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Jours tranquilles à Paris

22 octobre 2019

Exposition au Palais de Tokyo

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22 octobre 2019

Le Japon célèbre la montée sur le trône de l’empereur Naruhito

Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance

L’Archipel va vivre mardi 22 octobre l’une des importantes cérémonies d’accession au trône de l’empereur Naruhito. Un événement qui réunit des représentants des dirigeants du monde entier.

Les Japonais assisteront, mardi 22 octobre, à la proclamation de l’accession au trône de leur nouvel empereur, au cours d’une somptueuse cérémonie. Naruhito, devenu, depuis le 1er mai, le 126e empereur du Japon, annoncera officiellement son arrivée sur le trône du Chrysanthème, en costume de cour traditionnel, à l’adresse de 2 500 personnalités japonaises et de représentants étrangers. Décryptage de ce rite traditionnel ancré dans les croyances shinto.

Qu’est-ce que le « Sokui no rei » ?

Il s’agit de l’ensemble des cérémonies d’accession au trône du nouvel empereur, Naruhito. Parmi celles-ci, la cérémonie d’accession au trône au Hall de l’Etat (Sokuirei Seiden no gi) se tient mardi. Elle fait suite à l’abdication, le 1er mai, de son père, Akihito.

Elle va réunir, au Palais impérial de Tokyo, les représentants de 194 pays et d’organisations internationales. Parmi les personnalités présentes, le prince Charles d’Angleterre, le vice-président chinois, Wang Qishan, la secrétaire américaine aux transports, Elaine Chao, ou encore l’ancien président français Nicolas Sarkozy.

Outre ces personnalités étrangères, les représentants des administrations, organes législatifs et grandes entreprises, soit près de 2 500 personnes, vont assister à cette cérémonie dont les rituels, liés au culte shinto, datent du IXe siècle. Au moment de la restauration de Meiji (1868-1912), les éléments de bouddhisme qu’elle incluait ont été gommés, la prééminence du shinto étant affirmée.

La cérémonie dure trente minutes. Le souverain, Naruhito, et son épouse, l’impératrice Masako, vont revêtir les tenues impériales traditionnelles et s’installer sur leur trône respectif, le takamikura et le michodai, disposés sur des estrades spéciales d’or et de laque.

L’empereur va lire la déclaration de son accession au trône. Le premier ministre, Shinzo Abe, répondra par un texte de félicitations. Puis trois banzaï (littéralement « dix mille ans de vie ») salueront le nouveau couple souverain, qui quittera ensuite la salle.

Une parade était prévue dans les rues de la capitale. Mais par respect pour les victimes du typhon Hagibis, qui a fait 80 morts et provoqué d’importants dégâts, le 12 octobre, dans le centre et le nord-est du Japon, elle a été reportée au 10 novembre. Un banquet organisé par Shinzo Abe suivra pour les invités étrangers.

D’autres cérémonies suivront, notamment, les 14 et 15 novembre, le Daijosai, rite d’offrande de riz nouveau après la cérémonie d’intronisation.

La totalité des cérémonies devrait coûter près de 30 milliards de yens (247 millions d’euros), un financement qui suscite des critiques, la Constitution prévoyant la séparation du religieux et de l’Etat. « Je me demande s’il est approprié de financer cet événement religieux avec des fonds publics », déclarait, en novembre 2018, au sujet de l’abdication, celui qui est aujourd’hui prince héritier, Akishino.

Un changement avec le règne précédent ?

Conformément à ce qu’il disait avant de monter sur le trône, Naruhito reste fidèle aux principes pacifistes de son père. Le 15 août, lors de l’anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale, il a repris les mots d’Akihito en parlant des « profonds remords » pour les crimes du Japon militariste.

Dans le même temps, le style semble plus détendu et plus moderne. « Le couple impérial apparaît encore plus proche du peuple », a ainsi pu observer Hideya Kawanishi, de l’université de Nagoya.

Avec son épouse, l’impératrice Masako, Naruhito, 59 ans, forme le premier couple impérial parlant plusieurs langues. Les deux n’ont pas hésité à rompre avec le protocole et à parler en anglais avec le président américain Donald Trump et son épouse Melania.

