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23 mars 2020

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22 mars 2020

Coronavirus : les familles en deuil privées de cérémonie

Par Isabelle Rey-Lefebvre, Pascale Santi

Rassemblements interdits, rituels et transfert de cercueil impossibles… Les restrictions sur les enterrements sont de plus en plus strictes.

A la douleur de perdre un proche s’ajoute, en cette période d’épidémie et de confinement, le désarroi de ne pouvoir organiser de cérémonie d’obsèques et d’être privé de toute possibilité de dire au revoir au défunt, de se retrouver entre proches pour se réconforter.

« Mon papy, âgé de 87 ans, est décédé ce mardi d’un arrêt cardiaque. Il habitait le Sud, nous vivons dans le Nord et ne pourrons pas aller à son enterrement et soutenir ma grand-mère au moment où elle en a le plus besoin, témoigne Victor, 25 ans. C’est un déchirement, un dilemme entre la raison et l’amour. Nous avons choisi la raison et nous organiserons quelque chose cet été », se console-t-il.

Interrogé mercredi 17 mars sur France 2, le premier ministre, Edouard Philippe, l’a martelé, d’un ton grave et triste : « Ce que je vais dire est terrible à entendre (…). Nous devons limiter au maximum les déplacements et, même dans cette circonstance [un deuil], nous ne devons pas déroger à la règle. »

« C’est très difficile d’expliquer aux familles que, pour éviter toute contagion, il ne peut y avoir de rassemblement de plus de dix personnes et que seuls sont admis les ascendants et descendants directs et les conjoints », confie Thierry Regnault, de l’entreprise de pompes funèbres Reposeo.

L’arrêté ministériel du 15 mars est formel : tout rassemblement est proscrit, les cérémonies en intérieur, églises comprises, ne peuvent réunir que vingt personnes, les salles de convivialité ou de recueillement des crématoriums, souvent exiguës, ne sont plus accessibles et les chambres funéraires ne sont ouvertes qu’à la très proche famille.

Gestes de réconfort proscrits

Pour une personne qui meurt des suites du Covid-19, les règles sont plus fortes encore : « On nous a appelés en urgence pour retirer, dans un Ehpad [établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes], le corps d’une personne contaminée et la procédure est assez expéditive, explique Alexandra Clouzot, de Reposeo, à Besançon. Les soins mortuaires sont interdits, le corps est enveloppé dans une housse étanche, désinfectée, puis placée dans une seconde housse immédiatement déposée dans le cercueil. A une famille qui avait prévu des retrouvailles, des discours, j’ai dû annoncer qu’il fallait tout annuler. La fille unique d’une personne âgée décédée à cause du Covid-19 s’est retrouvée seule au cimetière, ses amis et proches craignant la contagion. »

« IL N’EST PLUS ENVISAGEABLE DE POSER LA MAIN SUR LE CERCUEIL, DE PRÉSENTER SES CONDOLÉANCES DE VIVE VOIX… »

« Il faut, pendant quelques mois, revoir tous les rituels, commente Florence Fresse, déléguée générale de la Fédération française des pompes funèbres. Il n’est plus envisageable de poser la main sur le cercueil, de présenter ses condoléances de vive voix… »

Plus question de s’embrasser, de se passer la main dans le dos, de se serrer la main, de chuchoter : ces gestes de réconfort qui viennent naturellement lorsque surgit l’émotion, en particulier au moment de la mise au tombeau, sont proscrits.

Yann (son prénom a été modifié) a enterré un oncle emporté brutalement par le Covid-19, et est encore sous le choc : « On n’a pas pu le revoir et on s’est retrouvés à une dizaine pour une cérémonie à huis clos d’une infinie tristesse, irréelle. Après avoir parcouru des rues désertes, nous étions dans un cimetière ouvert pour nous seuls, éloignés les uns des autres, avec des masques qui ajoutaient au côté théâtral et lugubre. Je n’ai pu faire qu’un petit “coucou” de loin à ma tante (l’épouse du défunt), elle aussi contaminée. Tous les rituels religieux juifs avaient été supprimés. Les membres de la famille et les amis vivant en Israël et en Tunisie ont suivi l’enterrement par téléphone. »

