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Jours tranquilles à Paris
29 mai 2020

Synthèse - Hongkong : comprendre les enjeux du vote sur la « sécurité nationale » du Parlement chinois

hong kong manif

Les opposants prodémocratie redoutent que ce vote ne sonne la fin de la liberté d’expression et de manifester dans le territoire semi-autonome.

La reprise en main de Hongkong par la Chine se poursuit. Jeudi 28 mai, Pékin a adopté une disposition visant à imposer à l’ex-colonie britannique une nouvelle loi sur la sécurité, jugée liberticide par les militants prodémocratie. Une mesure adoptée sous les applaudissements, en présence du président chinois, Xi Jinping, par la quasi-totalité des près de 3 000 députés de l’Assemblée nationale populaire. Et un épisode de plus dans la guerre que mène le Parti communiste chinois à ceux qui contestent son autorité au sein de ses frontières, nombreux dans cette région semi-autonome secouée par des manifestations régulières depuis plus d’un an.

Quelle était la situation de Hongkong jusqu’à présent ?

En 1898, le Royaume-Uni et l’empire de Chine signent une convention qui cède Hongkong à la monarchie britannique pour une durée de quatre-vingt-dix-neuf ans. Pour préparer la rétrocession du territoire à Pékin, prévue en 1997, un nouveau traité est signé en 1984. Celui-ci vise à protéger les acquis en termes de libertés individuelles et d’indépendance de la justice de cette région administrative spéciale, au moins jusqu’en 2047. C’est la naissance du principe « Un pays, deux systèmes ».

Contrairement aux habitants du reste de la Chine, les Hongkongais disposent actuellement d’une presse libre, de la liberté d’expression ainsi que de celle de manifester.

Que risque de changer ce vote ?

Le vote du Parlement chinois, jeudi, vise à imposer à Hongkong la mise en place d’une loi de « sécurité nationale », prévue dès 1997 dans l’article 23 de la loi fondamentale, la Basic Law, qui sert de mini-Constitution au territoire semi-autonome. Un article que le Conseil législatif local n’a jamais appliqué, car une grande partie de la population hongkongaise y voit une menace pour ses droits.

De fait, les Hongkongais ont été nombreux à se rassembler dans la rue pour montrer leur opposition aux tentatives du pouvoir central de reprendre le contrôle du territoire. Que ce soit en 2003, date du dernier essai de mise en œuvre du projet de loi de « sécurité nationale », ou plus récemment. En 2019, au terme de nombreux mois de manifestations, les Hongkongais ont ainsi obtenu l’abandon de la loi facilitant leur extradition vers la Chine continentale.

Jeudi, un mandat a donc été donné au Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire (ANP) chinoise pour rédiger un projet de loi qui sera ensuite incorporé dans la mini-Constitution.

Selon le projet soumis à l’ANP, cette loi devra « empêcher, stopper et réprimer toute action qui menace gravement la sécurité nationale, comme le séparatisme, la subversion, la préparation ou la commission d’activités terroristes, ainsi que les activités de forces étrangères qui constituent une ingérence dans les affaires » de Hongkong.

A ce stade, les détails de la mise en œuvre de ce programme ne sont pas connus, mais les opposants démocrates à l’influence de Pékin dans le territoire expliquent que la mesure risque d’ouvrir la voie à une régression sans précédent des libertés, notamment celles de manifester, de critiquer le gouvernement et le Parti communiste chinois ou encore de commémorer le massacre de Tiananmen. « C’est la fin de Hongkong », résume auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Claudia Mo, députée prodémocratie au Conseil législatif hongkongais.

D’autant que la disposition votée jeudi prévoit également d’autoriser des organes de sécurité chinois à ouvrir des antennes à Hongkong. « On changerait complètement de dynamique, explique Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique. Jusqu’à maintenant, ces organes de sécurité étaient très présents, mais de manière occulte, jamais officiellement. » Une manière de prendre directement en main le contrôle des activités des opposants – et de le faire savoir.

Pourquoi ce vote intervient-il maintenant ?

Selon Valérie Niquet, deux facteurs peuvent expliquer le vote empressé de cette mesure jeudi, annoncé seulement trois jours plus tôt.

D’une part, des élections législatives doivent avoir lieu en septembre à Hongkong. Seule la moitié du conseil législatif de la région est élue au suffrage universel, limitant de fait la possibilité d’un renversement de majorité (pro-Pékin à ce stade), mais une victoire des prodémocratie « porterait un réel coup à l’image de puissance que veut donner le Parti communiste au sein de ses frontières », analyse la chercheuse.

D’autre part, le coronavirus, s’il a empêché les manifestants de poursuivre leurs actions dans la rue du fait du confinement, a aussi suscité « une vague de mécontentement et de colère » ailleurs dans le pays, au point que la réaffirmation de la puissance du Parti communiste chinois devienne « sa seule porte de sortie de la crise », « sa stratégie de survie », analyse Valérie Niquet. Difficile pour le pouvoir central de continuer à tenir le pays avec une croissance en berne. Faire de Hongkong un exemple, « c’est aussi réaffirmer sa force ailleurs en Chine », poursuit-elle.

La communauté internationale peut-elle s’opposer à cette reprise en main ?

