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Jours tranquilles à Paris
31 mai 2018

L’Ukraine annonce avoir mis en scène l’assassinat du journaliste russe Arkadi Babtchenko, bien vivant

Par Isabelle Mandraud, Moscou, correspondante, Benoît Vitkine - Le Monde

La police ukrainienne avait annoncé, mardi, que le journaliste, critique virulent du président russe, avait été tué par balle à Kiev. Il est apparu, mercredi, devant la presse.

Coup de théâtre à Kiev. Près de vingt-quatre heures après l’annonce de sa mort, le journaliste russe Arkadi Babtchenko est apparu vivant, mercredi 30 mai, lors d’une conférence de presse à Kiev, la ville où il était censé avoir été tué de trois balles dans le dos. Le procureur général ukrainien et les chefs des services de sécurité (SBU) ont fait savoir que cette annonce était l’un des éléments d’une opération spéciale destinée à tromper l’exécutant et le commanditaire du meurtre, qui, lui, avait été bel et bien planifié.

Le tueur, appréhendé, est un ressortissant ukrainien, ancien soldat ayant combattu dans le Donbass, qui aurait été recruté par l’un de ses amis contre la somme de 40 000 dollars. L’homme aurait accepté de collaborer avec la police et bénéficie pour l’heure du statut de témoin, a fait savoir le chef du SBU, Vassil Gritsak. Le commanditaire, également citoyen ukrainien et ancien combattant, a, de son côté, été arrêté mercredi à Kiev. C’est lui qui aurait été en contact avec les services secrets russes, selon le récit fait par la partie ukrainienne. « Nous poursuivons notre enquête et nous avons mené plusieurs perquisitions », a précisé M. Gritsak.

« Nous devions faire croire aux représentants des services spéciaux russes que l’assassin avait rempli sa mission », a aussi expliqué le député Anton Guerachtchenko, conseiller auprès du ministère de l’intérieur. « Sherlock Holmes a utilisé avec succès la méthode de la mise en scène de sa propre mort pour élucider efficacement des crimes compliqués », a-t-il ajouté.

Vive émotion en Russie et en Ukraine

M. Babtchenko, 41 ans, a également pris la parole pour s’excuser auprès de sa femme « pour l’enfer qu’elle a vécu pendant deux jours », affirmant que la mise en scène avait été préparée durant deux mois et que lui-même avait été prévenu il y a un mois. « J’ai eu à enterrer nombre de mes amis et de mes collègues, je connais le sentiment que cela procure », a-t-il dit. Le journaliste a aussi remercié les services ukrainiens de lui avoir sauvé la vie. Les forces de sécurité ukrainiennes ont, cependant, assuré que sa famille était au courant de l’opération.

L’annonce de l’assassinat du journaliste et écrivain avait provoqué une vive émotion tant en Russie qu’en Ukraine, deux pays où il est une figure connue. Sa réapparition, mercredi, a provoqué des commentaires tout aussi émus, entre soulagement de le voir en vie et critiques contre le SBU, accusé d’affaiblir, dans le futur, la crédibilité des autorités ukrainiennes. Et ce alors que de nombreux assassinats ont bel et bien été commis ces dernières années à Kiev, contre des opposants et journalistes russes, des agents des services de sécurité ukrainiens et d’anciens combattants de la guerre du Donbass. Le président ukrainien, Petro Porochenko, a félicité le SBU pour sa « brillante opération », ordonnant de fournir des gardes du corps au journaliste et à sa famille.

De son côté, le ministère russe des affaires étrangères a dénoncé une « provocation antirusse » de Kiev. « Je regrette que Babtchenko ait participé à des provocations des services spéciaux ukrainiens, que j’attribue à la mise en scène d’une série d’actions folles des autorités ukrainiennes contre le pouvoir russe », a également réagi, à Moscou, le sénateur Konstantin Kosachev, président de la commission des affaires étrangères du Conseil de la Fédération de Russie, cité par l’agence Interfax.

mort

Le journaliste Arkadi Babchenko reçu par le président ukrainien Petro Porochenko, en présence du directeur de la sécurité militaire Vasilli Gritsak et ldu procureur général Yuriy Lutsenko, à Kiev, le 30 mai. | SERVICE DE PRESSE DE LA PRESIDENCE UKRAINIENNE / REUTERS

Menacé de mort en Russie

Pour Alexeï Pouchkov, également sénateur russe, il s’agit d’une « mystification couplée d’une provocation contre la Russie sur un meurtre inventé ». « Le fait que Babtchenko soit vivant est la meilleure information, nous aimerions bien que cela soit le cas à chaque fois (…). Il est évident que dans toute cette histoire, il y a eu un effet de propagande », a, pour sa part, commenté Maria Zakharova, porte-parole du Kremlin, sur Facebook.