Cette trop stricte intimité empêche de rendre, à ce moment-là, l’hommage que l’on aimerait pour le défunt : « Cet oncle était connu et réputé dans sa profession, il aurait réuni plus de cent personnes dont beaucoup d’amis et eu droit à de nombreux témoignages, regrette Yann. Le rabbin a seulement pu lire celui de son meilleur ami, envoyé de Tunisie. »

Les chambres froides sont pleines

Les obsèques de la réalisatrice Tonie Marshall, décédée le 12 mars, se sont elles aussi déroulées dans une stricte intimité obligée, sans même la présence de sa mère, l’actrice Micheline Presle, âgée de 97 ans.

Thierry Regnault remarque que « les restrictions se renforcent chaque jour, pas toujours dans la plus grande clarté, avec des contradictions entre les consignes de la Direction générale des collectivités locales, au ministère de l’intérieur, et la pratique des opérateurs sur le terrain. Impossible désormais, pour une famille portugaise, d’organiser le transfert du cercueil au Portugal, encore envisageable il y a quelques jours. Il a fallu faire admettre à une veuve que la crémation était plus simple que l’enterrement. »

Dans les morgues des hôpitaux, les places en chambre froide se font rares : « On nous presse de venir retirer les corps au plus vite. Dans un établissement parisien, nous avions un délai de six jours, aujourd’hui réduit à trois », constate M. Régnault.

Très douloureuses pour les proches, ces consignes devraient inévitablement peser sur l’indispensable travail de deuil, avec le risque, alertent des psychologues, d’un choc durable.

22 mars 2020

Body Painting

peinture sur corps

22 mars 2020

Quartier Notre Dame de Paris désert

corona notre dame

22 mars 2020

Portrait - Coronavirus : la mission impossible de Jérôme Salomon, directeur général de la santé

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Par Raphaëlle Bacqué

Dès 2016, l’actuel directeur général de la santé s’inquiétait des insuffisances du système de santé français. Confronté aujourd’hui à la pandémie causée par le coronavirus, il se voit obligé de les justifier.

Depuis des semaines, Jérôme Salomon a deux visages. Celui, rond et rassurant, du directeur général de la santé, énonçant derrière un pupitre, chaque soir depuis le 21 janvier, aux alentours de 18 h 30, une sinistre litanie de contaminés et de morts du Covid-19. « Un croque-mort avec une pointe de sourire au coin des lèvres », ont longtemps plaisanté les journalistes présents à son « point de situation » rituel au ministère.

Et puis, l’autre, le visage plus grave de l’infectiologue, spécialiste aguerri des grandes épidémies des vingt-cinq dernières années, qui, dès la mi-février, a commencé à envoyer des textos alarmants à ses collègues médecins : « La vague arrive ! », « On va se prendre la vague ! » Comme s’il voyait fondre depuis la Chine, tel un tsunami, ce coronavirus.

De l’un à l’autre, entre le véritable numéro deux du ministère de la santé, conseiller scientifique du gouvernement et du président, et l’expert en épidémiologie, il y a eu parfois un décalage. Une hésitation visible entre l’analyse hyperlucide d’une épidémie et la nécessité de masquer les ratés de la lutte contre son expansion.

Il le reconnaît lui-même, attrapé au vol dans sa voiture de fonction, à l’aube d’une de ces « journées infernales dans un agenda dantesque » qui sont désormais son lot. « Les infectiologues se sont mobilisés très vite et, en France, nous avons été en alerte dès la mi-janvier. Et puis, ensuite, on a vécu la drôle de guerre. Ou le désert des Tartares, si vous préférez. Nous attendions l’arrivée des premiers cas et, du coup, une partie de l’opinion et des médecins ont cru que l’épidémie ne nous toucherait pas. » L’a-t-il cru lui-même ?

Discours carré et rassurant

On est frappé, en tout cas, de l’évolution de son discours, jour après jour. Tous ses points de situation figurent sur le site du ministère de la santé. Nous les avons tous réécoutés.