Les dés seraient-ils déjà jetés ? « Rien n’est encore entré en vigueur, nuance Valérie Niquet. Tout va dépendre de l’existence d’une réaction vive et coordonnée des autres Etats. »

Sans attendre le vote du Parlement chinois jeudi, l’administration de Donald Trump a ouvert la voie à des sanctions économiques contre Hongkong. « Aucune personne sensée ne peut soutenir aujourd’hui que Hongkong conserve un haut degré d’autonomie par rapport à la Chine », a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, dès mercredi devant le Congrès.

Concrètement, l’administration Trump peut désormais mettre fin au statut commercial préférentiel accordé à l’ex-colonie britannique. Ces mesures impliquent notamment l’exemption de visas, le régime de change fixe entre les dollars hongkongais et américains, mais aussi des lois favorables aux entreprises, notamment un système fiscal accommodant et une protection juridique qui n’existe pas en Chine. Un traitement de faveur qui a permis à Hongkong de rester la quatrième place financière mondiale, rivalisant avec Londres et New York. A ce stade, les déclarations de Washington restent à l’état de menace.

Le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie ont également réagi, estimant dans un communiqué commun que ce vote « entre en contradiction directe » avec la convention signée en 1984, « légalement contraignante et enregistrée auprès de l’ONU ».

Perdre le statut commercial préférentiel de Hongkong grèverait durablement l’économie chinoise, malgré le poids désormais modeste du territoire à l’échelle de la Chine (0,5 % de sa population et 2,7 % de son PIB). Car sa place financière joue un rôle essentiel comme porte d’entrée et de sortie pour les capitaux du pays, que ce soit pour les grandes entreprises chinoises, cotées à la Bourse de Hongkong, ou pour les familles les plus riches, qui y stockent une partie de leur fortune. En Chine comme ailleurs, l’argent reste le nerf de la guerre.

hong kong manifestations

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29 mai 2020

Laetitia Casta

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29 mai 2020

Les Etats-Unis sous le choc des violences policières

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Par Gilles Paris, Washington, correspondant Le Monde

De nouvelles manifestations ont tourné à l’émeute à Minneapolis après la mort lundi de George Floyd, Afro-Américain, aux mains de la police.

Les images sont tragiquement familières. La mort d’un Afro-Américain aux mains de la police ; les manifestations de colère qui tournent à l’émeute ; la mobilisation de la Garde nationale. L’enchaînement des événements a pour théâtre cette fois-ci Minneapolis, dans le Minnesota. Tout part de l’interpellation musclée d’un Noir de 46 ans, le 25 mai. La scène, filmée par un témoin, est difficilement soutenable. George Floyd est jeté au sol et un policier s’agenouille sur son cou. « Je ne peux pas respirer », répète-t-il. Ni ses suppliques ni celles des personnes qui assistent à la scène ne sont entendues. Puis le corps de George Floyd s’immobilise. Lorsque les secours interviennent, le policier, Derek Chauvin, est toujours juché sur lui.

La réaction de la municipalité a été rapide : les quatre policiers ont été licenciés sur le champ. Le policier incriminé avait fait l’objet de dix-huit plaintes liées à son comportement. L’absence de conséquences judiciaires immédiates a cependant alimenté la frustration de manifestants pendant deux nuits consécutives. Ces troubles ont poussé le gouverneur démocrate de l’Etat, Tim Walz, à demander jeudi le déploiement de la Garde nationale. « La mort de Gorge Floyd doit apporter de la justice et des réformes de fond, pas plus de morts et de destruction », a-t-il imploré. Les manifestations de protestation ont essaimé dans le pays à Los Angeles comme à Chicago, Denver ou Memphis.

Cette routine sanglante est vérifiée par les chiffres. Le nombre de personnes tuées par la police aux Etats-Unis en 2019 s’est élevé à 1 004, selon la comptabilité du Washington Post qui ne recense que les morts par armes à feu. Un chiffre supérieur à celui enregistré en 2018 (992) et qui concerne de manière disproportionnée les Afro-Américains. Le décès tragique de George Floyd fait d’ailleurs écho à celui d’un jeune Afro-Américain, Ahmaud Arbery, pourchassé par un ancien policier et son fils alors qu’il faisait son jogging.

Le jeune homme avait été tué en février mais l’auteur du coup de feu mortel avait plaidé la légitime défense et argué d’une loi de l’Etat adoptée en 1863, en pleine Guerre civile, qui autorise un citoyen à en arrêter un autre s’il est témoin d’un délit. Ahmaud Arbery avait pénétré dans une maison en construction avant d’être pris en chasse par les deux hommes, puis intercepté. Un troisième avait filmé la scène, également difficilement soutenable. La publication de la vidéo, début mai, a forcé les autorités locales à réagir, après avoir initialement étouffé l’affaire. Les trois hommes sont aujourd’hui emprisonnés.

Donald Trump est sorti du silence

La mort de George Floyd a poussé Donald Trump à sortir du silence qu’il a longtemps observé à propos des violences policières. Il a dénoncé jeudi « un spectacle très choquant ».

