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Jours tranquilles à Paris

27 juin 2020

Pour elle, le confinement n’était pas une « vie ordinaire »

Adèle Van Reeth : « Pourquoi est-ce si difficile de rester chez soi ? C’est ça que la question du confinement a soulevé. »

Francesca Mantovani, Gallimard

Qu’est-ce qu’une vie ordinaire ?

L’ordinaire, tel que je le définis, c’est un rapport au monde, qu’on passe notre temps à fuir. L’ordinaire est toujours là, une espèce d’insolence du réel qui se rappelle à nous quand on n’est pas occupé par autre chose. Ça ne veut pas dire que nous sommes des êtres médiocres, mais des êtres qui sont profondément contraints par l’ordinaire. Si on arrive à transformer les contraintes en quelque chose de créatif, à créer quelque chose d’autre à partir de soi, alors peut-être qu’on avance, on se sent moins enfermé. Ça demande beaucoup de courage et de lucidité. Et on n’en est pas forcément capable tout le temps.

Vivre ailleurs ne suffit pas pour échapper à l’ordinaire ?

C’est une illusion de croire qu’on peut tout recommencer en changeant de conjoint, de travail ou d’adresse. On se retrouve avec les mêmes problèmes. On ne change que le cadre extérieur de notre vie, ce que j’appelle le quotidien. Le quotidien, on peut le changer. Je peux déménager, changer le chemin que j’emprunte pour aller au travail. Mais ce que j’appelle l’ordinaire, c’est ce qu’on ne pourra jamais changer. Je resterai un être vivant qui devra faire des choses qui sont absolument ordinaires et inévitables : manger, me brosser les dents, dormir. Et ça, on ne le changera pas.

« Difficile de rester chez soi »

Le confinement nous a-t-il réconciliés avec l’ordinaire ?

Pourquoi est-ce si difficile de rester chez soi ? C’est ça que la question du confinement a soulevé. Ce qui est sûr, c’est que le confinement nous a mis face à des aspects de notre vie qu’on ne voyait pas vraiment jusque-là. Mais je ne suis pas sûr que c’était une expérience bénéfique pour tout le monde, parce que c’est très difficile de rester chez soi sans les filtres qui nous séparent de ce que notre vie est vraiment faite.

Pourtant, bon nombre de personnes disent avoir plutôt bien vécu cette période…

Si certains s’en sont accommodés, tant mieux. Mais cela n’a été possible que parce qu’il y avait un caractère exceptionnel. Ce n’était pas ordinaire pour nous de rester chez nous. La situation a pu paraître savoureuse parce qu’on savait que ça n’allait pas durer. Mais si on nous avait annoncé qu’on allait finir nos jours comme ça, cela aurait été insoutenable.

Pourquoi êtes-vous tellement agacée par cette question si ordinaire : comment ça va ?

Si on la prend vraiment au sérieux cette question peut être troublante. C’est comme si on avait seulement deux options : ça va, oui ou non ? Bien souvent, dans l’existence, on est entre les deux. « Oui, mais c’est compliqué. » Ou « non, mais en fait si ». Il y a un stress qui surgit qui empêche une réponse toute faite. C’est ça qui m’intéresse, quand on ne peut pas proposer de réponses toutes faites. On se rend compte que la question veut dire autre chose que ce qu’on y entend d’habitude.

Vous n’aimez pas les jeux de société. Pour quelle raison ?

Le jeu de société peut paraître anodin, mais quand on regarde de près, c’est loin d’être ordinaire. Ce qui m’agace, c’est le passage obligé, quand ça devient une contrainte. On se doit de jouer un rôle qui nous est assigné par les autres. C’est assez enfermant parce que c’est déjà difficile d’être quelqu’un dans la vie, d’essayer de trouver son propre rôle, de s’affirmer soi-même, indépendamment des autres. C’est presque une entrave à la liberté.

Vous évoquez souvent Oblomov, un personnage de roman qui a choisi de passer sa vie dans un divan. Pourquoi cette fascination pour l’homme couché ?

J’adore ce texte. Je trouve très touchant ce personnage qui renonce à se lever, à vivre, à agir. Peut-être par paresse. Lui-même semble très lucide, il le dit dans le texte : je n’ai jamais senti le feu s’allumer en moi, je suis passé à côté de la vie. Je crois que c’est un sentiment qu’on partage tous et qu’on ne nomme pas forcément. Oblomov dit quelque chose d’essentiel de nous-mêmes qui est que, parfois, on ne coïncide pas avec sa propre vie, on ne voit rien qui nous encourage à agir et, plus on nous force à agir, moins on a envie de le faire.

Vous dites souvent que la philosophie n’est d’aucun secours. Pourquoi ?

