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Jours tranquilles à Paris

8 juillet 2019

Iris Mittenaere

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7 juillet 2019

Frida Kahlo

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7 juillet 2019

Boris Johnson, repoussoir pour les Ecossais

Le favori pour Downing Street, qui se dit prêt à un Brexit sans accord, hérisse les indépendantistes et relance la question du référendum.

Par Philippe Bernard  Publié hier à 10h31, mis à jour à 06h32

Probable, l’arrivée au pouvoir de Boris Johnson, fin juillet, pourrait avoir une conséquence inattendue : accélérer l’indépendance de l’Ecosse. Personnifiant le nationalisme anglais qui s’est exprimé lors du référendum sur le Brexit, l’ancien ministre des ­affaires étrangères fait figure de repoussoir chez les Ecossais.

Alors que 55 % d’entre eux avaient opté pour rester dans le Royaume-Uni lors du référendum sur l’indépendance de 2014, ils ne sont plus aujourd’hui que 51 % à faire ce choix. L’arrivée de M. Johnson au 10 Downing Street ferait basculer la région dans le camp de l’indépendance, affirme un sondage publié le 23 juin par le Times : 53 % des Ecossais voteraient alors pour sortir du Royaume-Uni.

L’« effet Boris » en Ecosse n’a rien d’étonnant pour peu qu’on examine la liste de ses piques et de ses provocations. « Les Ecossais sont une race de vermine (…) qui mine notre économie » et doit être « entièrement exterminée », proclamait un poème satirique qu’il a accepté de publier en 2004 dans le Spectator, hebdomadaire conservateur dont il était alors le rédacteur en chef. Plus récemment, il a affirmé que les subventions de l’Etat central à l’Ecosse seraient mieux utilisées à Londres. Accusant le gouvernement régional d’Edimbourg de prodigalité, il a lancé, en 2012 : « Ils creusent leur déficit et viennent ensuite quémander auprès de papa gâteau à Londres. Je propose qu’on leur dise de dégager », a-t-il lancé en 2012.

L’arrogance de Londres et de la haute bourgeoisie anglaise

Aux yeux des Ecossais, Boris ­Johnson personnifie non seulement l’arrogance de Londres, dont il a été maire, mais surtout la haute bourgeoisie anglaise, excentrique, sûre d’elle-même et méprisante. Depuis la victoire du Parti du Brexit (extrême droite) aux élections européennes, « Boris » s’est lancé dans une surenchère nationaliste avec le créateur de cette formation, Nigel Farage. Les deux leaders populistes se font les champions, non plus du séculaire patriotisme britannique dans lequel les Ecossais peuvent parfaitement se reconnaître, mais d’un nationalisme purement anglais. Or, en Ecosse, le parti de M. Farage n’a recueilli que 15 % des voix contre 32 % dans l’ensemble du pays.

Mais le principal clivage porte sur le Brexit. Contrairement aux Anglais, qui ont voté à 53,4 % pour le Brexit, les Ecossais ont été 62 % à choisir l’Union européenne. Ils n’ont pas oublié que M. Johnson a dirigé la campagne pro-Brexit au référendum de 2016. Ce dernier promet aujourd’hui de sortir « coûte que coûte » (« do or die ») de l’UE d’ici au 31 octobre, même sans accord avec les Vingt-Sept, alors qu’un tel « no deal » frapperait de plein fouet l’économie de l’Ecosse.

Nicola Sturgeon, la première ministre (indépendantiste) d’Ecosse répète qu’il n’est pas question pour sa « nation » d’être contrainte par les Anglais à sortir de l’UE ­contre son gré. Selon elle, l’élection de Boris Johnson à la tête des tories serait un événement « désastreux » pour le parti. « En Ecosse, on le considère comme l’un des principaux responsables du chaos que nous vivons à propos du Brexit, comme l’homme qui a trompé les gens pendant la campagne du référendum », a souligné Mme Sturgeon, en qualifiant un éventuel « no deal » de « perspective terrifiante pour la plupart des Ecossais ».

Le processus de nomination du nouveau chef du Parti conservateur – qui devient automatiquement premier ministre, car son parti contrôle la majorité du Parlement – par ses seuls 160 000 militants incite les deux prétendants (Boris Johnson et Jeremy Hunt) à se lancer dans une surenchère radicale sur le Brexit, qui passe mal en Ecosse et nourrit l’hostilité à l’égard de M. Johnson. De fait, le nouveau premier ministre britannique va être désigné par un parti qui n’a recueilli que 12 % des voix écossaises aux européennes.

