclaré samedi Khaled el-Enani, ministre égyptien du Tourisme et des Antiquités, sur le site des fouilles.

Selon le ministre, les sarcophages de bois, couverts de hiéroglyphes et de dessins complexes aux couleurs vives, datent probablement de la XXVIe dynastie de l’Égypte ancienne, autour des VIe et VII siècles avant JC.

Ces nouveaux trésors devraient rejoindre les collections du Grand Egyptian Museum (GEM), un projet monumental dont l’inauguration prévue cette année a été reportée à 2021, et sur lequel comptent les autorités égyptiennes pour relancer le tourisme dans le pays.

5 octobre 2020

Vu sur internet

jaime92

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5 octobre 2020

Opinion - Sommes-nous prisonniers du Covid-19 pour toujours ?

prisonnier du covid

THE SPECTATOR (LONDRES)

Plusieurs mois après le début de la pandémie, de nombreuses restrictions sanitaires, censées être temporaires, demeurent en place. Certaines, à l’approche d’une possible deuxième vague, ont même été renforcées. La question de savoir quand nos sociétés pourront retrouver leurs libertés sociales et économiques est devenue urgente, estime cet écrivain suédois.

La grande pandémie de 2020 s’est traduite par une expansion extraordinaire du pouvoir de l’État. Partout, les pays se sont empressés de fermer leurs frontières, et la moitié de la population mondiale s’est vu imposer un confinement plus ou moins strict. Des millions de firmes, de l’autoentreprise à la multinationale, ont été forcées de suspendre leur activité. Dans des sociétés prétendument libres et libérales, des piétons et des coureurs sans histoire se sont retrouvés traqués par des drones et soumis à d’incessants contrôles de police. C’est uniquement pour vaincre le Covid-19, nous dit-on, tout cela est temporaire. Mais le temps passe, et l’heure est venue de poser la question : temporaire jusqu’à quand ? Comme l’a fait remarquer l’économiste Milton Friedman, “il n’y a rien de plus permanent qu’un plan temporaire du gouvernement”.

Des mesures impensables il y a seulement quelques mois ont été mises en œuvre à la hâte, et sans débat. Au Royaume-Uni et dans de nombreux autres pays, le raisonnement invoqué a évolué. D’abord, le confinement a été instauré pour “gagner du temps” et permettre aux services de santé de se préparer. Puis, il est devenu nécessaire pour “aplatir la courbe”. Mais la courbe est montée en flèche quelques semaines plus tard, et les restrictions non seulement sont restées en place, mais elles ont même été dernièrement renforcées.

Les despotes ont sauté sur l’occasion

L’efficacité du port du masque n’est pas très solidement étayée par la science ? Peu importe, rendons-le obligatoire tout de même. A-t-on des preuves que la fermeture des frontières peut significativement ralentir la propagation du virus ? Le Parlement étant suspendu, personne ne viendra les demander. Nul n’a jamais douté que Xi Jinping ou Vladimir Poutine sauteraient sur tous les incendies du Reichstag pour étendre leur pouvoir. Il est beaucoup plus inquiétant de voir ce genre de comportements dans des démocraties libérales.

En Chine, en Iran, en Turquie, le Covid-19 a fourni à des despotes un prétexte idéal pour traquer les déplacements de leurs citoyens grâce à leur téléphone portable. Mais le plan de test et de traçage du gouvernement britannique entendait aussi collecter des données personnelles et les conserver dans un registre central. Il a fallu qu’Apple refuse d’y participer pour que le projet soit abandonné. Des autocrates mal placés dans les enquêtes d’opinion ont repoussé des élections, mais le président des États-Unis, à la traîne, a lui aussi proposé un report du scrutin de novembre, car, dans le cas contraire, “2020 sera l’élection la plus FAUSSÉE et FRAUDULEUSE de l’histoire”. En Hongrie, Viktor Orbán s’est débrouillé pour obtenir de son docile Parlement le droit de gouverner par décret et en a profité pour autoriser les arrestations pour “mensonge” sur le virus. De son côté, le gouvernement suédois aussi a demandé des pouvoirs spéciaux pour contourner son Parlement au motif (splendide) qu’on ne pouvait faire confiance aux parlementaires pour être réveillés, lucides et prêts à appuyer sur le bon bouton sans les avoir prévenus longtemps à l’avance.

