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Jours tranquilles à Paris

4 mai 2020

Exposition au Cent Quatre (il y a quelques années)

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4 mai 2020

Coronavirus - situation au 3 mai 2020

situation 3 mai

4 mai 2020

Galerie XII est heureuse de vous présenter "Yesterday", sa deuxième exposition virtuelle, du 04 au 17 mai 2020.

yesterday

Suite au succès rencontré par notre première exposition 3D en ligne, nous vous proposons un nouveau voyage dans notre espace virtuel commun : un flashback vers le siècle dernier, à travers l'objectif de plusieurs photographes.

Yesterday, la chanson des Beatles résonne dans nos têtes. Hier encore nous pouvions voyager, nous embrasser, sortir ensemble, faire la fête, aller à un concert… Toutes choses qui nous semblaient si naturelles ! Les quelques photographies réunies dans cette nouvelle exposition virtuelle en 3D nous ramènent encore plus loin, dans les années 50, 60 et 70, une époque aujourd’hui mythique. Rêvons ensemble à un retour dans le passé avec les images de Luc Fournol,  Benno Graziani, Jean-Marie Périer, Norman Parkison et Norman Seeff. Bon voyage !

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https://artspaces.kunstmatrix.com/en/exhibition/831045/yesterday

 

4 mai 2020

Pékin tente de reprendre la main sur Hongkong

Article de Florence De Changy

En pleine crise, les autorités chinoises entament un coup de force discret sur la région administrative spéciale

ANALYSE

HONGKONG - correspondance

La patience de Pékin vis-à-vis de Hongkong a atteint ses limites. L’enchaînement des déclarations officielles et des événements de fin avril – notamment l’arrestation d’une quinzaine d’opposants – ne laisse aucun doute sur le fait que la Chine ne supporte plus l’exception hongkongaise : la région administrative spéciale de Chine, rétrocédée par la couronne britannique, en 1997, doit confiner ses aspirations démocratiques et rentrer dans le rang. C’est, du point de vue de Pékin, une question de « sécurité nationale », surtout depuis que les manifestants hongkongais ont employé des slogans défiant la souveraineté chinoise, et, fait aggravant, que les Etats-Unis ont formellement apporté leur soutien au combat démocratique de Hongkong avec la ratification, fin novembre 2019, de la loi sur les droits humains et la démocratie à Hongkong.

C’est que Pékin manque d’outils pour défendre, à Hongkong, les atteintes à cette « sécurité nationale » : l’article 23 de la Basic Law, la mini-Constitution de Hongkong, censé punir la trahison, la sédition et la sécession, n’a jamais pu être adopté en raison des manifestations qu’il provoque. La tentative, en juin 2019, de passer une loi d’extradition entre Hongkong et la Chine, ce qui permettrait à Pékin de juger en Chine des Hongkongais, a tourné court après avoir déclenché un gigantesque mouvement de protestations.

L’enjeu est également économique. Car, aussi négligeable que soit Hongkong à l’échelle de la Chine (0,5 % de sa population et 2,7 % de son PIB), sa place financière joue un rôle essentiel comme porte d’entrée et de sortie pour les capitaux chinois. La Bourse de Hongkong accueille les plus grandes entreprises chinoises, et nombre des familles les plus riches y ont une partie de leur fortune.

Il y a deux camps dans l’esprit de Pékin : d’un côté l’opposition prodémocratie et les « forces étrangères » (et avant tout les Etats-Unis et le Royaume-Uni), qui entretiennent le chaos sur le territoire en ayant recours à des « méthodes terroristes » pour nuire, in fine, à la Chine dans son ensemble ; et, de l’autre, le gouvernement central, l’exécutif local et les partis pro-Pékin, garants, eux, de l’ordre et de la « sécurité nationale ».

