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Jours tranquilles à Paris
donald trump
14 novembre 2018

Tempête de Tweets : Trump traite désormais Macron comme ses autres alliés

trump45

Par Marc Semo, Virginie Malingre - Le Monde

Le président américain s’en est pris mardi, dans une série de Tweets violents, à son homologue français, avec lequel il entretenait une relation privilégiée.

Dans son mépris pour l’Union européenne et ses leaders, le président américain Donald Trump avait jusqu’ici épargné son homologue français, son ami « Emmaaanuel » avec lequel il entretenait une rare relation de proximité, malgré des différends politiques de fond.

Emmanuel Macron est désormais ciblé par les Tweets rageurs du 45e locataire de la Maison Blanche, qui n’a jamais épargné ses alliés. De retour à Washington après les commémorations du centenaire de l’armistice de 1918, Donald Trump dans une série de messages matinaux a raillé la « très faible cote de popularité » du président français. Il l’a attaqué tous azimuts, aussi bien sur le niveau élevé du chômage en France que sur le prétendu protectionnisme contre le vin californien. Ou encore sur le nationalisme hexagonal, qu’il a salué alors même qu’Emmanuel Macron en dénonçait les dangers.

Mais surtout il est revenu à la charge sur la proposition de son homologue français de créer une armée européenne, déjà jugée « très insultante » dès son atterrissage à Paris le 9 novembre. « Emmanuel Macron a suggéré la création de leur propre armée pour protéger l’Europe contre les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Mais c’était l’Allemagne dans la première et la seconde guerre mondiale », a-t-il écrit sur Twitter.

« Paie pour l’OTAN ! »

« Comment ça a marché pour la France ? Ils commençaient à apprendre l’allemand à Paris avant que les Etats-Unis n’arrivent », a-t-il ironisé, dans une référence très peu diplomatique à l’Occupation et à la collaboration, au lendemain d’un centenaire de l’armistice, qui a, à nouveau, célébré la réconciliation franco-allemande. « Paie pour l’OTAN ! », a-t-il insisté, clamant à nouveau son exigence que les membres de l’Alliance atlantique participent plus largement à son financement.

C’était, pourtant, le sens de la proposition du président français sur l’armée européenne et lors de leurs entretiens le 10 novembre, à l’Elysée, il avait longuement insisté pour apaiser les choses et dissiper tout malentendu sur « le partage du fardeau ».

« Donald Trump était l’un des premiers chefs d’Etat arrivé à Paris et il a réservé son premier entretien au président Macron. Ces signaux ont une valeur bien plus grande que des Tweets dont on sait comment et pourquoi ils sont faits et destinés avant tout aux Américains », note un conseiller de l’Elysée. « La relation entre Emmanuel Macron et Donald Trump n’est pas facile, mais elle est continue et ce qui importe c’est qu’ils se parlent plusieurs fois par semaine », insiste-t-on parmi les proches du chef de l’Etat.

« Une réaction épidermique et personnelle »

Roland Lescure, député La République en marche (LRM) des Français de l’étranger et membre du groupe d’amitiés France - Etats-Unis assure qu’il s’agit d’un malentendu : « C’est une réaction un peu épidermique et personnelle du président américain au discours d’Emmanuel Macron qui a été interprété à mon avis à tort comme une critique en creux à son encontre. » Emmanuel Macron avait notamment souligné dans son discours à l’Arc de triomphe que « le patriotisme est l’exact contraire du nationalisme », visant ainsi explicitement son homologue américain, principal pourfendeur du multilatéralisme.

Même si l’Elysée tente d’en minimiser la portée, la virulence du verbe trumpien est extrême. « Make France great again ! », clame en majuscules le président américain sur Twitter, en écho à son slogan de campagne invitant à retrouver la grandeur des Etats-Unis… mais aussi à son détournement par Emmanuel Macron – « Make the planet great again » – au lendemain de l’annonce du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris. Et de souligner que le président français cherche à faire diversion, car « il souffre d’un taux de popularité très faible en France, 26 %, et d’un taux de chômage de presque 10 % ».

Puis d’ajouter : « Et au fait, il n’y a pas de pays plus nationaliste que la France, un peuple très fier, et à raison ! » Au passage, le milliardaire qui ne boit pas d’alcool s’en prend au vin, produit emblématique s’il en est en France : « Le problème est que la France rend la tâche très difficile aux Etats-Unis pour vendre leur vin en France et applique des tarifs élevés, alors que les Etats-Unis rendent ça facile pour les vins français et appliquent de très bas tarifs. »

« Entre mâles dominants »

Il est encore difficile d’évaluer les conséquences de cette polémique sans précédent entre les deux présidents. « Les relations entre la France et les Etats-Unis ne se mesurent ni à l’aune du langage corporel entre les deux présidents ni à celle des Tweets envoyés par Donald Trump », assure un haut diplomate. Dès son arrivée à l’Elysée, Emmanuel Macron avait misé sur la relation personnelle avec le locataire de la Maison Blanche pour tenter de l’influencer et limiter les dégâts. « Quoi que l’on pense de sa personnalité, il est le président des Etats-Unis, la première puissance mondiale, notre allié depuis deux cent cinquante ans », expliquait l’Elysée.

Mais le président français n’a réussi ni à convaincre Trump de rester dans l’accord sur le climat ni dans celui sur le nucléaire iranien. Dès la visite à Washington au printemps dernier, les relations ont commencé à se tendre.

