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Jours tranquilles à Paris
23 janvier 2018

Davos, le forum économique le plus politique de la planète

Par Isabelle Chaperon - Le Monde

Le World Economic Forum se tient du 23 au 26 janvier. Quelque 70 chefs d’Etat et de gouvernement doivent participer à ce rendez-vous prisé des patrons du monde entier.

Passage obligé de la grande caravane internationale, calé entre les réunions des Nations unies (ONU), de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, le Forum économique mondial (World Economic Forum, WEF) de Davos, qui se tient du 23 au 26 janvier dans les Alpes suisses, cristallise autant de fascination que de répulsion. Que s’y passe-t-il ? Ce concentré annuel de dollars et de pouvoir présente une réelle utilité, assurent les habitués. Même les moins suspects de partialité.

« Il y a beaucoup de bling-bling à Davos et nous avons des désaccords avec nombre de participants, mais, pour nous, cela constitue une occasion majeure de marteler auprès de Wall Street le message que l’économie mondiale ne saurait viser uniquement à augmenter les profits des entreprises », plaide le syndicaliste gallois Philip Jennings, secrétaire général d’UNI Global Union, fédération internationale qui représente 20 millions de travailleurs du secteur des services du monde entier. Avec quel succès ? « La lutte continue, mais les choses évoluent, comme le prouvent des discours comme celui de Larry Fink, le patron de BlackRock, le premier gestionnaire mondial d’actifs, sur la nécessaire valeur sociale des entreprises », se réjouit-il.

En fait, après avoir perdu de son lustre au moment de la crise financière de 2007-2008, vue comme la faillite des élites au pouvoir, le barnum des Alpes est revenu encore plus fortement sur le devant d’une scène mondiale de plus en plus éclatée. Preuve en est la venue attendue de la chancelière allemande Angela Merkel ou celle du président américain Donald Trump, rendue toutefois incertaine par la fermeture partielle (« shutdown ») des services de l’Etat fédéral aux Etats-Unis.

« Parce que c’est l’un des rares endroits au monde où se mélangent les continents, les générations, le public, le privé, son rôle est précieux », souligne Bertrand Badré, ancien directeur général de la Banque mondiale, fondateur du fonds Blue like an Orange, qui veut promouvoir le développement durable dans les pays émergents.

Vocation humaniste

En clair, si Davos n’existait pas, il faudrait l’inventer. Et c’est exactement ce qu’a fait un professeur d’université allemand, Klaus Schwab, 79 ans, en fondant le WEF en 1971. La machine derrière Davos s’affirme désormais comme l’équivalent d’une PME de 653 salariés à la croissance exponentielle, installée à Cologny, près de Genève, entre un golf et le lac Léman.

Là, le long des baies vitrées vertigineuses offrant une vue imprenable sur le Jura, des bataillons de jeunes gens (36 ans de moyenne d’âge) œuvrent à « améliorer l’état du monde ». C’est en tout cas la promesse revendiquée par cette fondation privée à but non lucratif, reconnue comme une institution internationale par la Suisse. Un statut à part, comme celui de la Croix-Rouge ou du Comité international olympique.

Au regard des 17 500 candidatures reçues en 2017 pour 120 postes ouverts, la place est prisée. Dans ce Babel sur Léman, 80 nationalités se côtoient. On y parle anglais, espagnol ou chinois, climat, diversité ou nouvelles technologies. « Avec mes trois passeports, je me croyais à part. J’ai vite réalisé que j’étais comme tout le monde ici », avoue Nico Daswani, Franco-Anglo-Indien, chargé du secteur arts et culture.

Comme les autres salariés, cet idéaliste croit dur comme fer à la vocation humaniste du forum, que ce soit en soutenant la formation d’un orchestre de jeunes musiciennes afghanes ou en favorisant un accord mondial contre la déforestation. « Franchement, oui, nous changeons le monde. C’est notre passion », s’enthousiasme le Marocain Wadia Ait Hamza, qui anime le programme des « Global Shapers », lancé en 2011 pour associer la jeunesse aux débats sur l’avenir de la planète.

Avec l’appui du WEF, quelque 7 000 jeunes même pas trentenaires mettent ainsi en œuvre des projets locaux dans 380 villes : à Vienne, une agence de recherche d’emploi pour les réfugiés, à Mogadiscio, une application pour collecter le sang après l’attentat d’octobre 2017… « On commence par faire bouger les villes et, à force, on finit par améliorer le monde », insiste M. Ait Hamza.

Mieux que « vu à la télé », « rencontré à Davos »

On est loin de Davos. Le Forum des neiges n’est en réalité que la figure de proue du navire, mais d’une stature tellement imposante qu’elle masque le reste, à commencer par le « Davos de l’été » en Chine, une demi-douzaine de forums régionaux et autres happenings à Durban ou à New York. Car le WEF, c’est d’abord un gigantesque club de rencontres, Klaus Schwab étant convaincu que plus les gens se connaissent, plus ils collaborent, au bénéfice de tous.

Frédéric Lemoine racontait ainsi lorsqu’il était patron de Wendel comment ses discussions répétées, d’un Davos à l’autre, avec le ministre de l’économie du Rwanda l’avaient conforté dans sa volonté d’investir en Afrique. Typique aussi : deux négociateurs du traité de libre-échange entre le Canada et la Colombie mis en œuvre en 2011 ont révélé que cet accord n’aurait jamais vu le jour s’ils n’avaient pas appris à se faire confiance au sein de la communauté des « Young Global Leaders », ces moins de 40 ans prometteurs sélectionnés chaque année par le WEF.

