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Jours tranquilles à Paris
donald trump
20 janvier 2019

Président Trump, an II : état d’urgence

Par Gilles Paris, Washington, correspondant

Après quatre semaines de « shutdown » pour forcer les démocrates à voter le financement du « mur » qu’il veut ériger, le président américain s’est senti dans l’obligation de manœuvrer, alerté par une accumulation de sondages négatifs.

Un président sait qu’il est dans la difficulté lorsqu’il est obligé de s’exprimer un samedi après-midi, au début d’un long week-end de trois jours, Martin Luther King Day oblige.

Après quatre semaines de blocage (« shutdown ») d’un quart du gouvernement fédéral, pour forcer les démocrates à voter le financement du « mur » qu’il veut ériger à la frontière avec le Mexique, Donald Trump s’est senti dans l’obligation de manœuvrer, alerté par une accumulation de sondages négatifs.

Il a donc proposé à son opposition un compromis « de bon sens » : le financement d’un ouvrage définitif contre une protection temporaire des sans-papiers arrivés enfants aux Etats-Unis. Sauf que ces derniers échappent déjà provisoirement aux expulsions du fait d’une décision de justice. Les démocrates n’ont pas du tout été emballés.

« Penser grand »

Le président n’a manifestement pas relu récemment le premier ouvrage signé de son nom : Trump, the art of the deal, publié en 1987. Le deuxième chapitre, intitulé Trump cards, the elements of the deal, rassemblait les recettes qui feraient immanquablement du lecteur un condottiere de la finance ou de l’industrie.

La première astuce était de « penser grand ». Dans le cas du « mur », le président voit de plus en plus petit. Il a rappelé, samedi, qu’il n’irait pas d’un océan à un autre, tout comme il a renoncé à nouveau à la muraille de béton promise au profit d’une plus modeste barrière métallique dont la localisation et la hauteur restent à définir. Bref le « mur » n’est plus le « mur », tout en le restant pour des raisons de promesses électorales.

Dans ce même chapitre, l’homme d’affaires suggérait de « maximiser ses options ». « Je me protège en étant flexible, je ne m’attache jamais trop à un deal ou à une approche », expliquait-il. Le président a pourtant rivé son destin à ce « mur », au point que ses moindres gestes sont scrutés par son aile droite, attentive au moindre signe de faiblesse. La pamphlétaire anti-immigration Ann Coulter n’a d’ailleurs pas apprécié l’allocution présidentielle de samedi. « On a voté pour Trump et on a Jeb » Bush, candidat malheureux à l’investiture républicaine en 2016 et jugé trop laxiste en la matière, a-t-elle pesté sur son compte Twitter.

« Connaître son marché »

Toujours dans le même ouvrage, le magnat de l’immobilier recommandait de « connaître son marché ». Mais le président semble imperméable à l’idée que le Congrès lui est défavorable depuis les élections de mi-mandat, en novembre 2018. Les démocrates sont désormais majoritaires à la Chambre des représentants et Donald Trump n’est même pas certain de disposer de la majorité qualifiée pour faire adopter ses nouvelles propositions au Sénat.

En 1987, le promoteur assurait que « la pire chose est de donner l’impression de vouloir à tout prix » quelque chose. C’est précisément la situation dans laquelle il se trouve aujourd’hui avec un « mur » dont la réalisation dépend d’autres que lui.

Par sa proposition de samedi, manifestement négociée entre républicains et donc peu susceptible d’être acceptée par les démocrates, Donald Trump n’espérait sans doute pas trouver une issue au gel partiel du gouvernement fédéral, mais plutôt, en anticipant leur refus, transférer sur leurs épaules une partie de la responsabilité du « shutdown ».

Pour le malheur des fonctionnaires fédéraux, le roi de la négociation est resté enfermé dans les pages publiées en 1987.

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10 janvier 2019

Trump attendu au Texas ce jeudi

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9 janvier 2019

Les Etats-Unis s’enfoncent dans la crise après l’allocution de Trump sur son « mur » à la frontière

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Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

Le président américain a choisi un ton plus solennel qu’à l’habitude, mardi, pour tenter de convaincre, alors que son projet est à l’origine du gel d’un quart du gouvernement fédéral depuis le 21 décembre 2018.

