Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

Jours tranquilles à Paris

22 septembre 2017

Les photographes, précaires de guerre

Par Claire Guillot

Pendant longtemps, les reporters ont été considérés comme des trompe-la-mort. Mais, ces dernières années, les initiatives se sont multipliées pour limiter les risques.

Avant d’être envoyé en Ukraine, en 2014, Yannis Behrakis avait un mauvais pressentiment. Sans le dire à sa femme, ce photographe grec de l’agence Reuters est passé voir un notaire et il a fait son testament. La répartition de ses biens, le devenir de ses photos… Tout était prévu, y compris ses funérailles : une crémation, pas d’église, et « la musique des Beatles ». De retour chez lui, il a donné une copie à son épouse. « Je lui ai dit : “Bébé, j’ai un cadeau pour toi !” Elle a été un peu choquée, puis elle a compris. Elle sait que ça peut arriver. Et moi aussi. » Yannis Behrakis a finalement survécu à la crise ukrainienne et à bien d’autres conflits. Mais cela ne l’empêche pas, à 57 ans, de s’interroger avant chaque reportage en zone dangereuse : « Suis-je prêt à mourir ? »

Chaque année, l’association Reporters sans frontières (RSF) dresse la liste des journalistes tués dans l’exercice de leur métier (22, à ce jour, en 2017). Les photoreporters, contraints d’être au plus près de l’action pour récolter des images, y figurent en bonne place. Ainsi, ces dernières années, les « printemps arabes », la guerre en Syrie et en Irak ont coûté la vie, entre autres, aux Français Rémi Ochlik ou Lucas Dolega.

« QUAND J’EN VOIS QUI VONT À MOSSOUL SANS GARANTIE, SANS COMMANDE D’UN JOURNAL, SANS ASSURANCE, JE LEUR DIS : “MAIS VOUS ÊTES FOUS !” »

JEAN-FRANÇOIS LEROY, DIRECTEUR DE VISA POUR L’IMAGE

Si les photographes sont les plus exposés, ils sont aussi les moins protégés. En Europe, selon un sondage de la fondation World Press Photo, près des deux tiers d’entre eux travaillent en « free-lance » : ils sont pigistes, engagés au coup par coup par des médias, pour des commandes ponctuelles. Mais la crise de la presse a rendu ces missions rares, moins longues, moins bien rémunérées. Beaucoup travaillent donc « en spéculation » : ils se rendent seuls sur le terrain, avec l’espoir de vendre ensuite leurs photos. Ce phénomène préoccupe la profession, au point qu’un panel a été organisé au dernier festival de photojournalisme Visa pour l’image, à Perpignan.

Jean-François Leroy, directeur de la manifestation, a confié son inquiétude à l’AFP : « Quand je vois des gamins et des gamines qui vont à Mossoul sans garantie, sans commande d’un journal, sans assurance, je leur dis : “Mais vous êtes fous !” » Il cite l’exemple du Sud-Africain Joao Silva, amputé des deux jambes après avoir sauté sur une mine en Afghanistan en 2010 : « S’il n’avait pas eu derrière lui tout le service juridique et d’assistance du New York Times, il n’aurait jamais survécu à cela. »

Hausse des incidents

Le photographe Pierre Terdjman, 38 ans, regrette lui aussi de voir de jeunes confrères risquer leur vie pour pas grand-chose. « Il y a l’idée que, pour se faire un nom, il faut aller au front. Moi aussi, j’ai fait comme eux, mais au moins à l’époque ça me permettait de bouffer ! Aujourd’hui, pour gagner sa vie, il vaut mieux faire un sujet original en bas de chez soi que de la photo de guerre. » Car les tarifs ont plongé. En Irak, entre l’emploi du fixeur (assistant local) et la location de voiture, une journée de travail coûte au bas mot 250 euros, quand une photo vendue à l’unité à un journal atteint la moitié de ce prix. Sans compter le coût psychologique d’un tel reportage. « Ce n’est pas anodin de voir des gens mourir, assure Pierre Terdjman. Même avec une assurance, il y a de la casse. »

Cette question de l’assurance est désormais cruciale. Avec de fortes disparités d’un cas à l’autre. Si les photographes en mission pour des journaux sont couverts comme des salariés, rapatriés et soignés grâce à l’assurance de l’employeur, les photographes seuls sur le terrain ne doivent leur salut qu’à eux-mêmes. Les polices d’assurance pour les pays en guerre sont si coûteuses que certains préfèrent s’en passer. En France, les photographes font souvent appel à la compagnie Audiens, qui, pour 300 euros par an, propose un capital en cas d’invalidité ou de décès. Devant les besoins, l’association RSF, qui prête des gilets pare-balles et des casques, a aussi créé une assurance destinée aux pigistes.

