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Jours tranquilles à Paris
18 mars 2017

Le Bon Marché désormais ouvert le dimanche

Plus besoin d’attendre les fêtes de fin d’année ou les semaines de promotions pour aller faire ses courses au Bon Marché (VII e) le dimanche. Dès ce week-end, le grand magasin (groupe LVMH, propriétaire du « Parisien ») et la Grande Epicerie implantés dans une zone touristique internationale ouvriront désormais sept jours sur sept.

Le Bon Marché est le quatrième grand magasin de Paris, après le BHV en juillet 2016 et les grands magasins du boulevard Haussmann au mois de janvier, à signer un accord avec les syndicats pour l’ouverture dominicale. Le texte garantit le volontariat et prévoit une majoration financière de 100 % le dimanche et des contreparties financières croissantes pour le samedi (jusqu’à 75 % au-delà de 24 samedis par an) en fonction du nombre de week-end travaillés. En revanche, le travail dominical n’est pas assorti de repos compensateur. Une commission de suivi a été mise en place. L’accord signé par les partenaires sociaux prévoit aussi des créations d’emplois.

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18 mars 2017

Dans les gares, des voyageurs devenus, malgré eux, des consommateurs

Par Cécile Prudhomme

Comme les aéroports avant elles, les gares empruntent résolument la voie du commerce, générant ainsi de nouvelles recettes pour la SNCF.

Terminé le temps où il fallait s’armer de patience et d’un bon livre en attendant son train. Aujourd’hui pour passer le temps, les voyageurs sont invités, dans les grandes gares, à dépenser dans les boutiques situées aux abords des quais, comme ils le feraient dans n’importe quel centre commercial. Et ce, sept jours sur sept dans douze grandes gares dites « d’affluence exceptionnelle » (Paris, Lyon, Nice…) depuis la loi Macron pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques d’août 2015.

Dix millions de personnes arpentent chaque jour les gares françaises, dont 750 000 à la gare du Nord à Paris, la première en Europe. Un tiers d’entre elles vont dans les boutiques, indique Patrick Ropert, directeur général de SNCF Gares & Connexions, filiale du groupe ferroviaire.

Espaces baignés de lumière

Dans cette forme de commerce très atypique, le projet emblématique du moment est le réaménagement complet de la gare Montparnasse. De 10 000 mètres carrés actuellement, la place qu’y occupent les commerces et les restaurants passera à 18 600 mètres carrés, au quatrième trimestre 2020.

Des espaces baignés de lumière extérieure dignes d’un aéroport ultramoderne fondus dans une architecture de centre commercial dernier cri, « là où aujourd’hui, l’ambiance, sombre, est un peu anxiogène et étouffante, avec de nombreux courants d’air », constate Ludovic Castillo, directeur général d’Altarea Commerce, l’un des acteurs du projet.

Façade et intérieurs seront entièrement refaits, et les flux des voyageurs repensés. Finis les espaces perdus, les réserves non exploitées et les grands guichets consacrés à la billetterie rendus caducs par le numérique ; les 90 millions d’usagers de la gare Montparnasse à échéance 2020 – contre 70 millions actuellement – seront obligés de passer devant les vitrines de la galerie marchande.

Ce projet de rénovation est mené conjointement par la SNCF et la société foncière Altarea Cogedim, qui en a remporté la concession pour une durée de trente ans. La foncière a investi 120 millions d’euros et a lancé la commercialisation des futures boutiques, le 7 mars.

Le chantier de l’ensemble de la gare a débuté fin 2016, mais la pose de la première pierre, en présence d’Anne Hidalgo, la maire de Paris, prévue initialement en avril, a été décalée à septembre une fois passé le tumulte des élections présidentielles.

Objectif : capter le flux de voyageurs

Montparnasse n’est pas la seule à développer son activité marchande. S’appuyant sur le succès de la transformation de la gare Saint-Lazare à Paris depuis 2012 et ses 11 000 mètres carrés de commerces, Gares & Connexions fourmille de projets.

