Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
2 mars 2018

Trump-Macron, une relation paradoxale, mais visiblement solide, entre deux dirigeants à la fois proches et totalement opposés

Par Sylvie Kauffmann, éditorialiste au "Monde"

Le 24 avril, les Trump recevront les Macron à la Maison Blanche. Dans sa chronique, Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde », s’interroge sur la relation privilégiée qu’entretiennent ces deux présidents que tout devrait opposer.

Entre eux, tout a commencé par une poignée de mains dont on a fait grand cas. L’a-t-on surinterprétée, cette poignée de mains virile et, disons-le, un peu ridicule au sommet de l’OTAN, le 25 mai 2017 à Bruxelles ? Peut-être.

Mais lorsque, huit mois plus tard, lors du Forum économique de Davos (Suisse), le journaliste de la télévision helvétique Darius Rochebin évoque devant Emmanuel Macron cette scène « incroyable » avec Donald Trump, cette scène où « vous lui broyez la main, elle devient blanche », le président français ne s’inscrit pas en faux. Il y a même comme une lueur de fierté dans son regard.

A Bruxelles, élu depuis quinze jours, Emmanuel Macron était le petit nouveau dans le cercle des dirigeants de l’Alliance atlantique. Auréolé de sa victoire sur Marine Le Pen, certes, mais junior quand même. L’autre nouveau venu, c’était Donald Trump, porté, lui, à la tête de la première puissance du monde sept mois plus tôt par une vague populiste.

Calculée ou non, cette poignée de mains, finalement, c’était un peu pour Macron une manière de s’affirmer face à un homme qui tétanisait les Européens et qui, à 71 ans, aurait pu être son père. Trump, qui s’y connaît en matière de transgressions, ne lui a pas tenu rigueur de ces jointures écrasées. L’épisode lui rend même « Emmanuel » sympathique : ne sont-ils pas tous deux, à ce moment-là, des animaux politiques atypiques, arrivés au pouvoir dans des circonstances inhabituelles ? Et de fait, ce moment scelle la naissance d’une relation paradoxale, mais visiblement solide, entre deux dirigeants, un Américain et un Français, à la fois proches et totalement opposés.

France First !

Cette relation trouvera sa consécration dans la visite d’Etat que feront Emmanuel et Brigitte Macron à Washington, du 23 au 25 avril, à l’invitation du couple Trump. Dans le communiqué annonçant, lundi 26 février, les dates de la visite, l’Elysée a pris soin de souligner qu’il s’agit là de « la première visite d’Etat d’un dirigeant étranger depuis l’élection de Donald Trump ».

France First ! Cette précision et la fierté qu’elle recèle sont, elles aussi, révélatrices de la proximité inattendue entre un président américain septuagénaire, nationaliste, à droite de la droite, volontiers grossier et fier de ne jamais ouvrir un livre, et un ambitieux président français de 40 ans qui se définit comme progressiste, multilatéraliste, pétri de culture et de valeurs humanistes.

Sur quoi repose, au fond, cette relation ? Dès son arrivée à l’Elysée, explique un haut responsable au fait du dossier, Emmanuel Macron a décidé qu’une bonne relation avec Washington était essentielle ; « il se trouvait que le président des Etats-Unis était Donald Trump ». Qu’importe : il faudra faire avec. Comme il l’expliquera à plusieurs reprises, les Etats-Unis sont un partenaire indispensable dans la lutte contre le terrorisme et pour la sécurité collective. A vrai dire, la brève relation Trump-Hollande fut plutôt bonne, mais vu la réputation sulfureuse du nouveau président américain, l’équipe Hollande ne s’en vantait pas. Macron, lui, fait le choix d’assumer. A Bruxelles fin mai, puis au sommet du G7 qui s’enchaîne à Taormine (Italie), le jeune président anglophone met le paquet. « Le G7 s’y prêtait, c’est une réunion très informelle, les chefs d’Etat et de gouvernement passent deux jours ensemble. Le courant est passé », confie la même source.