La hausse des accidents est telle que le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a monté une équipe d’urgence chargée d’informer sur les risques et de soutenir les reporters en difficulté. L’association britannique Rory Peck Trust se consacre, elle, aux free-lances, offrant des bourses pour les assister, ainsi que leurs familles, en cas d’accident. Elle intervient énormément en faveur des journalistes locaux, la catégorie la plus fragile : « Depuis la mort horrible de James Foley [journaliste américain exécuté en Syrie par l’organisation Etat islamique en 2012], les médias ont de plus en plus recours à eux, précise Mary O’Shea, directrice des programmes de l’association. Or ils n’ont pas le luxe d’avoir une assurance. Nous les aidons à se soigner, à être exfiltrés du pays. »

Stopper l’hémorragie

Pendant longtemps, les reporters de guerre ont été considérés comme des trompe-la-mort à l’expérience incommunicable. Mais, ces dernières années, les médias se sont mis à chercher des moyens pour limiter les risques. « On est passé de la génération de l’hommage à celle de la formation », résume Matthieu Mabin, reporter à France 24, qui a fondé « Le Manoir », un centre de formation au reportage en zone dangereuse, à Sourzac (Dordogne), après la mort de deux confrères de RFI au Mali, en 2013.

« MON BUT, C’EST D’AIDER LES JOURNALISTES À OPTIMISER LEURS PERFORMANCES EN SITUATION DE FORTE CONTRAINTE. LEUR PERMETTRE DE SE PROTÉGER, D’ÊTRE LUCIDES ET DE RÉUSSIR À TRAVAILLER »

EMILIE PELOSSE, PSYCHOLOGUE

La majorité des formations aux « milieux hostiles » dispensées à travers le monde sont assurées par des militaires. A Collioure (Pyrénées-Orientales), le Centre national d’entraînement commando (CNEC), géré par le ministère de la défense, plonge les journalistes dans des conditions extrêmes : simulation de bombardements, d’enlèvement… Un stage jugé réaliste et utile par le photographe Edouard Elias, 26 ans, qui fut otage en Syrie. « Tout est fondé sur la façon dont on gère sa fatigue et ses limites. Je trouve ça important, car, sur le terrain, on court des risques, mais on en fait aussi courir aux autres : en étant dans le champ, en ralentissant les opérations… ou en ayant une crise de panique. » Son confrère Victor Blue, qui a couvert Mossoul pour le New Yorker, doute davantage de ce type d’entraînement. « Ces formations à 3 000 dollars sont surtout un moyen pour les médias de se couvrir en disant qu’ils ont formé les gens. »

Lui a préféré suivre, à New York, la formation RISC (Reporters Instructed in Saving Colleagues), imaginée par le journaliste Sebastian Junger après la mort du photographe Tim Hetherington, en 2011 : après des tirs, en Libye, personne ne savait comment stopper une hémorragie. Cette formation gratuite, réservée aux pigistes, est centrée sur l’assistance médicale. Victor Blue a pu tester son efficacité à Mossoul. Un jour, les soldats irakiens qu’il accompagne trouvent un enfant de 8 ans blessé par des tirs de mortiers. Il perd son sang, aucun médecin n’est disponible. « J’ai pu évaluer son état et stopper l’hémorragie, se souvient le photographe. A ma grande surprise, aucun soldat ne savait quoi faire. Je pense qu’on lui a sauvé la vie. »

Risques physiques et sécurité numérique

Beaucoup, comme lui, doutent de la capacité des militaires à former des journalistes. Pour Matthieu Mabin, lui-même ancien officier de la Légion étrangère, « la façon dont on évolue sur le terrain dépend de ce qu’on y fait. Ce n’est pas le même métier ». A Sourzac, il fait appel à des militaires, « pour les connaissances techniques, précise-t-il, mais on n’enseigne pas la sécurité, on enseigne le reportage ». Ces sessions de six jours (3 200 euros) sont financées par les médias employeurs, mais des pigistes peuvent en bénéficier grâce au soutien d’organes de presse ou d’associations de journalistes.

