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Jours tranquilles à Paris

21 avril 2020

Anna Johansson

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21 avril 2020

Analyse - Face au virus, un monde sans leader

Par Sylvie Kauffmann

La pandémie accélère des tendances géopolitiques déjà à l’œuvre : l’affirmation des ambitions chinoises, le repli américain ou encore les défaillances de la gouvernance mondiale. Etat des lieux.

Que restera-t-il, après la crise liée au Covid-19, de l’ordre international hérité de la seconde guerre mondiale ? En quoi le monde géopolitique d’après diffèrera-t-il du monde d’avant ?

Il est trop tôt pour le dire car personne ne peut encore mettre une date à la fin de cette crise. Mais trois mois ont passé depuis que le monde a appris l’éruption du virus en Chine ; la pandémie a, depuis, traversé la planète, frappant l’Iran, puis l’Europe. Les Etats-Unis en sont aujourd’hui l’épicentre, qui se déplacera peut-être ailleurs.

Ces trois mois ont infligé de sévères dérèglements à l’ordre mondial. Sans préjuger du résultat final, ajustements ou monde nouveau, un point d’étape est déjà possible. Il révèle une accélération brutale de tendances qui étaient déjà à l’œuvre avant la crise, plutôt que de véritables ruptures.

Le retrait américain

L’arrivée au pouvoir de Donald Trump en 2017, après des années de désintérêt croissant de la première puissance économique et militaire pour l’exercice du leadership mondial, et sa doctrine « America First » ont donné le signal : désormais, les Etats-Unis seraient principalement préoccupés par eux-mêmes.

L’irruption du virus en pleine campagne pour la présidentielle de novembre et la catastrophe économique qu’il entraîne dans son sillage ont exacerbé ce processus. Le président Trump a tourné le dos à l’Europe et est resté sourd à toute coopération internationale. A l’opposé du président Obama, qui avait participé à la lutte contre le virus Ebola en 2014, il a décidé, lui, de suspendre la contribution américaine à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en pleine crise sanitaire.

Parallèlement, la crise a révélé au grand jour la vulnérabilité du modèle social et politique américain : 22 millions de chômeurs non indemnisés, dont beaucoup se retrouvent sans assurance-maladie, un système de santé publique inadéquat, un pays divisé, une équipe dysfonctionnelle à la Maison Blanche, un président en conflit ouvert avec les gouverneurs. En termes d’image, la perte de prestige est terrible.

L’offensive chinoise

Avec une audace et une rapidité qui ont pris de court les pays occidentaux, Pékin, à peine l’épidémie maîtrisée à Wuhan, a lancé une offensive planétaire de diplomatie humanitaire, doublée d’une vaste opération de propagande, mettant à profit le repli américain de la scène mondiale. De moins en moins discrète dans l’affirmation de ses ambitions ces dernières années, la Chine de Xi Jinping n’avait cependant jamais encore déployé ses efforts aussi agressivement, s’appuyant sur les expéditions de masques et de matériel médical, dûment répercutées sur les réseaux sociaux occidentaux.

Ambassades et médias chinois internationaux ont été mis à contribution pour critiquer la gestion des gouvernements européens et valoriser le concept, inventé en 2017, de « routes de la soie de la santé ».

L’opération chinoise a pu d’autant mieux se déployer dans un premier temps que l’absence de l’aide européenne et des Etats-Unis, notamment à l’Italie attaquée de plein fouet, laissait un vide qu’il ne restait plus qu’à combler.

Une contre-offensive est en train de se dessiner. Soucieux de faire oublier ses propres erreurs, le président Trump ne perd pas une occasion d’attaquer la Chine, accusée d’avoir tardé à informer le monde de la transmissibilité du virus entre humains et d’avoir manipulé l’OMS qui a repris ses éléments de langage.

Les dirigeants des pays européens mettent eux aussi ouvertement en doute la véracité des chiffres de la Chine sur l’étendue de l’épidémie et ses informations sur l’origine du virus, en exigeant plus de transparence. Et ce d’autant plus qu’ils sont furieux de l’exploitation politique de leurs difficultés par Pékin, qui met en scène ses livraisons de masques à l’Europe alors qu’il avait passé sous silence l’aide de l’Union européenne (UE) en février. Et la Chine va aussi devoir gérer son choc économique, avec une chute de son produit intérieur brut (PIB) de 6,8 % au premier trimestre.

