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Jours tranquilles à Paris

20 avril 2018

Sexualités plurielles, pourquoi tant de niches ?

Par Maïa Mazaurette - Le Monde

Fictosexuel, panromantique, asexuel… Si la catégorisation de nos sexualités connaît une croissance exponentielle, c’est parce que les vieilles catégories ne correspondent plus à notre réalité contemporaine, affirme Maïa Mazaurette, chroniqueuse de « La Matinale ».

Etes-vous autosexuel (vous n’avez de désir que pour vous-même) ou homoflexible (homo avec des exceptions) ? Panromantique (vous aimez tout le monde mais ne couchez avec personne) ou skoliosexuel (vous ne convoitez que les queers) ? Les ficto préfèrent les personnages de fiction, les abrosexuels changent d’avis constamment. Si vous cherchez une liste exhaustive, bon courage : le champ des dénominations sexuelles est mouvant, surprenant, inspirant. Il prolifère, connaît des tendances autant que des grands classiques. Et si la multiplication des sous-catégories comme des petits pains fait parfois sourire, pour d’autres, elle est un motif de tension permanente.

Car c’est bien la raison principale de la catégorisation exponentielle de nos sexualités : les vieilles catégories (homme-femme, homo-hétéro, bisexuel les jours de fête) ne marchent plus. Elles traînent des millénaires de codes qui ne correspondent pas à notre réalité contemporaine… et franchement, ça n’est pas une mauvaise nouvelle qu’on sache enfin compter plus loin que deux. Connaissez-vous beaucoup de gens adorant se compliquer la vie pour rien ? Non ? Eh bien, nous nous compliquons la vie pour quelque chose : nous sous-catégorisons parce que nous en avons besoin, et parce que les valeurs associées traditionnellement à la masculinité ou à la féminité, l’absence de fluidité attendue dans nos orientations sexuelles ont pris un coup de vieux. Genre, orientation : tout est à reconstruire.

Certains objecteront que c’est beaucoup de bruit pour peu de morts d’hommes (ah, les morts d’hommes…). Sauf qu’il s’agit parfois, effectivement, de vie ou de mort. Ces questions ne sont pas cosmétiques. Se déclarer gay dans un pays aux lois homophobes revient à mettre ses jours en danger. On a vu récemment des individus se décrire comme androphiles plutôt qu’homosexuels, en réaction à ce qu’ils perçoivent comme les « excès » des cultures gays. Et chacun peut comprendre que les personnes intersexes, ou en transition, en aient assez de choisir entre deux identités qui ne leur correspondent pas. Notons aussi que la division strictement binaire du monde n’est pas universelle : à mesure que nous nous globalisons, nous ne pouvons plus ignorer l’existence de genres autres que masculin ou féminin, ou d’orientations sans rapport avec les nôtres (les Grecs n’étaient pas homosexuels sous prétexte qu’ils couchaient parfois avec des garçons) – ce que nous considérons comme « plus simple » ne l’est pas pour le voisin.

On n’aime pas tous les hommes, ni toutes les femmes

En l’occurrence, le fait de nommer implique de pouvoir penser et agir pour ses intérêts. Nous avons besoin de l’étiquette « transsexuel » ou « transgenre » pour organiser les toilettes de la Cogip, certes, mais aussi pour gérer les problématiques spécifiques des prisons ou des événements sportifs – on ne peut pas écarter ces réalités sous prétexte que « c’est compliqué ». Quel message envoie-t-on quand on affirme qu’on préfère changer des êtres humains plutôt que des étiquettes ? Quand on dit qu’il faut se fondre dans les catégories préétablies, quitte à se raboter aux angles ?

Les qualifications plus classiques d’hétéro/homo/bi sont tout aussi contestables. Si vous réfléchissez à vos préférences, sont-ce vraiment les organes génitaux qui comptent ? Si vous aimez les femmes, préféreriez-vous une relation avec un homme incroyablement féminin, ou avec une femme à l’apparence et aux habitudes traditionnellement masculines ? Par ailleurs, avant de jeter votre dévolu sur les pénis ou les vagins (ou les deux, c’est dimanche), sans doute désirez-vous les humains plutôt que les animaux, les bien portants plutôt que les malades, les vivants plutôt que les morts. Pourtant, personne ne vous oblige à placer « non-nécrophile » en première ligne de vos attirances. Vous n’aimez pas tous les hommes, ni toutes les femmes : vous en aimez certains, et certaines. Vous pouvez n’en aimer sentimentalement aucun des deux (catégorie aromantique) ou ne jamais éprouver d’attirance sexuelle pour personne (catégorie asexuelle).