« Entre mâles dominants, cela se passe toujours mal et Donald Trump qui ne connaît que le rapport de forces n’a guère apprécié les critiques d’Emmanuel Macron à Paris », explique Laurence Nardon, directrice du programme Etats-Unis de l’Institut français des relations internationales (IFRI), tout en estimant que « ces polémiques ne vont pas changer grand-chose, car les deux administrations continuent à travailler ensemble de façon suivie et que les relations entre les services de renseignement comme entre les militaires sont excellentes. »

Le président américain instrumentalise cet affrontement avec son homologue français pour faire passer des messages de politique intérieure et montrer une Amérique combative y compris avec ses plus proches alliés. Et même avec ce jeune président français en qui il voyait une quintessence du winner et qui semble aujourd’hui à la peine sur la scène intérieure.

trump44

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24 septembre 2018

Macron et Trump, finie la bromance ?

Dès son avion posé à New-York ce soir, Emmanuel Macron rencontrera Donald Trump. Et rentrera dans le dur, à l’image de cette poignée de main rugueuse qui avait signé leur première rencontre. Depuis, les deux hommes, que plus de trente ans séparent, s’appliquent à mettre en scène leur relation complice, particulièrement tactile. Il en reste de belles images - des tapes dans le dos, des « hugs », un bras enlaçant une épaule, voire un tendre époussetage de pellicules... Mais si l’on excepte les bombardements conjoints en Syrie pour punir Assad d’avoir utilisé des armes chimiques et la lutte contre le terrorisme, cette jolie « bromance » n’a pas porté ses fruits. Trump s’est retiré de l’accord de Paris sur le climat, a tourné le dos à la France sur le nucléaire iranien, et torpillé la déclaration commune que le G7 avait péniblement trouvée sur le commerce international. Pourquoi donc continuer à faire ami-ami avec un président qui veut défaire l’Europe et le multilatéralisme qui nous est si cher ? On verra dans quelques heures si la saison des mamours est terminée entre les deux chefs d’Etat, ou s’ils continuent à donner le change. Macron a tout intérêt à privilégier cette dernière solution, qui place la France comme interlocuteur privilégié des Etats-Unis. Ce n’est pas seulement flatteur pour l’ego national : cette proximité est utile pour porter plus efficacement la voix de l’Europe. Accessoirement, elle permet, dans un subtil jeu d’ombre et de lumière, d’accentuer l’image de progressiste que le Français veut se donner face aux populistes. Contre Marine Le Pen en France, Matteo Salvini en Europe ou Donald Trump de l’autre côté de l’Atlantique, le président a montré qu’il n’hésitait jamais à se servir des contrastes.

8 septembre 2018

A Toronto, Michael Moore célèbre la résistance à Donald Trump

Par Thomas Sotinel, Toronto (Canada), envoyé spécial - Le Monde

Le réalisateur a présenté « Fahrenheit 11/9 », brûlot politique qui assimile le président américain à Adolf Hitler.

Il n’y a pas de raison pour que le Festival de Toronto, dont la 43e édition a commencé le 6 septembre, se distingue du reste de l’Amérique du Nord – et du monde. Donald Trump règne en maître absolu sur les ­conversations, et pour l’une des soirées d’ouverture – celle de la section documentaire – sur l’écran.

Michael Moore a présenté ­Fahrenheit 11/9 (le 9 novembre 2016, les médias américains ont admis la victoire de Donald Trump sur Hillary Clinton), ­un pamphlet colérique, sincère et roublard, divaguant et provocant – un retour à la manière de son plus grand succès, Fahrenheit 9/11.

Le film de Michael Moore est à l’avant-garde d’une série de films politiques américains, documentaires ou fictions attendus au long du festival. Dans la première catégorie, on trouve les films de deux autres grandes figures du genre, que tout – méthode, style et inclinations politiques – oppose : Frederick Wiseman a filmé une petite ville au milieu des « flyover states » (les Etats qu’on ne fait que survoler) dans Monrovia, Indiana, pendant qu’Errol Morris a tenté de comprendre l’ancien conseiller du locataire de la Maison Blanche Steve Bannon dans American Dharma, déjà présenté à Venise. Les dirigeants du festival se demandent si le politicien d’extrême droite s’invitera à Toronto comme il l’a fait sur le Lido, ce qui pourrait provoquer quelque ­agitation dans une ville plutôt à gauche.

Côté fiction, on a déjà vu ­Monsters and Men, de Renaldo Marcus Green, qui examine en un récit éclaté les conséquences de la mort d’un ancien combattant afro-américain tué par la police de New York et l’on attend, entre autres The Frontrunner, de Jason Reitman, dans lequel Hugh Jackman incarne Gary Hart, candidat démocrate à la Maison Blanche en 1988, défait par un scandale sexuel.

Obsession de Trump pour sa fille

De sexe, il en est question dans Fahrenheit 11/9, car Michael Moore fait sienne la fameuse phrase de Malcolm X : « Par tous les moyens nécessaires ».

Dans la brillante série de montages qui ouvre son film, il aligne les interviews agressives d’Hillary Clinton par des journalistes mâles en superposant à l’image les accusations d’agressions sexuelles dont ces censeurs – Charlie Rose, Matt Lauer, Bill O’Reilly… – ont fait l’objet. Un peu plus loin, la succession d’images fixes ou animées ressassant l’obsession du président des Etats-Unis pour sa fille Ivanka.