La filiale de la SNCF a annoncé, mercredi 15 mars, lors du Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim), le lancement, en mai, d’un appel d’offres pour choisir un trio réunissant un architecte, un constructeur et un investisseur afin de transformer la gare du Nord d’ici à 2023. La rénovation de la gare de Bordeaux, dotée de nouveaux commerces, sera, elle, achevée en juin. A Lyon Part-Dieu, la surface vouée aux commerces devrait augmenter prochainement. « Nous travaillons aussi sur la transformation des [gares] Nantes et de Rennes pour 2020 », souffle M. Ropert.

« Aéroports, gares, aires d’autoroute, stations de métro : les zones de transit sont devenues des lieux d’expérimentation mais aussi des lieux de vie et de rencontres. Pour capter le flux de voyageurs, potentiellement consommateurs, de nouvelles offres de commerces et de services sont expérimentées », constate le cabinet Xerfi, dans une étude publiée en avril 2016.

La SNCF a vite flairé le bon filon, s’inspirant de la réussite de modèles implantés dès les années 1970 au Japon. Et comme l’établissement public était novice sur la question, il s’est associé, à l’occasion de sa première opération à Saint-Lazare en 2009, au promoteur immobilier spécialiste des centres commerciaux, Klépierre (150 sites en Europe, dont Créteil Soleil, Val d’Europe, Belle Epine…).

Doubler les revenus des concessions commerciales

A la Gare de l’Est et sur une partie de la gare du Nord, le groupe ferroviaire a fait affaire avec Altarea Cogedim (41 centres dont Qwartz à Villeneuve-la-Garenne, Cap3000 à Nice et Bercy Village dans le 12e arrondissement à Paris).

« Aujourd’hui, commercialiser des espaces en gare c’est aussi notre métier, et nous privilégions les concessions lorsque nous cherchons une contribution d’investissement supplémentaire », explique M. Ropert.

D’ici à 2022, la SNCF a prévu d’investir plus de 2 milliards d’euros pour améliorer les gares. Elle entend aussi doubler les revenus de ses concessions commerciales dans les huit ans qui viennent. En 2016, les recettes issues des loyers commerciaux encaissés par sa filiale Gares & Connexions ont progressé de 8 % sur un an.

« Le chiffre d’affaires moyen d’une gare est de 13 000 euros au mètre carré pour l’opérateur, c’est près du double d’un bon centre commercial », précise M. Castillo, ajoutant que lorsqu’une gare se rénove, le chiffre d’affaires d’un magasin Relay bondit de 60 %.

Recettes adaptées

Car la clientèle des espaces marchands logés à l’intérieur des gares n’est pas uniquement celle des voyageurs utilisant les trains. « Dans les grandes gares parisiennes, 30 % des clients qui viennent pour consommer ou utiliser des services ne prennent pas le train, contre 20 % en moyenne en France », constate M. Ropert.

D’autant plus que les travaux de rafraîchissement des commerces s’accompagnent de plus en plus d’une ouverture de l’espace de transport sur la ville. A Saint-Lazare en 2016, si 57 % des clients des boutiques étaient des Franciliens, et 11 % des provinciaux, 32 % étaient parisiens.

Mais il a fallu s’adapter car les recettes qui fonctionnent dans un centre commercial classique ne sont pas les mêmes dans les zones de transit. « Le temps passé dans une gare est en moyenne de 30 minutes contre 1 h 30 à 2 heures dans un centre commercial », rappelle M. Castillo. Et dans une galerie marchande de périphérie, « les gens viennent pour la destination et découvrir l’offre commerciale, alors que dans une gare, il faut les attirer, et les fidéliser pour les faire acheter », renchérit Beñat Ortega, directeur des opérations de Klépierre.

La manne de clients potentiels est sans commune mesure. Tous les ans, 150 millions de personnes fréquentent Saint-Lazare, contre 20 millions au centre commercial de Créteil Soleil ou près de 18 millions à Val d’Europe.

Des charges de loyer élevées

La gare, et plus généralement les lieux de transit, pourraient donc représenter l’avenir du commerce, englué dans une certaine atonie.

Les moins du modèle ? Des charges de loyers, dont les montants sont gardés secrets, mais que les enseignes estiment deux fois plus élevées que celles acquittées dans un centre commercial. Les plus ? Une certaine souplesse due au fait que les commerçants ne sont pas propriétaires de leur fonds et une durée des baux, en moyenne de six ans, inférieure aux dix ans minimum dans un centre commercial.