Donald Trump avait choisi la solennité d’une adresse présidentielle, dans le bureau Ovale de la Maison Blanche, mardi 8 janvier, pour tenter de gagner la bataille de l’opinion à propos du « mur » qu’il veut ériger sur la frontière avec le Mexique, mais qui est refusé par les démocrates. Ce blocage est à l’origine du gel (« shutdown ») d’un quart du gouvernement fédéral depuis le 21 décembre 2018.

Après des semaines de messages comminatoires et très souvent mensongers publiés sur son compte Twitter, le président des Etats-Unis, avec gravité, a défendu son projet avec une plus grande mesure, sans céder cependant un pouce de terrain.

La réponse des responsables démocrates du Congrès, la speaker (présidente) de la Chambre des représentants Nancy Pelosi (Californie) et le sénateur Chuck Schumer (Etat de New York) a montré qu’ils n’étaient pas plus disposés à des concessions.

Le « shutdown » est en passe de devenir le plus long de l’histoire des Etats-Unis si aucun compromis n’est forgé avant la fin de la semaine. Le record actuel remonte à un conflit entre le président démocrate Bill Clinton et les républicains à propos du déficit budgétaire. Ces derniers avaient fini par rendre les armes après vingt et un jours de blocage.

Tour de passe-passe

Nul ne peut dire pour l’instant qui cédera le premier cette fois-ci, ou bien si un accord finira par se dessiner sous la pression des modérés des deux camps. Alors qu’une poignée de sénateurs républicains commence à exprimer leur soutien pour une solution transitoire défendue par les démocrates – un financement temporaire des départements fédéraux concernés pour permettre une négociation plus sereine –, Donald Trump a prévu de battre le rappel des troupes mercredi à l’occasion d’un déjeuner au Congrès. Il doit également se rendre près de la frontière au Texas jeudi.

Peu à l’aise dans un exercice très contraint qu’il pratiquait pour la première fois, le président des Etats-Unis a renoncé, mardi, à déclarer un état d’urgence évoqué les jours précédents qui lui aurait permis de contourner le Congrès et de mobiliser l’armée. Cette démarche hardie mais risquée aurait sans doute été la promesse de contestations devant les tribunaux et les précédents en la matière ne plaident pas en faveur du président.

Ce dernier a également remisé les formules chocs, dénoncées comme fausses, assénées les jours précédents. Il n’a ainsi pas fait mention du flot de « terroristes » transitant selon lui par la frontière dont sa propre administration n’a jamais trouvé la trace. Mais il a une nouvelle fois assuré que la construction d’une séparation physique protégerait les Etats-Unis du trafic de drogue, alors que celui-ci passe principalement par les points de passage légaux.

Après avoir martelé pendant la campagne présidentielle que le Mexique financerait l’ouvrage d’art, Donald Trump a affirmé, mardi, que les économies qui seraient selon lui réalisées grâce à la réduction du trafic de drogue dégageraient des bénéfices équivalents aux 5,7 milliards de dollars (5 milliards d’euros) exigés pour sa construction, tout comme le nouveau traité de libre-échange négocié avec ce voisin des Etats-Unis. Une présentation qui relève sur ce dernier point du tour de passe-passe.

Aucune véritable ouverture

Fidèle à ses premiers propos de candidat, en juin 2015, le président des Etats-Unis a également associé une nouvelle fois l’immigration au crime. « Au fil des ans, des milliers d’Américains ont été brutalement tués par ceux qui sont entrés illégalement dans notre pays, et des milliers d’autres vies seront perdues si nous n’agissons pas maintenant », a-t-il dit. « Combien de sang américain devra être versé avant que le Congrès fasse son travail ? », a-t-il ajouté au terme d’une longue liste de victimes.

De nombreuses études, y compris celles issues du cercle de réflexion libertarien CATO, insistent au contraire sur le fait que les immigrants commettent proportionnellement moins de crimes que les personnes nées aux Etats-Unis.

Donald Trump n’a pas exprimé de compassion à l’égard des fonctionnaires fédéraux et des sous-traitants directement touchés par le gel du gouvernement fédéral. Il « reste fermé pour une raison et une seule : les démocrates ne veulent pas financer la sécurité des frontières », a assuré le président qui avait pourtant assuré en décembre 2018 qu’il serait « fier » de provoquer ce blocage pour ce motif.

A quelques détails près, comme la promesse de fonds supplémentaires pour mieux accueillir les demandeurs d’asile, ou la nature de ce « mur », qui serait désormais constitué de lames de métal et non plus de béton, Donald Trump n’a esquissé aucune véritable ouverture.

