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Jours tranquilles à Paris
2 décembre 2019

André Kertész : Marcher dans l’image

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André Kertész (1894-1985) compte parmi les regards qui ont ouvert des chemins nouveaux dans la photographie du 20ème siècle. Amateur de photographie à 18 ans, artisan des recherches esthétiques de la nouvelle vision à 28 ans, défricheur des enjeux médiatiques du reportage photographique naissant à 36 ans, il a largement contribué aux évolutions esthétiques et professionnelles du médium. Mais si plusieurs generations de photographes se reconnaissent une dette envers sa démarche et ses images, c’est pour une autre raison : il est celui qui, sans effets ni étalage, à travers une exigence attentive et une subtilité esthétique constantes, a montré la possibilité de poursuivre une oeuvre sereine tout au long d’une vie de photographe, à l’écart des courants et en marge des commandes.

Cette oeuvre, léguée à l’État par André Kertész en 1984, a fait depuis l’objet de nombreuses études, mais sa pratique du 24×36 demeure indistincte et méconnue. Or, pour reprendre les mots de John Szarkowski (conservateur au MoMa de New York de 1962 à 1991), « plus peut-être que tout autre photographe, André Kertész a compris l’esthétique particulière de l’appareil portatif et l’a rendue manifeste ».

Kertész se dote d’un Leica dès 1930. Avec cet appareil, l’oeil du photographe ne se concentre plus sur un dépoli mais se projette dans un cadre qui se juxtapose à son champ de vision. Le viseur d’un genre nouveau permet au regard de chercher ses repères dans l’image pendant que le corps prend ses appuis dans l’espace. En emmenant ce boîtier dans les rues de Paris, les terrains vagues de banlieue et les chemins de campagne, Kertész invente en quelques saisons une démarche qui va ouvrir la voie à de nombreuses vocations de photographes : la déambulation photographique. « J’ai fait quelques pas avec lui, et j’ai eu l’image, » résume-t-il simplement devant l’une de ses photos.

Une étude récente et inédite menée sur les négatifs originaux conservés par la Médiathèque de l‘architecture et du patrimoine a permis de reconstituer pour la première fois la continuité chronologique des images que le photographe a prises en 1930 et 1936 avec son Leica. Fruit de cet te recherche,

l’exposition présentée à la Maison Doisneau du 22/11/19 au 09/09/20, accompagnée d’un ouvrage de référence publié par les éditions André Frère, propose de remonter à ce moment de la prise de vue et d’observer ces quelques pas de Kertész auprès de ceux qu’il photographie.

D’un déclenchement à l’autre, nous découvrirons ses lieux et ses sujets de prédilection, ses distances et ses angles d’approche, les motifs et les correspondances qui l’inspirent, ses moments d’affût ou de persévérance, sa prévenance et sa retenue envers ce que lui tendent les personnes ou les circonstances photographiées et, finalement, sa capacité à prendre l’attention elle-même pour horizon de sa prise de vue.

Visiteurs et lecteurs seront ainsi invites à mieux sentir comment le regard pense à l’instant du déclenchement.

Commissariat : Cédric de Veigy

André Kertész : Marcher dans l’image

22 novembre 2019 – 9 février 2019

Maison de la Photographie Robert Doisneau

1, rue de la Division du Général Leclerc

94250 Gentilly, France

www.maisondoisneau.agglo-valdebievre.fr

André Kertész : Marcher dans l’image

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1 décembre 2019

Au Mac Val...

Le Mac Val présente l’exposition d’une artiste turque, née en 1981, Gözde Ilkin, résultat vibrant de sa résidence à Vitry-sur-Seine, une expérience de vie qui se retrouve tout entière dans un souffle aussi réjouissant qu’inquiétant, comme elle.

« Gözde Ilkin — Une résidence éco féministe », MAC VAL Musée d'art contemporain du Val-de-Marne jusqu'au 5 janvier 2020.

