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Jours tranquilles à Paris
10 mars 2019

Bellamy, tête de liste LR aux européennes : Macron mène « aussi une politique de la peur »

jdd

« Le danger qui guette notre démocratie, c’est que nous soyons condamnés à un deuxième tour perpétuel entre Macron et Le Pen », estime le candidat de la droite dans un entretien au « JDD ».

La tête de liste Les Républicains (LR) aux européennes de mai, François-Xavier Bellamy, fustige la supposée « mise en scène » par Emmanuel Macron de son « opposition avec Marine Le Pen », estimant dans une interview au Journal du dimanche du 10 mars que le chef de l’Etat mène « aussi une politique de la peur ».

« Le danger qui guette notre démocratie, c’est que nous soyons condamnés à un deuxième tour perpétuel entre Macron et Le Pen », a souligné M. Bellamy. « Un double rejet, ce n’est pas un choix. La politique n’est pas un combat entre ennemis, mais un débat entre des visions concurrentes », a-t-il poursuivi.

« Si Emmanuel Macron met en scène son opposition avec Marine Le Pen, c’est parce qu’il voudrait n’avoir d’autre adversaire que le populisme. Il dénonce une politique de la peur, il a raison. Mais son clip de campagne, qui commence par des battements de cœur sur une musique d’apocalypse, c’est aussi une politique de la peur », s’est-il insurgé.

En ce sens, la tête de liste LR lance un avertissement au président de la République : « dire que la seule alternative à sa majorité c’est le chaos, c’est lui ouvrir la porte » car « toute démocratie vit d’alternance ».

« Mettre fin à l’impuissance de l’UE face au défi migratoire »

Dans cet entretien, l’enseignant en philosophie revient également sur la proposition d’Emmanuel Macron de « remettre à plat Schengen », en affirmant vouloir « aller plus loin ». « Notre projet est clair : mettre fin à l’impuissance européenne face au défi migratoire », assure de son côté M. Bellamy en plaidant pour que les demandes d’asile soient effectuées « hors d’Europe, dans des pays tiers sûrs ».

Se prononçant en faveur d’un contrôle accru aux frontières nationales « quand c’est nécessaire », M. Bellamy a souligné que « pour accueillir quelqu’un chez soi, encore faut-il avoir un chez-soi ! » Selon lui, « l’anxiété de la société française vient de là : il y a une différence majeure entre le choix d’ouvrir la porte à quelqu’un qui vous demande d’entrer et le fait de ne plus avoir de porte à ouvrir parce que de toute façon plus rien ne protège l’entrée ».

M. Bellamy a aussi affirmé que LR dévoilerait « plusieurs dizaines de propositions concrètes pour l’avenir de l’Europe » le 16 mars, lors du conseil national du parti.

Selon un sondage IFOP pour le JDD, M. Bellamy est connu « ne serait-ce que de nom » par 39 % des personnes interrogées, un taux honorable au regard de son noviciat en politique. Il bénéficie d’une notoriété plus élevée chez les sympathisants LR : 67 %. L’enquête porte sur 1 005 personnes interrogées en ligne les 7 et 8 mars (marge d’erreur de 1,4 à 3,1).

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10 mars 2019

Le vote blanc plébiscité lors du grand débat

Par Patrick Roger

En décembre, Emmanuel Macron s’est dit ouvert à l’idée de la prise en compte des bulletins blancs. Une idée régulièrement évoquée par les « gilets jaunes ».

C’est un thème plébiscité tant chez les « gilets jaunes » que dans les réunions du grand débat : la reconnaissance du vote blanc.

Dans le questionnaire « Démocratie et citoyenneté » proposé sur le site du grand débat, la question est explicitement formulée et il est probable que le sujet soit abordé à l’occasion de la conférence qui se tiendra sur ce thème lundi 11 mars au ministère de la justice avec les représentants d’associations représentatives de la société civile, d’associations d’élus et d’organisations syndicales et patronales.

Certes, depuis la loi du 21 février 2014, « les bulletins blancs sont décomptés séparément et annexés au procès-verbal » mais, pour autant, « ils n’entrent pas en compte pour la détermination des suffrages exprimés ». Concrètement, cela se traduit par un seul ajout de ligne dans la présentation des résultats électoraux : là où, auparavant, bulletins blancs et bulletins nuls étaient comptabilisés ensemble, ils le sont désormais séparément. Sans que cela ait quelque conséquence que ce soit sur l’affichage des résultats.

Faut-il considérer les votes blancs comme des suffrages exprimés ? Lors de son allocution télévisée du 10 décembre 2018, Emmanuel Macron s’est dit ouvert au débat, ce qui n’engage à rien. Lui-même, lors de la campagne présidentielle, n’était pas partisan de la reconnaissance du vote blanc. « Je veux que soient posées les questions qui touchent à la représentation ; la possibilité de voir les courants d’opinion mieux entendus dans leur diversité, une loi électorale plus juste, la prise en compte du vote blanc et même que soient admis à participer au débat des citoyens n’appartenant pas à des partis », déclarait-il lors de son intervention.

Procéder à une nouvelle élection

Jusqu’à la promulgation de la loi du 21 février 2014, les bulletins blancs étaient assimilés aux bulletins nuls : une règle qui remonte au décret du 2 février 1852, mais qui est régulièrement contestée depuis. Dès 1880, deux députés du Vaucluse, Alfred Naquet et Jean-Baptiste Saint-Martin, déposaient une proposition de loi visant à mettre fin à cette assimilation.

