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Jours tranquilles à Paris
19 mars 2018

Russie : Vladimir Poutine réélu président dès le premier tour

poutine victoire

L’homme fort de la Russie a été réélu avec plus de 76 % des voix, alors que l’opposition a dénoncé plusieurs irrégularités au cours du scrutin. La participation s’est élevée à 67,4 %.

Le président russe, Vladimir Poutine, a été réélu dimanche 18 mars président de la Fédération de Russie avec 76,67 % des voix, après le décompte de plus de 99 % des bulletins. C’est le meilleur score jamais obtenu par M. Poutine en 18 ans de règne.

Le président réélu a fait une brève apparition, dans la soirée de dimanche, sur la scène installée place du Manège, près du Kremlin, pour célébrer les quatre ans de l’annexion de la Crimée. Il a brièvement remercié ses supporteurs. « Nous allons nous mettre au travail », leur a-t-il promis, avant de scander « Russie ! Russie ! »

Le Parti communiste en deuxième position

Le candidat du Parti communiste, Pavel Groudinine, arrive en deuxième position du scrutin avec 12 % des voix. Son résultat était scruté comme l’un des indicateurs du mécontentement social, et son prédécesseur en 2012, Guennadi Ziouganov, avait obtenu 17,8 % en 2012. En troisième position, l’ultranationaliste Vladimir Jirinovski obtiendrait 6 % des voix. La journaliste et candidate libérale Ksenia Sobtchak est quant à elle créditée de 1,5 % des suffrages exprimés.

Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny – déclaré inéligible par la commission électorale –, a immédiatement commenté les premières estimations, promettant de « continuer » la lutte et fustigeant les « marionnettes » qui ont participé au scrutin, en désignant les autres candidats à la présidence.

Les derniers bureaux de vote ont fermé à 18 heures (heure de Paris), clôturant une élection qui laissait peu de place au suspense. Le principal enjeu du scrutin était le taux de participation, Vladimir Poutine ayant besoin d’une forte affluence dans les bureaux de vote pour légitimer sa victoire. Lundi matin, la Commission électorale a rapporté que le taux de participation s’établissait à 67,4 %. C’est proche de 2012, où elle s’était établie finalement à 65,27 %.

Fraudes et incitations au vote

L’ONG Golos, spécialisée dans la surveillance des élections, a dressé sur son site Internet une carte des fraudes montrant en début d’après-midi 2 033 cas d’irrégularités, tels que du bourrage d’urnes, des cas de votes multiples ou des entraves au travail des observateurs.

Alexeï Navalny a dépêché plus de 33 000 observateurs dans les bureaux de vote. Dès dimanche matin, il a diffusé une vidéo présentée comme montrant un bourrage d’urne dans un bureau de vote en Extrême-Orient, et sur lequel la commission électorale a promis d’enquêter.

Alors que le Kremlin a tout fait pour augmenter la participation, l’organisation Golos a rapporté des informations faisant état de contraintes exercées par des employeurs ou universités forçant employés et étudiants à voter non pas dans le bureau correspondant à leur lieu de domicile mais sur leur lieu de travail ou d’études, « où l’on peut contrôler leur participation au scrutin ».

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18 mars 2018

POUTINE

poutin

#Russie : Vladimir #Poutine plébiscité pour un quatrième mandat

Les partisans de Vladimir Poutine se sont rassemblés à deux pas du Kremlin pour fêter la victoire dès le premier tour de leur champion, dimanche 18 mars. Le président a été réélu à la tête de la Russie, pour 6 années de plus, avec une note aux allures de raz de marée: près de 76,7% des voix. Une victoire sans appel, malgré une participation dans les attentes du #Kremlin , aux alentours des 67%.

La participation à l'élection présidentielle en Russie est inférieure à 70% du montant alloué à la présidence, mais reste à un niveau honorable et deux points supérieurs au taux de participation à l'élection présidentielle de 2012.

11 mars 2018

Cuba. La fin de l'ère Castro

Cuba désigne, ce dimanche 11 mars 2018, les 605 membres de l'Assemblée nationale. Parmi eux se trouvera le nouveau Président de l'île qui succédera à Raul Castro en avril. Une petite révolution.

Pour la première fois depuis près de soixante ans, la présidence de l'île communiste va donc revenir à une personne n'ayant pas pris les armes lors de la révolution de 1959. Son nom sera connu le 19 avril. Cette date ne doit rien au hasard. Il s'agira du 57e anniversaire de la victoire de la baie des Cochons (Playa Giron), considérée à Cuba comme « la première défaite de l'impérialisme yankee en Amérique latine ».