Noyer le virus dans la paperasse

Partout, l’État providence vole à la rescousse. Comme si la seule façon d’éradiquer le coronavirus était de le noyer sous la paperasse. La différence entre la droite et la gauche ne tient plus qu’à un fil : faut-il dans la bataille contre la récession jeter toutes nos forces (et tous nos moyens), ou bien plus encore ? Selon l’agence de notation financière Fitch Ratings, cette année, 20 des plus grosses économies mondiales vont consacrer 5 000 milliards de dollars à des plans de relance budgétaire, et les banques centrales, débloquer plus encore pour renflouer l’ensemble du secteur financier, y compris des fonds spéculatifs. La dette publique du Royaume-Uni dépasse désormais 100 % de son PIB, à plus de 2 000 milliards de livres sterling.

Cette crise entraîne partout des réflexes protectionnistes. Les Français ont toujours pensé que la mondialisation allait trop loin, mais, plus étonnamment, ce sont les Allemands qui ont changé de position. Angela Merkel estime ainsi que la pandémie a révélé la nécessité de relocaliser en Europe, et la nouvelle stratégie industrielle de l’Union européenne (UE) évoque “une occasion [sic] de rapporter davantage de production industrielle dans l’UE”.

Du tort aux travailleurs et à la production

Des restrictions conçues à la hâte font aujourd’hui du tort aux travailleurs et à la production. Quand la Pologne a fermé ses frontières mi-mars, des ouvriers polonais n’ont plus eu la possibilité de rejoindre en République tchèque l’usine où ils travaillaient à la fabrication d’équipements de protection destinés aux hôpitaux européens.

Ces accès de protectionnisme face à la crise due au coronavirus s’expliquent par l’inadéquation fondamentale de nos cerveaux de l’âge de pierre au monde moderne. L’instinct qui nous poussait à dresser ou à défendre des fortifications et à tuer les étrangers se justifiait quand la menace venait d’incursions barbares – mais aujourd’hui ?

Dessin de Ramsès, Cuba. Dessin de Ramsès, Cuba.

La pratique politique a pour objectif, essentiellement, de faire en sorte que le peuple, maintenu dans la peur, exige toujours la sécurité, s’amusait le journaliste américain H.L. Mencken [1880-1956]. Ce dont il parle, au fond, c’est d’un instinct chez l’être humain. Quand nous nous sentons en danger, cela déclenche souvent un réflexe de lutte ou de fuite : soit nous cherchons des noises à des boucs émissaires ou à des étrangers, soit nous allons nous cacher derrière une enceinte fortifiée ou des barrières douanières. Et nous nous mettons en quête de l’homme providentiel (ou dans le cas des Écossais, de la femme providentielle) qui assurera notre sécurité. Peu de gens ont alors envie de faire un pas de côté, de critiquer, de se singulariser. Quiconque ose s’élever contre des mesures prises au nom de la sécurité nationale est vite la cible des huées.

La coopération plus utile que jamais

Mais tout de même, maintenant qu’a été lancée cette expérience grandeur nature de fermeture des sociétés et des économies, sans doute devrions-nous entamer une franche discussion sur ses avantages et ses inconvénients, et sur la pertinence de ce genre d’instincts dans une économie mondiale aux équilibres complexes. Car l’ennemi est un virus, et non des incursions barbares. L’idée n’est pas de chasser les étrangers, mais, au contraire, de coopérer pour mieux partager les savoirs et apporter des solutions.

Regardez l’avalanche d’études scientifiques produites en temps record et publiées gratuitement sur des sites comme MedRxiv et BioRxiv. C’est la plus grande collaboration scientifique jamais vue à l’échelle de la planète, une sorte de division mondiale du travail intellectuel. Malgré le manque de transparence du gouvernement de Pékin au début de la pandémie, les chercheurs chinois ont été capables de séquencer le génome du virus en une semaine, et ils ont publié [leurs résultats] en ligne. Six jours plus tard, des scientifiques allemands avaient pu exploiter ces données pour mettre au point et lancer un test diagnostique permettant de détecter les nouvelles contaminations. Et dès qu’une équipe aura révélé le mécanisme du virus, c’est toute la planète qui pourra se mettre à en chercher les points faibles.