À travers, le patchwork, le tissage, la peinture, la broderie et le dessin, elle réalise des tentures immédiatement séduisantes dont la beauté organique, aussi bien des formes qu’elle y conçoit que d’une matière résistant avec souplesse aux volutes de vents portées sur leur passage par les visiteurs, jouent de l’accrochage pour s’imposer comme des figures à part entières dans l’espace. Les prolongeant même à travers un jeu de lumières qui projette leurs ombres et le découpage aléatoire du lieu qu’elles occupent, donnant toute sa force à cette présentation qui devient installation.

Les troncs humains, les membres et les végétaux se fondent dans la chair pour figurer des embrassades lascives, des danses fusionnelles où les corps se mêlent à leur environnement et se rejoignent dans des saynètes où chaque personnage, semble s’imprimer en l’autre. L’absence de visages accentue cette régression essentielle qui, dans sa mise en scène, refuse la hiérarchie, l’attention à l’un plus qu’à l’autre pour figurer un mouvement unitaire et unifié qui contrecarre toute possibilité de discrimination. Elle invente de la sorte sa propre façon de penser l’altérité, u autre comme condition d’arriver au même, à l’union créatrice et en phase avec son environnement. Une évidence narrative à l’œuvre dans ses travaux qui sonne comme un écho à l’expérience de l’ambivalence qui a nourri son projet de résidence à Vitry et, plus largement, sa pratique.

Gözde Ilkin, dans sa démarche, s’intéresse à ces courants qui irriguent ce qui fait de la vie une aventure collective, ce qui s’y dévoile. En cela, les plantes, qu’elle observe attentivement, constituent un indice décisif de cette intensité qui résiste et s’invente. Le jardin devient, dans sa création, la métaphore d’une culture (qu’elle est) humaine (qui la confronte), riche elle aussi d’une multitude de familles, de genres et de variétés qui la constituent et qu’elle a rencontrés lors de sa résidence à Vitry. Elle s’engouffre dans ces fissures qu’elle observe et analyse pour les souligner et, à terme, y apposer une nouvelle forme de vie, fruit de ces singularités qui viennent mélanger les images, souvenirs et expériences glanés pour en offrir des tentures superbes qui en magnifient les formes. C’est précisément dans ces brisures de l’ordre, dans sa capacité à agencer de nouveau des éléments qui en ont été exclus que Gözde Ilkin, dans sa rencontre avec Vitry, est parvenue à trouver un terrain commun, une prise avec un lieu qu’elle habite alors à sa façon.

Dans ces œuvres, on s’embrasse, on se marche dessus sans se voir, les visages s’effacent, les langues se retrouvent ailleurs, noyées sous des excroissances qui les dépassent. Comme une forme de vie autonome qui emmêle en son essence l’acte créateur et destructeur, à l’image de son titre « Comme les racines parlent, les fissures se creusent ». Cet effort positif de rencontre consiste ainsi en la mise en espace de luttes qui nous précèdent et nous survivent, qui émergent de nos sociétés humaines autant que du règne végétal, de cette nature loin d’être exempte de violence.

La destruction est, comme ailleurs, part ici de la création et se voit, avec une grâce et une intelligence plastiques passionnées, intégrée dans une perspective proprement inspirante et capable d’inventer sa propre langue de l’altérité.

Expo Vitry — MAC VAL jusqu’au 5 janvier

1 décembre 2019

Franck Horvat : La Traversée de Paris

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Depuis le fauteuil qui soutient le corps fatigué de ses 91 printemps, Franck Horvat découvre l’accrochage La traversée de Paris, une exposition qui lui rend hommage à l’Espace Musées jusqu’au 30 Avril 2020. « Vous dites que j’aime cette ville, mais il m’arrive aussi de la détester » s’amuse-t-il.

C’est pourtant bien Paris, sa ville d’adoption depuis la fin des années 50, qui inspira la plus grande partie de son œuvre.

