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Jours tranquilles à Paris

18 octobre 2019

Futur, Ancien, Fugitif, l'exposition au Palais de Tokyo

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Le Palais de Tokyo invite les amateurs d'art contemporain à découvrir sa nouvelle exposition, intitulée Futur, Ancien, Fugitif, jusqu'au 5 janvier 2020.

Quand les artistes tentent d'échapper aux définitions de l'art... Voilà l'une des idées que tente de véhiculer le Palais de Tokyo à travers l'exposition Futur, Ancien, Fugitif qui se tient du 16 octobre 2019 au 5 janvier 2020. Une rétrospective qui met en scène pléthores d'artistes de la scène française, d'horizon et de générations différentes, mais qui partagent tous un point commun : ils sont révélateurs de l'art contemporain en France !

Au total, 44 d'artistes investissent ainsi la totalité des espaces du musée pour nous raconter leur histoire, à travers leurs oeuvres, et tentent de répondre à diverses questions posées au sein de cette exposition : qui sont ces contemporains ? Que disent-ils d’aujourd’hui, voire de demain ? Quelles sont "les généalogies qui contaminent et nourrissent leurs pensées et leurs pratiques" ? Une scène artistique française qui au final n'a pas de dénominateur commun évident, puisque tous ces artistes échappent autant qu'ils le peuvent aux définitions, aux genres ou aux catégories.

Un "territoire sans frontières" que le Palais de Tokyo s'attache à étudier, afin de rendre compte de ce "paysage riche et fragmenté". Et une exposition qui emprunte son titre au roman d'Olivier Cadiot, sorti en 1993, se présentant comme "l'énoncé de ce qui, dans la fragilité même de l'instant, doit autant aux aspirations sans cesse renouvelées d’un monde à venir qu’aux agitations encore vives du passé". On passe faire un tour au Palais de Tokyo, les amis ?

Jusqu'au 5 janvier 2020

Palais de Tokyo

13, avenue du président Wilson

75116 Paris 16

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Photos : J. Snap

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18 octobre 2019

Paris: De l’hôtel Meurice au Formule 1, une expo dévoile les multiples facettes de l’hôtellerie parisienne

Jusqu’au 12 janvier, l’exposition« Hôtel Métropole » se déroule au Pavillon de l’Arsenal (4e arrondissement)

Cette exposition gratuite se déroule jusqu’au 12 janvier au Pavillon de l’Arsenal (4e arrondissement).
Depuis l’ouverture de l’hôtel Meurice en 1818, cet habitat temporaire a beaucoup évolué.
Paris est l’une des villes « les plus airbnbisés » mais la concurrence n’est pas « directe, ni si forte » pour les hôtels, juge-t-on au Pavillon de l'Arsenal.
Haut de gamme, d’affaires, de loisirs, d’accueil de gens dans la détresse… L’hôtel a différentes facettes. Figure familière de Paris, enracinée depuis toujours dans le paysage urbain, l’hôtel est en mutation perpétuelle. A partir de ce mercredi jusqu’au 12 janvier, l’exposition gratuite « Hôtel Métropole » se déroule au Pavillon de l’Arsenal (4e arrondissement) et retrace l’histoire de ces espaces construits pour « anticiper les évolutions sociétales, économiques et culturelles », note-t-on au Pavillon qui révèle à cette occasion l’histoire de cette architecture depuis sa naissance. Et ce, tout en dressant le portrait du parc hôtelier actuel.

« Nous avons essayé de retranscrire les entrées multiples de l’hôtel alors que nous sommes à quelques mois des Jeux olympiques 2024 et qu’il y a dans le Grand Paris en ce moment une très forte production hôtelière », affirme Alexandre Labasse, directeur général du Pavillon de l’Arsenal. L’institution s’est entourée pour l’occasion d’architectes, sociologues, d’historiens, de cinéastes, d’ingénieurs afin de réaliser un éclairage sur ces établissements. Alors, Paris, capitale de l’hôtellerie ?
Une place forte concurrencée ?

Le Grand Paris compte 2.053 hôtels et 121.677 chambres. « C’est un parc varié qui répond à une clientèle de 24 millions de touristes. Une moitié pour des nuitées affaires, une autre moitié pour des nuitées loisirs. Mais ce parc reste concentré dans Paris », analyse Catherine Sabbah, commissaire scientifique de l’exposition. La capitale est évidemment la première ville hotelière de France, devant Lourdes. Place forte, donc, Paris a-t-il toutefois été bousculé par l’arrivée des plateformes locatives comme Airbnb ?
Paris est l’une des villes « les plus airbnbisées », note-t-on au Pavillon, mais la concurrence n’est pas « directe, ni si forte ». « Malgré tout ce que racontent les hôteliers, si on regarde la courbe de croissance du chiffre d’affaires, les grands creux correspondent à des grandes crises économiques mondiales. Mais rien à voir avec l’arrivée des plateformes », explique Catherine Sabbah. Et de préciser : « Ça a en revanche poussé les hôteliers à se réinterroger sur leur modèle », Surtout, les fonctions d’un hôtel sont devenues multiples au fil du temps.

Des hôtels et des visages

Depuis l’ouverture de l’hôtel Meurice (1er arrondissement) dans la capitale en 1818, cet habitat temporaire et les services qui vont avec ont beaucoup évolué. « Au début, ce sont des hôtels qui s’implantent dans le centre de Paris pour donner un confort aux touristes anglais », précise Olivier Namias, commissaire de l’exposition. Puis le tourisme de masse a fait éclore un nouveau type d’établissements. En témoignent notamment les hôtels du parc DisneyLand Paris. Ou encore les hôtels fonctionnels, à l’image des Formule 1, créés en 1984. Mais l’hôtel a bien d’autres fonctions dans notre société.
« Au niveau régional, l’hôtel a une autre fonction important à souligner, c’est sa fonction sociale. Le Samu Social loge des sans-abri, des réfugiés, des personnes modestes. Chaque jour, 11.000 ménages sont logés dans 578 hôtels d’Ile-de-France qui restent en moyenne deux ans dans ces établissements. Cette activité peu considérée est pour autant considérable », précise Catherine Sabbah. Enfin, l’exposition tente d’explorer le futur.