Même au sein des conservateurs écossais, la personnalité et les positions de M. Johnson passent mal. Ils forment un sixième des troupes du parti et vont peser dans l’élection. Leur chef, Ruth Davidson, dont le dynamisme et la modération sur le Brexit a permis aux tories de refaire surface après avoir été menacés de disparition, n’a jamais caché son hostilité à l’égard de M. Johnson. Début mai, elle lui a même interdit de participer au congrès régional du parti.

« Opération enfoiré »

Les conservateurs écossais, convaincus que l’élection de M. Johnson à la tête des tories compromettrait leur avenir électoral, avaient lancé au printemps une « offensive secrète » destinée à « stopper Boris ». Nom de code : « Operation Arse » (« Opération enfoiré »). « Le nom a été choisi pour que chacun comprenne de qui nous parlons », avait expliqué à la presse un rebelle. L’opération a échoué et le langage s’est policé, mais l’hostilité sourd. « J’ai bien des choses à dire sur Boris Johnson. Mais aucune n’est vraiment un compliment, a récemment déclaré Jackson Carlaw, numéro deux des tories en Ecosse. C’est un homme intelligent qui utilise à dessein un langage relâché d’une façon que je trouve inacceptable. »

Boris Johnson a beau jurer sa foi en l’union des quatre « nations » qui composent le pays, en promettant d’ajouter la mention « ministre de l’union » à son futur titre de premier ministre, ses proclamations sonnent faux. Devenue quasi religieuse, la croyance dans le Brexit domine désormais toutes les autres, y compris celle en l’unité du royaume. A tel point qu’un sondage récent indique que 63 % des adhérents du Parti conservateur – dont l’appellation officielle est « Parti conservateur et unioniste » – préféreraient que l’Ecosse devienne indépendante plutôt que de renoncer au Brexit.

Ces circonstances délétères profiteront-elles aux nationalistes écossais ? Aidée par le Brexit, Nicola Sturgeon avance prudemment sur la voie de l’indépendance, cause à laquelle sa vie est consacrée. Pour calmer les militants du Parti national écossais (SNP) qu’elle dirige, et qui a recueilli 38 % des voix aux élections européennes, elle a fait publier, à la fin de mai, la trame d’un projet de loi permettant l’organisation d’un nouveau référendum sur l’indépendance. Mais pour cela, elle a besoin du feu vert de Londres, qu’un gouvernement conservateur ne lui donnera pas. La bascule de l’opinion écossaise n’est d’ailleurs pas évidente. Si le Brexit pousse vers l’indépendance la ­majorité pro-européenne des Ecossais, un tiers des électeurs du SNP a voté en faveur du Brexit.

En 2014, la majorité des Ecossais avait fini par choisir la « sécurité » que semblait offrir le maintien dans le Royaume-Uni. Le Brexit a changé la donne en coupant l’Ecosse de l’ancrage européen auquel ses habitants sont historiquement attachés. Pourtant, la combinaison du Brexit et de l’indépendance fait apparaître un risque nouveau : l’érection d’une véritable frontière avec l’Angleterre, qui ferait obstacle aux échanges. Or, les exportations écossaises vers l’Angleterre sont d’un montant bien supérieur (50 milliards de livres, soit 55 milliards d’euros) à celles destinées aux vingt-sept pays de l’UE (15 milliards de livres). Une Ecosse indépendante risque d’être prise en étau entre l’Angleterre et l’Europe, à l’heure où s’étiolent ses revenus pétroliers de la mer du Nord.

L’inquiétude de Gordon Brown

La dynamique indépendantiste en cours inquiète les acteurs politiques hostiles à la fois à l’indépendance écossaise et aux dérives nationalistes. « Je pense que l’unité [du Royaume-Uni] est davantage en danger qu’elle ne l’a jamais été depuis trois cents ans [l’union ­entre l’Angleterre et l’Ecosse a été scellée en 1707], a déclaré solennellement Gordon Brown, en juin. L’ancien premier ministre travailliste est inquiet pour l’unité du pays, mais aussi pour « les valeurs partagées (tolérance, respect de la diversité, ouverture sur l’extérieur) qui sous-tendent, avec ses hauts et ses bas, l’expérience la plus réussie du monde de coopération entre nations ».