« J’ai demandé au ministre de la justice, au FBI de se pencher vraiment sur cette affaire et voir ce qui s’est passé (…). Ce que j’ai vu n’était pas bon, pas bon, très mauvais », a assuré le président des Etats-Unis. Donald Trump va cependant avoir du mal à convaincre. « C’est la première fois que je l’entends évoquer un cas » de ce genre, a réagi le révérend Al Sharpton, militant des droits civiques et du président depuis des décennies. « Donc, il ne peut pas s’indigner si les gens sentent qu’il s’agit de mots vides », a-t-il ajouté.

Donald Trump n’a jamais commenté la mort d’Eric Garner, un Noir décédé en 2014 à New York après avoir été asphyxié lors de son arrestation par des policiers blancs. La phrase « Je ne peux pas respirer », qu’il avait prononcée avant son décès, était devenu un cri de ralliement du mouvement Black Lives Matter.

Il n’a pas varié en arrivant à la Maison Blanche. Il s’est refusé à commenter des drames très médiatisés impliquant la police, y compris la mort de Stephon Clark, un Noir abattu par la police de Sacramento en 2018. Le jeune homme avait été tué alors qu’il se trouvait dans le jardin de sa grand-mère. Il avait été confondu avec une personne suspectée d’avoir brisé des vitres de voiture. Il avait en main un téléphone portable que les policiers dépêchés sur place avaient pris pour une arme. Se considérant en état de légitime défense, ces derniers avaient tiré à vingt reprises sur lui. « C’est quelque chose qui est une affaire locale et c’est quelque chose qui, selon nous, devrait être laissé aux autorités locales », avait déclaré à l’époque la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders.

Au contraire, le président des Etats-Unis rend régulièrement hommage aux forces de police qu’il assure de son soutien. En 2017, il a mené une campagne virulente contre l’ancien maître à jouer de l’équipe de football américain de San Francisco, Colin Kaepernick. Ce dernier avait lancé un mouvement de protestation contre ces violences en posant un genou à terre pendant l’exécution de l’hymne national, au prix d’une carrière sportive écourtée. Mercredi, la star du basket LeBron James a publié sur Instagram, côte à côte, une photo de la scène mortelle de Minneapolis et une autre de Colin Kaepernick avec la légende suivante : « Voilà pourquoi, est-ce que vous comprenez maintenant !!??!!?? Ou bien est-ce que ça ne reste pas clair pour vous ? ».

29 mai 2020

Nécrologie - L’humoriste et comédien Guy Bedos est mort

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Par Sandrine Blanchard - Le Monde

Comique, polémiste, le comédien qui a reçu le Molière du meilleur « one-man-show » en 1990 est mort à l’âge de 85 ans.

Il sera, selon son souhait, enterré dans le cimetière de Lumio en Corse, cette île qu’il aimait tant. Il la surnommait « mon Algérie de rechange » à cause « des odeurs de maquis » qui lui rappelaient son enfance. Guy Bedos est mort jeudi 28 mai à l’âge de 85 ans, a annoncé son fils, Nicolas. Le comédien, humoriste et auteur se définissait comme « un pur résilient ». Tout son parcours d’artiste engagé, d’anar de gauche, de pamphlétaire énervé, d’éternel révolté, puise ses racines dans son enfance algéroise entre un beau-père raciste et antisémite et une mère pétainiste : « Le premier gouvernement que j’ai eu à subir, c’est ma mère et mon beau-père. Ma constance dans la rébellion vient de là .»

Le 23 décembre 2013 à l’Olympia, Guy Bedos avait mis un terme à près de quarante ans de carrière seul sur la scène qui avait fait sa renommée. Devant une salle comble, il livrait sa  « der des der », du nom de son spectacle, avouant : « Je vais avoir un mal fou à vous quitter ; il n’y a que sur scène que je suis bien. » A près de 80 ans, il n’avait rien perdu de son franc-parler qui lui avait valu autant d’amis que d’ennemis. Il l’assumait complètement : « Comment ça, je manque de nuance ? Absolument, je manque de nuance. Il y a une phrase de ce vieux réac de Sacha Guitry que je m’approprie bien volontiers : “Depuis que j’ai compris quels étaient les gens que j’exaspérais, j’avoue que j’ai tout fait pour les exaspérer”. »

Fidèle à ce qui avait fait sa marque de fabrique, Guy Bedos ressortait, pour sa dernière représentation ses fiches en bristol pour une ultime revue de presse. Gambadant sur scène, il réglait ses comptes avec « les fachos », confiait sa peur de la montée du Front national, rendait hommage à Nelson Mandela, saluait le « courage » de son « amie » Christiane Taubira. Il se demandait ce que Manuel Valls faisait à gauche, et avouait, taquin, à propos de François Hollande : « Je n’arrive pas à me concentrer sur lui. » Mais, ajoutait-il : « Je n’en suis pas à regretter mon vote car, comme le disait Françoise Giroud : “En politique, il faut choisir entre deux inconvénients”. » C’était l’une de ses phrases fétiches.

Le « vieux clown à succès »

Un mouchoir blanc à la main, Guy Bedos disait au revoir à son public fidèle en rappelant, comme à son habitude, que « la vie est une comédie italienne : tu ris, tu pleures, tu vis, tu meurs (…) En piste les artistes, c’est notre rôle d’être drôles ». Le « vieux clown à succès » eut droit à une standing ovation. Un peu plus tard dans les loges, plusieurs générations d’artistes venaient le saluer, parmi lesquels Jean Dujardin, Jean-Pierre Marielle, Charles Aznavour, Matthieu Chedid, Claude Rich, Jacques Higelin, Michel Boujenah.