Chambre familiale, lit-capsule, dortoir, suite XXL, toiture habitée, cour végétalisée… Plus de 150 projets répondant à tous les goûts et tous les budgets, sont en cours d’études ou de construction en Ile-de-France. La question écologique est également prise en compte. « Comment peut-on faire pour être plus vertueux vis-à-vis de l’eau, quand on sait que chaque nuitée d’hôtel c’est 300 litres d’eau ? », s’interroge Alexandre Labasse. Voilà tout l’enjeu de l’hôtel de demain.

18 octobre 2019

« Matthias et Maxime », film canadien (Québec) de et avec Xavier Dolan.

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Critique - Dans « Matthias et Maxime », Xavier Dolan filme deux trentenaires à l’heure des choix

Par Thomas Sotinel

Le cinéaste réunit une bande d’amis au Québec au bord d’un lac où va se nouer une intrigue amoureuse qui va bouleverser leurs vies.

L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER

Un premier film : on peut facilement s’imaginer que Matthias et Maxime soit le premier long-métrage d’un jeune (30 ans) réalisateur surdoué. Le thème – l’adieu à l’adolescence, la cristallisation d’une identité – et l’ambition – ne rien laisser échapper de ce que l’on a décidé de filmer – sont ceux d’un artiste qui met à l’épreuve des pouvoirs qu’il découvre à chaque plan.

Sauf que… Matthias et Maxime, de et avec Xavier Dolan, est le huitième film de son auteur et que les qualités évoquées plus haut sont le fruit d’un long apprentissage fait de triomphes (Mommy) et d’échecs (Ma vie avec John F. Donovan) et que la sensation de nouveauté qui vient à la vision du film tient à la patience, à la douceur qui prennent pour la première fois le dessus dans l’univers du cinéaste québécois. Matthias et Maxime est par ailleurs le plus québécois de ses films.

Identité de classe

Il commence par une version XXIe siècle d’un rituel que les films de Denys Arcand (dont le nom sera évoqué à deux reprises) ont rendu familier : la retraite entre amis, loin de la ville, dans un chalet, au bord d’un lac.

S’y retrouvent autour de Rivette (Pier-Luc Funk), l’héritier des lieux, une bande de garçons qui flirtent avec la trentaine, dont Matthias (Gabriel D’Almeida Freitas), beau garçon employé par une firme prestigieuse, en couple depuis quelques années avec Sarah (Marilyn Castonguay), et Maxime (Xavier Dolan), barman qui s’apprête à quitter le Canada pour l’Australie, histoire d’échapper, entre autres, à sa mère (Anne Dorval), monstre dévorant qui oscille à la frontière de la folie.

L’AMITIÉ ENTRE LES DEUX GARÇONS S’EST CONSTRUITE SUR UNE INTIMITÉ ET UNE PROXIMITÉ HORS DU COMMUN

S’est aussi invitée Erika (Camille Felton), sœur de Rivette, étudiante en cinéma, petite peste qui, pour les besoins d’un court-métrage, fait s’embrasser Matthias et Maxime. Ce baiser vient de loin. Non seulement il y a un précédent, mais l’amitié entre les deux garçons s’est construite sur une intimité (Maxime a trouvé en Francine, la mère de Matthias, un peu de l’amour et de la considération qui lui manquaient à la maison) et une proximité hors du commun. L’ajout (ou plutôt la révélation) de la dimension érotique à cette relation déclenche une réaction en chaîne lente, qui – en l’espace des quelques jours qui précèdent le départ de Maxime – force les deux garçons à trouver leur place d’homme dans le monde.

Pendant que Matthias s’enfonce dans le doute et le dégoût de soi, Maxime va de l’avant. Autant, voire plus, que d’identité de genre, il s’agit ici d’identité de classe. Rongé par l’incertitude, le jeune cadre peut s’offrir le luxe de s’absenter du monde, pendant que le barman doit affronter un à un les obstacles que sa place dans la société élève sur sa route. Fragile et toxique, Gabriel D’Almeida Freitas ne laisse rien ignorer de la face sombre de son personnage.

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Larmes de sang

Xavier Dolan réalisateur a apposé sur le visage de Xavier Dolan acteur une tache de vin que l’on peut voir aussi bien comme le stigmate de son origine sociale que comme la trace des larmes de sang que la vie lui a fait verser.

Il n’avait pas joué dans l’un de ses films depuis Tom à la ferme (2013) et s’il s’offre deux scènes paroxystiques d’affrontement avec sa mère (et Anne Dorval, habituée à ce type de rôle dans les films de Dolan, retourne au combat avec l’allant d’une guerrière infatigable). Il fait preuve ici d’une intériorité, d’une profondeur qui devraient encore plus exciter l’intérêt de ses confrères cinéastes (qui, en plus, en le faisant tourner, neutraliseront un concurrent une fois venu le temps des palmarès).

Xavier Dolan ne veut rien laisser échapper de ce qui arrive à Matthias et à Maxime, à leurs amis, à leurs familles. Alors que le cadre et le mouvement de la caméra (une fois de plus, le réalisateur a fait appel au chef opérateur André Turpin) devraient appeler de longs plans, qui souvent serrent de près les personnages, Dolan – monteur de son film – accélère le rythme, distillant une infinité de notations qui construisent personnages et récit.

Cette tension entre la texture de l’image et le montage lui permet par exemple de célébrer la lumière d’automne au Québec tout en mettant en scène la question linguistique dans sa version la plus moderne, de filmer brièvement des corps amoureux et suivre les dérives de ses personnages dans une ville aussi divisée et contradictoire qu’ils le sont eux-mêmes.

Parmi toutes les voies qu’ouvre Matthias et Maxime, on ne sait celles que suivra Xavier Dolan. De toute façon, il ne pouvait trouver meilleure conclusion que ce nouveau départ à sa prodigieuse première décennie.

« Matthias et Maxime », film canadien (Québec) de et avec Xavier Dolan. Avec Gabriel D’Almeida Freitas, Pier-Luc Funk, Anne Dorval (1 h 59). Diaphana.fr/film/matthias-et-maxime et Facebook.com/diaphana

18 octobre 2019

Enquête - Les dessous pas si chics du label X Marc Dorcel

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Par Robin D'Angelo

Montages financiers, holding à l’étranger, films au rabais, actrices mal payées… Dans l’empire des Dorcel père et fils, millionnaires du X et rois autoproclamés du « pornochic » depuis quarante ans, tout n’est pas si rose.

