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Jours tranquilles à Paris
1 février 2020

A la Fondation EDF jusqu’au 02 février 2020 - derniers jours

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Dans ses installations commanditées aux quatre coins du monde depuis près de quarante ans, NILS-UDO interagit sur le paysage sans jamais le violenter. Il déploie au cœur de la nature, et avec tous ses matériaux, une œuvre sculpturale in situ éphémère, fragile, aux prises avec les variations du temps, les menaces climatiques, les modulations infimes et infinies d’un paysage, et le rythme des saisons.

Avec Black Bamboo, NILS-UDO met en scène le visiteur en le plongeant dans le noir, lui permettant de concentrer son regard sur la « couvée » placée au centre de l’espace. Cette « couvée », seule éclairée, est cerclée et protégée par une forêt de bambous.

Reprenant ici l’un de ses thèmes de prédilection, le nid, la couvée évoque la naissance, la fragilité, l’avenir… L’artiste, avec Black Bamboo, imagine, peut-être, l’un des derniers refuges, un abri contre la destruction de la nature et nous place simplement en alerte.

« Avec l’invitation faite à NILS-UDO, la Fondation groupe EDF interroge le rapport de l’homme à la nature, de l’art au vivant, et amorce le développement de son action en faveur de l’environnement et des enjeux climatiques qui deviendront l’axe prioritaire de son action dans les années à venir. »

Laurence Lamy, déléguée générale de la Fondation groupe EDF

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1 février 2020

Actuellement au Bon Marché...

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Depuis le 11 janvier, l’artiste japonais Oki Sato et son studio nendo nous invitent à prendre un instant pour contempler la poésie de deux phénomènes naturels : la pluie et l’éclosion des fleurs. Pour l’exposition ame nochi hana, la nouvelle carte blanche du Bon Marché Rive Gauche, nendo s’attarde sur ces manifestations de vie à travers plusieurs installations qui prennent place sous les verrières aux étages du magasin et dans les vitrines, comme autant de rêveries naturalistes. Oki Sato orchestre quatre propositions oniriques autour de l’eau de pluie et la floraison. Chacune explore la connexion et l’interrelation entre ces deux éléments universels. Les « fleurs de pluie » qu’il imagine sont emplies de vie et de joie, elles sont le fil conducteur de l’exposition ame nochi hana qui fait entrer une nature réinventée au cœur de Bon Marché Rive Gauche.

L’exposition « ame nochi hana » marque de nouveau, l’engagement du Bon Marché en faveur de la scène artistique contemporaine. Ces nouvelles œuvres proposées par nendo font suite à Er Xi par Ai Weiwei (2016), Where are we going ? par Chiharu Shiota (2017), Sous le ciel par Leandro Erlich (2018) et Branco Luz par Joana Vasconcelos (2019).

Cette carte blanche donnée à une figure majeure du design contemporain met en lumière l’extraordinaire inventivité d’un artiste qui se joue des frontières entre l’art, l’architecture et le design, empruntant aux univers des différentes disciplines pour enchanter ceux qui ont la chance de rencontrer son œuvre.

Pour découvrir l'oeuvre de manière insolite, Le Bon Marché Rive Gauche vous invite au premier acte des OFF du Bon Marché Rive Gauche et vous propose une programmation artistique, musicale et culturelle unique entre ses murs en lien avec l'exposition ame nochi hana.

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OKI SATO - NENDO

Né en 1977 à Toronto au Canada, Oki Sato est diplômé d’architecture à l’Université Waseda de Tokyo en 2002. Il s'intéresse rapidement à l'univers du design et fonde la même année son propre studio à Tokyo : nendo. « Nendo» signifie «| pâte à modeler» en japonais et témoigne de la vision d’0ki Sato imprégnée de flexibilité et de ludisme. Créateur touche-à-tout il investit à la fois le design d'objets et de mobilier, l'architecture et l'installation artistique. Les créations du studio nendo ont progressivement intégré les collections internationales d’institutions muséales telles que celles du V&A, The Design Muséum de Londres, du Centre Pompidou à Paris ou encore du Museum of Modem Art de New-York.

S/inscrivant dans l'histoire du design japonais contemporain, il décloisonne progressivement son univers de prédilection et s'intéresse à l'intention purement artistique, nendo développe une esthétique minimaliste aux lignes épurées s'inspirant de la nature et de la société qui l'entoure et guidée par l'émotion qu’il cherche à provoquer chez le spectateur ou l'utilisateur. Les réalisations du studio, toujours dessinées par son fondateur, allient simplicité, humour et émerveillement.