Des analystes aux Cubains interrogés dans la rue, tous jugent que c'est le premier vice-président, Miguel Diaz Canel, âgé de 57 ans, qui va remplacer Raul Castro qui a atteint, après dix ans de pouvoir, la limite qu'il a lui-même fixée pour exercer la présidence de l'île.

Pas la même légitimité

Il s'agit d'un pur produit du Parti communiste cubain (PCC) qui s'est engagé à garantir la continuité. « Un citoyen cubain occupera la magistrature suprême du pays, mais n'aura pas la légitimité qu'a conféré le processus triomphal de 1959 (...) aux deux leaders qui ont conduit (l'île) durant ce laps de temps », estime le professeur de droit et d'histoire Julio César Guanche, sur le site OnCuba. Selon lui, la légitimité du prochain Président proviendra davantage de sa « performance institutionnelle », en termes d'inclusion sociale lors de la prise de décision et de protection des droits, que de « son histoire personnelle ».

Plus de 8 millions de Cubains sont appelés à voter pour les délégués des assemblées provinciales et les 605 membres choisis pour siéger à l'Assemblée nationale, une liste passée au crible préalable du Parti communiste cubain. Dans la foulée de ces élections, le Parlement désignera à son tour les 31 membres du Conseil d'État, qui choisira parmi ses membres le nouveau président cubain.

« On ne peut élire personne »

Les candidats peuvent être membres du PCC ou pas, provenir d'organisation syndicales et étudiantes proches du gouvernement. Mais il n'y a pas de partis. « Les partis politiques ne participent pas, les campagnes ne sont pas financées, la désignation des candidats se base sur le mérite, les capacités et l'engagement du peuple », a déclaré Raul Castro en 2017.

Rosa Maria Paya, dissidente issue du mouvement « Cuba décide », qui milite en faveur d'un référendum pour modifier le système de gouvernement sur l'île, assure que son collectif sera attentif aux signes « de rejet du processus électoral où, en réalité, on ne peut élire » personne. Les Cubains qui veulent montrer leur opposition ont l'habitude de raturer le bulletin de vote.

10 mars 2018

Trump-Kim : trêve de plaisanterie pour une rencontre historique

L’annonce d’un sommet inédit entre les présidents américain et nord-coréen, après des mois d’escalade verbale et balistique, suscite autant le scepticisme que l’espoir.

  Trump-Kim : trêve de plaisanterie pour une rencontre historique - Source : Libération

Il faut une bonne dose de cynisme pour ne pas saluer des percées diplomatiques dites «historiques». Mais il est aussi louable de se garder d’en attribuer la paternité et les mérites exclusifs au locataire de la Maison Blanche. L’acceptation, jeudi par Donald Trump, de participer, au cœur du printemps, à un sommet (où ? quand ?) avec le dictateur Kim Jong-un est une lueur d’espoir dans le ciel de la péninsule. Dont l’horizon est obscurci par une surenchère verbale et une escalade d’essais balistiques et nucléaires. Ce retournement dans ce thriller pré-apocalyptique va tenir la planète en haleine ces prochains mois. Le nouvel épisode, sans précédent en soixante-cinq ans de tensions depuis la fin de la guerre de Corée, jette les jalons d’une détente. Et il ouvre la voie vers une possible désatomisation inespérée. Surtout après les épisodes plus tragiques que comiques qui ont vu le leader de la plus grande puissance militaire qualifier le trentenaire stalinien de «petit homme fusée», de «petit gros» et se faire traiter, en réponse, de «malade mental gâteux».

En dealmaker autoproclamé, de plus en plus gagné par la fièvre de l’exercice du pouvoir solitaire, le chef de l’Etat américain a saisi illico la perche «pacifiante» du maître de Pyongyang, quitte à court-circuiter tous les canaux diplomatiques de sa propre administration. Sa ligne dure, ses sanctions, son «leadership», comme l’a martelé l’émissaire sud-coréen à Washington, ont pu pousser Kim à proposer une improbable main tendue. Son intransigeance a peut-être aussi acculé Pyongyang à multiplier les ouvertures auxquelles on assiste depuis l’annonce de la participation aux Jeux olympiques de Pyeongchang.

L’équilibre de la terreur

Mais si le sommet, sans conditions préalables, se tient (ce qui montrerait de la constance chez le locataire de la Maison Blanche qui en manque tant), ce sera plus des discussions que des négociations, comme l’a rappelé Rex Tillerson, le chef de la diplomatie américaine.