En vingt ans, entre 1993 et 2012, pas moins de vingt-six propositions de loi ayant pour objet la reconnaissance du vote blanc ont été enregistrées à l’Assemblée nationale, sans plus de succès, jusqu’à ce que la proposition déposée le 24 juillet 2012 par François Sauvadet, député (Union des démocrates et indépendants, UDI) de la Côte-d’Or, parvienne à son terme, sous une forme édulcorée. Le texte proposé par M. Sauvadet comptait en effet reconnaître les bulletins blancs comme des suffrages exprimés, mention supprimée par un amendement en séance à l’Assemblée nationale pour rendre possible son adoption.

Pourquoi de telles réserves sur la reconnaissance du vote blanc comme un suffrage exprimé ? Le premier argument est d’ordre constitutionnel. L’article 7 de la Constitution prévoit que « le président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés ». La prise en compte des bulletins blancs comme suffrages exprimés pourrait conduire à une situation où aucun des deux candidats du second tour n’obtiendrait la majorité absolue. Dans un tel cas, il faudrait alors procéder à une nouvelle élection. Sauf à modifier préalablement la Constitution.

L’hypothèse n’est pas farfelue. En 2012, en incluant les bulletins blancs et nuls, qui n’étaient pas encore décomptés séparément et s’élevaient à 5,82 % des votants, François Hollande n’aurait recueilli au second tour que 48,62 % des suffrages et Nicolas Sarkozy 45,54 %. Même cas de figure en 1995, où Jacques Chirac n’aurait obtenu que 49,5 % des suffrages, blancs et nuls représentant alors 5,97 % des votants. Lors de l’élection présidentielle de 2017, la première où les bulletins blancs ont été décomptés séparément, ils représentaient à eux seuls 8,52 % des votants. Le score d’Emmanuel Macron au second tour aurait été alors de 60,29 % des suffrages exprimés au lieu de 66,10 %.

Ce ne serait pas la seule conséquence de la reconnaissance du vote blanc comme suffrage exprimé. En premier lieu, un projet soumis à référendum ne pourrait être adopté que si le nombre de bulletins « oui » était supérieur à celui des « non » et des blancs réunis. En l’espèce, un non-choix équivaudrait à un vote contre. Il faut aussi tenir compte du fait que de nombreuses règles électorales reposent sur un seuil de suffrages exprimés.

Durcissement des conditions d’accès au second tour

Ainsi, pour pouvoir se maintenir au second tour, il faut obtenir au premier 10 % aux régionales et aux municipales, le seuil étant fixé à 5 % pour pouvoir fusionner.

La prise en compte des bulletins blancs durcirait donc les conditions d’accès au second tour. Idem pour l’accès au remboursement des frais de campagne dans la plupart des scrutins. Ce qui est présenté comme une avancée démocratique aurait donc comme effet paradoxal de restreindre l’expression pluraliste au détriment des formations politiques minoritaires.

CE QUI EST PRÉSENTÉ COMME UNE AVANCÉE DÉMOCRATIQUE AURAIT DONC COMME EFFET PARADOXAL DE RESTREINDRE L’EXPRESSION PLURALISTE AU DÉTRIMENT DES FORMATIONS POLITIQUES MINORITAIRES.

Plus généralement, cela conduit à s’interroger sur le sens du vote. Fondamentalement, celui-ci a pour objet de désigner des représentants ou de répondre à une question posée dans le cadre d’une consultation. A quoi correspond le non-choix exprimé par le vote blanc ? Expression d’un mécontentement, d’une contestation de basse intensité, refus ou crainte de se prononcer par manque d’information ou par désintérêt ? Les motivations sont diverses. Comment, dès lors, leur donner sens ? Faudrait-il prévoir une représentation des votes blancs et sous quelle forme ?

Les rares exemples étrangers où les votes blancs sont reconnus montrent la difficulté de l’exercice. Le système italien est à peu près équivalent à celui instauré en France depuis 2014. En Espagne, le vote blanc est considéré comme valide et pris en compte pour le seuil de suffrages à obtenir pour participer au partage des sièges à pourvoir. En revanche, ce partage s’effectue uniquement sur la base des suffrages exprimés. De même aux Pays-Bas où, en sus, pour qu’une option l’emporte à l’occasion d’un référendum, il faudra qu’elle recueille la majorité absolue des suffrages exprimés, incluant les bulletins blancs. En Suède aussi, les votes blancs sont considérés comme valides pour les référendums. En Suisse, les votes blancs sont comptabilisés dans certains scrutins locaux.

Il faut traverser l’Atlantique pour trouver des pays où le vote blanc peut avoir une influence décisive. A commencer par la Colombie, où les votes blancs, reconnus comme « une expression de la dissidence politique, d’abstention ou de désaccord avec les politiques », sont comptabilisés dans les suffrages exprimés pour tous les scrutins, y compris présidentiel. Et si les votes blancs obtiennent la majorité absolue dans le cadre d’un scrutin uninominal majoritaire, il est procédé à une nouvelle élection à laquelle les candidats précédents ne peuvent pas se représenter. Le Pérou est encore plus précautionneux : l’élection est annulée si les deux tiers des électeurs votent blanc, ce qui rend l’hypothèse hautement improbable.

La seule question qui vaille, en définitive, est de savoir si la reconnaissance du vote blanc est de nature à remédier aux maux dont souffre la démocratie représentative en France, et au-delà. D’évidence, la crise est trop profonde pour s’en satisfaire.