Son déguisement est fin prêt. Après avoir été un directeur d’école, en 2009, puis un maréchal d’Empire, en 2014, Marc Dorcel a choisi cette année une tenue de maharaja. « Avec un turban et des couleurs chamarrées », précise-t-il. Vendredi 18 octobre, le groupe Dorcel organise son traditionnel bal masqué quinquennal. Plus de 2 000 invités dans un lieu prestigieux de l’Ouest parisien, encore tenu secret. Il fallait bien cela pour fêter les 40 ans de la plus célèbre marque française de films pour adultes.

Un label connu de tous, un nom passé dans le langage commun. Et, surtout, une entreprise presque comme les autres, qui vient de s’installer au cœur d’un pôle média, à deux pas de Radio France, dans le 16e arrondissement de Paris, dans un immeuble avec open spaces et salles de réunion vitrées où une cinquantaine d’employés se répartissent entre les services de distribution de programmes adultes, de marketing ou de commerce de détail. Parmi ses activités, la plus rentable est la VOD (vidéo à la demande), qui représenterait à elle seule entre 60 % et 70 % du chiffre d’affaires, le reste étant réparti entre les six chaînes de télévision et une griffe de sextoys.

Tapisseries rococo et dorures

L’univers du porno a vu des labels émerger et disparaître, des nababs devenir richissimes puis ruinés, des cinémas X remplis tous les soirs puis fermer les uns après les autres, remplacés par des vidéoclubs, eux-mêmes délaissés quand Internet est arrivé… Et aujourd’hui, en dépit des plates-formes de vidéos pornographiques en ligne qui rendent les films X accessibles en quelques clics, Dorcel est toujours là, une entreprise familiale qui subsiste à toutes les révolutions du secteur, et qui fait aujourd’hui 37 millions d’euros de chiffre d’affaires annuels avec de la pornographie hétéro, gay et trans. « Nous sommes un acteur global d’entertainment, un peu comme Disney ou Warner », se félicite Grégory Dorcel, directeur général arrivé dans l’entreprise de son père en 1998, après un diplôme obtenu dans une école de commerce.

Pour promouvoir la marque, les rôles sont bien rodés entre le père et le fils, actionnaires quasi uniques de la société. Grégory, quadragénaire imposant, est prompt à célébrer la bonne santé économique de l’entreprise quand le père, Marc, 85 ans, président du conseil de surveillance, raconte la légende. Une histoire qui a démarré en 1979, avec Jolies petites garces, le premier porno de France tourné pour la VHS.

Marc Dorcel, alors éditeur de revues pour adultes, après avoir créé des entreprises dans le secteur du transport et de l’intérim, est sollicité par un réparateur de magnétoscopes pour produire une vidéo X. Le film est tourné à Pigalle en deux jours, dans l’appartement d’un couple gay, où l’apprenti cinéaste de 45 ans a l’habitude de réaliser des romans-photos. Les tapisseries rococo et les dorures du mobilier s’accordent avec les culottes soyeuses des actrices. « Tout le monde me prenait pour un dingue parce que j’achetais de la lingerie chez Chantal Thomass et que ça coûtait une fortune, s’amuse Marc Dorcel. Moi, je voulais que cela brille à l’image. Que cela ne fasse pas pute, avec le haut du bas qui dépasse de la jupe. »

Homme d’affaires plus que de cinéma

Les décennies suivantes seront faites de Rolls-Royce et de châteaux. Le fameux style « pornochic » qui fera tant pour son image et que Dorcel finira par déposer comme marque à l’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI), en 2001. « Dorcel, c’est aussi les intrigues autour du consentement, nuance son ancien complice Michel Barny, avec qui il a signé une vingtaine de films entre 1981 et 1998. Pour lui, il fallait toujours que la fille dise “non, non, non…” Jusqu’à ce qu’elle finisse par craquer et en redemande. Ce sont les seules fois où on s’est engueulés. Et, pour cause, on était dans une période de libération sexuelle où il n’était plus question de forcer quelque nana que ce soit. » Jolies petites garces n’échappe pas à la règle.

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La première séquence porno du film met en scène une jeune femme dans un parking, où elle est déshabillée de force par son partenaire, avant de céder à ses avances. « En ce temps-là, il n’était pas acceptable qu’une femme avec une libido forte se jette sur des mecs. Elles ne pouvaient pas dire “oh ! oui, prends-moi !” », désamorce Marie-Laurence de Rochefort, première attachée de presse de la marque, toujours au service de son patron.

« AVEC DORCEL, FALLAIT SE TENIR À CARREAU. AVEC LES AUTRES RÉALISATEURS, TU POUVAIS DIRE : “AUJOURD’HUI, NON, J’AI MAL AU DOS.” LUI, C’ÉTAIT : “T’AS MAL AU DOS, JE M’EN FOUS, C’EST ÉCRIT COMME ÇA ET TU FAIS COMME ÇA.” » UNE ACTRICE

En tout cas, les ventes sont au rendez-vous. Marc Dorcel rempile pour d’autres cassettes, à une époque où les vidéoclubs sont en plein boom, le porno pouvant représenter 30 % de leur chiffre d’affaires. La professionnalisation est en route. Ses inconvénients avec. « Avec Dorcel, fallait se tenir à carreau et, moi, ça me chiffonnait, tique Marilyn Jess, vedette de Jolies petites garces et plus tard des Mauvaises Rencontres et compagne de Barny. Avec les autres réalisateurs, tu pouvais dire : “Aujourd’hui, non, j’ai mal au dos.” Lui, c’était : “T’as mal au dos, je m’en fous, c’est écrit comme ça et tu fais comme ça.” »

« Ce n’est pas un anar libertaire comme Gérard Kikoïne [réalisateur phare de l’âge d’or du porno] », ajoute Guillaume Le Disez, auteur de Rayon X, la première anthologie de jaquettes de cassettes de films X. Il commence à une époque où le porno a perdu son côté provoc’ et s’est embourgeoisé. » Homme d’affaires plus que de cinéma, Marc Dorcel délègue rapidement ses tournages à d’autres réalisateurs pour se consacrer à la distribution.