En fin de journée, devant la maison de la presse à Moscou, où le rassemblement prévu en « hommage » à Arkadi Babtchenko avait été maintenu, Ksenia Sobtchak, ex-candidate à l’élection présidentielle, confiait aux caméras ses doutes : « Je ne sais pas si c’est intéressant pour les autorités [russes] de tuer des journalistes… » D’autres, parmi les opposants présents, voulaient croire, au contraire, que l’enquête à Kiev sur la présumée tentative de meurtre commanditée par les services russes mettrait en difficulté le Kremlin.

L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a, elle, condamné une simulation « navrante ». Si la réapparition du journaliste est « un grand soulagement », « il est navrant et regrettable que les services ukrainiens aient joué avec la vérité, quel qu’en soit le motif », a réagi son secrétaire général, Christophe Deloire.

Arkadi Babtchenko avait combattu dans l’armée russe lors des deux guerres de Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2000), avant de travailler comme reporter de guerre pour le journal Moskovsky Komsomolets ou la chaîne NTV. Il s’était ensuite rapproché de publications libérales, en particulier Novaïa Gazeta. M. Babtchenko avait aussi raconté dans plusieurs livres son expérience au sein des forces armées russes, recevant plusieurs prix littéraires.

Opposé à l’annexion de la Crimée, en 2014, et à la guerre menée par Moscou dans l’est de l’Ukraine, il s’était mué en critique virulent du régime de Vladimir Poutine. Il avait fui la Russie en février 2017 après avoir reçu des menaces de mort, consécutives à une violente campagne sur Internet et sur les télévisions russes. Depuis un an, il animait une émission sur la chaîne de télévision ukrainienne ATR, chaîne historique des Tatars de Crimée désormais installée à Kiev. Il continuait aussi de collaborer à plusieurs journaux et écrivait de façon indépendante sur les réseaux sociaux, notamment sur le conflit toujours en cours dans le Donbass.

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30 mai 2018

L'Ukraine affirme avoir mis en scène la mort d'un journaliste russe critique du Kremlin pour piéger Moscou

journaliste russe tué

Mardi soir, la police ukrainienne avait annoncé que le reporter de 41 ans avait été abattu de plusieurs balles dans le dos en arrivant à son appartement à Kiev.

C'est une histoire digne d'un film. Les autorités ukrainiennes ont annoncé, mardi 29 mai, la mort du journaliste russe Arkadi Babtchenko, critique du Kremlin, ajoutant que le meurtre avait été "commandité par les services spéciaux russes". Dans un revirement invraisemblable, cet ancien soldat devenu reporter de guerre, exilé à Kiev où il se disait régulièrement menacé, est réapparu, bien vivant, mercredi 30 mai, lors d'une conférence de presse du chef des services de sécurité ukrainiens.

Ce dernier a expliqué avoir mis en scène le décès du journaliste pour déjouer un assassinat commandité par la Russie. "Grâce à cette opération, nous avons réussi à déjouer une provocation cynique et à documenter les préparatifs de ce crime", a déclaré le chef des services ukrainiens de sécurité aux côtés d'Arkadi Babtchenko.

Le chef des services de sécurité ukrainiens a également annoncé avoir interpellé l'"organisateur" de l'assassinat du journaliste, affirmant que cet homme avait reçu 40 000 dollars de la part des "services spéciaux russes".

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Ci-dessous article paru dans Le Monde il y a quelques jours

Le journaliste russe Arkadi Babtchenko assassiné à Kiev

Par Benoît Vitkine

Opposé à l’annexion de la Crimée, en 2014, et à la guerre menée par Moscou dans l’est de l’Ukraine, il s’était mué en critique virulent de Vladimir Poutine.

Le journaliste et écrivain russe Arkadi Babtchenko, critique de longue date du régime de Vladimir Poutine, a été assassiné à Kiev, mardi 29 mai dans la soirée. Selon plusieurs sources, dont le site ukrainien Oukrainskaïa Pravda, M. Babtchenko a reçu trois balles dans le dos dans la cage d’escalier de son immeuble, dans le quartier Dniprovski de la capitale ukrainienne. Il a réussi à rentrer dans son appartement, où sa femme l’a trouvé ensanglanté et a prévenu les secours. Il est mort dans l’ambulance qui le conduisait à l’hôpital.

Cet homme de 41 ans, père d’une petite fille, avait combattu dans l’armée russe lors des deux guerres de Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2000), avant de travailler comme reporter de guerre pour le journal Moskovsky Komsomolets ou la chaîne NTV. Il s’était ensuite rapproché de publications libérales, en particulier Novaïa Gazeta, l’employeur historique d’une autre journaliste assassinée, Anna Politkovskaïa. M. Babtchenko avait aussi raconté dans plusieurs livres son expérience au sein des forces armées russes, recevant plusieurs prix littéraires.

