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Jours tranquilles à Paris

6 octobre 2019

L’enquête pour viol visant Luc Besson rouverte

luc besson

Après que ses plaintes ont été classées sans suite, l’actrice Sand Van Roy avait déposé une nouvelle plainte avec constitution de partie civile. Celle-ci a débouché sur l’ouverture d’une information judiciaire.

Classée sans suite en février, l’enquête pour viol visant Luc Besson a finalement été rouverte par la justice mercredi 2 octobre. Un juge d’instruction à Paris a repris les investigations sur les accusations de viol portées contre Luc Besson, a annoncé vendredi 4 octobre l’avocat de l’actrice qui accuse le producteur français.

Après neuf mois d’enquête, les plaintes initiales de Sand Van Roy avaient été classées sans suite le 25 février par le parquet de Paris, qui estimait n’avoir pu « caractériser l’infraction dénoncée dans tous ses éléments constitutifs ». La comédienne avait alors déposé une nouvelle plainte avec constitution de partie civile, qui a débouché mercredi sur l’ouverture d’une information judiciaire pour « viol », a précisé Me Francis Szpiner. Le 17 mai, le parquet de Paris avait expliqué au juge être opposé à cette relance des investigations, selon une source judiciaire.

L’actrice et mannequin belgo-néerlandaise de 28 ans avait porté plainte pour viol le 18 mai 2018 contre l’influent producteur et réalisateur français au lendemain d’un rendez-vous avec lui au Bristol, un palace parisien. Deux mois plus tard, elle avait dénoncé d’autres viols et agressions sexuelles commises, selon elle, au cours de deux années d’une « relation d’emprise professionnelle » avec le producteur.

Aux enquêteurs, elle a décrit une relation faite de rapports oscillant entre humiliations et récompenses, et d’un simulacre toxique de rapport père-fille, selon son entourage. Luc Besson, qui conteste ces accusations, avait été entendu en audition libre par les policiers en octobre 2018, avant d’être confronté à son accusatrice en décembre.

Une enquête préliminaire toujours ouverte

Huit autres femmes avaient par la suite accusé le réalisateur du Grand Bleu de gestes déplacés, voire d’agressions sexuelles, dans des témoignages recueillis par Mediapart, pour des faits en grande partie prescrits. Certaines avaient écrit aux enquêteurs ou été auditionnées en appui de la plaignante.

 

Une enquête préliminaire visant le cinéaste est toujours ouverte à Paris depuis février pour examiner les accusations d’une neuvième femme interrogée par Mediapart, selon une source proche du dossier. Cette actrice canadienne d’une quarantaine d’années a écrit le 13 février au procureur pour appuyer la plaignante en relatant une tentative d’agression sexuelle en mars 2002, pour des faits donc prescrits. A la mi-septembre, elle n’avait pas encore pu être entendue par les enquêteurs.

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6 octobre 2019

Harper's Bazaae

belle24

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6 octobre 2019

Deborah de Robertis

mama

J'aime deborah.de.robertis ..beaucoup d'hommes m'ont dit cette phrase « Je te vois pas MERE », comme si j'étais AMPUTEE avant même d'avoir essayé...des femmes m'ont dit « mais pourquoi tu veux tellement avoir un enfant » ?...Comme si ce DESIR exprimé naturellement sans detour collait pas avec mon image de féministe « EXTREMISTE » ou de

« PUTAIN » qui écarte sa CHATTE dans les lieux publics. Pourtant OUVRIR MON SEXE me paraît aussi naturel que donner la VIE. Ce regard patriarcal présent et invisible nous EVENTRE depuis les premières «VENUS anatomiques »...Je vous invite à aller VOIR de plus près le travail de ma chère amie l'artiste et théologienne @laurettemassant qui porte un regard féminin et Girardien sur cette division

ORIGINELLE. Merci à @staceykassandra pour cette puissante image de femme XBRUTALXBEAUX et sans detour.

5 octobre 2019

Nuit Blanche

5 octobre 2019

Féminicides : action choc des Femen au cimetière du Montparnasse à Paris

114 femmes sont mortes depuis le début de l’année. Les militantes réclament des moyens pour lutter contre les crimes conjugaux.