Mieux que « vu à la TV », il y a « rencontré à Davos ». Faisant partie des 335 entrepreneurs sociaux sélectionnés par la Fondation Schwab, « j’ai été invité trois fois à Davos et, depuis, les entreprises me regardent d’un autre œil », constate Sébastien Marot, qui a créé l’ONG de protection de l’enfance Friends-International rayonnant à partir du Cambodge. « Pour être honnête, je n’ai pas noué de contacts intéressants sur place. En revanche, j’ai participé à des forums régionaux en Asie qui m’ont été très utiles. »

Dès le départ, Klaus Schwab a eu l’idée d’orchestrer une sorte de gouvernance mondiale parallèle en rassemblant autour de la table des personnes qui se méfiaient les unes des autres. Par opposition aux très bureaucratiques réunions de l’ONU ou de la Banque mondiale, dominées par le politique, le WEF est parvenu, aux dires des participants, à créer un cadre d’échanges neutre, moins formel, où gouvernements, multinationales, ONG, Interpol ou l’Organisation mondiale du commerce palabrent sur un pied d’égalité.

« Un effet d’entraînement »

En sachant toutefois que « les entreprises financent la plate-forme pour les autres », explique Julien Gattoni, le directeur financier du forum. Les 1 300 sociétés dans la boucle payent cher, très cher, pour participer. Pour se donner bonne conscience ? « Aller à Davos, c’est comme aller à confesse », ironisait un ancien fidèle de la grand-messe. Certains dirigeants passent leurs journées cloîtrés, à négocier des contrats dans leur hôtel de luxe. Mais ils restent peu nombreux.

« En deux jours et demi, je peux voir une trentaine de patrons, de chefs de gouvernement, de ministres… Cela m’a permis de faire avancer des business concrets pour Total, témoigne Patrick Pouyanné, le PDG du groupe pétrolier. Mais l’intérêt de Davos va beaucoup plus loin. Ces rencontres, ces débats participent de la formation du patron. On réfléchit ensemble sur l’utilité sociale de l’entreprise ou les enjeux de la cybersécurité. Il y a là une intelligence collective très puissante, qui fait bouger les lignes. Je suis convaincu, en particulier, que la cause climatique a beaucoup progressé à Davos – en tout cas, c’est vrai chez les pétroliers qui ont créé leur club commun là-bas. »

La France, la première, s’est d’ailleurs servie du WEF pour rallier le soutien de l’industrie et de la finance à l’accord de Paris sur le climat, conclu en décembre 2015. « Nous nous sommes appuyés sur différents véhicules pour influencer le débat. Ce qui fait la spécificité du WEF, c’est l’accès au plus haut niveau dans les entreprises. L’effet d’entraînement est très impressionnant », relate un ancien de l’équipe COP 21. « En associant le secteur privé en amont, la France a ouvert une nouvelle voie diplomatique dont s’inspirent les initiatives en cours en matière de biodiversité ou de protection des océans », ajoute Dominic Waughray, chargé de la collaboration public-privé au WEF.

Soutenir une multitude de chantiers

Le défi pour Klaus Schwab et ses équipes consiste à entretenir la flamme toute l’année, et pas seulement durant Davos, en incitant les uns et les autres à soutenir une multitude de chantiers, du recyclage des batteries à la lutte contre la corruption.

« De nombreux experts d’Engie participent aux travaux du WEF, sur l’hydrogène ou la mobilité verte. On cherche collectivement des solutions aux problèmes du monde », relate Arnaud Erbin, directeur des relations internationales chez Engie. Mais sans le pouvoir réglementaire des Etats, la légitimité de l’ONU ou la force de frappe financière de la Fondation Bill-&-Melinda-Gates, « tout cela repose uniquement sur la bonne volonté, ce qui est une source d’espoir en soi », poursuit-il.

« On trouve au WEF exactement ce qu’on y apporte, résume Thierry Déau, fondateur du fonds d’infrastructures Meridiam. Il y a là-bas beaucoup d’énergie positive. Nous avons monté un club de PDG pour promouvoir des projets qui ont un impact fort en faveur du développement durable, de la Jordanie à l’Afrique du Sud. » Davos est souvent le point d’orgue pour évaluer toutes ces initiatives. Et en lancer de nouvelles.

Déjà, à Cologny, les plans pour construire un troisième bâtiment sont prêts. En mars 2017, un centre de recherche consacré à la quatrième révolution industrielle a vu le jour à San Francisco en Californie. D’autres annexes sont en projet. Le WEF se diversifie pour prouver qu’il existe en dehors de Davos.

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23 janvier 2018

Macron en visite d'Etat bientôt aux Etats-Unis ?

19 janvier 2018

Des pêcheurs nord-coréens naufragés inquiètent le Japon

Par Philippe Mesmer, Wajima, envoyé spécial - Le Monde

Pyongyang cédant ses droits de pêche à la Chine, les bateaux nord-coréens doivent s’aventurer près de l’archipel, où d’aucuns redoutent l’arrivée d’espions.

Forte au cœur de l’hiver, la mer du Japon précipite ses rouleaux dentelés d’écume sur la côte de la péninsule de Noto. Des longues plages de sable blond ou des falaises de pierre couvertes de pins, on n’aperçoit guère de navires croisant sur ces eaux séparant l’archipel de la Corée. « Ce n’est pas la meilleure période pour sortir », reconnaît un pêcheur de Wajima, la principale ville de la péninsule nippone, située au nord du département d’Ishikawa.

Depuis l’automne, une certaine inquiétude s’exprime le long de la côte japonaise. Des « bateaux fantômes » sont retrouvés dérivant près des côtes ou s’y échouant. Ce sont des embarcations nord-coréennes en bois. Ainsi, le 20 décembre, à Shika, un pêcheur a découvert l’un de ces navires, bloqué sur les rochers d’une crique. Sur le pont traînaient les deux pavillons de détresse du code international des signaux maritimes. De l’équipage, nulle trace.