Il n’a pas évoqué par exemple, comme le lui suggèrent pourtant de nombreuses figures conservatrices – de l’ancien speaker Newt Gingrich aux milliardaires Charles et David Koch –, un éventuel « troc » entre le financement de cette muraille et la régularisation des sans-papiers arrivés enfants aux Etats-Unis. Ces derniers bénéficiaient, depuis 2012, d’un statut légal qu’il a supprimé en septembre 2017, même si cette décision a été gelée ultérieurement par la justice.

Pelosi : « cesser de prendre les Américains en otages »

Dans leurs réponses, Nancy Pelosi et Chuck Schumer ont tenté de recadrer le débat dans une perspective qui leur soit plus favorable, tout en affichant leur unité. « Ne vous y trompez pas : les démocrates et le président veulent tous renforcer la sécurité à la frontière. Nous sommes toutefois en profond désaccord avec le président sur la façon la plus efficace de le faire », a assuré le sénateur, après que Nancy Pelosi avait dénoncé un projet « très coûteux et inefficace ». « Le président doit cesser de prendre les Américains en otages, cesser de créer de toutes pièces une crise [à la frontière] et doit rouvrir le gouvernement », avait-elle exigé.

Les deux camps sont d’autant moins enclins à se rapprocher qu’ils pensent l’un comme l’autre pouvoir profiter de cette crise. Après avoir failli brièvement renoncer à ce financement en décembre 2018, suscitant alors la colère de son aile droite, Donald Trump est désormais convaincu qu’il doit camper sur cette exigence et sur cette promesse de campagne, surtout à la veille de se lancer dans la bataille pour une éventuelle réélection.

De leur côté, les démocrates sortis renforcés à la Chambre lors des élections de mi-mandat considèrent être en position de force parce que le président avait centré sans succès sa campagne sur la situation à la frontière.

Ils considèrent aussi que les sondages qui montrent qu’une majorité de personnes interrogées jugent majoritairement Donald Trump responsable du blocage jouent en leur faveur.

26 décembre 2018

Une année de tweets plus ou moins diplomatiques de Donald Trump

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Par Pierre Bouvier - Le Monde

Avec son téléphone, il prend le risque de provoquer des crises, voire de ruiner la stratégie de ses alliés ou de son administration.

Depuis son élection, le 8 novembre 2016, Donald Trump n’a cessé d’utiliser Twitter. Selon le site Trump Twitter Archive, à la date du 25 décembre, le président américain a tweeté plus de 5 500 fois depuis sa victoire, tous sujets confondus. Imprévisible jusque dans le domaine de la diplomatie, @realDonaldTrump, qui est le chef d’Etat le plus suivi avec 56 millions de followers, prend volontiers le risque de provoquer des crises diplomatiques, voire de ruiner la stratégie de sa propre administration ou celle de ses alliés.

Lundi 24 décembre au soir, en plein « shutdown » et alors que la Bourse de New York achevait sa pire semaine depuis 2008, le président américain a de nouveau publié, en quatre heures, plus d’une dizaine de tweets, traitant du retrait américain de Syrie, du mur en construction à la frontière avec le Mexique ou encore attaquant la Banque centrale américaine (Fed). « L’Amérique est de nouveau respectée ! », a-t-il écrit. « Je suis tout seul (pauvre de moi) à la Maison Blanche », s’est-il aussi lamenté en cette veillée de Noël.

Pour le New Yorker, Donald Trump termine l’année 2018 comme il l’avait commencée, confirmant qu’il n’y a pas de « normalité » à attendre du président.

Du Pakistan à la France

Le 1er janvier, il s’en était pris au Pakistan, allié des Etats-Unis dans la guerre contre les talibans et l’organisation Etat islamique (EI) en Afghanistan. En fin d’année, la « bromance » avec son homologue français, Emmanuel Macron, s’est terminée sur un feu d’artifice de tweets assassins. A peine atterri à Paris où il venait assister aux cérémonies du centenaire de la fin de la guerre de 1914-1918, Donald Trump a décoché un premier tweet contre son hôte, le 9 novembre :

« Très insultant, mais peut-être l’Europe devrait-elle payer sa part (du budget) de l’OTAN, que les Etats-Unis assument largement. »

Emmanuel Macron venait d’évoquer la création d’une « vraie armée européenne » pour que l’Union européenne (UE) ne dépende pas seulement des Etats-Unis face à une Russie « menaçante ».