Deux facteurs déterminants dans la compétition entre ces deux grands, Etats-Unis et Chine : lequel aura la plus grande capacité de rebond économique et, qui gagnera la course au vaccin ?

L’Europe au défi de la solidarité

Ni sanitairement, ni politiquement, ni économiquement, l’UE n’était préparée à faire face à la crise du Covid-19, dont elle a sous-estimé l’ampleur tant que l’épidémie était cantonnée à la Chine. L’UE a aussi été aux abonnés absents lorsque l’épidémie a éclaté dans le nord de l’Italie : la politique de santé relève de la compétence de chaque Etat ; mais la solidarité des Etats-membres a également largement fait défaut dans un premier temps lorsque Rome et Madrid ont appelé à l’aide.

Les frontières se sont fermées au sein de l’espace Schengen, l’Allemagne et la France ont pris des mesures d’interdiction d’exportation de matériel médical en violation des règles du marché intérieur. Clairement, pour chaque gouvernement, au moment de protéger sa population, c’est l’Etat qui est considéré comme le protecteur, pas l’UE.

Passées les premières semaines de sidération, les institutions européennes se sont remises en route pour aider les Etats membres à faire face aux conséquences de la mise à l’arrêt prolongée de leurs économies. La Banque centrale européenne (BCE) a pris les mesures qui s’imposaient. Mais le plus dur reste à faire. L’UE et la zone euro résisteront-elles à cette nouvelle épreuve ?

L’épidémie, cependant, n’a pas atteint l’UE de façon uniforme. Certains pays, comme l’Allemagne, l’Autriche, la Scandinavie, l’Europe centrale, mais aussi la Grèce et le Portugal soit ont été relativement épargnés soit ont bien résisté. Et l’Etat-providence, marqueur des sociétés européennes, a joué son rôle à plein.

La mondialisation mise en cause

Déjà accusée avant la pandémie par un fort courant antimondialiste d’être responsable de la montée des inégalités et de la destruction des classes moyennes dans les pays développés, la mondialisation est de nouveau montrée du doigt comme coupable des pénuries qui entravent le traitement des malades en Occident.

L’absurdité des chaînes de valeur, qui ont rendu les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dépendants de la Chine pour leur approvisionnement en masques et en respirateurs, de la Chine et de l’Inde pour la production de médicaments, est mise en avant. Relocalisations dans les secteurs de la santé et autonomie industrielle sont remises à l’ordre du jour.

La gouvernance mondiale en échec, le retour de l’Etat-nation

L’appel du secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, à un cessez-le-feu généralisé pendant la pandémie n’a pas réussi à masquer l’impuissance de son organisation face à la crise. Le Conseil de sécurité s’est réuni une fois, pour constater ses divisions.

L’OMS, en première ligne, a gravement failli en cédant aux pressions de la Chine pour retarder le déclenchement des procédures d’alerte mondiale.

Le G7, dont les Etats-Unis sont censés assurer la présidence en 2020, a été totalement inopérant malgré les efforts de la France pour actionner le levier américain. Présidé par l’Arabie saoudite, le G20 s’est limité à un accord pour suspendre jusqu’à la fin de l’année les remboursements de la dette de 76 pays en développement.

La violence de la crise et le réflexe protectionniste des Etats ont activé une puissante dynamique des nationalismes contre le mondialisme. Le multilatéralisme était sur la défensive avant l’irruption du coronavirus ; il est aujourd’hui très affaibli, même si le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale vont pouvoir faire la preuve de leur utilité pour venir massivement au secours du monde émergent.

La compétition entre démocraties libérales et autocraties

Effet d’aubaine pour les « coronacraties » ? Les régimes autocratiques ont souvent profité de la crise et des mesures d’urgence qu’elle imposait pour renforcer leur contrôle sur la société ou les organes du pouvoir.

En pleine pandémie, la Chine a expulsé les correspondants des trois plus grands journaux américains, en réaction à des mesures de restrictions du nombre de diplomates chinois aux Etats-Unis. Samedi 18 avril, plusieurs personnalités clés du mouvement démocratique ont été arrêtées à Hongkong.

La Turquie, qui a poursuivi ses opérations en Libye, a libéré 90 000 détenus pour réduire la propagation du virus dans les prisons mais tous les prisonniers politiques ont été maintenus en détention. Le premier ministre hongrois Viktor Orban a été très critiqué pour avoir pris des mesures d’urgence pour une durée illimitée. La décision de la Pologne de maintenir l’élection présidentielle du 10 mai, pour laquelle le président sortant est favori, en organisant un vote par correspondance, a aussi été contestée.