Puis vient la trouvaille du 14-Juillet, l’invitation au défilé sur les Champs-Elysées, le dîner à la Tour Eiffel, Melania Trump en Dior… Donald Trump, émerveillé, envoie un tweet de remerciements presque délicat, commande le même défilé sur Pennsylvania Avenue. L’affaire est dans le sac. Bluffés de faire impression à si bon compte, les Français jouent le jeu, contrairement aux Britanniques qui s’opposent bruyamment à une visite des Trump.

« Emmanuel, I like him a lot ! »

Entre Theresa May complètement accaparée par le Brexit et Angela Merkel qui ne cache pas son dédain pour le populisme du président américain, Emmanuel Macron s’impose comme l’interlocuteur privilégié de Washington en Europe. « Emmanuel, I like him a lot ! », confie Donald Trump à la chaîne britannique ITV.

« Cette relation, elle est pour moi très forte, affirme le Français à la RTS le 24 janvier. C’est une relation personnelle, qui dépasse les clivages, et j’y suis très attaché. » M. Macron aime mettre en avant cette proximité, voire son influence sur son homologue américain : il raconte ainsi l’avoir fortement encouragé au téléphone à venir à Davos, pour qu’il « se confronte à d’autres idées, qu’il soit dans ce multilatéralisme auquel je tiens ».

Chez les diplomates, on raconte même que les responsables américains raisonnables, ceux que l’on appelle à Washington « les adultes », encouragent leurs interlocuteurs français à favoriser les échanges des deux présidents : « Plus Macron lui parle, mieux c’est », plaident-ils. Quand Trump et Macron sont ensemble, l’adulte, en fait, c’est le plus jeune.

Tout n’est pas rose pour autant. Le président français évoque volontiers « des désaccords ». « Pays de merde », par exemple, avoue-t-il à la BBC, « ce ne sont pas des mots qu’on doit utiliser ». Il n’a pas réussi à convaincre son homologue Américain récalcitrant de réintégrer l’accord de Paris sur le climat et il voit les nuages protectionnistes s’amonceler sur l’horizon commercial. Il ne manquera pas aussi de plaider une dernière fois à Washington pour sauver l’accord iranien sur le nucléaire.

Trump « est parfois imprévisible, reconnaît-il, et quand on est la première puissance du monde, être imprévisible, ça peut insécuriser des gens ». Pas lui ? « Il cherche l’escalade, c’est sa méthode, dit encore Emmanuel Macron à la RTS. Il ne faut pas que ses décisions à court terme viennent entraver nos objectifs communs. C’est là qu’on a des débats. » Entre ces deux-là, il y a, donc, « désaccords » et « débats ». D’une certaine manière, c’est rassurant.

Publicité
27 février 2018

Le PCC autorise Xi Jinping à rester au-delà de son prochain mandat

timonier

Par Brice Pedroletti, Pékin, correspondant - Le Monde

Le président chinois pourra rester à la tête de l’Etat en vertu d’une réforme de la Constitution qui confirme et accompagne la consolidation de son pouvoir.

Désigné comme « noyau dirigeant » du Parti communiste chinois (PCC) fin 2016, Xi Jinping a vu, honneur jusqu’alors réservé seulement à Mao, sa « pensée » inscrite dans les statuts du parti lors du XIXe Congrès d’octobre 2017, qui l’a reconduit pour cinq ans à la tête du parti.

Il avait alors dérogé à l’usage constituant à faire entrer au comité permanent – l’organe suprême de direction du PCC –, de possibles successeurs issus de la nouvelle génération de cadres, ce qui interrogeait sur les scénarios possibles en 2022, au terme du quinquennat tout juste entamé.

Car la Constitution limitait jusqu’alors les mandats du président, une fonction occupée en principe par le secrétaire général du parti (M. Xi sera désigné président du pays lors de la session parlementaire de mars), à deux mandats. C’est cette limite des deux mandats qui disparaît dans la série d’amendements décidée par le Comité central issu du XIXe Congrès lors du second plénum en janvier.

« C’est une manière d’assumer directement un changement des règles plutôt que d’interpréter de façon souple les règles existantes. Le seul poste important, celui de secrétaire général du PCC, n’était pas contraint par la limitation des mandats, il aurait donc été tout à fait possible qu’un secrétaire général enchaîne trois mandats, en découplant ce poste de celui de président », note le sinologue Sebastian Veg.