Les autorités en place n’ont, jusqu’à présent, pu compter que sur la force policière et les procureurs pour maintenir l’un et l’autre. Lors du vote du dernier budget, la police de Hongkong a vu ses moyens augmenter de 25 %. Pourtant, les Hongkongais ont répondu à la brutalité des interventions policières par une gifle électorale. Lors des élections de district de novembre 2019, l’opposition prodémocratie a remporté la majorité dans dix-sept des dix-huit conseils. Leur enveloppe budgétaire a toutefois été soudainement réduite, une manière efficace de limiter leur impact sur la communauté. Mais l’enjeu est désormais la prochaine échéance, beaucoup plus importante : celle des élections législatives de septembre que Pékin, de l’avis général, ne supporterait pas de perdre.

« Il est indéniable que Pékin est frustré de ce qui se passe ici. Et peut-être bien qu’ils aimeraient faire à leur façon. Mais c’est simplement impossible », affirme Bernard Chan, membre du Conseil exécutif, la plus haute instance du gouvernement local. En vertu de la Basic Law, l’ancienne colonie britannique jouit d’un « haut degré d’autonomie » jusqu’en 2047. Hongkong fait certes partie de la Chine, au nom du premier terme de la formule « un pays, deux systèmes », mais reste théoriquement chargée de ses affaires intérieures au nom du second.

Passage en force

La panique mondiale provoquée par le Covid-19 a toutefois permis à Pékin d’avancer d’une case en jetant par-dessus bord le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de Hongkong, fermement inscrit (article 22) dans la Basic Law. Le 17 avril, le Bureau de liaison s’est ainsi autoaffranchi de cet article, expliquant sans vergogne qu’il n’y avait jamais été soumis. Il suffit pourtant de relire le Quotidien du peuple, organe de propagande du Parti communiste chinois, du 17 janvier 2000, à propos de l’inauguration du Bureau de liaison, pour se convaincre du contraire. Son directeur soulignait alors la mission de « liaison et de coordination » de son administration, mais en aucun cas de supervision. Il précisait aussi qu’il n’y avait « aucune relation de subordination » entre le gouvernement de Hongkong et le Bureau de liaison. Pourtant, depuis deux semaines, ce dernier affirme avoir « toujours eu » un rôle de supervision sur les affaires de Hongkong.

Ce passage en force marque sans doute un point de non-retour dans les relations entre Pékin et Hongkong. Il annonce une nouvelle réalité politique où le Bureau de liaison pourra dicter l’ordre du jour de façon beaucoup plus ouverte. « Pékin a estimé que, si la situation n’était pas corrigée à Hongkong, les choses allaient empirer, surtout avec l’attitude belligérante de l’opposition et l’intention des Etats-Unis de s’immiscer dans les affaires intérieures de Hongkong », estime Lau Siu-kai, professeur de sociologie et vice-président d’un thinktank prochinois.

Pékin a d’ailleurs immédiatement occupé le terrain fraîchement conquis, en cautionnant les arrestations de quinze grandes figures du camp prodémocratie, dont des vétérans très respectés, accusés d’avoir organisé et participé à des rassemblements illégaux. Xinhua, l’agence de presse chinoise officielle, a pour sa part confirmé le remaniement ministériel du 22 avril, avant même la chef de l’exécutif, Carrie Lam. Et, au lendemain d’une journée du 1er-Mai qui, à l’exception d’un épisode houleux dans un centre commercial, s’est globalement déroulée dans le calme, le Bureau de liaison s’en est pris avec virulence à des « extrémistes radicaux » prétendument déterminés à « placer des bombes ». Ce communiqué a surtout semblé trahir le souhait de Pékin que la situation dégénère de nouveau pour justifier une remise au pas musclée. Mais l’opposition, consciente de cette stratégie, est soucieuse d’éviter le piège.

Certes, il y eut nombre de signes avant-coureurs de cette reprise en main. En juin 2014, Pékin avait déjà affirmé dans son Livre blanc avoir « entière juridiction » sur tous les secteurs de la vie de Hongkong, effrayant tant les juristes du territoire que les milieux d’affaires, puisque l’indépendance de la justice, garante de l’Etat de droit, est la différence la plus fondamentale entre Hongkong et le reste de la Chine. En 2017, le président Xi Jinping avait évoqué une nouvelle « ligne rouge » à ne pas franchir sur le sujet de l’indépendance de Hongkong. Le communiqué publié par le comité central du Parti communiste, à la fin du plénum d’octobre 2019, annonçait encore que Pékin allait « contrôler et diriger Hongkong et Macao ».