On l’y entend donc exposer l’évolution de la pandémie. Dès le 27 janvier, il y détaille les « moyens efficaces de lutter contre l’épidémie », à la lumière, notamment, de la politique stricte mise en œuvre en Chine. Isolement des personnes malades, d’abord. Mesures barrières ensuite. « Nous recommandons le port du masque pour les personnes malades, c’est un message de bon sens, ainsi que des équipements de protection pour les professionnels du transport et les professionnels du soin », explique ainsi Jérôme Salomon. Ce même jour, il indique qu’il convient de « tester systématiquement » toute personne ayant des symptômes, car, « comme en Chine, cela permet la mise à l’isolement ».

Que s’est-il passé pour que, cinq semaines plus tard, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, qui ne dit jamais rien sans avoir validé ses « éléments de langage » auprès de l’Elysée et de Matignon, affirme que les masques ne sont utiles que pour les soignants et que les tests n’apportent rien ? « La difficile mobilisation des esprits », comme le dit M. Salomon, ou un manque de préparatifs coupable, notamment face à la faiblesse des stocks de masques et de tests, ce qu’il réfute ?

« Il a tiré le signal d’alarme, mais la France a sous-réagi », le défend William Dab, qui assuma avant lui ce rôle déterminant et ingrat de directeur général de la santé.

« M. Salomon n’a cessé de mentir sur l’approvisionnement en masques ou sur les tests, affirmant que les médecins pouvaient y avoir accès, ce qui est faux », dénonce le président de la Fédération des médecins de France, Jean-Paul Hamon, lui-même contaminé par un de ses patients. Le directeur général de la santé s’en défend. « Nous avons commandé des masques dès janvier ! », affirme-t-il, ajoutant que le défaut d’approvisionnement des hôpitaux et des médecins de ville est d’abord lié – « temporairement » – aux mesures de réquisition par l’Etat.

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En vérité, Jérôme Salomon est depuis longtemps conscient des insuffisances du système de santé français. Les Macronleaks, ces quelque 20 000 courriels échangés au sein de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron lors de la campagne pour la présidentielle de 2017, montrent qu’il en a alerté le futur chef de l’Etat, alors qu’il n’était que le conseiller santé du candidat. Dans une note du 5 septembre 2016 destinée à rester ­confidentielle, il expliquait « que la France n’est pas prête à un afflux de plus de 300 patients en urgence absolue. » Un an plus tôt, le pays a connu une vague d’attentats meurtriers. « L’épidémie sévère de grippe que la France affronte cet hiver (virus A H3N2) est une triste et caricaturale confirmation du paradoxe français », écrivait-il aussi, le 11 janvier 2017. Il y détaillait « l’absence de maîtrise des gestes basiques d’hygiène: mouchoirs en papier jetables, lavage des mains, solutions hydroalcooliques, port du masque par les malades, généralisé en Asie et quasi inconnu en France ! » Puis mettait en garde : « L’hôpital, déjà en crise, est désormais en tension car il ne dispose d’aucune élasticité pour absorber des variations d’activité. (...) On peut déjà anticiper un coût humain important et pourtant évitable. » Et il ne s’agissait là que de la grippe, la grippe banale, connue, pour laquelle il existe chaque année un vaccin...

POUR L’ANCIEN MINISTRE DE LA SANTÉ BERNARD KOUCHNER, C’EST « LA BONNE PERSONNE AU BON ENDROIT »

« J’ai vécu cette campagne comme dissociée », a avoué au Monde Agnès Buzyn, mardi 17 mars. Le mot pourrait presque s’appliquer au « DGS », comme on dit au ministère. De fait, M. Salomon semble parfaitement connaître, depuis longtemps, les failles d’un système qui n’a cessé de connaître des coupes budgétaires. Et plus encore depuis janvier, l’ampleur de la menace que représente sur ce système l’irruption d’une pandémie inconnue.

Publiquement, cependant, il persiste à tenir ce discours à la fois carré et rassurant qui, au début de l’épidémie, le faisait comparer au procureur François Molins, visage de la lutte antiterroriste entre 2012 et 2018, mais qui, désormais, lui vaut d’être pris à partie par les personnels soignants.