Le libre-échange a imposé ses règles

Tout se passe à une vitesse étourdissante. La Chine avait reconnu la propagation d’un nouveau virus depuis trois mois seulement que, déjà, la Bibliothèque nationale de médecine des États-Unis dénombrait 282 médicaments potentiels et candidats vaccins contre ce même virus. Certes, certains gouvernements soutiennent financièrement tel ou tel traitement qui a leurs faveurs, mais le plus important, c’est cette gigantesque mobilisation de la communauté scientifique et des outils numériques, combinée à l’usage de l’anglais comme lingua franca, pour permettre au monde de collaborer.

Il est frappant de voir avec quelle rapidité ont été résolues les pénuries d’équipements constatées au début de la pandémie. Les États ont eu beau inventer de nouvelles barrières, le libre-échange a imposé ses règles. Les entreprises n’ont cessé d’adapter leurs processus de fabrication et leurs chaînes logistiques afin de continuer de produire, d’acheminer et de fournir leurs biens. Des distilleries de vodka et des fabricants de parfum se sont lancés dans la production de désinfectants et de gel hydroalcoolique. D’autres industriels ont commencé à fabriquer des gants chirurgicaux et des masques. En deux mois, le nombre d’entreprises européennes fabriquant des masques de protection est passé de 12 à 500.

Retour de bâton contre la mondialisation

Si ces changements rapides ont pu avoir lieu, c’est parce qu’ils n’étaient pas centralisés. Ils ont été rendus possibles par une connaissance locale de ce qui pouvait être fait à chaque endroit, et plus précisément par la connaissance de ce qui pouvait être interrompu sans créer ailleurs de pénurie catastrophique. Et c’est tout le problème : alors que les crises déclenchent des réflexes étatistes et nationalistes, ce dont nous avons besoin pour en sortir, c’est précisément de plus d’ouverture.

Jusqu’à quelles extrémités ira ce retour de bâton contre la mondialisation ? Dès les premiers jours de la pandémie, les populistes nationalistes se sont empressés de dire que la seule façon de vaincre le virus était d’en finir avec l’ordre libéral. Steve Bannon, nationaliste féru d’histoire, a bien compris qu’une guerre totale contre le virus pouvait favoriser l’entrée dans une nouvelle ère d’isolationnisme commercial et migratoire. “Prenez des mesures draconiennes, exhortait-il dans son podcast en mars. Verrouillez tout.”

Quand bien même la crise liée au coronavirus n’aurait pas raison de la mondialisation, l’extension des pouvoirs de l’État et l’accentuation des tendances protectionnistes semblent inévitables dans l’ensemble du monde. Peut-être le Royaume-Uni se retrouvera-t-il avec un accord de sortie de l’UE beaucoup moins ouvert sur le monde que certains partisans du Brexit ne l’avaient imaginé. La pandémie poussera peut-être Londres, comme le reste de l’Europe, vers une politique industrielle inspirée des années 1970, c’est-à-dire limitant la pression concurrentielle, et avec elle l’innovation et la croissance. Nous pourrions voir le rôle de l’État renforcé, et ses pouvoirs “exceptionnels” devenir permanents. Les grandes villes devront vivre quelque temps sous la menace du confinement. Dans Crisis and Leviathan [“La Crise et le Léviathan”, non traduit] (1987), analyse désormais classique de l’expansion de l’État, Robert Higgs mettait en garde déjà : attention à l’effet de cliquet. Après une crise, en général, les États renoncent à certaines de leurs nouvelles prérogatives mais pas à toutes. Les nouvelles mesures ont créé un précédent et de nouvelles forces politiques puissantes.

Les politiques ne veulent pas d’un retour à la normale

C’est très certainement ce qui se passera cette fois, quand bien même certains acteurs politiques voudraient un retour à la normale. En majorité, ils n’en voudront pas – pourquoi d’ailleurs en voudraient-ils ? Quand Orbán a pris des pouvoirs spéciaux en juin, cela n’a pas été beaucoup dit, mais il a aussi obtenu du Parlement des prérogatives l’autorisant à déclarer l’état d’urgence s’il identifiait une autre menace pour la santé publique.