Il y a un malentendu à propos de la philosophie, car je ne crois pas qu’elle soit utile, qu’elle aide à mieux vivre. Elle n’a pas une utilité au sens où la médecine peut m’aider à guérir d’une maladie ou me permettre de rester en vie. C’est plus dans la formulation des problèmes que dans l’apport de solutions que réside pour moi l’intérêt de la philosophie. Elle nous force à voir les choses telles qu’elles sont.

« Le goût de la discussion »

Pourquoi alors tant de philosophes ont-ils été consultés pendant la crise ?

On consulte beaucoup les philosophes aujourd’hui dans l’espoir qu’ils nous délivrent des réponses à toutes nos questions. Face à une situation inédite, après avoir parlé à l’économiste ou au médecin, on interroge quelqu’un qui est supposé avoir une vision transversale. Mais les philosophes ne sont pas des experts qui ont réponse à tout, ils sont spécialistes d’un domaine. Un philosophe peut commenter l’actualité, mais son avis ne sera pas plus légitime qu’un autre.

Vous êtes sortie de votre rôle en intervenant cette année dans l’émission de Laurent Ruquier,« On n’est pas couché ». Par goût de la polémique ?

On a fait appel à moi parce qu’on savait que j’avais plus le goût de la discussion que de la polémique. J’essaie de traiter des questions qui ne sont pas polémiques, mais qui suscitent une vraie discussion. C’est très intéressant de pouvoir discuter pendant une heure avec un invité. Ça me permet de continuer cet exercice de transmission que je fais sur France Culture.

Recueilli par Thierry RICHARD.

La vie ordinaire, par Adèle Van Reeth (Gallimard), 190 pages, 16 €.

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27 juin 2020

Boites à livres

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27 juin 2020

Liao Yiwu : "Vous, Occidentaux, quand comprendrez-vous à qui vous avez affaire ?"

Interview Mariana Grépinet

liao paris match

A Berlin, le 30 mai. Dans le jardin collectif de son petit immeuble.A Berlin, le 30 mai. 

Kasia Wandycz/Paris Match

C’est un dissident de la première heure. Il a vécu dans sa chair et dans son âme la dictature chinoise. Arrestations, harcèlement, quatre ans de prison avec tortures. A 62 ans, cet écrivain et poète exilé à Berlin, souvent comparé à Soljenitsyne, dresse un constat accablant du régime et de sa gestion de la crise sanitaire.

Il nous a donné rendez-vous en début d’après-midi, parce qu’il se lève tard. A 62 ans, Liao Yiwu, le plus célèbre dissident chinois, écrit la nuit, de 1 heure à 6 heures du matin. Et marche trois heures par jour dans les vastes parcs de Berlin. Son amie la sinologue Marie Holzman assure la traduction, car l’écrivain, fils d’un professeur de littérature persécuté pendant la Révolution culturelle, ne parle que chinois. Il est pourtant en exil à Berlin depuis neuf ans. Il y a rencontré Yang Lu, une jeune compatriote, artiste peintre. Ensemble, ils ont eu une fille, prénommée Shuyi, littéralement « la fourmi des livres ». Tout un symbole pour un homme qui a passé quatre ans en prison pour avoir écrit un poème dans lequel il racontait le massacre de la place Tiananmen. A sa sortie, en 1994, ses manuscrits lui sont confisqués, et pendant des années il enchaîne arrestations, interrogatoires, enfermements, avant de fuir son pays natal.

Les dictatures passent et les œuvres littéraires témoignent de ce qui est arrivé

Pendant la crise sanitaire du Covid-19, confiné dans son appartement en rez-de-chaussée dans l’Ouest berlinois, il a beaucoup cuisiné. Et, surtout, il a suivi l’évolution de la situation dans l’empire du Milieu, connecté à ses amis et à ses contacts sur place. Son rôle ? « Consigner ce qui se passe. Une fois que les dictatures disparaissent, les œuvres littéraires restent et témoignent de ce qui est arrivé », dit-il. Via Skype, pendant presque deux heures, il nous répond avec patience, le visage imperturbable, la voix posée. Il est précis, percutant et ne mâche pas ses mots. Sauf lorsqu’il s’agit d’évoquer sa fille aînée, Miao Miao, née quand il était en prison et qu’il n’a jamais connue. Alors seulement, Liao Yiwu se tait et baisse les yeux.

Paris Match. Les autorités chinoises viennent d’imposer à Hongkong une nouvelle loi sur la sécurité, jugée liberticide par les militants pro-démocratie. Quel est l’objectif du gouvernement ?