IL Y A FORT À PARIER QUE LA GÉNÉRATION MILLENIALE, QUI A GRANDI EN PIOCHANT PARMI 56 GENRES DIFFÉRENTS SUR FACEBOOK, S’EMPARERA NATURELLEMENT DES ÉTIQUETTES, ET PLUS ENCORE, DE L’IDÉE QUE LES ÉTIQUETTES NE SONT PAS GRAVÉES DANS LE MARBRE

Vous pourrez bien sûr débouler dans la conversation avec le rasoir d’Ockham. Prière cependant de ne pas trébucher sur la lame : s’il faut s’en tenir à un argument purement statistique, à l’heure actuelle, seuls les hétéros existent (remarquez, avec une catégorie unique, c’est sûr que les moutons sont bien gardés). Mais ce serait oublier le pouvoir performatif des catégories : peut-être vous considérez-vous comme hétérosexuel de base parce que votre vocabulaire, votre éducation, votre dressage ne vous ont pas laissé le choix. Parce que justement, en l’absence de mots, vous avez été incapable de questionner vos attirances réelles, encore moins de les affiner. Il y a fort à parier que la génération milleniale, qui a grandi en piochant parmi 56 genres différents sur Facebook (dont « autre »), s’emparera naturellement des étiquettes, et plus encore, de l’idée que les étiquettes ne sont pas gravées dans le marbre (combien de femmes autoproclamées bisexuelles pendant leur vingtaine le sont-elles encore à leur quarantaine ? Combien d’hommes hétéros acceptent volontiers les fellations d’autres hommes ?).

Les mots permettent d’entamer le dialogue

Et parce qu’il faut poser la question qui fâche : au fait, qu’est-ce qui nous dérange dans la multiplication des niches ? Votre nièce queer sapiosexuelle perturbe-t-elle votre existence ? Est-il plus communautariste d’être gay ou hétéro ? (Vous avez quatre heures.) Même chose pour la féminisation des titres : va-t-on réellement arrêter de dormir si le mot « autrice » se répand ? Allons : ne serait-ce pas une question de flemme ? Les mots permettent d’entamer le dialogue : si on refuse les mots, n’est-ce pas une manière d’affirmer qu’on refuse de comprendre – qu’on refuse même de poser la question ?

Avoir un langage adapté à son temps et ses pratiques, c’est poser des repères autant que des capacités d’organiser et désorganiser ses interactions au monde. C’est pouvoir rechercher les supports de désir qui nous conviennent. C’est reconnaître dans une foule l’homme qui nous fera chavirer. C’est se connaître soi-même, pas seulement à grandes lignes (de fuite). C’est jouir de raccourcis dans une conversation. C’est s’autoriser des réinventions : si vous voulez acheter vos croissants ce matin façon phénix priaposexuel semilibertin uro-orienté en troisième décan du Verseau, personne ne vous en empêche.

Enfin, même les adeptes de la plus immense mauvaise foi admettront que cette complexification du monde n’est nullement limitée aux sexualités (comme vous le rappelleront bientôt vos formulaires de déclaration d’impôt). On entend moins râler quand il s’agit de pouvoir choisir entre huit cents variétés de pâtes italiennes !

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20 avril 2018

Milo Moiré

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20 avril 2018

Toiletpaper

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20 avril 2018

Suspension du visa de « Cinquante nuances plus claires » : « La subjectivité n’est pas absente de cette décision de justice »

Par Sylvie Kerviel - Le Monde

Dans sa chronique, Sylvie Kerviel, chef adjointe du service Culture du « Monde », revient sur l’arrêt de la cour administrative d’appel de Paris qui suspend le visa délivré au film, demandant qu’il soit interdit aux moins de 12 ans.

« Conte de fées moderne » ou promotion « complaisante » du sadomasochisme ? L’arrêt est passé quasi inaperçu et pourtant il mérite qu’on s’y arrête. Le 15 mars, la cour administrative d’appel de Paris a suspendu le visa délivré au film Cinquante nuances plus claires, nouvelle déclinaison de la série de bluettes érotiques Cinquante nuances de Grey, demandant que le film soit interdit aux moins de 12 ans.

Le film de James Foley, sorti le 7 février et encore à l’affiche en France, a vu son visa révisé en urgence par la commission de classification du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). La justice avait été saisie par l’association Promouvoir, proche des catholiques traditionalistes, qui avait déposé une requête en référé pour obtenir une classification plus sévère de ce film – les deux premiers volets avaient été interdits aux moins de 12 ans –, « en raison de sa promotion du sadomasochisme ». Le héros collectionne menottes, fouets et autres instruments qu’il utilise pour des jeux sexuels avec sa partenaire.