Après avoir établi sommairement et vigoureusement les raisons de la défaite d’Hillary Clinton (au premier rang desquelles l’hubris de ses partisans, dont on voit les plus célèbres, de Nancy Pelosi à Jay Z, annoncer son inévitable victoire) et celles pour lesquelles son concurrent n’aurait jamais dû mettre les pieds dans le bureau Ovale, Michael Moore prend la tangente. Il ne s’agit plus de dépeindre les turpitudes de Donald Trump ou les carences de l’appareil démocrate, mais de fouiller dans le terreau sur lesquels ces plantes se sont épanouies.

COMME IL AIME À LE FAIRE, MICHAEL MOORE RETOURNE CHEZ LUI, À FLINT, MICHIGAN

Comme il aime à le faire, le réalisateur retourne chez lui, à Flint, Michigan. La ville ravagée par la désindustrialisation de Roger et moi (1989) est devenue un enfer pour ses habitants, dont les enfants ont été condamnés à boire de l’eau empoisonnée, dont les bâtiments abandonnés sont devenus des cibles pour l’artillerie de l’US Army qui s’entraîne là au combat de rue.

Chacun décidera si Michael Moore force le trait ou s’il se contente d’exprimer en termes simples des situations dont les hommes politiques aiment à dire qu’elles sont compliquées. C’est ce que fait un représentant républicain à la chambre de ­Floride, lorsque l’un des étudiants du lycée de Parkland, ravagé par l’irruption d’un tueur armé d’un fusil d’assaut, l’interroge sur sa position quant à la vente libre de ces armes. Il était inévitable que le réalisateur de Bowling for ­Columbine passe par le lycée Marjorie Stoneman et célèbre ses élèves militants. Car cette deuxième partie de Fahrenheit 11/9 prend la forme d’un tour des Etats-Unis de la résistance. En présentant son film, Michael Moore a revendiqué le terme, l’associant explicitement à la résistance en France sous l’occupation nazie.

Montagnes russes militantes

On a mieux compris cette assimilation en découvrant la troisième partie de son documentaire : elle compare systématiquement les Etats-Unis à l’Allemagne de Weimar et Donald Trump à Adolf Hitler. Le renfort d’historiens, d’un ancien magistrat au tribunal de Nuremberg ne suffit pas à muer cette comparaison en raison. A la fin de la projection, il suffisait de voir Michael Moore, entouré de lycéens de Parkland et de militants de Flint pour comprendre qu’il ne s’agit plus seulement de cinéma mais d’urgence politique, d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard.

Il revenait à l’esprit l’un des ­innombrables faits énoncés ­pendant ces deux heures de montagnes russes militantes : depuis 1992, les démocrates ont remporté le vote populaire dans toutes les élections présidentielles, sauf en 2004. Quatre mois avant ce dernier scrutin, sortait le plus grand succès de Michael Moore, Fahrenheit 9/11.

Sur le Web : www.tiff.net/tiff/fahrenheit-119

8 septembre 2018

Barack Obama sonne la charge contre Donald Trump

Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

L’ancien président a dénoncé, vendredi, le silence des républicains face aux dérives de son successeur et appelé les démocrates à se mobiliser pour les élections de novembre.

Les funérailles du sénateur républicain de l’Arizona John McCain, le 1er septembre, lui avaient déjà donné l’occasion de multiplier les allusions transparentes, mais l’ancien président Barack Obama est passé clairement à l’offensive contre Donald Trump, vendredi devant des étudiants de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign, à deux mois d’élections de mi-mandat aux allures de référendum pour l’actuel locataire de la Maison Blanche.

Le camp démocrate avait déjà fait la preuve de sa vigueur, manifestée par une floraison de candidatures, notamment féminines, et par de nombreux succès lors d’élections partielles. L’ancien président lui a apporté un socle : une lecture aussi impitoyable que charpentée du trumpisme, doublé d’un appel à la mobilisation.

A circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles. Pour Barack Obama, la mise à l’épreuve des institutions du pays justifie qu’un ancien président fasse entendre sa voix. « Un simple coup d’œil aux dernières informations devrait vous dire que ce moment est vraiment différent », a assuré l’ancien occupant du bureau Ovale à la fin d’une semaine qui a été marquée par la parution des bonnes feuilles d’un livre incendiaire de Bob Woodward sur la Maison Blanche, ainsi que par la publication, par le New York Times, d’une tribune anonyme tout aussi alarmiste rédigée par une personne se présentant comme membre de l’administration au pouvoir.

« Les enjeux sont vraiment plus élevés. Les conséquences plus graves si nous choisissons de rester sur la touche », a-t-il dit, « Cela n’a pas commencé avec Donald Trump. Il est un symptôme, pas la cause. Il ne fait que capitaliser les ressentiments que des hommes politiques attisent depuis des années. Une peur et une colère qui sont enracinées dans notre passé, mais aussi liées aux énormes bouleversements en cours. »

« Qu’est-il arrivé au Parti républicain ? »

« Au cours des dernières décennies, la politique de division, de ressentiment et de paranoïa a malheureusement trouvé sa place au sein du Parti républicain. Ce Congrès a défendu des lois sur le financement des campagnes électorales donnant aux milliardaires une influence hors normes sur notre politique », a déploré M. Obama.