Liao Yiwu. Pour la Chine, récupérer Hongkong est depuis toujours une évidence. Sinon officiellement, du moins dans les faits. Mais son intention était d’abord de signer l’accord commercial avec les Etats-Unis. Cela a été fait le 15 janvier. Puis le virus a tout figé pendant six mois. Maintenant, les Chinois veulent reprendre là où ils s’étaient arrêtés. Ils veulent transformer Hongkong à leur image. Les Etats-Unis, eux, multiplient les gestes de défiance. Entre les deux pays, c’est une nouvelle guerre froide. Malgré tout, Hongkong reste le grand sacrifié. Pourtant, il ne faut pas perdre de vue que l’avenir du monde est aussi lié à son destin.

Ce virus de Wuhan, c’est notre Tchernobyl

En cherchant à passer en force, la Chine ne risque-t-elle pas de s’attirer les foudres de tous les pays ?

Le schéma est répétitif. Regardez au moment de Tiananmen : le gouvernement chinois n’a reculé devant rien pour massacrer les étudiants. Et ensuite, qu’a-t-il fait ? Il a prononcé des mensonges, formulé de la propagande, trompé ses interlocuteurs. Croyez-vous que cela va vraiment changer ? Le virus de Wuhan a fait des centaines de milliers de morts au sein des démocraties. Cependant, pensez-vous que tous ces pays ne sont pas désireux de nouer des liens commerciaux avec la Chine, de se remettre à lui vendre de la haute technologie ? Je ne suis pas croyant, mais j’ai l’impression que tous ces morts dans les pays libres sont une punition du ciel. Ce monde est un monde sans foi. Sa seule morale, c’est le commerce et l’économie. C’est pour cela que nous avons été punis. Ce virus de Wuhan, c’est notre Tchernobyl. Mais alors que ce drame a été relativement circonscrit, le Covid-19, lui, s’est répandu sur toute la planète.

D’après une étude de l’université de Southampton, publiée en mars 2020, si la Chine avait communiqué sur la maladie trois semaines plus tôt, le nombre de cas aurait pu être réduit de 95 %…

Le confinement de Wuhan a commencé le 23 janvier. Quelques jours après, plusieurs dizaines de villes chinoises, Pékin, Shanghai, etc. étaient confinées, les voyages intérieurs arrêtés… Mais pas les vols extérieurs. Des dizaines de milliers de Chinois et d’étrangers ont alors quitté le pays pour se rendre en Italie, en Allemagne, en France, aux Etats-Unis, dans une absence générale de prise de conscience. Le monde avait confiance en l’OMS qui répétait qu’il n’y avait pas de transmission du virus de l’homme à l’homme. Je pense que le gouvernement chinois avait une arrière-pensée. Permettre à tant de voyageurs de se rendre en Occident n’était pas un hasard…

Y a-t-il eu 400 000 morts, 4 millions de morts ? On ne le saura jamais.

Selon un site chinois, début avril, le nombre réel de victimes s’élèverait à 59 000 morts pour Wuhan et à 97 000 pour toute la Chine. Qui peut croire au bilan officiel de 4 600 morts ?

Il y a plusieurs éléments de réponse. D’abord, au début de l’épidémie, les décès n’ont pas été recensés à l’intérieur des hôpitaux, parce qu’il n’y avait pas de tests. Peut-être que les 4 600 morts annoncés sont les seuls morts qui ont été testés… Mais il y a eu aussi de très nombreux morts à la maison. Et dans ces cas-là, surtout dans les moments de crise, on emporte les cadavres, on les brûle et plus personne n’en parle. Nous, les Chinois, ce genre de phénomène ne nous surprend pas outre mesure : pendant la grande famine, de 1958 à 1961, nous savons maintenant qu’il y aurait eu entre 30 et 40 millions de personnes décédées, alors que les documents officiels évoquent seulement plusieurs centaines de milliers de morts. Alors, quand la Chine dit 4 000, il faut peut-être multiplier par 100, voire par 1 000. Y a-t-il eu 400 000 morts, 4 millions de morts ? On ne le saura jamais. Vous, les Occidentaux, vous tombez des nues à chaque fois. Ça m’énerve un peu. Quand comprendrez-vous à qui vous avez affaire ? Cette fois, des Américains, des Italiens, des Français sont morts aussi, alors ça va peut-être vous amener à réfléchir autrement…

Des dizaines de militants des droits humains, journalistes et avocats, ont été harcelés et arrêtés depuis le début de la crise. Le pouvoir a-t-il profité de l’épidémie pour étouffer les oppositions ?