Les formations ne se limitent plus aux risques physiques. Elles intègrent aussi la sécurité numérique, essentielle pour empêcher l’espionnage informatique et protéger sa vie et celle de ses sources. « Et de plus en plus de gens réclament aussi un soutien psychologique », note Mary O’Shea. Le syndrome post-traumatique (PTSD), connu chez les soldats, a longtemps été un sujet tabou dans les rangs des photographes de guerre, alors que les études menées par le psychiatre canadien Anthony Feinstein prouvent que ces derniers sont particulièrement touchés. Après les témoignages de grands noms du métier, de Patrick Baz (Agence France-Press) à Finbarr O’Reilly (Reuters), la parole s’est libérée. Un peu trop, peut-être… « Tout le monde parle du PTSD, mais il reste rare, assure la psychologue Emilie Pelosse, intervenante régulière à Sourzac. En revanche, le stress aigu est courant. Mon but, c’est d’aider les journalistes à optimiser leurs performances en situation de forte contrainte. Leur permettre de se protéger, d’être lucides et de réussir à travailler. »

Une attention particulière est aussi portée aux femmes, confrontées à des dangers spécifiques. La photographe Laurence Geai, qui a couvert elle aussi la bataille de Mossoul, confirme qu’elle doit toujours « s’imposer, dès le début, pour être prise au sérieux ». Cette trentenaire menue prend donc des précautions, en évitant notamment de rester seule avec des soldats. Mais elle relativise : « La seule vraie agression sexuelle que j’ai connue, c’est dans le 7e arrondissement de Paris. » A Sourzac, un médecin a mis au point, pour les femmes, une trousse d’urgence avec une pilule du lendemain, un kit de prélèvement et un antibiotique à spectre large contre les maladies sexuellement transmissibles.

Plus d’assurances, moins de reporters

Les journaux français n’exigent pas de formation particulière pour les photographes, contrairement aux titres anglo-saxons. « C’est simple, pour travailler pour nous, la formation est une condition incontournable », témoigne David Furst, chef du service photo du New York Times. Le Français Olivier Boulot, formé en sécurité médicale et numérique aux Etats-Unis et ex-animateur d’une académie dédiée aux journalistes, s’inquiète du retard pris en France. « Les journalistes ne voient pas l’intérêt d’une formation, ou bien ils se forment chez les militaires ou à la Croix-Rouge. Ces sessions sont inadaptées au terrain, et même carrément dangereuses, car elles donnent un faux sentiment de sécurité. Quant à la sécurité numérique, elle est lamentable. On dirait que ça n’intéresse pas les médias français de mettre en place un canal sécurisé pour recueillir les témoignages des gens sans qu’ils se fassent griller. »

Certains photographes, surtout chez les plus expérimentés, voient d’un mauvais œil ces nouveaux impératifs de sécurité et les exigences de formation. « Le refus du risque est croissant, estime Laurent Van der Stockt, présent pour Le Monde à la bataille de Mossoul. Et plus on mettra de contrôle autour de ce métier, plus il sera difficile de le faire. La réduction du nombre de reporters de terrain est liée, entre autres raisons, à des questions d’assurance. » Selon Matthieu Mabin, la prévention des risques est pourtant cruciale. « Certains grands médias anglo-saxons envoient désormais sur le terrain des agents chargés de la sécurité choisis par leur assureur. Leur seul intérêt est que le journaliste revienne en un seul morceau ! Mais, si personne n’entre dans Mossoul, on ne saura pas ce qui s’y passe. » Entre protection des journalistes et protection du métier, l’équilibre demeure difficile à trouver.

Publicité
22 septembre 2017

Extrait d'un shooting - salopette

DSC_1268

DSC_1278

DSC_1279

22 septembre 2017

Serge Lasvignes : « Le Centre Pompidou doit devenir un “hyper-lieu” »

Par Harry Bellet

Dans un entretien au « Monde », le président de Beaubourg détaille les projets de développement du musée et parle des bouleversements induits par l’arrivée des grandes fondations privées.