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1 février 2020

Thomas Depaepe à la Concorde Art Gallery

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Photographe

Autodidacte, Thomas Depaepe a commencé la photo sur un quiproquo de Noël qui l'a fait "hériter" d'un appareil numérique. Depuis, il en ai fait un solide compagnon de manière à investir visuellement une réflexion autour d'une vision de la femme dans une société dominée par les hommes. Dés lors son travail oscille entre l'esthétique de la Femme Fatale qui séduit sans se donner, qui use des défauts masculins pour prendre le pouvoir, une femme fatale autant par sa capacité de séduction que par l'issue de ceux sensibles à ses charmes.... et la question de la femme en reconstruction, celle qui émerge par sa seule force des ténèbres et d'un passé de tristesse, une femme qui puise dans sa souffrance son avenir. Ce sont donc ces femmes en lutte et émancipées des hommes qui hantent ses visuels. Marqué la question du corps et du temps qui passe, le tatouage occupe une place importante dans son travail au sens qu'il est une inscription violente du temps, de la souffrance et de l’expérience sur le corps.

31 janvier 2020

René Burri, l’explosion du regard, au Musée de l’Elysée à Lausanne

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Né en 1933 et décédé en 2014 à Zurich (Suisse), René Burri a été, tout le long de sa vie, aux avant-postes de l’histoire mondiale. Rejoignant Magnum Photos en 1955, il en est devenu membre en 1959. Au fil de presque soixante ans de carrière, il a parcouru l’Europe, le Moyen- Orient, l’Amérique du Nord, Centrale et du Sud, le Japon, la Chine, et a rendu compte avec lucidité et acuité de la plupart des événements marquants de la seconde moitié du XX siècle. De nombreuses personnalités sont également passées devant son objectif : Picasso, Giacometti, Klein, Tinguely, Le Corbusier, Niemeyer, Barragan… II a réalisé, en 1963, son célèbre portrait du « Che au cigare » qui le fera connaître auprès de tous les publics.

Sous le commissariat de Marc Donnadieu et Mélanie Bétrisey, le Musée de l’Elysée propose, de janvier à mai 2020, une nouvelle rétrospective sur l’ensemble de son œuvre intitulée René Burri, l’explosion du regard. Les liens entre le photographe et le musée sont solides et ancrés dans l’histoire de l’institution. En 1985, à l’ouverture du Musée de l’Elysée en tant que « musée pour la photographie », René Burri est présent par amitié pour Charles-Henri Favrod. Deux ans plus tard, son projet sur la conquête spatiale aux Etats-Unis, intitulé « Les Ruines du futur » y est présenté. En 2004, le Musée co-organise l’exposition René Burri — Rétrospective 1950-2000. En 2013 enfin, René Burri, soucieux de préserver ses archives, décide de créer une Fondation à son nom et choisit le Musée de l’Elysée pour l’abriter.

Résultat d’un travail assidu de recherches et d’études mené depuis 2013 par les équipes du Musée de l’Elysée sur l’ensemble du fonds René Burri, dans les archives familiales ou les archives de Magnum Photos à Paris et à New York, cette nouvelle exposition a comme ambition de porter un regard nouveau sur l’ensemble des multiples activités créatrices de René Burri au fil du temps. EIIe révèle ainsi la part la plus intime et secrète de l’un des plus grands photoreporters de notre temps à travers des documents pour la plupart inédits : planches contact, tirages d’études, films, maquettes de livres, projets d’exposition, carnets, collages, aquarelles, dessins…

A partir d’une longue “Ligne de vie” chronologique qui parcourt les neuf salles des deux niveaux d’exposition du Musée de l’Elysée, ce projet développe douze “Focus” qui, à tour de ròle, mettent en lumière un élément déterminant du processus créatif de René Burri au sens le plus large du terme : Cinéma ; Structures ; Moi et les autres ; Che ; China ; Télévision ; Magnum ; Book ; One World ; Color ! ; Collages ; Dessins. René Burri s’y révèle moderne et inventif, engagé et facétieux, curieux et généreux, rassembleur et passeur, rebelle et poète, passionné et passionnant, et particulièrement explosif !

