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Jours tranquilles à Paris

6 décembre 2018

Avant et après mon café du matin...

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6 décembre 2018

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6 décembre 2018

Décryptages « Vendre la France à l’ONU » : de Donald Trump aux « gilets jaunes », l’itinéraire mondial d’une intox

Par Samuel Laurent - Le Monde

Le « pacte mondial pour des migrations sûres », texte de l’ONU en réponse à la crise des migrants, est devenu la base d’une théorie conspirationniste très populaire dans le mouvement de protestation français.

« Macron va vendre la France à l’ONU », « la date fatidique approche », « l’ONU prévoit l’arrivée de 480 millions de migrants pour détruire l’Europe », « Gilets jaunes, vous devez bloquer Macron au sol le 10 décembre »… Depuis quelques jours, une rumeur circule énormément dans les groupes Facebook des « gilets jaunes », sur les vidéos et dans les directs des sympathisants du mouvement, affichant souvent des centaines de milliers de visionnages.

Une rumeur évoquée aussi, quasi systématiquement, dans les contacts des journalistes du Monde avec des figures de la contestation : Emmanuel Macron serait sur le point de s’engager auprès de l’Organisation des nations Unies (ONU) à « préparer la subversion de la France », voire « le grand remplacement » des Français par des immigrés, en signant le 10 décembre un document, le « pacte de Marrakech ».

Ce dernier est bien réel. Mais pas ces rumeurs, qui en font une sorte de loi globale, qui contraindrait les Etats à renoncer à la maîtrise de leur politique migratoire et à devoir accepter une immigration massive. Une autre version de la rumeur postule qu’Emmanuel Macron démissionnera une fois cet acte accompli, laissant notre pays à la merci de l’ONU.

Facebook, intox et « gilets jaunes »

L’histoire peut sembler ridicule. Elle est pourtant relayée massivement dans les communautés « gilets jaunes » actives sur les réseaux sociaux. Depuis ses débuts, le mouvement fonctionne essentiellement sur Facebook, le réseau social le plus populaire, et de loin le plus massif : trois quarts des internautes français, soit plus de trente millions de personnes, y avaient un compte actif début 2018.

Les « gilets jaunes » postent ou partagent des messages sur leur compte personnel, commentent ceux d’autres sympathisants, ou participent à des groupes, qui peuvent être publics ou non, adoptant une horizontalité et une spontanéité souvent déroutantes, mais propres à ce réseau, où tout est mis au même niveau. L’information y foisonne, sous forme de comptes rendus d’actions, d’appels à de nouvelles initiatives ou de débats sur la stratégie, bien entendu, mais surtout de liens et de contenus.

L’un des modes de communication privilégiés reste la vidéo, sous une forme souvent des plus brutes, en se filmant soi-même depuis son ordinateur ou son téléphone. La méfiance envers les médias est massive, virulente, et consensuelle ; au point que les vidéastes amateurs y ont souvent plus de crédit.

Quelques figures, comme Maxime Nicolle, alias « Fly Rider » – qui évoque volontiers le fameux pacte dans ses interventions – y bénéficiaient déjà d’une certaine notoriété, d’autres émergent à mesure que le mouvement évolue. Il n’est pas rare qu’une vidéo, même d’une durée conséquente, fasse un, deux, trois millions de visionnages, largement plus que les contenus explicatifs des médias traditionnels.

Cette horizontalité, associée à une défiance généralisée envers journalistes et pouvoirs, favorise les poussées de théories conspirationnistes, parfois les plus farfelues. Une autre rumeur très populaire postule ainsi que la France a perdu sa Constitution depuis janvier 2017 du fait d’un décret de Manuel Valls, ce qui rendrait Emmanuel Macron illégitime.

Mais si la plupart de ces intox sont de pures productions françaises, l’histoire du « pacte de Marrakech », ville de l’adoption prévue du traité, est un produit importé. Depuis plusieurs mois, droites et extrême droites occidentales mènent une campagne de sape contre le projet, « danger imminent » pour le parti belge flamand Vlaams Belang, « acte de trahison » pour Marine Le Pen, invitée samedi 8 décembre de l’extrême droite flamande, aux côtés de Steve Bannon pour évoquer ce pacte ; « risque sécuritaire » pour le premier ministre australien Scott Morrison ; « réduction du droit de gérer nos frontières », pour les conservateurs canadiens… En Allemagne, l’extrême droite de Pegida s’est même rassemblée en gilets jaunes, samedi 1er décembre, pour protester contre le pacte.

Une déclaration de principes en réponse à la crise des migrants

Ce texte, officiellement le « pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », est pourtant le fruit d’un consensus : il visait à répondre à la crise des migrants de 2016 par une déclaration de portée essentiellement symbolique, réaffirmant un certain nombre de standards, mais ne comportant aucune espèce d’obligation en matière d’accueil.