Très largement influencé par Cartier-Bresson qu’il rencontre en 1950, il débute sa carrière dans le photojournalisme. Le succès ne se fait pas attendre puisque, de retour d’un périple de deux ans en Inde, il est sélectionné, dès 1955 par Edward Steichen pour participer à l’exposition The Family of an Man au MOMA.

Son regard bienveillant s’attache aux habitants, à la foule, aux individus dans l’esprit de la photographie humaniste de l’époque, illustrée par Robert Doisneau et Willy Ronis.

À partir de 1957, il applique son expérience de reporter à la photographie de mode, avec un style plus réaliste et moins guindé que celui des magazines de l’époque. Ses publications dans ELLE, Vogue et Harper’s Bazaar, en Europe comme aux États-Unis, influenceront durablement le genre.

Il fait descendre ses modèles dans la rue, les montre dans un café, les installe dans un autobus, les surprend aux Halles, les représente au champ de courses ou dans un stade de sport parmi les spectateurs, associant vie quotidienne et pose étudiée.

Organisée en quatre parties, l’exposition s’attache à raconter le Paris d’Horvat : Paris la ville et les gens, Pais by night, Paris la mode et Paris les célébrités. Une cinquantaine de retirages et une vingtaine de parutions, scénogaphiés autour d’un grand format du fameux Chapeau de Givenchy.

On y croise avec nostalgie un agent de police qui semble improviser un pas de danse place de l’Opéra, une mannequin sublimement sophistiquée au « Chien qui fume », l’ombre de Coco Chanel guettant en coulisses le bon déroulement de son défilé, ou encore les dernières retouches d’un costumier sur les danseuses des Folies Bergères, tous immortalisés avec la même tendresse par ce maître du noir et blanc.

Agnès Vergez

L’exposition, en accès gratuit, est accessible aux voyageurs en partance pour de longs courriers à Roissy CDG, dans un espace original de 250m² crée par Paris Aéroport avec la complicité de l’agence Artcurial Culture.

Du 1 er novembre 2019 au 30 avril 2020

Exposition accessible à l’ensemble des voyageurs munis d’une carte d’embarquement

du Terminal 2 E, hall M.

Entrée gratuite.

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1 décembre 2019

Du mannequin nu, habillé de peinture, à l'uniforme militaire : deux expositions célèbrent le corps dans la mode

Voici deux expositions parisiennes sous le signe de la mode : l'une aborde le corps libre, simplement habillé de peinture (à la galerie Hegoa), l'autre le corps contraint par l'uniforme (au Musée de l'Armée).

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Exposition \"The painters project\" by Eric Ceccarini, à la galerie Hegoa (à gauche) et l\'exposition \"Les canons de l\'élégance\" au musée de l\'Armée (à droite)Exposition "The painters project" by Eric Ceccarini, à la galerie Hegoa (à gauche) et l'exposition "Les canons de l'élégance" au musée de l'Armée (à droite) (ERIC CECCARINI / ANNE-SYLVAINE MARRE-NOEL)

Le corps est libre et nu, fier, chez ces mannequins habillées seulement de traits de peinture : les motifs sont réalisés par des artistes puis les femmes shootées par un photographe. Quand le corps est sanglé et contraint, il s'adapte à l'uniforme militaire. Dans les deux cas, l'habit - invisible ou visible - et le corps se mêlent. Ils sont au centre des deux expositions parisiennes. Déroutant et émouvant.

Des corps nus, peints par des artistes, dans le viseur du photographe Eric Ceccarini

Le photographe Eric Ceccarini développe une approche personnelle d’artiste basée sur l’étude du corps en lumière naturelle et sans artifices techniques. Ses images douces, veloutées et picturales rendent hommage à la beauté du corps féminin. En collaboration avec des peintres et des graffeurs, il mène, depuis plusieurs années, un projet en évolution permanente. "The painters project", ce sont 120 artistes peintres du monde entier qui expriment leur art sur le corps de mannequins, principalement des modèles noires. L'oeuvre éphémère réalisée sur ces toiles vivantes est ensuite immortalisée par le viseur du photographe.

