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Jours tranquilles à Paris

19 mai 2020

En France, le Conseil d’État ordonne au gouvernement de lever l’interdiction de réunion dans les lieux de culte

Saisie en référé par plusieurs associations et requérants individuels, la plus haute juridiction administrative a estimé dans une ordonnance que cette mesure portait “une atteinte grave et manifestement illégale” à la liberté de culte, rapporte Euro News. Le Conseil d’État a enjoint le gouvernement à lever l’interdiction “dans un délai de huit jours”. Le décret pris par le Premier ministre Edouard Philippe le 11 mai, dans le cadre du déconfinement, interdit tout rassemblement ou réunion au sein des établissements de culte, à l’exception des cérémonies funéraires, qui sont limitées à vingt personnes. Lundi, la décision du Conseil d’État a été saluée par les catholiques mais accueillie avec plus de prudence par les responsables juifs, protestants et musulmans qui souhaitent attendre encore un peu avant de célébrer des offices religieux.

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19 mai 2020

Michel Piccoli

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19 mai 2020

Parc éolien : passe d’armes en baie de Saint-Brieuc

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Lundi, des bateaux de pêche ont manifesté autour du bateau sondeur le Geo Ocean IV pour protester contre l’implantation d’éoliennes. Photo Lionel Le Saux

Didier Déniel - Le Télégramme

Lundi, une quarantaine de bateaux de pêche ont convergé vers le navire chargé de prospecter les fonds pour le futur parc éolien de la baie de Saint-Brieuc. Les pêcheurs demandent que soient menées des études bioacoustiques avant cette campagne de sondages. Une réunion est prévue aujourd’hui.

L’appel lancé par les comités des pêches a été bien entendu. Lundi, vers 8 h, une quarantaine de bateaux venus de tous les ports de pêche, de Loguivy (22) à Saint-Malo (35), a convergé vers le Geo Ocean IV, bateau chargé de sonder les fonds. « Vendredi, une vingtaine de collègues sont allés à la rencontre du capitaine sur les quais de Saint-Malo où était arrimé le bateau. Ils lui ont dit gentiment que s’il mettait le cap sur la zone de sondage, on serait là. On a tenu parole », commente, à la barre de son chalutier, David Thomas, patron âgé de 33 ans.

Encerclé par une flottille

Après deux heures de mer, le bateau de pêche arrive sur zone. Le Geo Ocean IV, qui opérait des relevés est maintenant à l’arrêt, entouré par de nombreux chalutiers, caseyeurs, et fileyeurs. La pression est palpable. Le bateau rouge de 40 m de long est sous bonne escorte. À ses côtés, des vedettes des Affaires maritimes et de la gendarmerie maritime, mais aussi plus au large, la coque impressionnante du Rhône, longue de 70 mètres, de la Marine nationale.

Un contact radio est établi avec le Geo Ocean IV. Dans un français impeccable, un des marins explique que la décision d’arrêter la prospection n’appartient pas au capitaine mais à la compagnie GEOxyz, basée au Royaume-Uni.

Une réunion ce matin

« Tant que nous n’aurons pas eu la garantie que vous quitterez la zone, nous resterons là », répond un des responsables du mouvement. L’attente est longue. Symboliquement, les marins du chalutier le P’tit Louis jettent à l’eau une couronne de fleurs, dans un brouillard de fumigènes bleus et orange et un concert de cornes de brume.

En fin de matinée, la tension tombe d’un cran. Les marins-pêcheurs apprennent qu’une réunion est prévue, ce mardi, à 10 h 30 à Saint-Brieuc.

Doivent y participer, le préfet des Côtes-d’Armor, le préfet maritime, l’administrateur des Affaires maritimes ainsi que les représentants des développeurs du parc, RTE et Ailes Marines, et ceux des comités des pêches.