6 mars 2019

Pour Macron, la « renaissance » de l’Europe passe par plus de protection

macron jupiter europe

Par Jean-Baptiste Chastand

Dans une tribune publiée lundi dans les médias de vingt-huit pays de l’UE, le président français tourne la page du discours de la Sorbonne, qui avait marqué le début du quinquennat.

Le temps de la « refondation » de l’Europe s’est soldé par un bilan inégal, alors voici venu le temps de la « renaissance ». Dans une tribune publiée lundi 4 mars dans les médias de vingt-huit pays européens, Emmanuel Macron tourne la page du discours de la Sorbonne, qui avait marqué en septembre 2017 le début du quinquennat en promettant une refondation de l’Europe. A moins de trois mois des élections européennes du 26 mai, l’heure est à un programme moins large, mais peut-être plus applicable.

Finie l’époque du grand discours proeuropéen qui devait déclencher un vaste débat sur tous les sujets dans tout le continent, face aux « nationalistes sans solution » et au Brexit. Le nouveau projet européen du chef de l’Etat est désormais autant resserré sur le fond que sur la forme.

En quatre pages, le président français décline son projet de « renaissance européenne » en une dizaine de propositions regroupées en trois thèmes : « la liberté, la protection et le progrès ». Ces propositions doivent se concrétiser lors d’une « conférence pour l’Europe » que le président français espère réunir d’ici la fin de l’année 2019. A cette occasion, la possibilité d’une « révision des traités » ne doit pas être un « tabou ». Mais la grande ambition « d’une Europe souveraine, unie et démocratique » prononcée à la Sorbonne, dont la terminologie même pouvait évoquer une volonté de saut fédéraliste, a été remisée.

Propositions plus intergouvernementales

Désormais, les propositions les plus marquantes sont de nature plus intergouvernementale. Surtout, elles tournent en priorité autour de la sécurité et de la défense. Le mot « zone euro » n’est par exemple pas cité une seule fois, alors qu’il l’était 18 fois à la Sorbonne. Le président français semble donc se contenter de la maigre ébauche de budget de la zone euro dont les contours ont été actés en décembre mais dont le fonctionnement exact est toujours en discussion. Il ne parle plus non plus de « convergence fiscale » au sein de l’Europe, malgré le peu d’avancées sur cette question depuis son élection.

La « renaissance européenne » passe en priorité par un renforcement de la protection face aux menaces extérieures de tous types. Il appelle ainsi à une réforme en profondeur de l’espace Schengen, cette zone de libre circulation qui regroupe vingt-deux Etats-membres de l’Union européenne, qu’il n’avait même pas mentionnée en 2017. « La frontière, c’est la liberté en sécurité », affirme-t-il, en liant la « remise à plat » de ce traité appliqué de manière erratique depuis la crise des réfugiés de 2015 à un accord sur une amélioration de la gestion des flux migratoires. Il réclame ainsi de ceux qui veulent continuer d’en faire partie de « remplir des obligations de responsabilité (contrôle rigoureux des frontières) et de solidarité (une même politique d’asile, avec les mêmes règles d’accueil et de refus) ».

Lundi soir, l’entourage du président laissait clairement entendre qu’il serait par exemple prêt à conditionner le maintien de la liberté de circulation des personnes et des marchandises hongroises à un engagement du premier ministre ultraconservateur Viktor Orban à recevoir des demandeurs d’asile. Une telle conditionnalité devrait inévitablement braquer les Etats d’Europe centrale. S’il évoque, comme à la Sorbonne, une « police des frontières commune » et un « office européen de l’asile », deux projets déjà sur les rails, il veut désormais les placer sous le contrôle d’un « Conseil européen de sécurité intérieure » aux contours flous, mais qui pourrait de facto être composé de représentants des Etats, plutôt que de la Commission ou du Parlement européen.

Prise de distance avec les Etats-Unis

L’autre proposition forte concerne la défense. En mettant sur la table un « traité de défense et de sécurité », il propose un saut d’ampleur. A la Sorbonne, le locataire de l’Elysée avait proposé une simple « initiative européenne d’intervention » qui avait pour but de renforcer la coordination entre armées. Le traité proposé passerait lui à l’étape « des obligations » en matière notamment d’« augmentation des dépenses militaires » ou de « défense mutuelle rendue opérationnelle ». Par ailleurs, cet embryon de défense européenne ne se ferait plus en « complément de l’OTAN », mais simplement « en lien » avec l’organisation transatlantique. Une manière d’acter la prise de distance avec les Etats-Unis de Donald Trump. Le président français souhaiterait même y associer le Royaume-Uni dans le cadre d’un « Conseil de sécurité européen ».

Cette promesse de protection face au monde extérieur se retrouve dans ses propositions en matière de politique commerciale. M. Macron veut « sanctionner ou interdire en Europe les entreprises qui portent atteinte à nos intérêts stratégiques et nos valeurs essentielles ». Une proposition pas très éloignée de la sanction de « toute pratique déloyale » déjà évoquée à la Sorbonne.

Mais aussi en matière de démocraties puisqu’il propose une « Agence européenne de protection des démocraties » destinée à protéger les élections « des cyberattaques et des manipulations » et d’interdire « le financement des partis politiques européens par des puissances étrangères ». Même si elle n’est pas explicitement mentionnée, la menace d’une ingérence russe est clairement sous-entendue. Il n’est en revanche fait nulle part mention des menaces démocratiques venues de l’intérieur alors que les atteintes à l’Etat de droit se sont multipliées un peu partout en Europe ces dernières années, sans que l’UE parvienne à s’y opposer.