Au nombre des peintres qui ont participé à ce projet le graffeur belge Denis Meyers célèbre pour sa création éphémère de 20 000 m2 intitulée "Remember". L’exposition ne présente ici malheureusement qu'une douzaine de photographiques et c'est dommage car les différents artistes offrent une diversité d'oeuvres et de techniques.

Photo d\'un mannequin nu couvert de peinture dans l\'exposition \"The painters project\" by Eric Ceccarini, à la galerie Hegoa à ParisPhoto d'un mannequin nu couvert de peinture dans l'exposition "The painters project" by Eric Ceccarini, à la galerie Hegoa à Paris (ERIC CECCARINI)

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"J’ai rencontré Eric Ceccarini en 2014 et depuis, je suis fière et honorée d’être la seule galerie à Paris à présenter son travail, si prolixe et toujours aussi impressionnant d’année en année (…). Cette aventure me permet d’être au coeur du processus créatif et de le partager avec les amateurs et les collectionneurs" explique Nathalie Atlan Landaburu, gérante de la galerie Hegoa.

Exposition "The painters project" by Eric Ceccarini jusqu’au 11 janvier 2020. Galerie Hegoa. 16, rue de Beaune. 75007 Paris.

Quand les vêtements militaires influencent la mode

De tous temps, le vestiaire militaire s’invite dans les garde-robes. Le style militaire a conquis nos habitudes vestimentaires, à tel point qu’on en oublierait presque ses origines historiques : trench, duffle-coat, bombers, bottes-cavalières… À travers 200 pièces d'uniforme - le plus souvent richement brodées - d’armement ou des tenues réalisées par des créateurs contemporains, le musée de l’Armée met en lumière ce dressing qui distingue les militaires des civils.

Des uniformes dans l\'exposition \"Les canons de l\'élégance\" au musée de l\'Armée, à l\'hôtel national des Invalides à Paris. Novembre 2019Des uniformes dans l'exposition "Les canons de l'élégance" au musée de l'Armée, à l'hôtel national des Invalides à Paris. Novembre 2019 (MUSEE DE L'ARMEE/ANNE-SYLVAINE MARRE-NOEL)

canons

L’exposition Les Canons de l’élégance rappelle le lien entre le vestiaire militaire et la mode. Au Premier Empire, les maréchaux sont festonnés et boutonnés, les femmes, elles, portent l'épaulette. La mode masculine raffole de la botte à revers. Sous le Second Empire, la veste dite "à la zouave" est en vogue. Mais c'est au 20e siècle et durant les conflits mondiaux que l'influence est plus présente.

Une robe haute couture signée Jean Paul Gaultier inspirée du motif camouflage dans l\'exposition \"Les canons de l\'élégance\" au musée de l\'Armée, à l\'hôtel national des Invalides à Paris. Novembre 2019Une robe haute couture signée Jean Paul Gaultier inspirée du motif camouflage dans l'exposition "Les canons de l'élégance" au musée de l'Armée, à l'hôtel national des Invalides à Paris. Novembre 2019 (MUSEE DE L'ARMEE/ANNE-SYLVAINE MARRE-NOEL)

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L’immense quantité de tenues de combat confectionnées durant le second conflit mondial va inonder le monde civil et dans les années 1960, les mouvements de la contre culture vont s’approprier le treillis dans un esprit subversif et critique vis-à-vis des institutions militaires et de l’autorité qu’elles représentent : Mick Jagger avec une veste de grenadier et Jimi Hendrix en dolman d'officier. En 1967, sur la pochette de leur disque Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, les Beatles prennent la pose en vestes à galons et franges.