Quadrature du cercle

« DGS », c’est un job impossible. Un de ces postes de pouvoir exposés, où il faut être médecin, mais aussi fin psychologue, diplomate accompli et doté d’un vrai sens politique. Bref, la quadrature du cercle.

Surtout que cette direction de la santé, qui conseille et met en œuvre la politique du ministère, compte cent personnes de moins qu’il y a quinze ans. « Des alertes arrivent tous les jours, mais il faut aussi gérer la politique de santé à moyen terme, le plan cancer, le plan maladies rares, etc., décrit encore William Dab. Bref, on arrive tous les matins en sachant qu’on n’a pas réellement les moyens de sa mission. C’est la définition du stress, n’est-ce pas ? »

Jérôme Salomon est pourtant, affirme l’ancien ministre de la santé Bernard Kouchner, auprès de qui il fit son premier stage alors qu’il était jeune interne, « la bonne personne au bon endroit ». A 50 ans, cet infectiologue a déjà une longue expérience en matière de pandémie. Mais il est, au-delà de ses compétences médicales, un passionné de santé publique. A l’époque, le doyen du jeune Salomon n’avait d’ailleurs pas compris que cet étudiant bien classé au concours de l’internat et issu d’une famille de médecins-chercheurs – arrière-grand-père codécouvreur du vaccin contre la diphtérie et oncle inventeur de la réanimation bilatérale – choisisse cette voie.

Dans sa génération, quand on s’est intéressé, comme lui, aux politiques de santé, aux épidémies et à l’infectiologie, on a de bonnes chances d’avoir vécu tour à tour les années sida, « la vache folle », la grippe A (H1N1), le SRAS, Ebola, le chikungunya, bref beaucoup de menaces marquantes.

« Dans toutes les crises sanitaires, il y a toujours un type pour vous dire : “Ça me rappelle la précédente” ou “J’ai déjà vu pire”, raconte le directeur général de l’Assistance-publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch. La crise actuelle est inédite et d’une violence inégalée, mais nous avons, pour la première fois, un DGS très rodé. » Le discret M. Salomon, qui s’épanche pourtant rarement, confirme : « Ma formation est pile dans le fil de cette histoire… »

« Avaler des couleuvres »

Dès sa nomination à la direction générale de la santé, en 2018, il a mis en place un réseau d’alerte composé à la fois de chercheurs de l’Institut Pasteur – où il a lui-même officié de 2010 à 2012 –, de médecins et d’épidémiologistes rencontrés lorsqu’il était chef de clinique assistant au sein du CHU Raymond-Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine (1999-2002), praticien hospitalier (2004-2009) ou professeur au Conservatoire national des arts et métiers. Il sait combien « la planète est devenue un village où nous pouvons être concernés, en quelques jours, par un virus qui se manifeste pourtant à l’autre bout du monde ».

C’est pourquoi il ne peut être suspecté d’avoir négligé les alertes : dès la mi-janvier, il se fait faire un rapport quotidien de la pandémie de Covid-19 en Chine. Seulement, pour la mise en place d’un véritable programme de prévention, c’est autre chose…

Les chercheurs, les budgétaires de Bercy, lui-même savent parfaitement que nombre d’épidémies antérieures n’ont pas été aussi terribles que prévu. Il peut les énoncer sans fin.

Dans les années 1990, les Britanniques avaient ainsi évalué à près de 200 000 le nombre de cas potentiels de transmission de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (la « vache folle ») de l’animal à l’homme. Pour finir, il y a eu moins de 200 cas dans le monde. En 2003, l’épidémie de SRAS, venue de Chine, n’a pratiquement pas eu d’effet en Europe.

L’épidémie de grippe A (H1N1), en 2009 ? La France en a surtout retenu l’achat par la ministre de la santé de l’époque, Roselyne Bachelot, de 94 millions de doses de vaccins pour 712 millions d’euros. Une politique de prévention trop précautionneuse (moins de 8 % des Français se sont fait vacciner), qui a valu à Mme Bachelot d’être non seulement moquée, mais aussi assignée en justice, épinglée par la Cour des comptes et auditionnée par des commissions d’enquête parlementaires.