Je voudrais évoquer le grand tremblement de terre du Sichuan, en 2008. A cette époque, j’étais encore en Chine. Le blogueur Tan Zuoren avait été arrêté et condamné à cinq ans de prison pour avoir osé contredire la version officielle. Mais de nombreux observateurs chinois et occidentaux avaient pu se rendre sur place. Pas cette fois. Et les rares journalistes citoyens, qui ont tenté de rapporter ce qu’ils avaient vu, ont été arrêtés. La répression a augmenté de façon spectaculaire. Le gouvernement chinois a maintenant la certitude qu’il peut tout faire. Et que ces associations qui défendent les droits de l’homme ne sont que des tigres sans dents. Elles peuvent crier, ça ne mène à rien.

A tout moment quelqu’un peut disparaître, sans que l’on puisse faire quoi que ce soit

Avez-vous des nouvelles des lanceurs d’alerte Chen Qiushi et Fang Bin, tous deux disparus ?

Il y a toutes sortes de façons de garder les gens “cachés”. Le système “ruanjin”, l’assignation à résidence, ou “shuanggui”, l’assignation en un lieu déterminé pour un temps déterminé… Ce qui est arrivé, en 2008, à Liu Xiaobo [intellectuel, dissident et Prix Nobel de la paix 2010]. Personne ne savait où il se trouvait. On a appris ensuite qu’il avait été trimballé d’une prison secrète à une autre – cela peut être un ancien hôtel ou un établissement toujours en activité, mais dans lequel un étage est réservé. Les familles restent dans l’incertitude pendant des semaines, des mois, voire des années. En Occident, on a du mal à imaginer le degré de terreur dans lequel bon nombre de Chinois sont plongés. A tout moment quelqu’un peut disparaître, sans que l’on puisse faire quoi que ce soit.

La récente condamnation de Chen Jieren, ancien salarié du “Quotidien du peuple” devenu blogueur, à quinze ans de prison pour “crime de provocation aux troubles” et pour avoir “attaqué et dénigré le parti et le gouvernement” est-elle un avertissement ?

Vous parlez d’une condamnation à quinze ans de prison… Il y a quelques années, quand on entendait que quelqu’un avait été condamné à cinq ans, on s’écriait : “Mais comment ? C’est incroyable !” Et juste après 1989, lorsque des gens prenaient deux ans, on s’exclamait aussi. Maintenant, vous me dites quinze ans comme vous me diriez trente ans, et plus personne ne réagit… Nous sommes tous complètement anesthésiés.

Que ce soit Macron, Merkel ou Trump, chacun se bat pour son petit intérêt. L’Histoire se souviendra de cette période de déclin

Que peuvent faire les Chinois ?

Le peuple chinois a déjà beaucoup fait. Il est descendu place Tiananmen en 1989 et s’est fait massacrer. Des avocats, des défenseurs des droits civiques ont été arrêtés par vagues entières. Des journalistes citoyens ont tenté de faire connaître la vérité. Et tous ces habitants enfermés à Wuhan ont eu le courage, au moment de la visite du vice-ministre de la Santé dans les rues de la ville, de crier à leurs fenêtres : “Tout ce qu’on vous dit est faux !” Lorsque Li Wenliang, ophtalmologiste à Wuhan, est décédé, les organes du parti, qui l’avaient d’abord accusé de “transmettre des rumeurs”, ont essayé de masquer ce drame. Mais plus de 100 millions de personnes ont posté des Tweet et pleuré la mort de ce pauvre médecin de 33 ans. Que voulez-vous de plus ? Il faut des messages clairs de l’Occident qui montrent que la démocratie continue à avoir un sens. En Grande-Bretagne, en France, en Amérique, il n’y a plus de Churchill, de de Gaulle ni de Roosevelt. Vous n’avez plus que des hommes d’affaires qui sont des courtisans. Que ce soit Macron, Merkel ou Trump, chacun se bat pour son petit intérêt. L’Histoire se souviendra de cette période de déclin.

Depuis vos années de prison, rien n’aurait changé…

C’est vrai sur le plan des droits de l’homme, mais, en trente ans, il y a eu d’énormes progrès dans les domaines scientifique et numérique. Grâce à Internet, on peut laver les cerveaux de tous les Ouïgours. Aujourd’hui, le niveau scientifique des Chinois est pratiquement équivalent à celui des Américains. Pour en arriver là, ils ont employé tous les moyens possibles. Ils ont fait de l’espionnage économique, industriel, scientifique, menant ce qu’ils appellent “une guerre tous azimuts”. La situation est beaucoup plus grave que ne l’annonçait Orwell dans “1984”. D’une certaine façon, je suis en train de réécrire ce que lui ou Soljenitsyne ont déjà écrit.