En outre, selon plusieurs sources proches du gouvernement, Pékin a déjà infiltré le gouvernement de Hongkong, en plaçant certains de ses « pions », notamment au sein des services assurant la discipline, à savoir, la police, l’immigration, les douanes et la commission indépendante anticorruption. « Depuis la réforme des nominations de l’administration [en 2002], les gens aux postes-clés sont nommés non plus en fonction de leurs compétences, mais en fonction de leur loyauté à Pékin. Le chef de l’exécutif les propose, Pékin les confirme, cela a été le début de la fin », explique au Monde un ancien ministre, qui souhaite conserver l’anonymat.

D’autres mesures devraient consolider cette offensive. Depuis qu’il a été publiquement montré du doigt par le Bureau de liaison et accusé d’obstruction, le député d’opposition Dennis Kwok (Parti civique) estime que ses jours au Parlement sont comptés. Le gouvernement central s’impatiente de ne pas voir adoptée la loi sur le respect de l’hymne national et du drapeau chinois. Les tribunaux hongkongais semblent avoir la main de plus en plus lourde à l’égard des sympathisants du mouvement de protestation.

Deux mineurs impliqués dans un accident mortel au cours d’une manifestation violente, en 2019, viennent d’être inculpés de « meurtre ». Fin avril, le leader politique Edward Leung, âgé de 29 ans, considéré par beaucoup comme l’inspirateur du mouvement de 2019, a pour sa part perdu son appel contre la peine de six ans de prison qu’il purge, depuis juin 2018, pour son rôle dans l’émeute dite « des boulettes de poisson » de 2016. Cet acharnement judiciaire risque de dissuader certains Hongkongais de participer aux manifestations. Il va aussi rendre inéligibles pour cinq ans d’éventuels condamnés à plus de trois mois de prison.

Ce coup de force n’est pourtant pas sans risque. Il n’a pas forcément l’aval des milieux d’affaires qui réclament avant tout de la stabilité, de la confiance et de la transparence. Certains estiment qu’en s’arrogeant ainsi le droit d’intervenir dans les affaires de Hongkong, Pékin se comporte en animal blessé, non seulement accusé d’être responsable du désastre mondial dû au Covid-19, mais en plus humilié par la détermination inébranlable des Hongkongais qui refusent de renoncer à leurs aspirations démocratiques.

4 mai 2020

Annas Workshops - Anna Johansson

anna58

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4 mai 2020

Coronavirus et Brésil...

Covid-19 : le Brésil franchit la barre des 7 000 morts. Le Brésil a franchi dimanche la barre des 7 000 morts et 100 000 cas confirmés de Covid-19, rapporte O Globo. Le pays, qui compte 210 millions d’habitants, se situe au neuvième rang mondial en termes de personnes infectées, avec 101 147 cas, selon le dernier bilan officiel du ministère de la Santé. Mais il a dépassé l’Allemagne en nombre de décès, avec 7 025 morts au total. Dimanche soir, une projection sur la célèbre statue du Christ rédempteur du Corcovado devait donner l’impression que le visage de Jésus était recouvert d’un masque de protection, pour encourager la population à se protéger.

4 mai 2020

Photo : Eric Bouvet

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4 mai 2020

Coronavirus : le site du gouvernement contre les « infox » irrite les médias

Par Aude Dassonville - Le Monde

Les autorités ont lancé une rubrique, « Desinfox Coronavirus », alimentée par des articles de presse sans en informer les rédactions concernées, qui dénoncent un mélange des genres.

C’est un tweet de Sibeth Ndiaye, qui a mis le feu aux poudres. « La crise du #COVID19 favorise la propagation de #fakenews, a écrit, jeudi 30 avril, la porte-parole du gouvernement sur le réseau social. Plus que jamais, il est nécessaire de se fier à des sources d’informations sûres et vérifiées. C’est pourquoi le site du @gouvernementFR propose désormais un espace dédié ».