CETTE DÉCISION INTERVIENT APRÈS LA MISE EN APPLICATION DU DÉCRET DU 8 FÉVRIER 2017 RÉVISANT LES CRITÈRES DE CLASSIFICATION DES FILMS

Cette décision, en défaveur du ministère – qui se fonde sur l’avis de la commission pour délivrer les visas d’exploitation –, intervient après la mise en application du décret du 8 février 2017 révisant les critères de classification des films.

Ce texte avait été élaboré justement pour contrer les actions en justice, particulièrement celles entreprises par l’association menée par l’infatigable André Bonnet, « l’homme qui décide de la classification des films en France », comme le qualifie ironiquement Vincent Maraval, producteur et distributeur, dont le film Love, réalisé par Gaspar Noé, s’était vu interdit en 2015 aux moins de 18 ans.

« Une erreur d’appréciation »

Elle avait attaqué, la même année, le premier volet de Cinquante nuances de Grey (2015) pour obtenir un relèvement à 16 ans de l’âge d’interdiction qui avait été fixé à 12 ans, mais elle avait été déboutée. Comme elle l’avait été, en décembre 2016, pour le film d’animation Sausage Party, dont elle avait demandé, en vain, une interdiction plus sévère que celle autorisant le film aux plus de 12 ans.

Les juges, qui avaient visionné le film minute par minute et notamment la scène finale où des produits alimentaires s’entrepénètrent dans un chariot de supermarché, avaient eu ce commentaire savoureux : « Si, durant trois minutes, des aliments et autres produits de consommation, dont aucun ne figure au demeurant un mineur, simulent explicitement diverses pratiques sexuelles, cette scène se déroule dans un univers imaginaire, et ne peut être interprétée comme incitant le spectateur mineur à en reproduire le contenu. »

Cinquante nuances plus claires, que Le Monde avait présenté lors de sa sortie comme « un soap opera sous perfusion », « contient plusieurs scènes représentant des pratiques sexuelles à caractère sadomasochiste », a relevé la cour. Et de préciser : « Si ces scènes sont simulées et relativement brèves au regard de la durée du film, elles sont traitées avec complaisance et sont susceptibles d’être perçues par un très jeune public comme décrivant des pratiques banales dans le cadre d’une relation amoureuse. »

La cour estime que « la ministre de la culture a commis une erreur d’appréciation, au regard des exigences tenant à la protection de l’enfance et de la jeunesse ». L’Etat devra verser à l’association la somme de 1 000 euros. L’avocate du ministère de la culture avait défendu « un film s’apparentant à un conte de fées moderne ».

« Notre société a besoin d’art et de liberté »

Pour cette nouvelle action en justice contre Cinquante nuances plus claires, l’avocate de Promouvoir s’est appuyée sur le nouveau décret demandant que les critères de classification prennent désormais en compte « la sensibilité et le développement de la personnalité propres à chaque âge ». Une formulation censée, dans l’esprit des rédacteurs du texte, permettre d’en finir avec la subjectivité qu’impliquait le texte précédent, qui évoquait des scènes « susceptibles de porter atteinte à la sensibilité des adolescents ».

Or, la subjectivité n’est pas absente de l’arrêt, comme le fait remarquer un spécialiste du droit du cinéma, qui s’étonne que la cour ait pu estimer que les scènes à caractère sadomasochiste « sont traitées avec complaisance ».

LE CHANGEMENT DE FORMULATION N’EMPÊCHE EN RIEN LA CONTESTATION EN JUSTICE ET LA RÉVISION DES VISAS

C’est l’ancienne ministre de la culture Fleur Pellerin qui, en septembre 2015, avait commandé à Jean-François Mary, alors président de la commission de classification des œuvres du CNC, un rapport après une succession d’annulations des visas, à l’initiative de l’association Promouvoir. Il s’agissait d’établir des critères de classification qui soient mieux adaptés aux jeunes grandis avec Internet et qui permettent aux cinéastes d’évoquer des sujets tels que le sexe et la violence sans risquer de se voir relégués à des circuits de diffusion condamnant leur existence tant artistique qu’économique.

« Il faut redonner à la ministre et à la commission de classification la marge d’appréciation que l’appropriation par des juges avait singulièrement réduite ces derniers temps », avait déclaré M. Mary en remettant son rapport.

On le voit, le changement de formulation n’empêche en rien la contestation en justice et la révision des visas. Les associations de professionnels du cinéma avaient peut-être un peu vite salué le nouveau décret, notamment l’ARP, société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs, qui s’était félicitée qu’un texte vienne « préserver et sécuriser la liberté des créateurs, la spécificité de la création artistique et sa diffusion ». « Plus que jamais, notre société a besoin d’art et de liberté, et certainement pas d’un retour à un ordre soi-disant moral », avait-elle déclaré dans un communiqué.

