Racheté par le Département du Morbihan en 1972 et classé au titre des Monuments historiques en 1988, le Domaine de Kerguéhennec est situé sur la commune de Bignan, à 30 km au nord de Vannes. Le château a été construit au XVIIIe siècle et remanié à la fin du XIXe siècle. Le parc paysager a été élaboré par Denis Bühler. A partir de 1986, un parc de sculptures ainsi qu'un centre d'art voient le jour. Le Domaine présente donc une offre riche et variée aussi bien d'un point de vue architectural que paysager et artistique. Le Domaine s'étendait sur plus de 2 000 ha en 1847, sous les Janzé, ancêtres du comte Lanjuinais. Il en compte 175 aujourd'hui. Selon les sources, le lieu aurait connu trois constructions différentes et une restauration conséquente au XIXe siècle. Ainsi, de 1476 à 1972, la propriété va passer entre les mains de plusieurs familles dont deux ont eu une influence considérable sur le château et son parc ; les Hogguer et les Lanjuinais.
En 1703, le Domaine est acheté par de riches banquiers suisses résidant à Paris, Daniel et Laurent Hogguer. En 1710, sur les vestiges d'un ancien manoir, les Hogguer érigent un château, symbole de leur réussite et de leur fortune. Pour cela, ils font appel à Olivier Delourme, architecte vannetais, auteur notamment du château de Loyat, près de Ploërmel, et de l’église Saint-Patem à Vannes. La réalisation de Delourme se compose d'un corps de logis encadré de deux pavillons d'angle respectant parfaitement les contraintes de symétrie et de rigueur voulues par l'Académie Royale d'Architecture de Louis XIV. On note enfin une recherche de confort, d'intimité, ainsi qu'un certain goût pour la lumière grâce à la fragmentation intérieure des espaces. Le comte Lanjuinais fait l'acquisition du domaine en 1872. Cet avocat est également une personnalité politique de premier plan, tant au niveau régional que national. Il est maire de Bignan puis président du Conseil général du Morbihan en 1901, mais aussi député royaliste à l'Assemblée nationale à compter de 1881. Paul-Henri Lanjuinais concrétise le projet de transformer le parc et le château en un domaine de prestige mêlant, sans crainte du paradoxe, vision autarcique et volonté d'ouverture. Sous la direction de l'architecte parisien Ernest Trilhe, d'importants travaux sont entrepris aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du bâtiment Delourme.
Après le rachat du Domaine par le Département du Morbihan en 1972. la restauration du château débute en 1997 par les extérieurs et plus précisément par les façades et les toitures. La restauration intérieure du château n'est amorcée qu'à partir de 2001, offrant aujourd'hui, au rez-de chaussée, un décor de style néo-Renaissance de la fin du XIXe siècle. Le parti pris a été de conserver en l'état le décor et la distribution de l'édifice avec le confort moderne et l'accessibilité pour tous. Les travaux de restauration sont achevés en 2006 et, dès l'année suivante. le château est ouvert au public.
Roland Cognet - 2014-Bois, acier
Dépôt de ('artiste depuis 2014
Dans sa sculpture, Roland Cognet catalyse les quatre essences fondamentales : le minéral, le végétal, l'animal et l'humain.
Couché et posé sur un socle monumental, le tronc fait jonction avec ('architecture dans une étonnante proximité de couleur et de graphisme. D'élément naturel, l'arbre devient sujet dans l'œuvre puis objet-mémoire s'inscrivant dans une histoire : son histoire et cette des hommes qui le contemple.
Nicolas Fedorenko - 2014 - Fonte d'acier, feuille d'or
Dépôt de l'artiste depuis 2015
Nicolas Fedorenko développe un univers artistique aux références multiples, qu'il puise aussi bien dans l'histoire de l'art et la littérature que dans les arts populaires et l'industrie culturelle.
Faisant fi des catégories et de leur hiérarchie, il mêle les références classiques aux icônes naïves de l'enfance - oursons, lapins, poupons - dans des combinaisons de formes où l'humour le dispute à la rêverie. Paysage spirituel est l'aboutissement d'une réflexion sur le thème de la montagne, à la fois éternelle et soumise à d'incessantes mutations physiques. Cette sculpture aborde la question du paysage dans sa dimension poétique et onirique.
Carel Visser - 1989 - Métal découpé et soudé, peinture
Acquis par commande à l'artiste en 1989
Coll. Centre national des arts plastiques
Carel Visser a assemble différents éléments d'acier qui constituent ce qu'il a nommé L'Oiseau Phénix. Cet animal est étrange et mécanique. La récupération d'une goulotte de moissonneuse ou d'un chariot renvoie aux machines agricoles.
Cet assemblage de métal est mis en regard du château et du parc. Le domaine lie dans son histoire et dans le paysage, les espaces architecturaux et les espaces agricoles. L’œuvre réinterroge ces relations à l’aune des technologies de l’agriculture du XXème siècle, par un « dialogue des cultures .. la culture des terres, la culture des esprits ».