« Il a systématiquement attaqué le droit de vote pour rendre plus difficile le vote des jeunes, des minorités et des pauvres. Il a distribué les réductions d’impôts sans tenir compte des déficits. Coupé les programmes sociaux autant que possible (…) Adopté des théories conspirationnistes sauvages, comme celles qui entourent [l’attaque de la représentation diplomatique américaine de] Benghazi, ou mon certificat de naissance [longtemps présenté comme faux par M. Trump]. Rejeté la science. Rejeté le changement climatique (…) Ce n’est pas un programme conservateur. Ce n’est sûrement pas normal. C’est un programme radical », a-t-il affirmé.

« Qu’est-il arrivé au Parti républicain ? », a fait mine de s’interroger l’ancien chef de l’Etat, listant ses revirements, sur la question du déficit budgétaire ou les relations avec la Russie, dénonçant ceux qui assurent « Oui, nous savons que tout ceci est un peu fou » mais qui « semblent totalement privés de colonne vertébrale pour sauvegarder les institutions qui font fonctionner notre démocratie ».

« Soit dit en passant », a-t-il poursuivi dans une allusion à la tribune anonyme qui assure que des conseillers brident l’action de Donald Trump, « l’affirmation que tout ira bien parce qu’il y a des gens à l’intérieur de la Maison Blanche qui ne suivent pas secrètement les ordres du président, ce n’est pas un frein – je suis sérieux ici – ce n’est pas comme ça notre démocratie est censée fonctionner ».

« Ces personnes ne sont pas élues. Ils ne sont pas responsables. Ils ne nous rendent pas service en faisant activement la promotion de 90 % des choses folles qui sortent de la Maison Blanche et en disant : Ne vous inquiétez pas, nous empêchons les 10 % restants. Ce n’est pas comme ça que les choses sont censées fonctionner. Ce n’est pas normal », a-t-il ajouté.

« On ne menace pas la liberté de la presse »

M. Obama s’est livré ensuite à un examen sans concessions de l’action de son successeur. « Lorsque les chiffres du travail sont publiés, les chiffres mensuels des emplois, soudain, les républicains disent que c’est un miracle. Je me permets de leur rappeler que ces chiffres d’emploi sont en fait les mêmes qu’en 2015 et 2016 », a-t-il affirmé.

« Nous sommes censés résister à la discrimination. Et il est évident que nous devons nous dresser clairement et sans équivoque contre des sympathisants nazis. Comment cela peut-il être difficile, de dire que les nazis sont mauvais », a-t-il poursuivi, dans une allusion aux propos ambigus de Donald Trump après les affrontements sanglants de Charlottesville (Virginie) qui avaient opposé, en août 2017, des suprémacistes blancs à des antifascistes.

« On ne devrait pas avoir à rappeler » qu’un président ne doit pas faire « pression sur le ministre de la justice ou sur le FBI [police fédérale] pour qu’il instrumentalise le système pénal pour punir nos opposants politiques », ou qu’il ne peut pas « demander explicitement au ministre de la justice de protéger les membres de son propre parti contre les poursuites parce qu’il y a des élections », a ajouté M. Obama en référence à des déclarations et à des messages publiés sur son compte Twitter par M. Trump.

« On ne devrait pas avoir à dire qu’on ne menace pas la liberté de la presse parce qu’elle publie, ou diffuse, des histoires que l’on n’aime pas. Je me suis plaint beaucoup de [la chaîne conservatrice] Fox News, mais vous ne m’avez jamais entendu menacer de la fermer ou l’appeler l’ennemi du peuple », a-t-il encore fait observer.

Vibrant appel à l’engagement

Fidèle à la ligne modérée suivie tout au long de sa carrière, M. Obama a rejeté comme antidote une radicalisation du Parti démocrate. « Il y a des gens bien intentionnés qui se passionnent pour la justice sociale, qui pensent que les choses se sont tellement dégradées (…) que nous devons combattre le feu avec le feu, que nous devons faire les mêmes choses que les républicains, adopter leurs tactiques (…) Je ne suis pas d’accord avec ça », a ajouté l’ex-président, qui a lancé un vibrant appel à l’engagement.

« En fin de compte, la menace pour notre démocratie ne vient pas seulement de Donald Trump, ni des républicains du Congrès, ni des frères Koch [des milliardaires qui militent pour la dérégulation] et de leurs lobbyistes, ni de trop de compromis de la part des démocrates, ni d’un piratage russe. La plus grande menace pour notre démocratie est l’indifférence. La plus grande menace pour notre démocratie est le cynisme », a-t-il affirmé.

« Si vous pensez que les élections n’ont pas d’importance, j’espère que les deux années écoulées ont modifié votre perception », a insisté M. Obama à l’attention des démocrates abstentionnistes en 2016. « Vous devez faire davantage que retweeter des hashtags, vous devez voter », a-t-il assuré.

En déplacement électoral dans le Dakota du Nord, M. Trump n’a guère tardé pour répliquer à son contempteur, après avoir estimé que son ministre de la justice (attorney general) Jeff Sessions devait, au nom de la « sécurité nationale », « enquêter pour savoir qui est l’auteur » de la tribune du New York Times contre lequel il a évoqué d’éventuelles poursuites. Le président a par ailleurs assuré que le discours de M. Obama l’avait « endormi ».

