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Jours tranquilles à Paris
16 novembre 2018

La maire Anne Hidalgo veut piétonniser le centre de Paris

Ce projet, qui concerne les quatre premiers arrondissements de la capitale, s’inscrit « dans une prochaine mandature ».

La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, souhaite piétonniser le centre historique de la capitale, après l’opération des quais de Seine entérinée récemment par une décision de justice, a révélé l’entourage de l’élue à l’Agence France-Presse, mercredi soir 14 novembre.

Le projet s’inscrit « dans une prochaine mandature », l’entourage de Mme Hidalgo précisant que la mesure serait adaptée après « études approfondies, en concertation » avec l’ensemble des parties, et qu’elle allait « dans le sens de l’histoire ».

Anne Hidalgo, qui a succédé à Bertrand Delanoë à la tête de l’exécutif parisien en 2014, n’a pour autant pas encore formellement annoncé si elle était candidate à sa succession en 2020.

Elargir l’opération « Paris respire »

Le projet concerne les quatre premiers arrondissements de la capitale, situés au cœur de Paris, rive droite, avec « la création d’une zone de circulation extrêmement restreinte, avec des navettes électriques autonomes ».

Des vœux allant dans ce sens seront présentés lors des prochains conseils municipaux de chacun des arrondissements concernés. La préfecture de police et les maires seront associés, a insisté la Ville.

Avant une adoption à terme de cette mesure, la mairie de Paris souhaite dans un premier temps élargir l’opération « Paris respire » – qui prévoit une piétonnisation de ces arrondissements tous les premiers dimanches du mois – pour la généraliser à tous les dimanches dès 2019.

Selon elle, une telle décision avait été demandée par les édiles de ces arrondissements touristiques qui recouvrent notamment Notre-Dame-de-Paris, le Centre Pompidou et les quartiers du Marais et des Halles.

Esquisse les contours d’une candidature

L’annonce d’Anne Hidalgo intervient quelques jours après une victoire judiciaire qui a consacré une laborieuse opération de piétonnisation d’une partie des voies sur berge.

Elle esquisse les contours d’une probable candidature aux municipales de 2020 de la maire sortante, qui a fait de la lutte contre la pollution l’un de ses chevaux de bataille, quitte à devoir sans relâche croiser le fer avec une opposition vent debout contre ses méthodes, parfois critiquées pour leur manque de concertation.

Mais, si la piétonnisation des voies sur berges a cristallisé les passions et divisé les élus parisiens à son adoption en octobre 2016, deux ans plus tard, « je n’entends plus personne contester cette fermeture sur le fond », assurait un proche de Mme Hidalgo, il y a quelques jours.

Lundi, la métropole du Grand Paris (MGP) a pour sa part voté l’interdiction de circulation des véhicules les plus polluants dès juillet 2019, soit les véhicules diesel de plus de 18 ans et essence de plus de 21 ans, dans un large périmètre autour de la capitale.

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14 novembre 2018

La SNCF tire un trait sur les cars Macron

Par Éric Béziat

Le groupe ferroviaire vend à BlaBlaCar sa filiale de cars longue distance Ouibus – qui va supprimer 44 % de ses effectifs – tout en nouant une alliance capitalistique avec le leader européen du covoiturage

Nouveau départ ou simple lâchage ? La SNCF et BlaBlaCar ont annoncé lundi 12 novembre être entrés en négociations exclusives en vue de la cession de Ouibus, la filiale d’autocars longue distance du groupe public ferroviaire, au leader européen du covoiturage. Dans le même temps, la SNCF a pris part à une augmentation de capital de BlaBlaCar d’un montant total de 101 millions d’euros. Le groupe dirigé par Guillaume Pepy entre par conséquent au capital de l’entreprise de covoiturage mais à un niveau « très minoritaire » selon Nicolas Brusson, directeur général et l’un des cofondateurs de BlaBlaCar. La SNCF disposera d’un siège – et non d’un poste d’administrateur – au conseil de son nouvel allié.

Une page se tourne donc dans l’aventure française des cars Macron, ces services de transports par autocar sur longue distance libéralisés en 2015 par le ministre de l’économie d’alors, un certain Emmanuel Macron. L’un des leaders du secteur (55 millions de chiffre d’affaires en 2017 et environ 40 % de parts de marché) quitte le giron de la SNCF pour celui de BlaBlaCar, fleuron français de cette nouvelle économie dite de plate-forme, où le savoir-faire est essentiellement numérique et dans laquelle tout l’art consiste à faire porter le risque opérationnel à des prestataires ou même parfois à ses clients.

Deux façons de voir ce chambardement

Il y a deux façons de voir ce coup à plusieurs bandes. La première correspond au message officiel résumé dans le communiqué annonçant la nouvelle : la création d’une alliance stratégique gagnant-gagnant pour les deux parties. Du point de vue de la SNCF, l’opération est destinée à développer la multimodalité de son offre puisque BlaBlaCar va intégrer pleinement le site de e-commerce de la SNCF, Oui. sncf. Le géant du ferroviaire pourra ainsi proposer l’an prochain à ses clients des combinaisons train + bus ou bus + covoiturage ou train + covoiturage. Le but ultime, étant d’arriver à construire à l’été 2019 un assistant numérique personnel de mobilité capable d’offrir à chacun une offre de déplacement sur mesure et de porte à porte.

Vu de chez BlaBlaCar, ce « deal » dote le roi du covoiturage d’un nouveau piston à son moteur. « Nous avons expérimenté avec succès une offre d’autocars pendant les grèves du printemps, explique M. Brusson. Au Brésil, en Russie, nous avons déjà noué des partenariats avec des autocaristes. Notre ambition est d’aller au-delà du covoiturage, d’être un acteur global. »

Le but est, clairement, de favoriser une expansion rapide à l’international de l’activité de Ouibus. Avec un changement de marque à venir. « Nous conserverons dans un premier temps le nom Ouibus en France où il s’est imposé, précise Nicolas Brusson. Mais en Allemagne, en Russie, au Brésil… c’est BlaBlaCar qui est connu. » Le « BlaBla » ayant déjà été décliné en BlaBlaLines, la marque de covoiturage de courte distance de l’entreprise, le nom BlaBlaBus se pose en candidat sérieux.

Mais il y a aussi une autre façon de considérer ce chambardement. Dans l’opération, la SNCF se soulage d’un fardeau financier. Depuis sa création en 2012, IDBus devenu Ouibus à la faveur de la libéralisation, n’a jamais réalisé le moindre profit. Il a plutôt accumulé les pertes : près de 190 millions d’euros en tout, dont 36 millions au titre de l’exercice 2017 et, selon nos informations, autour de 20 millions cette année.

« Aboutissement d’une transformation de l’entreprise »

Alors pourquoi BlaBlaCar fait-il le choix de de s’alourdir de tels déficits ? D’abord parce que la plate-forme de covoiturage récupérera en 2019, lors du bouclage de l’opération, une entreprise restructurée. Le jour même de la proclamation de la vente, la direction de Ouibus a annoncé à ses salariés l’ouverture d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) portant sur 102 postes, soit 44 % de ses effectifs. Parmi les emplois supprimés, figurent ceux des 89 derniers conducteurs salariés travaillant encore pour Ouibus.