Serge Lasvignes, président du Centre Pompidou, a présenté, mardi 12 septembre, les prochaines orientations et les projets de l’institution qu’il dirige. Si sa situation financière est saine – les recettes de 2016 ont progressé de 12 % par rapport à 2015 –, son budget reste limité : la subvention du ministère de la culture (69,5 millions d’euros) couvre à peine les dépenses courantes – en personnel notamment – et oblige à développer les ressources propres (52,9 millions d’euros en 2016).

Avec, outre les rentrées traditionnelles (billetterie, vente de catalogues), deux secteurs en plein développement : l’itinérance des expositions montées par le Musée national d’art moderne (MNAM), qui rapporte 5,2 millions d’euros, et l’ingénierie culturelle, qui connaît la plus forte progression. Avec 3,7 millions d’euros en 2016, ses recettes ont augmenté de 422 % par rapport à l’année précédente !

Le Centre Pompidou a-t-il assez d’argent ?

Si vous pensez à notre budget d’acquisition pour le musée, nous ne sommes pas riches : 1,7 million d’euros par an, au regard du marché de l’art actuel, c’est fort peu. Par contre, les donations et les dations s’établissent en moyenne à 25 millions d’euros annuels, un résultat assez impressionnant. Mais nous sommes moins bien lotis pour ce qui peut contribuer à la vie de l’institution.

J’attribue cela à la tendance qu’ont désormais les donateurs potentiels à créer leur propre fondation. C’est pourquoi nous sommes en train de mettre en œuvre un nouveau modèle de mécénat qui associerait les entreprises, non seulement comme donateurs mais aussi comme partenaires pour qu’elles deviennent de véritables acteurs des opérations qu’elles subventionnent. Mais il est encore un peu tôt pour en parler.

Vos ressources propres progressent-elles ?

Nous nous efforçons de les développer, notamment à travers nos implantations à l’étranger. Ainsi, en Espagne, le succès du Centre Pompidou à Malaga [inauguré en 2015, il rapporte à Beaubourg une redevance d’1 million d’euros par an] montre que la ville est en train de gagner son pari, qui était de devenir une destination culturelle. Les retombées sont importantes pour la cité et pour ses autres institutions, comme le Musée Picasso, qui se dit très heureux de notre présence là-bas, laquelle a contribué à développer son propre public.

Nous allons également nous implanter à Shanghaï. Nous avons signé en juillet un accord-cadre avec une société qui aménage le West Bund, dans le district de Xuhui, d’anciennes installations aéroportuaires au bord de la rivière à environ quinze minutes du centre-ville. Outre le musée, qu’est en train de construire l’architecte britannique David Chipperfield, il y aura un auditorium, un opéra… Le tout à proximité d’autres lieux privés comme le Yuz Museum qu’a fondé le collectionneur Budi Tek. L’ouverture est prévue pour 2019.

Il ne s’agit pas d’ouvrir une antenne à Shanghaï, nous insistons beaucoup sur la notion de partage : c’est un projet qui va certes permettre aux Chinois de mieux connaître l’art occidental, mais aussi aux Français de mieux connaître la scène chinoise. Avec, pour nous, une double perspective : exposer des artistes chinois en France, et permettre l’acquisition d’œuvres par le MNAM d’une manière plus intelligente, plus pertinente.

Vous avez aussi un projet dans un garage à Bruxelles dont l’architecture fait penser à la bande dessinée belge des années 1960…

J’avais parmi mes jouets un garage comme ça quand j’étais petit ! Nous sommes avancés dans les discussions que nous avons avec la région Bruxelles-Capitale, qui pilote le dossier. L’idée, c’est de constituer un pôle culturel autour de deux axes : l’un centré sur l’architecture, l’autre sur un musée-centre d’art dont nous serions l’opérateur.

On a signé une convention de préfiguration pour intervenir avant le début des travaux en faisant dès que possible une exposition. Nous voulons constituer à Bruxelles un réseau avec les institutions culturelles locales, qui sont nombreuses et de qualité, là aussi avec une volonté de partenariat.

D’autres implantations possibles à l’étranger ?

En Corée du Sud, en Amérique Latine, je pense à la Colombie notamment, mais ces dossiers sont pour l’instant en suspens. Et j’aimerais beaucoup qu’on arrive à construire quelque chose en Afrique, mais il faut trouver la formule, et les partenaires…

Et en France ?