Bien décidés à revenir

« Nous avions convenu d’échanges préalables en vue d’établir un calendrier, avec RTE, avant tout début de campagne de prospection. Ce groupe s’est affranchi de cette promesse, commentait-on lundi soir, au comité départemental des pêches des Côtes-d’Armor. Nous avons aussi demandé que de vraies expertises soient menées sur les nuisances acoustiques qui pourraient toucher les crustacés et les coquillages. Jusqu’à présent, rien d’abouti ne nous a été présenté. Nous avons eu aussi confirmation que l’équipage du Geo Ocean IV n’avait pas été informé des tensions qui existent sur la zone ».

Vers midi, le navire de prospection a eu pour consigne de quitter la zone, et de mettre le cap au Nord. Dans les minutes qui suivaient, les bateaux de pêche regagnaient leurs ports d’attache. Avec à leurs barres, des patrons bien décidés à revenir sur zone pour une nouvelle opération coup de poing.

19 mai 2020

Ellen von Unwerth

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19 mai 2020

Les drones de la police interdits de survoler Paris

Les drones de la Préfecture de police de Paris ne peuvent plus survoler la capitale déconfinée : le Conseil d’État a interdit, lundi, l’usage de ces appareils qui étaient utilisés pour surveiller le respect des règles du déconfinement en dehors de tout cadre légal.

La plus haute juridiction administrative ordonne « à l’État de cesser, sans délai, de procéder aux mesures de surveillance par drone », à Paris, dans le cadre du déconfinement.

Le Conseil d’État était saisi en référé (en urgence) par la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et la Quadrature du Net, dont le recours avait d’abord été rejeté par le tribunal administratif de Paris. « Quand j’ai découvert que l’utilisation des drones n’était pas encadrée, les bras m’en sont tombés », a raconté à l’audience, vendredi, Claire Rameix, l’avocate de la Quadrature du Net.

Au centre des débats, la possibilité d’identifier les personnes filmées par ces drones sur la voie publique, ce qui pose la question du respect de deux libertés fondamentales : le droit à la vie privée et le droit à la protection des données personnelles.

Le ministère de l’Intérieur et la Préfecture de police de Paris (PP) ont martelé que cette identification n’était pas l’objectif visé avec l’utilisation des drones : ils permettent, ont-ils assuré, de repérer des rassemblements de plus de dix personnes afin de déployer des forces de l’ordre pour disperser les personnes regroupées. Le représentant de la PP a cependant reconnu à l’audience qu’il était « éventuellement possible de reconnaître les gens » et « la couleur des vêtements » sur les images filmées par l’appareil, quand il vole à 80 ou 100 mètres du sol, ce qui est généralement le cas.

Dans son ordonnance, le juge retient les « risques d’un usage contraire aux règles de protection des données personnelles ». L’usage de ces drones, sans cadre juridique, « caractérise une atteinte grave et manifestement illégale au droit au respect de la vie privée ».

Transposable partout en France

Afin de pouvoir à nouveau utiliser ces drones, il faudra soit un arrêté pour encadrer leur usage, pris après avis de la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), soit doter les appareils utilisés par la Préfecture de police de Paris de dispositifs techniques « rendant impossible, quels que puissent en être les usages retenus, l’identification des personnes filmées ».

L’avocat de la LDH, Patrice Spinosi, a salué « la volonté du Conseil d’État de marquer son attachement aux libertés fondamentales ». « Il n’y a aucune raison de penser que cette décision n’ait pas vocation à s’appliquer sur l’ensemble du territoire français », a-t-il expliqué.

« L’injonction a été prononcée à Paris, parce que nous avons attaqué l’utilisation des drones dans la capitale. Mais le raisonnement du Conseil d’État est parfaitement transposable et applicable sur tout le territoire français, dans les dizaines de villes qui utilisent des drones de surveillance », a ajouté l’avocat de la Quadrature du Net, Alexis Fitzjean O Cobhthaigh.

« Le Conseil d’État rappelle que l’État n’a pas le droit de tout faire et que, surtout, il y a des règles à respecter. C’est très important pendant les périodes d’état d’urgence, pendant lesquelles l’État recherche à être le plus efficace possible, parfois au risque de piétiner les libertés », a réagi l’avocat.