Le document réaffirme très clairement et à plusieurs reprises son caractère non contraignant juridiquement, ou encore le principe directeur de souveraineté nationale dans les politiques migratoires. Mais il y ajoute quelques déclarations de principe affirmant que les migrations sont un phénomène inévitable et qui a des aspects positifs, ou bien qu’il faut encourager une couverture médiatique objective de ces questions.

Et ce sont ces aspects qui sont mis en avant par les détracteurs du document, souvent déformés et décontextualisés, caricaturant ce pacte en une sorte de contrainte globale, qui impliquerait des obligations d’accueil sans limite de populations immigrées « de remplacement », imposerait un contrôle de l’ONU sur les politiques des Etats, ou l’obligation pour les médias de dire du bien de l’immigration, etc. Le sujet est par essence propice à alimenter l’angoisse migratoire qui touche tout l’Occident ; le fonctionnement et les pouvoirs de l’ONU, mal connus. Les réseaux sociaux et une série de campagnes politiques vont faire le reste.

Une intox venue de la droite américaine

L’intox prend naissance dans l’Amérique de Donald Trump. A la fin 2017, le président américain, suivant sa logique souverainiste et toujours à l’affût de symboles forts, annonce qu’il boycottera la conférence de lancement, puisque les Etats-Unis ne signeront pas ce texte. Ils seront au départ les seuls, avec la Hongrie de Viktor Orban, puis Israël et l’Australie.

A côté des manœuvres diplomatiques, la machine à propagande de « l’alt-right », la droite suprémaciste américaine qui le soutient, se met en branle. Son navire amiral, le site Breitbart, a consacré plus de 250 articles à ce sujet du « global compact », volontiers associé au nom du milliardaire américain d’origine hongroise et de confession juive, George Soros, bête noire de Steve Bannon et des penseurs du mouvement.

Sur les réseaux sociaux américains, ce sont des milliers de messages, vidéos, tweets, qui décortiquent article par article les 41 pages du document, attribuant aux propositions des caractères contraignants qu’elles n’ont pas, voire imaginant qu’elles correspondent à un fantasmatique projet global, dirigé par quelques élites, de « remplacement » des populations occidentales par des migrants. Un processus de déformation désormais classique, qui va croissant tout le début de 2018.

La polémique prend rapidement en Europe, où le refus de la Hongrie a inspiré plusieurs formations. Notamment en Autriche, où le parti d’extrême-droite FPÖ est au gouvernement, et fait pression pour que le pays rejoigne le mouvement, ce qu’il finira par faire début novembre à la surprise générale, évoquant la crainte d’un « droit à l’immigration ». Un argument pas éloigné de ce qu’on peut lire en ligne. Le sujet inspire les formations de droite radicale d’Europe du Nord et de l’Est, de Suisse, de Belgique, et jusqu’au Canada, qui lancent des campagnes de pression à leur tour.

Et là encore, vidéos, messages, posts de blogs et articles de médias « alternatifs » abondent, en allemand, néerlandais, danois, suédois… Les mêmes arguments y sont repris, mêlant points juridiques (l’influence potentielle de ce texte sur les jugements en matière d’immigration, par exemple) et théories conspirationnistes autour d’un « projet global » fantasmatique, et de la dystopie du « grand remplacement ».

De l’extrême droite à LR

La polémique est vite repérée par quelques « poissons pilotes » de l’extrême droite française qui l’évoquent dès le début 2018 : Breiz Atao, site de l’activiste antisémite Boris Le Lay, puis Polémia, celui de Jean-Yves Le Gallou, ancien du FN et du MNR, abordent le sujet au printemps. Dès la mi-2018, on trouve sur divers relais de cette mouvance des arguments comme : « pour garder leurs subventions, les médias vont devoir écrire des articles positifs sur l’immigration », ou « l’ONU veut encourager l’immigration clandestine ».

Relayé par quelques élus d’extrême droite, dont le député européen Bernard Monot, durant l’été, la campagne anti-pacte peine à intéresser un public plus large en France, jusqu’à la fin octobre et la décision surprise de l’Autriche. Courant novembre, le sujet s’installe peu à peu au sein de la droite républicaine, Eric Ciotti signant par exemple le 29 novembre dans Le Figaro une tribune évoquant le risque d’un « droit à l’immigration opposable » et un texte empreint d’une « idéologie dangereuse ».

Au même moment, la polémique atteint les « gilets jaunes » en pleine mobilisation. Sur les groupes Facebook les plus importants du mouvement, forts de centaines de milliers d’abonnés, d’innombrables messages évoquent ce sujet, surtout après le 17 novembre et la première grande journée d’action. Ironiquement, une partie des premiers messages estime qu’Emmanuel Macron « profite de l’agitation » des gilets jaunes pour faire passer le pacte en toute discrétion.