Menacé de mort en Russie

Opposé à l’annexion de la Crimée, en 2014, et à la guerre menée par Moscou dans l’est de l’Ukraine, il s’était mué en critique virulent du régime de Vladimir Poutine. Il avait fui la Russie en février 2017 après avoir reçu des menaces de mort, consécutives à une violente campagne sur Internet et sur les télévisions russes, où il était désigné comme un traître et un fasciste et son visage livré en pâture aux téléspectateurs. « Cela fait dix ans que j’ai peur, expliquait-il au moment de son départ. Quand tu es dissident en Russie, on peut te tuer, on peut t’emprisonner... »

Depuis un an, il animait une émission sur la chaîne de télévision ukrainienne ATR, chaîne historique des Tatars de Crimée désormais installée à Kiev. Il continuait aussi de collaborer à plusieurs journaux et écrivait de façon indépendante sur les réseaux sociaux. Il continuait également à couvrir la guerre dans le Donbass. Nombre de ses collègues ukrainiens et russes, mais aussi occidentaux, rendaient hommage, mardi soir, au professionnalisme et au courage du journaliste. La police ukrainienne a rapidement précisé qu’elle considérait son activité professionnelle comme la principale piste de l’assassinat d’Arkadi Babtchenko.

Ces dernières années, les assassinats se sont multipliés en Ukraine, le plus souvent attribués par les autorités à la Russie. Depuis l’été 2016, des attaques à la voiture piégée ou par balles ont visé et tué des agents des services de sécurité ukrainiens et d’anciens combattants de la guerre du Donbass, notamment tchétchènes.

En mars 2017, Denis Voronenkov, un ancien député russe réfugié à Kiev, a été tué par balle dans le centre de la capitale ukrainienne. Et en juillet 2016, le directeur exécutif du site Oukraïnska Pravda, Pavel Cheremet, lui aussi de nationalité russe, est mort dans l’explosion de la voiture qu’il conduisait. Ses collègues ont pointé des lacunes importantes dans la conduite de l’enquête par les services ukrainiens.

29 mai 2018

Sommet Trump-Kim : les deux dirigeants ravivent l’espoir que la rencontre ait lieu

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Kim Jong-un espère que la rencontre « mettra fin à une ère de confrontation », selon le président sud-coréen. « On vise le 12 juin à Singapour », a confirmé de son côté le président américain.

Au lendemain de l’annonce par le président américain Donald Trump que son sommet avec M. Kim pourrait finalement avoir lieu, le président sud-coréen, Moon Jae-in, a rencontré, samedi 26 mai, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un dans la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées, a rapporté la présidence sud-coréenne.

Moins de 24 heures après cet entretien, le président sud-coréen a ravivé l’espoir, annonçant que Kim Jong-un espère que son sommet avec Trump « mettra fin à une ère de confrontation ».

Poursuivre les rencontres

A l’issue de la rencontre de samedi, les dirigeants des deux Corées se sont dit prêts à se revoir « fréquemment », a précisé l’agence officielle de presse nord-coréenne KCNA. Avec Moon Jae-in, ils « ont partagé l’opinion selon laquelle ils se rencontreraient souvent à l’avenir », d’après KCNA. « Kim Jong-un a remercié Moon Jae-in pour les grands efforts qu’il a faits en vue [de l’organisation] du sommet » Corée du Nord-Etats-Unis « programmé pour le 12 juin » et « exprimé sa détermination » à tenir ce sommet « historique ».

Les deux dirigeants se sont entretenus durant deux heures dans le village de Panmunjon, où ils s’étaient déjà rencontrés le 27 avril et avaient publié une déclaration commune dans laquelle ils s’engageaient à améliorer leurs relations. « Ils ont eu un échange de vues et ont discuté des moyens de mettre en œuvre la déclaration de Panmunjon et d’assurer le succès du sommet américano-nord-coréen », selon un communiqué de la présidence sud-coréenne.

M. Trump avait annulé jeudi son sommet prévu à Singapour, le 12 juin, avec M. Kim, avant d’afficher son optimisme dès le lendemain, évoquant « des discussions très productives avec la Corée du Nord pour que le sommet ait lieu ». Samedi, il a été plus loin et a déclaré que les choses « avancent très bien ». « On vise le 12 juin à Singapour. Ça n’a pas changé », a dit le président américain à la Maison Blanche.

Une rencontre secrète

La présidence sud-coréenne a publié des photographies montrant des poignées de main entre M. Moon et M. Kim, samedi, ainsi que la sœur de ce dernier, Kim Yo-jong, qui a joué un rôle public important récemment dans les discussions avec le Sud, notamment à la tête d’une délégation venue aux Jeux olympiques d’hiver en février. La rencontre entre MM. Moon et Kim s’est déroulée dans un bâtiment du côté nord-coréen de Panmunjom, village où avait été signé l’armistice entre les deux Corées, en 1953.

La rencontre de samedi, la quatrième entre les dirigeants des deux pays toujours techniquement en guerre, s’est déroulée dans le plus grand secret, les journalistes ayant été prévenus après sa tenue, à la différence de la rencontre du 27 avril, qui s’était déroulée sous l’œil des caméras. De prochains pourparlers inter-coréens « à haut niveau » auront lieu vendredi prochain, a ajouté KCNA.