Et le «cher leader», à ce jeu pas si fou, en sort clairement gagnant. Saddam Hussein ou Muammar al-Kadhafi ont rêvé d’avoir l’arme nucléaire, ils en sont morts. L’héritier de la dynastie Kim a joué, contre son peuple, contre les sanctions, contre la communauté internationale, l’équilibre de la terreur : il tient son sommet avec le président américain. Ce que ni son grand-père ni son père n’ont obtenu. Il annonce un gel des essais de missiles, mais reste à savoir ce qu’il entend par dénucléarisation. Un retrait des 30 000 soldats américains basés en Corée du Sud ? La fin de l’alliance militaire entre Séoul et Washington ? De leur côté, les Etats-Unis ont toujours eu une conception singulièrement différente du mot dénucléarisation. Soit un désarmement unilatéral nord-coréen.

Respect

«Kim n’invite pas Trump pour qu’il puisse abandonner son armement», dit Jeffrey Lewis, directeur de l’Institut Middlebury des études internationales. Comme d’autres experts, il assure qu’il «invite Trump pour lui démontrer que son investissement dans ses capacités nucléaires et balistiques a poussé les Etats-Unis à le traiter d’égal à égal». Accepter un tel sommet quand rien n’a été négocié en amont revient donc à donner à Kim ce qu’il cherche tant : le respect.

Ce respect que mérite avant tout le vrai leader de l’ombre de ce réchauffement, le président sud-coréen, Moon Jae-in, habile go-between entre deux chefs d’Etat imprévisibles. Et si ce spectaculaire revirement à 180 degrés se solde par un succès durable et une pacification en marche, c’est avant tout lui qui pourra endosser la paternité de cet art de la nouvelle diplomatie du ping-pong. Nucléaire, celle-là.

9 mars 2018

Le coup diplomatique de Trump

L’édito de Didier Micoine – Le Parisien

Avec Donald Trump, il faut s’attendre à tout. Et peut-être pas toujours au pire. Le président américain vient ainsi d’annoncer qu’il acceptait une rencontre au sommet avec Kim Jong-un. Une première historique qui devrait se dérouler d’ici à la fin mai. De la part de Trump, c’est un changement de pied complet après les surenchères verbales de ces derniers mois. N’avait-il pas promis à Pyongyang la « destruction totale » en cas de nouvelles menaces contre les Etats-Unis ? Et il qualifiait encore récemment son homologue coréen de « petit homme fusée », ce dernier traitant l’hôte de la Maison Blanche de « malade mental gâteux ». La désescalade s’est amorcée avec les Jeux olympiques de Pyeongchang et la décision de la Corée du Nord d’y participer. S’il a bien lieu, ce sommet visant à dénucléariser la péninsule est de bon augure, et Trump, volontiers raillé pour ses déclarations à l’emporte-pièce et son amateurisme en diplomatie, peut pavoiser. Même si pour l’heure, en l’absence de négociations préalables précises sur le contenu, cette réunion paraît surtout conforter le dictateur nord Coréen. Kim Jong-un, qui assure avoir désormais la capacité de frapper le territoire américain, s’est juste engagé à stopper ses tests nucléaires et ses tirs de missiles. Mais il pourra se targuer d’avoir obtenu ce dont il rêvait : une rencontre d’égal à égal avec le président des Etats Unis.

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9 mars 2018

La proposition de rencontre de Kim Jong-un, un indéniable succès pour Donald Trump

Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

Le dirigeant nord-coréen a indiqué que l’objet principal de l’entrevue à venir sera la perspective de dénucléarisation de la péninsule, l’objectif des Etats-Unis. Et il n’a posé aucune condition.

Donald Trump était à ce point impatient, jeudi 8 mars, qu’il est venu lui-même très brièvement dans la salle de presse de la Maison Blanche, en milieu d’après-midi, pour informer les journalistes présents que la Corée du Sud était sur le point de faire une déclaration importante.

A 19 heures, le conseiller à la sécurité nationale sud-coréenne, Chung Eui-yong, venu à Washington pour informer les Etats-Unis du contenu des discussions qu’il avait eues avec le régime nord-coréen, quelques jours plus tôt, a alors indiqué qu’il venait de transmettre au président une invitation orale du responsable de la Corée du Nord, Kim Jong-un, à le rencontrer. Et que ce dernier avait accepté.

Des mois de tensions ponctués d’essais nucléaires et balistiques, de joutes verbales entre Washington et le régime de Pyongyang, et de volées de sanctions sans précédents, venaient de déboucher sur une ouverture inimaginable il y a encore quelques semaines. Aucun président des Etats-Unis en exercice n’a jamais rencontré un membre de la dynastie au pouvoir en Corée du Nord. Le dernier contact de haut niveau remonte à la visite de la secrétaire d’Etat Madeleine Albright, en 2000.

Le rapprochement au cours des dernières semaines entre les deux frères ennemis de la péninsule coréenne, mis en scène notamment à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver à Pyeongchang, en février, avait cependant mis en évidence la volonté de Pyongyang de se tourner à nouveau vers la diplomatie.