A peine reparti, Donald Trump a poursuivi dans la même veine : « MAKE FRANCE GREAT AGAIN ! », a-t-il écrit. Ajoutant : « Le problème est qu’Emmanuel souffre d’un taux de popularité très faible en France, 26 %, et d’un taux de chômage de presque 10 %. »

Marie-Cécile Naves, chercheuse associée à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et auteure de Géopolitique des Etats-Unis (Eyrolles, 2018), relativise la portée des attaques : M. Trump « était contrarié par sa défaite lors des élections de mi-mandat et par la phrase de Macron sur la défense européenne ».

Le président américain a poursuivi, en décembre, donnant son avis sur le mouvement des « gilets jaunes » estimant qu’il « est temps de mettre fin à l’accord de Paris ». Paris qui a fini par lui demander de ne pas se mêler de politique intérieure française.

Enfin, il a réussi une improbable synthèse en commentant l’actualité française à des fins de politique intérieure lorsqu’il a établi un lien entre l’attentat de Strasbourg et la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis : « Encore une terrible attaque terroriste en France. Nous allons encore plus renforcer nos frontières », afin de demander aux leaders du Parti démocrate de voter le financement du mur avec le Mexique.

Avant Macron, Merkel, May et Trudeau

Emmanuel Macron a découvert après Angela Merkel et Theresa May, les foucades trumpiennes. Critiqué pour son traitement des familles de migrants qui essaient d’entrer aux Etats-Unis, Donald Trump s’en est pris, le 18 juin, à la politique migratoire de la chancelière allemande : « Grosse erreur dans toute l’Europe que de laisser entrer des millions de personnes qui ont si fortement et violemment changé leur culture ! » Avant d’ajouter : « Nous ne voulons pas que ce qui se passe avec l’immigration en Europe se passe avec nous ! » Et de conclure le lendemain : « La criminalité a augmenté de 10 % à cause de l’accueil des migrants. »

Le 11 juillet, lors du sommet de l’OTAN, Donald Trump a accusé Berlin de ne pas contribuer de manière équitable au budget de l’organisation de défense, puis l’Allemagne d’être « prisonnière de la Russie parce qu’elle tire une grande partie de son énergie » de ce pays.

La première ministre britannique a, elle, eu droit à son lot d’attaques avec l’interview du président dans le quotidien The Sun au cours de laquelle il critique sa gestion du Brexit. Pour Marie-Cécile Naves, Donald Trump, qui « utilise les codes de la téléréalité », « s’en prend souvent à un pays européen en particulier ou à un autre pour attiser les divisions entre les membres de l’UE ».

Son voisin canadien n’est pas épargné : alors qu’il accueillait le sommet du G7, Justin Trudeau se voit qualifier de « très malhonnête et faible », sur fond de désaccords commerciaux entre les deux pays.

Poutine et Kim Jong-un chouchoutés

S’il s’en est pris aux alliés traditionnels de Washington, Donald Trump a souligné la qualité de ses relations avec… Vladimir Poutine et Kim Jong-un. Avec le premier, au mois d’août, il a eu une « rencontre formidable au cours de laquelle beaucoup a été accompli ».

En pleine affaire Khashoggi, il fait preuve de cynisme en acceptant plus volontiers la version de Riyad que celle de ses propres services de renseignement.

Mais c’est avec Pyongyang que le revirement est le plus marquant. En quelques mois, le président est passé du « Rocket Man » (« homme-fusée ») et « fou » en vigueur à l’automne 2017 à de « possibles progrès » du mois de mars avant, en juillet, d’évoquer la « gentille lettre » de son homologue nord-coréen, quelques semaines après leur rencontre à Singapour, en juin.

« Sa communication sur Twitter s’adresse davantage aux observateurs qu’à Pyongyang, puisqu’il n’a aucun réel moyen de pression sur Kim Jong-un », relève Mme Naves.

Son administration court-circuitée

L’annonce de la démission du secrétaire à la défense, James Mattis, après celle du retrait des troupes américaines en Syrie, est la plus récente illustration des effets dévastateurs de son utilisation de Twitter. « Nous avons vaincu l’EI en Syrie, ma seule raison d’être là-bas durant la présidence Trump », a tweeté Donald Trump, mercredi 19 décembre.

