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Jours tranquilles à Paris

24 septembre 2019

A Tokyo, Ghosn peaufine sa contre-offensive

Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance, Éric Béziat

Les avocats de l’ancien PDG de Renault-Nissan-Mitsubishi espèrent faire annuler l’ensemble de la procédure.

A quoi pense Carlos Ghosn lors de ses rares promenades bucoliques dans les montagnes à proximité de Tokyo, ou quand il compte les heures derrière les murs de la villa anonyme qu’il loue à Minato, un quartier huppé de la capitale japonaise ?

L’ancien patron tout-puissant, arrêté pour soupçons de malversations financières, le 19 novembre 2018, à son arrivée au Japon, le fondateur de la triple alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubisishi qui a passé, durant ces dix derniers mois, 130 jours en prison, le PDG déchu, désormais assigné à résidence sous des conditions draconiennes, a tout le loisir de méditer.

Mais l’essentiel de son énergie et de son temps, il le consacre à mettre au point sa défense dans les bureaux de son équipe juridique menée par le ténor du barreau japonais, Junichiro Hironaka, seul lieu où il a le droit d’utiliser téléphone et ordinateur pour communiquer avec le monde extérieur.

La tâche est ardue. M. Ghosn fait face à deux sérieux chefs d’accusation qui pourraient lui valoir plus de dix ans de prison. Le premier, c’est la dissimulation de revenus entre 2009 et 2017. Le second, c’est l’abus de confiance, précisément pour avoir fait rémunérer par Nissan des intermédiaires au Moyen-Orient − Khaled Al-Juffali en Arabie saoudite et Suhail Bahwan au sultanat d’Oman − en échange d’avantages financiers personnels présumés.

Contre-offensive

Le Monde a pu avoir accès à des éléments-clés de cette stratégie de défense. D’après nos informations, Carlos Ghosn s’apprête à déployer, avec l’aide de ses conseils, une contre-offensive ciblant ses accusateurs selon plusieurs axes d’attaque.

La première salve se place strictement sur le terrain du droit. Elle sera tirée lors d’une audience préliminaire prévue le 24 octobre, au tribunal de Tokyo. Les avocats vont présenter au juge douze cas, flagrants selon eux, de violation de la légalité juridique nippone par les procureurs chargés de l’enquête. Ces cas, au dire des défenseurs de l’homme d’affaires franco-libano-brésilien, devraient conduire le juge du tribunal de Tokyo à annuler la procédure.

La défense de M. Ghosn estime avoir mis en évidence, de façon démontrable et mesurable, de très nombreuses situations de collusion du parquet de Tokyo avec Nissan. Les avocats auraient l’intention de mettre en cause les procureurs dans des cas présumés de fuite de pièces du dossier en direction des médias ainsi que dans des cas de destructions présumées de preuve à la demande de Nissan.

« Malgré nos demandes répétées, nous n’avons accès ni aux éléments de preuve de l’accusation ni aux témoignages à charge, confirme au Monde Takashi Takano, l’un des avocats japonais de M. Ghosn. C’est très inhabituel. Au Japon, dans les affaires criminelles ordinaires, les procureurs partagent leurs preuves. Mais, dans cette affaire, le parquet dissimule des pièces. Il est impossible, dans ces conditions, de s’attendre à un procès juste et impartial. » Sur ces points, nous avons contacté le bureau du procureur de Tokyo, qui n’a souhaité faire aucun commentaire et refuse même d’entendre les accusations formulées.

Utilisation abusive et opaque du plaider-coupable

Sur le fond, les avocats de Carlos Ghosn vont tenter de démontrer l’existence d’un grave déséquilibre de traitement au détriment de l’ancien PDG de Renault et Nissan comparé à d’autres protagonistes de l’affaire. Les avocats s’appuient pour cela sur les contrats passés entre le groupe automobile nippon et les intermédiaires moyen-orientaux impliqués dans les affaires d’abus de confiance, des pièces fournies par lesdits intermédiaires eux-mêmes, MM. Al-Juffali et Bahwan.

D’après la défense de Carlos Ghosn, ces documents volumineux – deux classeurs de 500 pages pour la seule affaire Bahwan (l’abus de confiance présumé impliquant un intermédiaire omanais) – portant sur les années 2011-2018 renferment des dizaines de noms de cadres de Nissan de différents niveaux hiérarchiques, dont de très hauts responsables. Un document récapitulatif des personnes impliquées, que Le Monde a pu consulter, contient dix-sept noms, dont celui de Hiroto Saikawa, le PDG de Nissan, qui aurait donné son aval aux versements en 2017 et 2018.