Un clic sur « Désinfox coronavirus », et l’on déroule effectivement un fil d’articles piochés dans les rubriques de fact-checking (vérification des faits) des médias – Les Décodeurs pour Le Monde, CheckNews de Libération, le Factuel de l’Agence France-Presse, Fake Off de 20 Minutes ou Vrai ou fake de FranceTVInfo). « Non, ce n’est pas la bactérie Prevotella qui tue les patients du Covid-19 » « Bal de rue dans le 18e arrondissement de Paris : que s’est-il passé ? » « Pourquoi ces comparaisons entre les prix des masques français et espagnols n’ont aucun sens »... Les articles s’enchaînent, sans hiérarchie, logique ou commentaires.

L’initiative n’est pas du goût des rédactions concernées, qui découvrent alors qu’elles participent, pour ainsi dire à l’insu de leur plein gré, à une rubrique intitulée « S’informer sur la désinformation » créée, pour le site gouvernemental, sur la suggestion du Service d’information du gouvernement (SIG), qui dépend de Matignon. « Le Monde n’a pas été consulté en amont, et il va de soi que nous aurions refusé ce type de démarche », tweete alors Luc Bronner, directeur des rédactions.

« Défiance et suspicion »

Mise en ligne le 23 avril, la rubrique prospérait discrètement avant que Sibeth Ndiaye en fasse la promotion et crée ainsi la polémique.

« Ces papiers diffusés sur nos différents médias se sont retrouvés utilisés, instrumentalisés, sur une plate-forme qui s’appelle Gouvernement.fr », lance, scandalisé, Vincent Giret, le directeur de Franceinfo.fr. Or « notre bien le plus précieux, c’est notre indépendance, corrobore Paul Quinio, directeur délégué de la rédaction de Libération. Ce genre d’opération ne peut qu’introduire de la défiance et de la suspicion quant aux relations entre la presse et le monde politique ». « Notre démarche partait d’une intention louable, se défend-on dans l’entourage du gouvernement.

S’alarmant « du nombre démesuré de “fake news” qui peuvent mettre en danger la santé des Français », le SIG cherchait en effet à renforcer sa lutte contre la désinformation. Ce qu’il a fait, en se servant directement dans des rubriques estampillées comme telles, facilement identifiables, éliminant de fait toutes les publications ne disposant pas d’une rubrique ad hoc… et se posant, de fait, en arbitre des pratiques journalistiques.

Cette idée est « aussi inquiétante que contre-productive » dénonçait Guillaume Tabard, le rédacteur en chef et éditorialiste politique du Figaro, samedi 2 mai, dans les colonnes du quotidien, tandis que Laurent Joffrin, le directeur des rédactions de Libération, demandait qu’« à tout le moins », les lecteurs du site soient prévenus que les médias concernés n’avaient pas eu voix au chapitre dans cette affaire.

A l’issue du conseil des ministres, samedi 2 mai dans l’après-midi, Sibeth Ndiaye l’a promis : « Cette page a vocation à être supprimée une fois la crise [liée au coronavirus] terminée ».

Aude Dassonville

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SDJ et SDR dénoncent l’intitative du gouvernement. Les sociétés des journalistes et sociétés des rédacteurs de plusieurs médias ont dénoncé dans un communiqué, dimanche soir, l’initiative gouvernementale consistant à reproduire, sur un site officiel de la République, un florilège d’articles estampillés fiables, consacrés au Covid-19. « En distinguant tel ou tel article sur son site, le gouvernement donne l’impression, dans un mélange des genres délétère, de labelliser la production de certains médias. Selon cette même logique, les autres ne seraient pas dignes d’un imprimatur que l’Etat n’a pourtant aucune légitimité à délivrer dans un pays où la liberté de la presse est une liberté fondamentale », expliquent les SDJ et SDR signataires* du texte, qui demandent que cette rubrique du site Gouvernement.fr soit supprimée sans délai.