26 mai 2018

Macron salue « un dialogue extrêmement direct et franc » avec Poutine

poutine macron

Selon l’Elysée, la visite du président français en Russie a permis d’avancer sur plusieurs dossiers, comme la Syrie et le nucléaire iranien.

Au deuxième jour de sa visite officielle en Russie, Emmanuel Macron a invité, vendredi 25 mai, Vladimir Poutine à « ancrer la Russie dans l’Europe », affirmant sa conviction que le pays « a son histoire et son destin dans l’Europe ».

Le président français s’exprimait au côté de son homologue Vladimir Poutine, visiblement détendu, à la tribune du Forum économique de Saint-Pétersbourg, dont la France était l’invitée d’honneur, avec le Japon.

Pour M. Macron, « une fenêtre d’opportunité » s’ouvre pour qu’une « nouvelle dynamique » s’installe entre Moscou, où M. Poutine vient d’entamer un quatrième mandat, et l’Europe, bousculée par la décision du président américain, Donald Trump, de sortir de l’accord sur le nucléaire iranien.

« Rétablir la confiance »

Plus réservé que son hôte, le président russe s’est félicité de l’ambiance « très ouverte » de la rencontre avec M. Macron, avec lequel il s’était entretenu pendant trois heures, jeudi, sous les ors du Palais Constantin, en périphérie de l’ancienne capitale impériale russe (Nord-Ouest).

Ces discussions ont permis d’« avancer », selon l’Elysée, sur les dossiers extrêmement complexes du nucléaire iranien et de la Syrie, sur lesquels Moscou et Paris voient un intérêt à coopérer plus étroitement.

« La France est notre partenaire ancien, traditionnel et fiable. (…) Elle a toujours aspiré à défendre sa souveraineté, ce qui est un gage de stabilité dans la relation », a souligné M. Poutine. Mais il n’a pas exprimé publiquement la volonté de renforcer les relations avec les pays de l’Union européenne, alors que s’appliquent toujours les sanctions prises lors des crises de l’Ukraine en 2014 et de la Crimée.

Pour sa part, M. Macron a loué un « dialogue extrêmement direct et franc » avec Vladimir Poutine. Mais il n’a pas caché que la tâche allait être ardue pour « rétablir la confiance » entre Moscou et l’Europe de l’Ouest, après « vingt-cinq ans d’incompréhension ».

Une cinquantaine d’accords et de contrats signés

« L’image de l’Europe s’est beaucoup dégradée en Russie » où elle « est perçue comme faible, perdant ses repères », alors que la Russie se voit comme « un point de référence conservateur », a-t-il regretté en s’entretenant jeudi soir avec Natalia Soljenitsyne, la veuve du célèbre écrivain et dissident.

Mme Soljenitsyne l’a appelé à agir pour rapprocher son pays de l’Europe. « La Russie doit faire partie de l’Europe. Sinon, cela la poussera vers la Chine », selon elle.

Malgré les tensions des dernières années, la France est restée économiquement très présente en Russie, avec quelque 500 entreprises employant près de 170 000 salariés. Parmi la cinquantaine d’accords de coopération et de contrats signés au cours de la visite, le plus important prévoit l’entrée du groupe français Total dans un nouveau projet géant de gaz naturel liquéfié dans l’Arctique russe de Novatek, pour 2,5 milliards de dollars (2,1 milliards d’euros).

Le président français a, par ailleurs, annoncé avoir évoqué avec M. Poutine les cas du réalisateur ukrainien emprisonné Oleg Sentsov et du cinéaste russe Kirill Serebrennikov, assigné à résidence.

Métaphore sportive

Emmanuel Macron a également rencontré, jeudi, Alexandre Tcherkassov, un responsable de la principale organisation russe de défense des droits de l’homme, Memorial, et d’autres militants des droits de l’homme russe, selon l’Elysée. « Un important geste de soutien », s’est félicitée Tania Lokchina, de l’antenne russe de Human Rights Watch.

Le chef de l’Etat a déclaré espérer revenir prochainement en Russie, mais cette fois pour soutenir l’équipe de France si elle se qualifie pour les demi-finales du Mondial 2018 (14 juin-15 juillet). Ce qui lui a permis de filer la métaphore sportive, en espérant que les relations entre Paris et Moscou s’inspirent du judo, prisé par Vladimir Poutine, qui « repose sur le respect de l’adversaire », et son sport de prédilection, le football, qui est « un sport collectif ».

26 mai 2018

Sydney opera house

Celebrated Australian artist Jonathan Zawada has created a site-specific artwork that transforms the Sydney Opera House sails into a series of kinetic digital sculptures. Photo thanks to Vivid Sydney

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23 mai 2018

Donald Trump n’écarte pas un report du sommet avec Kim Jong-un

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Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

Evoquant les « conditions » exigées par Washington, le président américain a soufflé le chaud et le froid, mardi, à propos de la rencontre historique prévue le 12 juin à Singapour.