« En un tweet, Trump a détruit la politique américaine au Moyen-Orient », a ainsi réagi Victoria Nuland, diplomate américaine, secrétaire d’Etat assistante pour l’Europe et l’Eurasie de 2013 à 2017, dans le Washington Post. « Twitter lui sert à court-circuiter le département d’Etat, ses propres services, mais surtout, à s’adresser à son électorat », analyse Mme Naves.

Don’t feed the troll

« Ses tweets, énigmatiques ou rageurs, brouillent la communication de ses interlocuteurs, observe la chercheuse à l’IRIS. Mais surtout, ils lui permettent de ramener le débat à sa personne, comme lorsqu’il a affirmé que lors du mouvement des “gilets jaunes” des manifestants ont scandé “nous voulons Trump”. »

Après les attaques contre la France, l’ancien secrétaire d’Etat démocrate, John Kerry, a critiqué l’attitude du président qui déclare « son “amour” pour Kim Jong-un (…) mais insulte notre plus vieil allié [la France]. Arrêtez de tweeter ! L’Amérique a besoin d’amis ».

Mais rares sont les chefs d’Etat qui prennent le risque de répondre au président américain, pour ne pas envenimer la situation. Les plus avisés préfèrent le « subtweeter » (lui répondre sans le nommer).

En avril, après une philippique du président américain contre l’aide de la Russie au régime syrien, Dimitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine a répondu que la Russie ne « faisait pas de diplomatie sur Twitter ». Dans une interview à CNN, Emmanuel Macron répondait aux attaques de Donald Trump :

« Je préfère toujours avoir des discussions directes ou répondre à des questions que faire ma diplomatie au travers de tweets. »

25 décembre 2018

Il n'y a que Trump pour faire une remarque pareille à un enfant le soir de Noël

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22 décembre 2018

Faute d’obtenir un vote du Sénat sur son « mur », Trump provoque l’arrêt d’une partie de l’Etat fédéral

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Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

Un quart des fonctionnaires sont concernés : environ 420 000, indispensables, devront travailler sans recevoir de salaire et 380 000 seront invités à rester chez eux.

Donald Trump s’est heurté à la réalité, vendredi 21 décembre. Incapable d’obtenir les 5 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros) qu’il exigeait pour commencer la construction du « mur » qu’il veut ériger sur la frontière avec le Mexique, il a contribué de manière décisive à un gel (shutdown) d’une partie du gouvernement fédéral entré en vigueur à minuit, heure de Washington.

Un quart des fonctionnaires fédéraux sont concernés. Environ 420 000 d’entre eux, indispensables au fonctionnement de l’Etat, devront travailler sans recevoir de salaire jusqu’à la conclusion d’un accord, alors que 380 000 seront invités à rester chez eux, également sans être payés. « Espérons que le shutdown ne durera pas longtemps », a affirmé le président dans une vidéo postée sur son compte Twitter dans la soirée de vendredi.

La partie était écrite à l’avance. Faute de disposer d’une majorité suffisamment large au Sénat, le président savait qu’il n’avait aucune chance d’avoir satisfaction. Mais il a compliqué la situation du fait d’un style hétérodoxe déjà illustré cette semaine par la décision abrupte de retirer les troupes américaines déployées en Syrie. Elle a poussé à la démission, jeudi, son très respecté secrétaire à la défense, James Mattis, provoquant une onde de choc à Washington et bien au-delà.

Cet exercice solitaire du pouvoir s’est vérifié sur la question du « mur », une promesse de campagne qu’il n’a jamais pu concrétiser pendant deux ans en dépit d’un contrôle total du Congrès. Après avoir promis pendant la campagne présidentielle que le Mexique financerait cet ouvrage controversé, Donald Trump a multiplié cette semaine les changements de cap sans la moindre concertation avec la direction républicaine du Congrès.

Impopularité des « shutdowns »

Il a ainsi brutalement refusé jeudi une simple prolongation de deux mois du financement des départements fédéraux concernés, dont celui qui est chargé des frontières, sans le moindre dollar pour le « mur », alors que le Sénat l’avait adoptée à l’unanimité, croyant avoir le feu vert de la Maison Blanche. La bronca de l’aile anti-immigration du camp conservateur, menée par l’inoxydable animateur radio Rush Limbaugh et la pamphlétaire Ann Coulter, avait convaincu le président de virer de bord.

Revenu au point de départ, une équation insoluble au Sénat, Donald Trump a alors enjoint le chef de la majorité républicaine à la haute assemblée, Mitch McConnell, de changer sur le champ les règles qui imposent une majorité qualifiée pour y faire adopter un projet de loi. Une option radicale que l’intéressé a déjà exclue à plusieurs reprises.