On pourra cependant regretter que les créations plus contemporaines, présentées ici, soient reléguées dans la dernière salle du parcours : Dries van Noten et Raf Simons y proposent des tenues inspirées de l'univers militaire tandis que Jean Paul Gaultier interprète le thème du camouflage sur une impressionnante robe haute couture.

Exposition "Les canons de l’élégance" jusqu’au 26 janvier 2020. Musée de l’Armée. Hôtel national des Invalides. 129, rue de Grenelle. 75007 Paris.

29 novembre 2019

Willy Rizzo : Pop!

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Jusqu’au 8 février, l’exposition de photographies & design « POP ! », au Studio Willy Rizzo à Paris, vous plonge dans le mouvement POP ART avec plusieurs oeuvres iconiques et inédites de Willy Rizzo.

Une sélection d’une trentaine de tirages argentiques signés et numérotés.

Comme en témoignent sous son objectif de nombreux artistes:

Jack Nicholson, Stéphanie Seymour, Dennis Hopper, Marisa Berenson, Marilyn Monroe, Jean Seberg, Jean Lagarrigue et Jean-Paul Goude, César, Jane Fonda, Gérard Fromanger …

Il suffit de se plonger dans cette exposition pour retrouver l’univers POP dans les attitudes, dans les gestes, dans les couleurs avec un ton évocateur et provocateur du quotidien! et un clin d’oeil POP, à sa muse et femme Elsa Martinelli!

2009 – 2019

10 ans d’ expositions, 10 ans de création, 10 ans de photographies,

10 ans du Studio Willy Rizzo !

Exposition de Photographies et Design

du 4 décembre 2019 > 8 février 2020

Studio Willy Rizzo

Laetitia Braquenié Viot

12 rue de Verneuil Paris 7e.

www.willyrizzo.com

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3-Zouzou-et-Anda-Saint-Germain-des-Prés-Paris-1965--x540q100

4-Jean-Paul-Goude-et-Jean-Louis-Lagarrigue-Paris-–-1956-x540q100

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12-Stéphanie-Seymour-New-York-1996-x540q100

13-Mareva-Galanter-dans-sa-maison-Paris-x540q100

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28 novembre 2019

Christophe Mourthé - vernissage ce soir

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28 novembre 2019

Une exposition pour comprendre comment l’amour fait palpiter notre cerveau

Par Florence Rosier

Avec le parcours « De l’amour », le Palais de la découverte, à Paris, invite à déchiffrer les vibrantes alchimies de l’état amoureux et du désir sexuel.

Pourquoi aimons-nous ? C’est la grande affaire. Elle défie la philosophie, a inspiré des monuments littéraires, enfanté opéras et chansons populaires. Elle fascine psychologues et sociologues. Et, depuis un siècle, elle captive aussi les biologistes. Ce sont les regards croisés de toutes ces disciplines sur cet insaisissable objet, l’amour humain sous toutes ses formes, que propose de découvrir l’exposition « De l’amour », au Palais de la découverte, à Paris. Son tour de force ? Montrer comment les découvertes des neurosciences font ici écho aux intuitions littéraires.

La visite est palpitante. Dès l’entrée, un cœur géant vous accueille, vibrant de toutes ses plumes. Là où la langue française n’a qu’un mot pour désigner les diverses formes d’attachement humain, le grec ancien en offre quatre : éros (désir sexuel et passion charnelle), storgê (amour familial), philia (amitié et liens sociaux) et agapè (amour désintéressé).

La première partie de l’exposition, ou « Galerie des attachements », est consacrée aux grandes références culturelles et aux symboles de l’amour. Vous y croiserez une collection de peluches, « objets transitionnels » de vos jeunes années. Vous écouterez des contes venus de Chine, du Vietnam, d’Ethiopie… Puis, soudain, place à l’irruption des corps : dans une brève vidéo, un duo de danseurs donne vie à un fantasme sexuel. Le but : « déconstruire les clichés de la pornographie », relève Astrid Aron, cocommissaire de l’exposition.