« Tous les salariés touchés par le PSE seront reclassés au sein du groupe SNCF, assure Roland de Barbentane, directeur général de Ouibus, qui comme l’ensemble du management, va passer avec armes et bagages dans la maison BlaBlaCar. Ces décisions sont l’aboutissement d’une transformation de l’entreprise qui, dans un marché très concurrentiel, ne peut plus embaucher de conducteurs en propre. »

Les salariés de Ouibus, eux, encaissent ces nouvelles « abasourdis et écœurés », selon un responsable syndical. Fini le temps des autocars façon modèle SNCF et ses plus de 200 chauffeurs bien rémunérés. C’était juste avant la libéralisation Macron. Depuis, les effectifs de conducteurs ont fondu, au gré des licenciements pour faute, des incitations au départ ou de cette cession du dépôt de Lyon (46 salariés) aux autocars Faure en juin 2017.

Côté BlaBlaCar, on se dit « pas directement concernés » par ces discussions. Et pas préoccupés non plus par le fait d’acquérir une entreprise qui fait des pertes. « Il n’est pas choquant d’être en déficit lors des phases d’expansion, rassure M. Brusson. Nous sommes une entreprise de long terme et nous allons continuer à accompagner le développement de Ouibus, comme celui de toutes nos activités. »

13 novembre 2018

Trois ans après le 13-Novembre, l’enquête touche à sa fin

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Par Elise Vincent - Le Monde

Les protagonistes des attentats de 2015 à Paris ont été identifiés, mais des questions restent en suspens, avant un possible procès en 2021.

Trois ans après les attentats du 13 novembre 2015, qui ont causé la mort de 130 personnes et en ont blessé 489 autres, l’enquête judiciaire arrive à son terme. L’année écoulée, l’avancée des investigations a été moins spectaculaire qu’entre 2015 et 2017, où les enquêteurs avaient une matière énorme à défricher. Mais, désormais, l’essentiel des protagonistes de cette cellule sophistiquée, organisée à cheval entre la France, la Belgique, plusieurs autres pays européens et la zone irako-syrienne, ont été identifiés. Onze hommes sont mis en examen et sept autres font l’objet d’un mandat d’arrêt.

Un certain nombre de questions restent toutefois en suspens, sans que l’on sache si la justice parviendra à y répondre d’ici à la fin des investigations, prévue au plus tard pour septembre 2019. Une date imposée par l’obligation de ne pas dépasser la durée maximale autorisée – quatre ans – pour la détention provisoire de plusieurs mis en examen, notamment celle de Salah Abdeslam, seul survivant du commando. Un procès pourrait se tenir en 2021.

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Le commando aurait-il pu compter plus de dix hommes ?

C’est l’une des hypothèses sur lesquelles planche sérieusement la justice. Au soir du 13 novembre, un commando de dix hommes arrive à Paris et à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Parmi eux, l’équipe de kamikazes qui effectuera la prise d’otages au Bataclan. Soit trois Français : Samy Amimour, Foued Mohamed-Aggad et Ismaël Omar Mostefaï. Une autre équipe tentera en vain de pénétrer à l’intérieur du Stade de France et se fera finalement exploser à ses portes : deux Irakiens et un Belge de 20 ans, Bilal Hadfi. Un troisième groupe armé partira à l’assaut des terrasses des 10e et 11e arrondissements : Brahim Abdeslam – frère de Salah –, leur ami d’enfance Abdelhamid Abaaoud et un autre Belge, Chakib Akrouh.

D’AUTRES HOMMES AURAIENT PU SE JOINDRE AU COMMANDO DE PARIS ET DE SAINT-DENIS, SELON LES DERNIÈRES INVESTIGATIONS

D’autres hommes auraient toutefois pu se joindre à eux, selon les dernières investigations. On savait déjà que deux individus, arrêtés en Autriche en décembre 2015, devaient initialement, eux aussi, participer aux tueries. Mais ils ont pris du retard après avoir été retenus vingt-cinq jours en Grèce en entrant en Europe par la « route des migrants ».

Un troisième homme aurait toutefois pu aussi participer au scénario macabre du 13-Novembre. Un certain Tyler Vilus, aujourd’hui âgé de 28 ans, pionnier du djihad, parti en Syrie en 2013 et interpellé en Turquie en juillet 2015, alors qu’il tentait également d’entrer en Europe avec une fausse identité. Depuis, fait rare, il a été mis en examen pour « direction d’une organisation terroriste » et est toujours incarcéré. Mais son dossier n’est, pour l’heure, pas officiellement joint à celui du 13-Novembre.

Comme le révélait Le Monde en avril, sans donner son nom, les investigations à son sujet sont particulièrement laborieuses et butent notamment sur des questions de « preuve numérique ». Soit des difficultés d’accès à l’exploitation de ses échanges téléphoniques et Internet. Les Etats-Unis se servent aujourd’hui de l’entraide pénale internationale sur ce type de dossier comme d’une arme diplomatique. Une situation dont profitent les grandes plates-formes du Web, qui n’ont, en outre, pas de délais légaux pour répondre. Les investigations à son sujet auraient toutefois progressé ces derniers mois.

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Quel a été le rôle exact des frères Clain ?

Jean-Michel et Fabien Clain sont désormais, selon nos informations, les objectifs numéro un des services de renseignement : morts ou vivants. Les deux frères, nés à Toulouse, âgés respectivement de 38 ans et 40 ans, ont en effet prêté leur voix à la vidéo de revendication des attentats de l’organisation Etat islamique (EI), diffusée en novembre 2015. Mais ils ont sûrement joué un rôle beaucoup plus important en participant à l’élaboration même des tueries, selon divers éléments concordants. Fin juin, la justice a d’ailleurs officiellement émis des mandats d’arrêt internationaux à leur encontre.

L’élément le plus connu validant cette thèse vient du fait que, dès l’enregistrement de leurs voix dans la vidéo de revendication de l’EI, les frères Clain ont évoqué un attentat dans le 18e arrondissement qui n’a jamais eu lieu. Possiblement celui qu’aurait dû commettre Salah Abdeslam, mais dont la ceinture explosive n’a pas fonctionné. Un autre élément versé au dossier il y a quelques mois est aussi venu abonder en ce sens. Le témoignage d’un « revenant » de Syrie qui les aurait côtoyés : Jonathan Geoffroy, toulousain lui aussi, capturé début 2017 par l’Armée syrienne libre.

D’après cet homme de 35 ans, qui se présente comme un « repenti », mis en examen dans un dossier distinct, les frères Clain occupaient des fonctions haut placées au sein de l’EI. A tel point qu’ils étaient en mesure de proposer des projets d’« opérations extérieures », selon lui. Se sachant recherchés, les Clain se terreraient aujourd’hui. Ils pourraient être actuellement reclus dans les poches d’Idlib ou d’Hajjin, ces derniers bastions de l’EI en Syrie, où se trouveraient encore, selon une source proche du dossier, une centaine de djihadistes français avec femmes et enfants.

Les « cerveaux » des attentats silencieux à jamais ?