« Ils sont très à l’aise, surtout elle, d’ailleurs, qui a passé une grande partie de son enfance à l’étranger », note Kenneth Ruoff, directeur du Centre d’études japonaises de l’université de Portland (Etats-Unis) et auteur de Japan’s Imperial House in the Postwar Era, 1945-2019 (Harvard East Asia Monograph, 440 pages, non traduit).

De même, les inquiétudes entourant l’état de santé de Masako semblent dissipées. L’ancienne diplomate, mariée en 1993 avec Naruhito, a longtemps souffert de dépression, et apparaît plus souriante. « Elle n’aimait pas son rôle de princesse héritière. Là, elle retrouve ce pour quoi elle a été formée, la diplomatie et le service de son pays », analyse le Pr Ruoff.

La cérémonie s’accompagne d’une amnistie. Pourquoi ?

C’est une tradition. En marge de cette accession au trône, 550 000 personnes coupables d’infractions diverses, routières notamment, vont bénéficier d’une amnistie.

Cette pratique remonte à la période de Nara (710-784). Elle montrait que l’empereur savait faire preuve de miséricorde. A la fin du XIXe siècle, son principe a été incorporé à la législation régissant l’institution impériale selon la Constitution Meiji.

Les amnisties n’ont pas toujours accompagné des événements impériaux. Il y en a eu notamment au moment de l’entrée du Japon aux Nations unies, en 1956, ou de la rétrocession d’Okinawa par les Etats-Unis, en 1972.

Cette fois, le nombre d’amnistiés est réduit. En 1989, 10 millions de personnes en avaient bénéficié au moment du décès de l’empereur Hirohito (1901-1989), et en 1990, 2,5 millions de personnes avaient été amnistiées pour la montée sur le trône d’Akihito.

Il y en avait eu aussi une en 1993, à l’occasion du mariage de Naruhito et Masako. Des critiques avaient alors été émises, car certains bénéficiaires étaient des responsables politiques reconnus coupables d’infractions à la loi électorale. Or le gouvernement Abe a choisi d’en amnistier certains, cette fois encore.

22 octobre 2019

Laetitia Casta

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22 octobre 2019

Tribune - François Hollande : « Instaurer un véritable régime présidentiel, avec un Parlement plus fort »

Par François Hollande

L’ancien chef de l’Etat plaide, dans une tribune au « Monde », pour un président chef du gouvernement, avec un mandat de six ans, et une Assemblée nationale aux pouvoirs étendus. Des propositions qu’il présente dans « Répondre à la crise démocratique ».

Qui peut nier le malaise qui s’est installé dans la démocratie ? Il n’est pas une singularité française. Les Etats-Unis, comme souvent, en sont l’expression la plus criante et la plus désolante, avec un président qui bouscule toutes les règles.

En Europe, les extrémistes font vaciller les régimes parlementaires qui paraissaient les plus robustes. Ils prétendent au pouvoir, comme en Italie, et, quand ils ne l’occupent pas, ils perturbent la formation des gouvernements. Au Royaume-Uni, la bataille sur le Brexit a fini par déstabiliser la Chambre des communes, pourtant jugée comme étant le Parlement le plus puissant du monde. A l’Est, l’indépendance de la justice et la liberté sont de plus en plus mises en cause.

Apparente stabilité

Partout, les grands partis reculent. Partout, les citoyens expriment leurs exaspérations face à l’impuissance des gouvernants devant les défis les plus urgents. Partout, la défiance se cristallise sur les élus, leur nombre, leurs prétendus avantages et, au bout du compte, sur la démocratie elle-même.

Il en est même qui, au nom de la survie de la planète, appellent à instaurer des solutions autoritaires pour sauver l’espèce humaine. Certains vont jusqu’à vanter, dans le concert des nations, la supériorité de la Chine ou de la Russie, dont l’avantage majeur serait de ne pas être embarrassées par les contraintes du pluralisme.