Pour fêter les 40 ans du Centre Pompidou, nous avons contribué à organiser cinquante expositions, grandes ou petites, sur l’ensemble du territoire. J’entends poursuivre ce mouvement. De manière structurelle, en revoyant la politique de nos prêts aux musées de province, que j’aimerais moins saupoudrés, mieux ciblés.

Je veux également sortir à la recherche du public qui ne vient pas au Centre. Nous allons ainsi relancer un dispositif qui existait autrefois, « Un jour, une œuvre », qui consiste à amener une œuvre dans un lieu où on n’en voit pas normalement – une mairie, un centre commercial… – et l’y installer avec un dispositif adapté, en termes de médiation notamment. Cette médiation pourrait – pourquoi pas ? – être effectuée par l’artiste lui-même.

J’aimerais bien travailler dans ces « zones blanches » culturelles, créer des projections du Centre Pompidou en régions. Il y a un modèle, léger et adaptable, à construire, pour que les gens soient en contact direct avec l’acte créatif. Nous espérons faire deux ou trois expériences en ce sens en 2018.

Avez-vous des projets à Paris ?

Nous inaugurons en octobre une exposition historique consacrée à la période fauve de Derain, puis il y aura une rétrospective César. En 2018, nous présenterons notamment l’école de Vitebsk, avec Chagall et Malevitch, une exposition sur le cubisme, et une autre sur l’Union des artistes modernes.

Mais il faut être bien conscient que l’autre enjeu introduit par l’ouverture des fondations privées, c’est qu’elles sont désormais capables, et avec plus de moyens que nous, de proposer des expositions historiques à caractère muséal. S’engager dans une compétition, une course à l’exposition la plus fréquentée, serait fatal pour nous. Alors, comment nous en distinguer ? En affirmant plus que jamais l’originalité du Centre Pompidou depuis sa création, c’est-à-dire sa pluridisciplinarité.

Je souhaite que nous devenions ce que le géographe Michel Lussault nomme un « hyper-lieu », où des activités diverses dialoguent ensemble avec une intensité particulière. Des expériences partagées, des débats, une porosité accrue entre la bibliothèque et le musée. Elle reçoit 1,5 million de lecteurs par an, souvent jeunes, plutôt de banlieue. Les sondages que l’on a faits montrent qu’ils ignorent le plus souvent les activités du musée.

Nous allons donc établir une entrée commune et des communications qui permettront d’aller de l’une à l’autre, d’autant plus facilement que nous instaurerons la gratuité d’accès aux expositions pour les lecteurs.

22 septembre 2017

Keith Haring

keith22

keith23

21 septembre 2017

Crazy Horse de Paris

Publicité
21 septembre 2017

Irving Penn au Grand Palais

L'année 2017 marque le centenaire de la naissance d'Irving Penn. Le photographe américain est en effet considéré comme l'un des plus grands photographes de mode du XXe siècle.

Après avoir débuté sa collaboration avec Vogue au début des années 1940, Irving Penn va rapidemment s'intéresser au portrait. Son travail, toujours en studio, se caractérise par une élégante simplicité et instaure toujours avec son modèle anonyme ou connu une véritable intimité. Il réalisera à partir de 1951 de nombreux portraits de célébrités telles que Pablo Picasso, Yves Saint Laurent, Audrey Hepburn, ou encore Alfred Hitchcock,

Lieu : Galeries nationales - Grand Palais

Sous-Rubrique : Photographie Réserver

Date de début : 21 septembre 2017

Date de fin : 29 janvier 2018

Horaires et tarifs

Date de début : 21 septembre 2017   Date de fin : 29 janvier 2018

Programmation : Tous les jours (sauf mar) 10h-20h, mercredi jsq 22h

Tarifs : entrée 13€, tarif réduit 9€.

Galeries nationales - Grand Palais

Adresse : 3 avenue du Général-Eisenhower

75008 Paris 8e

Métro : Champs-Élysées - Clémenceau (1/13)

Réservation : 01.44.13.17.30

Site web : www.grandpalais.fr

21 septembre 2017

Pascal André Heimlicher - photographe

heim25

heim32

heim325

heim2522

heimli256

21 septembre 2017

Vu sur instagram - j'aime beaucoup

aime6

20 septembre 2017

Miley Cyrus pose pour David LaChapelle

20 septembre 2017

La tour Montparnasse, mal aimée, obtient une seconde chance

montpar01

Par Frédéric Edelmann - Le Monde

Une équipe française a été choisie pour métamorphoser le bâtiment : plus ouvert, plus écologique, plus végétal. Et, peut-être, enfin apprécié par les Parisiens.