Dans la même veine, les défenseurs de M. Ghosn fustigent une utilisation abusive et opaque du plaider-coupable au profit de dirigeants de Nissan impliqués, eux aussi, dans les malversations présumées. Deux hauts cadres du constructeur japonais, Hari Nada et Toshiaki Onuma, en ont bénéficié.

Mais les avocats pensent que d’autres dirigeants (sans en connaître le nombre et l’identité) feraient partie de ces témoins protégés par une immunité, dont M. Saikawa. Ce dernier est démissionnaire depuis le 16 septembre parce qu’il a, lui aussi, bénéficié de manipulations frauduleuses concernant sa rémunération sans pour autant avoir été poursuivi. « Il est évident que le traitement réservé aux hauts dirigeants étrangers est discriminatoire comparé à celui des Japonais », juge Me Takano.

Faire passer des messages dans l’opinion publique

Contactée, la direction de Nissan a transmis la réponse suivante : « L’enquête interne de Nissan a mis au jour des preuves substantielles d’un comportement manifestement contraire à l’éthique. Cela a abouti à un vote unanime du conseil d’administration pour démettre MM. Ghosn et [l’Américain Greg] Kelly en tant que président et administrateur. Le 9 septembre, le conseil d’administration de Nissan a reçu un rapport du comité d’audit de la société sur l’enquête interne menée conjointement par Nissan et un cabinet d’avocats externe depuis octobre 2018. Le rapport confirme des cas spécifiques de faute du président [Carlos Ghosn] de la société et d’autres personnes. »

En dehors des prétoires, l’équipe Ghosn est aussi à la manœuvre pour faire passer des messages dans l’opinion publique. Il y a toujours le sujet de l’atteinte aux droits des justiciables dans le système nippon. Mais d’autres contre-feux destinés à neutraliser l’image d’un Ghosn « accro » à l’argent sont aussi allumés par ses défenseurs.

« Selon l’acte d’accusation, le montant frauduleux dont aurait bénéficié Carlos Ghosn et qui lui vaut de passer devant la justice s’élève à 20 millions de dollars [environ 18 millions d’euros], constate Me Takano. Au même moment, Nissan, dans son audit final, avance de manière totalement déloyale, et sans en apporter la preuve, un montant de plus de 320 millions de dollars, dans le seul but de faire passer M. Ghosn pour un individu cupide. »

Les arguments sur le gâchis économique de l’affaire viennent s’ajouter à ces considérations. La défense de M. Ghosn estime que Nissan a déjà dépensé 200 millions de dollars en investigation privée et rappelle que sa capitalisation a fondu de 10 milliards de dollars depuis novembre 2018. En résumé, tout le monde serait perdant.

Déterminé à lutter

Ceux qui ont vu Carlos Ghosn il y a peu décrivent un homme déterminé à lutter, apparemment en forme, bien qu’amaigri, oscillant entre volonté farouche et lucidité résignée quant à la difficulté de faire valoir ses droits d’accusé.

Dans son actuelle vie de reclus tokyoïte, M. Ghosn, qui se pense suivi en permanence dans la rue par des individus dont il ne sait s’ils sont des policiers ou des détectives privés payés par Nissan, souffre surtout de l’interdiction de tout contact avec son épouse Carole. La justice japonaise a rejeté à cinq reprises les demandes de mettre fin à cette situation.

En revanche, il peut recevoir des visites. Ses filles se relaient pour lui tenir compagnie et il échange fréquemment avec des visiteurs : amis, ex-collègues, divers officiels (assez peu de Français, d’ailleurs), comme des sénateurs américains ou encore le président de la République libanaise, Michel Aoun. Le clan Ghosn pense même que le président brésilien Jair Bolsonaro pourrait, lors d’un prochain déplacement au Japon, organiser une rencontre avec le plus connu des Franco-Libano-Brésiliens.

Nourrit-il des regrets ? Un seul, peut-être : avoir fait ce dernier mandat, commencé en 2018, qui devait s’achever en 2021 et dont l’objectif était de trouver une solution afin de consolider définitivement l’Alliance Renault-Nissan. Carlos Ghosn a la conviction que c’est ce qui a causé sa chute.