« SI LA PERSONNALISATION DU POUVOIR EST NÉCESSAIRE ET MÊME IMPÉRIEUSE DANS UNE DÉMOCRATIE, ELLE A PRIS DES FORMES QUI, LOIN DE CONVAINCRE LE CITOYEN, STIMULENT SA COLÈRE »

La France n’échappe pas à ce mouvement général. Elle l’a même précédé. C’est dans notre pays que l’extrême droite a jailli au milieu des années 1980. C’est en France que la protestation se traduit par des mobilisations de rue, des violences urbaines ou des grèves plutôt que par l’ouverture de grandes négociations.

Cette réalité a été longtemps occultée par l’apparente stabilité que confère à nos institutions la Ve République. La place prééminente du président de la République et son élection au suffrage universel, la discipline majoritaire au sein de l’Assemblée nationale ont pu donner l’illusion que le système tenait bon alors qu’il craquait de toutes parts.

Redonner confiance aux citoyens dans leurs élus

Pour colmater les brèches, chaque président a tenté de moderniser nos institutions. Mais les réformes successives n’ont pas changé profondément la relation entre le pays et ses représentants et le « dégagisme » menace ceux-là mêmes qui l’avaient convoqué.

Le quinquennat, qui a réduit encore l’horizon, a sûrement une part de responsabilité dans ces excès, d’autant qu’il s’est conjugué avec l’immédiateté de l’information et la mise en équivalence de celle-ci avec les opinions charriées par les réseaux sociaux.

Ce malaise dans la démocratie appelle des réponses fortes à la mesure du danger qui grossit. Ces réponses sont d’abord politiques et relèvent des partis, de leur capacité à soulever un espoir crédible et à porter des solutions face aux peurs qui s’emparent de notre société.

Mais elles sont aussi institutionnelles. Je ne prétends pas que les procédures constitutionnelles règlent, par une espèce de magie, les défauts et les failles d’un système politique, mais elles contribuent à modifier les comportements des responsables, à rendre lisibles et rapides leurs décisions, à favoriser les compromis plutôt que les affrontements et à redonner confiance aux citoyens dans leurs élus.

Le dilemme impossible de l’Assemblée nationale

J’ai voulu mettre mon expérience de président de la République au service de cette réflexion. Notre Constitution tente de plus en plus mal de conjuguer le régime parlementaire avec une dérive présidentialiste qui ne date pas d’hier.

Loin d’ajouter les avantages de l’autorité et de la responsabilité, ce mélange des genres aboutit à une confusion au sein de l’exécutif, avec la dyarchie président-premier ministre, et à une concentration excessive des pouvoirs au détriment du Parlement. Elle conduit la majorité à l’Assemblée nationale à un dilemme impossible : la loyauté jusqu’au bout ou la fronde jusqu’à sa perte.

Si la personnalisation du pouvoir, avec la communication qui lui est liée, est nécessaire et même impérieuse dans une démocratie, elle a pris des formes qui, loin de convaincre le citoyen, stimulent sa colère. Tout remonte au chef de l’Etat, alors qu’il ne devrait se préoccuper que de l’essentiel. De même, si le Parlement dispose de pouvoirs étendus pour contrôler, enquêter et alerter, le fait majoritaire [une majorité parlementaire favorable au président de la République] et la contrainte qui pèse sur son propre calendrier en limitent considérablement l’influence.

Le citoyen, lui-même, ne parvient pas à trouver sa place. Ses moyens d’intervention (pétition, référendum d’initiative partagée…) sont enserrés dans des conditions si strictes qu’ils en deviennent virtuels. Enfin, la centralisation demeure le mal français. Autant un Etat, pour être fort, doit être présent sur le territoire et mener à bien des politiques qui rassurent et rapprochent, autant cette prétention à tout régir sans disposer des ressources correspondantes est devenue insupportable.

« LA VIE RÉPUBLIQUE EST BRANDIE PAR CEUX QUI FLATTENT LE PEUPLE POUR MIEUX LE DESSAISIR D’UNE PART DE SA SOUVERAINETÉ. JE NE CROIS CETTE PROPOSITION NI SOUHAITABLE NI POSSIBLE »

Le temps me paraît donc venu de « trancher le nœud gordien » qui a trop longtemps ligoté le débat institutionnel.