Depuis quelques mois les bookmakers parisiens se frottaient les mains. Qui allait l’emporter des sept cents équipes inscrites, puis, après écrémage, des sept agences d’architecture invitées à plancher sur la « métamorphose » de la tour Montparnasse ? Un nombre finalement réduit à deux : l’une, américaine, baptisée Studio Gang, du nom de sa fondatrice Jeanne (prononcer Djini) Gang, née dans l’Illinois. Elle s’est fait connaître en 2010 par une tour de 86 étages, soit 262 mètres de haut, à proximité du lac Michigan et du Parc du Millenium, assez originale pour être alors sacrée gratte-ciel de l’année par l’association allemande Emporis.

L’autre challenger, et désormais lauréat depuis ce 19 septembre, histoire de casser le suspense, est un regroupement de trois agences d’architecture parisiennes dont les fondateurs sont nés dans les années 1970. Elle est baptisée pour la circonstance Nouvelle AOM, autrement dit « Nouvelle Agence pour l’opération Maine-Montparnasse ». Une appellation qui reprend celle de l’équipe des constructeurs en 1972, Agence architecturale de l’opération Maine-Montparnasse.

Regroupement de trois agences parisiennes

Si le Studio Gang avait pour lui d’être de Chicago, autrement dit la patrie incontestée des gratte-ciel au XIXe siècle, la Nouvelle AOM passe pour être composée de chouchous de la Mairie de Paris : Franklin Azzi Architecture, Chartier-Dalix et HardelLe Bihan Architectes.

Franklin Azzi est passé par l’agence Frédéric Borel puis par Architecture Studio, un autre des sept finalistes. Il a fait ou refait de nombreuses boutiques de mode à travers le monde, travaillé en Chine, à Dubaï, à Londres, construit d’assez nobles édifices à Paris et France, et sacrifié aux marottes de la Maire de Paris en investissant généreusement les quais de la capitale.

Pascale Dalix et Frédéric Chartier, qui ont marqué leur premier but avec le Boulodrome de Meaux récompensé par le Prix de la première œuvre 2009, sont passés auparavant par l’agence Dominique Perrault, un autre des sept concurrents pour la tour. On a pu les croiser chez les Suisses Herzog & De Meuron, puis s’étant établis, ils ont construit des écoles efficaces avant de se jeter à corps perdu dans le semi à tout va, sur les balcons, les toits et tout ce qui peut, dans un édifice, accepter fleurs ou légumes.

Mathurin Hardel et Cyrille Le Bihan (HardelLe Bihan architectes) sont enfin passés par l’atelier MVRDV, à Rotterdam, Claude Parent, Moatti et Rivière, Thomas Leeser (New York)… Un parcours de haut vol, et une formation sûre pour imaginer des projets sans excès de végétation.

Face à des concurrents difficiles à battre

Les trois équipes se sont ainsi retrouvées, passablement jeunes, face à des agences considérées comme difficiles à battre. Sauf que pour le projet Montparnasse, elles semblent avoir jeté l’éponge un peu vite, comme si elles n’y avaient pas cru.

Architecture Studio a adopté une posture inhabituellement banale, quand ils sont connus pour des « gestes » volontiers provocants. Dominique Perrault, l’auteur de la BNF a accolé une seconde tour, beaucoup plus haute et qui semble prendre la « vieille » par le cou. A ce détail près, un peu malpoli, sa proposition était l’une des plus élégantes, rappelant les premières esquisses.

Ma Yansong, aujourd’hui l’un des plus célèbres chinois de la nouvelle génération, habituellement proche des modèles élastiques de Zaha Hadid, a sorti une décoration piteuse, et sans esprit. OMA, l’agence mondialement connue de Rem Koolhaas (PaysBas) seul lauréat du Pritzker Prize (2000), est parvenue au plus moche des projets qu’elle ait jamais pu rêver, après, nous a-t-on dit, une proposition initiale ludiquement égayée par une grande roue.

