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Jours tranquilles à Paris

25 mars 2019

Ceci n'est pas une femme nue - Performance by Milo Moiré at Museum Rijeka ( captures d'écran extraites de la vidéo)

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25 mars 2019

Enquête - Des catholiques atterrés veulent du changement

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Par Cécile Chambraud - Le Monde

L’idée que l’Eglise catholique traverse une crise profonde gagne du terrain parmi les catholiques engagés. Beaucoup expriment désormais la volonté d’agir pour changer l’institution.

Le refus par le pape François de la démission du cardinal Philippe Barbarin aura été le coup de grâce. En un mois, l’accumulation des informations liées à des scandales a laissé bien des catholiques groggy. Ils ont successivement appris que l’ancien cardinal américain Theodore McCarrick, accusé d’agression sexuelle sur un mineur, avait été défroqué ; la mise en cause du nonce dans une affaire d’atteinte sexuelle ; la sortie du film de François Ozon sur les victimes du père Preynat ; la publication du livre Sodoma sur l’homosexualité, pourtant peccamineuse aux yeux de l’Eglise, de nombre de ses hiérarques ; la diffusion d’un documentaire d’Arte montrant l’ampleur des viols de religieuses par des prêtres ; la condamnation à six ans de prison, en Australie, du cardinal George Pell, numéro trois du Vatican, pour agression sexuelle sur mineur.

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Déjà, l’été précédent, il avait fallu encaisser le décompte des enfants victimes de prêtre dans les diocèses de Pennsylvanie et d’Allemagne au cours des dernières décennies. « Accablement », « colère », « humiliation », « stupeur » : chacun cherche aujourd’hui à exprimer le sentiment qui domine après cette série.

Certes, des catholiques continuent de voir une volonté de nuire à leur Eglise derrière certaines révélations. Mais le réflexe obsidional cède de plus en plus souvent devant les faits. L’idée que l’Eglise catholique traverse une crise profonde gagne du terrain. Des comparaisons historiques sont tentées. On fait appel à l’époque pré-grégorienne, aux papes Borgia, au grand ébranlement de la Réforme.

Emerge la conviction que l’épreuve sera de longue durée. « J’ai clairement le sentiment que ce n’est pas moi qui verrai le renouveau de l’Eglise, explique l’essayiste et blogueur Erwan Le Morhedec, et peut être pas même mes enfants. Mais nous sommes à un moment historique que nous n’avons pas le droit de rater. » « L’Esprit mène l’Eglise vers la vérité tout entière, croit François Debelle, diacre à Marseille. Nous vivons une lame de fond qui va tout balayer, cette génération, ceux qui ont peur de se dévoiler, ceux qui continueront de se mettre en travers. » « Une perte de confiance dans la hiérarchie se répand », assure Guillaume de Prémare, délégué général de l’association Ichtus.

« On ne peut plus se cacher derrière son petit doigt »

Ces révélations sont douloureuses. « Avec ce martèlement des affaires, explique Erwan Le Morhedec, nos digues personnelles sont attaquées. » Certains sont touchés de près. « Plusieurs figures spirituelles qui m’ont conduit vers l’Eglise ont dérapé. Un prêtre qui m’a marqué a fait six ans de prison pour attouchements sexuels », témoigne Arnaud Bouthéon, un ancien de la Manif pour tous toujours très investi dans la vie chrétienne. François Debelle a jeté sa « colère » dans un glossaire de la pédophilie lorsqu’il a appris qu’un ami prêtre avait été condamné à de la prison pour viol d’enfant. A Versailles, avec d’autres mères de famille, Camille de Metz-Noblat, une fidèle qui a longtemps été « un pur produit clérical qui ne remettait pas en cause la hiérarchie », vient de fonder une association d’aide aux victimes d’abus, face à ce qu’elle estime être l’inertie du diocèse dans un cas qui l’a touché de près.