Donald Trump s’est-il montré trop optimiste à propos de la Corée du Nord ? Pour la première fois, mardi 22 mai, le président des Etats-Unis n’a pas écarté l’idée d’un report du sommet prévu dans trois semaines, à Singapour, avec le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un. M. Trump s’est longuement exprimé sur le sujet aux côtés de son homologue sud-coréen, Moon Jae-in, venu à la Maison Blanche pour préparer cette rencontre historique, soufflant alternativement le chaud et le froid.

Tout en répétant sa conviction que Kim Jong-un est selon lui « sérieux » à propos d’une éventuelle dénucléarisation de la péninsule, objectif affiché de la diplomatie américaine, le président des Etats-Unis a estimé qu’« il est possible que ça ne marche pas pour le 12 juin », la date qu’il avait tenu à annoncer lui-même sur son compte Twitter le 10 mai.

« Il y a certaines conditions que nous voulons, et je pense que nous les aurons. Et si nous ne les avons pas, il n’y aura pas de réunion », a-t-il dit sans préciser les points requis par la partie américaine. « Franchement, il a une chance pour que cette réunion soit une grande, une grande réunion pour la Corée du Nord et une grande réunion pour le monde. Si cela n’arrive pas, peut-être que cela arrivera plus tard. Peut-être que cela arrivera à un moment différent. Mais nous verrons », a-t-il ajouté évasivement.

Improvisation

Donald Trump paie peut-être son empressement du 8 mars. Ce jour-là, apprenant que le conseiller sud-coréen à la sécurité nationale, Chung Eui-yong, se trouvait à Washington au lendemain d’une visite à Pyongyang, le président avait exigé de le rencontrer sur le champ. Il s’était ensuite rendu pour la première fois dans la salle de presse de la Maison Blanche, au beau milieu de l’après-midi, pour informer les journalistes présents de l’imminence d’une déclaration importante de son visiteur.

Ce dernier s’était exécuté quelques instants plus tard, pour faire part de l’invitation lancée à Donald Trump par Kim Jong-un et de la réponse positive du président des Etats-Unis. Ce dernier avait manifestement pris de court ses propres conseillers, placés devant le fait accompli. Cette improvisation peut expliquer le raidissement de la Corée du Nord après les déclarations du conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton, défendant une ligne dure face à Pyongyang. Ce dernier avait présenté comme un « modèle » le renoncement unilatéral à un projet nucléaire par la Libye en 2003.

Ecartant toute approche graduelle, Washington exige en effet comme préalable à la moindre levée des sanctions internationales qui pèsent sur Pyongyang une dénucléarisation « complète, vérifiable et irréversible ». Pour les dirigeants nord-coréens, cette dénucléarisation a toujours également concerné la Corée du Sud au travers du bouclier américain.

Kim Jong-un a récemment donné des gages à Washington en stoppant les essais nucléaires et balistiques conduits à marches forcées depuis son arrivée au pouvoir, en libérant trois ressortissants américains détenus dans son pays, puis en annonçant la fermeture du site d’essais de Punggye-ri, qui sera effective à la fin de la semaine.

Un avenir radieux

Le dirigeant nord-coréen n’a jamais commenté publiquement les exigences américaines mais son vice-ministre des affaires étrangères, Kim Kye-gwan, avait jeté un froid, le 14 mai, en les dénonçant fermement.

« Si les Etats-Unis nous mettent au pied du mur et exigent unilatéralement que nous renoncions à l’arme nucléaire, nous n’aurons plus d’intérêt pour des discussions et nous ne pourrons que reconsidérer le sommet à venir », avait-il assuré dans un communiqué qui dénonçait en outre la tentation « extrêmement sinistre visant à imposer » à son pays « le destin de la Libye ou de l’Irak », deux pays plongés dans le chaos après des interventions américaines.

Mardi, Donald Trump, qui avait tenté de rassurer les Nord-Coréens en refusant de reprendre à son compte la formule de son conseiller, a trouvé un autre coupable pour expliquer le revirement de Pyongyang. Il a jugé que ce changement de ton était survenu après une entrevue entre Kim Jong-un et son homologue chinois, Xi Jinping, la seconde depuis le début de l’année. « Les choses ont changé après cette rencontre, et je ne peux pas dire que cela m’a rendu très heureux », a-t-il dit. Lundi, il avait déjà déploré sur Twitter que la frontière entre la Chine et la Corée du Nord soit devenue « bien plus poreuse récemment », relativisant selon lui l’effet des sanctions internationales.

Aux côtés d’un Moon Jae-in peu avare en flatteries, le président américain a un instant ouvert les vannes des promesses, offrant un avenir radieux au dirigeant nord-coréen. Si ce dernier satisfait aux exigences de Washington, « il sera en sécurité. Il sera heureux. Son pays sera riche », a-t-il assuré.