Mais enfin, me direz-vous, nous vivons une situation inédite (les politiques nous le rappellent assez) et à situation sans précédent, mesures sans précédent. Cette pandémie n’est pas grand-chose à l’échelle de l’histoire. À ce jour encore, le bilan mondial des victimes du Covid-19 reste inférieur à celui de la grippe de Hong Kong, ou grippe de 1968. À l’époque, il n’y avait eu ni confinement ni fermeture généralisée d’écoles, et nous n’avions pas foulé aux pieds nos vieilles libertés civiles et économiques. Ce qui est nouveau aujourd’hui, ce n’est pas le virus, c’est notre réaction. Tôt ou tard nous tombera dessus une pandémie plus grave ou une autre crise dévastatrice. Que serons-nous encore prêts à sacrifier, cette fois ?

L’histoire n’est jamais écrite d’avance

Dans mon dernier livre, j’explore notre façon de créer le progrès, et de le détruire. J’y avance que les âges d’or qu’ont connus les différentes civilisations au fil de l’histoire avaient deux dénominateurs communs. Ces périodes fastes étaient toutes le produit de sociétés et de marchés relativement ouverts, et toutes ont pris fin parce qu’à un moment la peur et des crises (récession, invasion, catastrophe naturelle ou pandémie, peu importe) ont entraîné des réactions autoritaires et protectionnistes. Tout auteur espère un jour produire un écrit qui aura anticipé les événements.

Heureusement, l’histoire n’est jamais écrite d’avance. Nous ne sommes pas condamnés à basculer dans un avenir fait d’étatisme, de restrictions permanentes et de frontières supplémentaires : il est en notre pouvoir de rester ouverts. Notre avenir n’est jamais que le fruit de nos choix collectifs. Le jeu en vaut la chandelle.

Johan Norberg

Source

The Spectator

LONDRES http://www.spectator.co.uk

5 octobre 2020

Jean Paul Gaultier

gaultier madonnaAvec Madonna

gaultier45

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5 octobre 2020

La deuxième sexualité de Simone de Beauvoir

simone19

Par Paul B. Preciado, Philosophe 

La maison d’édition l’Herne publie le 7 octobre les Inséparables, une nouvelle inédite de Simone de Beauvoir avec une préface et un titre choisi par sa fille et exécutrice testamentaire Sylvie Le Bon de Beauvoir. Pitch : coup de foudre lesbien et déception amoureuse de deux jeunes bourgeoises catholiques dans le fucking heart de la philosophie française de l’entre-deux-guerres. Développement : Sylvie (Simone de Beauvoir) rencontre Andrée (Elisabeth Lacoin, dite Zaza) à l’école catholique alors qu’elles n’ont toutes deux que 9 ans. Entre les deux naît une amitié qui, bien qu’enfantine, ne saurait être qualifiée de platonique car les deux ont besoin physiquement de l’autre jusqu’à ce qu’elles deviennent inséparables. Sylvie tombe amoureuse d’Andrée et le communique avec des déclarations effusives et passionnées. Mais Andrée, élevée dans une famille catholique conservatrice, ne peut accepter les conséquences de vivre un amour lesbien avec Sylvie et, rejetant ses avances, se tourne (assez chastement) vers les bras de Pascal (Maurice Merleau-Ponty).

Sylvie subit sa première blessure amoureuse, tout en comprenant que le seul épanouissement social possible pour une femme dans la société des années 20 passe par l’amour hétérosexuel, et donc, elle commence peu à peu à s’intéresser à un étudiant de philosophie de trois ans son aîné qu’elle vient de rencontrer - Jean-Paul Sartre, dont on ne parlera pas directement dans la nouvelle, bien qu’il soit mentionné dans les Mémoires et les lettres à Zaza. Tout comme la féminité est, par rapport au sexe masculin dominant, «le deuxième sexe», la jeune Sylvie comprendra que son amour lesbien n’est rien d’autre que la deuxième sexualité, une position marginale et risquée par rapport à la norme hétérosexuelle.