Le président Donald Trump affirme détenir des preuves d’une fuite du virus depuis le laboratoire P4 de Wuhan, contredisant ainsi les conclusions du renseignement américain…

Beaucoup de spécialistes ont dit que ce virus était apparu naturellement. Ils peuvent se tromper… Personnellement, je rassemble toutes les informations qui sortent sur ce laboratoire P4, parce que je veux m’en servir pour mon prochain livre. Le problème, c’est le patient numéro 1. On est encore en train d’essayer de comprendre comment il a été contaminé. Tant qu’il n’y aura pas une équipe internationale et indépendante de chercheurs pour se rendre à Wuhan, on ne le saura pas. C’est un secret qui ressemble à celui de la Cité interdite. Tant qu’on ne peut pas y entrer, on ne sait pas.

Xi Jinping est le pire dictateur que le monde moderne ait connu

Quel regard portez-vous sur le président Xi Jinping ?

Il a organisé la domination de son pays comme un gardien organise sa prison. Nous n’avons pas eu un tel dirigeant depuis Mao. N’importe quel homme ordinaire, qui observerait son comportement, ne trouverait qu’un seul qualificatif : il est fou. Il considère tous les citoyens chinois comme des suspects potentiels. Tout le monde doit lui obéir. Il est le pire dictateur que le monde moderne ait jamais connu.

Quels sont vos projets ?

J’en ai plusieurs. En France va sortir “La Chine d’en bas”, portraits de marginaux, mendiants et prostituées qui permettent de voir d’où vient la Chine d’aujourd’hui. Mon éditeur allemand, lui, vient d’acheter un nouveau livre qui est aussi à l’étude pour une version en anglais. Intitulé “Dix-huit prisonniers et deux fuyards”, il retrace le parcours des deux seuls survivants d’un groupe qui a fui la Chine pour se réfugier à Hongkong. Celui que j’ai rencontré aux Etats-Unis avait dû nager 40 kilomètres pour rejoindre les rives de l’ex-colonie britannique. Il avait écrit, avec d’autres, un guide de la fuite vers Hongkong. J’ai repris leurs conseils dans mon récit : la façon dont il faut s’entraîner physiquement, les cartes géographiques à posséder pour connaître les côtes, l’attitude à adopter vis-à-vis des chiens policiers. La technique consiste à jeter votre visage contre le sol, à le protéger avec les mains et à mettre vos fesses en l’air. Si vous vous faites mordre le derrière, ce n’est pas grave. Alors que si c’est la gorge, vous mourez. Devant les flics, c’est le contraire. Il faut rester debout et ne surtout pas courir. Lorsque l’un d’eux vous dit “ne bougez plus”, si vous bougez, il peut vous tuer. Ce livre est le dernier d’une trilogie sur les prisons chinoises qui comprend ma propre histoire, “Dans l’empire des ténèbres”, et un recueil de témoignages des “émeutiers” du 4 juin 1989, “Des balles et de l’opium”.

Après une fuite rocambolesque, en 2011, vous vivez en exil à Berlin. Avez-vous encore le mal du pays ?

Evidemment que le Sichuan me manque. La bonne cuisine, l’alcool, les amis… Mais je ne suis pas totalement défaitiste. Si puissant soit-il, un totalitarisme finit toujours par s’effondrer. Et à ce moment-là, bien sûr, je retournerai chez moi.

« La Chine d’en bas », de Liao Yiwu, éd. Globe.

Traduction du chinois : Marie Holzman

27 juin 2020

Anna Johansson

anna84

27 juin 2020

Pompéi au Grand Palais à partir du 1er juillet

Le Grand Palais pourra ouvrir ses portes le 1er juillet 2020 avec l'exposition Pompéi, nous vous attendons nombreux pour expérimenter une promenade immersive dans une rue pompéienne, découvrir les trésors archéologiques en provenance de Pompéi et vivre l’éruption du Vésuve !

Dès le 1er juillet, plongez dans un parcours immersif au cœur de Pompéi, du temps de sa splendeur et pendant la tragédie de sa destruction, par des projections 360° en très haute définition, des créations sonores et des reconstitutions en 3D des rues et habitations. Alliant technologies et archéologie, l’exposition raconte l’histoire fascinante de cette Cité et des (re)découvertes permises par les fouilles menées à toutes les époques, jusqu’à aujourd’hui.

Partageant les trésors et découvertes archéologiques les plus récentes, le Grand Palais vous propose une expérience d’un genre nouveau et donne à voir Pompéi sous ses nombreux visages.