Voici maintenant la seconde partie et le cœur du parcours : la science de l’amour. Tout commence très tôt. Vous découvrirez les quatre formes d’attachement (sécure, évitant, ambivalent ou désorganisé) que développe le nourrisson selon les réactions de son entourage. « Avec nos enfants, on tend à reproduire la forme d’attachement que l’on a eu pour ses parents. Elle influence aussi nos premières relations amoureuses », note Astrid Aron. Mais on peut aussi en sortir !

« Hormone de l’amour »

Dans ces histoires de cœur et de corps-à-corps, ce n’est pas tant le cœur qui palpite que le cerveau. Quelle est donc l’alchimie cérébrale des philtres d’amour ? Dans ses cornues, un ingrédient central : l’ocytocine. Ici, posez-vous pour visionner une pépite : Parlez-moi d’amour. Soit vingt-cinq minutes de découvertes jubilatoires, joliment illustrées.

Vous découvrirez l’étonnante saga des campagnols des prairies et de ceux des montagnes. Les premiers, monogames, sont des parents attentionnés. Les seconds, volages, font figure de parents indignes, raconte le chimiste Marcel Hibert.

Seules différences entre les deux espèces : les concentrations en ocytocine et vasopressine, très élevées chez les premiers, extrêmement faibles chez les seconds. Ce qui lancera les chercheurs sur la voie de l’ocytocine, cette « hormone de l’amour » et du lien social, qui n’est pas réservée à l’allaitement et au lien mère-enfant. Une dizaine d’autres molécules entrent aussi dans la danse cérébrale, selon le type d’attachement.

Mais pourquoi idéalise-t-on tant l’être cher, lors d’un amour naissant ? « On se plaît à orner de mille perfections une femme de l’amour de laquelle on est sûr ; on se détaille tout son bonheur avec une complaisance infinie… », écrivait Stendhal. Vous découvrirez la réponse à cette « théorie de la cristallisation » dans le film Un cerveau qui palpite. Soit sept minutes de tempêtes cérébrales, pour le meilleur et parfois le pire.

Inventer des expressions grivoises

L’amour est une cuisine complexe. Il résulte de « la fusion instable, en proportions variables, de trois ingrédients hétérogènes : l’amitié, le désir, la passion », explique aussi le philosophe Francis Wolff. Trois couples mythiques ont illustré ces trois ingrédients : Paul et Virginie (l’amitié) ; Tristan et Iseut (le désir) ; Roméo et Juliette (la passion).

Bien d’autres questions sont abordées. Comment le numérique a-t-il changé – ou pas – nos relations amoureuses ? Quelle est la sociologie des « amours plurielles » ? Peut-on analyser la réalité concrète des dons – et contre-dons attendus – dans un couple ? Quelles sont les différences entre orientation sexuelle, sexe et genre ? Comment prévenir le harcèlement sexuel ? Eros reste le grand favori de cette visite. Vous pourrez aussi vous amuser à inventer des expressions grivoises. Et vous comprendrez, à travers une vitrine d’objets érotiques, à quel point la sexualité reste une construction, fondée sur la culture sociale et sur le vécu personnel.

La visite est réservée aux plus de 15 ans ? Certes, mais rien ici n’est de nature à choquer. « Un enfant de 10 ans peut y trouver son compte », précise Astrid Aron. Tout en étant très explicites, parfois drôles, les films manient avec délicatesse schémas et symboles. Et parce qu’en France tout finit par des chansons, l’exposition se termine par une invitation à écouter une chanson d’amour, parmi un florilège de cinquante titres. La préférée des ados ? J’aime tes fesses, de Philippe Katerine.

« De l’amour », Palais de la découverte, avenue Franklin-Delano-Roosevelt, Paris 8e, jusqu’au 30 août 2020. A partir de 15 ans. Plein tarif : 9 euros. Tarif réduit : 7 euros.