Grâce à l’efficacité de sa gestion verticale de la crise sanitaire, avec une application très rigide du confinement et un régime de surveillance de masse, le régime chinois veut servir de modèle. Mais, outre le problème de la responsabilité de la Chine dans le départ de la pandémie, plusieurs démocraties ont réussi à la juguler sans recourir à des mesures répressives : l’Allemagne, l’Autriche, la Grèce, le Portugal, la Suède, la Corée du Sud, Taïwan…

A ce stade de la pandémie, le président russe Vladimir Poutine, lui, affronte des vents contraires. La progression du virus à Moscou l’a contraint à renoncer d’abord au référendum du 22 avril, qui devait lui permettre de légitimer son projet de maintien au pouvoir après 2024, puis aux cérémonies du 75e anniversaire de la victoire le 9 mai, couronnement du récit historique sur la grandeur de la Russie, auxquelles le président Macron, notamment, devait assister. D’autre part, la chute de la demande pétrolière va avoir un effet désastreux sur l’économie du pays, au moment où M. Poutine cherchait précisément à augmenter les dépenses publiques.

Les critères sur lesquels les citoyens jugent leurs dirigeants vont sans doute évoluer à la faveur de cette pandémie : la protection de leur sécurité sanitaire, alimentaire, environnementale va devenir un facteur dominant. Les gouvernements qui ont mal géré la crise, comme celui du président Jair Bolsonaro au Brésil, pourraient s’exposer à des conséquences politiques et sociales lourdes.

L’inconnue africaine

L’Afrique retient son souffle. Si l’épidémie s’y propage de façon massive, la faiblesse de l’infrastructure hospitalière et l’impossibilité d’un confinement efficace constituent d’énormes obstacles, même si la jeunesse de la population et l’expérience déjà acquise dans la lutte contre les épidémies sont des atouts.

Les conséquences économiques et sociales de la crise peuvent être immenses, y compris pour le nord de la planète, et entraîner des vides politiques dans les Etats fragiles où les élites au pouvoir sont contestées.

La montée de nouveaux acteurs internationaux

La mise en confinement de la moitié du monde a consacré le triomphe du numérique. La vie post-confinement impliquera sans doute encore plus de contrôle digital des individus pour assurer leur sécurité sanitaire.

Les géants de l’Internet et leur impact sur le fonctionnement de la société et l’organisation de la vie économique n’en prennent que plus d’importance : on le voit déjà avec le rôle joué par Jeff Bezos, le patron d’Amazon. Les sociétés de biotechnologie seront des interlocuteurs de premier ordre.

La fondation Bill & Melinda Gates jouait déjà un rôle important dans le domaine de la santé du monde en développement ; elle devient un acteur de premier plan en la matière, avec la suspension de la contribution des Etats-Unis de l’OMS, dont la fondation du créateur de Microsoft est le deuxième contributeur. Bill Gates avait averti la communauté internationale du danger d’une pandémie dès 2015. Sa fondation a versé 250 millions de dollars (230 millions d’euros) pour soutenir la lutte contre le Covid-19 et la recherche sur un vaccin et un traitement.

Rien n’est fixe, tout peut changer. La seule chose sûre à ce stade, c’est qu’un virus mondial a sérieusement attaqué les fondations, déjà branlantes, de l’ordre international que nous avait légué le XXe siècle.

21 avril 2020

Fanny Müller

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21 avril 2020

Quand, en temps de pandémie, les robots chipent les emplois des humains

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COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Confinement et distanciation sociale obligent, beaucoup ont dû renoncer à se déplacer et à se rendre sur leur lieu de travail. Une aubaine pour les entreprises spécialisées dans la robotique.  

Robots livreurs de nourriture au Royaume-Uni, robots policiers dans les rues de Tunis, robots triant des déchets dans des usines de recyclage américaines, robots agents de propreté dans des centres commerciaux de Hong Kong… et même robots “faux public” pour garnir les gradins d’un stade de baseball à Taïwan. Au moment où une grande partie de la planète est paralysée par la pandémie de Covid-19, où la moitié des humains sont confinés chez eux et où nombre d’entreprises sont à l’arrêt, certains optent pour des solutions innovantes.