Pompéi : la bande-annonce de l'exposition ci-dessous

Dans la situation sanitaire actuelle, nous sommes au regret d’annoncer que l’exposition Pompéi au Grand palais ne pourra pas ouvrir ses portes comme prévu le 25 mars 2020. La nouvelle date d’ouverture sera communiquée ultérieurement. Pompéi, comme vous ne l’avez jamais vu ! Cette exposition numérique immersive vous offre l’occasion unique de plonger au cœur de la cité antique pour y découvrir ses trésors et ses récentes découvertes. A travers des projections spectaculaires, des reconstitutions 3D et des œuvres issues des fouilles archéologiques, parcourez son histoire fascinante et revivez le quotidien de ses habitants au destin tragique. « Pompéi. Promenade immersive. Trésors archéologiques. Nouvelles découvertes ». La nouvelle date d’ouverture sera communiquée ultérieurement. Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais et Gedeon Programmes, en collaboration avec le Parc archéologique de Pompéi. Cette exposition bénéficie du soutien d’Aurel BGC et de la MAIF.

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27 juin 2020

Lajaunie...Lajaunie...

cachou

26 juin 2020

Vannes - Onze jardins éphémères en cours d’installation

Jardin des amoureux près des Valseuses, promenade des Anglais place Gambetta ou encore mini forêt urbaine devant l’hôtel de ville… Onze jardins éphémères fleurissent actuellement à Vannes.

Sur les 26 projets prévus pour cette sixième édition, onze Jardins éphémères voient le jour. Le confinement a eu raison des quinze autres. « On avait proposé comme thème le développement durable, explique Patrick Le Toquin, responsable du service des espaces verts. Ils seront en place début juillet, jusqu’à la fin octobre. Un flyer sera disponible en mairie et à l’office de tourisme pour en faire le tour ». Comme chaque année, paysagistes, pépiniéristes et artistes ont accepté de créer ces petits coins de verdure gratuitement, les services municipaux se chargeant de les entretenir. Pour la première fois, une association d’habitants, Fleurs de pavé, a réalisé un superbe projet, au cœur du quartier Nord-Gare.

Devant l’hôtel de ville, c’est le service des espaces verts qui a réalisé une « mini forêt urbaine », après la défaillance du projet prévu. Près des Valseuses, le jardin actuellement installé va être revisité par Maulavé Paysages pour le transformer en « jardin des amoureux ». Un espace sera prévu pour que les musiciens puissent venir y jouer.

Six créations au port

Le port sera l’épicentre de cette sixième édition, avec pas moins de six créations. La plus étonnante, réalisée par Ouest Concept Jardin, consistera en une voiture et une caravane, colorées et fleuries, flottant sur une plateforme, en face de Dédale. 3D Paysages réalisera une « promenade des Anglais à Vannes » sur l’îlot central, place Gambetta, avec des palmiers et autres essences littorales.

Le long de l’esplanade Simone Veil, le cocon de verdure réalisé par les pépiniéristes Le Meur est déjà en place, agrémenté de photos de Brigitte Delalande. Un autre havre de paix sera réalisé par l’entreprise damganaise David Paysage. Au niveau du Kiosque, c’est un jardin au naturel qui sera conçu par le paysagiste alréen Fenêtre sur cour. Et près de l’office de tourisme, des performances de danses auront lieu cet été autour de l’œuvre « Le bateau », sous la direction artistique de Claire Morin.

Autre réalisation mêlant art et nature dans le jardin des Bigotes, autour des sculptures en acier inox de Philippe Le Ray. Enfin, dans la cour Saint-Émilion, c’est un trône qui va être installé. Bref, le règne du végétal a encore de beaux jours devant lui, à Vannes !

26 juin 2020

Escales Photos est la manifestation culturelle qui expose de la photographie grand format sur 6 communes du morbihan

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Rendez-vous pour cette 7ème édition du 15 juin au 31 octobre.Présente à Locmariaquer, La Trinité-sur-Mer, Plouharnel, Le Palais, Houat et Hoëdic, Escales Photos raconte sous la forme de reportages photographiques accrochés à même les murs des maisons l'histoire, les richesses, les particularités de son territoire et de ses habitants.Depuis 5 ans de mi-juin à fin octobre, ce sont 20 reportages photographiques d'archive ou de commande qui ont été présentés en grand format. Des photographes bretons, français ou étrangers sont venus poser leur regard sur les réalités de ce bout de terre bordé par le golfe du Morbihan à l'est et la presqu'île de Quiberon à l'ouest.Tous les ans un circuit photographique est ainsi proposé aux touristes et aux habitants pour découvrir une facette de la région qu'il est souvent difficile d'approcher : la pêche évidemment dans tous ses métiers (les pêcheurs de pouce pieds à Belle-Île, les marins pêcheurs de Houat, la pêche côtière vue par un photographe pêcheur américain...), mais aussi la faune, la fragilité du littoral, des témoignages sur les métiers d'autrefois aujourd'hui disparus (les gardiens de phare) et l'ouverture vers l'ailleurs et l'autre qui partage bien souvent les mêmes préoccupations (regard croisé sur Houat et Madagascar ou sur le transport maritime à Manhattan et sur nos îles). Une belle place est faite tous les ans à la photographie d'autrefois avec des sujets emprunts d'humanisme poétique.Escales Photos vous ouvre les portes du Mor Braz, alors, bon voyage !infos pratiques :Tous les joursDans les ruelles des bourgsTarifs : Entrée libreInfos pratiques : escalesphotos.fr et les offices de tourismes des communes participantes.

