Avant-guerre, le tramway fait prospérer Etel
La petite bourgade portuaire, séparée d’Erdeven en 1850, s’est très vite affirmée comme un centre important de la pêche sardinière puis thonière. A l’exemple de tout le littoral de Bretagne-Sud, Étel voit l’installation d’un nombre croissant de conserveries. Bien que le chemin de fer relie Nantes à Auray depuis 1862, il faut attendre 1899 pour que le banquier parisien Payot sollicite du préfet du Morbihan la concession de trois lignes de tramway à vapeur, dont celle de La Trinité-sur-Mer à Étel. Le conseil municipal approuve à l’unanimité ce projet. A Etel, les avis sont tellement favorables que les habitants souscrivent en un jour et demi 25 000 F d’actions de la société anonyme du Chemin de Fer Économique de La Trinité-sur-Mer à Étel. Mis en service le 10 avril 1901, le tramway concourt rapidement à la prospérité d’Étel.« Il assurait le transport des caisses de conserves, l’approvisionnement en charbon des friteries et de l’usine de production d’électricité, et le trafic de voyageurs », explique Michel Le Leuch, le président du musée des thoniers.
La crise sardinière
Le poids économique de la pêche thonière se confirme. En 1912, la situation change et Etel doit alors affronter le marasme des usines, victimes de la chute d’apports en poisson. La mise en criée de sardine et de thon, forte respectivement de 136 et 253 tonnes en 1911, se restreint en 1912 à 96 et 64 tonnes. L’usinier Marais met la clé sous la porte. La crise sardinière s’amplifie en 1913, la pêche du germon n’est guère florissante.« La mise en sommeil des usines prive de travail une grande partie de la population d’Étel et de ses environs », indique Michel Perrin, historien du musée.
Le boulevard des zinzins
La pauvreté s’installe, contraignant les municipalités d’Étel, Belz, Erdeven et Plouhinec à ouvrir des bureaux de secours. Les salariés des conserveries les plus atteints par cette crise, outre les ouvrières, sont les zingueurs.« Ce personnel spécialisé est préposé au soudage des boîtes », poursuit Michel Perrin. La municipalité d’Étel décide alors d’employer une partie de ces ouvriers qualifiés à la construction d’une chaussée dans l’anse du Pradic, pour faciliter l’accès à La Falaise. Surnommée « le boulevard des Zinzins », cette voie de circulation s’appellera le boulevard de la Plage, aujourd’hui Boulevard Charles-deGaulle.
L’embellie avant la guerre
En 1914, la sardine revient au printemps et la pêche du thon, qui s’ouvre en juillet, augure d’une bonne campagne. La population d’Étel, en léger recul en 1912 et 1913, s’est stabilisée à 2 380 âmes. 150 dundees sont attachés au syndicat d’Étel, qui regroupe le port-même, Le Magouër, Vieux-Passage, Port-Niscop et SaintCado. Au 1er juillet, 57 thoniers arment pour la pêche du germon. L’espoir revient avec l’accroissement des apports en poisson qui, à la fin du mois, se montent à 320 tonnes de sardine et 93 de thon. Pourtant, depuis l’attentat de Sarajevo, le 28 juin 1914, les tensions montent en Europe, mais les populations littorales se sentent peu ou pas concernées.« L’ordre de mobilisation générale, annoncé le 2 août, surprend la plupart des marins en mer », glisse Michel Le Leuch. La déclaration de guerre, le lendemain, freine l’élan étellois, sans néanmoins le briser.