Il en avait fini avec le one-man-show et la satire politique, mais pas avec les planches. Quelques mois plus tard, on le retrouvait sur la scène du Théâtre Hébertot à Paris, dans Moins 2, de Samuel Benchetrit. En pyjama, sur un lit d’hôpital, il partait, aux côtés de Philippe Magnan, dans une dernière évasion sentimentale pour se rire de la mort avant que le cancer les emporte.

Car, si le seul en scène a été la grande histoire de sa vie d’artiste et lui a permis de faire partie, des décennies durant, des plus grands humoristes français (aux côtés de Pierre Desproges et de Coluche), il est apparu plus d’une fois, et avec talent, au théâtre (notamment en 1993 dans La Résistible ascension d’Arturo Ui, mis en scène par Jérôme Savary), ainsi qu’au cinéma (il avait adoré jouer, en 2012, un vieux militant gueulard dans Et si on vivait tous ensemble, de Stéphane Robelin).

ENTRE DEUX SPECTACLES EN SOLO, GUY BEDOS S’ÉCHAPPAIT RÉGULIÈREMENT SUR DES TOURNAGES

Devenir comédien a toujours été son rêve d’adolescent malmené qui aspirait à se « réfugier dans la fiction pour supporter l’insupportable du réel ». Alors, entre deux spectacles en solo, Guy Bedos s’échappait régulièrement sur les planches (notamment dans deux pièces écrites par son fils Nicolas) ou sur des tournages. Son personnage de Simon, médecin étouffé par sa mère juive pied-noir très possessive, dans Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis, d’Yves Robert, lui vaut une belle reconnaissance.

Mais ce n’est pas le grand écran qui lui apportera une notoriété. « Je n’ai pas la moindre amertume envers un cinéma qui m’aurait négligé, seulement un regret et aussi de la lucidité », avouait-il.

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La violence familiale

Guy Bedos est né le 15 juin 1934, à Alger. De ses seize premières années en Algérie, qu’il quittera en 1949, il garde un souvenir douloureux de misère affective. Il a 5 ans quand ses parents se séparent : « Un jour je n’ai plus vu mon père, c’est un autre homme qui dormait avec ma mère. » Envoyé pendant deux ans en pension à la campagne, il y vit le « passage préféré » de son enfance grâce à Finouche, la fille de la ferme. Cette institutrice – « ma vraie maman », écrira-t-il dans Mémoire d’outre-mère (Stock) en 2005 – lui apprend à lire, écrire, compter, mais aussi « à penser : liberté, égalité, fraternité, droits de l’homme au-delà des clivages qui divisaient l’Algérie ».

De retour dans sa famille, il retrouve la violence familiale, entre un beau-père qui lui fait comprendre qu’il est de trop et une mère à la main leste qui lui gâche son enfance. Maintes fois, il a envie de fuir cet environnement, et même de mourir. « Je n’ai été guéri de ce cancer mental, de ce penchant suicidaire qu’à la naissance de mes enfants », dit-il dans le très beau documentaire Guy Bedos, un rire de résistance, réalisé par Dominique Gros en 2009.

« J’AI FAIT DU THÉÂTRE SUR ORDONNANCE MÉDICALE »

Après son arrivée en France avec sa mère et ses deux demi-sœurs jumelles, âgées de quelques mois, il décide très vite de quitter la maison familiale inhospitalière de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) pour éviter de « glisser dans une momification d’ennui mortel ». Il rêve de théâtre et s’inscrit à l’école de la rue Blanche. « J’ai fait du théâtre sur ordonnance médicale », aimait-il raconter. « Ma chance fut qu’un médecin attentif ait compris que j’étais en perdition. Profondément dépressif. Il a recommandé à ma mère de me laisser suivre une vocation artistique, sinon cela finirait mal », expliquait-il au Monde, en 2009.

Rue Blanche, il rencontre Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Michel Aumont, met en scène et joue le rôle principal d’Arlequin poli par l’amour, de Marivaux, et « guérit » de ses tourments. C’est le hasard qui va le mener au music-hall. Jacques Chazot lui écrit son premier sketch qu’il joue à la Fontaine des Quatre-Saisons, dirigé par Pierre Prévert, le frère de Jacques. C’est Jacques Prévert, mais aussi Boris Vian et François Billetdoux qui l’encouragent à griffonner dans ses cahiers. Il commence à se produire dans des cabarets, seul ou avec Jean-Pierre Marielle. Dans les années 1960, il se retrouve, en covedette, au côté de Barbara à Bobino, puis en tournée avec Jacques Brel. L’humour devient son domaine de prédilection.