Des silhouettes zombiesques, couvertes de cendres. Les Femen ont mené ce samedi matin à Paris une action choc pour dénoncer les féminicides et le manque de moyens alloués par le gouvernement pour enrayer ce fléau. Depuis le début de l'année, selon le collectif qui tient ce tragique compte, 114 femmes sont mortes sous les coups de leurs compagnons.

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« PLUS ÉCOUTÉES MORTES QUE VIVANTES »

114 femmes en cortège calme, déterminées à se faire entendre, ces femmes assassinées sont revenues pour protéger celles qui sont encore vivantes.

#JeNeVoulaisPasMourir #pasunedeplus #femen

« Plus écoutées mortes que vivantes », a clamé une centaine de jeunes femmes dans les rues du XIVe arrondissement, mobilisées un mois après le Grenelle des violences conjugales.

« Agir »

Elles ont poursuivi leur parcours au cimetière du Montparnasse. Là, en silence, les amazones militantes ont pris place derrière des panneaux noirs symbolisant des pierres tombales. Chantal, Josiane, Marie-Alice, Ophélie, Véronique, Josette, Bernadette… Autant de prénoms de femmes, souvent en attente d'une réponse des institutions après avoir dénoncé les violences dont elles étaient les victimes, que leur compagnon ou ancien compagnon a tuées dans un accès de rage, ne supportant pas qu'elles essaient de se soustraire à leur mainmise.

« Nous appelons chaque membre du gouvernement, chaque policier, chaque policière, chaque juge, chaque voisin, chaque voisine, chaque sœur, chaque mère, chaque père, chaque frère, chaque ami, qui que vous soyez, à agir », a clamé une militante.

Jeudi soir, quelques dizaines de femmes s'étaient réunies devant le ministère des Finances pour réclamer qu'un milliard soit alloué à la lutte contre les féminicides.

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5 octobre 2019

Nuit Blanche c'est ce soir...

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5 octobre 2019

Plans serrés

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5 octobre 2019

A Paris, les événements à ne pas manquer d’une Nuit blanche aux airs de carnaval

Par Emmanuelle Lequeux

« La Matinale du Monde » a sélectionné pour vous les expositions, performances et autres promenades marquantes de la 18e édition de l’événement, qui a lieu dans la nuit du samedi 5 au dimanche 6 octobre.

On n’aura jamais autant marché durant une Nuit blanche ! De Concorde à Bastille, des Champs-Elysées à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), cette 18e édition de l’événement désormais grand-parisien se fera, dans la nuit du samedi 5 au dimanche 6 octobre, au pas de course.

Une Nuit blanche définitivement « mobile, circulatoire, promeneuse », promet son directeur artistique, Didier Fusillier, président de la Villette, assisté de Jean-Max Colard, du centre Pompidou, qui cherchent ainsi à fluidifier au maximum les parcours.

Plus de queues interminables, donc, mais des tubas, des tatous, de la barbe à papa à gogo, de la cornemuse et du feu d’artifice, des bulles et du karaoké… Bref, une nuit carnavalesque qui la joue à fond bon enfant et grand public, sans sacrifier à ses exigences artistiques.

Une parade de chars de Concorde à Bastille

Comme à Rio ou à New York pour la parade de Macy’s, des chars festifs vont traverser la ville, imaginés par des plasticiens comme de micro-saynètes. Avec « Copacabana Machine Sex », Bill Vorn met en scène un music-hall de science-fiction, agrémenté de robots qui se lancent dans samba et French cancan. La Californienne Shana Moulton la joue temple new age, avec signes occultes et croissant de lune, références astrologiques et ballon de yoga.

La détonante Sylvie Fleury s’est offert un avatar gonflable, bitmoji numérique qui fait soudain irruption dans la vie réelle. Pascale Marthine Tayou a invité une « armée cinglée » qui chante toute la nuit sur son camion « forêt noire ». Les Plasticiens volants font surgir des Godzilla gonflés à l’hélium, tandis que trente orchestres ambulants, invités par la Philharmonie, emportent la foule au rythme des sons de la planète, batucada brésilienne et balangajur d’Indonésie.