Jusqu’à présent, l’homme considéré comme l’un des principaux « cerveaux » des attentats du 13-Novembre était Oussama Atar. Un Belgo-Marocain de 34 ans, vétéran du djihad passé par les rangs d’Al-Qaida. Durant longtemps, il était le seul identifié au sein de la hiérarchie de l’EI auquel plusieurs protagonistes du dossier faisaient référence. Notamment en lui envoyant leur testament avant de passer à l’acte ou en expliquant, pour deux d’entre eux, qu’il était celui qui les avait missionnés pour un « projet » en France. Possiblement un attentat dans le métro parisien, selon des données retrouvées dans un ordinateur jeté dans une poubelle bruxelloise.

Mais selon le journaliste de Mediapart Matthieu Suc, dans son ouvrage Les Espions de la terreur (HarperCollins, 224 pages, 19,90 euros), sorti le 7 novembre, Oussama Atar, à l’instar de tous les piliers de l’EI chargés de la planification des attentats à l’étranger depuis la zone irako-syrienne, aurait été tué ces derniers mois dans des attaques ciblées de la coalition internationale. Des annonces à prendre avec précaution, plusieurs individus présentés comme morts ces derniers mois ayant refait surface. Parmi eux se trouverait toutefois Boubaker El-Hakim, un enfant des Buttes-Chaumont, à Paris, proche des frères Kouachi, auteurs du massacre de Charlie Hebdo en janvier 2015.

Ces opérations auraient aussi eu raison de la vie du seul protagoniste du 13-Novembre à avoir réussi à s’enfuir après être venu en Europe par la route des migrants. Soit l’« artificier en chef » des djihadistes, celui qui a fabriqué toutes les ceintures explosives du commando : Obeida Walid Dibo, alias Ahmad Alkhald. Longtemps, son identité s’est résumée à un ADN anonyme découvert dans plusieurs planques en Belgique. Puis le témoignage d’un mis en examen a permis de comprendre qu’il avait été envoyé directement de Syrie avec pour seule mission la fabrication des explosifs, par nature très instables.

Cette cavale a failli être interrompue. Quelques jours avant les attentats, le 1er novembre 2015, il a été arrêté dans un train qui reliait Vienne à Belgrade. Mais, porteur d’un faux passeport syrien, il a prétexté être demandeur d’asile et se rendre en Turquie pour voir sa mère malade. Il a alors été placé dans un centre de rétention. Il y est resté neuf jours avant d’être transféré dans un centre ouvert, d’où il s’est échappé. Il a ensuite pris un vol pour Ankara, le 16 novembre, avant de disparaître définitivement.

9 novembre 2018

En France, vivre avec moins de 800 euros par mois

Par Isabelle Rey-Lefebvre - Le Monde

Le déclassement social angoisse un nombre grandissant de Français. Un quart des ménages craint de devenir pauvre dans les cinq ans, une inquiétude qui se diffuse dans les classes moyennes.

La pauvreté et le mot « pauvre » ont fait irruption dans le débat public, balayant les précautions oratoires comme « populations défavorisées », « précarité », « vulnérabilité » ou « exclusion sociale », comme si elle concernait désormais beaucoup plus de monde, notamment les classes moyennes.

Selon Louis Maurin, fondateur de l’Observatoire des inégalités et co-auteur du rapport sur la pauvreté en France – paru en octobre –, « depuis 2000, elle ne recule plus comme nous nous y étions habitués depuis les années 1960, et c’est une rupture historique dans notre histoire sociale. Il ne s’agit pas d’un appauvrissement massif des plus pauvres mais d’une augmentation du nombre de personnes qui décrochent du niveau de vie des classes moyennes ».

La pauvreté angoisse un nombre grandissant de Français : selon le baromètre annuel d’opinion du ministère des solidarités et de la santé, un quart des ménages (interrogés en 2015) craint de devenir pauvre dans les cinq ans, et cette inquiétude se diffuse dans les classes moyennes.

Cinq millions de personnes, soit 628 000 de plus qu’en 2006, vivent aujourd’hui avec moins de 855 euros par mois et par unité de consommation (chiffres 2016), soit la moitié du revenu médian, un critère que Louis Maurin préfère à celui choisi par l’Union européenne, de 60 % de ce revenu médian soit 1 026 euros par mois : « Il cerne mieux la situation de privation et n’amalgame pas des situations trop différentes », estime M. Maurin.

Premiers postes sacrifiés : les loisirs et la santé

Selon l’Observatoire des inégalités et l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale – dont le rapport a également été publié courant octobre –, la pauvreté n’épargne pas les seniors et les ruraux mais elle concerne désormais aussi des citadins, des jeunes, des mères de famille et des personnes prises de court par un accident de la vie.

« Jamais je n’aurais pensé en arriver à cette situation et à pousser la porte de cette épicerie solidaire de la Croix-Rouge », confie Mme G., jeune mère de trois adolescents, dont le mari était encore récemment au chômage et elle-même est en arrêt maladie. Ici, une trentaine de familles sont inscrites et nul ne peut déceler à leur apparence ni à leur expression la détresse qu’elles vivent et les privations qu’elles s’infligent, les premiers postes sacrifiés étant les loisirs et la santé.

Ces ménages n’ont pratiquement pas de marge de manœuvre financière. Depuis 2008 et la crise, ils sont pris en étau entre des salaires et des revenus qui stagnent quand ils ne baissent pas – aujourd’hui 10 % des ménages les plus modestes n’ont jamais rattrapé leur niveau de vie d’avant crise – et la croissance des dépenses contraintes, aussi appelées « dépenses affectées » par les économistes : loyer et charges, abonnements indispensables (téléphone, électricité, gaz), cantine scolaire, assurances…

Leur part dans les revenus des ménages est, selon l’Insee, passée de 12 %, dans les années 1960, à 30 %, en 2017. Le seul poste « logement » engloutit 42 % du revenu des 10 % les plus modestes, contre 17,4 % en moyenne pour l’ensemble des Français.

Dureté envers ceux qui ne peuvent plus payer

Steve, la cinquantaine, qui gagnait 1 800 euros par mois avant que la maladie interrompe momentanément sa carrière, doit, pour son studio de 35 mètres carrés, honorer 800 euros de loyer mensuel, soit 45 % de son salaire, et sans le secours de l’aide au logement puisqu’il est trop riche pour y être éligible.

Lorsque les ennuis, la maladie, le chômage, arrivent, les prestataires de services redoublent de dureté envers ceux qui ne peuvent plus payer, et les banquiers les premiers, avec la double punition d’alourdir les frais de découvert et d’incident de paiement, ce qui, évidemment, aggrave la situation.

Le gouvernement a, en septembre, obtenu un engagement des banques de plafonner les seuls frais d’incidents de paiement à 200 euros par an. Mais les frais de découvert, eux, galopent : « J’ai un découvert de 3 000 euros dont je n’arrive pas à me débarrasser et qui me coûte 83 euros par mois (près de 1 000 euros par an), raconte Mme G. Son banquier lui a proposé de porter le découvert à 4 000 euros : « J’ai dit oui mais ça m’enfonce encore plus. »

L’autre sanction très sévère est de priver le client de tout moyen de paiement, carte bancaire et chèque, alors que divers services, comme celui des forfaits de transports en région parisienne, ne peuvent être réglés en liquide.