Perspective de dénucléarisation de la péninsule

Le message transmis à Donald Trump n’a pu que le satisfaire, tant il répond en apparence aux préoccupations américaines. Kim Jong-un s’est en effet engagé, selon l’émissaire sud-coréen, à stopper ses tests nucléaires et ses tirs de missiles d’ici cette rencontre. Un haut responsable de la Maison Blanche a précisé que le responsable nord-coréen a également accepté que Washington et Séoul conduisent dans l’intervalle leurs manœuvres militaires prévues et régulièrement dénoncées par Pyongyang.

Surtout, Kim Jong-un a indiqué selon l’émissaire sud-coréen que l’objet principal de l’entrevue à venir sera la perspective de dénucléarisation de la péninsule et non un simple gel des programmes militaires nord-coréens. C’est précisément l’objectif que se sont fixé les Etats-Unis et leurs alliés dans la région.

Donald Trump avait jugé « sincères » les dirigeants nord-coréens en début de semaine, après l’annonce d’un sommet en avril entre Kim Jong-un et le président de Corée du Sud, Moon Jae-in, suite à la mission de Chung Eui-yong. « Nous verrons ce qui va se passer », avait-il ajouté, évasif. Il a salué sur son compte Twitter, en début de soirée, les « grands progrès » qui « ont été réalisés », ajoutant que les Etats-Unis ne baisseraient pas pour autant la garde. « Les sanctions demeurent jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé », a-t-il précisé.

Le haut responsable de l’administration a mis cette percée sur le compte de la fermeté adoptée par Donald Trump depuis son arrivée à la Maison Blanche. Il l’a opposée aux « erreurs qui ont été commises au cours des vingt-sept dernières années de dialogue et d’approches ratées » par les administrations américaines précédentes, toutes couleurs politiques confondues.

Souplesse diplomatique

En l’état, la proposition faite par Kim Jong-un, assortie d’aucune condition, constitue un succès pour le président des Etats-Unis qui voit sa stratégie totalement validée. Cette dernière a reposé en grande partie sur un effort multilatéral qui tranche avec le cavalier seul adopté par Donald Trump, avec moins de résultats, dans de nombreux autres dossiers, qu’il s’agisse du nucléaire iranien, du conflit israélo-palestinien, de la lutte contre le réchauffement climatique, ou encore du commerce international.

En acceptant de rencontrer Kim Jong-un, ce qu’il avait déjà envisagé par le passé en dépit des qualificatifs désobligeants dont il l’avait affublé dans des messages publiés sur son compte Twitter, M. Trump témoigne d’une souplesse diplomatique à toute épreuve.

Devant l’Assemblée générale des Nations unies (ONU), en septembre 2017, comme dans son discours sur l’état de l’Union, en février, le président des Etats-Unis avait assuré qu’« aucun régime n’a opprimé ses propres citoyens plus complètement ou plus brutalement que la dictature cruelle en Corée du Nord », promettant même sa « destruction totale » si elle s’aventurait à menacer un jour les Etats-Unis ou leurs alliés régionaux.

Le pari accepté par le président des Etats-Unis, qui jugeait en août 2017 que son secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, perdait son temps à essayer de négocier avec Pyongyang, répond à son goût pour les initiatives hardies. Selon le New York Times, Donald Trump ne devait d’ailleurs s’entretenir avec l’émissaire sud-coréen que le lendemain. Il n’a pas hésité à bousculer l’agenda et à précipiter l’annonce historique, s’attirant sans attendre l’attention internationale.

Le lieu de l’entrevue n’est pas fixé

Jeudi soir, il n’était encore question que d’une rencontre et non de négociations en bonne et due forme. Aucune date n’a été fixée, même si la partie sud-coréenne a évoqué le mois de mai. L’endroit choisi pour l’entrevue n’a pas non plus été arrêté.

De véritables pourparlers, s’ils s’engagent, risquent de souligner les carences diplomatiques américaines. Washington ne dispose plus, en effet, de spécialiste aguerri du dossier nord-coréen depuis le départ de Joseph Yun du département d’Etat. Les Etats-Unis n’ont pas non plus d’ambassadeur en Corée du Sud du fait du renoncement de l’expert pressenti, Victor Cha. Ce dernier avait été échaudé par les options bellicistes évoquées au sein de l’administration.

Donald Trump a pris pourtant rendez-vous avec un jeune responsable qui a assis son pouvoir de manière impitoyable et méthodique, et dont le pays donne désormais l’impression de maîtriser les tests nucléaires autant que les tirs de missiles intercontinentaux. Kim Jong-un, enfin, a su tirer profit de l’arrivée au pouvoir en mai, en Corée du Sud, d’un président tourné vers le dialogue et sur lequel il a pu s’appuyer pour imprimer son rythme.