Gille Paris (Washington, correspondant)

Enquête russe : prison ferme pour un ex-conseiller de Trump Un tribunal fédéral a condamné, vendredi, à quatorze jours de prison George Papadopoulos, un ancien conseiller diplomatique de Donald Trump coupable d’avoir menti dans l’enquête sur une possible collusion entre Moscou et l’équipe de campagne du candidat républicain. M. Papadopoulos a aussi écopé d’une amende de 9 500 dollars (8 200 euros) et d’un an de libération conditionnelle assortie de travaux d’intérêt général. L’homme de 31 ans a été à l’origine de la fameuse enquête russe qui irrite fortement le président Trump. Il avait plaidé coupable en octobre 2017 de faux témoignage à la police fédérale (FBI). Il avait caché aux enquêteurs la vérité sur ses rencontres avec des émissaires de la Russie à quelques mois de l’élection présidentielle de novembre 2016. Sa sentence est relativement légère, étant donné qu’il encourait six mois de prison. M. Papadopoulos fut le premier conseiller de M. Trump à accepter de collaborer avec l’équipe du procureur spécial Robert Mueller. « Il fut le premier domino et beaucoup d’autres sont tombés depuis », ont écrit dans leurs arguments ses avocats, en référence à la mise en cause de l’ancien chef de campagne de M. Trump, Paul Manafort, ou encore de son ancien avocat personnel, Michael Cohen, dans le cadre de cette enquête tentaculaire.

19 août 2018

Donald Trump à Paris pour le 11 novembre...

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 Ci-dessus : Donald Trump au défilé du 14 juillet 2017 à Paris

Donald Trump assistera aux cérémonies du 11-Novembre à Paris

Dans l’impossibilité d’organiser son propre défilé militaire en raison d’un coût trop élevé, le président américain célébrera le centenaire de l’armistice en France.

Il voulait son propre défilé, mais il devra se contenter de celui de la France. Vendredi 17 août, Donald Trump a fait part de son irritation : son projet de parade militaire américaine, prévue pour le 10 novembre, est finalement repoussé, sans doute à 2019.

La veille, le ministère américain de la défense a expliqué ce report en raison du budget estimé pour organiser l’événement, qui dépasse les 90 millions de dollars (78 millions d’euros). Soit plus de trois fois le montant initialement envisagé par la Maison Blanche.

« Les politiciens locaux qui dirigent (mal) Washington flairent l’aubaine quand ils en voient une. Quand on leur a demandé de nous chiffrer un prix pour la tenue d’un grand défilé militaire de célébration, ils voulaient un montant si ridiculement élevé que je l’ai annulé », a réagi le président américain sur Twitter, vendredi.

Trump impressionné par le défilé du 14-juillet

« Au lieu de cela, je vais assister au grand défilé déjà prévu sur la base aérienne d’Andrews [Maryland, près de Washington] à une date différente, et (je vais) aller au défilé de Paris, célébrant la fin de la guerre, le 11 novembre », a-t-il ajouté, annonçant l’événement pour l’occasion. En janvier, lors de ses vœux à l’Elysée, le président de la République Emmanuel Macron avait annoncé vouloir inviter quatre-vingts chefs d’Etat pour cette commémoration.

La Maison Blanche avait annoncé début février que Donald Trump souhaitait un défilé pour mettre en avant la puissance militaire américaine. Le président des Etats-Unis s’était déclaré particulièrement impressionné par le défilé français du 14-Juillet, « formidable » selon ses mots. Il y avait assisté lorsqu’il avait été reçu en grande pompe par M. Macron à Paris en 2017.

 

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13 août 2018

Crise monétaire - la Turquie dévisse...

Turquie : Erdogan dans le piège économique

Inflation, chômage, déficits commerciaux… La chute de la livre turque, ces derniers jours, révèle les faiblesses structurelles du pays frappé par des sanctions américaines. Le président Erdogan dénonce une trahison de l’administration Trump.

La livre turque, qui a perdu plus de 50 % en un an (40 % de sa valeur depuis le seul début d’année) face à l’euro et au dollar, touche un plus bas sur fond de crise diplomatique avec les Etats-Unis et de défiance envers la politique économique du président Recep Tayyip Erdogan.

Pourquoi cet effondrement ?

Loin des discours nationalistes du chef de l’Etat sur le «miracle économique turc», la Turquie, fragile et déséquilibrée, est confrontée à nombre de défis structurels. C’est d’ailleurs, et de loin, le principal sujet de préoccupation des Turcs, loin devant les questions de justice ou de sécurité. Le pays connaît une inflation dramatique, 15,9 % en rythme annuel en juillet : cinq fois la moyenne des pays développés. Une inflation qui entame le pouvoir d’achat des ménages. Le chômage réel s’est envolé à 17 %, loin des statistiques officielles (11 %). Les entreprises croulent sous l’endettement, d’autant que poussées par le régime pour relancer la machine, elles ont beaucoup emprunté en dollars après le coup d’Etat raté de juillet 2016. Résultat : elles ont accumulé une dette en devises étrangères de plus de 200 milliards de dollars, dont un tiers arrive à échéance dans l’année. Et se retrouvent fragilisées par le pire taux de change de l’histoire du pays. A lui seul, le BTP a totalisé un nombre record de faillites l’an passé. Enfin, le pays connaît un sérieux déficit de sa balance des paiements, qui décrit les échanges économiques entre la Turquie et les autres pays : - 5,5 % du PIB en 2017. Pour financer les 50 milliards de dollars de déficit de son compte courant, le pays recourt chaque jour à 200 millions de dollars de financement extérieur. L’interventionnisme du Président, ajouté au renforcement de sa mainmise sur l’économie depuis sa réélection en juin, ne fait rien pour rassurer.