Vous ne pouvez pas assister à ce drôle de défilé ? Pas d’inquiétude, avant de se mettre en branle, les chars s’offrent à voir en préambule, de 14 à 17 heures, le long de l’avenue Winston-Churchill, entre Grand et Petit palais, et certains trouvent refuge ailleurs dans Paris après leur traversée.

Les chars circuleront entre 19 à 22 heures de la place de la Concorde à la place de la Bastille.

nuit blanche 5 oct

Un tonitruant carnaval des animaux

Un véritable théâtre d’ombres chinoises, qui vacillent et disparaissent derrière la paroi d’une tente lumineuse. Cris d’oiseaux, hurlements de loup, grognements d’ours… Quelles sont ces créatures ? Des hommes-animaux, bêtes humaines, qui s’agitent, s’affolent et se dévorent, attifés de poils ou de cornes du diable. Encore une fois, la grande plasticienne Annette Messager a fait vriller la proposition vers l’étrangeté. « Ta nuit est blanche est ma nuit noire », fait-elle hurler aux habitants de cette jungle urbaine. Tiré par des chevaux endimanchés de pompons et rubans (« parce que ras-le-bol des voitures à Paris », s’amuse-t-elle), ce char « interespèces » participe à la parade, puis vient ensuite se poser jusqu’à l’aube au parc Montsouris.

Œuvre visible après la parade au parc Montsouris, de 20 heures à 2 heures (entrée côté avenue René-Coty, Paris-14e).

Daniel Buren se paie la Tour Eiffel

Pas une Nuit blanche sans qu’un plasticien ne s’attaque à la tour Eiffel. Cette année, c’est l’un des plus fameux, Daniel Buren, qui se propose de déconstruire complètement le monument. Pas boulon par boulon, qu’on se rassure. Mais grâce à l’une de ces illusions d’optique dont il a le secret. Il lui suffit en effet de poser deux larges miroirs en pyramide sous sa structure d’acier pour métamorphoser de façon vertigineuse le paysage. Un bel hommage à la puissance de cette icône parisienne, que l’homme des colonnes signe de quelques rayures, bien sûr.

Œuvre visible sur le parvis de la Tour Eiffel samedi de 23 heures à 0 h 45.

C’est Carmen qu’on assassine

Un vieux fantasme de soprano sommeille en vous ? Vos trémolos de ténor étonnent vos amis ? Venez faire le test grandeur nature, sur la magnifique scène de l’Opéra-Comique qui s’ouvre à un immense karaoké collectif, ou Opéraoké. Voilà pour le divertissement, The Voice tendance Callas. Mais l’artiste andalouse Pilar Albarracin vient aussi nous rappeler les tristes réalités de ce monde : à son signal fera irruption une horde de plus de cent femmes (et quelques hommes aussi) revêtues de robes de Flamenco. Tous viennent protester symboliquement contre la mort de Carmen. Et, plus largement, contre toutes les violences faites aux femmes.

Opéra Comique, 1 place Boieldieu, Paris-2e, de 19 heures à 4 heures (de 23 h 30 à 0 h 30 pour Pilar Albarracin).

Buller au palais royal avec Hans Walter-Müller

Ceux qui auraient envie d’une ambiance plus intimiste peuvent se réfugier dans les jardins du Palais-Royal. Roi de l’architecture gonflable depuis les années 1970, Hans Walter-Müller y a posé deux immenses bulles de plastique. Eclairées de l’intérieur, elles se déplacent lentement dans les allées, habitées par les performeuses du collectif Les Mirettes.

Jardin du Palais-Royal. Accès au niveau du 8 rue de Montpensier, Paris-1er, de 20 heures à 2 heures.