Les lecteurs de Beauvoir connaissent l’histoire de Zaza dans Mémoires d’une jeune fille rangée. Seule différence : dans ses mémoires, Beauvoir ne parle ni de son désir sexuel pour Zaza ni de sa déception. Pourquoi Beauvoir s’est-elle opposée à la publication de ce roman de son vivant ? Craignait-elle que la publication de sa première histoire d’amour lesbienne, cinq ans après la parution du Deuxième Sexe, n’ajoute aux critiques et aux insultes que le livre avait suscitées ? Mais pourquoi l’a-t-elle tapé à la machine avec soin et ne l’a-t-elle pas détruit si elle ne voulait pas qu’elle soit publiée ? Pourquoi ce désir contradictoire de sauver et d’effacer cette nouvelle chez une autrice qui a consacré plus de 3 000 pages à raconter toute sa vie dans des détails obsessionnels, depuis sa naissance le 9 janvier 1908 à 4 heures du matin jusqu’à presque le jour de sa mort le 14 avril 1986 ? Quel est le rapport, chez Simone de Beauvoir, entre la logorrhée et le silence, entre l’écriture et le contrôle, entre l’archive et la censure ?

On dit que c’est Jean-Paul Sartre lui-même qui a conseillé à Beauvoir de ne pas publier cette nouvelle, la considérant comme inaboutie et peu intéressante. Quel a été le rôle de Sartre dans la restriction de la critique de Simone de Beauvoir au patriarcat, dans l’énonciation de son propre pansexualisme, ou, pour le dire dans les termes de l’époque, de son alternance de lesbianisme et d’hétérosexualité, et de sa pratique de ce que nous appellerions aujourd’hui le polyamour et que l’on appelait alors l’amour libre ? Et pourquoi la nouvelle est-elle finalement publiée maintenant, soixante-six ans après avoir été écrite et occultée ?

Le texte que nous avons entre les mains est-il la version complète (certaines lettres du cahier intérieur sont découpées) ou y aura-t-il une nouvelle édition porno dans soixante-six ans ? Sartre se retourne-t-il dans sa tombe ou est-ce Beauvoir qui veut quitter définitivement la tombe de Sartre ? Rappelons qu’elle a été enterrée dans le caveau de Sartre à Montparnasse, six ans après celui-ci. Cette publication est-elle une dernière mise à jour de la cheffe du féminisme blanc occidental ? Beauvoir est comme un miroir capable de refléter les changements historiques du féminisme : elle est apparue comme la leader des luttes pour l’avortement dans les années 70, comme l’initiatrice du féminisme constructiviste dans les années 80, comme la voix prémonitoire du féminisme queer dans les années 90… et maintenant… Va-t-elle devenir la reine des Amazones ?

Au mieux, cette nouvelle de Beauvoir rappelle Voir une femme d’Annemarie Schwarzenbach ou le classique désormais oublié Poussière de Rosamond Lehmann, que Beauvoir connaissait sans doute ; au pire, elle fait penser à The Fox, de Mark Rydell, film de 1967 dans lequel le désir lesbien est suivi par la frustration, la punition et la mort. Comme dans The Fox, l’histoire des Inséparables se termine tragiquement avec la mort d’Andrée, une référence directe à la mort brutale de Zaza en 1929, à l’âge de 22 ans. L’amour pour Zaza et sa disparition tourmenteront Beauvoir qui dira : «J’avais payé ma liberté de sa mort.»

Mais ce n’est pas seulement la mort, terrible, de Zaza qui est en cause. Ce qui est mort pour Beauvoir, c’est la possibilité d’une identification lesbienne. Ce qu’elle appelle sa liberté, c’est sa vie publique de philosophe avec Sartre qui, bien qu’il n’ait été son partenaire sexuel que pendant une courte période, occupa le rôle public de «couple» garantissant à Beauvoir une identification hétérosexuelle normative durant toute sa vie.

Ne cherchez pas, dans ce roman, de transgression sexuelle ou littéraire. Simone de Beauvoir n’est pas Violette Leduc, et Sylvie et Andrée ne sont pas Thérèse et Isabelle. Il n’y a pas cinquante nuances de Beauvoir. Le sexe ardent d’Andrée n’est représenté dans la nouvelle que sous une forme détournée, la cicatrice laissée par une brûlure qu’elle a subie à la cuisse droite et qui, invisiblement, attire Sylvie comme un aimant. «Je pensais à sa cuisse boursouflée, sous sa petite jupe à plis.» Derrière les jupes de la féminité hétérosexuelle se cache la brûlure du désir lesbien. Mais c’est Simone et non Zaza qui brûle d’un désir qu’elle doit sublimer dans ce que Sylvie Le Bon de Beauvoir appelle une «grande et énigmatique amitié». Non, ce n’était pas de l’amitié. C’était une passion lesbienne.