Au-delà de la consternation, commence à s’exprimer la volonté d’agir pour changer. Car l’idée que quelque chose, dans la configuration organisationnelle et doctrinale de l’Eglise, a contribué au désastre commence à infuser. Erwan Le Morhedec l’a résumé ainsi dans une chronique publiée par La Vie, le 14 mars : « Il n’est plus possible de laisser perdurer le système ecclésial actuel. (…) La révolte qui habite les cœurs et les entrailles des fidèles de toutes sensibilités ne peut pas rester lettre morte. » « On ne peut pas simplement se dire qu’on va passer à autre chose. On ne sait plus ce qui tient debout aujourd’hui », plaide l’essayiste. « Les révélations sont telles qu’on ne peut plus se cacher derrière son petit doigt », dit François Mandil, délégué national des Scouts et guides de France.

La difficulté, c’est que l’Eglise n’a pas la culture du débat. Sa structure verticale, qui met à part et en haut les hommes ordonnés (évêques et prêtres essentiellement), ne la favorise pas. Risquer une critique, formuler une proposition de réforme, c’est encourir le reproche de menacer la « communion » ecclésiale. Pourtant, les catholiques qui expriment l’urgence d’une réforme le font bien de l’intérieur. « Je ne suis pas dans la confrontation, je veux être dans une démarche ecclésiale, insiste Erwan Le Morhedec. Mais le sentiment qu’il n’est pas possible d’attendre que le mouvement vienne des évêques est largement partagé. » « On ne se parle pas, regrette Arnaud Bouthéon. Les évêques sont perdus, les prêtres sont perdus, les laïcs sont perdus et on ne se rencontre pas. » Les canaux du dialogue sont à inventer.

« Créer des lieux de dialogue »

« Que faire ? Il y a à l’évidence une réflexion profonde à mener sur le rapport au pouvoir, au service. La position du prêtre au-dessus de tout ne va pas pouvoir tenir », affirme François Mandil. « S’il vous plaît les chrétiens, cessez de nous appeler mon père, appellation infantilisante et de nous mettre ainsi nous, les prêtres, sur un piédestal », a conjuré sur Facebook Frédéric Ozanne, prêtre, « aumônier scout et salarié du bâtiment ». Mais certains ne croient pas à une véritable remise en cause. « La structure fondamentale du pouvoir ne bougera pas, prédit Guillaume de Prémare. Le pouvoir est lié au sacerdoce, aux évêques comme successeurs des apôtres. » François Debelle propose de séparer le pouvoir temporel de la paroisse, confié à un « président » laïc, du pouvoir spirituel du prêtre.

« Ce qui manque, pour moi, ce sont les contre-pouvoirs. Un ecclésiastique n’a de compte à rendre à personne. Et pour instaurer des contrepoids, il faut créer une culture de la discussion franche, des lieux de dialogue », estime Monique Baujard, une ancienne directrice (laïque) du service famille et société de la Conférence des évêques de France. Pour elle, l’Eglise doit penser autrement son organisation : « Aujourd’hui, les évêques organisent leur diocèse en fonction des prêtres disponibles. Il faudrait plutôt réfléchir en fonction des besoins des communautés. Se demander : de quoi les catholiques ont-ils besoin pour vivre leur foi dans une société où ils sont minoritaires ? Ce n’est pas seulement de prêtres. » D’ailleurs, « a-t-on besoin d’autant de diocèses, d’administration territoriale lorsqu’on est en terrain missionnaire, comme aujourd’hui ? », interroge Arnaud Bouthéon.

La place des laïcs à des postes de décision à tous les niveaux est réclamée par beaucoup. Celle des femmes aussi, même si la plupart ne veulent pas ouvrir, à ce stade, la question du sacerdoce pour elles. Il y a quelques jours, l’archevêque de Poitiers, Pascal Wintzer, a provoqué un certain émoi en évoquant favorablement la possibilité d’ordonner prêtres des hommes mariés – une hypothèse d’ailleurs à l’étude au Vatican. « Il y a trois ans, ça n’aurait pas été possible », observe François Mandil. La question de « la solitude des prêtres » est fréquemment évoquée.pedo23

« La quête de sens demeure »