Nuit Sans Lune au Saint-Esprit

La Nuit blanche, c’est aussi l’occasion de découvrir quelques-uns des secrets bien gardés de Paris. Pour la toute première fois, la Congrégation du Saint-Esprit ouvre aux profanes les portes de sa chapelle du XVIIIe siècle, près du Panthéon. Les théologiens ont été convaincus par la force du projet de Martine Feipel et Jean Bechameil. Le duo luxembourgeois a posé près de l’autel une énorme cloche, qui semble tombée du ciel. Elle sert en fait de haut-parleur, d’où sourdent tous les bruits du monde. Idéal pour un temps de recueillement après la furie de la parade.

Congrégation du Saint-Esprit, 30 rue Lhomond, Paris-5e, de 19 h 15 à minuit.

Vélodrome, le périph’à bicyclette

La fermeture du périph’sera certainement l’un des grands débats des prochaines municipales. Pour se faire son opinion, que direz-vous d’une petite balade nocturne, à vélo ou à pied, sur cette autoroute urbaine ? Cette nuit, c’est exceptionnellement possible : le périphérique est entièrement fermé de la porte de Pantin jusqu’à la porte de la Villette. Pour ajouter au spectacle, les cyclistes peuvent venir retirer des loupiotes à accrocher à leur biclou place de la Fontaine aux Lions, dans le parc de la Villette. Attaque de lucioles sur Paris !

Entre la porte de Pantin et la porte de la Villette, avec un accès porte de Pantin, de 19 heures à 6 heures. Des animations sont proposées au Village Vélo, Place de la Fontaine aux lions, devant la Grande Halle de la Villette, entre 14 heures et 3 heures.

Bataille de polochon pour les reines de la nuit

En trois coups de pédale, vous pouvez passer du périph au Centre sportif Ladoumègue. Le sport y est mis à toutes les sauces. Mais on recommande surtout la performance déjantée imaginée par Mehryl Levisse : un tournoi de Travball, Trav, comme traversin, mais aussi comme travesti. Soit une équipe affolante de drag queens, qui quittent leurs talons de 15 cm pour se lancer dans une bataille de polochons hilarante. Seule règle du jeu : on ne tire pas sur les perruques des copines, ni sur les faux-cils ! Le pom-pom boy est assez craquant lui aussi, avec son déhanché et sa tête de minotaure en peluche. Un sacré pied de nez à la masculinité qui règne d’ordinaire sur les stades.

Centre sportif Ladoumègue, 39 route des Petits-Ponts, Paris-19e, de 19 heures à 1 heure.

Nuit blanche à la Philharmonie

Vous ne savez pas quoi faire des gamins ? La Philharmonie est idéale ! De 18 heures à 22 heures, la Nuit des petits (à partir de 6 ans) mêle toutes les musiques. Les grands ne sont pas oubliés non plus, avec le chœur de chambre Mikrokosmos, qui envahit le musée en invitant à une « contemplation sonore du ciel étoilé », et une performance d’un des plasticiens les plus intenses de la scène islandaise, Ragnar Kjartansson, digressera neuf heures durant sur le Dichterliebe de Robert Schumann (et non, vu la personnalité du gaillard, ce ne sera pas rasoir !). Tout aussi envoûtante, la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton vous fera tenir jusqu’à l’aube

Philharmonie, 221 avenue Jean Jaurès, Paris-19e, de 18 heures à 22 heures.

Le groupe F prend la Bastille

La Bastille prend feu ! Avec ses pyrotechniciens de génie, le Groupe F a notamment installé une ronde d’immenses torches autour du génie, et promet un festival de pétards à faire trembler la Colonne de Juillet. N’oublions pas, Paris est une fête, aussi !

Place de la Bastille, de 22 h 30 à 23 heures.

Tout le programme de Nuit Blanche sur nuitblanche.paris

5 octobre 2019

Lubrizol : des normes et des contrôles en régression pour les sites industriels à risque

rouen

Par Stéphane Mandard

En janvier et en juin, la préfecture a donné son feu vert à l’extension des capacités de stockage de l’usine Seveso en produits dangereux sans évaluation environnementale.