Reste PLP Architecture (Londres), conduits par Lee Polisano, David Leventhal, Karen Cook, Fred Pillbrow et Ron Bakker, qui ont comme particularité commune d’être des transfuges d’une des plus grosses entreprises architecturales du monde, la firme américaine KPF (Kohn Pedersen and Fox). Depuis, ils passent pour avoir édifié à Amsterdam la tour de bureaux la plus écologique de la planète, voire « la plus intelligente jamais construite ».

« Des traces d’amiante »

Au regard des propositions concurrentes, celle de la Nouvelle AOM apparaît comme la plus pertinente, et en tout cas la plus susceptible d’obtenir l’approbation des Parisiens comme de la mairie. L’Ensemble immobilier tour Maine-Montparnasse (EITMM), qui regroupe les 40 propriétaires de la tour stricto sensu, et plus largement les 273 propriétaires d’un complexe qui regroupe la gare, le parvis, la « petite » tour carrée, les sous-sols commerciaux, etc., est le véritable décideur de ce concours comme de ceux qui doivent intervenir dans les mois à venir.

On le voit dans la composition d’un jury qui regroupe a minima Jean-Louis Missika, adjoint au maire chargé de l’urbanisme, de l’architecture et des projets du Grand Paris, Alaf Gabelotaud, conseillère de Paris et présidente du Pavillon de l’Arsenal, Frédéric Lemos, président du syndicat des copropriétaires, Gilles Vuillemard, président du syndicat des copropriétaires, et Patrick Abisseror, président de la structure projet Demain Montparnasse.

Les copropriétaires affirment que 92 % de l’amiante présente a été traitée et que 250 millions d’euros ont été affectés à ces travaux. « Il ne reste des traces d’amiante que dans des parties techniques ou non fréquentées par le public », déclarent-ils. Ils se moquent peu ou prou de l’amiante, dont la tour était truffée. Problème manifestement pris en charge par l’EITMM.

Ils ont ainsi réagi à la volonté de certains candidats aux élections de détruire l’ensemble immobilier (en particulier Nathalie Kosciusko-Morizet), en pleine affaire autour de son désamiantage. S’abritant derrière le droit de propriété, les copropriétaires soulignent qu’il faudrait invoquer « une décision d’expropriation pour cause d’utilité publique motivée par une raison de fond grave et étayée, et non une préoccupation d’ordre esthétique » : « Il n’y a donc aucun péril. » Or, dans l’hypothèse d’une destruction, le montant minimum des travaux serait de 800 millions d’euros.

L’achèvement des travaux espéré pour 2023 ou 2024

Ce sont les copropriétaires aussi qui financeront l’opération à 100 %, soit plus de 300 millions d’euros hors taxes. Des travaux qui devraient débuter en 2019. Pour un achèvement espéré en 2023, ou au plus tard 2024… pour participer aux Jeux olympiques.

La première des qualités du projet Nouvelle AOM, en ce début de XXIe siècle, est le dispositif écologique qui la fait, au sens propre, respirer, et au-delà, répondre naturellement aux besoins de chaleur ou de froid. La deuxième qualité est sa réponse au moins programmatique.

Contraints par un profil dont les qualités restent à démontrer, Mathurin Hardel fait remarquer au Moniteur des travaux publics que la marque de fabrique du bâtiment réside « dans ses deux galbes et ses deux dièdres. Au-delà, la métamorphose sera complète : d’opaque, énergivore, amiantée, monofonctionnelle la tour deviendra claire, bas carbone, économe et capable d’offrir de nouveaux usages ». Pour Franklin Azzi, « l’idée est d’en faire une tour vivante 24 heures/24 et un lieu de multi-destinations, afin d’y faire venir les Parisiens. On souhaite donc les faire profiter d’espaces extérieurs. »

En pratique, l’élargissement des quatorze premiers étages permettra de casser la course des vents qui glissent aujourd’hui, de haut en bas, le long des façades, et donc de rendre le parvis plus confortable. Au-delà, sur toute la hauteur, chacune des pointes de la tour accueillera une loggia agrémentée de plantations. Dans le même esprit qui conduit à installer un jardin au quatorzième niveau, la tour sera plus haute de 18 mètres et son nouveau sommet accueillera une « serre agricole ». Même si la tour reste en partie inoccupée, les architectes assurent que leurs plans permettront de doubler l’occupation du bâtiment. Ils proposent ainsi la création d’un hôtel entre les 42e et 45e étages.