Ceux qui chercheront dans la partie « progrès » des propositions plus sociales devront se contenter de sa proposition d’un assez flou « bouclier social » des travailleurs européens destiné à leur garantir « la même rémunération sur le même lieu de travail » partout sur le continent, un principe normalement déjà acté dans la réforme du travail détaché adoptée en 2017. Le président français évoque aussi un « salaire minimum européen adapté à chaque pays », une vieille préoccupation française qui peine toujours à être mise en place.

L’environnement est aussi brièvement mentionné avec une ambition « zéro carbone en 2050 » et la création d’une « Banque européenne du climat » pour financer la transition. Dans cette partie, la tribune propose également de renforcer le budget du nouveau Conseil européen de l’innovation et de « créer une supervision européenne » des géants du numérique. Mais là encore, ce serait pour, en priorité, « sanctionner les atteintes à la concurrence ». On l’a donc bien compris : les piliers « liberté » et « progrès » du triptyque de la « renaissance » sont réduits à la portion congrue face à celui sur la « protection », qui transpire en réalité dans tout le texte. « Dans cette Europe, les peuples auront vraiment repris le contrôle de leur destin », promet en conclusion le président français.

26 février 2019

Emmanuel Macron

25 février 2019

La photographe de l'Elysée diffuse une image d'Emmanuel Macron en maraude auprès de sans-abri

Emmanuel Macron a participé, lundi dernier, à une maraude avec le Samu social de Paris, sans que la presse soit avertie.

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Emmanuel Macron et des membres du Samu social échangent avec une personne sans abri, le 18 février 2019 à Paris.Emmanuel Macron et des membres du Samu social échangent avec une personne sans abri, le 18 février 2019 à Paris. (SOAZIG DE LA MOISSONNIERE / PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE)

Les clichés ont été pris le 18 février. La photographe de l'Elysée a publié sur son compte Instagram, dimanche 24 février, des photos d'Emmanuel Macron participant à une maraude du Samu social dans les rues de Paris. Un déplacement réalisé en toute discrétion, sans que la presse n'ait été convoquée.

Mais des internautes ont repéré les clichés postés sur le réseau social par Soazig de la Moissonnière, photographe officielle de l'Elysée. On y voit le chef de l'Etat, en jeans, dialoguer avec des sans-abri.

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maraude23

Alors que le président de la République a participé à une maraude lundi 18 février, certains rappellent une mesure annoncée par le gouvernement l'année dernière

Bonjour,

Une photo d’Emmanuel Macron participant à une maraude avec le Samu, lundi 18 février, a été publiée dimanche par la photographe officielle du président, Soazig de la Moissonnière sur son compte Instagram. Le cliché montrant le président agenouillé devant la tente d’une personne sans-abri a été repris sur les réseaux sociaux. Certains reprochent à Emmanuel Macron de faire un coup de communication alors qu’il a «baissé de 57 millions d’euros le financement des centres d’hébergement».

David Perrotin

@davidperrotin

 Ceci n’est pas de la communication #Macron

Aldous Huxley

@AldousH10202698

Et pendant ce temps là, le même Président baisse de 57 millions les financements des centres d'hébergement qui accueillent les sans-abri. Ça vaut bien une petite séance photo au chevet des SDF. https://twitter.com/ramonaradu3/status/1099708804885815298 …

Ramona Radu

@RamonaRadu3

Une photo tellement parlante, qui vaut plus que mille mots.

Notre président ⁦@EmmanuelMacron⁩ lors d’une maraude du Samu Social de #Paris en début de cette semaine.

Toujours à l’écoute.#Macron

Ce type nous prend vraiment pour des cons 🤬

Après avoir :

➡️baissé de 57 millions € les crédits de l hébergement d'urgence

➡️baissé de 1 milliards€ les APL,

Il vient faire sa Com' sur le dos des #SDF qu'il a lui-même mis à la rue

Odieux 🤢

Comme nous l’avons expliqué dans Libération en avril 2018, le gouvernement a lancé un plan d’économie de 57 millions d’euros en quatre ans des crédits affectant les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), dont 20 millions en 2018. Ces structures accueillent des personnes en difficulté pour des périodes allant jusqu’à plusieurs années dans une perspective de réinsertion. Contacté par Libé, le ministère de la Cohésion des territoires a indiqué que ces économies s’inscrivaient dans un souci «d’homogénéisation du prix de journée. Actuellement, ils varient considérablement d’un établissement à un autre».

Des pérennisations de places

En réponse aux critiques adressées à Emmanuel Macron, vous signalez sur Twitter que le nombre de places en hébergement d’urgence a augmenté. En avril 2018, Jacques Mézard, alors ministre de la Cohésion des territoires a annoncé le maintien de 5 000 places d’hébergement sur les 15 000 créées à titre temporaire l’hiver. Un nombre identique de places avait été maintenu en 2017. D’après les chiffres disponibles sur le site du ministère, le nombre de places en hébergement d’urgence ouvertes toute l’année n’a cessé d’augmenter depuis 2013. Il est passé de 91 865 à l’hiver 2013-2014 à 132 124 à l’hiver 2017-2018.