Peu se soucient du sort de ces marins bravant une mer difficile sur des bateaux fragiles et quasiment sans instruments de navigation. « Ils posent des problèmes car ils se livrent à de la pêche illégale, tempête Kenji Takaiwa, de l’association des coopératives de pêche d’Ishikawa. Ils sont un danger pour nous. » « Il faut faire attention à ne pas les heurter, confirme un pêcheur. Ce sont des bateaux fragiles, conçus normalement pour la navigation côtière. »

Plusieurs incidents

La présence des pêcheurs nord-coréens n’est pas exceptionnelle. Ils viennent par dizaines pêcher les calamars qu’ils font sécher sur des claies installées sur les ponts car ils n’ont pas de réfrigérateurs. A Wajima, certains prennent la situation avec philosophie : la mer du Japon est un espace de trafics divers depuis les temps anciens. Pendant la période d’Edo (1603-1868), le riche clan des Maeda, qui régnait sur une région connue alors sous le nom de Kaga, n’hésitait pas à braver l’interdiction de faire commerce avec l’extérieur pour importer du ginseng de Corée.

Mais en 2017, le nombre de « bateaux fantômes » a été particulièrement élevé. Les garde-côtes ont recensé 104 embarcations échouées ou à la dérive, plus que le record de 80 de 2013. 42 personnes ont été appréhendées et 35 corps retrouvés.

Et plusieurs incidents ont exacerbé les inquiétudes. Le 29 novembre, un bateau et son équipage ont été secourus à proximité d’un îlot au large de Matsumae, à Hokkaido. Les marins avaient volé du matériel trouvé à terre : groupe électrogène ou encore panneaux solaires entreposés dans un abri de l’îlot utilisé l’été par les pêcheurs locaux.

« Sont-ils des agents spéciaux ? »

En novembre également, huit marins ont été arrêtés à Yurihonjo (département d’Akita). Le lendemain de cet épisode, le quotidien local Akita Sakigake Shimpo s’interrogeait pour savoir s’ils n’étaient pas des espions. Le souvenir des enlèvements dans les années 1970 et 80 de Japonais par des agents nord-coréens était ravivé. « Je ne veux pas alimenter les peurs mais quel risque représentent ces gens, sont-ils des agents spéciaux ? », s’interrogeait le 5 décembre le député de l’opposition Testuro Fukuyama.

La crainte est d’autant plus vive que les incidents surviennent sur fond de tensions persistantes alimentées par le programme nucléaire de la Corée du Nord et ses tirs de missiles, dont certains ont survolé l’archipel. Le gouvernement utilise la crise pour augmenter ses dépenses de défense.

Le vice-premier ministre Taro Aso lui-même s’est saisi du sujet au plus fort de la crise avec Pyongyang, le 23 septembre, déclarant qu’en cas de conflit sur la péninsule coréenne, des milliers de réfugiés pourraient affluer sur les côtes japonaises. « Est-ce que la police pourra les gérer ? Faudra-t-il déployer les forces d’autodéfense et leur tirer dessus ? Il vaut mieux y réfléchir sérieusement », expliquait M. Aso, qui estimait à 100 000 le nombre de réfugiés potentiels.

Le nombre élevé de « bateaux fantômes » en 2017 serait une conséquence indirecte du renforcement des sanctions économiques ciblant la Corée du Nord. En manque de liquidités et ne pouvant plus exporter le produit de ses pêches, le régime multiplierait les cessions de droits sur ses propres ressources halieutiques à la Chine. En 2010, il avait accordé 250 droits de pêche en mer de l’Est (mer du Japon) mais en 2016, le régime cédait 2 500 autorisations, qui lui auraient rapporté, selon les services secrets sud-coréens, 82 milliards de wons (64,2 millions d’euros). En conséquence, les pêcheurs nord-coréens doivent aller toujours plus au large.

« Les poissons sont comme des balles et des obus »

Rentable, la pêche excite les convoitises en Corée du Nord. La chute en 2013 du puissant Jang Song-thaek (1946-2013), oncle du dirigeant Kim Jong-un, aurait été accélérée, d’après les services de renseignements du sud, par un incident autour de la propriété d’une société de Nanpo, le grand port voisin de Pyongyang, contrôlant les pêcheries en mer Jaune.

Sous Kim Jong-un, la Corée du Nord a fait de la pêche une priorité. Outre les sorties en haute mer, le régime soutient une importante activité d’aquaculture. Il maintient des quotas élevés et récompense les pêcheurs qui les atteignent. En novembre, le quotidien nord-coréen Rodong Sinmun les appelait à mener leur « importante bataille » pour y parvenir au cours de l’hiver. « Les poissons sont comme des balles et des obus », disait l’article.

Cette « pression » oblige les pêcheurs nord-coréens à prendre encore davantage de risques, avec des moteurs vétustes. Outre la nécessité de nourrir la population, il s’agit également de générer des revenus pour l’armée, qui gère cette activité. Le bateau arraisonné à Hokkaido portait la mention, en coréen, « 854e unité de l’armée du peuple ».

15 janvier 2018

« Si Trump s’est fait élire en populiste, il gouverne désormais en ploutocrate »

Par Stéphane Lauer - Le Monde

Déréglementation financière, affaiblissement des administrations publiques ou des syndicats... Donald Trump ne fait que donner un coup d’accélérateur à un mouvement initié par Ronald Reagan dans les années 1980, relève notre éditorialiste Stéphane Lauer.