Eric Béziat et Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)

Aux Etats-Unis, l’affaire Ghosn se conclut par un drôle d’accord amiable. Le gendarme américain de la Bourse, la Securities and Exchange Commission (SEC), a mis fin, lundi 23 septembre à son enquête ouverte à la fin janvier. D’abord en concluant que la société Nissan, Carlos Ghosn (son ancien président) et Greg Kelly (ex-bras droit du patron) avaient bien dissimulé aux investisseurs 140 millions de dollars (130 millions d’euros). Ensuite, en passant un accord à l’amiable avec les trois mis en cause. Nissan, MM. Ghosn et Kelly ont ainsi accepté de payer 16 millions de dollars d’amende pour mettre fin aux poursuites. Le groupe nippon verse 15 millions de dollars tandis que M. Ghosn paie une amende de 1 million de dollars et ne pourra ni diriger une entreprise cotée ni en être administrateur pendant dix ans. M. Kelly, lui, doit s’acquitter de 100 000 dollars (90 700 euros) et ne pourra ni diriger ni être membre d’un conseil d’administration d’une société cotée pendant cinq ans. Si cette décision met probablement une fin définitive à la carrière dans les affaires de M. Ghosn (65 ans), vu du côté de ses avocats, l’épilogue de ce volet américain est un début de victoire. Dans l’histoire c’est bien Nissan qui écope de la plus grosse amende, et aucun des mis en cause – ni Nissan, ni M. Ghosn ni M. Kelly – n’a été contraint de reconnaître sa culpabilité pour que l’accord amiable soit accepté par un juge.

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24 septembre 2019

Martin Parr

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24 septembre 2019

La difficile recherche à l’ONU d’une désescalade entre Washington et Téhéran

trump iran

Par Marc Semo, New York, envoyé spécial

« Il est clair pour nous que l’Iran porte la responsabilité de l’attaque » du 14 septembre contre l’Arabie saoudite, ont assuré, lundi à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, Emmanuel Macron, Angela Merkel et Boris Johnson.

La médiation est un exercice délicat. Le président français s’est activé toute la journée du lundi 23 septembre pour tenter de concrétiser une rencontre entre Donald Trump et Hassan Rohani à New York, en marge de la 74e Assemblée générale des Nations unies (ONU) à laquelle il croit encore. Emmanuel Macron a eu « une première rencontre informelle » lundi matin avec le président américain et dans la soirée il a rencontré son homologue iranien, à peine arrivé de Téhéran.

Prés de deux heures de discussion « directe » durant lesquelles le chef de l’Etat a rappelé à Hassan Rohani que « la voie de la désescalade était étroite mais plus que jamais nécessaire ». Le visage fermé d’Emmanuel Macron et de ses conseillers à l’issue de la rencontre semblerait montrer qu’une poignée de main historique entre les présidents américain et iranien reste encore pour le moins aléatoire.

En début d’après midi, le chef de l’Etat s’était entretenu avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et le premier ministre britannique Boris Johnson, les dirigeants des deux autres pays européens signataires de l’accord de Vienne de juillet 2015 – ou Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) –, mettant sous contrôle international le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des sanctions économiques. Il devrait à nouveau parler avec Donald Trump dans la matinée de mardi.

Relâcher la pression des sanctions

« Je ferai tout pour que les conditions de discussions se créent, à la fois pour qu’il n’y ait aucune escalade et pour qu’on construise une solution utile, durable pour la sécurité dans la région », a affirmé le président français. Il veut croire à une « ouverture avec des conditions » de la part du ministre iranien des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. Ce dernier a, de fait, affirmé la veille à la chaîne CNN que Téhéran ne fermait « pas la porte à des discussions » avec les Etats-Unis, à condition que Washington relâche la pression des sanctions.

La montée des tensions après le bombardement en Arabie saoudite, le 14 septembre, d’installations pétrolières de l’Aramco Saudi complique la donne. L’attaque a été revendiquée par les rebelles houthistes du Yémen soutenus par Téhéran mais elle est attribuée directement à l’Iran, aussi bien par Washington que Ryad.

« Il est clair pour nous que l’Iran porte la responsabilité de cette attaque. Il n’y a pas d’autre explication plausible », assure aussi le communiqué commun publié après la rencontre des trois dirigeants européens. « Ces attaques ont été dirigées contre l’Arabie saoudite, mais elles concernent tous les pays et renforcent le risque de conflit majeur », souligne le communiqué appelant Téhéran à revenir au respect du JCPOA, et de s’engager dans une négociation sur son rôle dans la sécurité régionale ainsi que sur la limitation de son programme balistique.