*Signataires : les SDJ et SDR d’Arrêt sur images, BFM-TV, Courrier international, Les Echos, Europe 1, Le Figaro, France 2, France 3 National, France Info, franceinfo.fr, France Inter, Le JDD, Libération, M6, Marianne, Mediapart, LCP, Le Monde, L’Obs, Le Parisien, Paris Match, Le Point, Premières Lignes, RFI, RMC, RTL, Sud Ouest, Télérama, La Tribune, TV5 Monde, 20 Minutes, et la Société des personnels de L’Humanité.

4 mai 2020

Libération de ce lundi 4 mai 2020

libé 4 mai

4 mai 2020

Déconfinement : la semaine à haut risque de l’exécutif

Par Cédric Pietralunga, Alexandre Lemarié, Olivier Faye

Sept semaines après avoir assigné à domicile les Français afin de contenir l’épidémie de Covid-19, le gouvernement entame la dernière ligne droite avant le 11 mai.

Déconfinera ? Déconfinera pas ? Sept semaines après avoir assigné à domicile la plus grande partie des Français, afin de contenir l’épidémie due au coronavirus venue de Chine, l’exécutif entame la dernière ligne droite avant le 11 mai, date qu’il a lui-même fixée pour lever progressivement les mesures sanitaires les plus contraignantes et tenter de reprendre une activité plus normale.

Mais la route s’annonce tortueuse voire piégeuse, tant les inconnues sur le virus sont nombreuses et les risques d’une deuxième vague épidémique réels.

Lors de son discours devant l’Assemblée nationale, le 28 avril, Edouard Philippe a été d’une prudence toute juppéiste : pas question de déconfiner à tout prix et à n’importe quelles conditions. « Si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai », a mis en garde le premier ministre, qui refuse de s’enfermer dans un agenda trop contraint, et ce malgré les pressions de l’Elysée.

Sur son calendrier, le chef du gouvernement a fixé au 7 mai la date à laquelle il prendra sa décision. C’est ce jour-là que sera « gelée » la carte de France de propagation du virus, avec d’un côté les départements en vert, qui pourront commencer le déconfinement, et ceux en rouge, qui devront maintenir certaines contraintes.

« Si le confinement est bien respecté jusqu’au bout, le couvercle aura été mis sur la casserole de l’épidémie, et nous pourrons déconfiner progressivement dans les meilleures conditions. Dans le cas contraire, et si le nombre de nouveaux malades devait être trop élevé, la date de levée du confinement pourrait être remise en question et sera appréciée selon les départements », a précisé le ministre de la santé, Olivier Véran, dimanche dans Le Parisien.

L’hypothèse du maintien d’un confinement strict dans certains territoires n’est pas écartée, afin d’éviter un nouvel engorgement des services de réanimation, après ceux connus dans le Grand Est et en Ile-de-france. « Notre bataille est capacitaire et le restera pour un certain temps », estime un conseiller de l’exécutif.

L’épineux sujet de la réouverture des écoles

Un des sujets les plus épineux est celui de la réouverture des écoles. Sur le terrain, certains maires menacent de ne rien en faire, par peur d’une reprise de l’épidémie, tandis que des professeurs expriment leurs craintes face à cette rentrée.

« Depuis l’annonce de la réouverture des classes le 11 mai, les députés de mon groupe disent que c’est pour une foule de raisons le sujet principal de préoccupation, avec la crainte de s’engager dans un processus non sécurisé », reconnaît Gilles Le Gendre, le président du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale. « Les écoles, ça va être un cauchemar. Aucune directive n’est donnée aux directeurs des établissements. Il y en a plein qui ne savent pas comment s’y prendre pour rouvrir le 11 mai et plein d’autres qui menacent de ne pas rouvrir les portes », s’inquiète un député de la majorité.