Véronique Margron a entamé pour sa part un travail de fond. Dans un livre à paraître le 28 mars, Un moment de vérité (Albin Michel, 192 pages, 18 euros), cette dominicaine qui préside la conférence des religieux de France dissèque, dans « la façon dont est organisée, pensée l’institution catholique », ce qui, selon elle, a favorisé « ce scandale, ce désastre » à la « dimension collective ». « C’est une bonne partie de notre théologie qu’il faut reprendre, écrit-elle. Nous devons à nouveau réfléchir sur la conception de la paternité de Dieu, le sens des sacrements et spécialement la place du célébrant, la question de l’Eglise mère. »

« Comment notre discours sur la sexualité a-t-il pu amoindrir notre lucidité, notre conscience face à ces crimes, s’interroge-t-elle dans son bureau de provinciale des dominicaines. Nous avons tellement lié l’ordre du bien et du mal à celui du permis/pas permis que nous avons induit une collusion spirituelle entre, par exemple, les relations sexuelles préconjugales et les violences sexuelles sur des enfants. » Un afflux de nouveaux témoignages lui sont parvenus après la diffusion du documentaire d’Arte sur les religieuses violées.

Certains s’impliquent. François Debelle veut constituer un site Internet qui soit un « centre de ressources » pour lutter contre la pédophilie. L’association de Camille de Metz-Noblat est entrée en contact avec d’autres associations de victimes. D’autres font appel à un concept théorisé par Benoît XVI pour affronter la sécularisation, celui d’une Eglise retournée à l’état de « minorité créative » capable de façonner l’avenir. Fondateur d’Anuncio, un mouvement de laïcs qui se consacre à l’évangélisation, Raphaël Cornu-Thénard est convaincu que le salut de l’Eglise ne se trouve pas « au niveau organisationnel », mais dans un retour à « une vie mystique », tendue vers « l’union à Dieu ». « La quête de sens demeure. Si l’Eglise n’est pas uniquement orientée vers l’union à Dieu, alors on est dans la préservation des murs », affirme-t-il.

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Et aussi les viols de religieuses !

25 mars 2019

Enquête : L’Ecosse dans la mêlée du Brexit

Par Yves Eudes

Les leaders du Scottish National Party (indépendantiste) ont joué un rôle important dans l’opposition à la sortie de l’Union européenne et largement contribué au chaos politique actuel à Londres.

Le 28 juin 2016, cinq jours après le référendum sur le Brexit, la session extraordinaire du Parlement européen, à Bruxelles, s’ouvre dans une ambiance électrique. Devant une salle bondée, l’eurodéputé écossais Alyn Smith se lève, l’air grave, visiblement ému, et se lance dans un discours passionné : « Je suis fier d’être Ecossais, et tout aussi fier d’être Européen. »

Il rappelle qu’à l’inverse de l’Angleterre, l’Ecosse vient de voter pour rester dans l’Union à 62 %, et proclame qu’elle ne va pas se résigner à être exclue de l’Europe contre son gré : « Je veux que mon pays soit internationaliste, coopératif, écologique, juste, européen. S’il vous plaît, chers collègues [en français dans le texte], souvenez-vous : l’Ecosse ne vous a pas laissés tomber, alors à présent ne laissez pas tomber l’Ecosse ! » Etonnés et enthousiastes, des centaines de députés de tous les pays se lèvent pour l’applaudir longuement.

Alyn Smith, un quadragénaire volubile et chaleureux, avocat de formation, est l’un des deux eurodéputés du Scottish National Party (SNP, indépendantiste), qui contrôle le gouvernement autonome d’Ecosse et dispose de 35 sièges au Parlement britannique à Londres. Il est aussi membre du comité exécutif national de son parti et joue un rôle important dans l’élaboration de la stratégie écossaise face au Brexit.