En quoi la géopolitique pèse-t-elle ?

Une des solutions ? Resserrer les cordons de la politique monétaire en remontant les taux d’intérêt. Mais le chef de l’Etat fait pression sur la Banque centrale pour qu’elle ne le fasse pas, car il redoute que cela ne freine la croissance (7,4 % en 2017), point fort de l’économie. Il a placé son gendre au poste clé de ministre des Finances, faisant de lui un Premier ministre officieux. Il ne veut pas entendre parler d’un changement de politique monétaire. Et préfère jouer la carte du complot américain pour mieux faire vibrer la corde nationaliste. «D’un côté, vous êtes avec nous dans l’Otan et, de l’autre, vous cherchez à frapper votre partenaire stratégique dans le dos. Une telle chose est-elle acceptable ?» a-t-il encore martelé lundi. La Turquie reproche le doublement des taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium décidé vendredi par Donald Trump, en rétorsion à l’arrestation d’un pasteur américain accusé «d’espionnage» et «de terrorisme». Ankara dénonce aussi le soutien de la Maison Blanche à Fethullah Gülen, prédicateur turc réfugié depuis près de vingt ans sur le sol américain et architecte, selon Erdogan, du putsch manqué de juillet 2016. Les autorités ne supportent plus non plus le soutien apporté par Washington en Syrie aux YPG, les Unités de protection du peuple kurde (branche armée du Parti de l’union démocratique, lire ci contre). Cette escalade diplomatique inquiète les investisseurs étrangers, dont la Turquie s’est pourtant rendue dépendante. Ils retirent leur argent, ce qui accentue encore la chute de la livre, déjà fragilisée par les faiblesses de l’économie.

Pourquoi une contagion est-elle possible ?

Parce qu’Erdogan en rajoute dans la surenchère plutôt que jouer l’apaisement. Ainsi, pour tenter de calmer les inquiétudes, la Banque centrale de Turquie a assuré lundi qu’elle fournirait toutes les liquidités dont les banques auraient besoin et prendrait les «mesures nécessaires» pour assurer la stabilité financière. Mais la nouvelle sortie au vitriol du chef de l’Etat sur les Etats-Unis n’a rien fait pour rassurer. Pas plus que son désir de châtier les internautes qui osent sur les réseaux sociaux dénoncer la politique du gouvernement et qu’Erdogan qualifie de «terroristes économiques». De façon plus générale, les autorités de surveillance financière de la zone euro redoutent que le système bancaire de l’Eurozone subisse une nouvelle période de tourmente, vu l’exposition à la Turquie de certaines banques espagnoles, italiennes et françaises. «Les banques turques qui ont emprunté en euros pourraient avoir des difficultés à rembourser leurs emprunts», dit un analyste. La crise turque pourrait surtout révéler les faiblesses d’autres économies de grands pays en développement. Beaucoup de devises d’émergents dévissent dans le sillage de la livre turque. En une semaine, le rand sud-africain et le rouble russe ont perdu 8 % face au dollar ; le real brésilien ou le peso argentin lâchant respectivement 4 et 6 %. La montée des tensions commerciales et la hausse des taux d’intérêt américains ont renchéri le coût de leurs financements étrangers, qui soutiennent leur croissance. Les investisseurs préfèrent donc placer leur argent ailleurs. Conséquences : les monnaies chutent, le coût des importations augmente, l’inflation avec. Et le spectre d’une nouvelle crise refait surface.

Christian Losson – Libération

30 juillet 2018

Le patron du « New York Times » dénonce la « rhétorique anti-presse » de Donald Trump

Le président américain a révélé avoir discuté des « fausses informations » avec le directeur du quotidien new-yorkais. M. Sulzberger a fait valoir son inquiétude en retour.

Il ne devait sûrement pas s’y attendre, mais Donald Trump l’a contraint à prendre la parole et à assumer. Le patron du prestigieux quotidien américain New York Times a révélé, dimanche 29 juillet, avoir vigoureusement mis en garde Donald Trump sur ses attaques répétées contre la presse lors d’une rencontre à la Maison Blanche, qualifiant son discours sur les « fake news » de « dangereux et nuisible ».

C’est le président américain lui-même qui avait révélé, un peu plus tôt dans un tweet, avoir discuté de fausses informations avec Arthur Gregg Sulzberger, directeur de la publication du New York Times, que M. Trump prend régulièrement pour cible de ses critiques.

« Nous avons passé beaucoup de temps à parler de la quantité de Fake News qui sont publiées par les médias et comment ces Fake News se sont métamorphosées en une phrase, “Ennemi du peuple”. Triste ! »
Donald Trump qualifie régulièrement de « fake news » (fausses informations) les médias généralistes américains qui, pour la plupart, se montrent très critiques sur sa présidence. Ce tweet a conduit M. Sulzberger à publier un communiqué sur cette rencontre, qui était supposée rester confidentielle, comme toutes les réunions que les dirigeants des grands médias américains ont régulièrement avec les responsables du gouvernement.

Des attaques « dangereuses et nuisibles »

Le patron de 37 ans a précisé avoir rencontré le président septuagénaire le 20 juillet, à la demande de la Maison Blanche, accompagné du responsable des éditoriaux du journal, James Bennet. Il a ajouté avoir décidé de répondre publiquement au tweet de M. Trump, en se basant sur les notes détaillées prises par James Bennet et lui-même, après la façon dont le président américain a évoqué leur conversation.