Trahison des élites

Dans les groupes de « gilets jaunes », l’inquiétude va croissant. Au moins trois pétitions y circulent depuis quelques jours, lancées par des groupuscules d’extrême droite, mais aussi par le Rassemblement national (ex-Front national). Parmi les contenus très partagés, on retrouve également des articles issus de sites d’extrême droite tels que Riposte Laïque, mais aussi des vidéos de figures politiques, comme le président de l’Union populaire républicaine, François Asselineau, ou un militant de Debout la France, Dorian Manzoli, dont « l’explication de la portée juridique » du texte en vidéo – truffée d’intox – affiche en quelques jours plusieurs dizaines de milliers de vues. Mais, suivant la logique horizontale de ce mouvement inédit, les vidéos les plus populaires émanent d’anonymes, se filmant eux-mêmes, en répétant généralement ce qu’ils ont lu sur ces mêmes sites peu fiables.

L’enjeu temporel, l’urgence absolue de la situation, revient souvent dans ces discours : il faut agir avant le 10 décembre, sinon il sera trop tard, assurent les vidéastes. Mais la thématique principale, qu’on retrouve dans d’autres argumentaires plus rationnels des « gilets jaunes », reste celle de l’abandon, de la trahison d’élites dirigeantes, soupçonnées d’agir en secret contre le peuple et ses intérêts.

Une rhétorique embrassée sans guère de scrupules par une partie de la classe politique. Mercredi 5 décembre, la porte-parole des Républicains, Lydia Guirous, accusait ainsi sur Twitter Emmanuel Macron de « trahir les Français » en signant ce pacte, une « menace sur notre souveraineté et notre identité. Chaque peuple a le droit de choisir qui il souhaite accueillir », exhortait-elle, laissant entendre à son tour que ce pacte de l’ONU allait empêcher les pays signataires de décider de leur politique migratoire. Factuellement faux, ce tweet a obtenu plus de 2 300 partages.

6 décembre 2018

Vu sur internet

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6 décembre 2018

Enquête - Carlos Ghosn, une vie marquée par la démesure

carlos japon

 

Par Marie-Béatrice Baudet, Benjamin Barthe, Beyrouth, correspondant, Éric Béziat, Claire Gatinois, Sao Paulo, correspondante, Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance - Le Monde

Soupçonné de malversations financières par la justice japonaise, le PDG de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est en garde à vue depuis le 19 novembre près de Tokyo. « Le Monde » revient sur cet étonnant destin, une saga qui mène du Brésil au Japon en passant par la France et le Liban.

C’est une saga XXL. A-t-on jamais vu autant d’articles élogieux, autant de livres flatteurs consacrés à un patron ? S’y plonger donne le vertige. Dans sa cellule du centre de détention de Kosuge, au nord de Tokyo, Carlos Ghosn, soupçonné de malversations financières par les autorités japonaises, se souvient-il de cette débauche de compliments ? Pour le Financial Times, il était « the boss among bosses », le boss des boss. Partout dans le monde, la presse encensait « l’icône », « l’imperator », « le héros épique », « le stratège », « la pépite » et, bien sûr, « le samouraï », après son arrivée dans l’archipel en juin 1999 quand « le french gourou » accepta la mission, jugée impossible, de redresser Nissan au bord du gouffre. « Ghosn sensei » (Maître Ghosn) y parvint pourtant, non sans avoir fermé cinq usines, licencié 21 000 salariés et mis à mal le dogme japonais de l’emploi à vie.

Vertige encore quand on réfléchit aux égards dont le PDG de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, qui rejette en bloc toutes les accusations, a bénéficié. Au Japon, il est devenu le personnage d’un manga, reconnaissance suprême pour ce premier « gaijin » (étranger) à accéder à un poste aussi élevé au sein de l’establishment local. Au Brésil, qui le vit naître, Carlos Ghosn eut le privilège, le 5 août 2016, de porter la flamme olympique lors des JO de Rio, dont Nissan était l’un des principaux sponsors. Pendant une centaine de mètres, l’enfant du pays, un instant dieu du stade, a longé à petites foulées la plage de Copacabana, encouragé par des milliers de Cariocas. Idolâtrie toujours, quand du Liban, sa patrie familiale, on entendit le ministre de l’intérieur Nohad Machnouk déclarer, grandiloquent, « le soleil du Japon ne brûlera pas le phénix libanais », après l’arrestation, le 19 novembre, de son compatriote par les enquêteurs du procureur de Tokyo. Dans sa cellule, Carlos Ghosn, déjà démis de ses fonctions chez Nissan et Mitsubishi, pense-t-il aussi à ses entrevues avec Donald Trump, Vladimir Poutine et Xi Jinping, les maîtres de la planète ?