Un an après son investiture, Donald Trump est toujours en campagne. Même s’il vient de faire adopter sa première grande réforme en baissant massivement la fiscalité, le président américain a besoin de se rassurer. Au lendemain de ce vote, il a envoyé à ses partisans un message sous la forme d’un sondage. « Comment qualifieriez-vous ce que fait le Président Trump pour le peuple américain ? », demande l’enquête. Quatre réponses sont possibles : « Génial », « Bon », « Okay » ou « Autres ». Le but consiste à clouer le bec à ses détracteurs, qui persistent à véhiculer des « fake news », comme ces enquêtes d’opinion qui prétendent que cette réforme fiscale est désapprouvée par les deux tiers des Américains. La question était sans doute mal posée.

Pourtant, il suffit de regarder qui va bénéficier de « la plus grande baisse d’impôts de l’histoire », pour avoir une idée de la popularité potentielle de cette réforme. Selon le Tax Policy Center et le Joint Committee on Taxation, deux organismes non-partisans, ce sont les grandes entreprises et les 1 % les plus riches. Si M. Trump s’est fait élire en populiste, il gouverne désormais en ploutocrate. Sa victoire s’est construite grâce aux messages destinés aux « oubliés » de l’Amérique, ces « petits Blancs » de l’intérieur du pays, qui se sentent marginalisés par la marche du monde. Un an plus tard, sa réforme fiscale risque de creuser les inégalités et de saper un peu plus les fondements de la démocratie américaine.

Les bénéfices des entreprises sont à un plus haut historique ? Qu’à cela ne tienne, l’impôt sur leurs profits va baisser d’un tiers ! Le taux marginal pour les hauts revenus était à 39 % contre 70 % quand Ronald Reagan est arrivé au pouvoir en 1980 ? Baissons-le encore un peu plus à 37 % ! Les droits de succession ne concernaient que 0,2 % des foyers fiscaux ? C’était encore trop : la nouvelle loi double le plancher d’exonération à 11 millions de dollars (9 millions d’euros). Le rêve américain est en train de devenir synonyme de rente.

Complicité de la majorité républicaine

Le pire, c’est que si les réductions d’impôts pour les entreprises sont pérennes, celles pour l’Américain moyen sont temporaires. Comme le carrosse de Cendrillon, elles se transformeront en citrouille en 2026, le temps sans doute pour les Républicains de passer sereinement les élections de mi-mandat, voire la prochaine présidentielle. Last but not least, M. Trump s’est bien gardé de supprimer la niche fiscale dite du « Carried Interest », qui permet aux dirigeants de fonds d’investissement de payer proportionnellement moins d’impôts que leur secrétaire, et qu’il qualifiait quand il était candidat d’« injuste pour les travailleurs américains ».

Tous ces cadeaux aux plus fortunés ont, bien entendu, un coût. Le déficit budgétaire va ainsi se creuser de plus de 1 000 milliards d’ici à 2028. Mais les Républicains se disent prêts à tailler dans les programmes sociaux pour compenser. Non contents de ramasser les miettes de la réforme fiscale, les plus pauvres la financeront. Les cyniques diront qu’il n’est pas étonnant qu’un magnat de l’immobilier gouverne selon ses propres intérêts. Mais la dérive ploutocratique a nécessité la complicité de la majorité républicaine. « Trump est peut-être un chien fou, mais c’est notre chien », disaient certaines figures du Grand Old Party pendant la campagne de 2016.

LES CYNIQUES DIRONT QU’IL N’EST PAS ÉTONNANT QU’UN MAGNAT DE L’IMMOBILIER GOUVERNE SELON SES PROPRES INTÉRÊTS

Si le populisme est largement resté au stade de la rhétorique, qu’il s’agisse du protectionnisme ou de l’immigration, la ploutacratie connaît son avénement. La réforme fiscale n’en est que l’exemple le plus caricatural. Qu’il s’agisse de la déréglementation financière, de l’affaiblissement des administrations publiques ou du travail de sape à l’encontre de la représentation syndicale, empêchant les revendications salariales de s’exprimer, M. Trump ne fait qu’accélérer un mouvement engagé depuis 1980 et que la parenthèse Obama n’a ralenti qu’à la marge.

Habile lobbying de plus en plus richement doté

Cette évolution est simplement concomitante au rôle grandissant que l’argent joue dans la politique. Le déplafonnement des dons a ouvert un boulevard aux plus riches pour peser sur le débat démocratique. Lors de la dernière campagne présidentielle, moins de 25 000 donateurs (0,01 % de la population américaine) ont apporté 40 % des financements. En 1980, ce n’était que 15 %, selon Adam Bonica, professeur à Stanford. Le Congrès se fait et se défait également à coups de millions. Sur les 541 parlementaires recensés par le site Roll Call, 200 sont millionnaires.

Pendant longtemps, l’influence de l’argent s’est exercée à travers un habile lobbying de plus en plus richement doté. Celui-ci a permis de diminuer constamment l’impôt sur le capital, tandis que les revenus de l’immense majorité faisaient du surplace. Le pouvoir d’achat de ceux qui touchent le salaire minimum est ainsi inférieur de 10 % à ce qu’il était en 1968.

LES RICHES INFLUENCEURS SONT CARRÉMENT ENTRÉS AU GOUVERNEMENT

Mais avec M. Trump, une nouvelle étape a été franchie. Il avait promis d’« assécher le marais » des lobbyistes à Washington. Pourtant, les riches influenceurs sont carrément entrés au gouvernement, qui n’a jamais compté autant de milliardaires. En 1835, Alexis de Tocqueville commençait De la Démocratie en Amérique par ces lignes : « Parmi les objets nouveaux qui, pendant mon séjour aux États-Unis, ont attiré mon attention, aucun n’a plus vivement frappé mes regards que l’égalité des conditions. » Désormais, n’est-ce pas l’inégalité qui saute aux yeux ?