« Mon objectif principal en acceptant cette rencontre était de soulever mes inquiétudes au sujet de la rhétorique anti-presse extrêmement troublante du président », a expliqué celui qui a succédé début 2018 à son père, Arthur Ochs Sulzberger, comme directeur de la publication du Times. « J’ai dit franchement au président que je pensais que son discours n’était pas seulement facteur de division mais qu’il était de plus en plus dangereux », a-t-il ajouté dans ce communiqué.

« Je lui ai dit que bien que l’expression “fake news” soit fausse et nuisible, j’étais beaucoup plus préoccupé par sa façon de caractériser les journalistes comme des “ennemis du peuple”. »
« Je l’ai prévenu que ce langage incendiaire contribuait à une augmentation des menaces contre les journalistes et allait inciter à la violence », a poursuivi le patron du Times, précisant avoir insisté sur le fait que « c’est particulièrement vrai à l’étranger ». « La rhétorique du président est utilisée par certains régimes pour justifier des répressions d’ampleur contre les journalistes », a-t-il encore dénoncé.

« Je l’ai imploré de revenir sur ses vastes attaques contre le journalisme, que je pense être dangereuses et nuisibles pour notre pays », a ajouté M. Sulzberger, tout en précisant que le président américain avait bien sûr le droit, comme ses prédécesseurs, de critiquer la façon dont la presse relate son action.

Les diatribes habituelles de Trump contre la presse

Le New York Times fait partie des médias les plus souvent attaqués par Donald Trump, avec notamment la chaîne CNN et le Washington Post, propriété du patron d’Amazon, Jeff Bezos. Le président américain l’a qualifié de « défaillant et corrompu », « quasi-lobbyiste » et « partial », ou encore de « vraiment l’un des pires journaux », ayant « la plus imprécise couverture ».

Les diatribes contre la presse font partie du cocktail idéologique de Donald Trump, qui cherche à décrire des élites, dont la presse, éloignées des préoccupations du pays. Une polémique a opposé la semaine dernière CNN à la présidence américaine, qui avait refusé à l’une de ses journalistes l’accès à la Maison Blanche pour une conférence de presse du président américain et du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Le New York Times occupe cependant une place à part pour Donald Trump. Né à New York, ville où il a construit son succès dans les affaires, c’est probablement le journal qu’il connaît le mieux. C’est à lui aussi qu’il avait accordé l’une de ses premières grandes interviews peu après son élection.

19 juillet 2018

La couverture du TIME

17 juillet 2018

Trump admet finalement l'ingérence des Russes dans la présidentielle 2016

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Rétropédalage.

Le président américain Donald Trump a assuré mardi admettre les conclusions de ses services de renseignement selon lesquels la Russie a bien interféré dans la campagne présidentielle en 2016, cherchant à apaiser la vive controverse après son sommet lundi avec Vladimir Poutine.

Le locataire de la Maison Blanche est revenu sur ses déclarations jugées trop conciliantes à l'égard du maître du Kremlin, expliquant s'être mal exprimé à Helsinki quand il a dit n'avoir aucune raison de ne pas croire les dénégations de Poutine sur l'interférence de Moscou dans l'élection. Le milliardaire américain a cependant précisé que cette ingérence de Moscou n'avait eu «aucun impact» sur le résultat du scrutin remporté. Libération.

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17 juillet 2018

Vladimir Poutine domine la rencontre d’Helsinki face à Donald Trump

Lors d’une conférence de presse commune, lundi en fin d’après-midi, le président russe a surtout énuméré une longue liste de sujets sur lesquels il attendait une amélioration sensible des relations.

Par Isabelle Mandraud (Helsinki, envoyée spéciale) et Gilles Paris (Helsinki, envoyé spécial) - Le Monde

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Donald Trump et Vladimir Poutine à Helsinki, le 16 juillet.

Une relation sur un pied d’égalité, c’est ce que Vladimir Poutine semble avoir récolté de ses entretiens avec Donald Trump, lundi 16 juillet, à Helsinki, au terme d’une tournée de ce dernier en Europe, marquée par des échanges sans précédent avec les alliés des Etats-Unis. Au cours d’une conférence de presse commune, très amicale, tenue par les deux présidents en fin d’après-midi, M. Poutine a qualifié les pourparlers avec son homologue de « très réussis et très utiles ».

M. Trump, qui avait exprimé au début de la rencontre son désir de parvenir à « une relation extraordinaire » avec la Russie, a abondé en ce sens, au point de consacrer une partie de son intervention à une critique brutale de son opposition démocrate et des médias, jugés uniformément hostiles au rapprochement qu’il appelait de ses vœux. Ses félicitations adressées à son interlocuteur à propos de l’organisation de la Coupe du monde, qui s’est achevée la veille, ont été payées en retour par un exemplaire du ballon officiel de la compétition remis par Vladimir Poutine, que le président des Etats-Unis a promis de confier à son fils Barron, grand amateur de ce sport.

Précis, le président de la fédération russe a surtout énuméré, au cours de cet exercice commun, une longue liste de sujets sur lesquels il attendait une amélioration sensible des relations entre deux superpuissances nucléaires, voire entre deux puissances dans le domaine de l’énergie, comme il l’a aussi rappelé, insistant, à sa manière, sur cette notion d’égalité. Il a plaidé à chaque fois pour une coopération approfondie dans la lutte contre le terrorisme, le contrôle des armes nucléaires, la situation en Syrie ou en Crimée.