« SI VOUS Y RÉFLÉCHISSEZ, MÊME SA DÉCHÉANCE EST DÉMESURÉE. UNE TELLE CHUTE, C’EST INÉDIT »

Pour certains, derrière le visage froid de « l’hyper PDG aux yeux perçants de rapace », se cachaient également la force et la détermination d’un « cyborg ». Un homme augmenté, voilà, « Super Carlos » était un homme augmenté. Comment expliquer autrement son exceptionnelle résistance aux voyages incessants entre l’Europe et le Japon ? Un bureau à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le siège de Renault, et un autre à Yokohama, grand port au sud de Tokyo, où Nissan installa en 2009 son nouveau quartier général dans un bâtiment « comme un voilier naviguant sur un océan de possibilités infinies », avait osé le jour de l’inauguration, Shiro Nakamura, l’un des responsables du constructeur automobile. Au total, plus de 10 000 kilomètres à parcourir dans un Gulfstream G550, la Rolls-Royce des jets privés, dont l’immatriculation N155AN, raffinement ultime, pouvait se lire « NISSAN », du nom de son propriétaire.

Il est arrivé à Carlos Ghosn de tenir des conseils d’administration à bord de ce mini « Air Force One » estimé à plus de 50 millions de dollars (44 millions d’euros), équipé WiFi et téléphone satellite, où il passait près de cent nuits par an. Et quand N155AN s’était posé, le « citoyen du monde », comme il aimait se définir, s’engouffrait dans la voiture avec chauffeur qui l’attendait et fonçait en réunion malgré la fatigue liée au décalage horaire. Cyborg, à n’en pas douter. « Si vous y réfléchissez, même sa déchéance est démesurée, soutient un habitué de l’Elysée. Son avion, parti du Liban, atterrit sur le tarmac de l’aéroport international de Tokyo, la porte s’ouvre et Carlos Ghosn passe du Capitole où les Romains honoraient Jupiter, à la roche tarpéienne d’où ils précipitaient les condamnés à mort. Une telle chute, c’est inédit. »

Un besoin de paraître

Ce destin stoppé net suscite mille questionnements. Complot ? Revanche nippone ? Plus simplement, Carlos Ghosn souffrirait-il d’extrême fatuité, syndrome fatal à tant d’autres patrons avant lui, à l’instar de Jean-Marie Messier, l’ancien PDG de Vivendi ? Le parquet japonais l’accuse officiellement d’avoir « conspiré pour minimiser sa rétribution entre juin 2011 et juin 2015 », faisant état de 4,9 milliards de yens (38 millions d’euros) alors qu’il en avait gagné le double. Déclarer moins pour toucher plus. Comment l’imaginer à ces niveaux de rémunération ? En 2016, l’architecte de l’Alliance avait émargé à 15,4 millions d’euros, certes la norme aux Etats-Unis, où son homologue de General Motors a empoché, la même année, plus de 22 millions de dollars (19,4 millions d’euros), mais pas en France ni au Japon.

« Des Ronaldo et des Messi qui gagnent des fortunes, on accepte, mais pas dans les entreprises », se défendait régulièrement le dirigeant aux trois passeports, brésilien, libanais et français, toujours prêt à se présenter comme un bâtisseur d’empire. « Ah mais oui, il a fait le job, ça c’est sûr », reconnaît l’ancien ministre de l’économie Arnaud Montebourg. « C’était un manager peu ordinaire, poursuit-il. J’ai eu de sévères désaccords avec lui, notamment sur son salaire, mais sa mégalomanie, si elle est avérée, aura permis de faire aujourd’hui de Renault-Nissan-Mitsubishi le premier constructeur automobile mondial », désormais au coude-à-coude avec Volkswagen et Toyota.

Mais où est la faille ?, s’interrogent ceux qui ont bien connu l’industriel. « Je suis stupéfaite de ce qui arrive. Carlos Ghosn ne peut pas être cupide à ce point, ça ne lui ressemble pas », confie Aude de Thuin, 68 ans, fondatrice du Women’s Forum, le Davos des femmes, qui l’a reçu à plusieurs reprises. Renault sponsorisait l’événement de Deauville. « Père de trois filles et d’un garçon, il venait encourager la diversité dans les conseils d’administration. C’est vrai qu’il était fêté, honoré et craint. Est-ce qu’il aurait pété un câble ? Je ne peux l’imaginer… »

Pourtant, il existe derrière le visage austère de l’homme à l’emploi du temps minuté, un besoin de paraître de plus en plus flagrant au fil du temps. Louis Schweitzer, le discret patron de Renault qui l’a recruté en 1996 et lui avait demandé de prendre la nationalité française, s’en inquiète dès l’été 2000 quand Paris Match publie le 6 juillet un reportage sur « le shogun français qui ressuscite Nissan ». Il serait aussi célèbre à Tokyo qu’Alain Delon ou Sophie Marceau, à en croire le magazine. Le businessman de 46 ans pose en famille, avec sa première femme Rita, à la table du petit-déjeuner dans son duplex « d’expatrié de luxe, avec gouvernante à domicile ». « Je ne suis pas un extraterrestre mais un multiterrestre », ironise l’Occidental amoureux de combats de sumos comme l’était Jacques Chirac.