Vraie fausse surprise

L’agence Xinhua n’a publié que dimanche 25 février le texte détaillé des amendements prévus lors du second plénum, pourtant clos il y a plus d’un mois. L’annonce a fait l’effet d’un choc, feutré, tant l’expression de vues critiques est jugée risquée dans la Chine de Xi Jinping.

Sur la messagerie Wechat, des internautes diffusent toutes sortes de plaisanteries. « Mais quelle grande nouvelle ! Est-ce qu’on peut demain prendre un jour de congés ? », dit l’une d’elle. Un autre message montre une image du dessin animé Winnie l’ourson, censuré en Chine depuis que les internautes en ont fait le symbole de Xi Jinping : on y voit l’ourson collé à un pot de miel, avec comme légende « si vous aimez quelque chose, collez-vous y ».

Des commentaires relaient des citations de Hannah Arendt, d’autres font allusion à Yuan Shikai, l’ancien seigneur de guerre qui entreprit de s’autoproclamer empereur en 2015 dans une tentative désastreuse de restaurer l’Empire. Une image sur Wechat montre le portrait de Mao sur la place Tiananmen remplacé par celui de Xi.

C’est moins la vraie fausse surprise d’un troisième mandat pour Xi que l’éventualité d’une « présidence à vie » qui titille l’opinion publique. « La suppression de la limite des deux mandats n’est pas comparable au système du mandat à vie sous Mao. L’histoire montre que cela ne peut mener qu’au désastre, je ne pense pas que Xi Jinping ira jusque-là », réagit le politologue chinois Hu Xingdou, interrogé par téléphone.

Un nouveau plénum du Comité central, le troisième depuis le XIXe Congrès, doit ouvrir ce lundi afin de finaliser les recommandations du PCC à l’Assemblée pour l’ensemble des postes du gouvernement et des institutions.

Super-ministère anti-corruption

Hormis la question des mandats présidentiels, plusieurs dizaines d’articles de la Constitution font l’objet de propositions de révision, dans l’objectif est de mettre en conformité la loi fondamentale avec les ambitions de la « nouvelle ère du socialisme à caractéristiques chinoises » proclamée par M. Xi en octobre 2017.

Le PCC va également soumettre à l’Assemblée la création très attendue de la nouvelle Commission nationale de supervision. Ce super-ministère anti-corruption va élargir au niveau national, les prérogatives de la Commission centrale de discipline interne (CCDI) du PCC, l’arme dont s’est servi M. Xi et ses fidèles pour mener une purge historique dans les rangs du parti unique. Il étend également les pouvoirs de la CCDI au-delà des membres du parti à tous les fonctionnaires.

L’enjeu, pour Xi Jinping, est de sécuriser la place inamovible du PCC à la tête du pays dans une Constitution, celle de 1982, dont se réclamaient, malgré toute son impotence et ses limites (il n’y a pas de contrôle de constitutionnalité en Chine), les partisans de réformes politiques, aussi bien à l’intérieur du PCC, qu’à l’extérieur, les professeurs de droits constitutionnels, les avocats des droits de l’homme ou encore les intellectuels. Cette opposition légaliste visait à faire réellement appliquer les libertés d’expression, mais aussi de rassemblement défendues par la Constitution, et à pousser à une plus grande séparation du parti et de l’Etat.

Le rôle dirigeant du PCC n’était ainsi évoqué que dans le préambule de la Constitution actuelle. M. Xi a souhaité lever toutes les ambiguïtés. L’article 1 définit désormais « le rôle dirigeant du parti comme le trait le plus essentiel du socialisme aux couleurs chinoises ».

« Insister sur le rôle dirigeant du PCC »

« Le nouvel article inscrit dans la Constitution est un choix historique qui reflète l’expérience du peuple chinois. Il y avait dans le préambule une déclaration similaire, mais elle avait été mise en question par certains qui sont soutenus et manipulés par des forces extérieures. Il était donc essentiel d’insister sur le rôle dirigeant du parti », confirme le Global Times, porte-parole du PCC, dans un éditorial du 25 février.