Il en est ainsi de la Chine, premier pays touché par le nouveau coronavirus. Le secteur des services mais aussi les hôpitaux, l’hôtellerie et la restauration ont rapidement misé sur les robots pour pallier l’absence de personnel ou accomplir des tâches qui l’auraient trop exposé à des risques de contamination, écrit la Nikkei Asian Review.

“Tout s’emballe !”

Dans un hôtel de Shanghai, raconte le magazine japonais, un robot serveur apporte ainsi son repas à un client suspecté d’être porteur du virus. “Ce robot a été développé par Keenon Robotics, entreprise fondée en 2010 à Shanghai, explique la Nikkei. Depuis le début de la propagation du coronavirus, fin janvier, Keenon a livré 100 unités à des structures médicales de la province du Hubei et d’ailleurs.” De 3 000 robots en 2019, facturés 58 000 yuans pièce (7 500 euros), les ventes de la start-up pourraient avoisiner les 10 000 cette année.

Perspectives similaires pour AMP Robotics, aux États-Unis. La société a mis au point des robots capables de trier des déchets dans les usines de recyclage. “Certaines qui cherchaient à acquérir un ou deux robots nous disent maintenant : ‘Nous en avons besoin de plus’, raconte depuis le Colorado Matanya Horowitz, directeur d’AMP Robotics, au New York Times. Tout s’emballe !”

C’est le cas aussi dans les commerces, constate CNN sur son site Internet. “Les petites épiceries comme les grosses chaînes déploient des robots pour nettoyer les sols, remplir les rayons ou faire des livraisons.” Un phénomène qui s’explique par l’urgence sanitaire mais qui risque de prendre racine, estime Steven Keith Platt, professeur à l’université Northwestern et spécialiste du commerce de détail.

Des robots qui exigent les attestations de sortie

À Milton Keynes, au nord-ouest de Londres, ce sont “des véhicules autonomes miniatures” qui sont en passe de révolutionner un pan du monde du travail, selon The Guardian. “De la taille d’une glacière”, ils livrent de la nourriture et des courses aux 200 000 habitants de la ville. Starship Technologies, créée en 2014 par deux cofondateurs de Skype, expérimentent leurs livreurs à six roues depuis 2015. Mais ils n’ont lancé la phase commerciale qu’à la mi-mars, au moment même où le Royaume-Uni instaurait des mesures de “distanciation sociale”.

Des robots de taille comparable ont également surgi dans les rues de Tunis. À la différence près qu’ils sont là pour faire régner l’ordre et, en particulier, le confinement, en place depuis le 22 mars. Ces policiers sur quatre roues “appellent les citoyens à rester chez eux”, raconte le site tunisien Business News.

Muni d’un micro et en liaison directe avec les services de l’ordre, le robot intercepte dans la rue les passants à qui on demande de présenter une pièce d’identité ainsi qu’une autorisation de sortie.”

Plus insolite encore : à Taïwan, le recours à des robots par le club de baseball des Rakuten pour garnir les tribunes de son stade. La saison devait reprendre le 11 avril et, pour son coup d’envoi nécessairement disputé à huis clos, le club avait décidé de faire appel à des supporters qui ne prendraient aucun risque avec leur santé. Preuve en est avec cette vidéo diffusée sur Sky News Sports. Mais, comble de malchance, rapporte The Taiwan Times, une tempête a empêché la tenue du match.

21 avril 2020

Noble and Nej Rose, first rope together, August 2014 from Noble on Vimeo.

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20 avril 2020

Coronavirus : évolution des prix

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20 avril 2020

Marisa Papen à Londres

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20 avril 2020

Décès du photographe Peter Beard, à 82 ans

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Depuis presque 3 semaines les proches de l'artiste new-yorkais étaient sans nouvelle de lui. Son corps a fini par être retrouvé à Long Island.

Il avait choisi de passer la période du confinement qui frappe aussi New York dans sa propriété de Montauk, sur Long Island. Avec son chien, Nej. Sa fille, Zara, l'avait eu une dernière fois au téléphone le 31 mars. Depuis, elle était sans nouvelle, craignant le pire. Le corps du photographe a fini par être retrouvé dans la nature. « Là où il a toujours aimé vivre », a précisé, dans un communiqué, sa famille.

C'est dans cette maison isolée, plantée au bord d'une impressionnante falaise, à l'extrémité orientale de cette île, que l'artiste avait choisi de fêter ses 82 ans le 22 janvier dernier. Né en 1938, dans une famille fortunée (les aïeux de sa mère avaient participé au développement des premières lignes ferroviaires lors de la conquête de l'Ouest), le jeune homme s'était tourné très tôt vers la photographie.