Avec le poids symbolique d’une position commune, Londres, Paris et Berlin veulent marquer le coup mais aussi rappeler leur volonté d’une issue diplomatique à la crise.

Washington joue la retenue se limitant pour le moment à un durcissement des sanctions contre Téhéran et à un déploiement « modéré » de renforts militaires dans le Golfe. Le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, pourtant réputé être un « faucon » face à l’Iran, insiste sur la nécessité d’une « solution pacifique ». De son côté, la République Islamique a aussi fait un geste à la veille de l’Assemblée générale de l’ONU en laissant repartir un pétrolier battant pavillon britannique arraisonné un mois plus tôt.

Les Iraniens exigent des gestes très concrets

Pour sa médiation Emmanuel Macron a un certain nombre d’atouts en main et notamment la crédibilité acquise par la diplomatie française depuis 2003 sur le dossier du nucléaire iranien. En outre le président français est à même de parler à tous les protagonistes du dossier, aussi bien à Donald Trump qu’à Hassan Rohani, et le réchauffement des relations avec la Russie lui permet aussi de compter sur le soutien de Vladimir Poutine, même si Moscou, pourtant aussi signataire du JCPOA et allié de l’Iran, ne fait pas grand-chose.

Déjà lors de l’Assemblée générale de l’ONU de septembre 2017, Donald Trump avait demandé à Emmanuel Macron de jouer les intermédiaires pour une rencontre avec M. Rohani refusée alors par Téhéran. Un an plus tard, c’étaient les Iraniens sous le coup du retrait de Washington de l’accord et du rétablissement des sanctions américaines qui sondaient le président français pour une éventuelle rencontre sous condition avec le locataire de la Maison Blanche que ce dernier refusa estimant que sa politique de « pression maximale » n’avait pas encore porté tous ses effets. Cette fois pourrait donc être la bonne.

« Si c’est juste pour une photo sans résultat concret, cela ne fera qu’accroître les difficultés économiques des Iraniens », a déjà averti le ministre iranien des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. Téhéran exige des gestes très concrets et en premier lieu le rétablissement des exemptions dont bénéficiaient jusqu’en mai les huit principaux acheteurs de brut iranien. En échange, les Iraniens devraient revenir à leurs engagements dans le JCPOA. « Cette procédure de désescalade, amorcée à Biarritz [lors du sommet du G7] est toujours sur la table. Il faut que des actes soient posés et que la partie iranienne dise ce qu’elle veut faire dans cet environnement-là », a insisté le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

Avant de s’envoler pour New York, le président Hassan Rohani a déclaré que l’Iran présenterait à l’ONU un plan de coopération régionale destiné à assurer la sécurité des eaux du Golfe. Patelin et bien rôdé à l’exercice de parler à la tribune de l’ONU, il a déjà bien préparé ses éléments de langage : « Les actions cruelles qui ont été engagées contre la nation iranienne, ainsi que les problèmes compliqués auxquels notre région est confrontée doivent être expliquées aux peuples et aux nations du monde. »

24 septembre 2019

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24 septembre 2019

Télévision : « Cash Investigation », à la rencontre des nouveaux prolétaires du Web

Par Morgane Tual

Livreurs à vélo, tâcherons du clic, modérateurs… La nouvelle enquête du magazine présenté par Elise Lucet s’intéresse à ces nouvelles formes de travail.

FRANCE 2 – MARDI 24 SEPTEMBRE À 21 H 05 – MAGAZINE

« Je fais partie d’une classe de travailleurs invisibles. (…) Et tous ensemble, on entraîne des machines qui vont finir par faire le job et nous remplacer. » Jared Mansfield vit dans l’Oregon, aux Etats-Unis, et classifie des images sur Internet pour 30 cents de dollar de l’heure. Il fait partie de ces innombrables « microtravailleurs », tâcherons du clic, qui, partout dans le monde, à distance, effectuent à la chaîne de minuscules actions, pour des employeurs qu’ils ne connaissent pas toujours.

LE NOUVEAU NUMÉRO DE « CASH INVESTIGATION » VA À LA RENCONTRE DE CES TRAVAILLEURS MAL CONNUS, QUI INCARNENT LA FACE LA MOINS RELUISANTE D’INTERNET ET DE SES GÉANTS

Le nouveau numéro de « Cash Investigation » va à la rencontre de ces travailleurs mal connus, qui incarnent la face la moins reluisante d’Internet et de ses géants. Quand Google s’enorgueillit d’offrir à ses salariés des conditions de travail paradisiaques, il passe sous silence le fait que certaines de ses technologies, notamment d’intelligence artificielle, reposent sur ces milliers de petites mains sous-payées, sans statut, tout au bout de la chaîne.