En votant en faveur du Brexit, voici trois ans, bien des Britanniques ont agi par nationalisme. Mais peu d’entre eux sans doute avaient conscience qu’ils ouvraient ainsi la boîte de Pandore de la désintégration de leur pays.

7 juillet 2019

Selfie dans un miroir dans la rue Quincampoix

fille23

7 juillet 2019

« COUP DE FOUDRE » DE FABRICE HYBER ET NATHALIE TALEC

coup de foudre EDF

Jusqu'au 20 octobre 2019

À l’occasion de l’exposition COUP DE FOUDRE à l’espace Fondation EDF à Paris en mars-octobre 2019, Fabrice Hyber et Nathalie Talec, devenus HyberTalec, un duo électrique et sans gêne, proposent une traversée déchainée des émotions. L’énergie du coup de foudre se décline sous la forme d’une rencontre effervescente entre les artistes et les visiteurs, dans un parcours d’expériences émotionnelles et artistiques.

Exposition à quatre mains à vivre comme un cadavre exquis, COUP DE FOUDRE est une réaction en chaîne, un foisonnement de propositions artistiques : de la piste de danse aux cabines d’émotions, des pavillons de sensations aux chambres de sidération, les visiteurs sont les témoins d’une rencontre étincelante entre les artistes et sont eux-mêmes transportés par une fureur électrisante dans des espaces immersifs.

Entrée libre du mardi au dimanche de 12h à 19h (sauf jours fériés)

Fondation Groupe EDF 6, rue Récamier 75007 Paris

coup de foudre @ Fondation groupe edf

COUP DE FOUDRE

« COUP DE FOUDRE » est une exposition-œuvre totale, intense et brève, sidérée et durable dans ses effets, où le visiteur devient non plus le simple spectateur des choses, mais le protagoniste de nouvelles histoires à vivre, d’une infinité de possibles, de comportements et de désirs, offertes par un dispositif artistique englobant l’ensemble des 800 m2 de la Fondation. Peintures, costumes, dessins, projections ou encore mobilier ponctuent un parcours pensé par les deux artistes : du « Chassé- croisé » au sous-sol à « l’Extase » au premier étage, en passant par « La rencontre » au rez-de-chaussée introduite par une salle de bal, l’exposition est conçue pour favoriser des coups de foudre...

edf

À PROPOS DE FABRICE HYBER ET DE NATHALIE TALEC

Fabrice Hyber

L'activité et la pensée artistique de Fabrice Hyber sont constamment traversées par les notions de mutation et de transformation. A partir de la pratique du dessin et de la peinture, il investit tous les modes d'expression et diffuse son travail d'un médium à l'autre. Lion d'or à la Biennale de Venise en 1997 pour le Pavillon Français, son oeuvre est exposée à travers le monde comme en France, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, Palais de Tokyo, MAC:VAL, Fondation Maeght....

Nathalie Talec

Attachée aux processus d’expérimentation, d’agrégation, de tri, comme de réappropriation et d’hybridation, Nathalie Talec inscrit son travail dans des formes infimes et fragmentaires, dans le disparate et le quotidien. Elle a exposé à la 40e Biennale de Venise, au Centre Pompidou, au Crédac, au Grand Palais, au Palais de Tokyo, au Frac Franche-Comté, au MAC/VAL…

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7 juillet 2019

Au Studio Harcourt - Dita von Teese et Ali Mahdavi

harcourt

7 juillet 2019

Glaces

glaces

7 juillet 2019

Violences conjugales. Lancement d’un Grenelle en septembre

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En septembre, le gouvernement lancera un « Grenelle des violences conjugales », afin d’enrayer le phénomène des féminicides, au nombre de 74 depuis le 1er janvier.

« Autour de ce Grenelle, nous lançons une mobilisation nationale avec une grande consultation citoyenne et une campagne pour interpeller toute la société », a indiqué au « Journal du Dimanche » Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité femmes-hommes, précisant que « Brigitte Macron s’engagera » personnellement dans ce dossier.