Informations pratiques

René Burri, l’explosion du regard

Du 29 janvier au 3 mai 2020

Vernissage : mardi 28 janvier 2020

Musée de l’Elysée Avenue de l’Elysée 18 CH — 1006 Lausanne

Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h Entrée fibre

Plus d’informations sur : http://www.eIysee.ch et info@elysee.ch

31 janvier 2020

Lionel Daviet à la Concorde Art Gallery

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Photographe

Lionel Daviet découvre très tôt la magie du développement photos avec le labo de son père, installé dans le garage familial.

Il rejoint ensuite un collectif d'artistes avec lequel il présente ses premières expositions.

Après différentes expériences professionnelles, notamment dans l'univers de la mode, où il côtoie les studios photos et les agences de mannequins, il fait ses premières armes en tant que photographe en réalisant une série de reportages pour un groupe touristique. A son retour, il est contacté par un magazine de mode pour lequel il réalise ses premiers éditos avant de rejoindre un studio Genevois où il va se spécialiser dans la retouche photos en travaillant pour les grandes marques Suisse d'horlogerie et de joaillerie, mais aussi, dans la cosmétique et la publicité.

En parallèle a son travail au sein du studio, il publie en 2015 aux éditions Schnoek, en collaboration avec Charlène Perillat, le livre « It Bag », regroupant une centaine de diptyques de personnes dévoilant leur intimité : le contenu de leur sac et eux, nus, dans leur environnement. Il collabore aujourd'hui avec plusieurs magazines, dont le Magazine King, en publiant des séries de nus dans des mises en scène pop, plaçant la nudité sublimée par des décors rappelant la Californie des années 70.

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30 janvier 2020

POP ! à la Galerie Willy Rizzo

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Galerie Willy Rizzo

Jusqu'au 8 février 2020

10 ans de photo de stars

Pop ! C’est le doux bruit que produit l’envol d’un bouchon de champagne, prélude sonore à une explosion de bulles. C’est également le titre de la nouvelle exposition du Studio Willy Rizzo, qui célèbre son dixième anniversaire. Pop ! offre une plongée pétillante dans l’œuvre de Willy Rizzo, photographe et designer italo-français disparu en 2013. Les plus grandes stars sont passées devant son objectif, de Marilyn Monroe à Jack Nicholson en passant Jean Seberg, César et Jane Fonda.

Les attitudes, les gestes, les couleurs, le ton évocateur et provocateur… Tout est pop dans l’œuvre de Willy Rizzo. Pop comme Dennis Hopper posant avec décontraction devant l’une de ses œuvres, à Venice Beach dans les années 1990. Pop comme Jean la coiffeuse, travesti glamour tout droit échappé d’un cabaret qui chouchouta le cuir chevelu du tout Saint-Germain des Prés. Pop comme Zouzou et Anda, égéries des nuits parisiennes qui incarnèrent la sensualité des sixties. Pop comme Elsa Martinelli, muse du photographe, défilant à moitié nue sur un circuit automobile. Autant de portes d’entrée dans l’univers original, amusé et coloré de Willy.

Willy Rizzo captured the essence of the sixties and much more on his pop and glamorous pictures.

Studio Willy Rizzo

Jusqu'au 8 fév. 2020

12 rue de Verneuil, 75007 – M° Rue du bac (12)

Du lun. au sam. 10h30-18h30

Entrée libre

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30 janvier 2020

Action Hybride

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30 janvier 2020

Reportage : Agnès b. inaugure sa fabuleuse Fab à Paris, sa « troisième maison »

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Par Roxana Azimi

La styliste a choisi de réunir sa collection d’art contemporain, sa galerie et une librairie dans un immeuble du 13e arrondissement de Paris. La Fab, espace sobre et épuré à l’image de ses lignes de vêtements, ouvre ses portes au public le 2 février.

Agnès b. le répète à l’envi : il n’y a pas de coïncidence, il n’y a que des signes. Pas de hasard donc, si la styliste, grande amatrice de street art, a choisi le 13e arrondissement de Paris, où la création s’étale librement sur les murs des tours et autres grands immeubles, pour ancrer La Fab., un nouveau lieu regroupant sa collection d’art contemporain, sa galerie (qui quitte donc la rue Quincampoix), ainsi qu’une librairie. Autre clin d’œil du destin, ce site hybride, qui ouvrira ses portes le 2 février, a pour adresse la place Jean-Michel-Basquiat, du nom de l’artiste américain dont la styliste s’était entichée en 1985, trois ans avant sa mort.