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26 juin 2020

Covid-19 : la longue prescription du professeur Didier Raoult aux députés

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Par Hervé Morin, Solenn de Royer - Le Monde

Devant la commission d’enquête sur la gestion de la pandémie, le professeur marseillais a dénoncé l’organisation « désuète » et les conflits d’intérêts qui selon lui ont affaibli la riposte face au SARS-CoV-2.

Il est entré dans l’arène comme une rock star. Sans sa blouse blanche, un masque couvrant la moitié de son visage, encadré par de longs cheveux blonds. Suivi par une nuée de caméras et de photographes, le professeur Didier Raoult, devenu l’une des personnalités « politiques » préférées des Français, était attendu mercredi 24 juin dans une certaine effervescence par les députés de la commission d’enquête parlementaire, chargée d’étudier la généalogie de la crise sanitaire et les éventuelles failles de la réponse française à l’épidémie.

« Je n’ai pas mis mon tee-shirt Raoult », plaisante en l’attendant la députée La France insoumise Caroline Fiat, tandis que l’élu Parti socialiste des Pyrénées-Atlantiques David Habib sort son portable pour une photo mais rate sa cible, penaud : « Il a bougé, du coup j’ai eu Ciotti… » Même les policiers et les huissiers, tous penchés vers l’escalier qui descend dans les sous-sols de l’assemblée, n’ont pas résisté à suivre des yeux l’entrée fracassante de l’infectiologue marseillais, défenseur controversé de l’hydroxychloroquine pour soigner le Covid-19. « Votre action a suscité une multitude de réactions passionnelles qu’on n’a pas l’habitude de voir dans une crise sanitaire, a résumé le rapporteur LR Eric Ciotti. Vous êtes ou haï ou adulé. »

Devant les députés de la commission d’enquête, dont plusieurs sont des soutiens déclarés du professeur et de son traitement, Didier Raoult – qui a multiplié les longues digressions –, a alterné entre les attaques et les critiques d’un côté, et les constats plus conciliants ou humbles, de l’autre, reconnaissant la « difficulté d’avoir une ligne continue quand les vents soufflent dans tous les sens ». N’avait-il pas lui-même estimé en janvier « complètement fou que l’OMS s’en mêle » après la mort de « trois Chinois », et affirmé fin février que grâce à la chloroquine, le Covid-19 était « probablement l’infection respiratoire la plus facile à traiter ». Plus récemment ses déclarations sur la fin ou la résurgence de l’épidémie ont aussi pu paraître contradictoires. « L’avenir n’est à personne, l’avenir est à Dieu », a-t-il botté en touche au sujet d’une éventuelle deuxième vague, citant Victor Hugo.

Antisystème

Porté aux nues par les tenants de l’antisystème, qui surfent sur la fracture entre le peuple et les élites, Paris et la province, l’infectiologue – dont le visage orne des cierges vendus à Marseille – a expliqué pourquoi il n’avait pas siégé au sein du conseil scientifique, installé par Macron en mars pour l’aider dans sa prise de décisions. « J’étais un ovni, un extraterrestre », au milieu d’« une bande de types qui ont l’habitude de travailler entre eux », mais dont aucun « n’est expert des coronavirus », a-t-il argué. « Je ne suis pas un homme de réunion, je suis un homme de données », a-t-il insisté, précisant qu’il n’était « pas d’accord » avec ce que le professeur Jean-François Delfraissy et son cénacle avaient préconisé pendant la crise. Le divorce était inévitable.

Pour autant, Didier Raoult a expliqué qu’il n’avait jamais rompu le contact avec l’exécutif qu’il informait en temps réel de ses découvertes sur cette maladie si « bizarre ». « J’ai continué à penser que je pouvais être utile, ce qu’ont pensé aussi le président [venu le voir à Marseille le 9 avril] et le ministre », s’est-il rengorgé. S’il a donc pris soin de préserver Emmanuel Macron et Olivier Véran, il a en revanche durement mis en cause l’entourage du ministre de la santé. « Quand on est un politique, il faut avoir un rempart (…) une garde prétorienne (…) qui a des nerfs (…) et traite des données (…) afin que le ministre ne soit pas submergé d’informations inquiétantes qui ne se révèlent pas vraies », a-t-il plaidé, en précisant que si ce n’était pas le cas, le ministre pouvait « exploser de manière insupportable ». « Vous décrivez un ministre sous influence ! », a noté Eric Ciotti.