Malgré cette hausse, les associations de lutte contre les exclusions «restent sur leur garde» explique tout de même notre collègue Tonino Serafini au printemps dernier. Selon un document obtenu par Libération, les financements de l’Etat dévolus aux dispositifs d’hébergement allaient être réduits de 38 millions d’euros en 2018 en région parisienne. «Les services de l’Etat annoncent une restriction des crédits au moment même où le ministre affirme vouloir pérenniser des places», s’était étonné un responsable associatif.

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21 février 2019

La leçon du Sénat à Macron

benallasenat

Pour le président de la République, reparti comme en 40 à la faveur de ses prestations lors du grand débat et de sa remontada sondagière, le rapport au vitriol du Sénat sur l’affaire Benalla sonne comme un avertissement. « Irresponsabilité », « incompréhensible indulgence », « dysfonctionnements majeurs » dans le réacteur central du pouvoir, avec trois des principaux collaborateurs du président épinglés. A ce verdict implacable, il faudrait ajouter l’enfermement (l’Elysée n’est pas appelé « le château » pour rien) et l’arrogance. « Il n’y aurait pas eu d’affaire Benalla si une réponse appropriée avait été prise dès le 2 mai 2018 », a cinglé dans son préambule le président de la commission d’enquête, Philippe Bas. C’est toute la rhétorique élyséenne qui a été démontée par le minutieux travail des sénateurs, dans ce bel exercice démocratique de contrôle de l’action de l’exécutif. Contrairement à ce qu’a toujours affirmé la majorité, ce n’était pas qu’une affaire d’été, ou alors il n’y a vraiment plus de saisons. C’était surtout bien plus que la dérive d’un collaborateur : une forme de système dévoyé ou… amateur, comme on voudra. Le coup est rude pour Macron, mais depuis la crise des Gilets jaunes, on nous assure qu’il a changé, gagné en humilité. Peut-être… mais pour ses relais, on repassera. Benjamin Griveaux a préféré dénoncer des « contrevérités » et Gilles Le Gendre, le patron des députés LREM, rarement « subtil » quand il joue en défense, a fustigé un rapport rédigé pour « être accablant » avec un objectif à « l’évidence politique ». A poursuivre dans cette voie, ils se condamnent à boire le calice Benalla jusqu’à la lie. Au bureau du Sénat de décider des suites judiciaires à donner. Cette fois, ce n’est pas Jupiter mais Gérard Larcher, président de la Haute-Assemblée, qui tient la foudre. Le Parisien

16 février 2019

Chevènement : « Il faut retrouver l’esprit de la Ve République, le sens de l’intérêt public »

Par Sylvia Zappi - Le Monde

Alors qu’il publie un livre sur ses cinquante ans d’engagement politique, le président de la fondation Res Publica et ancien candidat à la présidentielle de 2002, analyse la crise que traversent actuellement la France et l’Europe.

Président de la fondation Res Publica, Jean-Pierre Chevènement a publié, le 14 février, Passion de la France (Robert Laffont, 1 568 pages, 34 euros), un ouvrage dans lequel celui qui a été ministre de l’éducation nationale, de la défense comme de l’intérieur, revient sur les moments forts de ses cinq décennies d’engagements.

L’ex-candidat à la présidentielle de 2002 parle des thèmes qui lui sont chers – la nation et la République, l’Etat et le citoyen, l’Europe et la relation franco-allemande – et livre son analyse de la crise politique actuelle.

Quel regard portez-vous sur la situation sociale créée par les « gilets jaunes » ?

C’est une crise française mais aussi européenne. Elle touche tous les pays engagés dans la mondialisation depuis près d’un demi-siècle. Il n’y a pas une nation européenne qui ne soit en crise. En France, celle-ci revêt des caractéristiques originales. Les « gilets jaunes » s’inscrivent dans une tradition de jacquerie, d’émeute populaire.

On pourrait évoquer le sans-culotisme. Encore que ce dernier débouchait sur un projet républicain, plus ou moins illuministe, au sens des Lumières, ou égalitariste, au sens du babouvisme. Rien de comparable avec les « gilets jaunes ». Mais nous constatons, à l’aune de cette crise, une fracture sociale, territoriale, démocratique, institutionnelle et européenne qui vient de loin.

C’est-à-dire ?

La fracture sociale est l’effet d’une désindustrialisation consentie depuis quarante ans par nos classes dirigeantes : la part de notre industrie dans notre production est passée de plus de 20 % à 10 %. Les classes moyennes inférieures sont socialement les plus touchées, en France comme dans les pays les plus anciennement industrialisés.

Vient ensuite la fracture territoriale : treize trop grandes régions et le relèvement à 15 000 habitants du seuil des intercommunalités. On en est même venu à vouloir élire leurs présidents au suffrage universel ! C’est le meilleur moyen de délégitimer les maires et de saper la commune en tant qu’échelon de base de la démocratie.

A quarante ou cinquante communes, les décisions ne sont plus prises par les maires mais par le directeur général des services !

A cela s’ajoute une crise de la démocratie représentative…

Le sentiment que tout est permis et qu’il n’y a plus de règles de vie collective s’est banalisé. Le déclin du civisme ne peut nourrir que l’extrême droite.

La crise est aussi institutionnelle. Le quinquennat a excessivement durci les institutions de la Ve République : les députés, élus dans la foulée de l’élection présidentielle, apparaissent comme les agents du gouvernement et non plus comme les représentants du peuple. Il faudrait revenir sur cette mesure qui, à l’usage, comporte plus de défauts que d’avantages. Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron, cette démocratie corsetée éloigne les citoyens du politique.