26 novembre 2019

Musée de la Monnaie - actuellement

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25 novembre 2019

MARCHE ET DÉMARCHE. UNE HISTOIRE DE LA CHAUSSURE au Musée des Arts Décoratifs

Jusqu'au 23 février 2020

Après « La Mécanique des dessous » (2013) et « Tenue correcte exigée ! » (2017), le Musée des Arts Décoratifs poursuit l’exploration du rapport entre le corps et la mode avec un troisième volet aussi surprenant qu’original autour de la chaussure, la marche et la démarche.

L’exposition « Marche et démarche. Une histoire de la chaussure » s’interroge sur le statut de cet accessoire indispensable du quotidien en visitant les différentes façons de marcher, du Moyen Âge à nos jours, tant en Occident que dans les cultures non européennes. Comment femmes, hommes et enfants marchent-t-il à travers le temps, les cultures et les groupes sociaux ? Près de 500 œuvres : chaussures, peintures, photographies, objets d’art, films et publicités, issues de collections publiques et privées françaises et étrangères, proposent une lecture insolite d’une pièce vestimentaire parfois anodine souvent extraordinaire.

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24 novembre 2019

Exposition : Oda Jaune à la Galerie Templon - 30 rue Beaubourg - 75003 Paris

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Qu'est ce qui fonde la liberté humaine ? Pourquoi l'être humain aspire-t-il à se dépasser, éternellement insatisfait de ce qu'il est ? Oda Jaune revient cet automne à la Galerie Templon avec une toute nouvelle série de peintures à l’huile pour donner forme charnelle à ce questionnement. L’artiste, tournant autour de ses figures, crée des œuvres qui n’ont pas d’orientation prédéfinie, pouvant être accrochées dans un sens ou l’autre, comme si elles étaient en apesanteur. La lecture du tableau se reconfigure selon l’accrochage. Au cours de l’exposition, courant novembre, les tableaux seront retournés dévoilant ainsi de nouveaux récits, de nouvelles interprétations. En dialogue avec ces 14 tableaux, l’artiste créera une intervention murale et investira l’espace de surprenantes sculptures anthropomorphes, hautes en couleur.

Dans ce nouvel ensemble d’œuvres, Oda Jaune se place en observateur de l’être humain, une créature aspirant à repousser toujours plus loin les limites biologiques et physiques du corps, prête à tout expérimenter au péril de sa vie et au risque de détruire la planète. La prochaine étape de l’évolution humaine sera-t-elle la dématérialisation ? Une âme libérée de son enveloppe charnelle qui ne connaîtrait plus de limite ?  Les figures mutantes de cette nouvelle série, libérées des contraintes terrestres, flottent alternativement dans l’azur d’un ciel peuplé de nuages ou émergent d’une nuit sidérale. La touche lisse, minutieuse et lumineuse donne chair aux visions qui traversent l’artiste ; des visions qui métamorphosent le corps féminin et place au cœur de la peinture la question du pouvoir créateur de la femme.

Oda Jaune à la Galerie Templon - 30 rue Beaubourg - 75003 Paris

Biographie

Née en 1979 en Bulgarie, Oda Jaune vit et travaille à Paris depuis 2008 où elle développe depuis une dizaine d'années, un langage pictural poétique personnel et singulier aux frontières du surréalisme et du morphing. Oda Jaune a exposé dans de nombreuses expositions en Europe et aux Etats-Unis dont notamment Peindre, dit-elle, chap. 2,Musée des Beaux-Arts de Dôle (2017), Intrigantes incertitudes, Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne (2016), Peindre, dit-elle, Musée départemental d'art contemporain de Rochechouart (2015), Confrontation avec Félicien Rops, Musée Rops de Namur (2011), Tous cannibales, La maison rouge, Paris et Me Collectors room, Berlin (2011). En 2018, la National Gallery de Sofia lui a consacré une importante exposition personnelle, Heartland. Cette exposition a fait l’objet d’un catalogue paru en septembre 2019 aux éditions Hatje Cantz.

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