Déclassement brutal

Deux autres services devenus vitaux pour chaque membre de la famille sont le téléphone portable et l’accès à Internet dont 10 millions de Français sont aujourd’hui privés. « Faute d’avoir payé l’abonnement, l’Internet a été coupé et pour les devoirs des enfants, on va à la bibliothèque municipale », déplore Mme G.. Ces services sont aussi indispensables pour les démarches administratives, ô combien nombreuses et compliquées pour obtenir allocations et aides fussent-elles de quelques dizaines d’euros par mois. Sans le soutien des services sociaux, des associations et de leurs bénévoles, ils n’y arriveraient pas.

L’augmentation programmée du prix de l’essence va encore entamer le budget ultra-serré des ménages qui ne peuvent pas se passer de voiture, comme c’est le cas de Mme T., professeure de mathématiques qui, à la suite d’un divorce, a perdu emploi et logement, et qui souffre d’une sclérose en plaques : « J’ai failli céder ma voiture, qui coûte cher en assurance, contrôle technique et essence mais, dans mon état, c’est le seul moyen de me déplacer, même sur de petites distances, et retrouver du travail ».

Steve, réceptionniste la nuit, a, lui, besoin de son scooter pour, la nuit, faire ses trajets entre son domicile dans les Yvelines et les hôtels parisiens

Pour ces familles brutalement déclassées, le plus difficile à supporter c’est l’isolement, l’absence de rapports sociaux. « On accepte plus les invitations car on ne peut pas les rendre », témoigne Mme T. Tout coûte, même les sorties les plus raisonnables : « Je préfère rester chez moi plutôt que d’être frustrée de rien pouvoir m’offrir dehors, même pas un café… », dit-elle. « Les sorties sont, évidemment, très limitées. Je vois une fois par an ma meilleure amie, qui réside à l’autre bout de la région parisienne : je m’y rends en voiture, l’œil rivé sur l’aiguille du réservoir d’essence », ajoute-t-elle.

On peut en sortir

Une très grande pudeur retient, en outre, de chercher de l’aide auprès de la famille proche ou des amis : « Dans ma famille, on ne se plaint pas, on ne parle pas et je fais semblant que tout va bien », explique Mme G., qui cache ses difficultés à ses parents et à sa sœur.

Enquêtes et rapports attestent cependant que la pauvreté n’est pas une fatalité, qu’on peut en sortir. Pour Louis Maurin, « non seulement la France est le pays d’Europe où il y a le moins de pauvreté grâce au système de protection sociale, mais c’est aussi là où elle est la moins durable ». Ce qui nuance le diagnostic d’Emmanuel Macron dans la vidéo dite du « pognon de dingue », postée le 12 juin par la communication de l’Elysée et devenue célèbre, où le chef de l’Etat exposait, sans filtre, sa vision de la pauvreté et de la politique sociale : « On met un pognon de dingue dans les minima sociaux : les gens, ils sont quand même pauvres. On n’en sort pas. Les gens qui naissent pauvres, ils restent pauvres ; ceux qui tombent pauvres, ils restent pauvres. »

Pourtant, avec 6,8 % de personnes disposant de moins de la moitié du revenu médian, la France fait certes un peu moins bien que les Pays-Bas (6,6 %) et la Finlande (4,9 %), mais mieux que le Royaume-Uni (9,9 %) et l’Allemagne (9,7 %).

Le taux de persistance dans l’état de pauvreté est aussi encourageant : une enquête de l’Insee établissait, en 2015, que seuls 2,4 % de la population avait connu une situation de pauvreté durant deux années au cours des trois années précédant l’enquête. Norvège, Finlande et Danemark sont au-dessous, mais pas le Royaume-Uni (3,9 %) ni l’Allemagne (5,5 %). Ainsi, en France, d’une année sur l’autre, un tiers des personnes pauvres ne le sont plus, et c’est bien le cas des familles rencontrées qui, toutes, voient leur situation s’améliorer, notamment par une reprise, même partielle, d’activité.

5 novembre 2018

C’est curieux, chez les patrons, ce besoin de faire des phrases…

Par Nicolas Santolaria

Pour sa dernière chronique sur la vie au travail (mais pas sa dernière chronique), Nicolas Santolaria épingle les métaphores du ­langage managérial. Souvent ­obscures, elles se retournent parfois contre leurs auteurs.

Quand on occupe un poste à responsabilités et que l’on possède une ­vision, il n’est pas toujours évident d’en faire infuser l’essence pénétrante dans le cerveau de ses collaborateurs. De cette difficulté découle l’usage intempestif de métaphores dans la vie ­professionnelle, procédé rhétorique qui permet, par analogie, d’ensemencer les esprits.

Aujourd’hui, si l’entreprise est si souvent associée à une ruche, ce n’est pas parce que nous sommes tous devenus des abeilles, mais plutôt parce que l’organisation sociale de ces insectes industrieux permet de traduire les enjeux complexes de l’intelligence collaborative. Au-delà des bureaux et des chaises, l’entreprise est aussi une réalité non matérielle qui prend forme dans les processus cognitifs de chacun au moyen du langage.

Je me diffuse donc je suis un sachet de thé…

A ce propos, je suis tombé récemment sur la vidéo d’une conférence de Maud Bailly, Chief Digital ­Officer chez Accorhotels, intitulée « Voyage en intelligences ». Pour évoquer le concept assez impénétrable de matricialité (en gros, d’après ce que j’ai compris, la nécessité de disparaître en tant qu’individu pour se fondre dans la mouvante matrice entrepreneuriale), Maud Bailly a choisi d’éclairer son propos au moyen d’une image forte : « Comme tout le monde doit se ­digitaliser, comme tout le monde doit se disrupter, je n’existe que dans ma propension à me diffuser et à être approprié. Donc, je suis un sachet de thé. »

A l’instar de nombreuses métaphores, celle-ci prendra un sens tout autre si on la file un peu plus loin. Le sachet de thé, n’est-ce pas ce truc mollasson que l’on finit par balancer sans état d’âme dans la poubelle après en avoir extrait la substance active ?

LA MÉTAPHORE DU SAC-POUBELLE ÉVOQUE L’AMONCELLEMENT D’ÉMOTIONS NÉGATIVES QUI RÉSULTE DU NON-DIT AU TRAVAIL. A FORCE D’AFFECTS RÉPRIMÉS, LE SAC-POUBELLE FINIT PAR VOUS ENGLOUTIR.

Dans le film In the Air, George Clooney, incarnant un individu sans état d’âme spécialisé dans la réduction d’effectifs, utilise quant à lui la métaphore du « sac à dos vide » : pour réussir à tout prix, explique-t-il, il faut s’alléger au maximum, laisser sur le bord de la route le poids du passé et des liens affectifs qui ralentissent la marche.

Rebondissant de plan social en plan social, George ­Clooney agite ici sa triste analogie comme un étendard, sans voir que ce détachement apparent n’est qu’un artefact de liberté. Preuve qu’une image forte n’est pas forcément une image juste.

Merci pour tout

Mobilisée par le coach en ­entreprise Michel Poulaert, la métaphore du sac-poubelle évoque, cette fois-ci avec plus d’à-propos, l’amoncellement d’émotions négatives qui résulte du non-dit au travail. A force d’affects réprimés, le sac-poubelle finit par vous engloutir. Comme sous l’effet d’une ­saignée moyenâgeuse, il faut alors ­percer l’abcès métaphorique pour qu’en sortent les humeurs noires.