Le film d’Abdelatif Kechiche Mektoub My Love, sorti en salle le 20 mars, s’ouvre sur une scène de sexe, brève mais intense. La commission de classification a estimé que cela ne justifiait pas une interdiction aux moins de 12 ans. On attend avec intérêt de voir si ce visa sera contesté ou non en justice.

20 avril 2018

Extrait d'un shooting - glamour

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19 avril 2018

BERCK - 32ES RENCONTRES INTERNATIONALES DE CERFS-VOLANTS

19 avril 2018

Météo : 28°C à Paris cet après-midi, une première pour un 19 avril depuis 1949

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19 avril 2018

Alignements d'Erdeven

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19 avril 2018

Ramadan : les malheurs de Tartuffe

Tariq Ramadan a chaud aux plumes. Jusqu’ici, lui et ses conseils criaient à la calomnie, à la cabale, au complot ou à la mythomanie. Il apparaît dans l’enquête de Libération et de quelques autres que les relations dont excipaient les plaignantes qui l’accusent de violences sexuelles avaient une réalité tangible, sous la forme d’une robe tachée, de SMS innombrables, d’enregistrements et de vidéos. Cela ne signifie pas que le prédicateur soit coupable de viol, mais que ses dénégations globales sont largement mises à mal. Il va lui falloir trouver un autre système de défense. Ramadan n’est pas un violeur aux yeux de la justice (elle n’en a pas encore décidé), mais il est clair aux yeux de tous que c’est un tartuffe. Rappelons que le prédicateur a prononcé d’innombrables discours rigoris tes sur la prohibition nécessaire des relations hors mariage et sur la pudeur des jeunes filles. Drôle de pudeur, quand on lit les SMS révélés hier.

Panique dans les comités de soutien et chez les pétitionnaires. L’idole des prudes était un dragueur, peut-être plus. L’islamo-gauchisme est en deuil. On fera un sort particulier à une pétition publiée par Mediapart signée par une pléiade d’intellectuels. Dans ce texte d’apparence prudente, les auteurs suggéraient avec insistance que Ramadan était la victime d’une «instrumentalisation» de la lutte des femmes et que la justice dans cette affaire était partiale, dans la mesure où elle traitait plus durement un musulman qu’un autre justiciable. Prolongement pratique des thèses en vogue dans l’extrême gauche selon lesquelles nous serions confrontés à un «racisme systémique» ou, encore pire, à un «racisme d’Etat».

Or il apparaît que si la justice met en cause Ramadan, c’est sur la base d’éléments sérieux et que s’il est maintenu en détention, c’est notamment pour éviter qu’il puisse faire pression sur les plaignantes, comme le laissent à penser certains de ses SMS. Ramadan est présumé innocent. Mais il y a contre lui des indices concordants qui demandent éclaircissement. Nul racisme dans ce cas, mais une procédure classique. Suggérer le contraire, comme l’ont fait ces militants et ces universitaires, c’est remplacer les jugements rationnels par un communautarisme pavlovien. C’est-à-dire tout le contraire des valeurs élémentaires de la gauche.

LAURENT JOFFRIN

tariq

Le prédicateur musulman (photo ci-dessus)  «s'expliquera sur la nature de cette relation lorsqu'il sera devant les juges», a précisé son avocat qui réfute tout changement de stratégie dans la défense de son client, mis en examen pour «viol» et «viol sur personne vulnérable». En outre, des expertises ont été ordonnées mercredi pour analyser une robe comportant une tache de sperme.

Tariq Ramadan est-il en train de changer de ligne de défense? Jusqu'ici l'intellectuel musulman, accusé de viols et agressions sexuels par cinq femmes (dont deux à l'étranger), avait nié tout viol et même tout acte sexuel avec deux des plaignantes. Tout juste avait-il reconnu un simple un flirt avec celle qu'on appelle Christelle lors d'une confrontation début février. Face à la troisième plaignante, baptisée Marie par les médias, le prédicateur pourrait avoir une attitude différente. «Tariq Ramadan admettrait avoir eu des relations sexuelles avec la troisième femme qui a porté plainte contre lui», glisse ce jeudi dans les colonnes de Libération une source proche de Musulmans de France (ex-UOIF). Comme les deux premières plaignantes avant elle, Marie avait dénoncé des rapports sexuels d'une extrême violence et pratiqués sous la contrainte dans un hôtel à Bruxelles.

19 avril 2018

Street Art

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