Il a travaillé avec Andy Warhol, Truman Capote et Francis Bacon

Il commence, comme Jacques-Henri Lartigue (1894-1986), un journal intime, illustrés de clichés, dès ses dix ans. Il le poursuivra toute sa vie. Étudiant en histoire de l'art à la prestigieuse université Yale de 1957 à 1961, sa découverte de l'Afrique bouleverse sa vie. La romancière Karen Blixen (autrice de Out of Africa entre autres), qu'il rencontre au Danemark à la fin de ses études l'encourage à s'installer au Kenya. Le jeune homme achète une propriété d'une vingtaine d'hectares près de Ngong Hills, non loin de Nairobi.

Beard se fait d'abord connaître par les photographies d'animaux sauvages et les somptueux paysages qu'il tire de ses séjours sur place. Son premier livre d'images paraît en 1965. Intitulé The End of the Game, il témoigne de l'inquiétude de son auteur face à la disparition des grands éléphants. Peter Beard se met à travailler dans le parc national de Tsavo à la fin des années 60. Il partage alors sa vie entre la savane et Manhattan.

Safaris-photos au Kénya

Entre deux safaris-photo, le photographe retourne à New York où son appartement de la 57e rue devient célèbre pour les fêtes qu'il organise avec ses amis, parmi lesquels figurent de nombreuses stars de cinéma et écrivains. Parmi eux, figurent Andy Warhol, Truman Capote, ou encore Francis Bacon avec qui il travaillera d'ailleurs.

Au début des années 70, Ruth Ansel, directrice artistique du magazine Harper's Bazaar fait appel à lui. « Si tu sais photographier les éléphants, tu ne devrais pas avoir de mal à tirer le portrait à des mannequins, m'a-t-elle dit », racontait Beard lorsqu'il évoquait son entrevue avec elle. Peter Beard s'épanouit dans l'univers de la mode. Séducteur invétéré, son visage d'aventurier, éternellement hâlé, se retrouve alors fréquemment dans les pages people des magazines.

Une œuvre très personnelle

Parallèlement à cette carrière de photographe de presse, l'artiste n'en poursuit pas moins une œuvre très personnelle intégrant notes et dessins, mais aussi collages... à ses clichés animaliers tirés en grand format. Sa côté atteint, au début des années 90, des sommets et ses clichés intègrent les musées. Alec Baldwin et Elton John collectionnent également ses images. En 2017, une photo de lui atteint les 672 000 $ lors d'une vente aux enchères chez Christies.

Malgré cette reconnaissance, Peter Beard supporte mal l'avancée en âge et sombre, progressivement, dans une profonde neurasthénie. Craignant un suicide, la police d'East Hampton avait lancé des recherches dès 1er avril 2020 pour retrouver l'artiste, qualifié, dans l'avis de recherche publié par le New York Times, d'« adulte vulnérable » en raison de troubles cognitifs qui commençaient à le frapper. La dépouille, retrouvée par la police revêtue d'un pull-over bleu, d'un jogging noir et de ses éternelles baskets bleues a été identifiée, par sa veuve, Nejma, comme étant la sienne.

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20 avril 2020

Jean-Yves Le Drian : « Ma crainte, c’est que le monde d’après ressemble au monde d’avant, mais en pire »

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Entretien 

Par Cyril Bensimon, Christophe Châtelot, Piotr Smolar

Le ministre des affaires étrangères relève, avec la pandémie due au coronavirus, « une amplification des fractures qui minent l’ordre international ».

Démocratiques ou autoritaires, tous les régimes sont secoués par la pandémie du Covid-19. La tendance au repli national et à la controverse sur la crise sanitaire est difficile à battre en brèche. Alors que se profile un sommet inédit, par visioconférence, des pays du Conseil de sécurité de l’ONU (dit « P5 »), le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a répondu par téléphone aux questions du Monde.

L’ambassadeur de Chine Lu Shaye a été convoqué au Quai d’Orsay en raison d’écrits jugés inadmissibles sur la réponse occidentale au Covid-19. S’agit-il d’un cas isolé ou de l’illustration d’une mue de la diplomatie chinoise, plus agressive ?

Depuis le début de la crise pandémique, je me suis entretenu quatre fois avec mon collègue chinois. Nous avons des relations de dialogue et de coopération, qui nous amènent à dire ce qu’on pense. Nous avons des principes.