L’offre commerciale doit aussi répondre à l’attente de ces consommateurs un peu particuliers. « La plupart des gens sont pressés et les achats doivent se faire rapidement. De ce fait, nous y mettrons un peu moins de textile que dans un centre commercial classique, plus de bijouterie, de parfumerie, d’accessoires, et d’alimentation », indique M. Ortega.

« Il y a des produits adaptés au commerce en gare et le chocolat en fait partie », appuie Philippe Jambon, président de Jeff de Bruges, qui précise ne pouvoir s’implanter que dans des stations fréquentées par des voyageurs à fort pouvoir d’achat. « Dans le chocolat, il faut une certaine image. Mais cela fait partie de nos meilleurs chiffres d’affaires. La rentabilité, c’est une autre histoire, car il y a davantage d’amplitude horaire, et donc de charges de personnel. »

« Un excellent vecteur de publicité »

A Saint-Lazare, l’ensemble des baux commerciaux arrivant à leur terme, un vaste processus de renouvellement s’est enclenché pour deux ans. Certains commerces ayant vu leur loyer grimper de 30 % ont décidé de ne pas rester. Pour d’autres, ce nouveau format est attractif.

En témoigne l’expérience de Nature & Découvertes qui l’a testé sous forme de magasin éphémère sur le parvis de la gare de Lyon entre novembre 2016 et février 2017. « Un excellent vecteur de publicité pour rappeler aux gens que nous existions, mais pas un emplacement fort pour le commerce à cet endroit, selon Antoine Lemarchand, PDG de l’enseigne. Sur le parvis, les gens ne font que passer pour aller prendre leur train et ils ont peu de temps. Cela a d’ailleurs généré beaucoup de ventes sur notre site Internet. »

Un essai qui ne demande qu’à être transformé voire amplifié. Nature & Découvertes va demander à faire partie des magasins permanents situés à l’intérieur de la gare.

18 mars 2017

Tati à Barbès, la fin d’un mythe ?

L'emblématique magasin Tati avait pourtant décidé de donner un coup de jeune à ses vitrines. Mais cela n’a apparemment pas suffi. Frappée de plein fouet par la crise de l’habillement, la célèbre enseigne, propriété d’Eram, est menacée de fermeture. Une banque d’affaire a été mandatée pour vendre les 140 boutiques.

Par  Cécile Beaulieu

Voilà presque soixante-dix ans que le vaisseau amiral du discounter Tati se dresse à l’angle du boulevard Barbès et du boulevard Rochechouart (XVIII e), face au métro aérien. Fondé par Jules Ouaki, le temple de l’habillement à bas prix et sa célèbre bannière en vichy rose et blanc, est même devenu l’emblème de ce quartier populaire qui se cherche désormais un nouveau destin. Seulement voilà : Tati est aujourd’hui menacé.

Propriété du groupe Eram, l’enseigne est, comme tant d’autres, frappée de plein fouet par la crise de l’habillement et accumule les pertes, au point qu’une banque d’affaire a été mandatée pour vendre les 140 boutiques de l’hexagone. Celle de Barbès, victime elle aussi de son image vieillissante, avait pourtant décidé de suivre le mouvement.

Pour se mettre au diapason de l’évolution du quartier (lire ci-dessous), le magasin avait donné un coup de jeune à ses vitrines, rompu avec les bacs extérieurs débordants d’articles en promotion et réorganisé ses rayons, collant ainsi au nouveau look d’un secteur en pleine gentrification. Cela n’a apparemment pas suffi. « On nous a annoncé la nouvelle, lâche, peu loquace, une vendeuse. C’est vrai que les clients semblent moins nombreux, et l’offre est tellement importante qu’ils ont le choix d’aller voir ailleurs. Autrefois, Tati était presque seul à pratiquer de très bas prix… C’est fini ». La direction, quant à elle, n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, qui, pourtant, n’est pas sans intéresser les clients.