Confusion avec Londres

Rétrospectivement, il espère que son discours a eu un effet durable sur ses collègues continentaux : « Juste après le référendum, de nombreux eurodéputés de différents pays disaient que, dans ces conditions, le Royaume-Uni devait partir le plus vite possible. J’ai voulu les convaincre qu’il fallait poursuivre le débat et laisser la porte ouverte, au cas où… »

Voilà bientôt trois ans que le gouvernement écossais se bat pour demeurer dans l’Union européenne (UE), avec ou sans le reste du Royaume-Uni. Une femme incarne ce combat : Nicola Sturgeon, 49 ans, première ministre et leader du SNP. Cette juriste calme et posée, au sourire discret, a grandi dans les rangs indépendantistes : sa mère était responsable locale du SNP dans un district industriel du sud de Glasgow, et son mari est l’actuel secrétaire général du parti.

« J’AVAIS PRÉVU DE PARTICIPER À QUARANTE DÉBATS, MAIS PLUSIEURS ONT ÉTÉ ANNULÉS, CAR NOUS NE TROUVIONS PAS D’ORATEURS POUR SOUTENIR LE BREXIT »

ALYN SMITH, DÉPUTÉ (SNP) EUROPÉEN

L’activisme de l’Ecosse pour freiner le Brexit a singulièrement compliqué la tâche, déjà ardue, de la première ministre britannique, Theresa May, et contribué à aggraver la confusion à Londres. Il a aussi relancé la grande affaire qui agite cette partie du Royaume-Uni depuis des siècles : l’indépendance, perdue en 1707 mais toujours revendiquée avec ferveur par une partie de la population – notamment les catholiques et la gauche, tandis que les conservateurs et les protestants sont souvent unionistes. C’est ainsi : cette nation de 5,4 millions d’habitants a toujours su conserver sa singularité, mais, en son sein, l’hostilité entre les deux sensibilités est profonde et se retrouve dans le débat sur le Brexit.

En 2014, le gouvernement local avait réussi à organiser un référendum sur l’indépendance et, cette fois, ses partisans étaient persuadés de l’emporter. Mais, pendant la campagne, le gouvernement britannique promet que le Royaume-Uni sera désormais un « partenariat entre égaux ». Cinquante-cinq pour cent des Ecossais se laissent convaincre et choisissent de rester en son sein. Les indépendantistes voient ainsi s’évanouir le rêve centenaire d’un pays « libre ». Comme beaucoup de ses camarades, Alyn Smith songe même à abandonner la politique : « Je me suis dit que j’allais redevenir avocat et qu’au moins, je gagnerais mieux ma vie. »

Mais, dès 2015, les voici remis en selle : lors des législatives, le SNP l’emporte à travers toute l’Ecosse. Puis, quand Londres annonce le référendum sur le Brexit, il se mobilise à nouveau. « Nous ne voulions pas de cette consultation, rappelle Alyn Smith. Chez nous, tous les partis militaient pour le maintien dans l’Europe. » D’où, selon lui, une campagne assez morne : « J’avais prévu de participer à quarante débats, mais plusieurs ont été annulés, car dans certaines villes, nous ne trouvions pas d’orateurs pour soutenir le Brexit. »

Guérilla permanente

Arrive la soirée historique du 23 juin 2016 et le succès du « Leave » en faveur d’une sortie de l’UE. En découvrant ce résultat, les militants du SNP sont traversés de sentiments contradictoires, Alyn Smith en tête : « En ce qui concerne l’Ecosse, nous étions fiers d’avoir accompli notre mission : le maintien au sein de l’UE avait gagné dans toutes les circonscriptions. Mais, en même temps, nous étions inquiets de voir la direction prise par l’Angleterre, qui risquait de devenir un pays dur, xénophobe, agressif. » Cinq jours plus tard, il prononce son fameux discours à Bruxelles.

En 2016, le SNP obtient une majorité relative aux élections du Parlement écossais. Mme Sturgeon peut donc de se maintenir au pouvoir en faisant alliance avec les écologistes. L’année suivante, aux élections anticipées pour la Chambre des communes de Londres, le parti enlève 35 des 59 sièges revenant à l’Ecosse. Dès lors, Edimbourg est en position de force pour examiner tous les scénarios possibles face au Brexit, y compris les plus improbables. « Pour commencer, explique Alyn Smith, nous demandons régulièrement à Mme May de l’annuler, tout simplement. Selon la Cour de justice de l’UE, le Royaume-Uni peut le faire unilatéralement, jusqu’à la veille de la date officielle de la séparation. »