Le gouvernement envisage une réforme des institutions comme réponse à la crise actuelle. Est-ce pertinent ?

L’actuelle proposition de révision des institutions doit être revue. La réduction du nombre de parlementaires est difficilement compatible avec l’introduction d’une dose significative de proportionnelle. La prise en compte du vote blanc, à laquelle je suis favorable, ne changera rien à l’essentiel. Ce qui serait fondamental, c’est la déconnexion de la durée des mandats présidentiel et parlementaire. Cela ferait respirer la démocratie.

On pourrait aussi rendre le référendum obligatoire sur certains sujets comme les réformes constitutionnelles ou les transferts de compétence à l’échelon européen et même aller dans le sens d’un référendum partagé. La rénovation de la démocratie représentative me paraît plus judicieuse que l’instauration d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC). Il faut qu’un pays comme la France soit gouvernable. Mais ce qui compte avant tout, c’est la restauration du civisme, il faut refaire un peuple de citoyens.

« RESTE QU’EMMANUEL MACRON A UN PROBLÈME : LE DÉGAGISME DONT IL A PROFITÉ ET QUI LE FRAPPE AUJOURD’HUI. IL DOIT EN COMPRENDRE L’ORIGINE »

On est confronté à une crise du politique et d’un système de pensée installé depuis des décennies…

Les leviers de commande échappent aujourd’hui aux responsables élus. La droite et la gauche, les partis dits « de gouvernement », n’ont adapté leur fonctionnement aux institutions de la Ve République que pour en trahir l’esprit. Ils ont été solidaires des mêmes engagements qu’ils ont défendu ensemble – l’Acte unique, le traité de Maastricht, le traité de Lisbonne, le pacte budgétaire européen (TSCG). Ils ont fini par faire la même politique. Donc les électeurs se sont de plus en plus désintéressés du jeu politique.

Regardez la montée de l’abstention ou celle des votes extrêmes ou alternatifs depuis au moins deux décennies. Les partis dits « de gouvernement » (Les Républicains et le Parti socialiste), à la dernière élection présidentielle, ont totalisé 26 % des voix seulement.

Reste que le président Emmanuel Macron a un problème : le dégagisme dont il a profité et qui le frappe aujourd’hui. Il doit en comprendre l’origine. Il devra alors en tirer les conséquences. Il le sait parfaitement, d’ailleurs : lors de ses vœux aux Français, le 31 décembre 2018, il a dit lui-même que nous approchions de la fin du cycle néolibéral.

Ce cycle, il faut le clore à moindres frais, en rebattant les cartes. C’est difficile, mais y a-t-il une autre voie ? Macron ne peut pas s’en sortir par une formule de type centriste, que les Français ont rejetée. Il faut retrouver l’esprit de la Ve République et le sens de l’intérêt public, sans opposer l’Europe et la nation. Sinon on fera le lit de l’extrême droite. Nous avons besoin de bâtir une alternative républicaine solide qui réponde aux besoins qu’ont les Français d’une meilleure sécurité économique, sociale, culturelle.

Il y a une grande méfiance envers les élus. Cela vous inquiète-t-il ?

Je rappelle qu’en 1982 et 1983, nous avions plafonné à 65 000 francs le salaire [21 0000 euros] des présidents des entreprises nationales. Aujourd’hui, au lieu de s’attaquer aux élites financières et à ceux qui vivent très grassement de leurs rémunérations, qui atteignent des niveaux affolants, on préfère pourfendre l’indemnité des parlementaires ! Mais c’est oublier que celle-ci a été faite pour libérer l’élu national des pressions excessives des lobbys.

Cette défiance populaire à l’égard des politiques vient aussi du fait qu’on a refusé de voir le gigantesque transfert de compétences vers des instances non élues et qui n’ont de comptes à rendre à personne.

C’est le cas de la Commission européenne. Celle-ci, sur la base de l’Acte unique, véritable passeport pour le néolibéralisme, a multiplié des centaines de directives dont celle, en particulier, qui a permis la libéralisation des capitaux à l’échelle mondiale, et avant même toute harmonisation de la fiscalité du capital. Tout le monde n’y a vu que du feu quand cet Acte a été présenté comme la perfection du marché commun. Les parlementaires n’ont pas compris qu’ils déléguaient un immense pouvoir à la Commission. Le peuple français a été pris par surprise et quand il s’est ravisé en 2005, en votant contre le traité constitutionnel européen, on lui a fait comprendre qu’il était trop tard.

C’est à vos yeux l’origine de la fracture européenne ?

Oui, mais elle a échappé à la plupart des citoyens. Le traité de Maastricht était censé arrimer l’Allemagne à l’Europe. En réalité, il a arrimé l’Europe au néolibéralisme et à l’ordolibéralisme allemand. Il faudrait remettre sur la table toutes les données de la construction européenne, réunir une grande conférence européenne et revoir les traités.

Comment jugez-vous la politique européenne d’Emmanuel Macron ?

Le pari initial qu’il a fait sur l’Allemagne de Mme Merkel débouche sur une impasse : la relance qu’attendait le président de la République à hauteur de plusieurs points de produit intérieur brut n’est pas du tout à l’ordre du jour. Il s’est mis dans les clous de Maastricht et Berlin n’a pas renvoyé l’ascenseur.

Il aurait fallu une politique contracyclique avec des investissements de plusieurs centaines de milliards d’euros programmés sur quelques années pour enclencher une véritable relance européenne, comme le font les Etats-Unis ou la Chine. Avec un gouvernement allemand demeuré totalement immobiliste, l’Allemagne a de fait manqué la chance qu’était pour elle l’élection d’Emmanuel Macron.