L’incendie de l’usine Lubrizol, le 26 septembre à Rouen, a rappelé avec fracas, dix-huit ans après la catastrophe d’AZF (31 morts, le 21 septembre 2001, à Toulouse), que les Français n’étaient toujours pas à l’abri d’un accident industriel majeur et que le territoire français restait constellé d’établissements à risque. Environ 500 000 installations sont « classées pour la protection de l’environnement » (ICPE). Et 1 379 ICPE présentant des « risques d’accidents majeurs impliquant des substances dangereuses » sont rangées dans la catégorie Seveso. Parmi ces sites Seveso, 744 sont estampillés « seuil haut », en raison de la quantité très importante de matières dangereuses qu’ils exploitent. C’est le cas de l’usine Lubrizol.

A l’instar des autres sites Seveso, Lubrizol est censée être très surveillé. Or, depuis une dizaine d’années, la simplification de la réglementation sur les ICPE a conduit à desserrer les contraintes qui pèsent sur les industriels. Dernier assouplissement en date, la loi dite Essoc, « pour un Etat au service d’une société de confiance », d’août 2018. Elle permet au préfet d’autoriser un exploitant à modifier son établissement sans passer par une autorité environnementale indépendante et une étude d’impact systématique. Ainsi, la préfecture de Seine-Maritime a donné son feu vert à Lubrizol, en janvier puis en juin, pour deux demandes d’extension de ses capacités de stockage de produits dangereux, sans les soumettre au préalable à une évaluation des risques.

La première demande portait sur une augmentation de 1 598 tonnes de produits stockés sur le site, dont 1 436 tonnes de « substances inflammables » et 36 tonnes à la « toxicité aiguë ». Celle de juin concernait pas moins de 240 conteneurs (des récipients de stockage destinés à être manutentionnés) d’une capacité de 4 800 m3, dont 600 tonnes de substances inflammables et dangereuses pour l’environnement. La préfecture n’a pas répondu aux sollicitations du Monde.

« C’est inacceptable. On est face à une dégradation préjudiciable du droit de l’environnement », réagit Guillaume Blavette, administrateur de France Nature Environnement (FNE) en Normandie. M. Blavette siège au conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst). « Il y a quelques années, ce type d’information essentielle aurait été soumis à la consultation du Coderst. Mais aujourd’hui, de plus en plus d’informations nous passent sous le nez. Il ne faut pas s’étonner ensuite de la défiance vis-à-vis de la parole publique, et que les gens ne croient pas à la “transparence totale” du gouvernement », témoigne le militant écologiste, très actif dans la mobilisation citoyenne à Rouen.

JESSICA MAKOWIAK DÉNONCE « UNE MULTITUDE DE RÉGRESSIONS DU DROIT DANGEREUSES POUR LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT ET DES POPULATIONS »

Directrice du Centre de recherches interdisciplinaires en droit de l’environnement, de l’aménagement et de l’urbanisme, à Limoges, Jessica Makowiak est tout aussi critique. Elle dénonce « une multitude de régressions du droit dangereuses pour la protection de l’environnement et des populations ». Pour la spécialiste, la première « régression » remonte à la création en 2009 du régime de l’« enregistrement », intermédiaire entre la « déclaration » (pour les installations les moins dangereuses) et l’« autorisation » (catégorie des sites Seveso). A la différence de l’autorisation, dans le cadre de l’enregistrement, une usine n’est pas systématiquement soumise à une étude d’impact environnemental pour pouvoir fonctionner.

Conséquence, le nombre d’ICPE soumises au régime de l’autorisation a chuté (de 32 200 en 2014 à 25 000 en 2018), tandis que celui des installations relevant du régime moins contraignant de l’enregistrement a grimpé (de 11 900 en 2014 à 16 000 en 2018).