A Londres, le groupe parlementaire SNP est dirigé par Ian Blackford, 57 ans, ancien banquier et homme d’affaires, célèbre pour ses interventions parfois véhémentes. Depuis deux ans, il mène une guérilla permanente contre les projets de loi visant à organiser la sortie de l’UE et à répartir les pouvoirs détenus par Bruxelles. Selon lui, Londres tente d’accaparer ces nouvelles prérogatives au détriment des gouvernements autonomes d’Ecosse, du Pays de Galles et de l’Irlande du Nord, notamment en matière d’agriculture, de pêche, de sécurité alimentaire ou de marchés publics…

En juin 2018, lors d’une séance de questions au gouvernement, M. Blackford accuse même Mme May de « réduire au silence la voix de l’Ecosse » et provoque plusieurs incidents de séance, ce qui lui vaut d’être expulsé. En solidarité avec leur leader, tous les députés SNP quittent la salle.

Propositions radicales

Pendant ce temps, le Parlement d’Edimbourg édicte ses propres lois pour préparer l’Ecosse au Brexit dans une cinquantaine de secteurs, mais, fin 2018, elles sont annulées en bloc par la Cour suprême du Royaume-Uni. Le SNP hurle au « vandalisme constitutionnel ». Dans la foulée, ses députés votent contre l’accord négocié par le gouvernement britannique et l’UE, concourant ainsi aux défaites spectaculaires de Theresa May.

Le SNP fait aussi d’autres propositions, qu’il qualifie de « compromis », alors qu’en réalité, elles sont radicales. Si l’accord avec l’UE finissait par être voté, il souhaite qu’on demande à nouveau l’avis des Britanniques par référendum. Puis, si le Brexit a réellement lieu, il recommande que Londres négocie avec l’UE un statut comparable à celui de la Norvège, qui fait partie du marché unique et applique de nombreux règlements européens.

Autre scénario : le SNP imagine que l’Ecosse et l’Irlande du Nord puissent éviter le choc du Brexit « dur » en restant dans le marché unique, ou au moins dans l’union douanière. Il faudrait alors créer une frontière terrestre pour contrôler le trafic entre l’Angleterre et l’Ecosse. L’hypothèse ne déplaît pas à Alyn Smith : « La frontière ne ferait qu’une centaine de kilomètres et suivrait surtout des cours d’eau. De toute façon, les échanges entre l’Ecosse et le continent se font principalement par bateau et par avion, sans passer par le territoire anglais. »

Alors qu’à Londres le chaos politique ne fait qu’empirer, la stratégie des Ecossais s’adapte. Le 5 mars, les Parlements d’Ecosse et du Pays de Galles se sont coordonnés pour passer simultanément la même motion, réaffirmant leur double opposition à l’accord négocié par Theresa May et à une sortie sans accord, et recommandant le report indéfini de la date du Brexit. Selon Nicola Sturgeon, Ecossais et Gallois ont été réunis par « leur consternation, désormais proche du désespoir, face à la gestion du Brexit par le gouvernement britannique ».

A mesure qu’au Parlement de Londres les majorités ont commencé à fluctuer et à se resserrer, le SNP s’est imposé comme un parti charnière. Le 13 mars, lors d’un vote visant à refuser le « no deal », ses voix ont été décisives : en s’alliant aux travaillistes et aux conservateurs dissidents, il a réussi, de justesse, à mettre la première ministre en minorité. A tout hasard, il a décidé de se préparer aux élections européennes du 26 mai, comme si le divorce n’allait pas se produire. Alyn Smith, qui a déjà effectué trois mandats, a demandé à son parti la permission d’être à nouveau candidat.