« L’histoire de Versailles »

Le 26 novembre 2005, six mois après sa nomination à la tête de la firme au losange, le « patron pressé » danse en smoking noir avec sa fille Nadine, 16 ans, au 15e bal des débutantes donné à l’hôtel Crillon, place de la Concorde. Grâce à L’Express qui titre « Renault : Ghosn donne la cadence », on apprend que la robe noire de l’intronisée vient de chez Didier Ludot, un passionné de mode ancienne. Kim Kardashian et les Chinoises bien nées raffolent de son magasin véritable temple du vintage au cœur du quartier parisien du Palais-Royal. Un an plus tard, c’est au tour de Caroline, 19 ans, l’aînée de la famille, de fêter son entrée dans le grand monde. Arborant un fourreau de taffetas noir signé du couturier libanais Elie Saab, la jeune fille valse, elle aussi, sur le parquet du Crillon, raconte Paris Match. « Mon père aime la mode. J’adore faire les boutiques avec lui. Je m’amuse à l’habiller », avoue-t-elle, assise sur les genoux de son papa tout sourire dont les costumes sur-mesure viennent de chez Louis Vuitton, on l’apprendra par la suite.

« NOUS VOULIONS QUE NOS AMIS SE SENTENT COMME S’ILS AVAIENT ÉTÉ REÇUS CHEZ NOUS – RIEN DE TROP ÉLABORÉ. » EN EFFET : VERRES EN CRISTAL, ASSIETTES EN PORCELAINE ET ACTEURS EN COSTUME D’ÉPOQUE

« Il n’y a rien d’exceptionnel à emmener ses enfants au bal des débutants, beaucoup de grands patrons l’ont fait, assure l’un d’eux. Mais là où ça a dérapé, c’est l’histoire de Versailles. Notre homme s’est transformé en bourgeois gentilhomme. » La comédie de Molière avait été représentée à la cour de Louis XIV. Carlos Ghosn et sa nouvelle épouse, Carole Nahas, sont plutôt fascinés par Louis XVI. Le Marie-Antoinette de Sofia Coppola est un de leurs films cultes. A l’automne 2016, quelques mois après leur union civile dans le 16e arrondissement de Paris, les mariés invitent leurs proches à célébrer l’événement ainsi que les 50 ans de Carole, au Grand Trianon de Versailles. Interrogée par le mensuel américain Town & Country, observateur prolixe de la jet-set, Carole s’épanche : « Nous voulions que nos amis se sentent comme s’ils avaient été reçus chez nous – rien de trop élaboré. » En effet : verres en cristal Saint-Louis, assiettes en porcelaine et, cerise sur la perruque, des acteurs en costume d’époque.

La mise en scène est royale. Les 120 convives n’en croient pas leurs yeux. Le PDG de Renault-Nissan a de nouveau revêtu un smoking noir. Sur les clichés réalisés par un ami photographe et qui n’auraient pas dû circuler – des procès sont en cours –, il rayonne. Lui aussi se confie au reporter de Town & Country : « Quand vous invitez des gens à une fête, ils répondent “peut-être”. Mais quand vous les conviez à Versailles, ils viennent ». Cynisme ? Hubris ? Les grands narcissiques s’imaginent au-dessus des lois. Selon la presse japonaise, l’addition versaillaise aurait été réglée par Nissan, un abus de bien social si tel était le cas. L’entreprise aurait aussi contribué à l’achat des plus somptueuses résidences de son ex-dirigeant comme celle de Beyrouth où Carlos Ghosn résidait dans le quartier d’Achrafieh, fief de la haute bourgeoisie chrétienne.

Du Liban à Versailles, voilà le vrai chemin parcouru par le globe-trotteur de l’automobile, dont le nom, en arabe, veut dire « petite branche ». Et cet itinéraire personnel ne s’explique pas seulement par les folies d’un homme d’argent qui disposait de sa propre maquilleuse afin de cacher les imperfections d’un visage presque masque de cire. Le roman de sa vie, tel qu’il le raconte à la première personne dans une autobiographie intitulée « What drives Carlos Ghosn » et publiée sur le site du quotidien économique japonais Nihon Keizai – propriétaire du Financial Times –, donne une autre clé pour comprendre ce qui, en effet, l’anime.