20 mai 2018

Le mariage de Meghan Markle et du prince Harry entre gospel et protocole royal

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Par Philippe Bernard, Londres, correspondant - Le Monde

La cérémonie, qui s’est déroulée samedi dans la chapelle Saint-Georges du château de Windsor, a été marquée par le sermon enflammé du révérend américain Michael Curry.

Marier la tradition à l’audace, les pompes patriotiques à l’ouverture aux autres cultures : ce talent typiquement britannique s’est déployé en grand, samedi 19 mai pendant l’office religieux au cours duquel le prince Harry et l’actrice américaine Meghan Markle se sont juré d’être mari et femme « pour le meilleur et pour le pire jusqu’à ce que la mort [les] sépare ». Rompant avec la coutume royale, la mariée n’a pas promis « obéissance » à son époux et celui-ci, peut-être en signe d’égalité, a choisi de porter une alliance comme elle.

Depuis leur mariage, scellé à la mi-journée au milieu de 600 invités dans la chapelle Saint-Georges du château de Windsor, le couple est officiellement désigné par le très aristocratique titre de « duc et duchesse de Sussex ». Pendant l’office religieux, Meghan Markle portait un diadème offert en 1893 par la reine Victoria à la reine Mary et prêté par l’actuelle souveraine. Et son voile diaphane, long de cinq mètres, était parsemé de 53 fleurs symbolisant chacun des pays du Commonwealth, dont la plupart sont des anciennes possessions de l’Empire britannique.

Sermon enflammé du révérend Michael Curry

La cérémonie, conçue pour symboliser la modernisation de la monarchie britannique, a atteint son but. Entre gospel et Schubert, entre prêche enflammé à l’américaine et rite anglican rigoureux, le mariage royal millésime 2018 a clairement signifié aux Britanniques, voire au monde, la volonté de la vénérable institution de vivre dans son siècle. Certes, en l’absence de son père, la mariée a été officiellement accueillie chez les Windsor au bras du prince Charles, le prochain roi. Mais le sermon enflammé sur « le pouvoir de l’amour » prononcé par le révérend Michael Curry, prédicateur afro-américain, a transformé la chapelle médiévale en cathédrale d’Harlem.

Devant un auditoire huppé hésitant entre sidération, adhésion et amusement, le président de l’Eglise épiscopale des Etats-Unis a commencé en citant le leader américain de la lutte pour les droits civiques Martin Luther King : « Le Dr King avait raison, nous devons découvrir l’amour, le pouvoir rédempteur de l’amour. De cette façon, nous pourrons faire du vieux monde un monde nouveau. L’amour est le seul moyen, a-t-il lancé en agitant les bras devant une reine Elizabeth II visiblement interloquée. Deux jeunes gens sont tombés amoureux et nous voici rassemblés ici. »

Même sous le joug, les esclaves noirs américains ont continué de croire dans le pouvoir de l’amour, a poursuivi le révérend en présence de Doria Ragland, mère de la mariée et descendante d’esclaves des plantations de Géorgie, assise au premier rang. Des chanteurs de gospel ont entonné plus tard This Little Light of Mine, un chant d’inspiration biblique utilisé pendant la lutte américaine pour les droits civiques.

Entrée de la diversité chez les Windsor

Bien sûr, il y a eu du Fauré et du Schubert interprété au violoncelle par le Britannique Sheku Kanneh-Mason et des musiciens de trois orchestres nationaux, et une lecture biblique par la sœur de la princesse Diana, dont l’esprit flottait dans l’air. Mais le message était clair : on célébrait un mariage d’un type nouveau, officialisant l’entrée de la diversité chez les Windsor.

Pourtant, Meghan Markle n’est pas seulement une Américaine née d’un couple mixte. La comédienne de la série Suits s’est montrée telle qu’en elle-même : à l’aise dans son nouveau rôle de duchesse, rayonnante, parfois à la limite du rire, tandis que son nouvel époux oscillait à la frontière des larmes de bonheur. Devant un parterre d’invités transatlantiques prestigieux – le musicien Elton John, les acteurs Idris Elba et George Clooney, l’ex-footballeur David Beckham, la joueuse de tennis Serena Williams et la star de la télévision américaine Oprah Winfrey –, la nouvelle ambassadrice de l’élégance britannique a assuré la promotion de la French touch, en l’occurrence les maisons françaises Givenchy – et sa directrice artistique britannique Clare Waight Keller –, qui a créé sa robe blanche immaculée, et Cartier, qui lui a fourni ses boucles d’oreille et son bracelet. Après l’office religieux, quelque 100 000 personnes ont suivi le tour de calèche des nouveaux époux dans les rues de Windsor.