Les invisibles du Web, ce sont aussi les modérateurs des grandes plates-formes comme Facebook, payés pour supprimer les contenus les plus atroces du réseau, qu’ils regardent tout au long de la journée dans des open spaces. Muselés par des clauses de confidentialité, rares sont ceux qui osent témoigner – ce qui rend précieux cet épisode de « Cash Investigation », qui en a rencontré plusieurs.

« J’ai vu des choses qui seront en moi pour toujours », confie l’un d’entre eux, qui a fini par abandonner ce travail, payé 800 euros au Portugal (un peu plus du salaire minimum). « On ne vous y prépare pas psychologiquement. (…) Si vous me donnez 1 million d’euros, même 1 milliard d’euros, je ne le referai pas. »

Eviter le contrat de travail

Mais les nouveaux travailleurs de l’ère des algorithmes ne sont pas toujours invisibles. « Cash Investigation » s’attarde ainsi longuement sur la situation des livreurs à vélo d’Uber Eats ou de Deliveroo et fait embaucher un de ses journalistes. Ou presque : les livreurs sont en fait autoentrepreneurs.

« On ne “recrute” jamais », souligne un ancien manageur d’Uber Eats, détaillant la novlangue de l’entreprise. « On “met en place un partenariat”. » Les enquêteurs de l’émission ont même mis la main sur un document interne de Deliveroo listant les termes à bannir (« travail », « CV », « ancienneté »…) et ceux à privilégier (« shift », « fiche de présentation », « durée de prestation »…), pour éviter le spectre du contrat de travail – et les droits et devoirs qui en découlent.

Les livreurs parcourent ainsi les villes au gré des propositions de l’algorithme, qui, en cas de forte demande, les incite, à coups de bonus, à travailler plus vite – comprendre griller les feux et risquer sa vie.

« Cash Investigation » soulève une autre pratique bien embarrassante pour Deliveroo. Après une mobilisation des livreurs, place de la République, à Paris, un responsable a indiqué, dans un mail interne que les journalistes se sont procuré, avoir identifié certains des manifestants grâce au service de géolocalisation de l’application. Le magazine affirme que l’entreprise a ensuite tenté de monter des dossiers contre eux.

Face à ces graves accusations, le responsable de la communication envoyé par l’entreprise devant Elise Lucet n’en mène pas large. Eléments de langage fumeux, bégaiements, sourire narquois de la journaliste, attachée de presse zélée qui met fin à l’interview : la recette « Cash Investigation », bien rodée, est toujours aussi efficace.

« Au secours, mon patron est un algorithme », enquête réalisée par Sandrine Rigaud, dans « Cash Investigation », magazine présenté par Elise Lucet (France, 2019, 140 min). Francetvpro.fr/france-2, France.tv/france-2/cash-investigation et Francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/cash-investigation

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24 septembre 2019

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24 septembre 2019

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24 septembre 2019

Réforme des retraites : les syndicats toujours divisés

Par Raphaëlle Besse Desmoulières

Trois jours après Force ouvrière, la CGT et Solidaires appellent à une journée d’action interprofessionnelle mardi 24 septembre.

Parviendront-ils à parler d’une même voix ? Alors que des mouvements catégoriels (avocats, salariés de la RATP…) ont fortement mobilisé ces derniers jours contre la réforme des retraites, les confédérations syndicales n’ont pas réussi, pour le moment, à unir leurs forces.

Trois jours après Force ouvrière (FO), la CGT et Solidaires appellent, mardi 24 septembre, à une journée d’action interprofessionnelle contre « la régression sociale », en particulier sur les retraites. A la SNCF, le trafic devrait être perturbé, notamment sur les lignes TER et transilien.

Samedi, FO avait, elle, convié ses militants à Paris pour qu’ils puissent exprimer leur mécontentement. Plusieurs milliers d’entre eux – soit 6 000 selon la police, 15 000 selon la confédération – ont répondu présents.

L’idée n’était pas tant de faire masse que de ressouder les rangs sur un sujet majeur après une année difficile pour l’organisation syndicale, marquée par la démission, en octobre 2018, de son numéro un Pascal Pavageau, mis en cause pour des fichiers controversés.