Donald Trump avait déjà ajouté la maladresse à la confusion en assurant, le 12 décembre, qu’il serait « fier de mettre à pied le gouvernement au nom de la sécurité des frontières ». « J’en prendrai la responsabilité », avait-il ajouté à l’occasion d’une rencontre avec les responsables démocrates du Congrès. Il a changé de ton, vendredi, en assurant que ces derniers en seraient les seuls coupables, pour tenter de se dégager du piège qu’il s’était tendu à lui-même compte tenu de l’impopularité des shutdowns.

Le président n’a cessé de prendre son public à témoin, vendredi, par le truchement de son compte Twitter. « Les démocrates essaient de minimiser le concept du mur, le qualifiant de dépassé. Mais le fait est que rien d’autre ne marchera, et cela est le cas depuis des milliers d’années. C’est comme la roue, il n’y a rien de mieux », a-t-il assuré alors que la chaîne CNN exhumait les propos critiques de celui qui est aujourd’hui son chef de cabinet par intérim, Mick Mulvaney, qualifiant en 2015 cette solution de « simpliste ».

Impasse

Dans l’après-midi, la défense du « mur » a été brusquement remplacée par un plaidoyer pour une « magnifique (…) barrière » constituée de lames de métal, illustration à l’appui, qui n’avait pas plus de chance de convaincre les démocrates que la formule précédente.

Cette impasse a été complétée par deux informations défavorables pour l’administration américaine. Le ministre mexicain des affaires étrangères, Marcelo Ebrard, a ainsi nié un accord annoncé par Washington, qui avait laissé entendre la veille que le Mexique avait accepté d’héberger les demandeurs d’asile pendant l’examen de leur dossier par les autorités américaines. « Nous n’avons pas signé de traité, nous n’allons pas le faire et tout le processus de demande d’asile ne se fera pas au Mexique », a-t-il assuré.

La Cour suprême des Etats-Unis a de son côté refusé d’annuler la suspension par une cour d’appel fédérale de San Francisco (Californie) d’un décret présidentiel signé le 9 novembre par Donald Trump. Ce texte, combattu par les organisations de défense des droits de l’homme, entendait mettre en place le rejet automatique des demandes d’asile déposées par des personnes ayant traversé illégalement la frontière.

Survenant après la hausse des taux d’intérêt décidée par la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale), au grand dam du président, ce tumulte a contribué une nouvelle fois à la nervosité des marchés.

Vacances en Floride reportées

Au terme de la pire semaine depuis 2008, les principaux indices boursiers ont une nouvelle fois chuté, effaçant largement les gains de l’année écoulée. Les propos pessimistes d’un conseiller de Donald Trump sur le commerce, Peter Navarro, jugeant « difficile » un accord prochain entre Washington et Pékin ont encore ajouté au trouble.

Depuis son arrivée à la Maison Blanche, le président s’était régulièrement appuyé sur la bonne santé de Wall Street pour vanter son action. Il n’en est plus question désormais.

Cerné par les affaires, à la tête d’une administration affaiblie par de nombreux départs, il a reporté son départ de la capitale fédérale alors qu’il avait prévu de passer les fêtes de fin d’année dans son club de luxe de Mar-a-Lago, en Floride. Avec comme perspective immédiate l’arrivée d’une majorité démocrate à la Chambre des représentants issue des élections de mi-mandat.

22 décembre 2018

Diplomatie : avec les derniers départs à la Maison Blanche, la promesse d’un trumpisme sans entraves

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Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

La démission du secrétaire à la défense, jeudi, laisse le président américain libre d’appliquer sa doctrine de rupture totale avec l’ordre mondial issu de 1945.

Le retrait des Etats-Unis de Syrie et la démission consécutive du secrétaire à la défense James Mattis, jeudi 20 décembre, marquent un tournant important pour la politique étrangère américaine. Donald Trump a désormais les mains libres pour appliquer une ligne en rupture avec sept décennies d’ordre mondial inspiré et réglé en grande partie par Washington.

Le président a répondu à ses nombreux critiques, jeudi, en assurant sur son compte Twitter que « sortir de Syrie n’était pas une surprise. Je fais campagne pour ça depuis des années ». Non sans arguments. Totalement imprévisible à court terme, il n’a jamais dévié en effet des quelques idées qui lui tiennent lieu de boussole.