En 1863, dans son célèbre discours de Gettysburg, Abraham Lincoln avait défini la démocratie comme « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». L’Amérique de Trump pourrait se résumer aujourd’hui par « le gouvernement des riches, par les riches, pour les riches ». En attendant, le peuple peut toujours cocher la case « Autres » pour donner son avis.

8 janvier 2018

Macron en quête de réciprocité pour sa visite en Chine

Par Brice Pedroletti, Pékin, correspondant, Bastien Bonnefous - Le Monde

Le chef de l’Etat veut établir avec Pékin un partenariat au long cours et rééquilibrer les échanges commerciaux.

Emmanuel Macron aime construire sa diplomatie au gré de symboles historiques et politiques forts. Le choix de Xi’an, la ville où le président français entame, lundi 8 janvier, sa première visite d’Etat en Chine – et en Asie – en est un : la capitale du Shaanxi, connue pour son armée enterrée de guerriers en terre cuite, se veut la terre d’origine de la famille du président chinois Xi Jinping. C’est là que M. Macron, qui appelait dans son livre Révolution (XO Editions) à voir en la Chine une « chance » plutôt qu’un « péril », prononcera un discours sur les relations franco-chinoises, le patrimoine et l’avenir du multilatéralisme.

C’est à Pékin, en revanche, qu’auront lieu les rencontres avec les dirigeants politiques, les acteurs de la culture, de l’économie et du monde de l’entreprise. Les séances de travail sont prévues mardi 9 avec Xi Jinping, mais aussi avec le premier ministre Li Keqiang. Premier chef d’Etat européen à se rendre en Chine après le 19e congrès, qui a renouvelé pour cinq ans le mandat de M. Xi à la tête du Parti communiste, le président français se veut porteur d’un projet de refondation de l’Europe. C’est donc « le moment opportun pour aller discuter avec Xi Jinping alors que la Chine veut renforcer sa place dans la gouvernance mondiale », explique-t-on à l’Elysée.

Cette visite sera aussi l’occasion de signer plusieurs accords économiques et culturels et d’approfondir le « partenariat stratégique global » entre les deux pays, autour de « coopérations structurantes » au long cours dans l’aéronautique et le nucléaire, mais surtout, espère-t-on à Paris, autour de nouvelles convergences dans les secteurs liés à la lutte contre le réchauffement climatique. La France souhaite aussi raffermir sa position sur les marchés prometteurs de l’agroalimentaire, des nouvelles technologies ou de l’économie du vieillissement.

« Les sujets carbone »

M. Macron entend profiter du retrait contraint d’Angela Merkel de la scène européenne, du fait de ses difficultés à former une coalition en Allemagne, pour évoquer au nom de la France mais aussi de l’UE « les grands défis mondiaux actuels » avec son homologue chinois. Au menu des échanges, la crise avec la Corée du Nord et la lutte contre le financement du terrorisme avec la sollicitation de l’appui de la Chine à la force antidjihadiste G5 Sahel en cours de développement.

Sur le front du réchauffement climatique, Pékin est vu également comme « jouant désormais un rôle-clé » après la décision des Etats-Unis de sortir de l’accord de Paris sur le climat. « Ce sera pour moi l’occasion de parler de l’implication de la Chine dans la lutte contre le réchauffement climatique, je souhaite que l’on puisse travailler sur les sujets carbone liés à la Chine », a expliqué M. Macron, mercredi 3 janvier. La Chine se pose en exécuteur exemplaire de l’accord de Paris : elle multiplie les initiatives, comme l’annonce fin décembre de la création d’un marché carbone.

Comme d’autres avant lui à l’Elysée, le chef de l’Etat a l’ambition de « rééquilibrer » les relations commerciales entre les deux pays. Un problème lancinant : lors de la dernière visite de François Hollande en Chine en 2015, ce déficit était de 25 milliards d’euros. Il approche désormais les 30 milliards – le plus lourd du commerce extérieur français. Face à ce gouffre qui se creuse, l’Elysée met en avant la « volonté de réciprocité du président pour l’accès au marché chinois » et des conditions de concurrence souhaitées plus « équitables ».

M. Macron, comme ministre de l’économie début 2016, avait appelé l’Europe à faire front face au déferlement d’acier chinois à bas prix. Aussitôt élu président, il avait cherché à convaincre ses partenaires européens de mieux contrôler les investissements stratégiques chinois en Europe. L’Europe, depuis, travaille à une plus grande coordination des régimes nationaux. Attirer des investissements chinois en France n’en est pas moins, aussi, une priorité, assure l’Elysée.

Le président français, qui sera accompagné par plus de cinquante chefs d’entreprises, espère aussi récolter des contrats. « Dans l’aéronautique, le nucléaire civil, le numérique, l’économie du vieillissement, nous aurons un nombre exceptionnel d’accords stratégiques signés, environ une cinquantaine », prédit l’Elysée.

Un fonds pour les PME

Paris attend notamment des ventes d’Airbus et de moteurs Safran, un accord avec Areva pour la construction d’une usine de retraitement de déchets radioactifs – un dossier vieux de dix ans aujourd’hui en phase de négociation finale – ou l’implantation de maisons de retraite avec le groupe Orpea. Dans l’agroalimentaire, les espoirs se portent sur une ouverture « d’ici quelques mois » du marché chinois à la viande bovine française, des facilités d’enregistrement pour les vins et spiritueux, qui représentent 50 % des exportations françaises d’agroalimentaire en Chine, et la levée de l’embargo sur la volaille. Les deux pays devraient par ailleurs annoncer la mise en place d’un nouveau fonds franco-chinois pour les PME.