« C’est réaffirmer le rôle dirigeant du parti, sans le masquer derrière des artifices juridiques ou des institutions étatiques. Celui-ci doit tout diriger, “aux quatre points cardinaux”, comme l’a annoncé Xi lors du XIXe Congrès », nous dit le sinologue Jean-Pierre Cabestan qui publiera en avril Demain la chine : démocratie ou dictature ? chez Gallimard dans la collection Le débat.

Le constitutionnalisme à l’occidentale était le premier des « sept dangers » contre lesquels le PCC avait appelé à une « lutte intense » au début du premier mandat de Xi Jinping, en 2013, au côté des « valeurs universelles », ou encore de la « société civile ». Le régime avait alors déployé une répression policière féroce contre ses partisans, tout en faisant défendre par ses porte-plume la supériorité indiscutable du « socialisme aux couleurs chinoises ». M. Xi semble aujourd’hui avoir gagné cette bataille.

26 février 2018

Emmanuel Macron aux Etats-Unis...

Emmanuel Macron et Donald Trump se rencontreront à la Maison Blanche du 23 au 25 avril. Il s'agira de la première visite d'Etat d'un dirigeant étranger aux États-Unis depuis l'élection du président américain. 

22 février 2018

Assad le gagnant

Il fallait «parler avec Assad». Il fallait d’abord «battre l’Etat islamique» et dans cette lutte, Assad était un allié et un moindre mal. Ceux qui ont préconisé cette realpolitik – une partie de la droite française, d’autres adeptes du «réalisme», sans parler de l’extrême droite unanime – devraient s’expliquer plus avant. Comme il le fait depuis le début du conflit, Assad ne recule devant rien pour retrouver l’emprise traditionnelle de son clan sur la Syrie. Bombardements aveugles de quartiers ou de villes entières, massacres de civils, usage des bombes chimiques prohibées depuis les années 30 dans le monde entier : il faut avoir les nerfs solides et la conscience bien endormie pour défendre le bourreau de la Ghouta, ce faubourg de Damas aujourd’hui menacé d’un «cataclysme humanitaire», selon les mots du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

La lutte contre Daech ? Elle fut l’œuvre des Kurdes, des Irakiens et de la coalition emmenée par les puissances occidentales mais aussi approuvée par nombre de pays arabes. Lesquels Kurdes sont maintenant remerciés par un abandon sans cérémonie de la part des puissances qu’ils ont épaulées, souvent en première ligne. Assad a fait très peu contre Daech, qu’il a utilisé comme repoussoir pour justifier son maintien en place. Certes, il bénéficie du soutien de minorités syriennes qui craignent plus que tout les islamistes. Certes, il arrive qu’une dictature vaille mieux qu’une situation d’anarchie guerrière encore plus dommageable aux populations civiles. Mais le relâchement de la pression sur le régime laisse libre cours à ses penchants les plus cruels. Asssad veut punir ses opposants, les moins islamistes en tête, dans la mesure où ils étaient à l’origine les plus dangereux, pour la bonne raison que leur cause était juste.

Pour avoir reculé devant des sanctions sérieuses quand la ligne rouge des bombardements chimiques a été franchie par le régime de Damas en 2013, les démocraties doivent maintenant contempler, impuissantes, le martyre des populations qui ont soutenu l’opposition syrienne. L’Iran et la Russie ont repris la main dans la région. Où est la victoire géopolitique dont on se gargarisait au départ ? Au fond, les «réalistes» se trompent aussi souvent, sinon plus, que les supposés «droit-de-l’hommistes». On a accepté le déshonneur de l’abstention face à Assad pour éviter un conflit encore plus sanglant. On a maintenant les deux.

LAURENT JOFFRIN - Libération

12 février 2018

L’arme de séduction massive de la Corée du Nord

IMG_1218

Les « pom-pom girls » coréennes en uniforme d’apparat à leur arrivée à Pyeongchang, mercredi.

News Agency/MAXPPP

Séoul. De notre correspondant

Elles sont jeunes, pimpantes, dynamiques et ont pour mission de donner une image sympathique, voire amicale, du pays le plus fermé du monde. Les supportrices envoyées par la Corée du Nord chez son voisin du sud devraient faire sensation dès ce midi (heure française), à l’ouverture des Jeux olympiques, de Pyeongchang.