9 mars 2018

Corée du Nord : Kim propose une rencontre à Trump pour « dénucléariser » la péninsule

donald et l'autre

Le dirigeant de Corée du Nord, Kim Jong-un, s’est engagé, jeudi, à des pourparlers avec le président américain.

L’annonce est aussi inattendue que spectaculaire : le président américain Donald Trump a accepté de rencontrer le leader nord-coréen Kim Jong-un d’ici à la fin mai, a affirmé, jeudi 8 mars, un responsable sud-coréen. La date et le lieu de cette entrevue restent à déterminer, a de son côté précisé la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders.

Ce rebondissement, impensable il y a quelques semaines, fait suite à une rencontre entre une délégation sud-coréenne de haut niveau et le maître de Pyongyang après deux années de très vives tensions liées aux programmes nucléaire et balistique nord-coréens.

Dans une brève allocution devant la Maison Blanche, à la nuit tombée, Chung Eui-yong, conseiller national sud-coréen à la sécurité, a annoncé que M. Trump avait accepté l’invitation formulée par Kim Jong-un et s’était engagé à le rencontrer « d’ici à la fin mai ». La Maison Blanche a confirmé que le président américain avait accepté cette invitation.

Le lieu d’une telle rencontre entre le 45e président des Etats-Unis et leader nord-coréen, que Donald trump a par le passé qualifié de « fou », n’a pas été précisé. M. Chung a par ailleurs déclaré que Kim Jong-un s’était engagé à œuvrer à la « dénucléarisation » de la péninsule coréenne et qu’il avait promis de s’abstenir « de tout nouveau test nucléaire ou de missile ». « Il comprend que l’exercice militaire conjoint de routine entre la République de Corée [Corée du Sud] et les Etats-Unis doit continuer et il a fait part de son désir de rencontrer le président Trump le plus vite possible », a-t-il poursuivi.

« De gros progrès »

Le président des Etats-Unis a immédiatement tweeté : « Kim Jong-un a parlé dénucléarisation avec les représentants de la Corée du Sud, pas seulement une suspension. Aussi, pas de test de missile par la Corée du Nord durant cette période. De gros progrès sont faits mais les sanctions seront maintenues jusqu’à ce qu’un accord soit conclu. La réunion est en train d’être planifiée ! »

« Nous avons hâte que la Corée du Nord abandonne son programme nucléaire. D’ici-là, toutes les sanctions et une pression maximale doivent prévaloir », a ajouté Sarah Sanders, la porte-parole de la Maison Blanche.

Le premier ministre japonais Shinzo Abe a salué vendredi cette annonce : « J’apprécie hautement ce changement de la part de la Corée du Nord et le fait qu’elle va commencer des discussions fondées sur le principe d’une dénucléarisation », a dit M. Abe dans une déclaration télévisée, ajoutant qu’il comptait se rendre aux Etats-Unis pour rencontrer M. Trump « dès avril ».

Une détente amorcée aux JO

Cette annonce intervient à l’issue de la remarquable détente qui s’est amorcée sur la péninsule depuis le début de l’année à la faveur des Jeux olympiques (JO) d’hiver de Pyeongchang.

Après s’être longuement entretenu lundi avec le leader nord-coréen Kim Jong-un, M. Chung avait assuré que ce dernier était désormais prêt à bouger sur le dossier longtemps tabou de l’arsenal nucléaire de Pyongyang, « si les menaces militaires contre le Nord disparaissent et si la sécurité de son régime est garantie ». Après cette mission à Pyongyang, la présidence sud-coréenne avait fait savoir que le Nord était prêt à un « dialogue franc » avec les Etats-Unis pour évoquer la dénucléarisation et suspendrait tout essai nucléaire ou de missile pendant la durée des discussions.

Nord et Sud ont également décidé, selon Séoul, de la tenue à la fin avril d’un troisième sommet intercoréen, après ceux de 2000 et de 2007. Il aura lieu dans le village de Panmunjom, au milieu de la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux pays.

Donald Trump avait salué, mardi, ces signes d’ouverture de la Corée du Nord tout en appelant à la prudence et en réaffirmant que toutes les options étaient sur la table. Il avait déclaré que les déclarations venues du Sud comme du Nord étaient « très positives ». « Ce serait bien pour le monde, bien pour la Corée du Nord, bien pour la péninsule, mais nous verrons ce qui va se passer », avait-il ajouté.

Série de sanctions

D’autres responsables de son administration avaient néanmoins conseillé la prudence, certains se montrant même sceptiques sur ce soudain apaisement diplomatique après des mois de guerre des mots entre Washington et Pyongyang, sur fond de progrès nord-coréens dans les domaines nucléaire et balistique. La Corée du Nord affirme désormais que ses missiles sont en mesure d’atteindre le territoire américain.