Je ne peux pas accepter que le personnel de nos Ehpad se trouve calomnié par qui que ce soit, y compris par l’ambassade de Chine [qui a accusé le personnel soignant français des établis­sements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes d’avoir abandonné leur poste]. Je l’ai fait savoir.

Dans les heures qui ont suivi, une déclaration du porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a permis de lever tout malentendu, en insistant sur la nécessité de travailler ensemble dans un nouveau multilatéralisme. Nous entendons être respectés comme la Chine, elle, souhaite l’être.

Pékin essaie-t-il de prendre la place occupée par Washington dans le concert des puissances ?

Je lis et j’entends que le monde d’après n’aurait rien à voir avec le monde d’avant. Je partage ce vœu, mais c’est de l’ordre de la prédiction. Ma crainte, c’est que le monde d’après ressemble furieusement au monde d’avant, mais en pire.

Il me semble que nous assistons à une amplification des fractures qui minent l’ordre international depuis des années. La pandémie est la continuation, par d’autres moyens, de la lutte entre puissances. C’est d’abord la remise en cause déjà ancienne du multilatéralisme. Des acteurs majeurs se désengagent, comme l’illustre la décision américaine de suspendre sa contribution à l’Organisation mondiale de la santé [OMS], alors que c’est la seule organisation universelle capable de lutter contre la pandémie. D’autres s’engouffrent dans les brèches.

Cette lutte, c’est aussi la systématisation des rapports de force qu’on voyait monter bien avant, avec l’exacerbation de la rivalité sino-américaine. C’est enfin l’extension de la compétition internationale, voire de l’affrontement, à tous les secteurs. Cela se poursuit, dans cette crise, sur le terrain de l’information. Je pense à ce qu’on appelle les « infodémies » et au terrain politique où l’on essaie de comparer les modèles de gestion de crise.

Vous avez mentionné l’OMS, dont la direction est très contestée. Partagez-vous ces reproches ?

Cette crise a révélé une double difficulté dans le multilatéralisme de la santé. Il faut redonner à l’OMS les moyens de mieux remplir sa mission normative, ainsi que celle d’alerte et de détection. Il serait souhaitable de constituer, sur le modèle du GIEC [Groupe d’experts ­ intergouvernemental sur l’évolution du climat], un haut conseil de la santé humaine et animale, qui pourrait dire la science, sur la base du travail d’experts reconnus.

L’autre difficulté pour l’OMS, c’est la coordination entre les grandes initiatives et les grands acteurs de la santé mondiale : Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, l’Alliance du vaccin (GAVI), Unitaid… La France est un grand contributeur et travaille pour que la réponse à la pandémie soit massive, coordonnée, en particulier pour les pays les plus vulnérables et en Afrique.

Il y avait avant la crise sanitaire une différence d’approche entre Américains et Européens par rapport à la Chine, entre confrontation et quête de compromis. Les Européens durciront-ils leurs positions ?

L’Europe doit devenir géopolitique. Elle doit être au rendez-vous de son histoire, mais aussi assumer ses responsabilités sur le plan international.

La Commission européenne avait dit début 2019 que la Chine était à la fois un partenaire et un rival systémique. Cela ne nous empêche pas d’avoir des relations de travail, de collaboration. Je pense par exemple à la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat. Cela ne peut se faire que si la Chine respecte l’Union européenne [UE] en tant que telle. Ce n’est pas toujours le cas. Parfois, Pékin joue sur les fragmentations dans l’UE.

Avez-vous fait le deuil des Etats-Unis comme allié ?

Les Etats-Unis sont une grande puissance qui semble hésiter à jouer son rôle de leadership au niveau mondial. Cela entraîne son repli et rend difficile une action collective sur les grands enjeux de l’humanité. En conséquence, la Chine se sent en situation de pouvoir dire un jour « je suis la puissance et le leadership ». Nous souhaitons que les Etats-Unis remplissent leurs responsabilités et gardent une relation de confiance avec leurs alliés.

Mais l’enjeu est surtout que l’Europe exerce sa souveraineté et se trouve un destin de leadership. Qu’elle se projette dans ce rôle. Qu’elle ne se contente pas de s’interroger sur elle-même, sur la manière dont elle sortira de la crise, dont elle défendra sa souveraineté sécuritaire, d’une manière générale, pour ne pas dépendre de l’extérieur.

Emmanuel Macron s’est prononcé pour une annulation de la dette des pays africains. Pékin, qui en détient 40 %, n’y est pas favorable. N’avez-vous pas lancé un slogan généreux avec l’argent des autres ?