C’est cette politique qui nourrit la défiance des Français à l’égard de l’Europe ?

Les Français sont légitimement amenés à se poser la question de savoir ce que leur propose le gouvernement comme projet à moyen et long terme. L’Europe européenne est une bonne idée, mais il ne faut pas la confondre avec « la souveraineté européenne ».

Cette formulation entretient l’illusion supranationaliste d’un peuple européen, dont on sait bien qu’il n’existe pas. Je suis partisan d’un grand débat sincère où tout est mis sur la table. Prenons la mesure du temps long et des erreurs commises. Cela permettra les réorientations nécessaires.

14 février 2019

Alain Juppé quitte la mairie de Bordeaux pour rejoindre le Conseil Constitutionnel

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Par Jean-Baptiste Jacquin, Cédric Pietralunga - Le Monde

L’ex-premier ministre a été proposé par le président de l’Assemblée nationale. L’ancien ministre Jacques Mézard a été désigné par Emmanuel Macron et le sénateur (LR) du Cher François Pillet par Gérard Larcher.

Le Conseil constitutionnel va accueillir trois nouveaux membres, choisis par le président de la République et les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale. S’il n’y avait guère de suspense sur le choix de l’ancien ministre Jacques Mézard – par Emmanuel Macron – et du sénateur (Les Républicains, LR) du Cher François Pillet – par Gérard Larcher –, Richard Ferrand, au Palais-Bourbon, a gardé le mystère jusqu’au bout.

Alors que la rumeur annonçait le président de la Cour des comptes Didier Migaud, un choix qui aurait été soufflé par le chef de l’Etat, le président de l’Assemblée nationale a finalement décidé de proposer Alain Juppé, mercredi 13 février. Une surprise de taille tant le maire de Bordeaux semblait vouloir finir sa carrière en Aquitaine. L’ancien premier ministre avait d’ailleurs assuré, lors de sa réélection en 2014, qu’il irait au bout de son mandat municipal, qui s’achève en 2020.

Ces trois personnalités, tous des hommes, devront passer en audition devant les commissions des lois des deux assemblées avant de pouvoir succéder à Lionel Jospin, Michel Charasse et Jean-Jacques Hyest, dont les mandats s’achèvent le 11 mars. S’ils obtiennent l’assentiment des parlementaires, ce qui ne fait guère de doute, ils entameront, le 12 mars, un mandat de neuf ans au sein du Conseil constitutionnel.

« Un homme d’Etat »

Pour justifier le choix d’Alain Juppé, pourtant un ancien adversaire politique, l’ancien socialiste Richard Ferrand a loué dans un communiqué « un homme d’Etat, fort d’une expérience de la décision publique, qui saura avec une véritable exigence républicaine garantir le respect des principes et des règles fondamentales de la Constitution de la République ».

« C’est une très bonne nouvelle pour la République », a abondé le premier ministre Edouard Philippe, mercredi soir sur LCI. Selon plusieurs sources, c’est le chef du gouvernement qui aurait soufflé le nom de M. Juppé, dont il est très proche.

En offrant le poste à l’ancien bras droit de Jacques Chirac, l’exécutif s’attache l’une des figures de la droite et entrouvre la porte à un accord avec ses soutiens lors des européennes du 26 mai et des municipales de 2020. « En choisissant Mézard [ancien membre du Parti radical de gauche] et Juppé, on tient les deux bouts », se réjouit l’un des stratèges de la Macronie, en référence à une expression utilisée en 2015 par le cofondateur de l’UMP, aujourd’hui en rupture de ban avec le parti LR.

« Il faudra peut-être songer un jour à couper les deux bouts de l’omelette pour que les gens raisonnables gouvernent ensemble et laissent de côté les deux extrêmes, de droite comme de gauche, qui n’ont rien compris au monde », avait expliqué dans Le Point celui qui était alors candidat à la primaire de la droite, finalement remportée par François Fillon. Une stratégie adoptée avec succès deux ans plus tard par Emmanuel Macron.

Comme la loi l’y oblige, Alain Juppé a immédiatement annoncé sa démission de la mairie de Bordeaux. « C’est avec une profonde émotion que je me prépare à quitter mes fonctions de maire et de président de la métropole de Bordeaux qui m’ont procuré tant de bonheur, a-t-il assuré dans un communiqué publié mercredi. J’ai décidé, il y a plusieurs mois, de ne pas me représenter à l’élection municipale de mars 2020. Je comptais annoncer cette décision au lendemain des européennes fin mai. Ma nomination bouleversera ce calendrier. »

Carrière politique privilégiée

Dans le dosage hybride du Conseil constitutionnel, composé de neuf membres, dont quatre femmes actuellement, c’est donc la carrière politique qui a cette fois été privilégiée sur les profils d’universitaires ou de magistrats. Laurent Fabius, qui préside l’institution du Palais Royal, s’est toujours réjoui qu’elle ne soit pas réservée à des juristes mais ouverte à des personnalités qui ont participé à la fabrication de la loi ou aux décisions gouvernementales.