Depuis le trottoir, les larges baies vitrées permettent de se faire une première idée de l’espace de 1 400 mètres carrés, distribué sur deux niveaux. A droite, la librairie ; à gauche, une banquette marocaine en zellige, ainsi que le comptoir de la billetterie donnant accès à la partie collection. En face, un escalier mène à la galerie située à l’étage. Tout est sobre, simple, neutre. Presque trop.

Construit sur pilotis

Un détail dans l’entrée retient tout de même l’attention : une colonne dont la base repose sur un coffrage. Laissé ouvert, il dévoile la structure de l’immeuble, construit sur pilotis au-dessus d’un tunnel de la SNCF, à la manière des bâtiments antisismiques japonais. Autre surprise, le complexe abrite, en plus de La Fab, une crèche et 75 logements sociaux. Nous voilà loin des plans égotiques de beaucoup de musées privés. « M’inscrire ici, dans ce paysage, participe d’un engagement de gauche », martèle Agnès b., consciente des poches de pauvreté persistantes dans le quartier.

Cela faisait dix ans que la styliste cherchait un lieu pour réunir les activités culturelles et solidaires de son fonds de dotation. Quelque chose de « pas trop grand, ni arrogant », une « maison où tout serait à vendre », sauf sa collection de 5 000 œuvres portée sur la photographie, l’Afrique et les personnalités singulières comme Harmony Korine ou Roman Cieslewicz. Encore fallait-il trouver un contexte conforme à son goût hors cadre, indifférent aux modes, cotes et signatures, et à son credo : « partager sans imposer ». L’Ouest parisien où s’est arrimée la Fondation Louis-Vuitton ? Trop bourgeois, trop cossu pour cet esprit rebelle qui, jeune, a fui l’harmonie des jardins versaillais où elle a grandi pour embrasser les contre-cultures urbaines.

Prendre la tangente

Elle n’était pas plus tentée par le centre de Paris, où François Pinault s’installera en juin prochain à la Bourse de commerce, à deux pas des Halles et de la rue du Jour où elle avait ouvert sa galerie en 1984. Comme à son habitude, Agnès b. préfère prendre la tangente. Pendant dix ans, ses équipes ont visité plus d’une dizaine de sites en banlieue nord, principalement en Seine-Saint-Denis. « On ne voulait pas se coller aux galeries du Marais mais aller à la rencontre de publics éloignés », explique Sébastien Ruiz, secrétaire général du fonds de dotation. Malheureusement, les bâtiments proposés exigent chaque fois de longues et coûteuses réhabilitations.

Le projet patine jusqu’à ce que, en 2017, l’équipe du Point Ephémère, qui venait de créer dans le quartier une « guinguette numérique » (un café-restaurant culturel consacré à la création numérique), leur parle de ce local commercial vacant au rez-de-chaussée d’un bâtiment flambant neuf au cœur de la zone d’aménagement concerté (ZAC) Paris Rive Gauche. Pas exactement la friche industrielle en périphérie dont rêvait la styliste !

Jeu de cloisons mobiles

Mais à défaut du Grand Paris, il s’agit d’un « Nouveau Paris », celui des grands ensembles des années 1970-1980, et du laboratoire de l’architecture d’aujourd’hui, à quelques jets de pierres de la Bibliothèque François-Mitterrand de Dominique Perrault et des futures tours Duo de Jean Nouvel. L’architecte Augustin Rosenstiehl l’admet, son immeuble en briques, dont la blancheur tranche avec le monolithe noir érigé juste en face par Rudy Ricciotti, ne s’inscrit pas dans « la nouvelle tendance du quartier pour des édifices fins, vitrés et transparents ». Le rez-de-chaussée, qui devait initialement être occupé par Uniqlo, n’était alors pas folichon.

Il a fallu un an et demi de travaux pour le transformer en espace culturel. Avec ses dénivelés de 30 à 80 centimètres, la construction sur pilotis a tout d’un casse-tête. Pas simple, dans la première salle d’exposition, de composer avec l’enfilade de neuf colonnes renfermant les ressorts du bâtiment. « Il a fallu inventer, moduler », admet Augustin Rosenstiehl, qui a atténué l’aspect « temple » donné par les colonnes grâce à un jeu de cloisons mobiles, et construit un escalier circulaire pour mener à l’étage – « un sujet en soi », se souvient-il.

« PRENDRE POSSESSION D’UN LIEU, ÇA PREND DU TEMPS, C’EST ANIMAL, IL FAUT S’Y FOURRER, PLANTER SA TENTE, LE FAIRE SIEN. » AGNÈS B.