Une histoire tourmentée

Avec la tour Montparnasse, on revient de loin. Son design original (1968), à quelques pas du cimetière du même nom, et la couleur sombre du verre qui la recouvrent rappellent une pierre tombale, tandis que son vieillissement assumé donne l’image d’un cendrier au lendemain d’une soirée arrosée. Dès sa naissance, un bruit aimable courut, affirmant que la plus belle vue de Paris est celle qu’on a en haut de la tour : c’est le seul endroit d’où on ne la voit pas.

Et comme pour mieux l’enterrer, en 2008, une association liée au tourisme l’élut comme la construction la plus laide du monde après la mairie de Boston. L’histoire de l’édifice aura été tourmentée, et agitée. On en prend la mesure dans l’ouvrage de Sylvie Andreu et Michèle Leloup, La Tour Montparnasse 1973 - 2013, Je t’aime… moi non plus (Editions de la Martinière, 2013).

L’opération s’inscrit dès le départ dans la géographie du grand patron de l’époque, l’architecte chargé du plan d’urbanisme directeur de Paris, Raymond Lopez, et de son adjoint Michel Holley, responsables heureux des grands massacres patrimoniaux de l’époque et, plus grave, de toutes les grandes zones urbanisées, comme le 13e arrondissement, le Front de Seine, les Halles ou, bien sûr, le quartier Montparnasse. Petite musique de l’époque, écrite par Lopez : « Pauvre vain peuple dont les réactions préfabriquées sont affublées du titre ronflant “d’opinion publique” et dont le goût consiste à louer systématiquement tout ce qui est vieux ou semble vieux et à dénigrer systématiquement tout ce qui est nouveau ou semble nouveau. »

Les grands patrons des Beaux-Arts, Eugène Baudoin, Urbain Cassan, Louis Hoÿm de Marien, Roger Saubot, vont dessiner la tour qui sera le phare d’un projet qui comprend aussi nouvelle gare, des hôtels, des commerces, un centre commercial, une piscine, des logements et des bureaux, bref le symbole d’un Paris « moderne ». Dans les premières esquisses de 1958, il n’y a pas de tour mais André Malraux, alors ministre de la culture, jouera un rôle décisif dans la construction de ce « moderne campanile ». La maquette lui est présentée en 1959 et, reçue avec enthousiasme, la tour de 210 m sera terminée.

Verre clair et corbeille de « légumes » sur le toit

En juin 2016, un concours d’architecte – « Demain Montparnasse » – est lancé par l’EITMM en vue de moderniser et transformer la tour d’ici 2024, avec un budget estimé à 500 à 700 millions d’euros. Selon les initiateurs du projet, « il s’agit de la mettre aux standards de demain et, ainsi, de lui redonner ce caractère de modernité qu’elle représentait il y a quarante ans ». L’architecte Jean-Marie Duthilleul est le conseil de l’EITMM pour cette opération. Il explique que la forme même de la tour pourrait changer : « Toutes les propositions sont possibles, on accepte les surprises. Pourquoi pas des balcons ou des occlusions dans la façade ? Pourquoi pas une coiffe pour en finir avec ce toit plat ? »

Par chance, au-delà des fantaisies végétales qui d’ailleurs se partagent en deux catégories – celles qui relèvent de la communauté, et celles qui relèvent de chaque propriétaire, libre donc de choisir des géraniums plutôt que des pétasites japonica – l’équipe lauréate a travaillé un profil intelligent et aussi sage que celui de leurs concurrents était déraisonnable.

La corbeille de « légumes » placés sur le toit sera sans doute un « signal fort » pour l’avenir de la mairie. Son rappel au quatorzième rappellera que rien, à Paris, ne saurait être impossible. Mais surtout le dessin des façades, passé du marron éteint, presque noir, à ce type de verre clair qu’on trouve heureusement de plus en plus souvent dans ce genre de constructions, devrait donner un beau sentiment d’espoir aux électeurs de la maire de Paris. On note ici le rapprochement de la jeune génération Nouvelle AOM avec celle de Renzo Piano, et notamment avec la tour qu’il a construit pour le New York Times à Manhattan.

Publicité
Publicité