Visé par une série de sanctions imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies mais aussi américaines, le régime nord-coréen avait jusqu’ici toujours affirmé que le développement de son programme nucléaire n’était tout simplement pas négociable.

Il y a moins de trois semaines, M. Trump avait annoncé de nouvelles sanctions visant à isoler encore plus la Corée du Nord, quelques heures après l’arrivée de sa fille Ivanka en Corée du Sud pour la fin des JO. « Nous devons rester unis pour empêcher cette dictature brutale de menacer le monde de dévastation nucléaire », avait-il alors lancé.

9 mars 2018

Nucléaire nord-coréen : Kim Jong-un propose une rencontre à Donald Trump, qui accepte

Le président américain Donald Trump a accepté, jeudi 8 mars, de rencontrer prochainement le leader nord-coréen Kim Jong Un, a annoncé dans une brève allocution Chung Eui-yong, conseiller national sud-coréen à la Sécurité. Le lieu et la date d'une telle rencontre entre le 45e président des Etats-Unis et le dirigeant nord-coréen n'a pas été précisé. Ce rebondissement, impensable il y a quelques semaines, intervient après deux années de très vives tensions entre Washington et Pyongyang liées au programmes nucléaire et balistique nord-coréens.

8 mars 2018

Chine : le « mandat à vie » de Xi Jinping réveille les envies d’exil

Par Brice Pedroletti, Pékin, correspondant - Le Monde

La perspective d’une suppression de la limite du double mandat a ravivé des peurs. Les demandes auprès des services d’émigration se multiplient.

LETTRE DE PÉKIN

Le mot « yimin », c’est-à-dire émigrer, a atteint un pic de consultations sur le moteur de recherche chinois Baidu, dans les heures qui ont suivi l’annonce par le parti communiste, le 25 février, qu’un amendement proposé à la constitution supprimerait la limite du double mandat pour le président de la République populaire, Xi Jinping. Amendement que le Parlement chinois devra entériner lors de l’Assemblée nationale populaire (ANP), qui réunissait ses 3 000 délégués à partir du lundi 5 mars.

La contrainte de deux mandats avait donné jusqu’à présent une flexibilité unique à la dictature « aux caractéristiques chinoises » : pour répressif qu’y est l’état policier, les citoyens chinois étaient assurés de changer de dirigeant suprême tous les dix ans. Une sorte d’alternance prévisible, qui mettait de l’huile dans les rouages de la machinerie politique chinoise. En modifiant radicalement ce statu quo, Xi Jinping, dont le premier mandat a conduit à une consolidation sans précédent de son pouvoir, a tout à coup réveillé les peurs endormies de nombreux Chinois.

Les internautes qui, les premiers, ont tapé « yimin » dans les statistiques de recherche de Baidu et en ont diffusé les résultats, ont déclenché une jolie pagaille : Baidu a fini par désindexer toute recherche liée au mot, qui s’est retrouvé censuré par moments sur Weibo, le Twitter chinois, parmi une centaine d’autres expressions associées aux ambitions de règne impériale du secrétaire général Xi, âgé de 64 ans. Toute la semaine, les officines qui proposent aux Chinois, surtout les plus aisés, des formules d’émigration clés en main (notamment via les programmes d’investissement, comme aux Etats-Unis) disent avoir été beaucoup plus sollicitées que d’habitude. « On a beaucoup plus de demandes », confirme un consultant à Chengdu. Il préfère ne pas parler au téléphone – le sujet est devenu « trop sensible ». Il annulera au dernier moment notre rendez-vous.

Une consultante pékinoise interrogée par Radio Free Asia affirme avoir vu le nombre de demandes passer de 10 à 20 par jour à 30, voire 50. Selon elle, « beaucoup de choses dans ce pays vont être affectées [par cette décision], ça a donc généré un peu de panique chez des gens dans les affaires, mais aussi certains à des postes de gouvernement ». L’un des motifs qui retient, selon les enquêtes, certaines personnes d’émigrer, est justement la longue liste d’attente et les tracasseries bureaucratiques. Autant donc s’y mettre avant tout le monde, ont pensé certains.

Hémorragie de résidents

Les Chinois sont environ 10 millions à vivre en dehors de leur pays (sans compter la diaspora historique de citoyens d’ethnie chinoise à travers le monde, qui approcherait les 50 millions d’individus). Moins que les Indiens (17 millions), mais beaucoup quand même pour un pays qui ne produit quasiment plus d’émigrés économiques, et beaucoup moins d’émigrés politiques que dans les années les plus turbulentes du maoïsme ou de l’après-Tiananmen. Les sondages récents donnent comme raisons premières d’émigration l’éducation et la pollution.