Comme pour ses lignes de vêtements simples et astucieux, Agnès b. ne voulait rien d’ostentatoire. « Ce qui compte, ce sont les œuvres », insiste-t-elle. Mais elle se méfiait tout autant d’un minimalisme trop froid. Aussi l’architecte a-t-il travaillé sur quatre nuances de blanc, celui du sol en béton ciré, des murs, de l’appareillage métallique et du faux plafond.

Le chantier avance à pas comptés, jusqu’à ce qu’une inondation sous le bâtiment retarde l’ouverture de quatre mois. « J’aime les contraintes, sourit Agnès b. Prendre possession d’un lieu, ça prend du temps, c’est animal, il faut s’y fourrer, planter sa tente, le faire sien. » C’est ainsi qu’elle s’est lentement approprié sa demeure de Louveciennes, dans les Yvelines, et ses bureaux parisiens de la rue Dieu. Mais déjà, assure-t-elle, La Fab est devenue sa « troisième maison ».

La Fab, 1, place Jean-Michel-Basquiat, Paris 13e.

30 janvier 2020

Actuellement au Centre Pompidou

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Pourquoi il faut aller voir l'expo de Christian Boltanski au Centre Pompidou 

Au Centre Pompidou, la rétrospective “Faire son temps” consacrée au plasticien français parcourt cinquante années de création réunies dans une scénographie immersive invitant à effectuer sa propre traversée initiatique.

A l'instar de la pollution lumineuse qui masque les étoiles depuis les grands centres urbains, le bain perpétuel d'images oblitère le mystère éternel de l'existence humaine. Et pourtant, quelque chose palpite encore. Quelque chose de primordial. Des peurs enfouies, des émotions fragiles, des mythes ancestraux. Qui, pour peu que l'on ose regarder sous la surface, et au plus profond de soi, persistent comme au premier jour, révélant un substrat d'humanité ténu comme une lueur vacillante aperçue au creux de l'obscurité, ou encore comme le battement sourd d'une pulsation cardiaque.

Pour les retrouver, ces sensations enfouies sous la carapace de l'homme moderne bardé d'extensions technologiques, il suffit de peu. De franchir un seuil, à partir duquel serait conclu un pacte : nul ne pénètre ici s'il n'est disposé à se retrouver seul avec soi-même, à accueillir sa part d'ombre, et les spectres et fantômes qui la peuplent. D'ailleurs, la mise en garde est explicite.

Au-dessus de l'accueil de l'exposition de Christian Boltanski au Centre Pompidou, le début du parcours est épelé en ampoules rouges : "DEPART". Il y aura une "ARRIVEE" (ampoules bleues), mais avant cela, avant de revenir à la lumière ordinaire, il faudra s'être immergé dans le royaume des ombres, se soumettre au périple initiatique. Se souvenir, dériver, plonger, flotter, mourir un peu.

Fil d'Ariane

Faire son temps, le titre de l'exposition, réunit quarante œuvres du plasticien français déjà consacré par Beaubourg il y a trente-cinq ans. Le parcours est chronologique, ou s'ouvre du moins par ses toutes premières œuvres. L'une des rares peintures que l'on connaisse de l'artiste, La Chambre ovale (1967), rappelle son parcours d'autodidacte. A l'époque où il réalise cette toile, il a 23 ans et tourne définitivement le dos à la peinture. Déjà, on reconnaît certaines de ses obsessions.

Sur une étendue lunaire baignée d'une lueur rouge est assise une figure noire oblongue, seule, pensive. Plate comme une poupée de chiffon, elle ne peut marcher, enfermée dans l'antichambre de la mémoire. L'introspection peut commencer.

En vis-à-vis, quelqu'un dans la vidéoL'homme qui tousse (1969) éructe bruyamment. Le périple ne sera pas simple, mais pour l'instant, c'est un homme qui se fait le passeur, et le guide. La série de photographies en noir et blanc 27 Possibilités d'autoportraits (2007) le rappelle, il sera d'abord question d'emboîter le pas à l'artiste, de suivre sa propre quête initiatique, lui dont les battements de cœur semblent résonner tout au long du parcours comme un fil d'Ariane.

Il y a, en effet, dans la production de plus d'un demi-siècle de l'artiste, trois grandes périodes. La première commence par les bricolages et reconstitutions du tournant des années 1970, les Essais de reconstitution ou les Vitrines de référence qui touchent à sa propre enfance.