Pendant dix ans, avec la comédienne Sophie Daumier (morte le 1er janvier 2004), Guy Bedos fait rimer humour et amour. Couple à la ville, ce tandem comique – qui s’était rencontré sur le tournage du film Dragées au poivre, de Jacques Baratier – interprète de nombreux sketches écrits notamment par Jean-Loup Dabadie. Certains d’entre eux (le raciste de Vacances à Marrakech, le tombeur lourdingue de La Drague, le miséreux sexuel de Toutes des salopes) rencontrent un très grand succès populaire. En 1974, le duo se sépare, et, en cette année où Giscard « l’aristo » s’installe à l’Elysée, Guy Bedos passe au « je » et se fait polémiste politique dans des spectacles où il glisse des parenthèses sur l’actualité.

« Faire du drôle avec du triste »

Avec lui, la revue de presse parlée devient un exercice de style. Drogué aux infos, il dévore la lecture des journaux. « Je les lis comme un citoyen ordinaire, et ensuite je cherche comment tourner tout cela en dérision. » Ses tropismes sont constants : le pape et plus largement toutes les religions, les présidents, les ministres importants, les faits de société. Homme de pulsions, dès que quelque chose le révolte, il vitupère sur scène, se soulage par le rire de la bêtise humaine. Sa devise : « Faire du drôle avec du triste. »  « Giscard à l’Elysée, ça me contrarie. Fortement. Je le dis et je l’écris », reconnaît-il.

Ce stand-upeur avant l’heure livre ses colères au public et s’en donne à cœur joie, actualisant soir après soir sa revue de presse. Applaudi par la gauche, dénigré par la droite, le pamphlétaire remplit les salles et est interdit dans certaines émissions de télévision et de radio. Aux côtés de Gisèle Halimi (marraine laïque de son fils Nicolas) et de Simone Signoret, il est toujours prompt à pétitionner ou à manifester pour défendre les droits de l’homme, soutenir l’association Droit au logement.

Alors le 10 mai 1981, l’antigiscardien exulte à l’élection de François Mitterrand. Ce soir-là à Bobino, c’est la fête. Mais comme d’autres, Guy Bedos déchante. En 1989, au Théâtre du Gymnase, il profère : « Ça devient difficile d’être de gauche. Surtout, quand on n’est pas de droite. » Poil à gratter du pouvoir, il éreinte la droite, et n’est pas tendre avec la gauche dès qu’elle s’éloigne de ses idéaux et de ses valeurs. Néanmoins, il gardera des liens amicaux avec François Mitterrand, qui ne ratait aucun de ses spectacles. Le président avait beau lui dire : « Vous y allez fort, quand même ! », il conviait régulièrement le trublion à déjeuner ou à dîner à l’Elysée et l’invita même une fois, en août 1993, à Latche, dans les Landes, où l’ancien président possédait une maison.

Haut-parleur politico-satirique

Dans sa carrière de haut-parleur politico-satirique, certaines de ses invectives lui vaudront parfois procès. Que ce soit Marine Le Pen ou Nadine Morano, toutes deux ont perdu face à cet humoriste engagé qui revendiquait haut et fort un « rire de résistance ». L’antiracisme fut l’engagement majeur de sa vie. Dans son enfance algérienne, il avait entendu sa mère catholique dire : « Les juifs et les Arabes, qu’ils s’entretuent, ça fera toujours ça de moins. » Cette phrase l’a marqué à jamais. « Ma Torah, mon Coran, ma Bible à moi, c’est la Déclaration universelle des droits de l’homme », écrivait ce converti à l’athéisme dans Je me souviendrai de tout (Fayard, 2015). « Ma carrière d’humoriste est un succès, ma vie de citoyen utopiste, un échec », constatait-il face à la montée de l’extrême droite.

Tel un éternel ado, râleur et curieux, il n’hésitait pas à dire : « On m’a trop fait chier dans ma jeunesse pour que je me laisse emmerder dans ma vieillesse. » Il a inspiré plusieurs humoristes, au premier rang desquels Christophe Alévêque ou Stéphane Guillon qui font leur miel de l’actualité politique. Lui aimait Pierre Desproges, Fellag et Muriel Robin, avec qui il interpréta un duo en 1992.

Guy Bedos était un « mélancomique » qui ne cachait pas ses larmes. Sans fard, il disait à quel point il ne s’habituerait jamais à la disparition de ceux qu’il aimait (Sophie Daumier, Pierre Desproges, Simone Signoret, James Baldwin…). Il est parti les rejoindre. Adhérent à l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, il avait prévenu qu’on ne lui retirerait pas cette ultime liberté : « En cas d’urgence, je choisirai le suicide assisté. Avec ou sans la permission du président de la République. »

29 mai 2020

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29 mai 2020

Chronique - « La réouverture des lieux culturels ravive la fracture, teintée de mépris, entre privé et public »

Pour les salles de spectacles, ce n’est pas la date de réouverture qui compte mais les conditions, explique, dans sa chronique, Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde ».

Les musées et les monuments vont rouvrir en juin et ils sont heureux. Les cinémas aussi et ils sont soulagés. Les salles de spectacles, encore elles, sont angoissées, voire indignées. Jamais contentes, les salles ? Sauf que pour elles, ce n’est pas la date de réouverture qui compte mais les conditions. Ce verrou, lui, est figé. Leurs directeurs, les producteurs de musique aussi, pour beaucoup à la tête d’entreprises privées, et même certains qui pilotent des lieux subventionnés, disent ceci : tant qu’on ne peut ouvrir avec une salle pleine ou quasi pleine, mieux vaut rester fermé. Sans grosse billetterie, la reprise des spectacles ne ferait qu’alourdir notre ardoise, déjà bien chargée depuis deux mois.