5 octobre 2020

Banksy

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4 octobre 2020

Tribune - Dominique de Villepin : « N’entre pas ici, Arthur Rimbaud »

Par Dominique de Villepin, Ancien premier ministre (2005-2007)

Faire entrer Arthur Rimbaud et Paul Verlaine au Panthéon serait trahir ces esprits rebelles et, sous prétexte d’honorer un couple, réduire leur œuvre respective à leur passion amoureuse, s’insurge, dans une tribune au « Monde », l’ancien premier ministre Dominique de Villepin, jugeant ce projet « aussi absurde que les protestations des ligues de vertu ».

Lancée il y a peu, une pétition suggérant de transférer les dépouilles d’Arthur Rimbaud et de Paul Verlaine au Panthéon a engendré une de ces polémiques dont la France, pays éminemment littéraire, a le secret. Pour assurer le battage, les auteurs ont motivé leur supplique, présentant les deux poètes comme « les Oscar Wilde français » : le but affiché n’est pas tant de célébrer deux génies de la littérature que d’installer dans le mausolée un couple érigé au rang d’icône.

Ainsi, deux vies, deux œuvres aussi protéiformes seraient réduites à une passion amoureuse. Cette essentialisation, qui paraît reléguer la poésie au rang d’accessoire, est en soi si caricaturale qu’elle n’appelle d’autre commentaire qu’un immense éclat de rire. Elle est aussi absurde que les protestations des ligues de vertu.

Il s’est cependant trouvé, pour soutenir cette pétition, plus de cinq mille signataires dont la qualité et l’autorité obligent à la considérer non pour ce qu’elle dit, mais pour ce qu’elle est : un symptôme de la crise d’identité que traverse la France. Une nation désorientée se cherche des idoles, des phares pour éclairer un chemin de plus en plus hasardeux.

Oracles

A l’heure où l’Amérique se déchire sur le choix de celle qui doit succéder à la haute figure de Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême, le débat qui gronde en France autour du Panthéon offre un écho singulier. Au fond, de part et d’autre de l’Atlantique, se pose encore et toujours la même question : qui sommes-nous ? Et qui pour incarner au plus juste nos nations ?

En France, nation pétrie d’histoire, la tentation est souvent grande de faire endosser cette lourde responsabilité à nos morts illustres ; ils sont sollicités comme autant d’oracles. Ainsi, la question d’une éventuelle panthéonisation est loin d’être anecdotique puisqu’en creux se joue la meilleure réponse à apporter aux discours empoisonnés sur l’identité.

Depuis que l’Assemblée constituante a transformé l’ancienne église en temple de la République, les gouvernements successifs ont usé du Panthéon comme marqueur idéologique et moral. Ils y ont accueilli les acteurs majeurs de notre histoire. Aux grands hommes, la patrie est reconnaissante : Voltaire, Victor Hugo, Louis Braille, Emile Zola, Jean Jaurès, Jean Moulin, les Curie, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz ou Simone Veil y ont chacun leur place, éminente, indiscutable. Ils ont tous marqué de leur empreinte l’histoire de la nation dont ils furent les bâtisseurs obstinés. D’autres, bien entendu, mériteraient les honneurs de ce lieu de mémoire, d’Olympe de Gouges à Léon Blum – mais Rimbaud et Verlaine ?

Nouvel ordre moral

L’entrée au Panthéon marque une reconnaissance républicaine : reconnaissance d’un combat incarné par une femme ou par un homme dont la vie a été consacrée à la liberté, à l’égalité ou à la fraternité. Le champ est large, mais il est aussi précis. Une et indivisible, la République ignore la couleur de la peau, la religion ou les préférences sexuelles : en ces domaines, elle a érigé en principe le droit à l’indifférence, ne reconnaissant que des citoyens. Parmi ceux-ci, elle distingue les plus illustres, parce qu’ils ont valeur d’exemple, pour les accueillir au sein de son temple. Ne serait-ce pas trahir ces principes fondateurs que de transformer le Panthéon en conservatoire des particularismes ? Ne prend-on pas le risque, en imposant une mémoire identitaire, réductrice, de diffuser l’esprit de querelle plutôt que de nourrir une mémoire qui rassemble, et de forger un nouvel ordre moral aussi étouffant et stérile que celui qu’on prétend confondre ?