Accompagné de son épouse Brigitte Macron, de plusieurs ministres et de parlementaires comme le sénateur Jean-Pierre Raffarin, « grand ami de la Chine », et par l’ex-président de la COP21 Laurent Fabius, Emmanuel Macron évoquera à Xi’an le projet des « nouvelles routes de la soie », cher à Xi Jinping. La renaissance de ces routes historiques, dont Xi’an était un carrefour, en un vaste programme d’infrastructures et d’équipements allant jusqu’à l’Europe, est appelée à avoir un impact majeur sur les équilibres économiques et géopolitiques de demain.

Selon l’Elysée, M. Macron devrait insister sur l’importance de travailler sur des projets communs, avec « comme état d’esprit » de « regarder les mérites propres de chaque projet », selon les propositions communes des pays européens édictées lors du Forum des routes de la soie, à Pékin, en mai 2017. La délégation européenne avait proposé à la Chine l’adoption de règles de gouvernance les plus vertueuses possibles, sans toutefois obtenir d’engagement de la part de Pékin.

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3 janvier 2018

Iran : Dieu sur la sellette

Il est une leçon éclatante de la crise iranienne qu’on ne tire guère, mais qui se voit pourtant comme le turban sur la tête d’un mollah : les ravages qu’exerce la religion dès qu’on la mélange avec la politique. On parle souvent de l’Iran en enfilant les perles : «un grand pays», «héritier d’une civilisation plusieurs fois millénaire», «acteur incontournable de la région», etc., toutes choses vraies qui ne nous apprennent rien sur la situation du pays. L’Iran d’aujourd’hui est d’abord une théocratie. Ce pays de culture et de créativité vit sous la férule de religieux obscurantistes qui maintiennent la société dans les rets d’une dictature minutieuse. Les mollahs contrôlent non seulement l’Etat, les finances, l’armée, mais aussi la presse, les écrans, la vie quotidienne et même les tenues vestimentaires. Le jeu politique se limite à l’affrontement des factions chiites, dont certaines sont plus ouvertes que d’autres, mais qui se rejoignent pour conserver les bases du régime existant.

Les protestations en cours, d’apparence économique ou sociale, visent en fait le cœur du système. On conteste les dépenses occasionnées par une politique étrangère fondée sur le soutien permanent aux alliés religieusement proches, le Hezbollah, ou bien le pouvoir alaouite en Syrie. On met en cause les subventions massives accordées aux associations religieuses. On s’indigne de la gestion désastreuse des «banques islamiques». On dénonce la corruption de l’establishment religieux qui détourne à grands seaux l’argent public au profit d’une mince couche de dignitaires. Au sommet de l’appareil répressif, les «gardiens de la révolution», troupe d’élite héritière du khomeinisme pur et dur, restent les principaux garants de la dictature, soucieux avant tout de réprimer toute aspiration populaire à un peu plus de liberté.

Cet impérialisme du spirituel est un mal du siècle qui commence. On le retrouve évidemment dans les monarchies du golfe, tout aussi totalitaires, ou dans la folle entreprise terroriste des minorités islamistes. Mais aussi, sous une forme heureusement plus bénigne, dans certaines démocraties. L’alliance de Trump avec la faction évangélique aggrave sa politique. L’influence politique des religieux en Israël bloque tout espoir de paix avec les Palestiniens. Le pouvoir de l’orthodoxie en Grèce ralentit les réformes sociales et conforte en Russie la démocrature poutinienne. Bref, Dieu, personne privée, se mêle de plus en plus de ce qui ne le regarde pas, à savoir l’organisation de la cité. La sécularisme dans les régimes de droit, ou la laïcité en France, reste l’un des biens les plus précieux pour tous ceux qui sont attachés à la liberté. Laurent Joffrin - Libération

3 janvier 2018

« En Iran, une révolution menace le régime »

Par Frédéric Lemaître

Stéphane Dudoignon, chercheur au CNRS, est actuellement à Téhéran. Il analyse pour « Le Monde » ce qu’il qualifie de « révolution ».

En Iran, Treize personnes ont été tuées en cinq jours de manifestations. Le pouvoir judiciaire, les leaders conservateurs et quelques réformateurs, alliés du président Hassan Rohani, ont exigé une répression implacable. Mais l’Etat traite encore avec une certaine prudence ce mouvement inédit, le plus important qu’ait connu le pays depuis celui qui avait suivi la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence, en 2009. Actuellement à Téhéran, Stéphane Dudoignon, chercheur au CNRS, analyse une situation qu’il qualifie de « révolution ».

Comment définir les actuelles manifestations en Iran ?

Comme une révolution ! C’est comme cela que les manifestants ont baptisé leur mouvement l’appelant, grâce à un jeu de mots, à la fois « révolution des œufs » et « révolution à la con ».

On n’a pas assez souligné que depuis des années, notamment depuis deux à trois ans, l’Iran vit sous un régime de manifestations quasi-permanentes motivées par des difficultés économiques ou des catastrophes écologiques, liées au manque d’eau. Le phénomène a même donné lieu à de très intéressants documentaires. Mais souvent ces mouvements sont locaux et se produisent dans des villes en bordure du désert.

Cette fois-ci, cela n’a rien à voir. Il y a une quarantaine de villes touchées et l’on y entend des slogans radicaux contre le régime, avec des insultes y compris à caractère pornographique contre des dignitaires du régime. Et comme ces manifestations ont été provoquées par des mesures réduisant les aides sociales à certains retraités mais aussi par des annonces d’augmentation du prix de l’essence et des œufs, les manifestants parlent, depuis dimanche, de « révolution des œufs ».

Quels sont les slogans les plus marquants ?