« C’est incroyable ! s’exclame Hélène, qui fréquente les lieux depuis près de vingt ans et ignorait les déboires du magasin. Tati est indissociable du quartier depuis tellement de temps. C’est la première boutique que j’ai fréquentée en arrivant à Paris de ma province. J’étais étudiante, je n’avais pas beaucoup d’argent… Et je reviens aujourd’hui encore. »

« J’ai pourtant l’impression que ça ne désemplit pas, s’étonne une autre cliente. Mais peut-être que le repreneur conservera la boutique et surtout son nom, si emblématique », espère-t-elle. En 2015, déjà, Eram avait tenté de mettre en vente les magasins Tati, avant de jeter l’éponge.

 

16 mars 2017

LONDRES : La tyrannie des talons aiguilles recule dans les bureaux de la City

Par Philippe Bernard, Londres, correspondant

Le Parlement de Westminster a débattu d’une mesure interdisant le port obligatoire des talons hauts sur le lieu de travail.

LETTRE DE LONDRES

Grâce à Nicola Thorp, une actrice londonienne de 28 ans, la tyrannie des talons aiguilles vient de reculer dans les bureaux de la City. Gagnant sa vie comme réceptionniste, la jeune femme avait été limogée sans solde en 2015 pour avoir refusé de troquer ses ballerines pour les talons de 5 à 10 cm qu’exigeait de ses employées Portico, l’agence qui l’avait recrutée pour le compte du cabinet d’audit PriceWaterhouseCoopers.

Révoltée, elle avait lancé sur le site du Parlement une pétition destinée à « rendre illégale l’exigence des talons hauts pour les femmes au travail ». Son initiative a déclenché un torrent de réactions. Twitter a été inondé de photos de talons plats mis en ligne par des salariées rebelles tandis que le texte de la réceptionniste recueillait plus de 152 000 signatures, dépassant le cap des 100 000 exigées pour déclencher un débat parlementaire.

Pour nourrir cette discussion, qui a eu lieu lundi 6 mars à Westminster, la commission parlementaire sur les femmes et l’égalité a mené l’enquête et ouvert un forum en ligne où les témoignages ont afflué : 730 rien qu’au cours de la première semaine.

Une vendeuse a raconté qu’on lui demandait de porter des jupes plus courtes et de se déboutonner à l’approche de Noël, au moment où la clientèle se masculinise. Une hôtesse de l’air a témoigné qu’elle se sentait « prostituée » par l’exigence des talons hauts. Coloration blonde et décolletés obligatoires sont aussi de rigueur dans certaines entreprises.

Une question de santé publique

Le code vestimentaire que l’agence Portico avait tenté d’imposer à Nicola Thorp était d’une insolente précision : ses employées devaient porter des collants « non opaques », les racines de leurs cheveux devaient être « invisibles » et leur maquillage être « réajusté régulièrement ».

Quant à leurs chaussures, elles devaient effectivement comporter des talons « de 2 à 4 pouces » (5 à 10 cm). La firme exigeait aussi le choix de l’une des quatorze nuances de vernis à ongles répertoriées par elle.

« J’ai refusé de travailler pour une société qui demande aux femmes de porter du maquillage, des talons et une jupe, a témoigné la pétitionnaire. On dit que le sexisme n’est plus un problème. Mais quand un homme qui a avoué publiquement harceler sexuellement les femmes est le leader du monde libre, il est plus crucial que jamais d’avoir des lois qui protègent les femmes. »

Au sexisme s’ajoute une question de santé publique : les souffrances et les troubles articulaires causés par le port prolongé de talons aiguilles. Consulté par les parlementaires, le Collège de podologie en a dressé la liste : « équilibre réduit, mobilité de la cheville limitée, force musculaire du mollet affaiblie » pouvant provoquer « des douleurs invalidantes ».

Intitulé « Talons hauts et codes vestimentaires sur le lieu de travail », le rapport de la commission parlementaire publié en janvier a établi que « les codes vestimentaires discriminatoires demeurent courants dans certains secteurs de l’économie ». Les élus ont réclamé au gouvernement une application de la loi anti-discrimination de 2010 qui prohibe toute règle dont l’application est « moins favorable » aux personnes de l’un des sexes. Ils demandent également que les pénalités prévues soient effectivement infligées.