Cette vision trumpienne du monde a longtemps été brouillée par plusieurs facteurs, à commencer par la nécessité, au lendemain d’une victoire imprévue, de faire appel à des experts venus de l’autre bord. Elle a également pâti de la difficulté du président d’aller au-delà des slogans qu’il martèle depuis des décennies, à commencer par le fait que les alliés des Etats-Unis profitent selon lui d’une bienveillance devenue la preuve de l’imbécillité de Washington, dans tous les sens du terme.

L’obsession de l’apparence de la force, traduite par un nouveau gonflement du budget du Pentagone, a également semblé contredire le souhait de ne plus jouer le rôle de gendarme du monde. Comme les frappes sur la Syrie ont détonné avec la promesse de rompre avec l’interventionnisme.

Un nationalisme sans entraves

La « Weltanschauung » (conception du monde) de ce descendant d’émigrés allemands repose sur un nationalisme sans entraves. Le terme est connoté aux Etats-Unis pour ses accointances avec le suprématisme blanc et l’isolationnisme du comité America First, mot d’ordre repris par le candidat puis par le président, hostile à l’entrée dans la seconde guerre mondiale. Le locataire de la Maison Blanche a pourtant fini par le reprendre à son compte publiquement lors de la campagne des élections de mi-mandat, après avoir eu comme compagnon de route l’un de ses chantres, Stephen Bannon.

Une bonne partie des positions de Donald Trump concordent avec celles du Parti républicain des années 1930. Ce dernier était alors hostile comme lui aux aventures étrangères, hostile à l’immigration et hostile aux traités de libre-échange, comme l’a rappelé le politologue conservateur Henry Oslen dans le Washington Post.

A dire vrai, rien de ce que peut contempler le président américain en 2018 ne peut l’inciter à abandonner la quête obsidionale de « murs » protecteurs. La crise de « la vision internationaliste libérale [au sens anglo-saxon], selon laquelle le monde est une sorte de plus grande Union européenne, évoluant inexorablement vers son propre type d’“union sans cesse plus étroite” via un réseau renforcé d’institutions internationales » ainsi décrite par le géopolitologue Walter Russel Mead dans le Wall Street Journal, ne peut que valider ses critiques et justifier la remise en cause des dogmes partagés par les deux grands partis américains.

L’acte fondateur de cette divergence irréconciliable avec les tenants de l’ordre américain postérieur à 1945, s’est déroulé le 20 juillet 2017, dans la salle sécurisée du Pentagone, le « Bunker ». Ce jour-là, ceux qui étaient surnommés les « adultes », le secrétaire d’Etat Rex Tillerson, celui de la défense, et le conseiller économique, Gary Cohn, ont plaidé inlassablement pour le respect des règles installées par Washington et le respect des alliances, comme l’a raconté Bob Woodward dans son livre Peur (Seuil). Pour Donald Trump, il s’agissait précisément de tout ce dont il voulait se défaire. « C’est un crétin », avait commenté Rex Tillerson après le départ du président.

Ruptures spectaculaires

Jeffrey Goldberg a rappelé dans The Atlantic que son prédécesseur, Barack Obama, avait pu tenir des propos assez similaires à ceux de Donald Trump concernant les alliés des Etats-Unis, accusés d’en faire trop peu. Le président démocrate doutait également de l’utilité d’une présence américaine trop massive dans un Proche-Orient ingérable.

Méfiant vis-à-vis des interventions militaires étrangères trop souvent synonymes d’enlisements, M. Obama avait également procédé à un retrait contesté en Irak. Mais ce dernier n’était intervenu qu’au terme de longues délibérations, en concertation avec tous les échelons de l’administration et avec les Irakiens, les premiers concernés. Barack Obama ne contestait pas non plus l’utilité de l’architecture mise en place par les Etats-Unis. Il considérait qu’elle servait les intérêts américains au lieu de leur nuire.

Après de premières ruptures spectaculaires, sur l’accord de Paris ou sur celui du nucléaire iranien, le retrait de Syrie est une nouvelle illustration de l’America First de Donald Trump. Justifié initialement par l’affirmation contestée de la défaite de l’organisation Etat islamique (EI), le président a admis que la lutte se poursuivrait sans doute, mais qu’elle devrait désormais être conduite par d’autres.