L’initiative prise par le président de la République visant à alléger la dette de pays africains a été acceptée et validée puisque le remboursement des dettes bilatérales publiques et privées a fait l’objet d’un moratoire jusqu’à la fin de l’année, y compris par la Chine.

C’est un premier acte, souhaité par les Africains, qu’il faut maintenant mettre en œuvre. Ce ballon d’oxygène d’environ 20 milliards de dollars [18,4 milliards d’euros] pour quarante pays doit leur permettre d’investir davantage pour lutter contre le Covid-19.

Ce premier résultat ne suffit pas. Nous souhaitons qu’en fonction de la situation des pays et dans un cadre multilatéral, il puisse y voir des annulations de dettes accompagnées d’un plan d’investissement dans les domaines de la santé, de l’éducation… La même détermination devra être au rendez-vous et cela concerne aussi la Chine.

Pensez-vous que l’onde de choc de la pandémie pourrait emporter certains régimes africains ?

Il faut être vigilant sans développer des perspectives cataclysmiques. L’ampleur de la crise sanitaire en Afrique est impossible à prédire. La pandémie atteint cinquante-deux pays sur cinquante-quatre mais le nombre de cas détectés est relativement faible, probablement parce que le dispositif sanitaire africain n’est pas suffisamment structuré pour identifier toutes les personnes touchées.

Il y a des facteurs qui incitent à l’optimisme comme la jeunesse de la population, l’expérience dans la gestion des pandémies. D’autres portent au pessimisme comme la faiblesse des systèmes de santé, le risque de propagation accélérée dans les grands centres urbains, le nombre de déplacés… Il importe donc d’anticiper le développement de la pandémie car la violence du choc économique arrivera, quoi qu’il en soit.

Après le retour des Français bloqués à l’étranger, comment allez-vous traiter la question des expatriés, dont certains, notamment en Afrique, voudraient aussi rentrer ?

Nous avons mobilisé beaucoup d’acteurs pour permettre le retour des Français qui étaient à l’étranger à titre provisoire. Nous avons rapatrié, avec l’appui d’Air France, près de 170 000 Français dans un contexte de circulation aérienne très ténue, de fermeture des frontières… Désormais, nous allons effectuer dans le cadre de l’UE des « vols balais » pour la fin de ces retours.

Concernant les 3,5 millions de Français qui résident en permanence à l’étranger, nous allons envisager des mesures spécifiques pour les personnes les plus vulnérables. Pour les autres, nous souhaitons qu’ils restent là où ils vivent, qu’ils répondent aux normes de confinement ou de précaution dictées par les pays où ils résident. Cela demande un minimum de sécurisation. Nous allons proposer un dispositif de soutien sanitaire à chaque communauté française des pays les plus exposés. Avec de la télésurveillance, de la télémédecine, avec des capacités sanitaires d’évacuation si nécessaire et un soutien éducatif et social.

Vous avez appelé de vos vœux une « grande explication » avec la Turquie sur ses alliances contradictoires. Y a-t-il un tabou turc dans l’OTAN ?

Il existe une interrogation sur les objectifs, les stratégies à long terme de l’Alliance [atlantique] à un moment sensible où sont en train de tomber les grands accords de maîtrise des armements datant de la guerre froide.

Dans ce cadre-là, nous nous interrogeons sur le comportement de la Turquie. Sa présence au sein de l’OTAN, tout en choisissant des dispositifs antiaériens russes ; lorsqu’en Libye, elle fait transférer des proxies syriens pour participer au conflit et mobilise d’importants moyens (bateaux, drones…), comme dans la baie de Misrata ; quand l’immigration devient un sujet de chantage ; quand en Méditerranée orientale des bateaux participent tantôt à l’action de présence de l’OTAN tantôt à la sécurisation de zones qu’elle s’approprie…

Cela fait beaucoup ! Lorsque la Turquie demande la solidarité, elle doit en même temps apporter une clarification. Elle n’a pas été faite, la pandémie ne le permet pas, mais on ne pourra éviter cette clarification.

Comment assurer la poursuite des opérations antidjihadistes au Sahel en cette période de crise sanitaire mondiale ?

La pandémie qui touche aussi ces pays complique la mise en œuvre de l’accord de Pau [conclu en janvier]. Mais la dynamique issue de Pau fonctionne toujours. Il y a eu des gains opérationnels dans la zone des trois frontières. L’armée malienne est retournée à Kidal. La force Takouba se mobilise.