J’écarte une VIe République parlementaire qui ne serait qu’un retour à la IVe et ne serait pas de nature à nous permettre d’affronter les épreuves de notre temps. L’élection du président de la République au suffrage universel est irréversible. C’est d’ailleurs un curieux procédé que de prétendre élargir la démocratie en privant les citoyens du droit de choisir directement leur principal dirigeant. Cette VIe République est en définitive brandie par ceux qui flattent le peuple pour mieux le dessaisir d’une part de sa souveraineté. Bref, je ne crois cette proposition ni souhaitable ni possible. Et, pour tout dire, je l’estime dangereuse.

Séparation des pouvoirs

A l’inverse, je plaide pour l’instauration d’un véritable régime présidentiel, lequel revient, contrairement à bien des idées reçues, à donner au Parlement une place bien plus éminente que sa position actuelle.

En effet, dans ce cadre, le président ne nomme plus un premier ministre, mais une équipe dont il est le chef. Dès lors que le gouvernement n’est plus responsable devant l’Assemblée nationale, le président perd son droit de dissolution. L’exécutif ne peut donc plus faire pression sur le Parlement : il doit désormais composer avec lui. Ce serait encore plus vrai avec, comme je le propose, un président élu pour six ans et une Assemblée nationale élue pour quatre ans.

L’avantage d’une telle séparation des pouvoirs serait la clarté dans les responsabilités et l’efficacité de l’action publique. Le président disposerait de larges compétences qu’il exercerait en propre. Il réaliserait lui-même les arbitrages au sommet de l’administration dont il serait le chef, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui puisque c’est constitutionnellement le gouvernement qui « détermine et conduit la politique de la Nation ».

« DANS LE RÉGIME PRÉSIDENTIEL QUE J’APPELLE DE MES VŒUX, LES PARTIS REPRENDRAIENT UNE PLACE IMPORTANTE DANS LE DÉBAT PUBLIC »

Dans notre pays le président doit rester un acteur majeur. C’est lui qui fixe les grandes orientations politiques du pays et l’engage à l’extérieur, mais une telle exigence n’implique cependant pas une concentration de tous les pouvoirs telle que nous la connaissons aujourd’hui. Elle ne justifie pas une domination du Parlement par l’exécutif.

Quant au Parlement, je propose d’élargir son pouvoir d’investigation, d’évaluation et d’initiative, y compris en levant les procédures qui pèsent sur le droit d’amendement. En contrepartie, il serait nécessaire d’alléger et de raccourcir la procédure législative. Dans le régime présidentiel que j’appelle de mes vœux, les partis reprendraient une place importante dans le débat public. Ils investiraient un Parlement rehaussé et capable de légiférer pleinement et souverainement.

Dans cet esprit, je ne suis pas convaincu par l’idée de réduire drastiquement le nombre de parlementaires. Cette « déflation » provoquerait un éloignement encore plus prononcé des députés par rapport à leur territoire. L’antiparlementarisme a un appétit insatiable et finira, si on continue à l’alimenter, par dévorer le corps même de la République.

Faire coïncider toutes les élections locales

De même que le travail du Parlement doit être revalorisé, la place des collectivités locales doit être pleinement reconnue. Pour la consacrer, je propose de transférer une large part des compétences de l’Etat et de regrouper le même jour toutes les élections locales (commune, département, région), avec le même mode de scrutin. Cette coïncidence des dates serait aussi une reconnaissance des missions de ces collectivités.

Enfin il serait opportun, sur certains textes, de convoquer une assemblée de citoyens tirés au sort, pour un temps limité. Elle débattrait non des détails du projet, mais de son orientation générale.

L’exemple de la concertation sur l’écologie est intéressant à suivre. Tout dépendra des suites qui lui seront données. Mais veillons à ne pas demander à cette procédure plus qu’elle ne peut donner : un éclairage utile, mais pas une réponse formelle. Une préparation, mais pas une conclusion. Une association, mais pas une substitution au Parlement.