J’utiliserais en ce qui me ­concerne la métaphore de la « couche-culotte » pour évoquer mon proche ­destin professionnel. A l’image de cette chronique qui s’arrête cette semaine après plusieurs années d’exploration ­enthousiaste de la vie de bureau, il faut savoir se défaire du confort molletonné d’une habitude avant que ­celle-ci ne se transforme en facilité irritante. Au revoir et merci pour tout, open space fantasmatique.

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5 novembre 2018

Colère...

colrere

Carrefour et Leclerc vont temporairement vendre les carburants à prix coûtants

Sur fond de polémique au sujet de la hausse de la fiscalité sur l’essence et le diesel, les deux distributeurs vont à titre exceptionnel distribuer des carburants à prix coûtants pour une période limitée.

Deux importants groupes de la grande distribution ont décidé de prêter une oreille attentive à la colère des automobilistes contre la hausse des prix de l’essence et du diesel. Les distributeurs Carrefour et Leclerc ont annoncé, lundi 5 novembre, qu’ils allaient à titre exceptionnel distribuer des carburants à prix coûtants pour une période limitée.

La contestation contre l’augmentation des prix des carburants, forte notamment d’une pétition signée par plus de 700 000 personnes, s’est récemment cristallisée autour d’un appel au blocage des routes le 17 novembre. « Dans un contexte de tension forte sur le pouvoir d’achat des ménages, les hypermarchés du groupe Carrefour se mobilisent pour le porte-monnaie des Français », précise le distributeur dans un communiqué. Le groupe distribuera les carburants à prix coûtants jusqu’au 17 novembre dans les stations-service intégrées à ses hypermarchés.

Une « grogne légitime »

Michel-Edouard Leclerc, dirigeant du groupement de distributeurs Leclerc, a quant à lui annoncé la vente de carburants à prix coûtants jusqu’à la fin du mois. « Il faut savoir choisir son camp : celui qui tire la croissance, c’est le consommateur », a-t-il dit sur Franceinfo. « Cette grogne est légitime, on l’entend et il faut y répondre », a-t-il ajouté.

carburants

« Tous nos salariés, nos directeurs nous le disent : il y a un ras-le-bol », a encore dit Michel-Edouard Leclerc. « Ça fait déjà une quinzaine de jours que tous les centres Leclerc s’étaient mis à prix coûtant. Et je vous annonce (…) on a tous décidé de maintenir cette opération prix coûtant sur tous les carburants jusqu’à la fin novembre. »

Dans des interviews publiées lundi, Emmanuel Macron a dit assumer l’augmentation de la fiscalité tout en se disant favorable à des solutions « innovantes » à l’égard des personnes devant se déplacer pour aller travailler.

5 novembre 2018

Eduquons nos adolescents au consentement

Par Maïa Mazaurette - Le Monde

Malgré une année passée à décortiquer la question, beaucoup pataugent. Au trouble des jeunes répond la confusion des adultes, estime la chroniqueuse de « La Matinale » Maïa Mazaurette. Il faut arrêter de ne s’adresser qu’aux filles, nous dit-elle, et leur parler différemment.

Le premier rapport, un moment de grâce ? Pas pour tout le monde : selon les données du Baromètre Santé 2016 qui viennent d’être publiées, 1,7 % des jeunes filles ont perdu leur virginité sous la contrainte, et 10,7 % parce qu’elles ont cédé aux attentes de leur partenaire. Traduction : une adolescente sur huit entre dans sa sexualité sans l’avoir désiré. Une sur douze aura subi au moins une tentative de viol entre ses 15 et 17 ans. C’est beaucoup.

Selon un sondage Madame Figaro/BVA paru cette semaine, 20 % des enfants sont par ailleurs victimes de comportements sexistes ou de harcèlement sexuel (18 % des filles en primaire, 29 % au collège, jusqu’à 40 % au lycée). Malgré une année passée à décortiquer le consentement, une solide fraction de la population patauge... ou refuse de comprendre, ou se complaît dans l’outrage. En témoigne le sondage Fun Radio publié sur Twitter il y a dix jours, qui a fait polémique : à la question de savoir s’il était acceptable d’abuser de sa copine pendant son sommeil, 51 % des répondants ont dit oui.

Pour faire bouger les lignes, l’agence Santé publique France (Spf) propose aux adolescents, sur le site Onsexprime.fr, une page consacrée au consentement. Ce serait parfait si l’audience concernée n’avait pas une fâcheuse tendance à rejeter la parole officielle.

Il n’y a pas de violées sans violeurs

Aux parents, professeurs et pouvoirs publics, répondent en effet des discours transgressifs plus séduisants, car plus susceptibles de susciter le respect des pairs : à notre gauche, la sexualité volontiers abusive de la pornographie classique, à notre droite, des artistes, publicitaires et idoles n’aimant rien tant qu’attirer l’attention en humiliant les femmes. Pire encore, le corps social répond à ces contre-modèles d’une manière incohérente : le X est interdit aux moins de 18 ans mais personne n’essaie de faire respecter la loi, la justice absout la haine au nom de la licence artistique.

Au trouble des adolescents répond la confusion des adultes : comment faire alors pour envoyer un message clair ? Eh bien, en reprenant toute notre éducation de zéro (et pas seulement celle des enfants) – une tâche relax pour ce dimanche, non ?

Avant tout, nous devons mettre fin à un discours qui ne s’adresse qu’aux filles. Elles n’ont pas demandé à se voir chargées du rôle de gardiennes du temple. La première fois se passe à deux, il n’y a pas de violées sans violeurs.

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Avec les garçons, on se concentrera sur trois messages simples : 1) le sexe n’est pas un besoin mais une envie (personne ne meurt de rester chaste, encore moins d’apprendre les mérites de la patience), 2) quand c’est non, c’est non (interdiction d’insister), 3) quand ce n’est pas oui, c’est non aussi (qui ne dit rien ne consent pas – je vous invite à relire, et faire lire à vos ados, la chronique sur le consentement enthousiaste continu).

Adolescentes « parfaites » particulièrement vulnérables

Du côté des filles, nous devons renoncer au pire contre-sens de l’éducation sexuelle : s’imaginer que l’innocence les protégera. Au contraire, l’innocence les met en danger. La sexualité se situe dans le continuum de la vie publique : si votre adolescente se montre timide, réservée et serviable (des comportements perçus comme normaux et désirables pour une jeune fille), cette personnalité introvertie se manifestera aussi dans la chambre à coucher. Face à des garçons à qui on a appris à valoriser le risque, la conquête et la confiance, ces adolescentes « parfaites » se retrouvent particulièrement vulnérables.

Si vous ajoutez à cela l’absence de supervision, la pression des copains, la curiosité et les hormones, autant leur mettre directement des bâtons de dynamite entre les mains.