Le modèle du grand-père, parti de rien

Entre les lignes, une image revient sans cesse, celle de Bichara Ghosn, son grand-père paternel, le véritable héros de la famille. Au début des années 1900, tout juste âgé de 13 ans, l’adolescent quasi illettré descend de son village du mont Liban, terre des chrétiens maronites, et marche jusqu’au port de Beyrouth où il s’embarque pour le Brésil, une valise de vêtements pour toute fortune. A l’époque, le Liban, encore marqué par les massacres de 1860 entre druzes et chrétiens et miné par une extrême pauvreté, fait partie de l’Empire ottoman. Quand le cargo s’amarre à Rio, après trois mois de traversée, l’immigrant devient le « turcos », surnom que les Sud-Américains donnent alors aux membres de la diaspora proche-orientale. Les Palestiniens, très nombreux au Chili, ont reçu le même sobriquet.

BICHARA GHOSN DÉBUTE DANS LE COMMERCE DES PRODUITS AGRICOLES ET DEVIENT L’UN DES AGENTS DU TRANSPORT AÉRIEN BRÉSILIEN EN PLEINE EXPANSION. EN CLAIR, IL RÉUSSIT

Bichara Ghosn ne parle qu’une langue, l’arabe. Son âme d’aventurier le guide aux confins du Brésil et de la Bolivie, en pleine forêt amazonienne, près de Sao Miguel do Guaporé. Il pose sa valise à Porto Velho qui deviendra, plus tard, la capitale de l’Etat du Rondonia. De petit boulot en petit boulot, le jeune Libanais prend confiance et se transforme en entrepreneur. Il débute dans le commerce des produits agricoles, y adjoint celui du caoutchouc et devient l’un des agents du transport aérien brésilien en pleine expansion. En clair, il réussit. Dès lors tout s’enchaîne : mariage avec une compatriote rencontrée lors de l’un de ses retours à Beyrouth, naissance de huit enfants dont Jorge, le futur père de Carlos.

Au Brésil, le « Museu de gente de Rondonia », un musée virtuel consacré aux gens de Rondonia, honore la lignée familiale avec en tête d’affiche, bien sûr, le célèbre petit-fils de Bichara Ghosn, qui voit le jour à Porto Velho en 1954. Des photos du patron automobile côtoient ainsi celles du maréchal Candido Rondon (1865-1958), explorateur et protecteur des indigènes, l’une des grandes figures de la patrie.

Si Carlos Ghosn affirme « se sentir brésilien quand il est au Brésil » où résident encore aujourd’hui deux de ses sœurs et sa mère Rose, dite « Zetta », 86 ans, l’aventure sud-américaine s’arrête pour lui tout petit. Il tombe malade à l’âge de deux ans. Contre toutes les règles sanitaires préconisées dans ces contrées tropicales infestées de moustiques, l’une des employées de maison lui a fait boire de l’eau non bouillie. Après un séjour de quatre années à Rio où la guérison tarde, Zetta et ses deux premiers enfants rejoignent le Liban en 1960. Jorge, le père, qui a hérité de l’activité aérienne familiale à la mort du « turcos », reste sur place et fait la navette entre Porto Velho et Beyrouth.

Le fantôme du père

Dans son autobiographie, Carlos Ghosn banalise cette séparation, « un schéma classique » au sein des diasporas, selon lui. Pas si simple, en réalité. Au fil des pages et des années, Jorge disparaît des écrans radar comme effacé des mémoires. A la statue du grand-père succède donc celle de sa mère, elle aussi libanaise et francophile convaincue. Le Monde a tenté de retrouver la trace de Jorge Ghosn. Sans succès. Au Brésil, où les archives restent silencieuses, on rappelle que diriger des affaires au temps de la dictature (1964-1985) était périlleux. A Beyrouth et à Paris, des rumeurs invérifiables évoquent une possible faillite. Ce père fantôme ou plutôt ce fantôme du père diraient les psychanalystes, a-t-il pesé sur le déroulement de la carrière de Carlos Ghosn, qui s’est obstinément identifié à Bichara, un pionnier et un conquérant plutôt qu’à Jorge, l’invisible, l’exemple à ne pas suivre ? Ne voulait-il pas redonner aux siens une splendeur perdue, lui qui détestait tant l’échec ? « Je me rappelle en tout cas sa fascination pour les François Pinault, Bernard Arnault, ou Vincent Bolloré, des entrepreneurs qui, disait-il, font ce qu’ils veulent avec leur argent », témoigne un inspecteur des finances.