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19 mai 2020

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19 mai 2020

Nécrologie - Michel Piccoli, légendaire acteur de cinéma et de théâtre, est mort

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Par Sandrine Marques - Le Monde

L’acteur, disparu le 12 mai à l’âge de 94 ans, a vécu une existence frondeuse et aventurière, s’est essayé à tous les genres de cinéma, a côtoyé les plus grands.

Immense acteur de cinéma et de théâtre, producteur et réalisateur aussi, Michel Piccoli est mort le 12 mai, à l’âge de 94 ans, a annoncé, lundi 18 mai, sa famille dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse.

Fils d’Henri Piccoli, un violoniste d’origine italienne, et de Marcelle Expert-Bezançon, une pianiste française, Michel Piccoli, né à Paris le 27 décembre 1925, a baigné toute sa jeunesse dans un milieu artistique. La famille bourgeoise vivait dans le 13e arrondissement de Paris, à quelques encablures de la Bastille, où le comédien avait, depuis, ses habitudes.

Enfant peu bavard, mais qui écoutait beaucoup, il inverse définitivement la tendance avec la découverte du théâtre à l’âge de 9 ans, alors qu’il était pensionnaire à Compiègne (Oise). Interprétant sur scène un personnage du conte d’Andersen Les Habits neufs de l’empereur, il se rend compte que ce sont les autres qui, désormais, l’écoutent. C’est une révélation.

Sa vocation est née et, à 18 ans, ce lecteur fervent de la revue Comœdia annonce à ses parents son désir de brûler les planches. Mais la seconde guerre mondiale modère ses rêves artistiques. Au cours de cette période chaotique, il parcourt trois cents kilomètres à vélo pour rejoindre la Corrèze, où sa famille a des amis. Il y croise des juifs réfugiés, entend les discours de Hitler à la radio et son sentiment d’indignation croît. Il ne le quittera jamais, tout au long d’une vie d’engagement politique, où il n’a de cesse de s’opposer aux extrêmes, en particulier au Front national.

La guerre prenant fin, la famille Piccoli regagne Paris et Michel fait ses débuts comme figurant au cinéma, en 1945, dans Sortilèges, un film de Christian-Jaque où il interprète un villageois auvergnat. Il prend des cours de théâtre chez Andrée Bauer-Thérond, puis au cours Simon et trouve un premier rôle dans Le Point du jour (1949), de Louis Daquin, cinéaste communiste qui le remarque et lui donne sa chance.

Mais c’est surtout au théâtre que Michel Piccoli va s’illustrer pendant cette période. Il officie au sein des compagnies Renaud-Barrault et Grenier-Hussenot et participe, pendant trois ans, au Théâtre de Babylone (où sont montées les pièces avant-gardistes de Beckett et Ionesco), géré par une coopérative ouvrière. Elle compte, parmi ses membres, l’actrice Eléonore Hirt, avec laquelle il sera marié de 1954 à 1966. Ils auront une fille, Anne-Cordélia.

Un jeu souvent teinté d’ironie

En parallèle de débuts remarqués au cinéma, notamment dans French Cancan (1954), de Jean Renoir, Michel Piccoli poursuit une activité prolifique au théâtre. Elle lui fera rencontrer, au long de sa carrière, les metteurs en scène dramatiques les plus en vue : Jacques Audiberti, Jean Vilar, Jean-Marie Serreau, Peter Brook, Luc Bondy, Patrice Chéreau ou encore André Engel. Ce dernier lui confie, en 2009, le rôle de Minetti, dans la pièce éponyme de l’auteur autrichien Thomas Bernhard (créée en 1977). Michel Piccoli a alors 83 ans et sa performance est saluée par la critique.

En plus du théâtre, cet acteur précis et rigoureux, dont le jeu se teinte souvent d’ironie, s’est aussi fait un nom grâce à la télévision. On l’a vu, durant les années 1950, dans des téléfilms populaires réalisés par Stellio Lorenzi (Sylvie et le fantôme), Marcel Bluwal (Tu ne m’échapperas jamais) ou encore Jean Prat (L’Affaire Lacenaire). Il continuera, d’ailleurs, d’y collaborer sporadiquement.