ChristianBoltanski-2.jpg“Animitas Blanc”, 2017, Christian Boltanski © DR/Adagp, Paris, 2019

Dans des vitrines grillagées, Christian Boltanski s'y livre à des tentatives de gripper la disparition de ses premiers souvenirs, en pâte à modeler (un train électrique, une bouilloire) ou en rassemblant de menus objets (brindilles, photos, gribouillages). De ce musée individuel, il augmente peu à peu l'ampleur. Parler de soi certes, mais pour parler des autres, et de tous. En cherchant le commun, l'artiste élague, précise, synthétise son vocabulaire.

Rapidement, on perd le fil chronologique, emporté par la scansion des motifs qui font de son parcours artistique non pas une ligne droite, mais un cycle. A se perdre, à tourner en rond, à errer parmi les voiles de gaze (Les Regards, 2011) et les théâtres d'ombres (Théâtres d’ombres, 1984-1997), la scénographie y invite. Plongé dans la pénombre, on suit la lumière ronde et douce qui provient des œuvres elles-mêmes.

En 1989, après la mort de ses parents, l'artiste entre dans une seconde phase de création, centrée autour de la généalogie. A celle-ci succédera une troisième, élargissant encore, par cercles concentriques, à l'invention de mythes et de paraboles. Sans surprise, Christian Boltanski ne cite pas ou peu d'artistes plasticiens parmi ses sources d'influence, préférant inscrire ses recherches sous l'égide des arts de la scène : la danse (Pina Bausch) et le théâtre (Tadeusz Kantor).

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La cohorte des disparus

Au Centre Pompidou, chacune des œuvres vaut moins par elle-même qu'elles n'appellent ensemble une ritournelle. Des photographies de l'artiste, de sa famille ou de celle de ses proches on passe aux noms et visages des mineurs qui travaillaient entre 1920 et 1940 au Grand-Hornu (Les Registres du Grand-Hornu, 1997) et aux cohortes des disparus, nazis et victimes de la Shoah réunis par la mort (Menschlich, 1994).

Visages, regards, lueurs d'ampoules, registres administratifs de vies vécues, boîtes de biscuits à souvenirs, mais aussi une montagne de vêtements empilés, ici d'un noir charbon (Le Terril Grand-Hornu, 2015), rappelant ceux de Personnes de la Monumenta au Grand Palais en 2010 ou de Take Me (I'm Yours)à la Monnaie de Paris en 2015.

Peu à peu, on s'oublie, et l'on se réhabitue à imaginer l'autoportrait sans le selfie, la mémoire sans le moteur de recherche, la mort sans le transhumanisme. Il est alors presque temps de se reconnecter au monde réel, tel qu'il va ici-bas, aujourd'hui, dehors. Mais pas avant de s'être accordé un ultime moment de grâce, par l'entremise du point d'orgue ménagé par les deux œuvres les plus récentes de l'artiste : les Animitas (2014 et 2017), tournées l’une dans le désert d’Atacama, au Chili, l’autre dans nord neigeux du Québec, où tintent doucement les clochettes d'âmes disparues.

Faire son temps jusqu'au 16 mars au Centre Pompidou, Paris

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Voir et lire mes précédents billets sur Christian Boltanski : http://jourstranquilles.canalblog.com/tag/christian%20boltanski

 

30 janvier 2020

PHOTOGRAPHIE - « Claudia Andujar, la lutte Yanomami »

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La photographe Claudia Andujar, d’origine suisse et installée au Brésil, a consacré sa vie et son œuvre aux Indiens yanomami, qu’elle a rencontrés dans les années 1970. Elle a non seulement cherché, en manipulant ses images, à transmettre visuellement la richesse de leur culture et de leurs rites chamaniques, mais elle s’est aussi transformée en une activiste enragée lorsque la dictature brésilienne a décidé que les Indiens étaient un obstacle à la modernité. Son combat, aujourd’hui remis en cause par le gouvernement Bolsonaro, a été essentiel pour la reconnaissance d’un territoire yanomani. La Fondation Cartier aborde, dans une grande rétrospective, à la fois les aspects esthétiques et politiques d’une œuvre où les Indiens ne sont jamais considérés comme des créatures exotiques, mais comme des individus dont elle tente de capter l’intériorité. Claire Guillot

Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, Paris 14e. Du 30 janvier au 10 mai. Du mardi au dimanche de 11 heures à 20 heures, nocturne le mardi jusqu’à 22 heures.

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