Or, à ce jour, les mesures de distanciation physique imposent des jauges à 15 % ou 30 % selon les lieux et selon que le public est assis ou debout – debout, on ne sait pas encore si c’est permis. Ce qui, au-delà du modèle économique, soulève la question de l’ambiance : le chanteur Dominique A ne se voit pas se produire devant une salle clairsemée et masquée.

La vraie rentrée pour septembre ou octobre

Des festivals et spectacles auront bien lieu cet été, de format modeste. Mais la vraie rentrée sera pour septembre ou octobre, voire bien plus tard, quand le virus aura disparu. D’autant que la machine sera lourde à redémarrer. Attention, la filière « spectacles » ne conteste pas les mesures sanitaires. Elle sait que l’alchimie parfois torride entre la scène et le plateau explique pourquoi les grosses salles furent les premières à fermer et seront les dernières à rouvrir. Elle sait aussi que ce ne sera pas facile pour les musées ou les cinémas. Elle attend enfin ce week-end un décret qui précisera les conditions de réouverture.

Mais elle a aussi le cœur lourd pour d’autres raisons. Cette réouverture sans un mot de mansuétude sur leurs difficultés spécifiques, comme si l’essentiel était fait, sans mesures d’accompagnement, passe mal. C’est « débrouillez-vous ». Certains le pourront, pour beaucoup dans le public, d’autres pas, dans le privé.

La frontière qui les sépare ravive une fracture ancienne. Le spectacle privé se sent méprisé par le ministère de la culture et par ses fleurons. L’Etat couve en priorité, et on peut le comprendre, les théâtres, salles musiques ou lieux de danse qu’il subventionne. Il les soutient au nom de l’art. Et il leur demandera de rouvrir, même avec des formats modestes, et d’assurer leurs missions de service public. Au contraire, l’Etat regarde de loin les lieux privés et leurs patrons, assimilés souvent à des marchands, qu’ils soient les promoteurs du rock mondialisé ou du rap hexagonal.

Les gens de culture appelés à « se réinventer »

Ces salles et producteurs privés perçoivent des aides indirectes, ils ont bénéficié du précieux chômage partiel, mais depuis quelques semaines, ils se sentent ignorés, comme s’ils n’appartenaient pas au monde qu’il faut. Ils ont adressé au ministère deux demandes en urgence pour éviter les faillites : un prolongement du chômage partiel à taux plein jusqu’en août 2021 et une aide de 250 millions. Pas gagné.

Cette fracture, teintée de mépris, entre privé et public, Emmanuel Macron l’a en partie réduite à travers trois gestes en quelques jours à peine. C’est un tour de force que de faire consensus dans la culture. Mais contre lui.

Lors de son show du 6 mai sur Internet, tout en solidifiant il est vrai le statut d’intermittent, le président a exhorté les gens de culture à « se réinventer » ; ce n’était sans doute pas le meilleur moment alors qu’ils sont au fond du trou. Le 20 mai, il a envoyé un SMS à Philippe de Villiers, pour lui dire, avant toute annonce pour la culture, que le parc d’attraction du Puy du Fou, dont ce dernier est l’inspirateur, pourra rouvrir le 11 juin.

Chacun a son idée sur le Puy du Fou. Le patron de l’Opéra de Paris, Stéphane Lissner, pense par exemple que « ce n’est pas de la culture ». Ce qui n’est pas faux, les parcs à thèmes dépendant du ministère du tourisme. On pouvait aussi voir dans la réouverture d’un lieu qui attire 2,3 millions de visiteurs par an le signal avant-coureur de bonnes nouvelles pour les lieux culturels.

Le grand flou de la gestion des annulations

Mais il y a aussi le contexte. Le Puy du Fou va rouvrir alors que nombre de festivals d’été, eux, dont certains accueillent moins de monde, ont été annulés il y a quelques semaines – une éternité. Des patrons de festivals dénoncent un deux poids deux mesures, renforcé par le grand flou qui a présidé la gestion des annulations, par exemple quand l’Etat a opéré une distinction hasardeuse entre gros et petits événements. Mais la comparaison a ses limites : un parc à thèmes n’est pas un festival, il a plus de latitude dans la gestion des visiteurs.

Il y a encore la complicité entre Macron et de Villiers qui a fait grincer, d’autant que ce dernier, très droitier et souverainiste, fut aussi un secrétaire d’Etat à la culture peu goûté par ses ouailles. Il y a enfin, et c’est lié, la philosophie du Puy du Fou, parc médiéval qui retrace l’épopée d’une Vendée chrétienne et royaliste, généreuse dans le sang versé pour lutter contre la république naissante. Bref, une culture de terroir à l’opposé d’une culture universaliste, métissée, laïque, contemporaine, que défend le milieu de la création. Sauf qu’une décision de réouverture n’est pas régie par des considérations esthétiques mais par des atouts que peut brandir le Puy du Fou : un ancrage local, des circuits courts, un parc de 150 ha.