Issu d’une famille catholique pratiquante, il devient athée à la suite d’un deuil familial. Sa rupture avec l’Eglise est consommée quand il rencontre, en 1956, le réalisateur d’origine espagnole, naturalisé mexicain, Luis Buñuel, connu pour son anticléricalisme. Les deux hommes se sont trouvés. Non sans ironie, Michel Piccoli endosse l’habit religieux dans La Mort en ce jardin (1956). Dans ce récit d’aventures avec Charles Vanel, Simone Signoret et Georges Marchal, il est le père Lizardi.

Encore assez anonyme à l’époque, le comédien aurait intrigué afin d’obtenir le rôle de ce prêtre qui déchire les pages de son missel pour se faire du feu, dans la jungle brésilienne. Plus de cinquante années plus tard, en 2011, on le retrouvera en pape, ravagé par le doute et écrasé par sa charge, sous la direction de Nanni Moretti (Habemus papam).

Buñuel adapte spécialement le scénario pour le débutant Michel Piccoli, car le rôle était initialement prévu pour un homme mûr, mais il prévient le fringant trentenaire : « Ton personnage, c’est un con. Il rate tout ce qu’il entreprend. » C’est le début d’une collaboration fructueuse de plus de vingt ans, qui marque aussi la période française de Buñuel. Ensemble, ils vont tourner six autres films : Le Journal d’une femme de chambre (1964), Belle de jour (1967), La Voie lactée (1969), Le Charme discret de la bourgeoisie (1972), Le Fantôme de la liberté (1974) et Cet obscur objet du désir (1977), où Michel Piccoli n’assure qu’une doublure voix.

« POUR BUÑUEL, PICCOLI EST TOUR À TOUR UN BOURGEOIS FRUSTRÉ ET LIBIDINEUX, UN CLIENT DE MAISON CLOSE MANIPULATEUR ET MÊME UN PRÉFET DE POLICE QUI ENDIGUE UNE MANIFESTATION RÉVOLUTIONNAIRE »

Pour Buñuel, Piccoli est tour à tour un bourgeois frustré et libidineux, un client de maison close manipulateur et même un préfet de police qui endigue une manifestation révolutionnaire. Ces rôles libérateurs, qu’il interprète avec un plaisir manifeste, lui permettent d’assouvir son goût pour la dérision et de s’affranchir d’une image classique, en interprétant des personnages dévorés par leurs pulsions.

Entre-temps, les années 1960 auront véritablement marqué le début de sa consécration. Remarqué en gangster, face à Jean-Paul Belmondo et Serge Reggiani dans Le Doulos (1962), de Jean-Pierre Melville, il s’impose dans Le Mépris (1963), de Jean-Luc Godard. Il y joue un scénariste veule, que bat subitement froid sa femme, interprétée par Brigitte Bardot, et révèle à cette occasion sa capacité à interpréter des personnages tout en fêlures.

A cette même époque, Michel Piccoli côtoie le Tout-Saint-Germain-des-Prés. Il se lie d’amitié avec Boris Vian et Jean-Paul Sartre. Au cours d’un dîner de gala où ils sont assis côte à côte, c’est le coup de foudre avec la chanteuse et comédienne Juliette Gréco. Il l’épouse lors d’une cérémonie intime, le 12 décembre 1966, et se rend avec elle, début 1967, en URSS pour une tournée de la chanteuse dans le pays. Juliette Gréco sera sa compagne pendant onze ans. Il sera ensuite marié à la scénariste Ludivine Clerc, avec laquelle il adopte deux enfants d’origine polonaise.

Etendue de son registre

Toujours au cours des années 1960, décennie porteuse sur le plan professionnel, il tourne avec René Clément (Paris brûle-t-il ?, 1966), Alain Resnais (La guerre est finie, 1966), Roger Vadim (La Curée, 1966), Alain Cavalier (La Chamade, 1968), Jacques Demy (Les Demoiselles de Rochefort, 1967) ou Alfred Hitchcock (L’Etau, 1969). Un éventail qui témoigne de l’étendue de son registre et de son talent, en même temps que d’un abattage impressionnant, vaillamment maintenu jusque dans les années 2000.