De fait, la bronca monte chez les élus, à mesure que la date du 11 mai se rapproche. « Cette ouverture est déraisonnable », estime ainsi Philippe Saurel, le maire de Montpellier. L’élu se dit même prêt à passer outre les injonctions venues de Paris : « Si, parmi les 126 écoles que compte Montpellier, certaines sont situées trop près d’un cluster et difficiles à aménager, alors j’avertirai l’Etat et le rectorat, et je les fermerai », indique-t-il dans le Journal du dimanche (JDD) du 3 mai.

Même son de cloche du côté d’une partie des présidents de région, dont dépendent les lycées. « Je ne compte pas rouvrir les portes des lycées normands début juin. C’est créer des risques épidémiques pour si peu », estime Hervé Morin, le président centriste du conseil régional de Normandie, dimanche dans Le Parisien. Selon l’ex-ministre, le jeu n’en vaut pas la chandelle, compte tenu du peu d’heures de cours que les élèves pourront suivre, et l’urgence est davantage à préparer la rentrée de septembre, pour laquelle l’organisation des établissements devra être entièrement repensée.

Dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, et publiée dimanche par La Tribune, 316 maires d’Ile-de-France, dont celle de Paris Anne Hidalgo, demandent également à l’exécutif de repousser la réouverture des écoles au-delà du 11 mai dans les départements qui sont classés en rouge.

Une concertation au niveau local

Face à cette défiance, l’exécutif affiche sa compréhension. Pas question de froisser les élus ! « Dans les départements verts, en Ardèche, Lozère, Cantal, le fait d’ouvrir les écoles ne devrait a priori pas poser problème. Quand on est dans un département “rouge”, la question peut se poser. Imaginons qu’un maire de ville “rouge” dise qu’il a besoin d’une semaine de plus, évidemment qu’on regardera ça avec attention. Nous concerterons au niveau local », explique la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. « Si vous ne rouvrez pas là, vous ne rouvrez pas en septembre si le virus est encore là. Il faut mettre dans la tête des gens qu’on va vivre avec », estime au contraire un ministre.

Après l’avoir dévoilé à l’Assemblée nationale mardi 28 avril, le premier ministre présentera son plan de déconfinement lundi après-midi devant le Sénat. Cette présentation sera suivie d’un débat et d’un vote, comme au Palais-Bourbon, où la stratégie de l’exécutif a été largement approuvée (368 voix pour, 100 contre, et 103 abstentions).

Matignon promet une déclaration différente, afin d’apporter des précisions supplémentaires sur le dispositif à mettre en œuvre à partir du 11 mai, le plan présenté par Edouard Philippe à l’Assemblée ayant vocation à être affiné à la suite des remontées des maires, des préfets ou des Agences régionales de santé (ARS). « Le premier ministre a présenté une architecture générale qui avait vocation à être discutée, toute une série de concertations se sont ouvertes », rappelle Sibeth Ndiaye.

Comme leurs collègues du Palais-Bourbon, les sénateurs Les Républicains (LR), qui sont majoritaires au palais du Luxembourg, sont invités par leurs chefs de file à s’abstenir. Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, justifie cette position au motif que le gouvernement « s’est trop contredit », en particulier sur les tests et les masques. « Nous nous abstiendrons parce que nous ne voulons pas voter contre le principe du déconfinement mais que nous avons des doutes sur les conditions de sa réussite, a-t-il résumé dans le JDD. Le chef du gouvernement construit sa stratégie comme on fait un pari, en croisant les doigts pour que ça ne tourne pas à la catastrophe. »

Une commission d’enquête sur la chronologie de la crise

Le sénateur de Vendée a même haussé le ton contre l’exécutif, dimanche 3 mai, en annonçant que le Sénat a acté le principe de la mise en place d’une commission d’enquête sur la crise du coronavirus « au mois de juin ».

Cette commission d’enquête « portera sur l’ensemble de la chronologie, [depuis] les premières révélations de la Chine jusqu’à la fin de la crise », a déclaré M. Retailleau sur Europe 1. « Notre objectif, c’est de voir ce qui a fonctionné, ce qui a mal fonctionné, pour en tirer des leçons et pour faire en sorte que demain la France soit mieux préparée. Parce que franchement, elle était dans un état d’impréparation extrêmement préoccupant », a-t-il jugé.