Simon Augade - 2016 - bois de charpente, bois de récupération, clous, vis, peinture
Dépôt de l'artiste depuis 2016
Pans et portes de meubles, issus de nos intérieurs et mis au rebut, s'accumulent telles des écailles. "Ce sont des agglomérés, dont on ne peut reconnaître les essences de bois, amalgamées de colles néfastes pour l'environnement. Il y a toujours un revêtement qui cache. Notre société conçoit des matériaux pratiques pour un usage relativement court, qui ne sont ni bricolables, ni réparables et dissimulent la réalité du cœur des choses". De la construction ondulatoire, un cube blanc semble émerger et pénétrer.
Effondrement ou ascension? Soulèvement soulève et "sous-lève". Sous ce qui se lève, nefs et alcôves révèlent l'envers du décor. Bastaings, poutres, chevrons partent en tous sens et révèlent le travail du sculpteur pour qui "l'expérience et le dialogue avec les matières font la sculpture. Rien n-est droit, cela questionne. On doute quant à la tenue de l'ensemble. Le doute permet de construire en évitant de figer les choses."
Jean Pierre Raynaud - 1986-Pots et béton peints
Achat par commande à l'artiste en 1986
Coll. Frac Bretagne
Jean-Pierre Raynaud a choisi la serre, lieu de confrontation entre la matière vivante et la matière inerte. Les pots de fleurs utilisés sont empruntés au réel mais détournés de leur fonction première ; l'artiste les a remplis de béton, rompant avec les représentations d'une nature idéalisée. La couleur rouge renforce cet effet de contraste. L'installation questionne et interpelle sur la mort inévitable de tout être vivant. Dans cette serre, rien ne pousse, rien ne vit... Mais rien ne meurt non plus. Comme une nature morte au premier abord, qui n'en est finalement pas une, puisqu'il aurait fallu qu'elle vive auparavant pour pouvoir mourir. "A l'école d'horticulture, on m'a appris à soigner les fleurs, mais pas à les empêcher de mourir. Je décidais d’éviter de nouvelles victimes en remplissant les pots de fleurs avec du ciment"
Marcel Dupertuis - 2013-Bronze patiné
Dépôt de l'artiste depuis 2013
Si les sculptures de Marcel Dupertuis sont réduites jusqu'à la ligne, la matière n'en est pas éliminée pour autant. Celle-ci reste bien présente, entre allégement et pesanteur, et dans une tension que vient redoubler le matériau choisi par l'artiste : le bronze, traditionnellement utilisé en sculpture mais réputé pour sa robustesse et sa densité plus que pour sa légèreté. Marcel
Dupertuis propose ainsi un jeu sur les apparences et sur propriétés physiques des matériaux qu'il travaille, passant par le procédé complexe et classique de la fonte pour obtenir ces sculptures aériennes. La linéarité se fait circulaire, articulée par des « nœuds » et déposée légèrement au-dessus du sol. Elle se relève comme une invitation à la pénétrer, à pénétrer la Clairière.
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Le Parc de Kerguéhennec
Initialement, le parc est conçu dans l'esprit d'un jardin à la française. La perspective de l'allée cavalière et la géométrie de la cour d'honneur au sud du château en témoignent.
A la fin du XIXe siècle, le parc est considérablement remodelé sous l’influence de Denis Bühler (créateur, avec son frère, du parc de la Tête d'or à Lyon et des jardins du Thabor à Rennes).
L'intervention concerne essentiellement le parc Nord où plusieurs modifications sont apportées. Les lignes amples et sinueuses remplacent alors les allées rectilignes à la française, créant ainsi un nouveau cheminement, plus romantique. Le château n'est plus découvert de front et dès l’entrée, il faut désormais un lent cheminement pour mieux s'imprégner de l'esprit du parc. Une dualité est lisible entre le parc Nord aux allées sinueuses et le parc Sud dont les allées rectilignes et perpendiculaires sont conservées.
La volonté du comte Lanjuinais fut aussi de faire du parc Nord un véritable arboretum mêlant les essences et les variétés des quatre coins du monde. On retrouve ainsi des plantations d'Asie, d'Amérique du Nord, d'Afrique mais également d'Europe. Celles-ci répondent aux plantations originelles du Domaine. L'arboretum mène le visiteur à arpenter non seulement le paysage naturel mais à emprunter les chemins de la connaissance. Au XIXe siècle, le savoir agit comme facteur de différenciation sociale entre ceux qui savent nommer les essences et les autres qui ne voient rien d'autre que des arbres.
Enfin, la création d'un potager est envisagée dès 1873, avec une serre ainsi qu'un grand bassin alimenté par la citerne octogonale de Cléhury. Paul-Henri Lanjuinais sollicite le jardinier Jarry pour en faire son jardinier en chef, qui est chargé des premières plantations du potager.