Pour Yves Veyrier, qui lui a succédé à la tête de FO, il s’agissait d’« exprimer fortement [leur] détermination ». « L’expérience de ces dernières années, notamment sur les retraites, montre qu’une manifestation, aussi réussie soit-elle, ne permet pas toujours de se faire entendre, ajoute-t-il. Il y a autant de débats sur l’unité syndicale que sur la nature des actions à mener. »

« Irresponsabilité mortifère »

« Le fait qu’il n’y ait pas de date commune ne signifie pas qu’il y ait des dissensions sur les retraites mais marque surtout la volonté de FO d’organiser sa rentrée », relativise, de son côté, Fabrice Angei, membre du bureau confédéral de la CGT. « On serait dans un moment décisif, ce ne serait pas un bon signal mais on n’en est pas là… », renchérit Eric Beynel, porte-parole de Solidaires.

Pour Jean-Marie Pernot, politiste à l’Institut de recherches économiques et sociales, cela montre cependant « une certaine irresponsabilité mortifère ». « Malgré pas mal de luttes unitaires dans certains secteurs, les confédérations vont passer, une fois de plus, à côté du besoin de mouvement et d’unité qui remonte du terrain », juge-t-il.

Vendredi 13 septembre, la mobilisation a été très suivie à l’appel de quasiment tous les syndicats de la RATP. Ces derniers, à l’exception notable de la CGT, entendent récidiver avec « une grève illimitée » à partir du 5 décembre.

L’exécutif ne se prive pas d’appuyer là où ça fait mal

Au niveau interprofessionnel, l’union syndicale large sera d’autant plus difficile à construire que les centrales ne sont pas d’accord sur le fond du dossier.

Si la CGT et FO ne veulent pas entendre parler d’un système universel à points, la CFDT y est favorable sur le principe, même si Laurent Berger, son secrétaire général, a prévenu qu’il ne voulait pas d’une « réforme budgétaire ». La CFE-CGC, elle, n’a pas encore rejoint le camp des opposants, mais le sort des cadres, qui pourraient sortir perdants de la réforme, la fera peut-être basculer.

Malgré un discours vantant le dialogue, l’exécutif ne se prive pas d’appuyer là où ça fait mal. La semaine du 9 septembre, Emmanuel Macron a ainsi échangé avec M. Berger puis avec Laurent Escure, son homologue de l’UNSA, sur les dossiers de la rentrée. De quoi froisser les autres chefs de file syndicaux qui, en fin de semaine dernière, n’avaient toujours pas eu d’invitation de l’Elysée. « Nous demandons à être reçus par Macron, qui choisit les syndicats qu’il voit et qui a même rencontré un syndicat non représentatif comme l’UNSA, mais n’écoute pas ceux comme la CGT qui ont une autre réforme à mettre en débat », indique Catherine Perret, numéro deux de la CGT.

24 septembre 2019

La une de Libération ce matin

libé

24 septembre 2019

ALERTE-Iran- Arabie saoudite:

ALERTE-Iran- Arabie saoudite: La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni accusent l'Iran d'être «responsable» de l'attaque contre l'Arabie saoudite

Dans une déclaration conjointe des chefs d'État et de gouvernement de France, d'Allemagne et du Royaume-Uni, à New-York à l’occasion de la 74ème Assemblée générale

de l’Organisation des Nations Unies, Emmanuel Macron, Angela Merkel et Boris Johnson accuse l’Iran d’être derrière les attaques de drones contre des installations pétrolières saoudiennes.

Voici un extrait du communiqué :

« Nous, dirigeants de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni, rappelons nos intérêts de sécurité partagés, en particulier au regard de la préservation du régime global de non-prolifération et de la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient.

Nous condamnons avec la plus grande fermeté les attaques qui ont visé des sites pétroliers sur le territoire saoudien, le 14 septembre 2019 à Abqaiq et Khurais, et réaffirmons notre pleine solidarité avec le Royaume d’Arabie saoudite et sa population.

Il est clair pour nous que l’Iran porte la responsabilité de cette attaque. Il n’y a pas d’autre explication plausible. Nous soutenons les enquêtes en cours pour disposer de tous les détails.

Ces attaques ont été dirigées contre l’Arabie saoudite, mais elles concernent tous les pays et renforcent le risque de conflit majeur. Elles rappellent l’importance des efforts collectifs à mener en faveur de la stabilité et de la sécurité régionale, y compris de trouver une solution politique au conflit en cours au Yémen. Les attaques soulignent aussi la nécessité d’une désescalade dans la région, par des efforts diplomatiques continus et un engagement avec toutes les parties ».

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