Ce samedi soir, Emmanuel Macron a lui-même reconnu que la République n’avait « pas su (…) protéger » les victimes de meurtres commis par des conjoints ou anciens compagnons, dans un message sur Facebook égrenant les prénoms d’une cinquantaine de femmes.

« La violence qui vous a coûté la vie nous écœure, nous révolte », a affirmé le chef de l’État.

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Le « Grenelle contre les violences conjugales », qui sera introduit par Édouard Philippe « et réunira les ministres concernés, acteurs de terrain, services publics, associations et familles de victimes », s’ouvrira le 3 septembre, « le 3/9/19, en écho au numéro 3919 », la ligne téléphonique consacrée aux femmes victimes de violences, a expliqué Marlène Schiappa.

Après la mobilisation de ce samedi…

Environ 2 000 personnes selon les organisateurs, 1 200 d’après la police, se sont rassemblées, ce samedi, place de la République, à Paris, pour exiger des mesures immédiates contre les féminicides, à l’appel d’un collectif de familles et proches de victimes qui avait réclamé dans une tribune un « Grenelle des violences faites aux femmes ».

Dans l’interview qu’elle a accordée au « Journal du Dimanche », Marlène Schiappa a annoncé qu’elle s’adressera, jeudi, « à l’ensemble des préfets de France pour les mobiliser ».

« Grande cause du quinquennat »

« Dès la semaine prochaine, je recevrai de nouveau toutes les associations financées par l’État pour avancer. Ce processus se conclura le 25 novembre, pour la Journée contre les violences envers les femmes », a précisé la secrétaire d’État. À cette date, en 2017, Emmanuel Macron avait érigé l’égalité femmes-hommes en « grande cause du quinquennat ».

Depuis, « le gouvernement agit sans relâche », a assuré Marlène Schiappa face aux critiques, citant le lancement d’une plateforme de signalement, le « recrutement de 73 psychologues dans les commissariats », l’augmentation des moyens du 3919 « pour donner un objectif de réponse à 100 % » des appels. « Et l’Inspection générale de la justice a été saisie le 21 juin » pour enquêter sur d’éventuels dysfonctionnements, a-t-elle rappelé.

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Des mesures « au plus près du terrain »

Le Grenelle doit permettre de « construire des mesures encore plus efficaces, au plus près du terrain ». Pour autant, « il ne suffit pas de signer un chèque pour qu’il n’y ait plus de féminicides », a-t-elle prévenu, prenant l’exemple des « téléphones grave danger », remis pour six mois aux femmes menacées : « 880 sont financés par l’État, seuls 302 sont actifs ! Les autres dorment dans un placard quelque part, faute de décisions de justice ».

7 juillet 2019

Laetitia Casta

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7 juillet 2019

Reportage « Bernadette de Lourdes », genèse d’une comédie musicale pas comme les autres

Par Pascale Krémer

Bernadette Soubirous en chansons, fallait y penser. L’idée a germé il y a neuf ans dans la tête du producteur de « Robin des Bois ». Une bénédiction pour le Sanctuaire et la cité mariale qui ont saisi l’occasion de moderniser leur image.

Tous les ingrédients de la comédie musicale à gros budget sont réunis. Les décors et costumes stupéfiants de réalisme, la mise en scène pleine d’invention, les chansons ­calibrées pour devenir autant de tubes, les chœurs puissants, les solos émouvants, et le public qui joue des mains, pieds, briquets et téléphones pour quémander un rappel… Lumières rallumées, pourtant, l’ambiance diffère d’un soir de première au Palais des congrès.

Yeux rougis, comme hébétés, les spectateurs, de tous âges, tiennent d’étranges propos. Ils ont « pris une baffe », « retrouvé les vraies valeurs », prévoient de « revenir pleurer souvent », d’aller « tout raconter aux copines de la vallée d’à côté » puisque « même sans croire, on est obligé de la croire ». Une religieuse extatique et un prêtre en soutane étreignent les chanteurs à peine sortis des ­loges, les félicitant d’ouvrir « une porte d’entrée vers le mystère » dans l’Espace Robert Hossein à Lourdes, transformé en mini-Zénith de 1 500 places doté d’un sous-titrage en trois langues. Jusqu’à la clôture de la saison des pèlerinages, en octobre, la comédie musicale Bernadette de Lourdes se jouera dans la cité mariale des Hautes-Pyrénées.