Interrogé le 12 février sur le profil idéal pour y siéger, celui qui fût le plus jeune premier ministre de la Ve République, a énuméré les trois qualités qui lui paraissent essentielles : « l’expérience, la compétence, l’indépendance ». Avant de poursuivre : « La diversité est très utile au Conseil constitutionnel, nous faisons du droit, mais ce croisement d’expériences est tout à fait remarquable. »

Pour accroître l’autorité de cette institution, Laurent Fabius a néanmoins appuyé le projet de réforme constitutionnelle, toujours officiellement au programme, qui prévoit de supprimer le siège réservé de droit aux anciens présidents de la République. Avec une exception sur mesure permettant à Valéry Giscard d’Estaing de continuer de venir de temps en temps, alors que Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande n’ont pas souhaité faire valoir cette possibilité.

« Cimetière d’anciens ministres »

La communauté du droit est néanmoins déçue. « Faire du Conseil constitutionnel un cimetière d’anciens ministres ou chefs de gouvernement n’est pas rendre service à cette institution qui cherche à se mesurer aux cours constitutionnelles des grandes démocraties », estime un professeur d’université. « La qualité de ces trois hommes ne fait aucun doute, mais la confusion que ces nominations entretiennent sur les relations entre le Conseil et le pouvoir politique est regrettable », ajoute l’un des membres de l’illustre collège, sous couvert d’anonymat.

Outre le choix de M. Juppé, celui de Jacques Mézard ressemble il est vrai à une récompense pour l’ancien ministre de la cohésion des territoires, mis au ban du gouvernement lors du remaniement d’octobre 2018. Il avait depuis retrouvé son fauteuil de sénateur radical du Cantal. « C’était le moyen de le sortir calmement du gouvernement alors qu’il n’avait pas démérité », décrypte un parlementaire de la majorité. Avocat de formation, M. Mézard s’est montré vigilant au Sénat sur les principes de séparation des pouvoirs.

Seule certitude, ces trois nominations ne vont pas diminuer la moyenne d’âge du Conseil constitutionnel : M. Juppé affiche 73 ans, M. Mézard 71 ans et M. Pillet 68 ans. Sauf incident, ils siégeront jusqu’en 2028.

9 février 2019

Débat National

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8 février 2019

Emmanuel Macron : « En continuant de “disrupter”, Macron semble défier toutes les lois dont ont été victimes ses prédécesseurs

Par Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde »

Dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde », observe qu’en dépit d’une communication chaotique, le président pourrait gagner la bataille du grand débat. En attendant, il remonte dans les sondages.

Les représentants du « vieux monde », tous ces élus qui croient aux règles intangibles de la Ve République observent l’actuel occupant de l’Elysée avec des yeux ronds. Ils comptent le nombre de fautes politiques qu’a pu commettre Emmanuel Macron depuis son élection et se régalent de le voir continuer d’en faire, en toute candeur, comme si le jeune président n’avait encore rien appris de cet âpre métier qu’est la politique.

Prenez cette affaire de référendum censée clore le grand débat national au printemps prochain. Il fait partie des quelques armes dont dispose un chef de l’Etat affaibli pour tenter de regagner en légitimité. Mais pour que le coup porte, encore faut-il savoir ménager l’effet de surprise puis mener promptement campagne en profitant de l’état de sidération des adversaires. En un mot être jupitérien.

Or, depuis une semaine c’est tout le contraire qui se produit. Le référendum est bel et bien envisagé pour tenter de répondre à la crise démocratique mais on ne sait pas sur quoi il portera concrètement ni quand il sera utilisé ni d’ailleurs s’il le sera.

De l’art de gâcher ses munitions

Loin de souder les fantassins autour du président, il crée des dissensions jusque dans son proche entourage à cause des effets perturbateurs que la consultation pourrait avoir sur le scrutin européen du 26 mai. Les opposants, par ailleurs, ne désarment pas. Mieux, ils disposent d’un argument supplémentaire : si le référendum est déjà brandi alors même que le débat national n’est pas clos, si les réponses sont déjà concoctées dans le secret des cabinets, c’est que le haut a déjà préempté le bas, que tout est joué d’avance, Français circulez, il n’y a rien à dire !

Bref, la communication est si chaotique que l’exécutif est obligé de corriger le tir : si référendum il y a, il ne sera qu’un outil parmi d’autres d’une réponse qui ne saurait être purement institutionnelle. De l’art de gâcher ses munitions.

Ce n’est pas la première fois. Déjà, à l’automne 2018, alors que les périls montaient, Emmanuel Macron avait mal maîtrisé le feu présidentiel. Il s’était laissé surprendre par la démission de deux de ses ministres – Nicolas Hulot et Gérard Collomb –, puis il avait refusé de se servir du remaniement comme arme de la contre-attaque : les changements qu’il avait opérés dans son gouvernement avaient été tardifs, poussifs, sans éclat et ne lui avaient procuré aucun souffle nouveau. Bref, il s’était mis en danger.

Continuer de « disrupter »

Et pourtant, c’est ce même kamikaze qui, aujourd’hui, remonte dans les sondages et ce faisant semble défier toutes les lois dont ont été victimes ses prédécesseurs : même tombé très bas, un président peut espérer regagner du terrain mais à une condition : s’affranchir des vieilles règles, en un mot continuer de « disrupter ».

Confronté à la colère si ce n’est la haine d’une partie des Français, M. Macron a adhéré à l’idée du grand débat national malgré le scepticisme de l’opinion et contre l’avis de la plupart de ses conseillers qui trouvaient l’exercice trop risqué, difficilement maîtrisable, une véritable boîte de Pandore. Au lieu de quoi le débat prend, il faut juste ne pas en avoir peur.

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