« On l’appelait “Monsieur” et on le vouvoyait, se souvient un technicien présent sur les productions de Dorcel de 1987 à 1993. Il venait une fois au début du tournage, pour vérifier que tout allait bien, puis il repartait faire ses affaires. » Notamment s’atteler à la communication, qu’il soigne depuis les premiers jours de la marque. « J’aurais pu appeler ça “Les films du canapé”, décrypte l’entrepreneur, mais Vidéo Marc Dorcel, cela met en avant le personnage. Marc Dorcel existe, il est là, il est photographié. Il y a un interlocuteur, une image. »

À la fin des années 1980, Canal+ consacre cette stratégie marketing. « Le porno était à l’image de la chaîne : marginal, transgressif et rigolo. C’était le bon alibi pour en diffuser, raconte Henri Gigoux, responsable des acquisitions adultes de 1992 à 2016 pour la chaîne cryptée. Et puis, il n’y avait pas ce regard qu’on a aujourd’hui, vis-à-vis du sexe et des femmes. »

« ON M’AVAIT REMIS UNE LISTE DE CHOSE À FAIRE POUR SE STARIFIER. CE QUI M’AVAIT FAIT RIRE, C’ÉTAIT LE « NE PAS APPROCHER LES GENS BAS DE GAMME, MOCHES OU VULGAIRES ». » OKSANA, DORCEL GIRL 2017

Marc Dorcel comprend vite les bénéfices qu’il peut tirer de cette exposition. Comme le ferait Gaumont ou Pathé, il insère avant ses films un amorçage au nom de sa marque, mettant en scène, à grands coups d’effets spéciaux, un toucan à l’œil rieur. « J’y suis allé fort ! rigole-t-il. J’ai fait un amorçage qui durait au moins vingt-quatre secondes en me disant que ça ferait de la pub. Et ça a fait connaître la boîte de façon incroyable. Le “vu à la télé”, c’était magique. » « Le journal du hard », dernière émission de la grande époque de la chaîne à être encore à l’antenne aujourd’hui, parachève le travail. Alexandre Devoise, l’un des animateurs de l’émission, retient l’effervescence de la cérémonie des Hot d’or, sorte d’Oscars du X ayant lieu en marge du Festival de Cannes, largement couverte par Canal+. « Tout le monde se battait pour récupérer le précieux sésame qui permettait de rentrer. Des gens de la télévision, du cinéma… Il fallait en être alors que c’était ennuyeux comme pas possible ! »

À la même époque, au milieu des années 1990, Dorcel lance sa première Dorcel Girl, inspiré en cela par le contrat d’exclusivité signé entre la superstar du X américain Jenna Jameson et la société de production Wicked Pictures. Il est alors autant question pour ces actrices de jouer dans des films que de représenter la marque dans les talk-shows. Des sortes de Miss France du X. « Si tu penses qu’être pornstar c’est juste écarter les cuisses, Dorcel, c’est tout le contraire, abonde Anna Polina, l’une des dernières égéries, en 2011. Moi, cela m’a forgée. J’ai appris la communication, à savoir quoi dire aux journalistes, comment mettre la marque en valeur. » Un travail de représentation qui confine parfois à l’absurde. « On m’avait remis une liste de chose à faire pour se starifier, se remémore Oksana, Dorcel Girl de l’année 2007. Ce qui m’avait fait rire, c’était le “ne pas approcher les gens bas de gamme, moches ou vulgaires”. Ça, c’était le pompon ! Je n’avais pas le droit non plus d’être vue avec un sac à dos ou un sac plastique à la main. »

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1 500 euros net par mois

Et, une fois sortie des plateaux télé de Cauet ou d’Ardisson, la réalité du porno reprend ses droits, loin de l’image glamour mise en avant par Dorcel. Oksana se souvient avoir été payée 1 500 euros net par mois, un cachet englobant ses tournages mensuels et ses prestations pour la marque. « Je vivais dans un logement étudiant qui me coûtait 400 euros, poursuit l’ex-vedette du X, aujourd’hui camgirl (femme s’exposant contre rémunération par le biais d’une webcam) dans le nord de la France. Quand des journalistes voulaient m’interviewer chez moi pour connaître la vraie vie d’une actrice de porno, je devais trouver des combines pour refuser. Il y avait un petit côté “pauvresse de service”. »

Au début des années 2000, Marc Dorcel a passé la main à son fils Grégory. Et le modèle économique de la petite entreprise familiale s’est adapté au XXIe siècle, et à la VOD. Néanmoins, elle tire profit des quatre décennies d’expérience et de son image « chic ». « Dans un monde pornographique qui n’est plus maîtrisé, on a là une marque repère très forte qui sort du lot », vante le responsable VOD d’un grand opérateur téléphonique. La marque distribue son catalogue de films à plus de 75 opérateurs à travers le monde qui se chargent de les revendre sur leurs propres plates-formes.

En France, le marché se porte bien. « Cela représente une très grande partie du chiffre d’affaires de la VOD », atteste Tristan Arnoud, chargé des acquisitions adultes pour la Canal+. Même chose pour l’un des quatre grands fournisseurs d’accès du pays (qui requiert l’anonymat), qui annonce vendre chaque année avec sa box un peu moins de 10 millions d’euros de vidéos porno. Pour tous, Dorcel est le partenaire numéro un.

Des films réalisés avec très peu de moyens

Aussi, l’entreprise doit chaque jour alimenter son catalogue, notamment pour la France, son principal marché. « Les fantasmes sont propres à la culture de chaque pays, rappelle Ghislain Faribeault, qui fut numéro deux de l’entreprise de 2007 à 2016. Un Français est plus intéressé par Monique, boulangère à Orléans, que par Jesse, pom-pom girl au Texas. »

Si Dorcel est le distributeur exclusif en Europe du studio américain Digital Playground, il est aussi très présent sur le marché français du « pro-am » (contraction de professionnel et amateur), qui propose des films réalisés avec très peu de moyens, jouant sur la proximité, souvent des compilations de scènes bas de gamme autour d’un thème (la mère de famille, la secrétaire…). Dorcel en achète à presque tout ce que le pays compte de petits producteurs. Sa force de frappe lui permet de leur imposer ses conditions. Un partage de revenus sur les ventes, qui laisse rarement plus de quelques milliers d’euros de chiffre d’affaires à ses fournisseurs.