Une autre personnalité aurait bénéficié en avant-première des confidences du président Macron, à savoir Jean-Marie Bigard. Ce dernier affirme que le président l’a appelé pour l’informer que les bars allaient rouvrir. Là encore, c’est le profil de l’humoriste, d’une vulgarité satisfaite, qui navre le monde culturel. Ce qui donne : « Je ramène ma gueule, je chie sur le président et le président m’appelle. Je trouve ça génial. » Un vrai poète, pour le public comme le privé.

29 mai 2020

Vu sur Internet

jaime91

29 mai 2020

Technologie - Donald Trump attaque les réseaux sociaux

trump versus reseaux sociaux

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Deux jours après que Twitter a signalé deux de ses tweets, le président américain a signé un décret censé limiter la protection dont bénéficient les réseaux sociaux. Mais le texte risque de faire face à de nombreux obstacles juridiques avant d’entrer en vigueur.

Assis dans le Bureau ovale, le ministre de la Justice à ses côtés, Donald Trump a signé jeudi un décret centré sur les réseaux sociaux. “Nous sommes ici aujourd’hui pour défendre la liberté d’expression face à un grand danger”, a-t-il annoncé aux journalistes. Selon lui, des entreprises comme Facebook ou Twitter “peuvent en toute impunité censurer, restreindre, monter, modeler, cacher et altérer toute forme de communication entre des citoyens”.

CNBC remarque que son initiative est “largement perçue par ses critiques comme des représailles contre Twitter”, pendant que TechCrunch parle de “guerre” et CNN d’“escalade spectaculaire”. Mardi, le site de microblogging a ajouté la mention “vérifiez les faits” à deux de ses tweets suggérant que le vote par correspondance générait de la fraude et des élections truquées. Il s’agissait d’une première pour Twitter, très vite accusé par M. Trump de “réduire au silence” les voix des conservateurs.

Le site Business Insider souligne que le décret “cite explicitement” l’incident. “Twitter décide désormais de manière sélective de placer un avertissement sur certains tweets reflétant clairement un biais politique”, dit le texte.

Pour The Verge, Donald Trump “engage une sale dispute avec Internet tout entier”. Le site spécialiste des nouvelles technologies évoque “une proposition extraordinairement ambitieuse, probablement la plus grande tentative de régulation des plateformes”. Cette proposition consiste à réinterpréter la section 230 du Communications Decency Act, “parfois appelée la loi la plus importante d’Internet”, précise The Verge.

Cette loi de 1996, poursuit le site, protège Twitter, Google, Facebook et d’autres de poursuites judiciaires relatives aux contenus publiés sur leurs plateformes et leur laisse une marge de manœuvre significative quant à la modération de ces mêmes plateformes.

L’administration Trump ne peut pas changer la législation toute seule, insiste toutefois USA Today. Une intervention du Congrès est nécessaire si l’on en croit de nombreux experts. Le décret a donc de grandes chances d’être attaqué en justice. “Mais qu’est-ce qui ne l’est pas ?” a commenté le pensionnaire de la Maison-Blanche.

Il est la cible d’une tribune acide dans le Washington Post. Le texte, signé par deux professeurs de droit, note par exemple que “comme d’habitude, Trump se trompe sur la loi, mais cette fois il se trompe encore plus que d’habitude”. Le président américain estime que Twitter trahit la liberté d’expression inscrite dans la Constitution. Or le premier amendement “s’applique au gouvernement, pas aux acteurs privés”, rappelle la tribune.

“L’ironie, c’est que Donald Trump est un grand bénéficiaire de la section 230”, mentionne l’Union américaine pour les libertés civiles, citée par CNBC. “Si les plateformes n’étaient pas protégées par la loi, elles ne prendraient pas le risque d’héberger le compte de Donald Trump et d’être tenues pour responsables de ses mensonges, diffamations et menaces.”

Le président américain va continuer à tweeter

Une tribune du site de NBC News invite à s’inquiéter. “Le président – n’importe quel président – ne devrait pas se servir de sa fonction et du gouvernement américain pour cibler les entreprises du secteur privé qu’il considère comme des ennemis politiques, dénonce le texte. La croisade dangereuse de Trump […] doit être décrite telle qu’elle est : tyrannique.”

Mais, d’après les experts interviewés par ABC News, cette réécriture de la section 230, un texte par ailleurs critiqué depuis des années autant par les démocrates que les républicains mais pour des raisons différentes, n’aura sans doute pas d’effet en fin de compte.

Tout cela ne serait donc que du “théâtre politique”, comme le confie la professeure de droit Kate Klonick à la radio NPR. Une analyse partagée par CNN. Donald Trump cherche juste à entretenir l’idée qu’“il existe une alliance de forces puissantes contre lui dans les médias et qu’il est la seule voix à laquelle ses partisans peuvent se fier”.

“Trump veut se bagarrer avec un grand nom de la technologie plutôt que mettre en place une politique”, confirme The Verge, voyant dans la séquence actuelle un moyen de faire oublier la crise sanitaire liée au coronavirus et montrer qu’il est “prêt à transformer les six prochains mois en campagne d’intimidation”. Le site se demande quel type de réponse offriront les plateformes concernées.