Après le débat et le vote sur le plan de déconfinement, le Sénat s’attaquera à un autre sujet : l’examen du projet de loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire. Alors que le gouvernement a annoncé samedi sa prolongation jusqu’au 24 juillet, le texte sera examiné à partir de lundi au Palais du Luxembourg, avec un vote prévu mardi après-midi. Il ira ensuite à l’Assemblée nationale, le vote des conclusions de la commission mixte paritaire députés-sénateurs étant fixé au jeudi 7 mai en fin de journée au Sénat.

Déjà, ce texte a évolué par rapport aux ambitions initiales. A l’origine, le gouvernement avait envisagé de confiner sous la contrainte les personnes malades qui refuseraient de rester chez elles. Après un début de polémique, l’exécutif a reculé et a décidé de n’imposer l’isolement qu’aux personnes arrivant de l’étranger, hors Union européenne (UE), espace Schengen et Royaume-Uni. « Les Français continueront d’être responsables, il n’y a pas besoin de mettre de mesures dans la loi pour les contraindre à rester chez eux », a déclaré M. Véran, le 2 mai.

De la même façon, le suivi des personnes malades ne se fera pas avec l’application StopCovid, en tout cas pas tout de suite. Ce sont des personnels autorisés par le gouvernement qui tiendront « un fichier Excel » permettant de retracer le parcours des personnes malades, pour tenter de casser les chaînes de transmission du virus.

Mais une fois que ce texte aura été examiné par le Parlement, M. Retailleau a d’ores et déjà prévenu que les sénateurs de son parti saisiront le Conseil constitutionnel, notamment sur la responsabilité des élus. En vue du déconfinement et de la réouverture des écoles, de nombreux parlementaires plaident pour mieux protéger juridiquement les maires. Dans une tribune au JDD, 138 députés et dix-neuf sénateurs La République en marche (LRM) se disent ainsi favorables à une adaptation de la législation.

L’enjeu reste l’adhésion des Français

Car le véritable enjeu du moment reste celui de l’adhésion des Français. Au sein de l’exécutif, on reconnaît marcher sur un fil. Qu’une partie de la population refuse de se soumettre au port du masque dans les transports publics ou aux mesures de « distanciation physique » sur le lieu de travail, et c’est tout le bel ordonnancement gouvernemental qui pourrait être remis en cause, avec une nouvelle envolée de l’épidémie.

« Si c’est le cas et qu’on est amené à reconfiner, on pourra dire au revoir à notre économie et à notre capital politique. Les gens tiendront jusqu’à la date symbolique du 11 mai. Mais après, ce sera très dur de leur demander de se confiner une deuxième fois », met en garde un macroniste historique.

Le hic ? La défiance des Français à l’égard du gouvernement et de sa stratégie de lutte contre le coronavirus ne cesse d’enfler.

Selon un sondage Yougov publié le 30 avril, 50 % des personnes interrogées ont trouvé « flou » le plan de déconfinement présenté par Edouard Philippe à l’Assemblée nationale, et seulement 12 % « clair ». Et selon une étude réalisée par l’institut Ipsos pour le Centre d’études de la vie politique française (Cevipof), publiée le 2 mai par Le Monde, 62 % des Français se disent « insatisfaits » de l’action du gouvernement (38 % de satisfaits). Il s’agit du plus fort taux depuis le début de la crise − il était mesuré à 46 % le 20 mars. C’est aussi le niveau de défiance le plus élevé parmi les pays de l’UE.

« La manière dont nous allons parvenir à convaincre les Français sera la clé du déconfinement », reconnaît M. Le Gendre. Reste à trouver le bon dosage à partir du 11 mai… « Le confinement a été une épreuve si douloureuse qu’il y a une envie évidente de se relâcher. Or le déconfinement, cela ne peut pas être du relâchement. Cela va être une autre épreuve », prévient la porte-parole de LRM, Aurore Bergé. Avant de résumer : « Il va falloir retrouver un semblant de relation sociale, tout en restant vigilant. » Une autre sorte de « en même temps ».

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