Se prend-il de passion pour l’industrie automobile parce qu’il devine pouvoir y atteindre de nouveaux horizons comme son fier grand-père ? Fort probable. La mécanique ne semblait pas le fasciner quand il était jeune, au contraire de la littérature et des langues vivantes. Chez les Jésuites du collège Notre-Dame de Jamhour, à Beyrouth, l’élève Ghosn, doué mais trop dissipé, respecte profondément son professeur de français, le Père de Lagrevole, féru des fables de La Fontaine. Il découvre dans cet établissement une discipline quasi militaire et se nourrit d’une compétition qui lui plaît, comme au Risk, son jeu de stratégie préféré. Quand le jeune homme polyglotte intègre à 17 ans les classes prépa du très sélect lycée Saint-Louis à Paris, il s’imagine bientôt à HEC, parfait tremplin pour jouer des coudes dans une banque internationale. L’industrie ne le fascine pas vraiment. Mais ses notes excellentes en maths le dirigent vers Polytechnique puis l’Ecole des Mines. Peu importe HEC ou l’X, se souvient aujourd’hui l’un de ses condisciples, « Carlos voulait se placer dans la société. Il s’entourait de fils de patrons et claquait beaucoup d’argent au flipper. »

L’entrée dans le petit cercle de l’élite du business exigera un peu de patience. Si le joyeux drille du Quartier latin accepte d’aller se morfondre à Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, pour intégrer Michelin en 1978, c’est que le fabricant de pneus, intéressé par ses origines brésiliennes, lui a fait miroiter un poste à Rio où l’entreprise entend se développer. Le nouvel embauché attendra sept ans avant de rejoindre la terre promise. Quelle métamorphose entre le Carlos Ghosn de 1981 assis, le buste bien droit, derrière son bureau en formica de directeur de l’usine Michelin du Puy-en-Velay et celui qui accueille ses hôtes au Grand Trianon à l’automne 2016 ou monte les marches au Festival de Cannes qu’il fréquente avec gourmandise !

Le « dauphin » et sa cour

Après le Brésil, Michelin le mute aux Etats-Unis pour mener la fusion avec Uniroyal Goodrich tout juste racheté par la firme auvergnate. Le cadre y parviendra en brisant le monopole des syndicats américains. Cette audace lui vaudra l’étiquette de « cost-cutter » (le coupeur de coûts) à jamais accrochée à son smoking. Proche de François Michelin, patron et patriarche du groupe, l’expatrié attend son heure. Elle ne viendra pas. Le roi du pneu désire introniser Edouard, son plus jeune fils qu’il envoie outre-Atlantique pour que Carlos Ghosn lui apprenne les ficelles du job.

« Je n’avais pas le bon nom », lâche-t-il, amer, dans son autobiographie. Car son ambition, il ne le cache pas, est le « very top », grand-père oblige. Il se refuse à être le Poulidor de l’industrie. Un soir d’avril 1996, un ancien de Polytechnique qui dirige un cabinet international de « chasse » de têtes, le sollicite aux Etats-Unis. « La construction automobile, ça t’intéresse ? » lui demande-t-il au restaurant où il l’a invité à dîner. « Oui, pourquoi pas ? », sourit-il. « Louis Schweitzer cherche un dauphin », finit-il par lui dévoiler. « Dauphin », le mot fait tilt, l’ascension est donc possible.

Dès lors, afin d’éviter une nouvelle mésaventure comme celle de Michelin à qui il a donné dix-huit ans de sa vie, le prétendant s’entoure de fidèles, des béni-oui-oui, « une cour avec un protocole digne du roi du Maroc » décrit un ancien de Renault. Assez rapidement, la « Ghosnmania » naît et se répand. Le héraut de la voiture électrique, « le visionnaire » qui définit des objectifs chiffrés et s’y tient, grimpe vite dans les organigrammes. En 2001, il est nommé PDG de Nissan, huit ans plus tard, il prend les pleins pouvoirs chez Renault et, en 2016, devient le président de Mitsubishi. Aucun doute, il est la clé de voûte de l’Alliance.

Mais certains évoquent un management par la peur : « Lors de ses visites à un centre de recherche, il était fréquent de voir un de ses inféodés brandir un micro pour enregistrer les échanges entre lui et ses ingénieurs, relate un haut cadre de Boulogne-Billancourt. La méthode avait une double fonction : ne pas faire dire au président ce qu’il n’avait pas dit et laisser planer une vague menace sur toute prise de parole. Ambiance glaciale garantie. »

L’affaire des « faux espions »

Depuis son arrestation, la parole se libère et raconte surtout la volonté du patron de garder ou d’étendre son pouvoir à tout prix. Ainsi, de cet épisode connu de quelques initiés. En 2008, en pleine crise financière, Carlos Ghosn est convoqué à l’Elysée par Nicolas Sarkozy, avec lequel les relations sont déjà exécrables. Le président de la République aurait appris que le patron de l’Alliance avait l’intention, sous prétexte de trouver des liquidités, de faire passer la participation de Renault dans Nissan de 43,4 % à moins de 40 %. En apparence, rien de très méchant. Sauf que cette manœuvre aurait permis à la firme japonaise actionnaire de Renault à 15 %, de récupérer ses droits de vote au conseil d’administration de Boulogne-Billancourt, comme le stipulent les accords croisés. Carlos Ghosn y aurait alors eu autant de voix que l’Etat, dont il ne supporte pas la tutelle. Entre les deux protagonistes, l’explication aurait été vive, paraît-il.