Theresa May, amoureuse de ses escarpins

Le 6 mars, le Parlement de Westminster a débattu d’une mesure interdisant le port obligatoire des talons hauts sur le lieu de travail. « Nous avons repéré des attitudes qui relèvent davantage, j’allais dire des années 1950, mais peut-être même plus des années 1850, que du XXIe siècle », a déclaré Helen Jones, la députée (Labour) qui préside la commission parlementaire des pétitions en ouvrant la discussion.

La séance a aussi mis en lumière les obstacles rencontrés par les salariés désireux de porter plainte. Depuis 2013, la saisine de l’équivalent britannique des prud’hommes est soumise au paiement d’une taxe qui, en matière de discrimination, atteint 250 livres (286 euros) pour la plainte et 950 (1 088 euros) pour l’audience. D’où une chute nette du nombre des recours. Les coupes budgétaires imposées à la Commission de l’égalité et des droits humains (équivalent du Défenseur des droits) n’ont pas aidé non plus les employés, en particulier les précaires, à faire valoir leurs droits.

Ni sur ce point ni sur les talons hauts, le gouvernement de Theresa May n’a l’intention de changer la loi : « Les dress codes des entreprises doivent être raisonnables et formuler des exigences équivalentes pour les hommes ou les femmes, a seulement rappelé Downing Street. C’est la loi et les employeurs doivent la respecter. »

L’ironie est que l’image de Mme May dans l’opinion britannique est intimement liée à l’originalité de ses chaussures qui, a-t-elle plaisanté un jour, sont « le plus grand amour » de sa vie. Ses escarpins à impression léopard et ses chaussures basses aux talons sertis de diamant sont légendaires.

Nicola Thorp n’est décidément pas en phase avec la première ministre. Celle-ci, lorsqu’elle était chargée des femmes et de l’égalité au gouvernement en 2011, avait déclaré que « les codes vestimentaires traditionnels en fonction du sexe » favorisent « un sentiment de professionnalisme ».

Même l’agence Portico, par qui le « scandale des talons aiguilles » est arrivé, ne le prétend plus. Peu après avoir été mise en cause, elle a changé son dress code : ses exigences vestimentaires ne se réfèrent désormais plus au sexe des employés. Les talons plats ont conquis droit de cité à la City.

8 mars 2017

Journée de la Femme

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2 mars 2017

Je suis bordélique, et alors ?

Une étude menée en 2014 révèle que les environnements brouillons favorisent l’émergence de nouvelles idées.

Oui, on peut s’épanouir dans le bazar. Un livre qui vient de paraître réhabilite tous ceux que le rangement hérisse.

Par   Audrey Renault

Amis désordonnés, le temps est venu de déculpabiliser. Des chercheurs de Yale (Etats-Unis) viennent de révéler que le cortex cingulaire antérieur, la zone de notre cerveau associée à la douleur, est stimulé lorsque nous nous débarrassons des objets qui nous entourent. Lors de votre prochaine crise de rangement, réfléchissez-y donc à deux fois avant de balancer cette vieille pile de magazines lus il y a des années mais qui végètent sur un coin de table ou ce vieux pull que, certes, vous ne mettez plus, mais qui vous rappelle des vacances au ski. Pour la Canadienne Jennifer McCartney, aucune raison de s’imposer la corvée masochiste du rangement. Son best-seller outre-Atlantique « De la joie d’être bordélique » (Ed. Mazarine, 10 €) a débarqué la semaine dernière dans les librairies françaises. Une contre-attaque bienvenue face à la doxa de l’organisation que nous rabâchent en chœur coachs de vie et gourous du développement personnel.

« Si votre désordre ne menace pas votre santé, votre sécurité ou celles de ceux qui vous entourent, alors il n’y a pas de quoi en faire un drame », assure le psychologue-psychothérapeute Emeric Languérand. « Et puis, qu’est-ce qu’être bordélique ? Une pile de vêtements sur une chaise peut vous paraître un vrai fouillis alors que votre ami s’y retrouvera parfaitement. Tout est une question de vision des choses. Certains peuvent d’ailleurs être très organisés au bureau mais incroyablement bordéliques dès qu’ils arrivent chez eux », explique-t-il.