« C’est une sorte d’offensive de charme. On pense souvent aux armes nucléaires et aux missiles lorsque l’on évoque la Corée du Nord, juge Cheong Seong-chang, directeur de recherches à l’Institut Sejong de Séoul. Ces femmes peuvent contribuer, dans une certaine mesure, à adoucir l’ambiance de dialogue et les rapports entre les deux Corées », après une longue période de gel des relations diplomatiques entre les deux frères ennemis.

Minutieusement sélectionnées en fonction de leur taille (plus d’1,63 m), de leur loyauté et de leur famille – afin de s’assurer notamment qu’elles ne soient pas liées à des transfuges –, ces cheerleaders font toutes partie de l’élite de la jeunesse nord-coréenne. « Souvent, on croit que tous les Nord-Coréens sont petits et maigres parce qu’ils souffrent de malnutrition, poursuit Cheong Seong-chang. Mais, en voyant ces femmes nord-coréennes belles et en bonne santé, il est possible d’imaginer que, finalement, la vie n’est pas si dure au nord du 38e parallèle. »

Leur beauté, leurs chants et leurs chorégraphies parfaitement synchronisées ont déjà attiré les regards des Sud-Coréens à trois reprises depuis 2002. Vêtues de hanbok, le vêtement traditionnel coréen, ou de simples tee-shirts avec une casquette vissée sur la tête, elles ont tendance à éclipser les efforts sportifs de leurs compatriotes lors des compétitions.

Néanmoins, Daniel Pinkston, spécialiste de la Corée du Nord à l’International Crisis Group, considère qu’elles n’auront pas une grande influence sur la manière dont les Sud-Coréens perçoivent le pays ermite. « Au fil des décennies, ceux du Sud ont appris à faire la part des choses. Alors que la plupart des gens ne nourrissent pas d’animosité à l’égard de la population nord-coréenne, une vaste majorité voit d’un très mauvais œil le régime dictatorial des Kim. »

21 envoyées en camp de travail

À chacune de leur visite au sud de la frontière intercoréenne, les pom-pom girls du Nord restent confinées au sein d’un groupe strictement encadré. Les curieux qui espèrent s’en approcher risquent encore d’être déçus cette année. « Il y a deux raisons principales à cela. Premièrement, les étrangers sont considérés comme corrompus ou contaminés par les « maux du capitalisme mondial » ». Pyongyang craint donc que les visiteurs nord-coréens soient vulnérables à une forme de corruption. Et le fait de rencontrer des étrangers engendrerait beaucoup de complications pour les agents de sécurité car chaque contact devra être signalé et étudié, d’après Daniel Pinkston.

Le sort de vingt et une pom-pom girls envoyées, selon de nombreuses sources, dans un camp de travail pour avoir parlé de ce qu’elles avaient vu lors de leur séjour en Corée du Sud en 2005, semble avoir depuis dissuadé tout écart de la part des soldates de « l’armée de beautés ».

Choi Eun-mi a fui le Nord en 2007 et est aujourd’hui fonctionnaire à Séoul. Elle éprouve de la compassion pour ces jeunes femmes : « Elles se sont entraînées intensément et doivent subir beaucoup de pression. Des agents du ministère de la Défense nationale scrutent chacun de leurs faits et gestes. Elles ne peuvent profiter de rien librement. »

Kim Ji-soo, une jeune réfugiée qui fait actuellement ses études dans la capitale sud-coréenne, est du même avis. « Si elles commettent la moindre petite erreur, c’est toute leur famille qui peut être en danger. Dans cette situation, il est plus prudent pour elles de ne surtout pas se mélanger avec des étrangers. »

Sur la Toile, les opinions sont partagées. Tandis que beaucoup de Sud-Coréens apprécient le spectacle que cela va offrir dans les tribunes, de plus en plus de voix s’élèvent contre le fait que Séoul devra assumer la plupart des frais relatifs à leur venue. Des problèmes de sécurité nationale sont aussi fréquemment soulevés. Sur Twitter, l’un d’eux s’inquiète : « Je crains que les cheerleaders comptent des espionnes dans leurs rangs. » Un autre est tout aussi alarmiste : « Le Nord veut créer la confusion dans notre identité en utilisant la beauté de ses cheerleaders. On ne veut pas que des espionnes arrivent par centaines pour obtenir des informations militaires. Alors ne vous laissez pas émouvoir et restez vigilant ! »

Louis PALLIGIANO.