« ÇA ARRIVE QUE LA FILLE FASSE UNE DRÔLE DE TÊTE PARCE QU’ELLE N’AIME PAS TROP CE QU’ON LUI FAIT. ON VA ALORS DEMANDER AU PRODUCTEUR DE COUPER LE PASSAGE À L’IMAGE. » UN RESPONSABLE DU GROUPE

En échange, ces derniers cèdent l’exclusivité de la diffusion pour deux ans. L’accord ne porte pas sur un titre unique, mais sur un catalogue à venir. Un moyen pour Dorcel d’inciter ses producteurs à produire, tout en veillant à ne pas apparaître comme donneur d’ordre. « Ils font bien attention à rester distributeur car, à partir du moment où tu es producteur, tu es redevable des gens qui sont dans les films, analyse un bon connaisseur de la maison. Grégory Dorcel, le notable, n’a pas envie d’atterrir au tribunal parce que telle fille a fait un gang bang et que ce n’était pas prévu à l’origine. »

Et, pour préserver l’image de marque, les équipes de Dorcel veillent au grain. « Ça arrive que la fille fasse une drôle de tête parce qu’elle n’aime pas trop ce qu’on lui fait, reconnaît un responsable du groupe, rencontré au printemps 2018. Alors on va demander au producteur de couper le passage, de la même manière qu’on lui demanderait de le faire s’il y avait un micro ou une perche à l’image. » Quant à savoir dans quelles conditions le film a été tourné, ce n’est pas du ressort de la société. « La seule chose que je peux demander, c’est : “Ce que l’on voit à l’écran est-il légal ou non ?” », se justifie Grégory Dorcel.

Pour être sûr de ne jamais manquer de contenus français, Dorcel produit également en interne une soixantaine de films pro-am par an. Des studios aux noms gaillards, comme Made in France ou Les Compères. Mais également les vidéos de La Banane Prod et de France Interdite. Celles-ci sont commandées par Fred Coppula, un des vétérans du X hexagonal, par le biais de. G La Prod, sa société, dont Dorcel est l’actionnaire majoritaire avec sa holding luxembourgeoise, 1979 Invest.

Le nom de la marque n’apparaît jamais. Pas assez propre

Là encore, des productions au rabais, avec des budgets pouvant descendre à 4 000 euros le film de trois scènes, soit un cachet de 250 euros à 350 euros pour les actrices, sauf pour les très rares vedettes du secteur. Pour les mettre en scène, Dorcel pioche dans le même vivier de réalisateurs, d’acteurs et d’actrices que Jacquie & Michel (J & M), le spécialiste du porno low cost, désormais son concurrent sur le marché de la VOD en France.

Après quelques scènes chez J & M, Tina (le nom a été modifié) est ainsi rapidement accueillie dans les bureaux de Dorcel, où on lui propose de tourner pour les petites productions de la marque. « On dit J & M ceci, J & M cela, mais Dorcel, c’est pareil. Moi, je suis tombée sur un réalisateur qui bossait pour les deux, commente la jeune femme, à l’époque prostituée occasionnelle. Par contre, ils m’ont fait changer de pseudo pour que cela ne fasse pas réchauffé. » Bien sûr, tous ces films produits par Dorcel ne sont pas marketés comme tel, le nom de la marque n’apparaissant jamais. Pas assez propre.

Et, lorsque l’actrice de l’une de ces vidéos s’enthousiasme sur les réseaux sociaux pour avoir participé à un « Dorcel », le community manager l’incite à retirer son post. Car le label Dorcel est réservé à une vingtaine de productions « haut de gamme » par an. « Ces films, c’est le défilé haute couture de Dorcel, compare Ghislain Faribeault. C’est ce qui fait l’image de la marque. Ensuite, le business se fait sur le catalogue et les produits dérivés. »

« NOUS, ON FAIT NOTRE ROUTE, ET LE MILIEU DU X EN FRANCE, JE NE SAIS PAS CE QUE C’EST. » GRÉGORY DORCEL

Mais, même pour ces vidéos, l’entreprise prend des dispositions pour se tenir éloignée de la production exécutive, c’est-à-dire la gestion administrative des tournages, qui est sous-traitée à des sociétés étrangères. Il en va ainsi pour la petite dizaine de longs-métrages tournés en France par le réalisateur maison Hervé Bodilis. Dans ce cas, Dorcel délègue la production exécutive à Originale Prod, une société de droit estonien dirigée par l’acteur-producteur-réalisateur Tony Carrera, comptable de formation.

L’Estonie présente le double intérêt d’être un pays où l’on peut créer sa société en deux clics et profiter d’une fiscalité avantageuse. Originale Prod s’exonère également du paiement des cotisations sociales et des charges patronales. En effet, un contrat que M a pu consulter atteste que, dans le cas de ce tournage précis, la personne employée est rémunérée en cash et doit régler elle-même les taxes en vigueur en France. Un document auquel s’ajoutent les témoignages de plusieurs actrices, acteurs et techniciens, habitués de ces productions. Ce montage sert également à financer au moins une partie des films pro-am produits par Dorcel.

Autant de prestataires dont beaucoup n’ont pas été invités au bal masqué anniversaire. « Nous, on fait notre route, et le milieu du X en France, je ne sais pas ce que c’est », évacue Grégory Dorcel. Lui-même n’a assisté qu’à un seul tournage porno au cours de sa vie, il y a maintenant plus de vingt ans. Mais, au bal masqué, il y aura des journalistes, des influenceurs, des chargés des relations publiques, et bien sûr ses partenaires commerciaux. En 2019, Dorcel a d’ailleurs réalisé deux gros coups en nouant, en août, un accord de distribution de son catalogue avec la chaîne Sky Italia et, en janvier, avec l’américain Comcast, un des plus gros opérateurs Internet au monde avec près de 40 millions d’abonnés.

« DORCEL, LA PORNOGRAPHIE RESPONSABLE ET ÉTHIQUE », IRONISE LAURENCE ROSSIGNOL, ANCIENNE MINISTRE DE LA FAMILLE, DE L’ENFANCE ET DES DROITS DES FEMMES

Une notabilité qui s’accompagne d’efforts politiques. Après avoir longtemps milité contre le piratage, en réclamant notamment aux fournisseurs Internet de couper l’accès aux sites de contrefaçon, Grégory Dorcel s’investit désormais dans la protection des mineurs. Sur son ordinateur, les copies des lettres qu’il a envoyées au ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer ou au cabinet de l’ancienne ministre de la famille, de l’enfance et des droits des femmes Laurence Rossignol. « Dorcel, la pornographie responsable et éthique ! », ironise cette dernière. Le producteur-distributeur s’est également rapproché d’associations de protection de l’enfance, comme l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique. Avec succès.