« Chasse aux sorcières »

Vladimir Poutine a été le premier à aborder le sujet sans doute le plus délicat entre les deux capitales : les interférences imputées à la Russie pendant la présidentielle américaine de 2016. Il les a niées froidement avant de proposer, également sur ce point, une collaboration entre la Russie et les Etats-Unis. Interrogé à ce sujet, Donald Trump a donné l’impression d’abonder dans son sens en dénonçant « un désastre » pour son pays. Il a préféré longuement s’étendre sur les zones d’ombre qui, selon lui, continuent d’entourer l’enquête aux dépens des démocrates, s’interrogeant comme il l’avait fait au cours de la campagne sur des courriers électroniques de son adversaire démocrate Hillary Clinton.

Quelques heures auparavant, Donald Trump affichait déjà une volonté de nouer un dialogue, qui le poussait à pointer du doigt tout ce qui pourrait faire obstacle à celle-ci. Il a ainsi dénoncé avec virulence, sur son compte Twitter, la « chasse aux sorcières truquée » que constitue, selon lui, l’enquête du procureur spécial Robert Mueller.

Quatre jours après l’inculpation de douze membres du renseignement russe par le procureur spécial, le président des Etats-Unis a estimé que cette enquête était en partie responsable de la détérioration des relations avec Moscou. « Elles n’ont jamais été pires », a-t-il assuré, ajoutant que « des années de bêtise et de stupidité américaines » y avaient également contribué. Le ministère des affaires étrangères russe a aussitôt partagé ce message agrémenté du commentaire « nous sommes d’accord ». La veille, M. Trump avait déjà insisté sur le fait que ces interférences étaient survenues sous « l’administration Obama », mise en cause pour sa passivité supposée.

Depuis l’annonce de ces inculpations, la Maison Blanche s’est abstenue de toute forme de critique visant la Russie. Un souci d’apaisement à la veille de la rencontre de lundi, qui a tranché avec l’agressivité déployée par le président américain à l’égard de ses alliés depuis le début de sa tournée en Europe, le 10 juillet. Celle-ci devait s’achever après les entretiens avec le président de la fédération russe.

« L’Union européenne est un ennemi »

Donald Trump est d’ailleurs revenu à la charge dimanche contre l’Union européenne. « Je pense que nous avons beaucoup d’ennemis. Je pense que l’Union européenne est un ennemi, avec ce qu’ils nous font sur le commerce. Bien sûr, on ne penserait pas à l’Union européenne, mais c’est un ennemi », a-t-il assuré à la chaîne CBS.

Au cours du même entretien, il a ajouté que « la Russie [était] un ennemi par certains aspects », un qualificatif également utilisé à propos de la Chine, présentée comme un « ennemi économique ».

La bonne volonté mise en scène lundi a fait l’économie de détails sur la Syrie, même si Vladimir Poutine a mentionné la priorité d’une stabilisation du sud du pays, qui bénéficierait, selon lui, à tous les pays frontaliers. A propos de la Crimée, le président russe a évoqué les accords de Minsk, tout en invitant son homologue à user également de son influence auprès du gouvernement ukrainien.

Comme l’ont montré les propos de Vladimir Poutine, la partie russe est attachée à trouver un terrain d’entente sur les armes, où les contentieux se sont accumulés. C’est l’un des sujets que le président russe a le plus travaillés avec son état-major avant de quitter Moscou. Les deux délégations devaient notamment aborder la question du renouvellement du New Start, un traité de réduction des armes nucléaires signé en 2010 par les deux pays, qui limite à 1 550 le nombre de têtes nucléaires chacun. Ce traité expire en 2021, mais il peut être prolongé pour une période de cinq ans. Autre sujet sur la table : le traité sur les forces nucléaires dissuasives à portée intermédiaire, signé en 1987.

« Bienvenue en terre de liberté de la presse »

A Helsinki, une campagne de presse a précédé l’arrivée des deux dirigeants. Dans toute la ville, les panneaux publicitaires, à l’initiative du principal quotidien finlandais, Helsingin Sanomat, affichaient le même message en anglais et en russe, « Bienvenue, Monsieur le président, en terre de liberté de la presse ». Impossible pour les cortèges présidentiels de ne pas les voir.

Dimanche, plus d’un millier de personnes ont manifesté contre les deux présidents, fédérés autour d’une même banderole, « Make Human Rights Great Again » – pastiche du slogan de campagne de Donald Trump « Make America Great Again ». Un autre petit cortège a défilé lundi dans la capitale finlandaise à bonne distance du périmètre sécurisé établi autour du palais de la présidence.

Des Ukrainiens et des Russes venus de Saint-Pétersbourg ont fait cause commune dimanche pour exiger la libération du cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, condamné à vingt ans de colonie pénitentiaire en Russie pour « terrorisme » et aujourd’hui en grève de la faim depuis plus de soixante jours. Le Pen Club américain n’a pas été en reste, avec une grande banderole portant cette même revendication.

Lors de ce rassemblement festif et coloré, animé au cœur de la capitale finlandaise par un concert, beaucoup de pancartes « Non aux dictateurs » ont été brandies, les participants ne faisant pas de différence entre les deux dirigeants. Un « Non à la séparation des familles » a visé la politique migratoire de Donald Trump, pendant qu’un « Troll factory no » a fait allusion aux interférences reprochées à des pirates informatiques russes dans les élections occidentales.

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