Plus créatifs ?

Une étude de 2014, menée par la docteure en psychologie Kathleen Vohs de l’université du Minnesota (Etats-Unis), révèle que les environnements ordonnés encouragent ce qui est conventionnel là où un paysage plus chaotique stimule l’émergence de nouvelles idées. Les personnes qui vivent entourées de bazar seraient ainsi plus créatives, voire plus intelligentes. « Si un bureau en désordre est le signe d’un esprit désordonné, alors de quoi un bureau vide est-il le signe ? » s’amusait Albert Einstein, connu pour ses plans de travail en chantier. Emeric Languérand nuance  : « Il n’existe aucun lien entre organisation brouillonne et esprit supérieur. La créativité ne découle pas du désordre, c’est l’inverse. Chez les grands chercheurs ou artistes, c’est le génie productif qui prend le pas sur l’ordre domestique », explique-t-il en prenant pour exemple Pablo Picasso qui, se consacrant à son art, ne prenait pas le temps de ranger. Une fois sa maison envahie par son foutoir créatif au-delà du supportable, il la vendait, en rachetait une autre et recommençait son petit manège. Aucune raison donc de vous flageller pour quelques malheureuses chaussettes qui traînent.

Et chez les enfants ?

Si les adultes peuvent gérer leur propre bazar, pour les enfants et les ados, c’est une tout autre affaire. Ce sont les parents qui font face aux champs de bataille laissés par leur progéniture. A l’image de Pascal qui se désole du « foutoir » de Léa, 13 ans : « Sa mère et moi passons notre temps à nous battre pour qu’elle mette un peu d’ordre. Pas par souci d’autorité, c’est plus pour la préparer au monde du travail ou à la vie à deux. » Une bonne initiative, selon le docteur Emeric Languérand : « Ranger sa chambre est l’occasion de comprendre que la réalité n’est pas toujours négociable. Si des parents peuvent tolérer un désordre, employeurs ou conjoints ne seront pas forcément aussi conciliants. » Léa, elle, assume : « Ranger, je considère que c’est une perte de temps. Mais, dès que je ne m’y retrouve plus, je trie et nettoie. » Pour Emeric Languérand, mieux vaut pourtant ranger au fur et à mesure pour « intégrer dans son quotidien des tâches qui ne sont pas des sources de plaisir. C’est un début d’apprentissage de la nécessité de tenir compte des autres ».

22 février 2017

Le savon en odeur de sainteté

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Parfums délicats, emballages à l’ancienne… Le savon naturel a retrouvé sa place dans la salle de bains. Et serait même en passe de détrôner le gel douche, jugé trop chimique.

Par Zineb Dryef

Le savon, un produit cosmétique de luxe.

Longtemps, la savonnette a eu mauvaise réputation. Elle ne mousse pas, elle glisse des mains, se fendille en séchant, déshydrate la peau… Le gel douche semblait avoir remporté la bataille, la mention « sans savon » s’affichant même sur les flacons comme un gage de qualité. Et voilà que le pain de savon fait son retour, porté par l’engouement pour les cosmétiques simples, artisanaux, garantis sans produits toxiques.

Le savon de Marseille, un best-seller

« Les ventes de produits liquides stagnent alors que les solides progressent énormément », confirme Julie Bousquet-Fabre, la présidente de l’Union des professionnels du savon de Marseille (UPSM). Parmi les best-sellers, l’incontournable savon de Marseille, cuit au chaudron, mais aussi des pains issus de la saponification à froid, une technique ancestrale qui permet de produire des savons surgras et riches en glycérine végétale.

« Ce type de savons se reconnaît à trois caractéristiques : la détergence (le savon lave), l’hydratation (il contient 8 % à 8,5 % de glycérine végétale) et le surgras (6 % à 6,5 % d’huile végétale restent à l’état d’huile) », explique Franck Peiffer, fondateur de Gaiia, qui écoule environ 10 000 unités par mois. Depuis 2015, la marque, labellisée Slow Cosmétique, a multiplié « par trois ou quatre » son chiffre d’affaires.