Le show-business, ses producteurs, artistes et attachés de presse vibrionnants, ses paillettes et soirées cocktails, a investi les abords du lieu de prière où, le long d’une basilique de pierre grise, s’étirent les lentes processions de chariots pour malades tractés par des ­bénévoles en uniforme blanc. Choc des cultures. Champagne dans l’eau bénite. Telle Céline Dion à Las Vegas, Bernadette demeurera en résidence à Lourdes. Quatre-vingt-dix représentations programmées cette première année. Davantage encore en 2020, des Rameaux à la Toussaint. Les réservations affluent, déjà, pour Lourdes version Broadway.

Révélation

Costume propret de manageur, CV de ­directeur de radios puis producteur de comédies musicales, bagout de juré de télé-crochet, sensible aux signes du divin dans son quotidien, Roberto Ciurleo incarne à lui seul cette étonnante trinité : monde des affaires, spectacle et foi. Avant l’ouverture du rideau, il remercie, sur scène, « sainte Thérèse, sainte Bernadette et Marie ». Fils d’immigrés italiens, le quinquagénaire assure avoir envisagé la prêtrise jusqu’à ses 18 ans. « Enfant, j’avais reçu en cadeau un appareil à diapositives sur la vie du curé d’Ars, Jean-Marie Vianney. J’avais ressenti comme un appel. » Il ne décroche pas, finalement, mais, devenu directeur des programmes de NRJ, s’extrait souvent du funky pour le silence d’une chapelle voisine.

En novembre 2010, il séjourne dans le Gers avec son associée, Eléonore de Galard, et l’équipe de la future comédie musicale Robin des bois. A trois quarts d’heure de Lourdes… L’occasion est trop belle. Par curiosité, la petite bande le suit. « Il pleut, la ville est fantomatique, se souvient-il. On arrive à la grotte de Massabielle et je sens l’émotion de ceux qui m’accompagnent. Juifs, musulmans, bouddhistes, athées, tous sont happés par quelque chose qui les dépasse. » L’histoire de Bernadette Soubirous, gamine pauvre et illettrée dans la France du XIXe siècle – qui a affirmé être témoin de dix-huit apparitions mariales à la grotte de Massabielle durant l’année 1858 – évoque pour le parolier Lionel Florence celle des Misérables. Eléonore de Galard, elle, suggère de venir remercier si Robin des bois est un succès. Et l’idée de jaillir, telle la source en sa grotte : raconter la vie de Bernadette en chansons.

Un curé récalcitrant

Les deux producteurs n’envisagent pas de se passer du soutien du sanctuaire. Sans sa caution, comment convaincre les 800 organisateurs de pèlerinages d’intégrer une soirée spectacle à l’emploi du temps minuté des séjours ? Mais les ecclésiastiques repoussent pendant des mois tout rendez-vous. « En 2016, ­reconnaît M. Ciurleo, nous avions quasiment renoncé. » Les autorités du sanctuaire ont l’habitude d’être courtisées. Qui peut capter quelques pour-cent des 3 millions de visiteurs annuels réalise, à coup sûr, un jackpot.

Le père André Cabes, recteur du sanctuaire, consent finalement à la ­rencontre. Il a visionné des extraits de Robin des bois, se demande bien comment ses créateurs pourraient passer du « péplum » à la vie de sainte. A les entendre, pourtant, il saisit qu’après la réussite de la comédie musicale avec Matt Pokora « ils veulent payer une dette à la Vierge ». « Alors j’accueille leur comédie musicale. Des gens peu portés à écouter les sermons sur l’Immaculée Conception découvriront peut-être, d’un coup, quelque chose qui les touche… » Reste à convertir le père Régis-Marie de La Teyssonnière, spécialiste ès Bernadette, qui demeure sceptique. ­Jusqu’à ce rendez-vous en mairie de Lourdes, aux côtés du gratin politico-économique de la région. Il écoute quatre chansons et verse une larme. « Vous avez trouvé les mots justes », concède-t-il. Pendant l’année et demie qui suit, il relit le livret à la virgule près.