Michel Piccoli, éclectique, est aussi un acteur fidèle à ses réalisateurs. En plus de Luis Buñuel, il démarre avec Marco Ferreri une collaboration inscrite, elle aussi, dans le temps. De Dillinger est mort à Contes de la folie ordinaire, où il fait une doublure voix, il enchaîne, entre 1969 et 1981, sept films avec le subversif réalisateur milanais. Le point d’orgue de cette collaboration est, bien sûr, La Grande Bouffe, qui raconte un suicide collectif par excès d’ingurgitation de nourriture. Le personnage incarné par Michel Piccoli meurt d’une crise d’aérophagie.

Présenté au Festival de Cannes en 1973, le film fait scandale. Dans l’œuvre sulfureuse et dérangeante de Ferreri, qui stigmatise la décadence de nos sociétés modernes, Michel Piccoli débride totalement sa folie. Dans le même registre, il incarne, teint en roux et réduit à un hurlement, la force primale du grand chambardement révolutionnaire dans le très singulier Themroc (1973) du réalisateur français Claude Faraldo.

Voisinant avec ce continent instable de cinéma émerge dans sa filmographie l’univers plus conformiste de Claude Sautet, qu’il rejoint dès les années 1970. Conformiste, du moins en apparence, car les passions que filme le réalisateur français injectent à l’œuvre sa dose de trouble. Michel Piccoli apparaît dans cinq de ses films, réalisés entre 1970 et 1976, dont les populaires Les Choses de la vie (1970), aux côtés de Romy Schneider, ou Vincent, François, Paul et les autres… (1974). Dans ces différents portraits de groupes ou de couples, Michel Piccoli insuffle à ses personnages intranquilles une fièvre, un déséquilibre qui culminent dans Max et les ferrailleurs (1971). Il y incarne un flic froid et obsessionnel, particulièrement inquiétant.

Une entrée dans le bel âge avec grâce

Autre fidélité connue de Michel Piccoli à un réalisateur, le Portugais Manoel de Oliveira, qui a tourné des films jusqu’à la fin de sa vie, en 2015, à l’âge de 106 ans. C’était un modèle de vitalité pour lui qui redoutait la mort et les entreprises visant à le statufier. Ce, bien qu’ayant pris part, ému, à la rétrospective que la Cinémathèque française lui a consacrée en septembre 2013. « Pourquoi ne pas faire comme lui et continuer encore des années ? », disait-il à propos de l’auteur lusophone. De Party (1996) à Belle toujours (2006), suite rêvée de Belle de jour, de Buñuel, en passant par Je rentre à la maison (2001), où il campe un acteur accablé par le sort mais accompagnant vers la vie un petit-fils survivant d’une catastrophe familiale, il entre dans le bel âge avec grâce.

Michel Piccoli aura aussi, au cours de sa carrière, choisi de donner sa chance au jeune cinéma français, représenté par des réalisateurs comme Jacques Doillon (La Fille prodigue, 1981) ou Leos Carax (Mauvais Sang, 1986). Il retrouvera d’ailleurs ce dernier, en 2012, pour le très beau Holy Motors. En 1980, Michel Piccoli reçoit le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes pour son rôle de juge désaxé dans Le Saut dans le vide, de Marco Bellocchio, et, en 1982, à Berlin, l’Ours d’argent du meilleur acteur pour Une étrange affaire, de Pierre Granier-Deferre.

Plusieurs fois nommé aux Césars, il n’en obtiendra jamais un seul, y compris pour ses prestations acclamées dans Milou en mai, de Louis Malle (1990), ou La Belle Noiseuse, de Jacques Rivette (1991), où il joue un peintre exigeant. Les honneurs, il les trouve ailleurs. Habitué du Festival de Cannes, il sera membre du jury en 2007, sous la présidence de Stephen Frears. C’est aussi lors de la manifestation cannoise qu’il présente La Plage noire (2001), son deuxième long-métrage en tant que réalisateur après Alors voilà (1997) et avant C’est pas tout à fait la vie dont j’avais rêvé (2005), autant de films qui signalent la fantaisiste noirceur qui l’habite.