« ON DÉCOUVRE QU’ON SE TARTINE LA PEAU DEPUIS DES ANNÉES AVEC DES PRODUITS NÉFASTES ALORS QU’IL EXISTE UNE ALTERNATIVE SIMPLE : LE SAVON DE NOS GRANDS-MÈRES. » FRANCK PEIFFER, DE GAIIA

Qu’importe la méthode de production : à condition qu’il soit végan, Cruelty Free et zéro déchet, le savon à l’ancienne n’est pas seulement hydratant, il répond aux préoccupations environnementales grandissantes du public.

« On découvre qu’on se tartine la peau depuis des années avec des produits chimiques néfastes pour notre santé et pour l’environnement alors qu’il existe une alternative simple : le savon de nos grands-mères », poursuit Franck Peiffer.

Même constat de la part d’Agnès Laffourcade, fondatrice de la marque Enfance Paris : « Il y a deux ans, l’offre en soins sans produits chimiques compliqués était pauvre », se souvient-elle. Pour pallier cette lacune, la jeune mère de famille a développé elle-même les savons 100 % naturels et biologiques dont elle rêvait pour ses enfants. « La seule alternative d’excellente qualité aux produits chimiques, c’est le pain de savon à l’ancienne. »

Dites-le avec une savonnette !

A la différence du vilain bloc grisonnant qui traînait dans un coin de la salle de bains, le savon nouvelle génération est joli, ludique et bien emballé. Le raffinement désuet des conditionnements – papier kraft aux imprimés graphiques chez Fresh, packaging Art déco pour les pains de savon Claus Porto – en fait des objets de décoration à part entière.

Ainsi, le succès de la marque brésilienne Granado, lancée en France par Le Bon Marché en 2012, réside autant dans la qualité de ses savons aux parfums délicats – châtaigne du Brésil, hamamélis, iris et fleur d’oranger… – qu’à leurs emballages rétro. « Offrir un savon est devenu un nouveau geste, observe Agathe Missey, acheteuse beauté au Bon Marché. C’est la nouvelle bougie. Un cadeau distingué et délicat. »

Le secteur du luxe s’est aussi emparé de cette nostalgie de la savonnette. Hermès commercialise des savons dont le packaging reproduit les motifs iconiques de la maison ; Chanel décline ses fragrances phares en galets pour le bain.

« Les savons traditionnels ont longtemps souffert de leur look vieillot, constate Agnès Laffourcade. Quand j’ai lancé Enfance, je me suis dit que quitte à fabriquer un produit avec une composition d’excellence, l’emballage aussi devait être pointu. » Ses savons sont enveloppés dans du papier de soie, déposés dans des boîtes aux imprimés pastel et montés sur de jolis rubans. Ils sont si beaux que les clients rechignent parfois à les utiliser. Alors, s’amuse Agnès Laffourcade, ils lui demandent pourquoi elle ne vend pas aussi… du gel douche.

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21 février 2017

Le carnaval de Venise démasqué pour des raisons de sécurité

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Sur fond de menaces terroristes qui secouent l’Europe depuis 2015, les autorités italiennes ont pris la décision de renforcer la sécurité pendant le Carnaval de Venise en imposant la levée des masques à tous ceux qui souhaitent rentrer sur la Place Saint-Marc.

Afin de limiter au maximum la menace terroriste lors de l'illustre Carnaval de Venise les autorités locales ont pris la décision de renforcer les dispositifs de sécurité.

De ce fait, les Vénitiens et les hôtes de la ville voient davantage de policiers sur le terrain, en civil et en uniforme durant la semaine de festivités.

​Seulement deux entrées permettent d'accéder à la place Saint-Marc et il est demandé aux festivaliers de tomber les masques. Les sacs sont également scrupuleusement contrôlés et doivent passer par la case détecteur de métaux. Les canaux de Venise sont également placés sous la surveillance des policiers qui effectuent des patrouilles par des canots consacrés. Aucun accident n'a été signalé pour l'instant.

​Le Carnaval de Venise se déroule dans la cité des Doges du 11 au 28 février 2017. Après le coup d'envoi les samedi et dimanche 11 et 12 février 2017, les festivités les plus importantes débutent à partir du 18 février 2017. Au programme, une infinie variété de costumes et de nombreux spectacles, des jeux, des mascarades et des courses.