Saintes écritures

Un spectacle religieux, Bernadette de Lourdes ? Que nenni ! La production le positionne comme « universel ». « Nous ne disons pas “Elle a bien vu la Vierge”. Les non-catholiques assisteront à un spectacle proche des Misérables. Ils auront du Broadway ! » Pas question de se priver des nouveaux publics que draine la cité mariale. La roche, le vent, l’eau qui purifie, une figure féminine, l’humanité idéalement fraternelle… Et Lourdes se mue en destination de tourisme spirituel new age prisée des croyants de toutes religions comme des agnostiques, du troisième âge en rédemption comme des jeunes en quête de zen.

Sur l’esplanade du Rosaire, les mamies espagnoles en mantille côtoient musulmanes voilées et familles chinoises ou indiennes, bien peu catholiques, qui visent la cure régénératrice en piscines d’eau miraculeuse. Pour ces flots grossissants de touristes asiatiques, il faudra, en hiver, animer davantage le sanctuaire, songent ses responsables, et accroître la pédagogie du lieu, devenu étape d’une découverte express des ­curiosités françaises dans les catalogues des tour-opérateurs du monde entier.

Lieu mystique davantage que ­catholique… L’argument convainc les auteurs des dialogues et des dix-sept chansons du spectacle. Serge Denoncourt, d’abord, metteur en scène de théâtre fort réputé au Québec, qui commence par décliner l’offre. « Je suis de la génération qui a rejeté tout ça. Il était hors de question que je fasse un spectacle prosélyte ! » Convié trois jours à Lourdes, la grotte ne le transporte pas au septième ciel mais Bernadette l’intrigue : « La détermination de cette petite fille pauvre tenant tête à ses parents, au curé, à ­l’évêque, au commissaire, au procureur… Son petit côté révolutionnaire, ou Jeanne d’Arc, secouant l’ordre établi. Moderne en fait. »

Soit ! Il écrira. Mais uniquement sur le « personnage historique », après une plongée dans les procès-verbaux d’interrogatoires, aux archives du sanctuaire, mains gantées de coton blanc. Il repart au Canada avec des centaines de photocopies qu’il parcourt durant tout l’été 2018. Ses amis en rient encore : « Après Racine, Corneille, Gorki, Tchekhov, la vie de Bernadette Soubirous. Vraiment ? »

Chants grégoiriens

A chaque chanson, un sujet universel, se promet Lionel Florence, auteur des chansons (avec Patrice Guirao), pas plus grenouille de bénitier que son collègue d’écriture québécois, mais tout aussi ­impressionné par « ces milliers de gens fracassés qui sont là à attendre un miracle comme des joueurs du Loto, dans un irrationnel touchant ».

Le parolier déploie tout un lexique symbolique pour noyer le poisson chrétien et évoquer l’amour paternel, le peuple miséreux ou la rumeur. Sauf que le chanteur Grégoire, compositeur des musiques, glisse dans le spectacle deux chansons plus ­explicites, comme Madame : « Je vous bénis, je vous salue (…)/ Fille de paix, mère de Dieu. » Sur le site Web du spectacle, on lit dans la même veine catholique que « Bernadette de Lourdes est le récit des fascinantes et inspirantes apparitions mariales ». Elle a bien vu la Vierge, finalement. Les deux producteurs aussi, qui bouclent leur tour de table financier en quinze jours à peine.

Manne providentielle

Il leur faut réunir 10 millions d’euros, tout en se gardant des « investisseurs un peu sulfureux ». Sainte oblige. En renfort financier viennent le producteur de spectacles Gilbert Coullier, l’humoriste Gad Elmaleh et le producteur audiovisuel Jean-François Boyer (Tetra Media Studio), qui investit à titre personnel 400 000 euros dans cet « intéressant pari » : « La création et l’installation ­durable d’une comédie musicale hors de Paris. La seule comparaison possible, c’est le Puy-du-Fou, quoi que ce ne soit pas un spectacle musical. »

Le succès commercial, en 2013, de la mise en musique par Grégoire des poèmes de sainte Thérèse de Lisieux (Thérèse, vivre d’amour, par Natasha St-Pier) laisse augurer du meilleur. Mais l’équation économique de Bernadette est complexe. Sur les 1 500 places de la salle, une centaine sont réservées aux personnes handicapées ou alitées. Oublié, aussi, le carré d’or peu charitable à 99 euros… ­Ticket moyen : 30 euros.