Dans sa vie d’avant, Meghan Markle a déclaré qu’elle n’a jamais voulu « être une femme qui déjeune, mais une femme qui travaille ». Samedi, à Windsor, elle a débuté brillamment sa nouvelle carrière dans une famille dont elle est censée desserrer le protocole millénaire étouffant. Mais déjà, le chroniqueur royal de la BBC interroge : « Qui changera en premier, Meghan ou la famille royale ? »

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16 mai 2018

La Corée du Nord menace d'annuler le sommet avec Trump

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DIPLOMATIE - Pyongyang proteste contre des manœuvres militaires au Sud..

La Corée du Nord souffle le chaud et le froid. Après la détente spectaculaire, Pyongyang a menacé mercredi d’annuler le sommet prévu le 12 juin à Singapour entre son dirigeant Kim Jong-un et le président américain Donald Trump en raison de manœuvres militaires au Sud, a rapporté l’agence sud-coréenne Yonhap.

Pyongyang a également annulé une rencontre de haut niveau avec la Corée du Sud prévue mercredi pour protester contre l’exercice militaire annuel Max Thunder, auquel prennent part les armées sud-coréenne et américaine, a affirmé Yonhap, citant l’agence officielle nord-coréenne KCNA.

Les Etats-Unis devront « mûrement réfléchir sur le sort de ce sommet Corée du Nord-USA, à la lumière de vacarme militaire », a indiqué Yonhap, reprenant l’agence officielle nord-coréenne.

Les exercices entre les forces aériennes des deux alliés constituaient un entraînement pour une invasion et une provocation, alors que la période était au réchauffement des relations inter-coréennes, a ajouté Yonhap, citant toujours KCNA.

Washington continue de préparer le sommet

Pour sa part, Washington a affirmé continuer à préparer le sommet. « Nous allons continuer à aller de l’avant » concernant les préparatifs, « nous n’avons pas été notifiés » d’un changement, a déclaré la porte-parole du Département d’Etat, Heather Nauert.

Le langage utilisé par la Corée du Nord est un retour soudain à l’ancienne rhétorique de Pyongyang, qui a longtemps estimé qu’elle avait besoin de l’arme nucléaire pour se défendre contre les Etats-Unis.

Les hostilités entre Corée du Nord et Corée du Sud (1950-1953) se sont arrêtées après un cessez-le-feu, laissant le territoire divisé en deux pays, délimitées par une zone démilitarisée. Les deux camps sont toutefois techniquement toujours en guerre. Lors d’un sommet rarissime le mois dernier dans la zone démilitarisée, Kim Jong-un et le président sud-coréen Moon Jae-in ont réaffirmé leur engagement derrière un « objectif commun », la « dénucléarisation totale » de la péninsule.

15 mai 2018

Inauguration et bain de sang....

A mass attempt by Palestinians to cross the border fence between Israel and Gaza quickly turned violent today. Israeli soldiers used tear gas and gunfire to keep Palestinian protesters from crossing the border fence with #Gaza, killing at least 52, according to Palestinian officials. At least 2,400 demonstrators were wounded. It was the bloodiest day since the campaign of demonstrations began 7 weeks ago to protest Israel's economic blockade of Gaza. 40 miles away, officials celebrated the U.S. Embassy's relocation to Jerusalem from Tel Aviv, on the 70th anniversary of the formation of Israel. The formality and celebration created an almost surreal contrast to the violence. The photographer @hosalem took this photo while on #nytassignment. Visit the link in our profile for live updates on this story.



12k Likes, 368 Comments - The New York Times (@nytimes) on Instagram: "A mass attempt by Palestinians to cross the border fence between Israel and Gaza quickly turned..."



libération

10 mai 2018

En Turquie, 1,5 million d’internautes disent au président Erdogan « ça suffit ! »

Par Marie Jégo, Istanbul, correspondante - Le Monde

Au pouvoir depuis 2003, Recep Tayyip Erdogan jouera son va-tout aux élections du 24 juin, qui verront le pays basculer vers un « sultanat ».

« Tamam ! » Ça suffit ! C’est ce que plus d’un million d’internautes turcs ont lancé à leur président, Recep Tayyip Erdogan, en campagne pour les élections présidentielle et législatives anticipées du 24 juin, et pour un nouveau mandat, après quinze années d’un règne exclusif à la tête du pays.

Mercredi 9 mai, l’expression était l’une des plus appréciées du réseau social Twitter, avec 1,5 million de partages. Le mot, qui signifie en turc « d’accord » ou « c’est assez », est devenu viral après avoir été employé par le président turc lui-même dans un discours prononcé mardi à Ankara devant les députés de sa formation, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur).

Double scrutin

Dans un rare élan d’humilité, le reis (« chef ») déclarait alors : « C’est ma nation qui m’a porté à la tête de la mairie d’Istanbul, de l’AKP, du gouvernement et de la présidence. Si un jour ma nation me dit  “ça suffit” [tamam], alors je me retirerai. »

Que n’avait-il pas dit ! Des chansons « tamam », des rassemblements de rue sur le thème « tamam » ont alors été rapportés sur Twitter et sur Facebook, tandis que les ténors de l’opposition qui affronteront M. Erdogan à la présidentielle du 24 juin s’emparaient de l’expression. « C’est l’heure » (vakit tamam), écrivait ainsi sur son compte Twitter Muharrem Ince, le candidat du principal mouvement d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP). « Ça suffit, si Dieu le veut », a renchéri l’islamiste Temel Karamollaoglu. « Ça suffit », a tweeté Meral Aksener, la chef de file des nationalistes.