« Je pars aux Etats-Unis. Ma fille accouche là-bas », nous annonça l’an dernier la femme de ménage au long cours des locaux du Monde à Pékin – elle dépoussiérait déjà les bureaux de nos deux prédécesseurs. La famille a payé près de 30 000 euros une officine qui vous arrange l’hospitalisation dans une maternité américaine. Le nouveau-né aura donc un passeport américain. « Comme ça, il pourra plus facilement aller dans une université américaine ! », se félicite la bonne madame Yang. Voici donc cette Pékinoise distinguée mais handicapée par les bouleversements politiques de sa jeunesse embarquée pour son premier voyage à l’étranger, vers un pays dont elle ne parle pas un traître mot.

CETTE POUSSÉE CENTRIFUGE VERS L’EXIL SE FAIT SENTIR ENCORE PLUS CLAIREMENT À HONGKONG

La course à l’éducation est une obsession en Chine. Or, les Chinois formant déjà le premier contingent d’étudiants étrangers aux Etats-Unis, avec près de 320 000 d’entre eux, beaucoup craignent qu’il soit de plus en plus difficile d’en faire partie. Le ministère de l’éducation chinois a dénombré 544 000 étudiants chinois dans le monde en 2016, trois fois plus qu’en 2008.

Avec l’élévation du niveau de vie, mais aussi l’inquiétude face au retour du politique dans le système éducatif sous Xi Jinping, on y envoie ses rejetons à l’âge du collège et du lycée. C’est le cas de nombreux dissidents, soucieux de mettre leurs enfants à l’abri tant la police politique n’hésite pas à leur créer des ennuis, en bloquant parfois leur inscription à l’école. Le fils de 16 ans de l’avocate Wang Yu fut ainsi empêché de partir à l’étranger en 2015, lors de son arrestation. Placé sous surveillance, il servit à la police de levier pour obtenir d’elle des « aveux télévisés » entièrement fabriqués. Il a pu gagner l’Australie l’an dernier, mais sa mère s’inquiète de nouveau pour sa sécurité depuis le scandale des manœuvres souterraines chinoises dans ce pays.

Cette poussée centrifuge vers l’exil se fait sentir encore plus clairement à Hongkong. L’ancienne colonie britannique avait connu une hémorragie de ses résidents juste avant la rétrocession de 1997. Mais la situation s’était ensuite stabilisée. La reprise en main brutale des aspirations de la jeunesse hongkongaise à la démocratie sous Xi Jinping a changé la donne. 24 300 Hongkongais ont quitté la région administrative spéciale en 2017, le chiffre le plus élevé depuis 2012. La plupart disposaient de spécialités convoitées en Occident – ce qui a même conduit à une pénurie de médecins et d’infirmières à Hongkong.

7 mars 2018

Un sommet Corée du Sud-Corée du Nord aura lieu à la fin du mois d’avril

Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance - Le Monde

Les deux pays se sont mis d’accord sur la tenue d’un sommet, une première depuis plus de dix ans. Pyongyang a promis de suspendre ses essais nucléaires et de missiles pendant le dialogue.

Une première depuis plus de dix ans. La Corée du Sud et la Corée du Nord se sont mises d’accord sur la tenue d’un sommet entre les deux pays. Celui-ci aura lieu à la fin du mois d’avril, a annoncé, mardi 6 mars, Chung Eui-yong, le conseiller à la sécurité nationale du président sud-coréen, Moon Jae-in, qui était en visite à Pyongyang avec une délégation de haut rang de dix personnes. Les deux pays ont également décidé d’ouvrir une ligne de communication d’urgence entre leurs dirigeants.

Le sommet aura lieu dans le village de Panmunjom, au milieu de la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare la Corée du Nord de la Corée du Sud. Il sera précédé d’une conversation téléphonique entre Kim Jong-un et Moon Jae-in.

La Corée du Nord a promis de suspendre ses essais nucléaires et de missiles pendant la durée du dialogue, a fait savoir le conseiller. Il a ajouté que la Corée du Nord avait exprimé la volonté de se dénucléariser à condition que sa sécurité soit garantie.

La délégation sud-coréenne, envoyée pour deux jours à Pyongyang, est revenue mardi en Corée du Sud, avant de s’envoler pour Washington pour un débriefing avec l’administration Trump. La Corée du Sud poursuit ainsi sa délicate entremise entre la Corée du Nord et les Etats-Unis malgré une défiance exacerbée.

Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a salué mardi des « progrès possibles dans les discussions avec la Corée du Nord ». « Pour la première fois depuis des années, un effort sérieux est fait par toutes les parties concernées. Le monde regarde et attend ! », a-t-il ajouté dans un tweet à la tonalité plutôt positive. « Peut-être de faux espoirs, mais les Etats-Unis sont prêts à s’engager pleinement quelle que soit la direction retenue ! »

Rapprochements depuis les JO

Cette visite était la première d’une délégation sud-coréenne en République populaire démocratique de Corée (RPDC, nom officiel de la Corée du Nord) depuis la fin, en 2007, de la politique dite du « rayon de soleil » de rapprochement intercoréen. « La Corée du Nord semble avoir attaché de l’importance à la venue de nos envoyés spéciaux », s’est félicité le ministère de l’unification sud-coréen.

Les dix membres de la délégation, dont Chung Eui-yong et Suh Hoon, le directeur du NIS, les services de renseignement, avaient été conviés à un dîner, lundi 5 mars, avec Kim Jong-un. Pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir du dirigeant, en décembre 2011, des officiels sud-coréens ont pu s’entretenir avec lui.

Organisé au siège du Parti du travail, au pouvoir en RPDC, ce repas a également réuni, côté nord-coréen, Ri Sol-ju, l’épouse de Kim Jong-un, Kim Yo-jong, sa sœur, et Kim Yong-chol, le responsable des relations avec le Sud. « [Il] s’est déroulé dans une atmosphère chaleureuse, animée de sentiments confraternels », s’est félicitée l’agence de presse officielle nord-coréenne, KCNA.

Selon KCNA, Kim Jong-un a « discuté en profondeur des moyens d’apaiser les vives tensions dans la péninsule coréenne et d’engager un dialogue par de multiples voies, d’établir des contacts, une coopération et des échanges ».

Cette visite répondait à celle de Kim Yo-jong en Corée du Sud pour l’ouverture des JO de Pyeongchang, le 9 février. A cette occasion, Kim Yo-jong, qui est aussi chargée des activités du dirigeant nord-coréen et siège au bureau politique du Parti du travail, avait remis une invitation à se rendre dans le Nord à Moon Jae-in.

La délégation sud-coréenne était également porteuse d’une lettre de Moon Jae-in pour Kim Jong-un. Le dirigeant aurait déclaré, pendant le dîner, que les JO avaient contribué à créer une atmosphère de réconciliation, d’unité et de dialogue intercoréens.

Dynamique d’apaisement

La question du sommet avec Moon Jae-in a été abordée et les échanges à ce sujet ont été jugés « satisfaisants » par Pyongyang. Le 17 février, Moon Jae-in, ­soucieux de ménager un allié américain pour lequel « toutes les ­options sont sur la table » face à la Corée du Nord, avait toutefois ­estimé qu’il était « trop tôt » pour une telle rencontre. Il privilégie les ­avancées « vers un consensus sur la nécessité du dialogue entre les Etats-Unis et la Corée du Nord ».

De fait, Séoul veut maintenir la dynamique d’apaisement après une phase de tensions qui a atteint son paroxysme en 2017, année marquée par quatre essais de missiles balistiques intercontinentaux et un essai nucléaire par Pyongyang, tandis que le président américain, Donald Trump, répondait par des invectives sur Twitter à la propagande nord-coréenne. « Les Etats-Unis devraient réduire leurs exigences et la Corée du Nord devrait exprimer sa volonté de dénucléariser », déclarait Moon Jae-in, le 26 février, devant le vice-premier ministre chinois, Liu Yandong.

Séoul doit désormais convaincre Washington de répondre à l’offre de dialogue formulée par Pyongyang, notamment lors de la venue, le 25 février, de Kim Yong-chol à la cérémonie de clôture des JO. Les Etats-Unis restent sceptiques sur la volonté d’ouverture de Pyongyang. L’administration Trump dit vouloir éviter ce qu’elle considère comme les erreurs des administrations précédentes, qui ont alterné dialogue et sanctions, sans empêcher Pyongyang de se doter d’un arsenal nucléaire.

« Politique hostile »

Pour elle, l’ouverture d’un dialogue passe par un engagement nord-coréen à discuter de la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Les Américains veulent également maintenir la pression « maximale » imposée à la RPDC, même pendant d’éventuelles ­discussions.

La Corée du Nord, pour qui le ­nucléaire est non négociable, car perçu comme la garantie de sa survie, rejette tous pourparlers sous conditions. Elle veut traiter comme puissance nucléaire, d’égal à égal, et élargir les discussions à ce qu’elle qualifie de « politique hostile » des Etats-Unis, dont l’organisation par l’armée américaine de manœuvres annuelles avec la Corée du Sud. La RPDC les considère comme une menace directe contre elle. Ces exercices devaient coïncider en 2018 avec les JO, mais ils ont été reportés, à la demande de Séoul, permettant l’accalmie. La question de leur reprise est aujourd’hui posée.

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