Bernadette survole les ventes de spectacles du site Ticketmaster. Les organisateurs de pèlerinages bloquent des milliers de places pour 2020, conseillés par Francis Dias, leur ancien interlocuteur au sanctuaire, récemment embauché par la production. « Donc les salles seront pleines mais nous ne gagnerons pas d’argent à Lourdes », sait déjà Roberto Ciurleo. Qui entend se rattraper à l’étranger. Saison finie, la troupe filera en ­Belgique et en Suisse. La licence, pour reproduction du spectacle, est vendue en Amérique du Sud, au Québec, une coproduction se profile en Italie. Lourdes et Bernadette sont largement plus populaires hors des frontières. « Un million de ­reconstitutions de la grotte de Lourdes dans le monde ! », dit en souriant M. Ciurleo.

Apparition

Autre défi : dénicher la sainte. Une adolescente sachant chanter, jouer la comédie et éviter de s’afficher en pécheresse sur les réseaux sociaux. Sollicité, le casteur de voix Bruno Berberès, qui recrute au même moment la Bernadette pour la comédie musicale Priscilla, folle du ­désert, se met en quête d’une seconde Bernadette un brin plus introvertie : « Le moins évident, ça a été de vendre aux ­artistes la résidence à Lourdes… » « Ce n’est pas Ibiza », se dit, sur le coup, David Ban, alias François Soubirous. Six mois dans une ville de 13 000 habitants, à 800 km de Paris… Sacrifice ultime que seule la qualité de la musique justifie. Et qu’une résidence hôtelière avec piscine compense en partie, soigneusement choisie à l’écart de l’ambiance processions-confessions-ablutions.

Ex-candidate de The Voice Kids deuxième saison, Eyma Scharen, charmante brune aux yeux sombres de 17 ans, s’impose en Bernadette puisque « réservée, posée, très première de la classe », selon Bruno Berberès. « Je ne connaissais pas l’histoire quand j’ai passé le casting, en janvier 2018 », confesse-t-elle après le spectacle, voile blanc remisé au profit d’une combinaison plutôt seyante. « Le côté religieux m’a gênée un peu, mais j’ai eu un coup de cœur pour la chanson Pourquoi moi ? »

Le côté religieux, effectivement, peut resurgir lorsqu’on incarne une sainte. A la fin d’une première présentation des chansons, le 15 août 2018 à la basilique, les spectateurs se sont massés autour d’elle. « Ils me ­racontaient leur vie, me prenaient dans les bras comme si j’étais vraiment Bernadette. Je n’étais pas préparée… » Ce 1er juillet, Eyma est demeurée en coulisses tant que la salle n’a pas été évacuée.

Espérance

A la tête d’une ville dont bien des commerces offrent aux visiteurs une téléportation dans les années 1960 (lorsqu’ils sont encore ouverts), Josette Bourdeu (PRG) croit en une Bernadette salvatrice. « Les vieux, les marchands du temple avec leurs vierges en plastique, voilà l’image désuète que les Français ont de Lourdes alors que c’est un endroit où l’on trouve de la joie, beaucoup de jeunes, un accompagnement merveilleux des malades. »

Charge à la comédie musicale, donc, de repulper l’attractivité internationale, la fréquentation, le centre-ville et les finances de la commune. La salle Robert Hossein, haut lieu des lotos du Rotary, rapportera, en deux ans, 650 000 euros de location. Madame la maire « ne crache pas dessus ». « Et les gens vont venir de toute la région. Ce sera le voyage de fin d’année des écoles catho. »

Soumis à une cure d’austérité ­financière, le sanctuaire entretient de semblables espoirs. La chute des pèlerinages diocésains n’est pas compensée par l’augmentation des visites individuelles. De nouvelles liaisons aériennes low cost avec Cracovie, Milan, Rome ou Dublin contribuent depuis peu à stabiliser la fréquentation.

La comédie musicale confirmera-t-elle le miracle, incitant à séjourner une nuit de plus ? Emu après le dernier chant d’Eyma, le père Cabes exprime déjà sa gratitude aux anciens producteurs de la comédie musicale ­Saturday Night Fever. « Le show-biz fait ce qu’un pauvre prêtre des Pyrénées ne sait pas faire, admet l’homme frêle en habit sombre. Attirer du monde dans notre “zoo des mal foutus”, comme l’a un jour décrit un magazine. C’est un cadeau. »

lourdes22

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