Accentuation des clivages

Au cas où le Brexit aurait finalement lieu, le SNP imagine déjà un nouveau référendum sur l’indépendance, dans les mois suivants. Dès 2017, Nicola Sturgeon avait demandé à Londres l’autorisation de l’organiser, mais Theresa May lui avait répondu que le moment était mal choisi. A l’époque, le SNP n’avait pas insisté. Aujourd’hui, c’est différent. Alyn Smith, toujours : « Au bout de cinq ans, nous voyons que la promesse d’instaurer un “partenariat entre égaux” n’a pas été tenue : Mme May ne tient aucun compte de notre vote ni de nos propositions. » Sans compter que, selon lui, certains électeurs avaient voté en 2014 pour le maintien dans le Royaume-Uni, car ils craignaient qu’une Ecosse indépendante soit exclue de l’UE. Le Brexit viendrait donc inverser la donne : l’indépendance sera le seul moyen de rester dans l’UE.

Bien sûr, d’autres scénarios que celui du SNP sont envisageables. Comme dans le reste du Royaume-Uni, le Brexit accapare le débat public et accentue les clivages au sein de la société écossaise. La minorité de brexiters (38 % en 2016) reste mobilisée – comme les pêcheurs, hostiles à l’UE à cause des quotas et du partage des eaux territoriales. De nombreux électeurs ont voté pour l’indépendance en 2014 et pour le Brexit en 2016, au nom de la pleine souveraineté de l’Ecosse. Si un nouveau référendum sur l’indépendance était organisé, certains pourraient cette fois voter pour rester au sein du Royaume-Uni, de peur de… retourner dans l’UE.

En effet, dans l’hypothèse où un gouvernement SNP obtiendrait l’indépendance post-Brexit, sa priorité serait de demander l’adhésion à l’UE : « Si nous allons vite, nous serons réintégrés sans difficulté », affirme Alyn Smith. Avec des limites, tout de même : il ne souhaite pas que la future Ecosse indépendante adhère à l’accord de Schengen sur la suppression des contrôles aux frontières, car « la géographie ne s’y prête pas ».

Il tient cependant à affirmer que les Européens du continent seront toujours les bienvenus en Ecosse, qui est proche du plein-emploi et manque même de main-d’œuvre dans certains secteurs : « Je voudrais m’adresser aux 380 000 ressortissants de pays de l’UE vivant actuellement chez nous. Nous ferons le maximum pour qu’ils restent, et nous sommes prêts à en accueillir de nouveaux » – y compris ceux qui viendraient d’Angleterre, terre devenue inhospitalière.

25 mars 2019

Brexit : le Parlement tente de reprendre la main face à une Theresa May affaiblie

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Par Philippe Bernard, Londres, correspondant - Le Monde

Une semaine cruciale pour le Royaume-Uni – la sortie de l’Union européenne devait avoir lieu vendredi – s’ouvre sur des rumeurs de complots au sein du gouvernement pour écarter la première ministre.

Pour les Britanniques, la semaine qui s’ouvre devait être celle du départ de l’Union européenne. Dans chacun de ses innombrables discours, Theresa May s’est engagée à ce que le Brexit ait lieu le vendredi 29 mars, deux ans jour pour jour après qu’elle a déclenché la procédure de divorce, conformément à l’article 50 du traité de Lisbonne. Les partisans du Brexit avaient déjà baptisé le 29 mars « Independance Day ».

Or, jeudi 21 mars à Bruxelles, la première ministre a été contrainte de solliciter un report de cette date, faute d’avoir réussi à faire ratifier par le Parlement l’accord qu’elle a conclu en novembre avec l’UE. Au lieu du report au 30 juin qu’elle demandait, l’UE lui a accordé un sursis seulement jusqu’au 12 avril, et jusqu’au 22 mai si elle obtient enfin l’aval des députés, perspective de plus en plus incertaine. Devant cette impasse persistante, la semaine, au lieu d’être placée sous le signe du « départ de l’UE », s’ouvre sur les rumeurs de complots ministériels destinés à provoquer un autre départ, celui de Theresa May.