Un titre en forme de bilan ? On en doute. Michel Piccoli a vécu une existence frondeuse et aventurière, s’est essayé à tous les genres de cinéma, a côtoyé les plus grands auteurs (Claude Chabrol, Raoul Ruiz, Agnès Varda, Theo Angelopoulos), et son engagement politique et citoyen n’a jamais fléchi. Pour lui, le cinéma servait à rendre compte des désordres et des délires de notre société. Sinon, il n’avait guère d’intérêt. Michel Piccoli en a été son intranquille témoin, tout au long d’une carrière exceptionnelle.

19 mai 2020

Coronavirus et huîtres.....

huitres

19 mai 2020

A l’OMS, Xi Jinping veut prendre le leadership sur la santé du monde

Par Frédéric Lemaître, Pékin, correspondant - Le Monde

Le président chinois propose la création d’un « hub humanitaire », dans le cadre des Nations unies, pour assurer les chaînes d’approvisionnement dans la lutte contre la pandémie.

Profitant du retrait américain des institutions multilatérales, le président chinois Xi Jinping s’est présenté comme le meilleur garant de la santé publique dans le monde, lundi 18 mai lors de la séance virtuelle d’ouverture de la 73e Assemblée mondiale de la santé. Un véritable tour de force alors que le Covid-19, apparu en Chine fin 2019, continue de paralyser la planète. Impérial, assis devant une fresque représentant la Grande Muraille de Chine, Xi Jinping a d’abord répondu implicitement aux critiques, émises notamment par les Américains, en affirmant que la Chine, « dans un esprit ouvert, transparent et responsable, a communiqué sans tarder les informations liées à la maladie à l’OMS et aux pays concernés ».

Alors que, ces derniers jours, l’Australie a réussi à convaincre de nombreux pays à lancer une enquête sur le Covid-19 – une initiative qui lui vaut d’être sanctionnée économiquement par Pékin – Xi Jinping a fait une concession de taille, en « soutenant une évaluation globale de la réponse internationale après que la maladie aura été jugulée dans le monde ». Mais celle-ci doit « être pilotée par l’OMS » et se faire dans « le principe de l’objectivité et de l’impartialité ». L’enquête devra donc aller bien au-delà d’une recherche de l’origine du virus, comme le réclament les Etats-Unis. De plus, pour Pékin, comme pour l’OMS, cette enquête est prématurée. « Endiguer la maladie » reste l’urgence du moment.

Placé depuis plusieurs semaines sur le banc des accusés par les Etats-Unis, le président chinois s’est au contraire offert le luxe de critiquer Washington. Contrairement à Donald Trump qui a annoncé en avril la suspension de la contribution financière américaine à l’Organisation mondiale de la santé, Xi Jinping a accordé un plein soutien à celle-ci et à son directeur général, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Soutenir l’OMS, c’est soutenir la coopération internationale et sauver des vies », a résumé Xi Jinping. Celui-ci a appelé la communauté internationale à, au contraire, « accroître son soutien politique et financier à l’OMS ». Une demande reprise ensuite par de nombreux pays.

Pas la moindre critique contre Pékin

Le 4 mai, la Chine était apparue plutôt en retrait lors de la conférence internationale lancée par la Commission européenne pour la recherche d’un vaccin et de traitement contre la pandémie. Manifestement, Xi Jinping n’entendait pas laisser à son ambassadeur à Bruxelles le soin d’annoncer la stratégie chinoise. Le président a annoncé lundi que le futur vaccin chinois serait « un bien public mondial ». Il a également annoncé accorder « d’ici deux ans une aide de 2 milliards de dollars pour soutenir les pays touchés, notamment les pays en développement ».

Alors que les pays occidentaux découvrent qu’ils dépendent de la Chine pour la fabrication de médicaments et de masques, Xi Jinping a annoncé la création « en collaboration avec les Nations unies » d’un « dépôt et d’un hub humanitaire global pour assurer les chaînes d’approvisionnement en matériel destiné à la lutte contre les épidémies et mettra en œuvre des corridors verts de transport et de dédouanement ».

