L’urinoir de rue installé sur le quai d’Anjou, dans le IVe, a été vandalisé par le mouvement féministe. Sa situation sous les fenêtres de l’hôtel de Lauzun fait polémique.
Leur expérimentation fait polémique. Mais c’est la première fois que l’un des « uritrottoirs », ces urinoirs écologiques installés par la mairie de Paris, est mis hors service suite à un acte de vandalisme.
C’est le « numéro 4 », celui du quai d’Anjou, sur l’Ile Saint-Louis, qui a fait les frais des Femen, dans la nuit de jeudi à vendredi, si l’on en croit le dessin d’un poing levé sur le trottoir, symbole du mouvement.
Ces dernières n’ont pas fait dans la dentelle. Bouché par des morceaux de ciment et des tampons hygiéniques, l’engin a surtout été recouvert d’affiches aux slogans explicites : « une b… correcte est une b… rangée », martèle un autocollant.
Une enquête ouverte
« Les femmes qui sortent leurs seins pour allaiter sont priées de se cacher, les hommes qui sortent leur sexe pour uriner sont subventionnés par la mairie, proclame une autre affichette. Les b… en public, c’est non ! »
Alors que les dégâts ont été constatés vendredi matin, la mairie de Paris a déposé plainte dans l’après-midi. L’enquête a été confiée au commissariat du IVe arrondissement.
Des urinoirs qui font polémique
Rectangles rouges surmontés d’une jardinière, ces urinoirs publics font débat. Outre les accusations d’exhibition, ils apparaissent pour les féministes comme une manifestation flagrante de discrimination.
Ces dernières années, le nombre de sanisettes a drastiquement diminué dans la capitale, réduit à environ 400 aujourd’hui. Elles sont accusées de drainer l’insécurité, et d’abriter trafic de drogue ou prostitution. Dans le même temps, nombreux étant les hommes parisiens à uriner dans la rue, les uritrottoirs sont apparus comme une alternative.
Les premiers ont été installés au printemps, d’abord près de la place de Clichy, puis près de la gare de Lyon et dans un square du Ve. Les deux derniers l’ont donc été quai d’Anjou, puis aux abords de la gare du Nord. Celui de l’île Saint-Louis, notamment, a déclenché la colère des riverains, qui prévoyaient de lancer une pétition réclamant sa suppression.
Une lutte contre les « pipis sauvages »
À l’inverse, leurs promoteurs rappellent que ces uritrottoirs ont d’abord été pensés pour la nuit, destinés aux fêtards, et beaucoup moins pour la journée, où leurs utilisateurs sont particulièrement exposés…
« On est juste à côté d’un square où se retrouvent beaucoup de sans-abri qui font leurs besoins là où ils peuvent : c’est plutôt très pratique et utile pour eux », se félicitait toutefois cette semaine dans nos colonnes un habitant du Xe, travaillant à deux pas de celui installé, il y a quelques jours, rue Bossuet.
« Il en faudrait même deux vu le volume d’urine qu’on trouve ici chaque matin », jugeait un autre habitant, quand le maire (PS) de l’arrondissement Alexandra Cordebard, prônait leur généralisation pour lutter contre le fléau des « pipis sauvages ».