Ce n’est pas la première fois, loin de là, que la presse spécule sur sa mise à l’écart. Mais la récente succession de bévues et d’humiliations – discours hostile à l’encontre des députés qu’elle cherche à rallier, rebuffade à Bruxelles et manifestation hostile d’un million de personnes à Londres – ne fait que renforcer l’ambiance de fin de règne. « Je crains que ce soit terminé pour la première ministre, a déclaré George Freeman, un député conservateur europhile et ancien conseiller de Mme May. Nous avons besoin d’une nouvelle cheffe du gouvernement capable de nouer un dialogue avec l’opposition et de construire une coalition en vue d’un plan B. »

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Appétits aiguisés

La proximité de la nouvelle date butoir du 12 avril fixée par l’UE aiguise les appétits. Deux journaux dominicaux ont rapporté que deux membres du gouvernement – l’europhile David Lindington, bras droit de Mme May, et l’eurosceptique Michael Gove, ministre de l’environnement – étaient prêts à supplanter la première ministre en arguant d’une situation d’urgence.

Les démentis catégoriques des intéressés sont loin d’avoir éteint les rumeurs de « coup d’Etat » contre Mme May et la presse soupèse les chances respectives des candidats à sa succession. M. Lidington a assuré que la première ministre faisait un « formidable travail ». « Si travailler auprès d’elle produit un effet, a-t-il rétorqué, c’est de vous guérir de la moindre ambition de vouloir être à sa place. »

Quant à l’ambitieux et roué M. Gove, il a déclaré de façon plus ambiguë que « ce n’est pas le moment de changer de capitaine ». Le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances) Philip Hammond, lui, a assuré que ceux qui parlaient de « coup » visant Mme May « s’écoutent parler » et que « changer de première ministre n’aiderait pas à avancer ». Mais les déclarations du très flegmatique chancelier, pas plus que les autres, ne peuvent vraiment rassurer Mme May. Les députés conservateurs sont « très agacés » et « veulent à tout prix aller de l’avant », a-t-il déclaré dimanche matin sur SkyNews.

Partisan du maintien d’un maximum de liens avec l’UE conformément au souhait des chefs d’entreprise et de la City, M. Hammond a reconnu qu’il « paraît très difficile de rassembler une majorité » en faveur de l’accord défendu par Mme May. Il a soutenu l’idée d’une série de votes indicatifs du Parlement sur les options alternatives que la première ministre a toujours écarté comme la peste : maintien dans le marché unique et l’union douanière, voire second référendum, « une proposition parfaitement logique », a-t-il même affirmé. Cette idée d’un nouveau vote populaire a été puissamment défendue par les centaines de milliers de manifestants (plus d’un million selon les organisateurs), samedi dans les rues de Londres. Elle est aussi soutenue par une pétition en ligne qui, lundi 25 mars au matin, avait recueilli près de 5,5 millions de signatures.

Les Britanniques toujours « très divisés »

La tendance favorable au maintien dans l’UE (54 % contre 46 % pour le Brexit) reflétée par les enquêtes d’opinion encourage les partisans d’un deuxième référendum, option qui n’est cependant pas soutenue par une majorité de Britanniques. « Les Britanniques restent très divisés. La seule chose qui les rassemble à 88 % est que le gouvernement a terriblement mal géré le Brexit », commente Sara Hobolt, professeur de politique européenne à la London school of economics.

Clé de la stratégie de Mme May, un troisième vote des députés sur l’accord avec les Vingt-Sept (après deux rejets) sous-tendait le nouveau calendrier laborieusement négocié à Bruxelles. Il paraît désormais aléatoire. Mme May l’admet dans une lettre adressée aux députés vendredi 22 mars : elle n’organisera ce nouveau scrutin parlementaire que si elle est certaine de bénéficier d’un « soutien suffisant » des élus, ce qui est tout sauf certain.

Le lundi 25 mars pourrait marquer une nouvelle étape dans l’affaiblissement de la première ministre. Les députés pourraient prendre la main sur leur propre ordre du jour et donc sur le Brexit, en adoptant un amendement bipartisan prévoyant l’organisation de votes sur les différentes options alternatives au « deal » qu’ils refusent. Ces votes pourraient avoir lieu mercredi.