Depuis une ordonnance de 2017, même les installations soumises à autorisation ne sont plus systématiquement astreintes à étude d’impact – seulement au cas par cas. Le 16 septembre, Matignon annonçait l’élargissement du régime de l’enregistrement aux entrepôts allant jusqu’à 900 000 m3. Et trois jours avant l’incendie de Lubrizol, Edouard Philippe annonçait un nouveau chantier de simplification. Un projet de décret, dans les cartons depuis un peu plus d’un an, prévoit de transférer l’examen au cas par cas des projets au préfet de région. Une prérogative qui incombait jusqu’ici aux missions régionales d’autorité environnementale, des structures indépendantes. Dans un avis rendu en juillet 2018, l’Autorité environnementale (AE) pointait « le risque de divergences d’interprétation et de postures (…) au regard de l’indépendance nécessaire à l’exercice de la mission d’autorité environnementale » qui pourrait être confiée au préfet. « Le dispositif proposé apparaît très complexe, voire illisible », concluait l’AE. « C’est un bordel sans nom, avec des vrais risques juridiques », résume un fin connaisseur du dossier.

Des inspections en chute

Cette vague de simplifications était censée raccourcir les délais d’instruction des dossiers pour renforcer les contrôles des installations classées, rappelle Jessica Makowiak. « Mais à défaut de permettre un renforcement du contrôle des ICPE, les réformes engagées depuis dix ans ont surtout contribué à simplifier la vie des exploitants au détriment de l’exigence de protection de l’environnement et des personnes », décrypte la professeure des universités. Le nombre d’inspecteurs de l’environnement a légèrement diminué entre 2016 (1 627) et 2018 (1 607). Celui des inspections a chuté, passant de 30 000 en 2006 à 18 196 en 2018 alors que le nombre d’ICPE est resté le même. Les statistiques du ministère de la transition écologique et solidaire ne précisent pas la part de sites Seveso concernés par cette baisse, seulement que la directive européenne impose au moins une visite tous les trois ans.

Contacté par Le Monde, le ministère assure que « le gouvernement a entrepris des simplifications visant à alléger certaines charges procédurales qui n’étaient pas justifiées et qui mobilisaient de manière croissante les inspecteurs des installations classées aux dépens des contrôles ». Il rappelle « l’objectif d’une augmentation de 50 % des contrôles d’ici 2022 » et indique qu’il n’y aura « pas de baisse des effectifs l’an prochain ».

Au sujet de Lubrizol, « rien ne peut laisser penser que le site aurait manqué de contrôles », précise-t-on de même source. Selon le ministère, 39 inspections ont ainsi eu lieu depuis le dernier accident de 2013 – une fuite de mercaptan, un gaz très irritant, s’était fait ressentir jusqu’en région parisienne –, dont dix depuis 2017. Les plus récentes remontent à juin et septembre. Le ministère relève enfin que des sanctions ont été prises « lorsqu’elles devaient être prises », citant une mise en demeure en 2017, précisément sur le risque incendie. Un risque que les inspecteurs de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) de Normandie avaient estimé à « au maximum une fois tous les 10 000 ans ».

Un nombre de sanctions « dérisoire »

A l’échelon national, le nombre d’arrêtés de mise en demeure est en légère baisse (2 116 en 2018 contre 2 280 en 2014). Seules les sanctions administratives ont progressé : 433 en 2018, contre 250 quatre ans plus tôt. Mais, comme le note Jessica Makowiak, leur nombre reste « dérisoire ».

« Dérisoire », tout comme l’amende de 4 000 euros à laquelle Lubrizol avait été condamnée au civil, après l’accident de 2013, estime Gérald Le Corre. Inspecteur du travail et responsable des questions de santé et travail à la CGT de Seine-Maritime, il assure, avec ses collègues, avoir « maintes fois alerté le ministère du travail et la préfecture des risques d’un nouvel AZF sur des sites Seveso de la région ». Le slogan du syndicaliste (« Lubrizol coupable, Etat complice ! ») a été repris à toutes les manifestations depuis l’incendie : « Quand on donne des peines aussi faibles, c’est comme si on accordait un permis de polluer. Si le patron de Lubrizol avait été poursuivi pour mise en danger d’autrui et condamné à une amende de 75 000 euros et à une peine de prison avec sursis, comme le prévoit la loi, on n’aurait sans doute pas vécu cette catastrophe aujourd’hui. »

5 octobre 2019

ON/OFF... allumé/éteint

on off

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