« JE VEUX CONVAINCRE LES FRANÇAIS QUE NOUS DEVONS GARDER LA STABILITÉ QUE CONFÈRE LA VE RÉPUBLIQUE SANS RESTER DANS L’IMMOBILISME INSTITUTIONNEL »

Il ne peut être question, au nom de la démocratie citoyenne, d’écarter les forces vives de la délibération collective. Il est d’ailleurs un lieu où elles pourraient trouver toute leur place. Je suggère la création d’une agence du long terme, nouvelle forme d’une planification stratégique dont notre pays a tant besoin pour préparer les choix d’avenir sur l’écologie et l’énergie. La Nation tout entière doit participer aux choix d’investissement, qui vont déterminer son destin. Autant elle a besoin de confrontations sur les moyens d’y parvenir, autant elle requiert un consensus sur les buts à atteindre. Cette méthode remettrait démocratie politique, démocratie sociale et démocratie participative en harmonie.

Je suis conscient que bien des remèdes à la crise démocratique portent sur des questions économiques, sociales et territoriales dont le règlement est majeur pour garder le lien entre l’Etat et la Nation. Je suis également convaincu que l’enjeu climatique exigera de nouvelles formes de participation citoyenne et que notre Constitution elle-même devra intégrer des objectifs écologiques pour leur donner une force obligatoire. Mais je veux convaincre les Français que nous devons garder la stabilité que confère la Ve République sans rester dans l’immobilisme institutionnel. Notre pays a besoin de clarté, d’équilibre et d’engagement. Tel est le sens de mes propositions.

François Hollande a été président de la République de 2012 à 2017, et premier secrétaire du Parti socialiste de 1997 à 2008. Il publie « Répondre à la crise démocratique » (Fayard-Terra Nova, 126 pages, 14 €), en librairie le 23 octobre.

22 octobre 2019

Playboy

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22 octobre 2019

Le dos, face cachée de la mode

dos22

Par Elvire von Bardeleben

Symbole de vanité avec la traîne ou d’érotisme lorsqu’il est décolleté, l’arrière du vêtement est aujourd’hui délaissé par la couture. Il est célébré jusqu’au 17 novembre au Musée Bourdelle, à Paris.

Les expos de mode ont souvent l’inconvénient de s’adresser à un public averti, assez curieux de l’histoire du vêtement pour s’intéresser aux créations de feue Madame Grès ou de Cristobal Balenciaga. « Back Side Dos à la mode », installée jusqu’au 17 novembre au Musée Bourdelle, à Paris, n’est pas de celles-là : c’est une exposition qui parle à tout le monde, parce qu’elle sort la mode de son pré carré et en propose une lecture sociale, presque politique.

Le palais Galliera étant fermé jusqu’à 2020 pour travaux, c’est donc dans un autre musée de la capitale que les expositions de mode prennent vie – en l’occurrence, au milieu des statues d’Antoine Bourdelle, sculpteur proche de Rodin. Cette escapade hors les murs a permis au commissaire d’exposition Alexandre Samson de prendre quelques libertés : certaines salles sont éclairées à la lumière du jour et non plongées dans la pénombre habituelle que nécessite la conservation des vêtements. « Peut-être que ça les abîmera », concède-t-il, pas trop inquiet. En attendant, le cadre les transforme, leur donne une véritable consistance.

Dès la première salle, cinq silhouettes présentées de dos posent les bases de la réflexion. Dans le vaste hall des plâtres où sont réunies les œuvres monumentales de Bourdelle, une statue de style antique fait face à une très belle tunique The Row fermée par un nœud lacé sur l’épaule, compliqué à dénouer. Cette première robe représente l’entrave. Un peu plus loin, près d’une statue d’archer, une robe Chloé période Karl Lagerfeld, simplement noire devant, brodée de centaines de strass derrière, montre comme le dos peut être synonyme d’ornement. Trois autres silhouettes complètent les autres fonctionnalités du dos dans la couture : la surprise, la nudité, l’humour.