Par exemple, on a entendu à Qom, cette ville qui fut le berceau de la Révolution islamique il y a près de quarante ans, des slogans en faveur de la monarchie et notamment en faveur de Reza Shah Pahlavi, qui dirigea le pays entre 1925 et 1941. Or celui-ci était une sorte d’Atatürk iranien, profondément antireligieux. C’est lui qui avait interdit le port du voile.

De tels slogans constituent une nouveauté absolue. Ils montrent non seulement un rejet de la République islamique mais aussi de la religion islamique voire de l’islam en général. De même, les manifestants osent s’en prendre à des bâtiments officiels. Une sous-préfecture a ainsi été occupée pendant plusieurs heures. Cela aussi, c’est nouveau.

Peut-on comparer le mouvement actuel aux manifestations de 2009 contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad ?

En partie seulement. Les rassemblements actuels, car il s’agit le plus souvent de rassemblements et non de manifestations, sont davantage hostiles au régime qu’en 2009. De plus, à l’époque, les manifestants étaient surtout les étudiants et la bourgeoisie urbaine. Cette année, ce sont les quartiers populaires de Téhéran, les jeunes enragés comme disent certains, qui sont descendus dans la rue. C’est-à-dire la base sociale du régime. On peut donc parler d’effritement idéologique et sociologique de la République islamique.

La République islamique est-elle en danger ?

Sans aucun doute. Certaines déclarations de responsables du régime semblent d’ailleurs indiquer que la peur est peut-être en train de changer de camp. En 2009, les manifestations se sont surtout déroulées à Téhéran. Elles étaient relativement faciles à réprimer. Ici, vu la simultanéité des rassemblements dans quarante villes et la rapidité avec laquelle circule l’information sur les réseaux sociaux, la répression est beaucoup plus difficile.

Comment réagissent les dirigeants ?

On sent une réelle perplexité. Il y a évidemment d’importantes divisions entre eux. Les conservateurs profitent de la situation pour remettre le président Hassan Rohani en cause mais ils ne parviennent manifestement pas à contrôler un mouvement qui les dépasse.

Y a-t-il une force qui structure le mouvement ?

Non. C’est une révolution sans leader. Depuis samedi, l’ensemble du régime incrimine une cinquième colonne. Certains dirigeants ont même accusé les deux premières victimes du mouvement d’être des agents de l’étranger. Mais cela montre surtout que le pouvoir est complètement dépassé. Sa capacité d’écoute et de réaction semble très faible.

Certes, les augmentations de prix annoncées ont été annulées mais le président Rohani, tout en faisant semblant de comprendre les manifestants, a malgré tout suggéré qu’ils étaient peut-être manipulés de l’extérieur. Seuls une partie de la presse et quelques députés élus des régions touchées par ce mouvement se sont prononcés en faveur de la liberté de manifester. En revanche, les responsables des services de sécurité et les dirigeants du Parlement ont tenu des discours anti-occidentaux.

Personnellement, ce qui m’a frappé, c’est le rôle qu’a joué le tremblement de terre de Kermanshah, qui a fait environ 500 morts à la mi-novembre 2017. Celui-ci a mobilisé l’ensemble des Kurdes d’Iran et même au-delà. Il y a eu une prise de conscience contre les autorités accusées d’incurie mais aussi de vols. Le séisme a donné à la population le sentiment d’un destin commun et il a aggravé l’hostilité à l’égard du pouvoir.

Les sanctions occidentales, partiellement levées, ont-elles joué un rôle dans ce mouvement ?

Manifestement, l’abolition partielle des sanctions occidentales après l’accord sur le nucléaire en 2015 n’a pas permis à l’économie de redémarrer. Le président Rohani, qui misait beaucoup là-dessus, a perdu une bonne partie de sa crédibilité car il n’est plus en mesure de mener une politique en faveur des plus modestes et il n’a plus grand-chose à proposer. Il y a quelques jours, la télévision iranienne a mis en valeur la livraison par la France de deux avions régionaux, des ATR. Je doute que cela suffise à calmer les manifestants.

De plus, le président Rohani devait une partie de sa popularité au fait qu’il avait réussi à ramener la hausse des prix sous les 10 % alors qu’elle avait atteint 40 %, or l’inflation est aujourd’hui de retour.

Mais j’insiste : le rejet actuel dépasse la personne du président et concerne l’ensemble de la République islamique.

3 janvier 2018

Trump dit avoir un bouton nucléaire « plus gros » que celui de Kim Jong-un

« Moi aussi j’ai un bouton nucléaire, mais il est beaucoup plus gros et plus puissant que le sien, et il fonctionne ! », a tweeté le président américain.

Le président américain Donald Trump a moqué mardi 2 janvier son homologue nord-coréen, affirmant avoir un bouton nucléaire « plus gros et plus puissant » que Kim Jong-un.

« Le leader nord-coréen Kim Jong-un vient d’affirmer que le “bouton nucléaire est sur son bureau en permanence” (...) informez-le que moi aussi j’ai un bouton nucléaire, mais il est beaucoup plus gros et plus puissant que le sien, et il fonctionne ! », a tweeté le président américain.

« Rafistolage »

Kim Jong-un s’est servi de son adresse à la nation du Nouvel An pour répéter que son pays était un Etat nucléaire à part entière, avertissant qu’il avait en permanence à sa portée le « bouton » atomique. Le dirigeant nord-coréen a parallèlement fait une ouverture en direction du Sud en expliquant que Pyongyang pourrait participer aux jeux Olympiques d’hiver en Corée du sud.

Washington a d’ores et déjà rejeté mardi la perspective de négociations entre la Corée du Nord et la Corée du Sud comme un simple « rafistolage », avertissant que les Etats-Unis n’accepteront jamais une Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire. Les Etats-Unis ne « prendront aucun entretien au sérieux s’il ne porte pas sur l’interdiction de toutes les armes nucléaires en Corée du Nord », avait indiqué l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, avant les derniers tweets de M. Trump.