Le double scrutin du 24 juin (législatives et présidentielle le même jour) marquera un tournant, car c’est après sa tenue que le renforcement des pouvoirs du chef de l’Etat, approuvé de justesse par le référendum d’avril 2017, entrera en vigueur.

Verrouillage total des médias

Dans un contexte de verrouillage total des médias – télévisuels, surtout –, les réseaux sociaux restent le seul espace d’expression à peu près libre pour les Turcs qui ne partagent pas les vues de l’AKP et de son dirigeant. Tous les discours du président sont retransmis en intégralité et en direct sur les principales chaînes de télévision, alors que ceux de ses opposants ne sont pas diffusés du tout.

A l’heure où M. Erdogan occupe les écrans, au rythme d’un meeting et de plusieurs discours diffusés chaque jour, les rassemblements des opposants Muharrem Ince et Meral Aksener, comme ceux du parti prokurde HDP, ne sont jamais couverts par les chaînes progouvernementales.

Le procédé n’est pas nouveau. A la veille du référendum d’avril 2017 sur l’élargissement des pouvoirs du président, une étude, menée en mars pendant vingt jours sur dix-sept chaînes nationales de télévision par l’ONG Union pour la démocratie, avait montré que l’AKP avait bénéficié de cinquante-trois heures de couverture, le CHP n’ayant droit qu’à dix-sept heures, et le HDP à trente-trois minutes.

Culte de la personnalité

L’AKP a livré son analyse de l’emballement numérique autour du « ça suffit ». « La plupart de ces partages sont postés dans des pays où la FETO [« l’organisation terroriste de Fethullah Gülen », acronyme donné par le gouvernement à l’organisation du prédicateur rendu responsable de la tentative de soulèvement du 15 juillet 2016] et le PKK [les autonomistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan] sont actifs », a déclaré Mahir Ünal, le porte-parole du parti au pouvoir.

En guise de riposte, les adeptes du « grand homme », l’un des surnoms de M. Erdogan, ont tenté de fédérer l’adhésion avec le mot-clé « devam » (« On continue »), qui n’a recueilli que trois cent mille partages.

A l’évidence, le charisme du numéro un ne fait plus recette malgré les assertions des éditorialistes de la presse pro-AKP, aveuglée par le culte de la personnalité. « Le président a prononcé un discours vigoureux, comme au tout début de sa carrière politique », s’est réjoui le journaliste Yasar Bas, du quotidien Yeni Akit, en commentant l’allocution de M. Erdogan à Atasehir dimanche, lors d’un meeting censé présenter son programme électoral.

Le président joue son va-tout

L’assistance était molle ce jour-là, d’où le constat du reis. Déplorant que ses slogans n’aient pas été repris en chœur comme c’est l’usage, M. Erdogan a lâché à la fin de la rencontre : « Ce ton-là ne suffira pas pour les élections du 24 juin. »

En guise de programme électoral, le président a promis « la démocratie complète » ainsi que « la justice sociale », cela au moment où des procès arbitraires pleuvent sur les opposants, les magistrats, les journalistes, tandis que soixante mille personnes sont en prison et que plus de cent cinquante mille fonctionnaires ont été mis à pied. « Le concept de justice était le plus important de son discours », a toutefois écrit Yasar Bas dans son éditorial.

Au pouvoir depuis 2003, Recep Tayyip Erdogan joue son va-tout aux élections du 24 juin, qui verront la Turquie basculer vers un « sultanat », la prise de décision se retrouvant entre les mains d’un seul homme, ce qui est déjà le cas dans les faits.

Avis de tempête sur l’économie nationale

Après avoir tout verrouillé – société civile, médias, justice, prolongation de l’état d’urgence pour la septième fois depuis 2016 –, le président turc se trouve finalement confronté à une rivale inattendue : l’économie.

Un avis de tempête pèse sur l’économie nationale, fragilisée par la baisse constante de la livre turque, par l’inflation à deux chiffres (+ 10,8 % en avril), par le déficit croissant des comptes courants (+ 5,5 % en 2017) et par l’endettement en devises des entreprises.

L’agence de notation Standard & Poor’s, qui a récemment abaissé la note de la dette turque, prévoit « un atterrissage difficile ». Un argument balayé d’un revers de la main par M. Erdogan, qui y voit « une magouille ». Mais après une nouvelle chute de la livre turque par rapport au dollar et face à l’euro, mercredi, les principaux responsables économiques ont été convoqués d’urgence au palais présidentiel.

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