Disparition du dos

Après avoir observé des vêtements dans des pièces baignées de lumière, il n’est guère plaisant de rentrer dans la partie moderne du musée par un couloir sombre et oppressant. Mais c’est l’effet recherché par Alexandre Samson, qui a tapissé les murs du corridor avec 3 607 photos. Ce sont les silhouettes des 80 défilés présentés lors de la Fashion Week de Paris en septembre 2018. « L’idée de traiter le dos m’est venue parce que notre époque ne s’intéresse qu’à la face des vêtements », explique Alexandre Samson. Il prend pour exemple les défilés de mode : l’immense majorité des images qui les documentent sont des silhouettes en pied, de face uniquement, diffusées sur des sites gratuits comme Vogue Runway. « C’est une vision tronquée du vêtement, qui n’existe plus ni de profil ni de dos. »

La disparition du dos se constate aussi dans la presse : dans le Vogue Paris des années 1920 et 1930, on comptait environ 30 % de pages avec des dos ; aujourd’hui, ils ne concernent que 2 ou 3 % du magazine. « Cela a engendré une génération de créateurs qui disent que ça ne sert plus à rien de travailler le dos », déplore Alexandre Samson. Sur un mur, il a aussi rassemblé toutes les expressions qui, en français, anglais, italien et néerlandais se rapportent au dos : qu’il s’agisse du coup de poignard ou du sucre que l’on casse, la connotation est toujours péjorative, évoque la trahison, la fatigue, la souffrance ou la vulnérabilité.

Une fois cette information intégrée – le dos, mal aimé, est en voie de disparition dans la mode –, le visiteur peut admirer tout le travail qui a été fait sur l’arrière des vêtements au cours des siècles et ainsi mesurer l’importance de sa perte.

Le dos, c’est d’abord la traîne : apparue au XIIIe siècle pour permettre aux plus nantis de se distinguer de la plèbe, elle est un symbole de vanité condamné par l’Eglise. « La traîne, c’est à la fois un point focal qui attire l’attention et un espace interdit aux autres », observe Alexandre Samson, qui le démontre à travers des pièces du XIXe siècle (une incroyable traîne de cour en soie bleue brodée de 3,09 mètres de long) et d’autres plus modernes, à l’instar de cet étonnant trench-coat sanglé signé Jean Paul Gaultier au début des années 2010 : son dos nu s’achève sur une traîne trifide beige dont la forme évoque des pétales de crocus.

Le dos, c’est aussi un travail sur la nudité, surtout à partir des années 1920, où le corps féminin se libère, les ourlets raccourcissent, le corset et les manches commencent à disparaître. La robe du soir courte signée Yves Saint Laurent portée par Betty Catroux dans les années 1970 prend par surprise ; très austère devant, boutonnée très haut, elle révèle un dos impudiquement voilé d’une dentelle de soie de la nuque à la naissance des reins.

Inégalités entre les genres

« Il n’existe pas de décolleté dans le dos pour les hommes, car ceux-ci sont censés séduire par leur position sociale, et non pas par leur corps », note Alexandre Samson. Les rares exceptions à la règle sont empreintes d’homoérotisme : en 1984, Jean Paul Gaultier est le premier à dévoiler le dos masculin ; plus récemment, en 2017, le designer anglais Craig Green a imaginé une combinaison couvrante de face mais escamotée à l’arrière, abandonnant sa fonction protectrice. Côté masculin, on croise aussi des gilets en soie richement ornés devant, mais avec un dos dans une matière pauvre, telle que le lin ou le coton : puisque l’homme n’est pas censé enlever sa veste, inutile de faire des frais sur des parties invisibles du vêtement.

En soulignant les différences entre les vestiaires masculin et féminin, l’exposition témoigne habilement des inégalités entre les genres. L’acmé de cette démonstration est atteint dans la section intitulée « L’entrave », où l’on retrouve évidemment les corsets, mais aussi les robes qui se ferment dans le dos. « Ce type de fermeture apparut à la fin du XVe siècle en Occident crée une dépendance à autrui et un asservissement au vêtement », analyse Alexandre Samson. Entre un fourreau de John Galliano fermé par 51 boutons et une robe du soir Alaïa en cuir, métal et cordon de coton, le seul vêtement masculin présenté dans cette section, c’est une camisole de force.

La dernière étape de l’exposition s’écarte des problématiques de genres mais n’en est pas moins politique. Elle montre que le dos, délaissé par la couture, est devenu une surface idéale pour délivrer un message. On peut déclarer son amour d’une marque via un logo, comme les quatre discrets points de couture dans le haut du dos qui signent un vêtement Maison Margiela ou avec le flamboyant string Gucci, dont le double G se loge dans le creux des reins.