Publicité
2 février 2018

Révolution des Femmes

1 février 2018

En Iran, des femmes retirent leur voile en public pour protester contre le pouvoir

Par Ghazal Golshiri, Téhéran, correspondance Le Monde

Le mouvement, parti de Téhéran, a même atteint la ville conservatrice de Machhad. Une femme arrêtée pour s’être dévoilée en public risque une peine de prison de dix jours à deux mois.

Un grand coffre de métal abritant des installations électriques, situé dans le centre de Téhéran, au croisement des avenues Enghelab et Vesal, est devenu ces derniers jours le symbole improbable d’un mouvement politique. Le 29 janvier à 11 heures du matin, après d’épaisses chutes de neige, une jeune femme y est montée, elle a ôté son voile blanc et l’a noué à un bâton, qu’elle a agité doucement, laissant sa chevelure flotter librement au vent.

Elle entendait ainsi protester contre le port obligatoire du voile en République islamique. Au poignet, elle portait un ruban vert, couleur du mouvement qui avait contesté, en 2009, la réélection de l’ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. La jeune femme a été arrêtée, et son nom publié quelques heures plus tard : Narges Hosseini.

Une photographie de Mlle Hosseini, dressée sur ce placard électrique, a circulé sur les réseaux sociaux et très vite, ailleurs dans la capitale, d’autres femmes l’ont imitée avec des foulards blanc et rouge. Le lendemain, un jeune homme est monté à son tour sur le même bloc que Mlle Hosseini, brandissant un foulard blanc.

Le 31 janvier, les internautes iraniens ont été plus surpris encore en voyant la photographie d’une jeune femme, montée elle aussi sur un bloc électrique, non pas à Téhéran mais dans la ville très religieuse de Machhad (Nord-Est). Elle portait le tchador noir revêtu par les femmes les plus traditionnelles en Iran. L’image a marqué : même parmi le public religieux, certaines femmes sympathisent avec celles qui luttent contre le voile obligatoire.

« Police des mœurs »

Depuis l’instauration de la République islamique d’Iran, en 1979, les femmes sont tenues de se couvrir tout le corps, sauf le visage et les mains. Une brigade spécifique, connue sous le nom de « police des mœurs », arrête régulièrement dans les rues les « mal voilées », les emmenant au poste où elles sont photographiées comme des criminelles, et parfois condamnées à payer une amende.

Les Iraniennes qui se dévoilent publiquement depuis le 29 janvier n’ont pas choisi de monter par hasard sur des blocs électriques : elles ne font qu’imiter la jeune Vida Movahed, qui avait mené une telle action le 27 décembre 2017. Téhéranaise et mère d’un bébé de dix-neuf mois, Mme Movahed a été arrêtée sur le champ, puis relâchée deux semaines plus tard. On ignore si elle est poursuivie en justice.

Au lendemain de son action, une vague de manifestations contre la crise économique et politique du pays avait déferlé dans le pays, touchant au moins 80 villes iraniennes, et faisant vingt-cinq morts en une semaine. Une photographie de Vida Movahed, diffusée les jours suivants, s’est imposée comme un symbole de ce mouvement, bien que sa revendication n’avait pas grand-chose à voir avec celles des manifestants.

Selon Nasrin Sotoudeh, célèbre avocate et militante des droits humains, Narges Hosseini est toujours incarcérée. Une caution de 90 000 euros a été requise pour sa libération. « Sa famille a été incapable de payer cette somme. Pour le moment, elle reste en prison à Shahr-e Rey [une banlieue sud de Téhéran] », a expliqué Mme Sotoudeh. L’avocate rappelle qu’une femme arrêtée pour s’être dévoilée en public risque une peine de prison de dix jours à deux mois, ou une amende pouvant s’élever à 10 euros.