Certes, il y a des éléments négatifs. Je pense notamment à l’affaire Soumaïla Cissé [opposant enlevé au Mali par des djihadistes] ou à la réorientation provisoire des forces tchadiennes vers le lac Tchad à la suite d’attaques de Boko Haram.

La Pologne et la Hongrie exploitent la crise pour piétiner les normes démocratiques. Est-ce qu’elles détruisent le projet européen de l’intérieur ?

Dans le débat sur le meilleur modèle politique pour une résolution de la crise, il y a une tendance qui préconise le modèle autoritaire.

Je suis convaincu que le modèle démocratique est en train de prouver sa propre autorité. Il faut que la démocratie, l’information, la transparence et la liberté soient au rendez-vous pour gagner. Si vous n’avez pas la transparence, ni la confiance, vous ne gagnez pas. C’est ce message que je pourrais porter à nos partenaires européens.

Peut-on envisager des sanctions européennes contre ces pays ?

Cette question se posera au moment opportun et j’imagine qu’elle pourrait l’être à un prochain Conseil européen. Mais la priorité est de lutter contre la pandémie.

20 avril 2020

Chronique - En mode confinés : les charentaises

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Par Marc Beaugé, Magazine

La résistance au Covid-19 passe d’abord par une assignation à résidence. Attention, toutefois, en ces temps incertains, nous rappelle notre chroniqueur, de ne pas sacrifier l’élégance la plus élémentaire.

En cette interminable période de confinement, alors que chacun tente de se rendre utile à la marche du pays, et à son redressement futur, nous voilà bien penaud, avec nos polaires, nos robes de chambre en soie, nos pyjamas, nos joggings et nos sempiternels question­nements vestimentaires. Comment aider la patrie ? Que faire quand on ne possède aucun talent médical, qu’on ne comprend rien à l’hydroxychloroquine, qu’on ne sait pas coudre de masques et qu’on ne peut pas solliciter les dons de notre communauté sur les réseaux sociaux, pour la simple et bonne raison qu’on n’a pas de communauté ?

Après moult réflexions, nous avons fini par trouver une piste. Elle se trouve même, depuis quelques jours, à nos pieds. Gonflé à bloc par les discours volontaristes du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, nous voici lancé, depuis notre canapé, dans une ambitieuse campagne de réhabilitation de la charentaise, et par là même de l’appareil industriel français. Comment ne pas s’émouvoir du désamour que connaît ce monument du patrimoine ­vestimentaire français depuis plusieurs années ?

Longtemps prisées des valets

Créée à Rochefort, dans les Charentes, à la fin du XVIIe siècle, à partir des chutes de feutres utilisés pour la fabrication d’uniformes militaires, puis popularisée au début du XXe siècle par un certain Dr Jeva, la charentaise se meurt, et avec elle de nombreuses usines telle La Manufacture charentaise, close depuis plusieurs mois. Le coup est rude d’un point de vue économique. Depuis quelques jours, nous constatons aussi qu’il l’est aussi en termes de confort de vie.

Les charentaises, longtemps glissées à l’intérieur des sabots pour rendre ceux-ci moins douloureux, permettent de marcher, jusqu’au frigo notamment, en toute volupté et mollesse. En toute discrétion aussi. De fait, les charentaises furent longtemps prisées des valets car elles leur permettaient de se déplacer dans la demeure de leur maître sans les déranger. Un temps, elles héritèrent même du surnom de « ­silencieuses ». En période de confinement, au regard de l’irascibilité des voisins du dessous, mais aussi de ­l’inquiétude de notre moitié au sujet de notre ceinture abdominale, ce n’est évidemment pas un détail.

Confort retrouvé

Installé sur notre canapé, les pieds au chaud, nous voilà donc occupé à rêver de cette injustice réparée, de ce confort retrouvé, de ce patrimoine réhabilité, de ces usines rouvertes et de ces salariés de nouveau appliqués sur les postes de travail, équipés de gants, de masque, de blouse, mais surtout d’une fiche de paie. Comment la France ne pourrait-elle pas s’enflammer rapidement pour le retour de la charentaise ? La réponse à la question arrivera malheureusement très bientôt, en un coup d’œil vers nos pieds. A force de ne pas les sentir ni les entendre, nous avons presque omis de regarder nos charentaises. Et disons-le : elles font quand même un drôle de pied…

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