« Grâce à lui, j’ai pu être mis en relation avec l’actrice Anna Polina pour tourner une vidéo de prévention afin de rappeler aux mineurs l’aspect fictionnel des images porno », se félicite son président, Thomas Rohmer. En ligne de mire pour Dorcel, la mise en place d’un système de vérification de l’âge qui pourrait passer par l’entrée d’un numéro de carte bancaire, et porterait ainsi un coup fatal aux tubes (plates-formes porno gratuites). Et, pour parfaire sa communication, l’homme d’affaires s’improvise conférencier tech. Le 7 septembre, il était l’invité du colloque Futures of Love, aux Magasins généraux, un lieu à Pantin (Seine-Saint-Denis) qui appartient à l’agence de publicité BETC, pour participer à une table ronde sur le sexe et la robotique.

Mais la communication a ses limites. Le premier entretien avec Grégory Dorcel a été conditionné à la présence de son attachée de presse, venue avec un Dictaphone pour consigner notre échange. Puis il a fait annuler l’interview avec son père, quelques heures à peine avant le rendez-vous, l’auteur de ces lignes étant accusé de tenir « des propos diffamatoires en privé » à l’encontre de la société. Ce n’est qu’après avoir été sermonné dans son bureau, où il a fait allusion à son droit de nous poursuivre en cas de diffamation, que nous serons finalement autorisés à poursuivre les entretiens et à réaliser des photos. Mais celles-ci ne seront jamais prises, Grégory Dorcel débarquant pour annuler le shooting, inquiet de la teneur de notre article. Pour l’illustrer, son attachée de presse enverra finalement des clichés du père et du fils. Deux hommes au sourire crispé, en costume sombre, avec un air austère de notables.

18 octobre 2019

A la découverte de la Bourse de commerce de Paris rhabillée par Tadao Ando

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Par Philippe Dagen

Le bâtiment parisien, converti en lieu d’art, abritera à partir du mois de juin 2020 la collection Pinault. La rencontre de l’ornementation XIXe siècle et de l’épure de l’architecte japonais est spectaculaire.

Jusqu’ici, c’était une maquette et quelques dessins de l’architecte japonais Tadao Ando que la collection Pinault montrait avec parcimonie : le projet de convertir la Bourse de commerce de Paris en lieu d’art actuel. C’est désormais un chantier avancé, où il a été possible de circuler sous la conduite de Jean-Jacques Aillagon, qui a dirigé la fondation jusqu’en septembre, de son successeur Sylvain Fort, de Martin Béthenod, directeur du Palazzo Grassi et de la Punta della Dogana – les deux lieux vénitiens de la Fondation – ainsi que de la Bourse, et de Daniel Sancho, directeur de la maîtrise d’œuvre. Les travaux, commencés à l’été 2017, sont loin d’être achevés mais, entre une première visite fin juin 2018 et aujourd’hui, la métamorphose est spectaculaire.

Deux exigences devaient être satisfaites : respecter le bâtiment et lui permettre de remplir ses nouvelles fonctions. Halle au blé édifiée par Nicolas Le Camus de Mézières entre 1763 et 1766 selon le principe du cercle et de la sphère, cher aux utopistes, coiffée en 1813 d’une coupole à structure de fer alors révolutionnaire, devenue Bourse de commerce et réaménagée pour cet usage par Henri Blondel dans les années 1880 avec porche monumental, étages autour du rond central et ensemble immobilier encerclant la Bourse côté rue du Louvre. A quoi s’ajoutaient l’amélioration de l’éclairage zénithal et un anneau de peintures murales en dessous de la coupole, éloge du commerce planétaire.

Le nouveau palais fut inauguré en 1889, à l’occasion de l’Exposition universelle. Son état à cette date a été la référence historique d’Ando : les entresolages et autres encombrements accumulés au XXe siècle ont disparu et les volumes d’origine ont été retrouvés. Sur une superficie totale de 13 000 m2, 7 700 seront accessibles, dont 3 000 pour les expositions.

Un minimalisme monumental

Dans les galeries au rez-de-chaussée et au deuxième étage, seules accessibles parce que proches de l’état final, deux sensations s’imposent. Il y a l’ampleur inaccoutumée de salles hautes et larges, courbes certes, mais d’une courbure moins prononcée que celle du Guggenheim Museum de New York, le chef-d’œuvre tout en spirales de Frank Lloyd Wright auquel on songe immédiatement à titre de comparaison. Et il y a, simultanément, leur forte luminosité, obtenue par le dégagement des baies et fenêtres voulues par Blondel qui avaient été, par la suite et pour beaucoup, occultées par commodité. Aux artistes et aux commissaires d’inventer des solutions pour tirer partie de ces galeries et de leurs proportions, qui varient de 625 m2 pour la plus vaste au rez-de-chaussée à 117 m2 pour la plus intime, au deuxième niveau.

L’exercice sera encore plus difficile – et grisant – dans l’espace central, qui pourrait s’imposer comme l’une des créations majeures d’Ando : ce que l’on nomme, faute d’un terme plus poétique, le « cylindre », dans le vide central de la Bourse. La verrière, qui culmine à 35 mètres de haut, couvre une rotonde de 38 mètres de diamètre. Sa façade intérieure, dessinée par Blondel, comprend deux balcons, un par étage, l’un à ferronneries et l’autre à balustres de pierre, ainsi que les menuiseries de dizaines de portes et baies.

Au-dessus, les peintures murales, désormais restaurées et à nouveau vivement colorées, alignent allégories et paysages exotiques. Comment intervenir dans un environnement si chargé ? Ando, fidèle à son style, a pris le parti d’un minimalisme monumental : un cylindre de béton gris de 29 mètres de diamètre et de 9,30 mètres de haut, percé de quatre ouvertures rectangulaires en croix. Une coursive d’un mètre de large est posée au sommet du mur : abat-son et porte lumière à la fois.

Des charpentiers de marine

L’exécution n’a pas été simple ; il a fallu des essais à échelle réelle pour les ingénieurs de Bouygues et faire appel à des charpentiers de marine pour bâtir des coffrages courbes, hauts et étroits. La paroi extérieure du cylindre d’Ando se dresse à 4,90 m de la façade intérieure de Blondel, ce qui permet à la fois une circulation fluide autour et de faire monter dans ce vide un escalier, du rez-de-chaussée jusqu’au niveau de la coursive. Cet escalier sera l’une des voies d’accès aux galeries.

Ainsi une architecture strictement géométrique d’aujourd’hui, épurée à l’extrême, se glisse dans une architecture saturée d’allusions et d’ornements façon XIXe siècle. Spectaculaire serait un euphémisme pour qualifier leur rencontre. Prendre possession d’un disque de 660 m2 entouré d’une paroi nue de plus de 9 mètres de haut : telle sera l’épreuve proposée aux invités.