Pour paraphraser Clemenceau, reconnaissons que le Panthéon est un bloc dont on ne peut rien distraire ni privatiser pour la cause de tel ou tel : les soldats de la République qu’il honore, soldats de l’idéal, incarnent l’âme française.

Partisans de la Commune, Rimbaud et Verlaine auraient certes bien des titres à faire valoir dans leur dossier de panthéonisation ; ils incarnent, eux aussi et de manière éclatante, une part de l’âme française, comme de la défense et illustration de la Liberté. Mais la révolte, l’orage qui les animaient ne risquent-ils pas de s’affadir une fois les poètes encagés ?

Et cette vengeance que Rimbaud appelle : « Industriels, princes, sénats :/Périssez ! puissance, justice, histoire : à bas ! […] Ah ! passez,/Républiques de ce monde ! », espère-t-on la domestiquer ?

Dégoût du bourgeois et des statues

Nous savons tous ce que Verlaine et Rimbaud, nourris de l’esprit zutique [ils étaient membres du Cercle des poètes zutiques, groupe informel de poètes, peintres et musiciens réunis à Paris entre 1871 et 1872], pensaient de la course à l’Idole, leur dégoût du bourgeois et des statues. Quant au génie qui leur servirait de sésame, Rimbaud lui-même lui a réglé son compte : « Sachons… le héler et le voir, et le renvoyer… »

Concernant son compagnon, peut-être pourrait-on se donner la peine de le lire avant de donner le premier coup de pioche en vue de l’exhumation. En 1888, dans Batignolles, Verlaine exposait en manière de testament ses dernières volontés :

Un grand bloc de grès ; quatre noms : mon père

Et ma mère et moi, puis mon fils bien tard,

Dans l’étroite paix du plat cimetière

Blanc et noir et vert, au long du rempart.

Il y reviendra sept ans plus tard, le 14 mai 1895, à propos du monument élevé par souscription à Auguste Villiers de l’Isle-Adam dans une lettre qui sonne comme un désaveu pré-mortem et cinglant de toute velléité d’exhumation : « J’ai dans ce même cimetière des Batignolles mon tombeau de famille où dorment déjà mon père et ma mère : j’y ai ma place… » Au nom de quoi nierait-on au poète le droit de choisir ? A quel titre l’Etat s’autoriserait-il à trahir les volontés d’un défunt ?

EXSANGUE, LA RÉPUBLIQUE VOUDRAIT-ELLE S’ABREUVER À CES FONTAINES DE JOUVENCE, POMPER LE SANG DE CES PAUVRES DIABLES QUI ONT SU, AU PRIX DE MILLE SACRIFICES, NE PAS MOURIR ?

Le ministère des affaires culturelles fondé par Malraux sous l’égide du général de Gaulle avait pour mission première « de rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français ». Cette mission ne l’autorise pas à jouer les fossoyeurs ni à tenir la culture en laisse. Que l’on s’interroge plutôt sur les moyens d’une politique vivante et partagée, à l’opposé des prébendes et du clientélisme.

Au fond, le projet de panthéonisation dit assez peu des deux écrivains, mais beaucoup de l’épuisement de la République qui, une fois encore, se casse les dents sur la question de son identité. Exsangue, voudrait-elle s’abreuver à ces fontaines de jouvence, pomper le sang de ces pauvres diables qui ont su, au prix de mille sacrifices, ne pas mourir ? Voudrait-elle récupérer leur rage, leur révolte, leur ironie féroce ? La République serait-elle devenue mangeuse d’âmes ? Gageons que notre président ne commettra pas cet impair mémoriel.

Quant à honorer les héros nationaux, si l’envie vous tenaille de convier des poètes, n’oubliez pas les étrangers qui ont choisi la France et l’ont magnifiée avant de la défendre les armes à la main : Apollinaire ou Cendrars seraient des candidats exemplaires, l’un d’origine polonaise l’autre suisse, mais qui s’engagèrent en 1914 au secours de leur nouvelle patrie.