La réduction annoncée du contingent en Afghanistan en serait la suite logique, tout comme, pourquoi pas, celle des forces déployées en Corée du Sud, évoquée de manière provocatrice par le président lors de la réunion de juillet 2017. Repliés derrière leurs frontières et dotés du plus dissuasif des gourdins, les Etats-Unis pourraient alors se concentrer sur leur prospérité.

La définition étriquée des intérêts nationaux qui sous-tend cette politique est pourtant une garantie de troubles. Le bon sens épais que Donald Trump met en avant nie une réalité aussi inévitable que la mondialisation. Aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut répondre seul aux plus grands défis du XXIe siècle, qu’il s’agisse des migrations, de la prolifération nucléaire, ou du péril climatique. Et la vision d’un monde qui n’est plus ne peut être en la matière d’aucun secours.

22 décembre 2018

Trump marionnette ?

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29 novembre 2018

Ukraine : Trump menace d’annuler sa rencontre avec Poutine

L’entrevue que le président américain devait avoir avec son homologue russe en Argentine en marge du sommet du G20 est compromise du fait des incidents survenus entre les marines russe et ukrainienne.

Le président ukrainien Petro Porochenko a évoqué, mardi 27 novembre, la « menace d’une guerre totale » avec la Russie qui a selon lui « augmenté drastiquement » sa présence militaire à la frontière, dramatisant encore une situation déjà tendue depuis la capture de navires ukrainiens en mer Noire dimanche, un incident inédit.

L’Europe demande des sanctions

Des capitales européennes demandent une désescalade et tentent d’affirmer une position commune de fermeté face à Moscou. Toutes exigent la libération des marins ukrainiens capturés et plusieurs dirigeants du Vieux Continent évoquent de nouvelles sanctions économiques contre Moscou.

« La France en appelle aux parties pour qu’elles favorisent un apaisement de la situation et que chacun fasse preuve de retenue. Nous souhaitons en particulier qu’une initiative russe puisse permettre d’apaiser cette tension », a affirmé, mardi, le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, lors d’un point de presse conjoint avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, marquant sa préoccupation face à « la remilitarisation » des territoires concernés.

Les autorités allemandes, elles, restent fermes. « Cette affaire montre que l’annexion de la Crimée reste un problème de sécurité pour tout le monde en Europe », a souligné le ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas, demandant « que la Russie respecte de nouveau le droit international et qu’elle ne viole pas la souveraineté territoriale de ses voisins ».

Trump menace la Russie

Haussant le ton face à Vladimir Poutine, Donald Trump a menacé d’annuler sa rencontre prévue en fin de semaine avec son homologue russe au sommet du G20 en Argentine.

Le président américain a précisé attendre un compte rendu de ses conseillers en sécurité nationale, dont les conclusions seront « déterminantes ». « Peut-être que cette entrevue n’aura pas lieu (…) Je n’aime pas cette agression. Je ne veux pas de ce genre d’agression », a-t-il confié dans un entretien au Washington Post. M. Trump est souvent accusé d’être trop conciliant avec Moscou.

Les marins en détention

Accusés d’avoir franchi illégalement la frontière russe, douze marins ukrainiens, sur les vingt-quatre faits prisonniers dimanche, ont été placés, mardi, en détention provisoire jusqu’au 25 janvier, conformément à la décision d’un tribunal de Simféropol, chef-lieu de la Crimée, a constaté un journaliste de l’AFP. Les autres matelots doivent comparaître mercredi.

Loi martiale en Ukraine

En réponse à l’incident, le Parlement ukrainien a voté, lundi, l’introduction de la loi martiale dans les régions frontalières du pays, le président Porochenko justifiant cette initiative, sans précédent depuis l’indépendance de cette ancienne république soviétique en 1991, par « la menace extrêmement élevée » d’une offensive terrestre russe.

Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part mis en garde, mardi, l’Ukraine contre tout acte « irréfléchi » et a fait part de sa « sérieuse préoccupation » à la chancelière allemande Angela Merkel, lui demandant de faire pression sur Kiev.

La loi martiale, qui entre en vigueur mercredi dans une dizaine de régions de l’Ukraine, va permettre pendant un mois aux autorités de mobiliser les citoyens, de réguler l’activité des médias et de limiter les rassemblements publics.

Aux yeux de Vladimir Poutine, « il est évident que tout cela a été fait en lien avec la campagne électorale en Ukraine » pour l’élection présidentielle du printemps.

15 novembre 2018

Emmanuel Macron - Donald Trump

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