A force de vouloir tout contrôler, Carlos Ghosn a failli chuter en 2011 dans l’affaire des « faux espions ». Trois cadres de Renault ont été injustement accusés par un enquêteur du service de sécurité du constructeur d’avoir vendu à la concurrence des secrets sur les batteries électriques. Mais au 20 heures de TF1, le 23 janvier, le PDG annonce « avoir des certitudes » concernant la trahison de ses employés.

Moins de deux mois plus tard, de retour face à la journaliste Claire Chazal, il est obligé de reconnaître que « les accusations ne reposaient sur aucun fait ». Le gouvernement réclame des têtes. Carlos Ghosn sacrifie son numéro 2 Patrick Pélata, le seul à le tutoyer. « Il échappe lui-même à la sanction pour une seule raison : la catastrophe nucléaire de Fukushima, certifie un témoin de l’époque. Paris n’a pas voulu démettre le PDG de Nissan alors que l’usine du constructeur avait été sévèrement touchée à Iwaki, non loin des côtes où le tsunami avait déferlé. » La balle est passée près. Mais aujourd’hui dans sa cellule, à qui pense donc Carlos Ghosn ? A son grand-père ou à son père ?

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6 décembre 2018

Le gilet jaune Éric Drouet appelle à investir l'Elysée samedi

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La lettre politique de Laurent Joffrin

Le vaisseau fantôme de la macronie

Telle une coque de noix ballottée par les vagues, le gouvernement tangue et roule dans la tempête. Après avoir clamé partout qu’il «maintenait le cap», il a abandonné soudain ses projets de hausse des taxes sur les carburants. Libération le raconte ce matin : le «moratoire» annoncé hier figurait déjà dans le texte du discours présidentiel de la semaine dernière. Il a été biffé au dernier moment, sans doute par crainte de mettre à mal le budget 2019. Erreur, selon toutes probabilités : annoncé une semaine plus tard, le même recul concédé trop tardivement n’éteint pas la contestation. Avec un président muet, un Premier ministre semi-zombiesque, des députés amateurs qui chancellent sous les coups, l’équipe macronienne a tout du vaisseau fantôme.

L’hésitation est révélatrice. Le gouvernement se retrouve devant le dilemme classique de tout pouvoir confronté à un vaste mouvement social (classique ne veut pas dire facile à résoudre). Tenir ? C’est courir le risque de nouvelles manifestations et des violences qui peuvent les accompagner, c’est encourager une extension du mouvement. Les gilets jaunes veulent continuer. Les syndicats de routiers se joignent au mouvement, ceux la fonction publique annoncent une grève reconductible, les blocages de lycées se multiplient

Céder encore ? C’est sacrifier plusieurs milliards supplémentaires, risquer sortir des clous européens, mécontenter le patronat par une augmentation du smic, et, surtout, rentrer dans rang des gouvernements humiliés par la bronca sociale, Chirac 1986, Juppé 1995, Villepin 2016, etc. Une bande de «fainéants» qui ne réforment pas par peur de l’opinion, comme dirait Macron. Sans être sûr, pour autant, que le mouvement s’arrêtera.

On ne voit guère, aujourd’hui, comment le gouvernement évitera des concessions de pouvoir d’achat. Les manifestants se battent depuis trois semaines, confortés par la solidarité qui se noue entre eux, toujours soutenus par l’opinion malgré les violences de samedi dernier. Comment délégitimer des Français aux maigres revenus qui demandent une rallonge leur permettant de faire face à des fins de mois difficiles ? Avec une difficulté supplémentaire : ce mouvement spontané formule des exigences que tout le monde comprend, mais ne parvient pas à s’organiser un tant soit peu pour participer à une négociation sérieuse. Ambiguïtés de ces gilets jaunes dont les revendications sociales sont convaincantes mais dont la défiance envers toute représentation confine au nihilisme politique. Mouvement égalitaire, progressiste dans sa face sociale, mais tirant vers un poujadisme très «ancien monde» dans sa détestation de la classe politique (renaissance du vieux «tous pourris»…) et dans son allergie paranoïaque dès qu’il s’agit de discuter (voir les menaces de mort qui frappent tous ceux des gilets jaunes qui font mine d’engager le dialogue), sur fond de complotisme larvé et de «fake news» complaisamment répandues (Macron «prépare la guerre», l’ONU dans une réunion à Marrakech prévoit de rendre l’immigration obligatoire, etc.).

Bientôt l’évidence s’imposera : le Président qui pour l’instant rase les murs devra bien monter en première ligne pour proposer une solution à la crise. Quand on est la cible principale, on ne peut pas rester immobile.

LAURENT JOFFRIN

5 décembre 2018

Upside

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