Le nom de la première ou du premier qui l’affrontera n’est pas encore donné. François Pinault a-t-il arrêté son choix ? Les rumeurs à ce sujet sont contradictoires. On sait seulement que l’exposition inaugurale ouvrira mi-juin 2020. Le bâtiment lui-même devrait être prêt en janvier, y compris l’auditorium rond de 288 places au sous-sol qui n’est pas encore débarrassé de ses échafaudages. Il restera alors quelques mois aux services de la Mairie de Paris pour traiter les abords, qui relèvent de leur compétence.

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18 octobre 2019

'MONOCHROME' DE TATYANA IVANOVA {NSFW / EDITORIAL EXCLUSIF}

La photographe Tatyana Ivanova a soumis cette prise de vue en noir et blanc à Bali avec sa muse modèle Sofia .

https://www.instagram.com/ittalia/?igshid=1lyandk12fmti

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17 octobre 2019

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17 octobre 2019

Que faut-il (vraiment) aller voir à Paris pendant la FIAC ?

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Une usine en friche à Romainville, un hôtel particulier dans le Marais ou un after dans une église, la semaine de la FIAC ne commence et ne finit pas forcément sur un stand de foire.

“Les gens vont bien à New York ou à Shanghai pour voir de l'art. Si ça les intéresse, ils viendront aussi à Romainville.” La petite phrase prononcée par le galeriste Jocelyn Wolff a de quoi surprendre les oreilles qui n'auraient pas été attentives à son contexte d'énonciation. Romainville ? Nouvelle destination Easyjet ? En l'occurrence, il serait plutôt question de calèches et d'équidés que de boîtes à sardines orange aéroportées. C'est en effet dans les anciennes écuries de la Poste parisienne, à Romainville (Seine-Saint-Denis) donc, que l'on s'affaire en vue de l'inauguration prochaine du nouveau quartier artistique nommé Komunuma - apparemment, cela veut dire “commune” en espéranto.

Le 20 octobre, quatre galeries - Air de Paris, In Situ - fabienne leclerc, Sator et Jocelyn Wolff - investiront leurs nouveaux locaux. Avec, à disposition pour chacun, des espaces de plusieurs étages, accès au rooftop compris. De quoi marquer pour certains un agrandissement (les galeries Jocelyn Wolff et Sator gardent leurs espaces existants, respectivement à Belleville et dans le Marais), et pour d'autres un nouveau départ (Air de Paris quitte le XIIIe arrondissement après vingt-trois années rue Louise Weiss, In Situ - fabienne leclerc délaisse le XVIIIe et le boulevard de la Chapelle).

Lorsqu'elles s'installeront, l'ensemble du site sera, lui, encore en chantier. Dans les grands bâtiments en briques attenant viendront s'implanter dès décembre des espaces d'exposition et des résidences d'artistes (de la Fondation Fiminco), un autre espace d'exposition (de l'association Jeune Création), mais aussi une école (un second campus pour la Parsons School). En outre, mais il faut l'imaginer, un bâtiment tout neuf construit pour les besoins du Frac Île-de-France, dont la première pierre n'a pas encore été posée, viendra dès l'automne 2020 compléter ses espaces existants à Belleville (Le Plateau) et à Rentilly (le château du même nom).

“La ville est trop grande pour n'avoir que trois pôles de galeries, Saint-Germain-des-Prés, le Marais et Belleville”, affirme le même Jocelyn Wolff, qui, en plus de sa galerie à Belleville, co-dirige aussi à Berlin la galerie KOW. “Avec Romainville, nous n'avons aucune vocation de nous substituer aux logiques existantes, mais de venir en complément, d'élargir le spectre. Les parcours artistiques ont évolué moins vite que la sociologie de l'agglomération. Au sein du Grand Paris et d'une gigantesque aire urbaine de 12 millions d'habitants, nous sommes placés au centre.”

La coexistence plutôt que la concurrence

Casque de chantier sur le crâne, coupe de champagne à la main et galeristes en survêtement de travaux. Ainsi était donc inauguré le début du marathon de la semaine de la Foire internationale d’art contemporain (Fiac). Paris est pluricéphale, tel serait donc le constat, et l'ambition du moment, pour tenter de faire rayonner la ville et d'asseoir une légitimité artistique qui n'appartienne pas uniquement aux grandes enseignes. Et ce, alors même que l'autre nouveauté provient de l'implantation à Paris, mais dans le classique Marais cette fois, de la galerie David Zwirner, déjà présente dans les hypercentres hors-sol du marché et de la visibilité : à New York, Londres et Hong Kong.

Malgré le choix iconographique de la 46e édition de la FIAC (Foire Internationale d'Art Contemporain) et ses requins prédateurs, l'offre pléthorique de foires se tenant simultanément renforce le pari de la diversité plutôt que du monopole (Jennifer Flay, directrice de la FIAC, nous le confiait déjà l'an passé). "Paris Internationale", initiative de cinq galeries - quatre parisiennes (Antoine Levi, Sultana, Crevecoeur, High Art) et une suisse (Gregor Staiger) - souffle cette année ses cinq bougies.

D'abord nomade, elle prend cette année ses aises pour la deuxième année de suite entre les murs d'un ancien hôtel particulier du IXe arrondissement. Soit un écrin mi-baroque, mi-déglingue, où l'on traque l'art entre les salles de bains en marbre, les couloirs tortueux et les alcôves boisées, récemment mobilisé pour le tournage d'un film d'horreur qui aura nécessité de repeindre les murs en rouge sang, comme nous le glisse l'un des galeristes associés.

En plus d'Asia Now et d'Outsider Art Fair, s'y superpose depuis l'an passé Bienvenue, à la Cité des Arts, et, pour la première fois, Galeristes, qui cette année décale ses dates de fin novembre à l'épicentre d'octobre. Cette coexistence entérine un élargissement de la scène, une internationalisation également, où chacun, chaque famille, et réseau d'affinités, étend en même temps ses tentacules vers l'international et la transdisciplinarité. La scène, ce n'est plus seulement ce qui est là, et y tient salon à l'année, fermement campé sur son lieu et ses positions, mais ce qui pourrait s'y réunir, le temps d'un instant, d'un regroupement, d'un projet fédérateur. Ces réseaux d'affection et d'amitié affirmeraient alors chacun des identités transversales suffisamment fédératrices pour tracer des lignées et délimiter des familles partageant un même espace-temps - pas forcément celui du temps commercial de la foire, mais profitant de l'opportunité pour s'afficher en plein jour.