Guerre de communication entre Téhéran et Riyad

Depuis son élection, en 2013, le président modéré, Hassan Rohani, s’exprime régulièrement en faveur des droits des femmes et tente de favoriser leur accès au marché du travail. Dans un geste d’ouverture envers l’électorat libéral, en décembre 2017, la police de Téhéran avait annoncé la fin prochaine des arrestations de femmes « mal voilées » par la brigade des mœurs. Si cette directive est appliquée, les contrevenantes seront contraintes de suivre des cours sur les bienfaits du port correct du voile.

Cette ouverture s’inscrivait dans une guerre de communication entre l’Iran chiite et son grand rival régional, l’Arabie saoudite. Le royaume sunnite a récemment autorisé les Saoudiennes à assister aux matchs d’équipes masculines de football dans les stades, et à conduire en ville. Les Iraniennes, elles, conduisent de longue date – et elles élisent leur président, rappelle M. Rohani. Mais les stades leur restent fermés, malgré des années d’activisme de fans du ballon rond, qui se griment en hommes pour assister aux matchs.

« Les Iraniennes ont l’impression qu’en une nuit, les Saoudiennes les ont devancées, explique Pegah, une Téhéranaise de 34 ans. Aujourd’hui, il est encore plus insupportable que nos dirigeants rejettent nos revendications les plus simples. » Depuis le 31 janvier, une voiture de police stationne en permanence à côté du coffret électrique de l’avenue Enghelab, à Téhéran.

voile

https://twitter.com/MsJulieLenarz?ref_src=twsrc%5Etfw&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.20minutes.fr%2Fmonde%2F2212351-20180131-iran-femme-interpellee-avoir-enleve-voile

29 janvier 2018

Russie : la stratégie risquée de l’opposant Alexeï Navalny

Par Isabelle Mandraud, Moscou, correspondante Le Monde

Arrêté dimanche à Moscou, le principal adversaire du Kremlin appelle au boycottage de l’élection présidentielle du 18 mars, sans parvenir à souder l’opposition autour de lui.

La mêlée a été de courte durée. A peine Alexeï Navalny avait-il posé un pied sur l’avenue Tverskaïa, la principale artère de Moscou, que des policiers l’ont embarqué sans ménagement dans un fourgon. Un retour certain à la case prison pour le principal opposant au Kremlin, qui avait appelé ses partisans, dimanche 28 janvier, à manifester partout en Russie contre la « supercherie » de l’élection présidentielle du 18 mars, pour laquelle il ne peut concourir. Sa candidature a été écartée en raison de condamnations pénales, qu’il réfute.

« On m’a libéré », a fait savoir sur Twitter l’opposant, plus de huit heures après avoir été interpellé. « Aujourd’hui était un jour important (…) Merci à tous ceux qui n’ont pas peur de se battre pour leurs droits. » Il a été inculpé pour « violation des procédures concernant l’organisation d’une manifestation », a indiqué la police moscovite dans un communiqué.

« Impeachment ! » scandé par les manifestants à Moscou

Pour la troisième fois en moins d’un an, les manifestants ont répondu présents à son appel dans plus d’une centaine de villes sur tout le territoire. Quoique moins nombreux que lors des précédents rassemblements des mois de mars et de juin, plusieurs milliers de personnes ont bravé les températures négatives et surmonté leur appréhension. Partout, les forces de police ont été déployées en nombre.

Trois heures avant le début des manifestations, jugées illicites par les autorités, la pression se faisait déjà sentir. A Moscou, la Fondation de lutte contre la corruption créée par Alexeï Navalny a été investie par la police, et le centre commercial dans lequel se trouvent ses locaux était totalement encerclé. Quelques jours plus tôt, la justice avait déjà prononcé la liquidation de cette organisation qui sert à financer l’équipe et les QG de l’opposant.