Cette année, à cause de la menace terroriste accrue par les attaques perpétrées dans les villes européennes, la présence policière et les contrôles sont renforcés durant toute la durée des festivités.

20 février 2017

Carnaval de Venise

19 février 2017

Manifestation contre les violences policières : « Il y a des actes intolérables »

Par Chloé Marriault - Le Monde

Plus de 2 000 personnes se sont rassemblées samedi à Paris en soutien à Théo L., victime d’un viol présumé lors d’une interpellation à Aulnay-sous-Bois.

Venu de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), Albafika, 32 ans, a déjà participé à plusieurs rassemblements de soutien à Théo L., ce jeune victime d’un viol présumé lors d’une interpellation violente, le 2 février, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

Place de la République à Paris, samedi 18 février, ce professeur d’économie et de gestion explique ne « plus se sentir en sécurité face à la police ». « Quand j’étais petit, je voulais être policier. Mais en voyant leurs violences, j’ai compris que ce n’était pas ça, la justice », confie-t-il.

Il ajoute, désabusé : « D’où je viens, les enfants ont peur de la police. Je suis révolté mais je sais pertinemment que même en étant ici, rien ne va changer. Je ne suis pas confiant, on n’est pas assez unis. Beaucoup de gens ne se mobilisent pas en se disant que les autres le feront à leur place. »

« Des bavures qui restent impunies »

Autour de lui, des manifestants scandent « On n’oublie pas, on ne pardonne pas ! », « Police partout, justice nulle part », « C’est l’impunité et l’injustice, alors désarmons la police ! » Jeunes, moins jeunes, familles avec des enfants… Plusieurs milliers de personnes (2 300 selon la police, entre 4 000 et 5 000 selon les organisateurs) se sont rassemblées pour dénoncer les violences policières. Certaines brandissent une affiche avec les inscriptions « De Zyed et Bouna à Théo et Adama, à bas le racisme et la violence d’Etat ».

Heloïse, 42 ans, participe pour la première à un rassemblement contre les violences policières depuis l’interpellation de Théo L. En tant que simple citoyenne, précise-t-elle, et non comme militante. « Les faits sont choquants, inexcusables. La défense de la police ne tient pas debout, j’attends que justice soit faite. Il devrait y avoir un mouvement d’ampleur pour soutenir Théo, mais aussi pour Adama et les autres. »

Danièle, 63 ans, habitante du 4earrondissement de Paris, est venue au rassemblement place de la République avec son mari. « Il existe dans la police des actes intolérables, des bavures qui restent impunies. Cela encourage d’autres policiers à agir impunément », déplore t-elle. La police doit, selon elle, retrouver un « caractère de protection de la population », plutôt que de se concentrer sur la « répression ».

« Ne pas les mettre tous dans le même panier »

Julien, 20 ans, étudiant en sciences sociales à l’université de Nanterre, raconte avoir assisté à des violences policières lors de rassemblements contre la loi travail au printemps, auxquels il a participé. Il a vu des manifestants « gazés, matraqués, insultés » et fustige « l’injustice » et « les violences policières dans leur ensemble, pas seulement les violences physiques mais également les humiliations ». « C’est un problème qui gangrène notre société, estime-t-il, les pouvoirs publics ne font pas ce qu’ils devraient faire. »

Espérant un rassemblement pacifique, Ambre, 15 ans, se tient à distance des quelques manifestants qui, en fin d’après-midi, tentent de provoquer les forces de l’ordre. Elle a fait le déplacement de Seine-Saint-Denis avec son amie Maë pour« dénoncer les abus de policiers » mais précise ne pas vouloir « les mettre tous dans le même panier », car « certains essaient de faire bien leur travail ».

Les organisateurs avaient appelé au calme et souhaité une mobilisation statique. Après la dispersion de la manifestation, quelques centaines d’individus s’en sont toutefois pris aux forces de l’ordre. Face aux jets de projectiles, les policiers ont répliqué avec du gaz lacrymogène et des charges. Treize personnes ont été interpellées, selon la préfecture de police.

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