Entreprise de récupération

Mais, je vous en conjure, laissez en paix Nerval, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Artaud ; ne les momifiez pas ! Vous les étoufferiez sous les pompes et les ors. Tous ces maudits de Villon à Rodanski ne sont d’aucune chapelle, n’appartiennent à aucun groupe, rétifs à tout embrigadement. Cessons de vouloir faire du Panthéon un Lagarde et Michard de pierres dont les plus saillantes, les plus provocatrices, serviraient de miroir flatteur aux puissances d’un jour.

« J’eusse été mauvaise enseigne d’auberge », prévenait Rimbaud ; hélas, l’entreprise de récupération en cours se moque à l’évidence du poète comme d’une guigne.

Si Verlaine a réglé son compte aux fossoyeurs du futur, exigeant qu’on le laisse en paix aux Batignolles, Rimbaud serait, dit-on, en fâcheuse posture dans sa ville natale. Quand bien même on connaît son rejet de Charlestown [surnom donné par le poète à Charleville-Mézières] et ses relations conflictuelles avec la Mother [sa mère], il y a le creuset et l’horizon de son œuvre poétique : ils ne sauraient se réduire aux Ardennes, mais sa voyance fait corps avec elles. « Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache », qui relie le poète à la terre de son enfance ; la « flache », pas la Seine.

Plus largement, cette tentative de rapt pose la question de la sépulture des poètes. Comme le rappelle George Steiner, « si les arbres ont des racines, les hommes ont des jambes » – et plus encore les poètes, parfois chaussés de semelles de vent. Au fond, leur cri dépasse même la langue dans laquelle ils écrivent et il n’y a que la mer qui offre la mort sans mort : il n’y a pour eux que des cimetières marins. Le hasard de la vie leur attribue parfois un lieu : pourquoi les en distraire ?

Comme dans un mauvais rêve

La mémoire de la République ne saurait tenir au seul Panthéon ; à l’heure des territoires abandonnés, l’obsession centralisatrice révèle un aveuglement que les cris de désespoir des « gilets jaunes » ne parviennent pas à guérir. Laissez donc à Charleville le soin d’honorer son enfant, fût-il « terrible » : Rimbaud n’est pas plus la propriété de Charleville que de Paris, mais il se trouve qu’il y est né, qu’il y a grandi et qu’il est enterré là. Elle reste pour lui la ville de tous les départs. En vertu de quelle prétendue supériorité jugerait-on les Carolomacériens indignes du poète ? Parce qu’il déchirait à belles dents sa ville natale, « superbement idiote entre les petites villes de province », avec ses « bourgeois poussifs » et ses « rentiers à lorgnons » ? Mais, au jeu des citations, on déverserait à pleines brouettes son exécration des importants de toute nature et de tous lieux, sa détestation de « la putain Paris » dont il suppliait de cacher « les palais morts dans des niches de planches ».

Comme dans un mauvais rêve, je vois passer, en triste calèche, les cendres de Paul Verlaine et d’Arthur Rimbaud remontant la rue Soufflot, avec son cortège d’officiels enrubannés et je me sens orphelin, privé du lien le plus fort qui me relie à notre terre commune, le feu de ces esprits rebelles.

D’aucuns le chuchotent, le Panthéon est mal chauffé : pour Verlaine, cela ne le changerait guère des prisons et des hôpitaux dont il était coutumier – il y trouverait même le gîte à bon compte. Mais pour Rimbaud, le contresens est total. Pour ce fils du soleil, fulminant contre l’homme blanc et les inepties occidentales qui, à 18 ans, a tourné le dos au Vieux Continent et à la littérature, cette panthéonisation serait une monstruosité.

N’entre pas ici, Arthur Rimbaud… Il faut partir encore.

Quant à nous, honorons sa dernière supplique, dictée à sa sœur Isabelle le 9 novembre 1891, dans une lettre adressée au directeur des Messageries maritimes. Vaincu par la fièvre, amputé de sa jambe droite, il suppliait qu’on le laissât repartir vers ce soleil d’Orient sans lequel il ne pourrait vivre : « Je suis complètement paralysé : […] Dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord. » Point d’aspiration au Panthéon dans ce cri de désespoir, mais le désir intact de lointain et d’ailleurs, l’appel encore de Harar et de Zanzibar. Ne trahissons pas ce rêve-là.

Elle est retrouvée.

Quoi ? – L’Eternité.

C’est la mer allée

Avec le soleil.

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