Comment donner aux adolescentes trop sages la confiance dont elles auront besoin pour leur premier rapport ? Eh bien, en mettant fin à leur constante culpabilisation. Pouvoir dire non nécessite de pouvoir dire oui – en ayant libre accès aux mots du sexe, aux mécaniques du désir et au respect de son propre corps (impossible quand la moitié de la population s’évanouit à la simple mention du mot « menstruation » – allô ? Etes-vous encore là ?).

Tout cela, sans se voir ramenée à l’ordre par des parents-la-morale plus soucieux des apparences que de la sécurité émotionnelle de leur enfant (encore moins par des pouvoirs publics soucieux de constamment rhabiller les demoiselles).

Les « besoins » des hommes

Si les garçons sont éduqués à la persévérance, il doit en être de même pour les filles. Ces dernières devraient être encouragées à occuper le premier rôle, surtout si elles sont timides (ce n’est pas une question de personnalité : la preuve, la confiance s’apprend aux garçons).

Cette persévérance est d’autant plus importante que les filles non intéressées par les galipettes devront exprimer leur refus non pas une fois, mais cinquante fois d’affilée. C’est difficile, y compris pour les adultes : en Suisse, selon la Tribune de Genève, une jeune femme sur deux a déjà fait l’amour sans en avoir envie. Face à un problème épidémique, le professeur Joseph Fischel a le mérite de poser la bonne question : « Quelles sont les forces sociales, culturelles et économiques qui rendent plus difficile de dire non que de consentir à un rapport exécrable ? »

Ces forces-là, nous en sommes collectivement responsables (comme parents et comme citoyens). Elles constituent ce qu’on appelle la culture du viol. Elles s’expriment dans des occasions joyeuses, comme le quart d’heure américain (lequel entérine l’idée que le désir féminin est une parenthèse, une distraction de la norme). Elles se tapissent dans la justification de la prostitution ou du viol par les « besoins » des hommes (que pensons-nous que les jeunes garçons feront de cette information quand elle servira leur désir ?).

Elles font parfois figure de fatalité : « Ce n’est pas à lui qu’elle se soumet, c’est à une loi indiscutable, universelle, celle d’une sauvagerie masculine qu’un jour ou l’autre il lui aurait bien fallu subir. Que cette loi soit brutale et sale, c’est ainsi. » (Annie Ernaux, Mémoire de fille, 2016).

Fascination pour le risque et les zones grises

Sauvagerie des hommes contre sentimentalisme féminin ? Parlons donc à nos filles, et à nos garçons, de sentiments. Mais pas comme dans les contes de fées, qui valorisent l’épreuve et le sacrifice ! Enseignons au contraire que l’amour ne triomphe pas de tout – et certainement pas de nos intégrités physiques. On peut vouloir être aimé sans être désiré, ou l’inverse, dans une infinité de nuances et de gradations.

Parler de jeux de l’amour plutôt que des tourments de la passion, et des mille moyens de perdre ses virginités (au pluriel) pourrait aider à dédramatiser un sujet qui reste angoissant. En rendant drôle et désirable, au passage, le consentement explicite.

Enfin, et ça n’est pas le moins ardu, demandons à nous-mêmes ce que nous demandons aux adolescents. Leurs insécurités ne tombent pas du ciel. Elles traduisent nos propres contradictions : notre fascination pour le risque et les zones grises, nos atermoiements quand il s’agit d’assumer nos limites et nos envies, nos petites lâchetés qui font de gros dégâts. En tant qu’adultes, avant de demander aux enfants de ranger leur chambre, nous aurions bien besoin de balayer devant notre porte.

2 novembre 2018

Paris accueille son premier festival consacré au travail du sexe

Tables rondes, spectacles, expositions… Le festival Snap ! ouvre ce vendredi pour faire entendre la voix des travailleurs du sexe et instaurer un dialogue.

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Le 14 avril, deux ans après le vote de la loi de pénalisation des clients, les travailleurs du sexe défilaient dans la rue.

C’est une première en France : des travailleurs du sexe organisent à partir de ce vendredi 2 novembre un festival de trois jours à Paris. Prostitution, domination, sexcam, pornographie… Tous ces thèmes seront abordés par les intéressés autour de tables rondes, de spectacles et d’expositions ouverts à tous.

Un événement avec une portée artistique, mais aussi politique, quelques mois après la mort de Vanesa Campos, une prostituée transgenre, tuée alors qu’elle tentait d’empêcher plusieurs hommes de dépouiller un client au bois de Boulogne.

Lutte politique

Car, pour Giovanna Rincon, directrice de l’association de défense des personnes transgenres Acceptess-T, le constat est clair : la mort de Vanesa Campos n’est pas un fait divers, mais « l’un des dégâts causés par l’application de la loi de lutte contre le système prostitutionnel ».

Ce texte d’avril 2016, aussi appelé « loi de pénalisation du client », punit ce dernier s’il est pris sur le fait de 1 500 euros d’amende… mais il punit indirectement les personnes en situation de prostitution, selon les recherches menées par les sociologues Calogero Giametta et Hélène Le Bail, en collaboration avec Médecins du monde. « L’application de ce texte a entraîné une augmentation de la précarisation – parce qu’il y a moins de clients –, des répercussions sur la santé physique et mentale des travailleurs du sexe – parce qu’ils doivent parfois accepter des pratiques qu’ils ne proposeraient pas s’ils avaient assez de clients – et une augmentation de la stigmatisation », explique M. Giametta au Monde.

Même si le délit de racolage instauré en 2003 a été abrogé, les travailleuses et les travailleurs du sexe (TDS) continuent à être ciblés par des mesures locales. « De nombreuses mairies prennent des arrêtés visant le travail du sexe, sous couvert de restaurer la tranquillité publique, et demandent aux policiers d’augmenter les contrôles d’identité des personnes migrantes ou racisées », poursuit M. Giametta.

Reprendre la parole

C’est ce message que les travailleurs du sexe présents au festival Snap ! veulent faire entendre. Et cette fois, avec leur propre voix. « Comme la plupart des groupes marginalisés et oppressés, notre parole est souvent confisquée par des tiers experts », explique Luca Stevenson, coordonnateur du Comité international pour les droits des travailleurs du sexe en Europe (ICRSE), au Monde :

« Or, la plupart du temps, ces experts, qui prétendent avoir nos intérêts à cœur, prennent position pour l’abolition de la prostitution ! C’est le cas par exemple des politiques qui disent que 99 % des travailleurs du sexe sont victimes de la traite des êtres humains, ou des groupes religieux qui découvrent soudainement l’égalité femmes-hommes et veulent nous sauver du patriarcat. »

Une revendication d’autant plus forte au sein des minorités. « J’apprécie que ce festival nous permette de transmettre notre expertise, raconte Giovanna Rincon, qui participera avec Luca Stevenson et Calogero Giametta à une table ronde sur la criminalisation du travail du sexe et de l’immigration. Les TDS transgenres, les racisés, les séropositifs sont souvent invisibilisés, sans le vouloir, par d’autres mouvements – de défense des TDS ou des LGBT [lesbiennes, gays, bisexuels, trans] – qui prennent la parole à notre place ». Et de conclure : « Notre message principal, c’est “rien sur nous sans nous”. »

« Détisser les préjugés »

Car cette prise de parole peut être l’occasion pour les TDS de donner un point de vue plus complexe sur leur travail, destiné aux personnes qui ne les côtoient pas habituellement.