On prête à Mme May l’intention d’attendre leur résultat, soit pour tenter à nouveau de faire passer son accord, soit pour l’enterrer au profit d’un Brexit plus modéré. Dans ce cas, il lui faudra solliciter un nouveau délai de l’UE – option qu’elle exclut formellement aujourd’hui –, au risque d’amener les partisans d’un Brexit dur à déclencher des élections législatives pour tenter de faire élire un des leurs et reprendre la main. A moins qu’elle ne finisse par être sauvée une fois encore par l’incapacité des conservateurs à se mettre d’accord sur le nom d’un successeur.

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25 mars 2019

Venezuela : Nicolas Maduro accuse Juan Guaido de préparer son assassinat

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Le président du Venezuela Nicolas Maduro a accusé samedi l’opposant Juan Guaido de préparer un complot pour l’assassiner, et a menacé de l’envoyer en prison. « Nous venons de déjouer un plan de la marionnette diabolique, qu’il dirigeait personnellement, pour me tuer », a affirmé Nicolas Maduro devant plusieurs milliers de ses partisans rassemblés à Caracas.

« Nous n’aurons pas peur d’envoyer ces délinquants en prison », a-t-il ajouté, en qualifiant de « groupe terroriste » le parti Voluntad Popular de Juan Guaido. Juan Guaido s’est autoproclamé président par intérim du pays le 23 janvier et a été reconnu comme tel par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis. Deux mois plus tard, le Venezuela reste confronté à la plus grave crise de son histoire avec une économie au ralenti, une monnaie naufragée et des pénuries de tout.

Des « preuves »

Les deux « présidents » rivaux avaient convoqué samedi des rassemblements de leurs partisans, à Caracas « contre le terrorisme » pour Nicolas Maduro, à Barcelona (nord-est) pour Juan Guaido, qui a entamé une tournée du pays destinée, compte-t-il, à le mener « jusqu’à Miraflores » le palais présidentiel.

Le ministre de l’Information Jorge Rodriguez a affirmé à la télévision détenir des preuves selon lesquelles des « tueurs » recrutés au Salvador, au Guatemala et au Honduras « grâce à d’énormes sommes d’argent » ont été envoyés en Colombie voisine pour conduire des « assassinats sélectifs » et des « sabotages » des services publics vénézuéliens.

Pas de rupture entre Maduro et les militaires

Début mars, Juan Guaido bénéficiait de 61 % d’avis favorables contre 14 % pour Nicolas Maduro, selon une enquête de l’institut Datanalisis. « Un tel scénario était inimaginable en 2018 », reconnaît l’analyste Mariano de Alba. Mais, même « affaibli », Nicolas Maduro « a réussi à maintenir une cohésion étonnante dans l’adversité ». Surtout la forte mobilisation populaire et le soutien affirmé de Washington et de l’Union européenne à Juan Guaido, notamment, n’ont pas entamé la loyauté de l’armée envers le pouvoir.

La rupture entre l’armée et le pouvoir n’a pas eu lieu « parce qu’aucune offre crédible n’a permis à l’élite militaire de croire en la possibilité d’un changement » de régime sans risque, estime le président de Datanalisis, Luis Vicente Leon. Pour cet expert, penser que Nicolas Maduro ne partira que par la force encourage l’opposition à refuser toute forme de négociations pour « provoquer une fracture » : un scénario impopulaire selon lui, mais « toujours d’actualité » pour sortir de la crise.

Situation économique dramatique

En attendant le Venezuela s’enfonce un peu plus. Le 28 avril entrera en vigueur l’embargo sur les exportations de pétrole qui assurent 96 % du budget de l’Etat. « La situation économique va terriblement s’aggraver et la population subir une nouvelle dégradation de son niveau de vie », prévient Mario De Alba, qui annonce simultanément une « répression » accrue.

Pour Vicente Leon, le temps joue contre Nicolas Maduro avec le risque d’une « explosion sociale ». Mais le temps qui passe est aussi risqué pour Juan Guaido, car « plus le pays se détériorera, plus la patience de la population va s’émousser.

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25 mars 2019

La Normal - Ilvy Kokomo - Martial LenoirADULTE

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25 mars 2019

Lulu Gainsbourg - ce soir

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Paris Vogue - Laetitia Casta

25 mars 2019

Vu sur internet - j'aime beaucoup

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