Pour le directeur de l’institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille, les conflits d’intérêt peuvent expliquer une part des difficultés de la France face au Covid-19 : « Il faudra faire une véritable enquête sur l’américain Gilead et son remdesivir, dont la stratégie était fondée sur l’influence. » Il s’est étonné de la proximité entre le directeur du laboratoire Gilead et certains cliniciens au temps d’Ebola, qui « se tutoyaient ». Cette familiarité engendre selon lui « un écosystème favorable » à l’industrie.

Le scientifique marseillais a rappelé avoir récemment publié une analyse montrant une corrélation entre une expression publique défavorable à l’hydroxychloroquine et le fait d’avoir été financé par la société américaine – article dans lequel il se garde bien de nommer les médecins concernés. « Je ne dis pas qu’il y a une causalité, mais une coïncidence. »

« Conflits d’intérêts très sérieux »

Il a aussi mis en cause l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) et la Haute autorité de santé (HAS) en raison de « conflits d’intérêts très sérieux » en leur sein. Mais a courtoisement renvoyé les députés vers le site Euros for Docs, qui milite pour la transparence du lobbying dans la santé, pour mener leur enquête. « Vous avez porté des accusations extrêmement graves, a relevé Eric Ciotti. Nous serons amenés à explorer cette voie, afin d’en tirer toutes les conséquences. »

Et les tests PCR, dont les autorités considéraient selon lui que « comme on ne pouvait pas les faire, ils étaient inutiles, ce qui n’était pas vrai » ? Il les a largement prodigués aux patients à Marseille : « Il était indispensable de les faire car on ne connaissait pas la maladie. » L’épidémiologiste a expliqué que l’un des obstacles à la montée en puissance de ces outils diagnostics – avec l’aide du monde vétérinaire, les laboratoires publics ou les laboratoires de ville pourtant volontaires – a été l’existence de Centres nationaux de références, ombrageux de leurs prérogatives, « comme des blaireaux dans leur terrier qui mordent quand on s’en approche ».

Il fait remonter à 2001 sa prise de conscience de l’impréparation du pays face à ce type de crise, lorsqu’il a fallu faire face en urgence à une menace bioterroriste présumée concernant l’anthrax – qui allait se révéler être le fait d’un ancien chercheur d’un laboratoire militaire américain.

Pour Didier Raoult, les maladies émergentes constituent « un domaine régalien ». Il voit son IHU comme un « fort de Vauban ». Dans un rapport rendu en 2003 commandé par le ministre de la santé Jean-François Mattéi, il préconisait d’en répartir sept sur le territoire pour assurer recherche, veille et protection en se calquant sur les zones de défense militaires. D’ailleurs, « une crise de cette nature doit être gérée par le Secrétariat général à la défense nationale ».

L’autre obstacle était selon lui une coupure entre le monde de la recherche fondamentale et celui des hôpitaux – estimant que l’Institut Pasteur et l’Inserm ne sont plus au contact des patients. « Le seul truc ouvert le week-end, c’est le CHU », a-t-il indiqué pour signifier que la réactivité était de ce côté. Au total, l’organisation actuelle est « désuète », conclut-il.

En dépit de ses critiques sur la gestion de la crise, Didier Raoult souligne n’avoir rencontré « aucune barrière » des tutelles pour mettre en œuvre sa propre stratégie. Son audition qui a parfois pris l’allure d’un cours ex cathedra s’est achevée sur une déclaration d’amour à la science, même si la compétition avec les pays asiatiques la rend plus compétitive que jamais, prévient-il.

Reste l’hydroxychloroquine et l’azithromycine, dont il assure qu’elles sont efficaces contre le Covid-19, alors qu’aucune étude d’ampleur et méthodologiquement solide ne l’a confirmé. « Ce n’est pas ma faute si on ne sait pas organiser d’essais cliniques dans ce pays », lâche le professeur. Mais alors, pour prouver l’efficacité du traitement, « pourquoi n’avez-vous pas fait d’essais cliniques dignes de ce nom ? » C’est face à cette ultime question, posée par le généticien et député Modem, Philippe Berta, que la bonhomie du personnage se craquelle. « Je suis resté un grand scientifique après avoir publié cela », clame-t-il. Celui qui a tonné « Je ne suis pas un prophète » le prédit : « Ce traitement sera dans les livres médicaux ! »

26 juin 2020

La Glacière Municipale d'Etel en restauration - classement en monument historique

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