« C’est par les rencontres qu’on peut détisser les préjugés », souligne Daniel Hellmann, travailleur du sexe suisse venu présenter au festival Snap ! son spectacle Full Service, dans lequel il propose aux participants de le payer contre divers services qu’il exécutera pour eux sur scène, de la confection d’un sandwich à une fellation, avec pour toile de fond une discussion sur ce qu’on peut acheter et sous quelles conditions. « Par la discussion, les gens se rendent compte que la différence entre nous n’est pas si grande. Il y a des milliers de raisons pour lesquelles on peut avoir une relation sexuelle : par plaisir, par dépendance économique à un mariage, etc., explique-t-il. Sexualité et économie sont liées pour tout le monde, et pas seulement pour les TDS. »

Et d’insister sur le flou qui prévaut dans son métier, entre service sexuel, artistique et thérapeutique. « Lors du passage de Full Service à Hongkong, une jeune femme, qui n’avait jamais embrassé personne, m’a demandé de lui apprendre. J’ai donné un atelier de 30 minutes sur ce thème, pour lui donner confiance. A la fin, elle m’a dit “Maintenant que j’ai vécu ça, je ne veux plus vivre sans” », se souvient-il, ému.

Résilience par l’art

Car le festival ne se veut pas seulement comme un énième lieu de discussion universitaire. « Notre communauté utilise depuis longtemps les films, la musique ou les spectacles, pour ouvrir au public une fenêtre sur notre métier. Mais ce festival nous donne l’occasion de représenter ces œuvres ensemble, et de nous rencontrer aussi entre nous, dans un moment festif, ce qui renforce vraiment notre communauté », souligne Luca Stevenson.

 

Un discours auquel souscrit également Giovana Rincon, qui ajoute « nous sommes capables d’être résilientes et de transformer la stigmatisation en art ». C’est d’ailleurs par un message de soutien qu’elle souhaite conclure la table ronde à laquelle elle participera : « Nous serons là pour épauler les personnes racisées, séropositives, LGBT et travailleuses du sexe au Brésil », qui risquent de connaître des temps difficiles alors que, dimanche 28 octobre, un candidat d’extrême droite raciste, misogyne et homophobe, Jair Bolsonaro, a été élu à la présidence du plus grand pays d’Amérique du Sud.

2 novembre 2018

Le McDo a remplacé le café du village

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Par Lorraine de Foucher - Le Monde

Dans nombre de petites villes françaises, le géant américain se substitue au troquet, disparu ou fermé le soir. Symbole de la malbouffe, il est pourtant le bienvenu dans ces communes où il maintient un peu de vie sociale.

C’est une cabane en contreplaqué rouge et bois qui toise le parking, en bordure de la RN12, direction Dreux. « Ronald Gym Club » y est inscrit en lettres capitales. Ce mardi après-midi d’automne, les jeux ne sont pas occupés par l’égérie de McDonald’s en train de faire des étirements. Plutôt par des enfants un peu trop âgés aux yeux de la serveuse, charlotte noire sur la tête et surchaussures qui offrent un bruit de plastique à sa démarche décidée.

« Ça suffit de fumer des pétards dans les toboggans ! Ça sent jusqu’au restaurant », admoneste-t-elle en montrant du doigt les effluves de cannabis devant les adolescents hilares. Trois jeunes encapuchés se lèvent. « C’est comme ça tous les jours, je vais encore appeler la gendarmerie si ça continue », menace-t-elle, pendant que ses interlocuteurs sourient et se mettent à chanter : « On est des délinquants, on fume des joints dans les toboggans », sur un air approximatif de rap, en quittant la terrasse du McDonald’s de La Queue-lez-Yvelines (Yvelines).

La France, deuxième filiale McDo

Ce joli bourg francilien situé à la frontière de l’Eure-et-Loir et de la vallée de Chevreuse fait partie des plus petits villages français à accueillir l’enseigne américaine. Depuis l’ouverture du premier McDo sur la place des Halles, à Strasbourg, en 1979, la France n’a cessé de déclarer son amour au roi du fast-food : on dénombre aujourd’hui plus de 1 285 McDonald’s pour, à titre de comparaison sur l’échelle de la gastronomie, 1 500 restaurants de sushis et 11 000 kebabs. La France est la deuxième filiale la plus rentable au monde, derrière les Etats-Unis, et celle qui enregistre le plus de croissance. Le M jaune brille partout sur le territoire, avec un immense maillage qui englobe désormais des villes aussi petites que « La Queue », comme on l’appelle dans le coin, avec ses 2 000 habitants.

« ON N’A NULLE PART OÙ ALLER QUAND ON N’A PAS COURS. QUAND ON EN A MARRE DE FAIRE DES TOURS DANS LE AUCHAN D’À CÔTÉ, LE MCDO C’EST BIEN, C’EST NOTRE CAFÉ À NOUS. » CHLOÉ, LYCÉENNE

Et si des jeunes y fument leurs joints en terrasse, c’est que le McDo est devenu un espace de vie, parfois le seul qui reste. Haut moulant, créoles et eye-liner marqué sur les paupières, Chloé commente l’expulsion des squatteurs de toboggan : « Ils sont dans mon lycée, et c’est vrai qu’on vient tout le temps là pour le déjeuner, c’est juste en face », dit-elle en montrant le vaste établissement de l’autre côté du parking, le lycée Jean-Monnet, qui accueille près de 2 000 élèves venus de toute la région. « On n’a nulle part où aller quand on n’a pas cours. Quand on en a marre de faire des tours dans le Auchan d’à côté, ou de s’asseoir sur les pneus derrière le Norauto, le McDo c’est bien, c’est notre café à nous. » De ces cafés de lycéens où l’on peut commander un café et cinq pailles, profiter du Wi-Fi gratuit, et perdre son après-midi pelotonné sur une banquette qui sent la frite en attendant que le car de 16 heures 30 arrive pour rentrer à la maison.

Deux mille lycéens sont ainsi captifs d’une petite zone commerciale des Yvelines. On comprend mieux pourquoi McDonald’s a atterri à La Queue, et pourquoi les serveuses ne sont pas si fâchées que cela avec eux : ils représentent près de 50 % de la clientèle selon le maire, qui reçoit dans sa jolie mairie blanche, flanqué de ses deux adjoints. « McDo, quand ils sont venus nous voir pour s’implanter, ils ont fait semblant de ne pas avoir vu qu’il y avait le lycée juste en face. Comme s’ils n’avaient pas fait exprès de se mettre là, mais bien sûr que si, ils l’ont fait en connaissance de cause, et c’est assez malin », raconte Michel Verenneman (LDIV).

En 2013, quand la rumeur de l’installation de McDonald’s est arrivée à La Queue, un collectif s’est bien monté pour dénoncer la malbouffe et tenter de bloquer le projet. « Ceux qui étaient en tête de la bagarre sont aujourd’hui les premiers clients, une trentaine d’emplois ont été créés et c’est devenu la cafétéria des lycéens, qui y vont même le week-end pour se retrouver », poursuit l’édile.