Clairement, la Chine entend – dans le cadre des Nations unies, affirme Xi Jinping – jouer un rôle encore plus important, voire prendre le leadership de la politique sanitaire mondiale. Un sentiment encore renforcé à l’issue de cette séance inaugurale extraordinaire puisque tenue par visioconférence par le fait qu’aucun des six autres chefs d’Etat et de gouvernement invités à s’exprimer (Suisse, France, Corée du Sud, Allemagne, Barbade et Afrique du Sud) n’a émis la moindre critique en direction de Pékin. Le représentant des Etats-Unis qui s’est exprimé plus tard a paru bien isolé.

La Chine peut être d’autant plus satisfaite de ce début d’assemblée que, juste avant l’ouverture de celle-ci, Taïwan a annoncé accepter que le débat sur sa participation à l’OMS « soit remis à plus tard afin que les discussions puissent se concentrer sur la lutte contre le Covid-19 ». Un échec pour Washington, son principal soutien. Avec le lancement d’une enquête sur l’origine du virus, ce sujet était le point le plus délicat pour Pékin.

Soulagement pour Pékin

Pour la Chine, cette île de 23 millions d’habitants n’est qu’une « province chinoise ». Les pays occidentaux n’y ont d’ailleurs pas d’ambassadeur mais un « représentant ». Lorsque l’île était présidée par le KMT (de 2008 à 2016), un parti plutôt favorable à un rapprochement avec la Chine, Pékin avait accepté en 2009 que Taïwan jouisse du statut d’observateur à l’OMS. Mais depuis l’élection en 2016 d’une présidente issue du DPP, un parti pro-indépendantiste, la Chine rejette désormais une telle participation.

Problème : Taïwan a, de l’avis général, remarquablement bien géré cette crise. Malgré sa proximité géographique avec la Chine continentale, l’île est parvenue, sans confinement, à n’avoir que sept décès. Soutenu par les Etats-Unis, Taïwan a su utiliser la crise à son profit, mettant en place, comme Pékin, une « diplomatie des masques » mais sans déployer une propagande qui, in fine, s’est révélée en partie contre-productive pour le régime communiste.

La presse taïwanaise n’a pas manqué de relever, le 13 mai, que les masques désormais portés par certains dirigeants américains, notamment Jared Kushner, gendre et conseiller de Donald Trump, portaient discrètement l’inscription « made in Taïwan ». Selon Taïwan, vingt-neuf pays, dont les Etats-Unis, l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande, souhaitaient que l’île puisse à nouveau bénéficier du statut d’observateur. Plus d’une centaine de parlementaires européens ont signé une lettre allant dans le même sens. Un réel succès pour Taîwan qui n’est plus reconnu que par dix-sept petits pays, dont le principal est le Vatican.

Mais les dirigeants taïwanais, sans doute conscients que le rapport de forces restait malgré tout en leur défaveur, ont accepté « la suggestion de leurs alliés diplomatiques » de repousser cette question à une date ultérieure, « plus tard dans l’année ». Une victoire pour la Chine même si Pékin n’a pu que constater que Taïwan avait acquis ces derniers mois une nouvelle légitimité internationale.

Trump menace de suspendre indéfiniment la contribution américaine à l’OMS. « Si l’OMS ne s’engage pas à des améliorations notables dans un délai de 30 jours, je vais transformer la suspension temporaire du financement envers l’OMS en une mesure permanente et reconsidérer notre qualité de membre au sein de l’organisation », a tweeté lundi le président américain, en publiant des photos d’une lettre adressée au patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. Dans la lettre, le président américain énumère des exemples de ce qu’il considère comme des erreurs de l’OMS dans sa gestion de la pandémie, notamment en ignorant les premiers rapports sur l’émergence du virus et en étant trop proche et indulgente avec la Chine. « Il est clair que les faux pas répétés de votre part et de votre organisation pour répondre à la pandémie ont coûté extrêmement cher au monde. La seule voie à suivre pour l’Organisation mondiale de la santé est de pouvoir prouver son indépendance vis-à-vis de la Chine », ajoute-t-il dans sa lettre.

19 mai 2020

IMPLIED Magazine

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