La nouveauté, cette année, provient de Salon de Normandy, initiative du project-space The Community, qui trois années durant fut installé dans une ancienne boutique de coiffeur de Chateau d'Eau laissée en l'état. Entre ses murs roses décrépis s'agrégeait une scène internationale mêlant expositions, DJ sets et lancements de magazines et de labels de mode. En attendant que leur nouvel espace ouvre ses portes à l'automne prochain, le salon réunit, fidèle à leur esprit, des librairies (After 8 Books), des magazines (Novembre), des projets curatoriaux (Umwelt-PR) et des labels de musique (Permanent Cuts, PAN)

La valeur ajoutée de l'événement

Avec le primat de la transdisciplinarité, l'idée de la lignée s'impose comme la donne principale. Depuis quelques années déjà, il s'agit pour les événements commerciaux que sont les foires de faire valoir, au-delà de la qualité intrinsèque des galeries présentes, une identité qui transcende les différents acteurs rassemblés en leur sein. La foire, telle est l'idée directrice, fédère par son effet de marque. Mais on s'y rend tout autant pour l'offre de plus en plus pléthorique des programmes off, s'alignant alors sur le modèle des espaces non-profit où l'on reste pour la communauté, volant alors de plus en plus la vedette aux galeries en tant que telles.

Pour la FIAC, ce sera un parcours de sculptures et d'installations (FIAC Projects et FIAC Hors les Murs), un festival de performances (Parades for FIAC), des talks et un cinéma. Pour Paris Internationale, des visites guidées et une programmation quotidienne de performances confiée à The Performance Agency. C'est un fait : pour exister, il faut adopter la logique de l'événement, et ajouter aux œuvres et aux installations la valeur ajoutée du live. Le modèle témoigne de l'intégration de l'économie de la présence et de la valeur ajoutée de l'événement, qui désormais cimente l'identité d'une foire (et de toute exposition ou manifestation artistique) en proposant des expériences jouant sur la rareté du temps et de l'attention.

Traditionnellement, le temps de la foire est organisé de manière rituelle. Depuis 2010, le jeudi, c'est galeries avec la Nocturne des galeries organisée par la FIAC. S'y ajoute depuis l'an passé le parcours Avant-Première, davantage centré sur les espaces tournés vers la création émergente. Cette année s'y agrègent également les rendez-vous musicaux qui osent jouer la carte de la musique club - déconstruite et expérimentale certes, mais plutôt béton que lambris dans l'esprit. Le Salon de Normandy donne rendez-vous dès la fin de la semaine (avec notamment les Berlinois du label PAN le samedi), tandis que la toute première édition de Disappearing Music, au croisement de la poésie, de la performance et de la musique, serpentera trois jours durant la FIAC à Internationale, avec un point d'orgue au Cloître Saint-Merri le dimanche soir (on a personnellement hâte à Lala & ce et Low Jack).

Définir la scène par ses lignées

Parce que les yeux réels et virtuels mondialisés se tournent une semaine durant vers Paris, le moment est propice à remettre sur le tapis, chaque année à la même période, la question du dynamisme de la scène locale, régionale, nationale - ou quelle que soit la manière dont on tente d'esquiver, par la nomination, l'approche forcément réifiante du contexte étudié à l'échelle d'un territoire. Cette année plus que tout autre, la question se pose puisqu'elle est prise à bras-le-corps par l'habituelle exposition d'octobre du Palais de Tokyo, la seule à investir annuellement la totalité des espaces.

Futur, Ancien, Fugitif. Une scène française, marche dans les pas d'une autre, elle aussi à la recherche, sinon d'une délimitation, du moins d'une manière de problématiser, dans l'espace et depuis Paris, cette question de scène. Il y a dix ans ou presque, en 2010, Dynasty investissait les espaces du Musée d'Art-Moderne et du Palais de Tokyo pour y présenter quarante artistes, et le double d'œuvres. L'ambition était alors de “prendre le pouls de la sensibilité artistique émergente en France, d'en marquer les points de rencontres et les divergences et de participer à son rayonnement sur la scène artistique internationale”.

A l'horizontalité succède désormais un travail davantage en profondeur, dépassant le facteur générationnel pour explorer l'effet de filiation transgénérationnelle, tout en se concentrant sur des groupes d'artistes unis par une certaine résistance à l'idée même de rayonnement. “Il s'agit d'une exposition un peu trouble, portée par l'intérêt pour des artistes au travail ambigu, dont une part nous échappera toujours”, déclare ainsi Franck Balland, co-commissaire de l'exposition aux côtés de Daria de Beauvais, Adélaïde Blanc et Claire Moulène.

Se regrouper, pousser les murs, en investir certains temporairement, pluraliser les centres. Telles seraient bien les principales logiques et lignes de force qui structurent aujourd'hui le paysage artistique essaimant autour du territoire hexagonal, les mêmes qui ont toujours prévalu à l'échelle informelle mais qui, désormais, s'étendent aux nœuds d'hypervisibilité portés par les foires, les galeries, les grandes institutions et les parcours qui les mettent en lumière.

• Komunuma inaugure ses espaces de galeries le 20 octobre, à Romainville (Seine-Saint-Denis).

• A la galerie David Zwirner, l'exposition Frenchette de Raymond Pettibon sera visible du 16 octobre au 23 novembre.

• La FIAC (Foire Internationale d'Art Contemporain) se tient cette année du 17 au 20 octobre au Grand Palais ; Paris Internationale du 16 au 20 dans le VIIIe arrondissement ; Asia Now aux mêmes dates dans le VIIIe également ; Outsider Art Fair du 17 au 20 dans le IIe ; Bienvenue du 12 au 20 à la Cité des Arts ; Salon de Normandy du 17 au 20 au Normandy Hôtel. Pour l'after, les infos sont sur le site du Salon de Normandy et sur la page événement de Disappearing Music.

• Les vernissages de galeries disposent de leur carte ici pour la nocturne le 17 octobre, et ici pour Paris Avant-Première, du 11 au 19 octobre.

• Et enfin, Futur, Ancien Fugitif investit le Palais de Tokyo du 16 octobre au 5 janvier.

17 octobre 2019

Fanny Müller

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17 octobre 2019

Réflexion

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