Sandwichs au roquefort

Comment la France de José Bové, du démontage du McDo de Millau en 1999, de la nappe à carreaux rouge et blanc et du vin qui tache, des heures passées à refaire le monde à table, a-t-elle pu devenir un bastion mondial du fast-food ? Que s’est-il passé au pays de la gastronomie pour qu’en 2018, des syndicalistes marseillais se battent pour sauver un McDo de la fermeture dans les quartiers nord ? McDo, passion française, c’est un miracle produit par des génies du marketing de chez McDonald’s France – Denis Hennequin et Jean-Pierre Petit en tête –, qui ont prôné une « francisation » de la marque à l’aube des années 2000 : fini le M jaune sur fond rouge et le pauvre Ronald au sourire béat ; place au fond vert, au service à table, à une décoration moins criarde et à des gammes de sandwichs au roquefort et au bœuf charolais !

A tel point qu’à Albaret-Sainte-Marie, tout petit village de 600 habitants dans le fin fond de la Lozère, situé à une centaine de kilomètres de la ville du coup de force de notre héros moustachu José Bové, le maire, Michel Thérond (UDI), est ravi de son McDo ouvert en 2012. « La Lozère, c’est 100 kilomètres de large sur 50 kilomètres de long, avec seulement 70 000 habitants. Ça n’est pas très peuplé, à force on connaît tout le monde. Personne ne m’a fait la moindre remarque sur l’installation du McDo chez nous. Au contraire, ça nous a apporté une vingtaine d’emplois, et les gens y viennent de 30 kilomètres à la ronde. Ça remplace le café qui n’existe plus. »

Centres-villes désertifiés

McDonald’s, nouveau café du village français ? C’est l’issue de cet étonnant mouvement centrifuge des petites villes de France, dont le centre désertifié aux devantures abandonnées s’est déplacé à sa périphérie, dans ces zones commerciales où l’on fait désormais ses courses, mange et passe du temps avec ses proches.

Deux statistiques encore : en 1960, un repas durait en moyenne 1 heure 38, il est maintenant expédié en 31 minutes. En 1960, 200 000 cafés existaient dans le pays, il n’y en a plus que 32 000. « Dans les McDo ruraux, les gens s’y posent comme au troquet du coin, les serveurs sont des fils ou des copains. C’est le nouveau café du village, mais il n’est plus sur la place mais à la sortie : il a besoin d’espace pour le parking et les jeux pour les enfants, et il a besoin de la route passante pour avoir du flux », analyse Bernard Boutboul, spécialiste de la restauration rapide, directeur général du cabinet Gira Conseil.

Hélène Weber était étudiante en psychologie en 2005. Elle a tout trouvé chez McDo : son emploi, ses amis et son mari. Fascinée par le modèle de l’entreprise américaine, elle y travaille en parallèle de ses cours à la faculté, et décide d’en tirer une thèse qui sera publiée sous le titre Du ketchup dans les veines (Editions Eres, 2005), où elle analyse les techniques d’adhésion des salariés au système.

« C’EST FACILE, ÇA VA VITE, VOUS ÊTES RASSASIÉ, MAIS DEUX HEURES APRÈS, VOUS NE VOUS SENTEZ PAS BIEN ET VOUS AVEZ À NOUVEAU FAIM. POUR LE RÔLE SOCIAL, C’EST IDENTIQUE, FAST-FOOD, FAST-SOCIABILITÉ. » HÉLÈNE WEBER, PSYCHOLOGUE

Devenue psychologue, elle habite dans un petit village où elle a constaté ce basculement. « McDo, c’est la familiarité préacquise, ils ont investi des millions en publicité pour ça, c’est le “venez comme vous êtes”, vous n’avez pas à faire d’effort et vous n’aurez pas de surprise, explique-t-elle. A la différence d’un café du village où il faut parler avec les gens et où l’on ne sait pas ce qu’on va manger. Mais McDo n’est pas altruiste et n’a pas pour but de rendre les gens moins seuls. C’est une entreprise avec des objectifs économiques. Ça a le même effet que quand vous avez très faim : vous allez chez McDo, c’est facile, ça va vite, vous êtes rassasié, mais deux heures après, vous ne vous sentez pas bien et vous avez à nouveau faim. Pour le rôle social, c’est identique, fast-food, fast-sociabilité. »

Quand on le contacte en cette fin octobre, Grégory Gendre vient encore de perdre devant la cour administrative d’appel de Bordeaux. Ancien de Greenpeace devenu maire écologiste du village de Dolus-d’Oléron sur l’île du même nom en 2014, il s’est empressé de tenter de bloquer le permis de construire du nouveau McDonald’s qui devait s’installer. A la place, il a lancé le McDol, un tiers lieu, de ces espaces où « l’on peut rester tout le temps qu’on veut, avoir accès gratuitement au Wi-Fi et des prix accessibles » dans une ancienne colonie de vacances de sa commune.

Yeux bleus, lunettes et débit énergique, Grégory Gendre ne voit pas McDo comme un simple restaurant qui délivre rapidement des hamburgers et des frites, mais comme un projet de société plus global. Pour lui, McDonald’s a su profiter des difficultés de la « France périphérique » : « Il n’y a plus de lieux et McDo s’est engouffré là-dedans. Avec un établissement presque toutes les quinze minutes sur la route, c’est un peu comme les supermarchés, on est sur une stratégie commerciale qui prône voiture et consommation. »

« VOUS NE POUVEZ PAS DISCUTER AVEC LES SERVEURS, VOUS NE VERREZ JAMAIS D’AFFICHE POUR UN ÉVÉNEMENT DU COIN. » GRÉGORY GENDRE, MAIRE DE DOLUS-D’OLÉRON

Dans son combat contre la marque, il a ses arguments. McDo créé des emplois là où il n’y en a pas ? Il en détruirait tout autant, assure-t-il, en comptant les trois établissements qui ont ou vont fermer sur sa commune en prévision de l’installation de la chaîne. McDo remplace le café du village ? Il standardise les interactions locales : « Vous ne pouvez pas discuter avec les serveurs, vous ne verrez jamais la moindre affiche pour un événement du coin. De Roubaix à Perpignan, de Strasbourg à Brest, c’est toujours le même restaurant. »

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McDo fait travailler les agriculteurs locaux ? « On leur a proposé de travailler ensemble, d’adapter le modèle, on n’est pas structurellement contre McDo. Par exemple, on a des super maraîchers pour leurs tomates. Ils n’ont pas voulu, car toute la production de leurs tomates est calibrée pour qu’elles soient de la bonne taille pour les burgers. » Le consommateur McDo aurait un profil type, celui d’une personne qui travaille toute la journée et a besoin de son sandwich en sortant du boulot : « Quelqu’un qui veut, qui prend, dans une logique binaire, alors qu’autre chose est possible. Ce n’est pas une question d’argent mais d’énergie », conclut le maire, dont le succès estival du McDol confirme l’intuition.

1 novembre 2018

Appel à la « purge »: 82 personnes placées en garde à vue après les violences d’Halloween

Dans un communiqué, Christophe Castaner, ministre de l’Interieur, précise que 116 personnes ont été interpellées hier soir en France et que, sur ces 116 personnes, 82 ont été placées en garde à vue. Le ministre indique aussi que le nombre d’incidents recensés est en baisse par rapport à l’année dernière, en particulier à Paris et en petite couronne parisienne.

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