« Tant pis si je dois me faire arrêter, mais vingt-quatre ans [la longévité au pouvoir de Vladimir Poutine en cas de victoire à sa propre succession], c’est trop ! », martelait à Moscou, Pavel, un étudiant de 21 ans, tandis qu’autour de lui la foule, réunie sur la place Pouchkine, criait en anglais « Impeachment ! » ou, en russe, « ce ne sont pas des élections ! ». A Ekaterinbourg, le maire, Evgueni Roïzman, l’un des rares élus de l’opposition, reprenait ce slogan au micro. « Ce ne sont pas des élections, il ne faut pas y participer ! »

L’appel à boycotter la présidentielle ne fait pas l’unanimité

L’appel d’Alexeï Navalny, 41 ans, à boycotter le scrutin du 18 mars ne fait pourtant pas l’unanimité. L’opposition se divise sur cette stratégie. Elle est convaincue, pour une partie d’entre elle, que l’abstention n’aboutira, in fine, qu’à augmenter mécaniquement le score du chef du Kremlin. Depuis 2006, en effet, le seuil minimum de plus de 50 % de votants a été aboli. « Je suis ici pour montrer que l’opposition existe, mais je ne suis pas sûre que le boycott soit la meilleure solution », confiait timidement Karina, place Pouchkine.

Tout en apportant son soutien aux manifestations de dimanche contre le « spectacle » de l’élection présidentielle, le mouvement Russie ouverte, lancé par l’ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski, en exil en Europe, prône lui aussi un vote « pour tout autre candidat » que Vladimir Poutine, « plutôt qu’un boycott passif qui conférera une victoire incontestée à l’élite dirigeante ». « Il n’y a pas de boycott dans l’histoire qui ait conduit à un changement de pouvoir », souligne Alexandre Soloviev, président du mouvement.

« En dépit d’être le seul politicien véritablement remarquable en Russie aujourd’hui, Navalny ne parvient pas à rassembler tous les électeurs de l’opposition. Malgré tous ses efforts, il n’est pas Boris Eltsine, l’homme qui est devenu une figure unificatrice à la fin des années 1980, quand tout le monde a compris que la Russie devait rompre avec son idéologie communiste », note le politologue Andreï Kolesnikov, de la Fondation Carnegie à Moscou.

Alexeï Navalny doit en outre affronter une nouvelle concurrence avec l’arrivée dans le jeu de Ksenia Sobtchak, 36 ans. Certes, bien moins populaire, voire suscitant la méfiance d’une partie des « anti-Poutine », la fille de l’ancien maire de Saint-Pétersbourg Anatoli Sobtchak se pose elle aussi en opposante. Dimanche, en même temps que se déroulaient les manifestations des partisans de M. Navalny, la candidate s’est plantée seule sous l’œil de caméras avec une pancarte dans la ville de Grozny, en Tchétchénie. Elle réclamait la libération d’Ouioub Titïev, responsable de l’ONG des droits humains Mémorial, qui fait déjà l’objet, sur place, de multiples persécutions.

28 janvier 2018

RUSSIE : "Je n'ai pas l'impression d'avoir le choix" : ils témoignent de la mainmise de Poutine sur la présidentielle en Russie

"Moi, je ne vais pas prendre part aux élections. Je ne veux pas participer à cette farce." Pour Zoia Svetova, journaliste russe d'opposition, la décision est sans appel. Contactée par franceinfo, comme d'autres observateurs ou de simples habitants, elle qualifie l'élection présidentielle - qui va se dérouler en Russie le 18 mars prochain - d'"antidémocratique". Pour elle, ça ne fait aucun doute, Vladimir Poutine va être réélu car il n'y a pas "de vraie compétition". "Je pense que des gens vont sortir dans la rue pour manifester contre cela."

24 janvier 2018

Davos

 

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a mis l'accent sur les droits des femmes et l'égalité des sexes lors de son discours au Forum économique mondial de #Davos , en Suisse, le 23 janvier. @justinpjtrudeaua nommé des femmes à la moitié des postes dans son cabinet en 2015 et son explication succincte pour le faire - «Parce que c'est 2015» - a attiré l'attention internationale et les éloges. Le forum de Davos de cette année compte la plus forte proportion de femmes participant à l'événement, bien qu'elles ne représentent encore qu'un peu plus d'un participant sur cinq. Source vidéo: WEF Pool

 

Publicité
Publicité