Et justement, Twitter n’a pas plié, avance le New York Times. Le quotidien signale que, mercredi soir, le réseau social a ajouté, comme pour Donald Trump, la mention “vérifiez les faits” à des messages d’un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, ainsi qu’une alerte sur des tweets propageant de fausses informations à propos du policier impliqué dans la mort d’un Afro-Américain à Minneapolis.

Mark Zuckerberg a, quant à lui, déclaré sur Fox News que “choisir de censurer une plateforme par crainte de la censure” ne lui paraissait pas “le meilleur réflexe”. Il a ajouté qu’à ses yeux Facebook et ses concurrents n’avaient pas à devenir “des arbitres de la vérité”. L’expression n’a pas plu à Jack Dorsey, le patron de Twitter.

Si l’initiative de Donald Trump a suscité de multiples critiques, elle a aussi été saluée par le sénateur républicain du Missouri Josh Hawley, rapporte Business Insider. L’ajout d’une mention à un tweet impliquerait une décision éditoriale et, à ce titre, Twitter ne serait plus un forum de discussion mais un média. Dès lors, la protection fournie par la section 230 ne se justifie plus, dit-il.

Pour régler le problème, le sénateur démocrate Chuck Schumer a proposé une solution simple au leader du monde libre : “Rendez-nous service et cessez de tweeter.” Mais Donald Trump n’envisage pas de quitter la plateforme, indique le New York Post. “Si nous avions une presse juste dans ce pays, je le ferais dans la seconde”, a-t-il assuré aux journalistes dans le Bureau ovale.

29 mai 2020

Pauline Moulettes photographiée par Nicolas Guérin

pauline guerin

29 mai 2020

Vu de l’étranger - En France, pour la phase 2 du déconfinement, “l’étau se desserre”

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Ce jeudi 28 mai, Édouard Philippe a annoncé que les Français retrouveront bientôt toute une série de libertés dans le cadre de la deuxième étape du déconfinement. Un pas de plus vers la normalité, constate la presse étrangère.

“Les nouvelles sont plutôt bonnes”, a souligné d’entrée de jeu Édouard Philippe, lors de son discours ce jeudi 28 mai. “Mais pas au point que tout puisse revenir à la normale.” Le Premier ministre, accompagné du ministre de la Santé et du ministre de l’Éducation, a détaillé les mesures de la deuxième phase du déconfinement. Et si, “ce n’est pas encore la liberté totalement retrouvée”, constate le quotidien belge Le Soir, “c’est déjà un étau très largement desserré”. Pour le correspondant du journal suisse Le Temps, “la France commencera même à retrouver son visage d’avant l’épidémie de Covid-19”.

Lors de cette nouvelle phase “la liberté est la règle ; l’interdiction l’exception”, a assuré Édouard Philippe. Probablement parce que “le gouvernement du président Emmanuel Macron est désireux de relancer l’économie, afin de limiter les dommages causés aux industries du pays et au secteur du tourisme” par le Covid-19, rappelle le quotidien britannique Financial Times. De fait, face à une carte de France presque entièrement verte (à l’exception de Mayotte, la Guyane et l’île de France, toujours classées oranges), il flotte un “un air soudain plus léger”, juge Le Soir.

Liberté de se déplacer

Dès mardi 2 juin, les écoles et collèges vont rouvrir partout en France. Il en sera de même pour les parcs et les jardins. “Une satisfaction surtout pour les Parisiens, souvent logés dans de petits appartements sans balcon ni terrasse”, ajoute le quotidien belge. De plus, les bars, cafés et restaurants pourront à nouveau accueillir des clients dès le 2 juin dans les zones vertes. Un “symbole très attendu”, juge Le Temps. Même si dans les zones orange, ce sera en terrasse uniquement. Les salles de spectacles, théâtres, musées et les plages seront également accessibles dès le 2 juin dans les zones vertes, le 22 pour les zones orange. Tout comme les piscines, gymnases et salles de sport.

“Autre verrou qui saute : l’interdiction de se déplacer à plus de cent kilomètres de son domicile”, indique encore Le Soir. Et ce dès le 2 juin. “Un assouplissement qui soulagera les hôteliers et les restaurateurs, avant le début de ce qui devrait être une ‘haute saison’ plus dépendante au tourisme intérieur que d’habitude”, juge le Financial Times.

“Les Français pourront déjà respirer”

Autre point important, en ce qui concerne les déplacements au sein de l’Union européenne, Édouard Philippe s’est dit favorable à la réouverture des frontières à partir du 15 juin, sans quatorzaine, sauf si des pays l’imposaient aux ressortissants français.

Bref, si “la vie est loin d’être revenue à la normale”, souligne encore le FT, “le bilan est plus que favorable”, pour Le Soir. Certes, certaines restrictions perdurent : les sports de contact ne sont pas autorisés, ni les rassemblements de plus de 10 personnes dans les lieux publics et les boîtes de nuit ne rouvriront pas non plus. Mais comme le reconnaît Le Soir, “les Français pourront déjà respirer”.

Et pour la prochaine étape, Édouard Philippe donne rendez-vous aux Français le 22 juin. C’est à cette date que “l’acte 3 du déconfinement, supposé permettre au pays de tourner la page du Covid-19 – sauf apparition d’une nouvelle vague de contaminations – interviendra”, conclut Le Temps.

Audrey Fisné

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