Le virus Ebola, qu’on imaginait déjà en 2013 déferler en France depuis les foyers d’immigrés africains, est resté confiné à l’Afrique anglophone. Et si le Covid-19 allait lui aussi rester cantonné à l’Asie et épargner l’Europe ?

« Jérôme sait comme il est difficile de prendre des décisions qui coûtent cher », devine Didier Guillemot, directeur de laboratoire à l’Inserm et à l’Institut Pasteur, qui fut son directeur de thèse. « Le DGS peut être sans arrêt court-circuité par un sous-conseiller du ministre, et il doit non seulement tenir face aux crises majeures, mais aussi savoir éventuellement avaler des couleuvres », renchérit Bernard Bégaud, spécialiste de pharmaco-épidémiologie à l’Inserm, qui a travaillé avec M. Salomon.

C’est une autre façon de dire combien son poste n’est pas seulement celui d’un médecin. Il réclame aussi de s’adapter aux contraintes budgétaires et politiques d’un pays. Atout premier, que n’ont pas toujours eu ses prédécesseurs : Jérôme Salomon a l’oreille non seulement des ministres – Agnès Buzyn, puis son successeur Olivier Véran –, mais il dispose de la confiance d’Emmanuel Macron. « Il a toujours réfléchi à la façon dont les politiques réfléchissent », a compris Didier Tabuteau, responsable de la section sociale du Conseil d’Etat.

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« IL N’A AUCUN CONFLIT D’INTÉRÊTS, N’A JAMAIS ÉTÉ LIÉ À L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE. C’EST SI RARE »

IRÈNE FRACHON, PNEUMOLOGUE À L’ORIGINE DE L’AFFAIRE DU MEDIATOR

Derrière le Parisien, pianiste accompli, divorcé et père de trois enfants, se cache un passionné de politique. Il était encore conseiller à la sécurité sanitaire au sein du cabinet de la ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, lorsque, en 2016, Emmanuel Macron l’a approché. A l’hôpital de Garches, Jérôme Salomon avait côtoyé Philippe Denormandie, chirurgien et père de Julien Denormandie, ce jeune homme déjà lancé dans la création d’En marche ! Socialiste dans l’âme, ancien conseiller santé au sein de Terra Nova, un think tank proche du PS, M. Salomon était alors déçu par François Hollande, et voilà qu’Emmanuel Macron promettait d’en finir avec le vieux monde et lui réclamait ses propositions pour la santé ! Il a foncé. Un temps, ce fils d’un administrateur de l’Assemblée et d’une enseignante a même cru pouvoir devenir ministre. Avant d’être coiffé au poteau par Agnès Buzyn, « sans doute dotée de meilleurs réseaux politiques que lui », souffle Didier Guillemot.

Politique aguerri

Il s’est vite consolé. Quelques mois plus tard, Emmanuel Macron l’a fait nommer DGS. Le rapport de force entre le petit ministère de la santé et la forteresse de l’équilibre budgétaire à Bercy n’a cependant pas changé.

Les relations entre le DGS et l’Elysée sont fluides : « Le président est passionné par la santé et nous avons toujours eu des discussions de haut niveau », assure Jérôme Salomon. De son côté, le président apprécie ce DGS qui ne traîne « aucun conflit d’intérêts, n’a jamais été lié à l’industrie pharmaceutique, c’est si rare », note la pneumologue Irène Frachon, qui a révélé l’affaire du Mediator.

Mais Jérôme Salomon n’a pas su ou pas pu inverser la donne. Et c’est ainsi qu’il s’est retrouvé à affirmer, un mois après avoir souligné le contraire, que les masques devaient être réservés aux seuls soignants et que les tests n’étaient pas d’une importance majeure. Habillage rassurant de carences qu’il connaissait pertinemment...

Est-ce du cynisme? Ses notes, mails, innombrables textos inquiets montrent le contraire. Plutôt l’intégration d’une situation logistique impossible à modifier devant le danger. En somme, il a choisi d’être un bon soldat. Déjà disposé à devenir, quoi qu’il arrive, le pompier de service de la crise et, en cas de polémique, le bouclier du pouvoir.

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