Mais il y a aussi un blouson noir dont le dos délivre un message à la gloire du Black Panther Party, une capote de soldat allemand incrustée d’un grand losange marron, code pour signifier son statut de prisonnier en Angleterre et le lieu où il est enfermé. Et enfin, l’inoubliable parka Zara portée par Melania Trump lors d’une visite à un camp d’enfants réfugiés à la frontière mexicaine en juin 2018, sur laquelle est écrit en anglais : « Je m’en moque complètement, pas vous ? » Elle avait répondu aux critiques sur Twitter : « Il n’y a pas de message caché. C’est une veste. » Qui a bon dos.

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22 octobre 2019

Marine Vacth

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22 octobre 2019

Affaire Dupont de Ligonnès : Après la fausse arrestation, le parquet de Nantes a saisi l’IGPN

Par Anne-Hélène Dorison, Nantes (intérim)

Le procureur de la République de Nantes a ouvert une enquête pour « violation du secret de l’instruction » et saisi la police des polices pour identifier l’origine des fuites.

Le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès, a annoncé, jeudi 17 octobre, avoir ouvert une enquête pour « violation du secret de l’instruction » après la publication dans la presse de nombreux articles affirmant que Xavier Dupont de Ligonnès avait été interpellé vendredi 11 octobre, à Glasgow, en Ecosse.

L’information de cette arrestation était erronée. Et l’homme présenté comme étant le suspect avait été remis en liberté dès le lendemain. Vérifications faites, il s’agissait d’un retraité français, victime d’une terrible méprise, à la suite d’une dénonciation anonyme.

« J’ai en effet ouvert une enquête et saisi l’Inspection générale de la police nationale [IGPN] mardi [15 octobre] », a simplement indiqué au Monde Pierre Sennès, jeudi, confirmant une information du Figaro. La police des polices est chargée d’identifier les responsables des fuites – et donc les sources des journalistes, protégées par la loi – qui ont conduit à la diffusion de cette fausse information.

La police écossaise a démenti

Dans la soirée du 11 octobre, des sources policières françaises avaient rapporté à plusieurs médias que la police écossaise avait informé la France de l’arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès, à son arrivée à Glasgow dans un vol en provenance de Roissy-Charles De Gaulle.

Ces sources affirmaient que la police écossaise s’était montrée formelle : l’empreinte digitale du passager correspondait, selon elle, et de façon certaine, à celle qui figurait sur la fiche Interpol rouge de l’homme soupçonné d’avoir assassiné sa femme et leurs quatre enfants, en avril 2011, à Nantes. « Ils ont été affirmatifs et nous ont répété à plusieurs reprises que c’était lui », a depuis indiqué au Monde une source policière française. Or, un test ADN, dont les résultats ont été connus seize heures plus tard, a prouvé qu’il s’agissait d’une erreur.

Depuis, la police écossaise a démenti s’être montrée catégorique avec son homologue française, ce soir-là. Lundi, elle a assuré n’avoir « jamais confirmé, ni en public ni en privé » que l’homme interpellé à l’aéroport de Glasgow était Xavier Dupont de Ligonnès.

Huit ans et demi après les faits, les enquêteurs ignorent donc aujourd’hui encore si ce dernier est encore vivant. Xavier Dupont de Ligonnès, qui serait aujourd’hui âgé de 58 ans, est toujours activement recherché.

Il a été aperçu pour la dernière fois le 15 avril 2011. Filmé ce jour-là par une caméra de vidéosurveillance, il quittait à pied un hôtel de Roquebrune-sur-Argens, dans le Var. Six jours plus tard, les corps de sa femme et de ses quatre enfants étaient découverts, enterrés sous la terrasse de la maison familiale, enroulés dans des draps et recouverts de chaux.

Une information judiciaire, conduite par une juge d’instruction, est toujours en cours à Nantes.

22 octobre 2019

Ailona Hulahoop

ailona

22 octobre 2019

Caroline Vreeland

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