1 janvier 2018

Kim Jong-un oscille entre menace et ouverture lors de ses vœux du Nouvel An

Kim-Jong-Un-oscille-entre-menace-et-ouverture-lors-de-ses-voeux-du-Nouvel-An

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a averti Washington lundi qu'il avait le "bouton nucléaire" à sa portée, mais dans le même temps a tendu la main à Séoul lors de ses voeux du Nouvel An.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a promis lundi de produire en masse têtes nucléaires et missiles balistiques, dans un message du Nouvel An qui témoigne de sa détermination à réaliser ses ambitions militaires envers et contre tout. Pyongyang a considérablement intensifié ses efforts au cours de l'année écoulée pour dérouler ses programmes nucléaire et balistique interdits malgré de multiples sanctions de l'ONU et la rhétorique de plus en plus belliqueuse émanant de Washington.

Kim Jong-un a présidé en septembre au sixième test nucléaire nord-coréen, le plus puissant à ce jour. "Nous devons produire en masse des têtes nucléaires et des missiles et accélérer leur déploiement", a déclaré Kim Jong-un dans son adresse annuelle à la nation. Il a répété que le Nord avait atteint son but, accéder au statut d'Etat nucléaire, et souligné que ses programmes d'armement étaient de nature défensive. "Nous devons toujours nous tenir prêts à mener des contre-attaques nucléaires immédiates contre les projets ennemis de guerre nucléaire", a-t-il martelé.

"Le bouton nucléaire est toujours sur mon bureau", a menacé Kim Jong-un

La Corée du Nord "peut affronter n'importe quelle menace nucléaire des Etats-Unis, elle dispose d'une (force de) dissuasion forte qui est capable d'empêcher les Etats-Unis de jouer avec le feu", a lancé Kim Jong-Un "Le bouton nucléaire est toujours sur mon bureau. Les Etats-Unis doivent prendre conscience que ce n'est pas du chantage mais la réalité", a-t-il averti.

Dans le même temps, le numéro un nord-coréen a donné lundi le premier signe que son pays pourrait participer le mois prochain aux jeux Olympiques d'hiver en Corée du Sud, en dépit des tensions suscitées par ses ambitions nucléaires. "J'espère sincèrement que les jeux Olympiques d'hiver de Pyeongchang seront menés avec succès", a dit Kim Jong-un dans son message de Nouvel An à la nation nord-coréenne. "Nous sommes disposés à prendre les mesures nécessaires, y compris à envoyer notre délégation" à Pyeongchang, a-t-il poursuivi. "A cette fin, les autorités du Nord et du Sud pourraient se retrouver dans un avenir proche".

La Corée du Nord avait boycotté les jeux d'été de Séoul 1988

Séoul comme les organisateurs espèrent que le Nord participera à ce qu'ils présentent comme les "Olympiades de la paix". Les principaux événements de la compétition se tiendront à tout juste 80 kilomètres de la zone frontalière qui sépare les deux Corées. Les tensions sont à des sommets ces derniers mois à cause de la multiplication des tirs de missiles et des essais nucléaires nord-coréens.

Kim Jong-un a toutefois lancé une mise en garde, prévenant que la situation tendue sur la péninsule pouvait représenter une menace pour l'événement. "Les fortes tensions militaires entre le Nord et le Sud doivent s'apaiser et une atmosphère pacifique doit prévaloir. Tant que nous serons dans une situation instable qui n'est ni la guerre ni la paix, le Nord et le Sud ne peuvent garantir le succès de leurs événements programmés, y compris des JO, s'asseoir pour parler ou avancer vers la réunification", a-t-il déclaré.

La participation ou la non participation de Pyongyang aux compétitions sportives organisées au Sud a toujours été tributaire de la situation politique et militaire sur la péninsule. La Corée du Nord avait boycotté les jeux d'été de Séoul 1988. Mais elle avait envoyé ses athlètes aux jeux asiatiques de 2014 à Incheon, près de Séoul.

29 décembre 2017

Exode des Rohingya au Bangladesh

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Cette photo de l'exode des Rohingya au Bangladesh a été nommée l'une des 10 meilleures photos de 2017 de TIME. Ici, photographe @kevinfrayerexplique: «Je suis arrivé à Cox's Bazar, au Bangladesh, à la mi-septembre, quelques semaines après le #Rohingya.crise. Dès ses débuts, j'ai été choqué par les images et les histoires de l'exode de centaines de milliers de personnes sans aucun droit, risquant leur vie juste pour survivre. Je voulais contribuer d'une manière ou d'une autre », se souvient-il,« je cherchais des endroits pour photographier l'aide alimentaire parce qu'il y avait un tel besoin et si peu. J'étais dans une zone où il y avait une foule de gens entourant un camion. La scène était assez chaotique; les gens criaient et atteignaient parce qu'ils étaient manifestement affolés et affamés. Il y avait beaucoup de pression dans la foule et je voulais aller au-dessus, alors j'ai grimpé dans le camion. C'est quand j'ai vu ce petit garçon. Il venait de se hisser sur le camion et il pleurait. Je ne pouvais pas entendre grand-chose parce que la scène était si forte, mais à un moment le garçon a tendu la main, suppliant l'homme debout au-dessus de la nourriture. Puis, il enroula ses bras autour des jambes de l'homme, s'accrochant à lui. J'en étais totalement frappé: il s'était frayé un chemin dans le camion en désespoir de cause. J'aurais aimé en savoir plus sur lui, mais il a disparu dans le chaos du moment. " @kevinfrayer- @ gettyimages

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