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Jours tranquilles à Paris
etats unis
3 janvier 2018

Trump dit avoir un bouton nucléaire « plus gros » que celui de Kim Jong-un

« Moi aussi j’ai un bouton nucléaire, mais il est beaucoup plus gros et plus puissant que le sien, et il fonctionne ! », a tweeté le président américain.

Le président américain Donald Trump a moqué mardi 2 janvier son homologue nord-coréen, affirmant avoir un bouton nucléaire « plus gros et plus puissant » que Kim Jong-un.

« Le leader nord-coréen Kim Jong-un vient d’affirmer que le “bouton nucléaire est sur son bureau en permanence” (...) informez-le que moi aussi j’ai un bouton nucléaire, mais il est beaucoup plus gros et plus puissant que le sien, et il fonctionne ! », a tweeté le président américain.

« Rafistolage »

Kim Jong-un s’est servi de son adresse à la nation du Nouvel An pour répéter que son pays était un Etat nucléaire à part entière, avertissant qu’il avait en permanence à sa portée le « bouton » atomique. Le dirigeant nord-coréen a parallèlement fait une ouverture en direction du Sud en expliquant que Pyongyang pourrait participer aux jeux Olympiques d’hiver en Corée du sud.

Washington a d’ores et déjà rejeté mardi la perspective de négociations entre la Corée du Nord et la Corée du Sud comme un simple « rafistolage », avertissant que les Etats-Unis n’accepteront jamais une Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire. Les Etats-Unis ne « prendront aucun entretien au sérieux s’il ne porte pas sur l’interdiction de toutes les armes nucléaires en Corée du Nord », avait indiqué l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, avant les derniers tweets de M. Trump.

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24 décembre 2017

Nouvelle salve de sanctions contre la Corée du Nord

Moins d’un mois après un tir de missile balistique intercontinental par Pyongyang, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté une réduction des exportations de pétrole.

Renforcer la pression. C’est le message qu’a envoyé, vendredi 22 décembre, le Conseil de sécurité de l’ONU en adoptant à l’unanimité de nouvelles sanctions économiques contre la Corée du Nord, moins d’un mois après un tir de missile balistique intercontinental par Pyongyang.

Les Etats-Unis, à l’initiative de ce projet, se sont dits satisfaits d’avoir pu compter sur le soutien de tous les membres du Conseil, dont la Chine et la Russie, principaux partenaires commerciaux de la Corée du Nord. Des changements de dernière minute dans la formulation ont permis de sécuriser le vote de Pékin et de Moscou. « L’unité dont a fait preuve le Conseil pour porter ces sanctions sans précédent reflète l’indignation internationale contre les actions du régime de Kim Jong-un », a déclaré l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley.

Ce nouveau volet de sanctions, le troisième depuis le début de l’année et le dixième depuis 2006, réduira les exportations de pétrole vers la Corée du Nord. Les livraisons de brut seront désormais limitées à 4 millions de barils par an, tandis qu’une baisse de 75 % de l’approvisionnement en produits pétroliers raffinés (diesel, kérosène) est annoncée.

La résolution impose également de ne plus accueillir les dizaines de milliers de travailleurs nord-coréens envoyés par le régime à l’étranger, une majorité vivant en Chine et en Russie. Ils seront contraints, selon le texte, de regagner leur pays d’ici à la fin de 2019. Par ailleurs, seize noms sont ajoutés à la liste des proches de Kim Jong-un visés par un gel d’avoirs et une interdiction de voyager.

Position américaine illisible

Cette fermeté est un signal clair adressé à Pyongyang, qui aurait pu interpréter l’inaction de l’ONU comme une carte blanche à de futures démonstrations de force. « La Russie, la Chine et les Etats-Unis ne veulent laisser aucun doute aux dirigeants nord-coréens sur le fait qu’ils vont continuer à leur mettre la pression à tous les niveaux », juge George Lopez, ancien expert au comité des sanctions sur la Corée du Nord.

Les Etats-Unis veulent que le Conseil de sécurité se dirige, en cas de nouveaux tirs de missiles ou d’essais nucléaires, vers une interdiction totale des livraisons pétrolières à la Corée du Nord. La Chine s’oppose à une telle mesure, dont le coût humanitaire pourrait s’avérer catastrophique.

En revanche, si Pyongyang décide d’une pause dans ses tirs de missiles et ses essais nucléaires, l’amorce d’un dialogue n’est pas à exclure, même si la position américaine sur le sujet est confuse. Mi-décembre, le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, avait affirmé, lors d’un forum à Washington, que les Etats-Unis étaient prêts à organiser une rencontre avec les Nord-Coréens « sans préconditions », avant d’être contredit par son président et d’ajouter lui-même que Pyongyang doit « gagner sa place » à la table des négociations.

De son côté, le président sud-coréen, Moon Jae-in, a proposé de reporter les exercices militaires organisés régulièrement avec les Etats-Unis pendant la durée des Jeux olympiques d’hiver 2018, qui se tiendront en février à Pyeongchang en Corée du Sud. Washington n’a pas donné suite pour l’heure.

Une baisse des tensions sur la péninsule pendant les JO pourrait constituer l’occasion d’un dialogue informel. « L’administration Trump manifeste peu d’intérêt pour ce type de rencontre, tempère toutefois M. Lopez. Elle n’est pas assez sophistiquée pour en comprendre l’utilité. »

Les nouvelles sanctions de l’ONU sont un « acte de guerre ». La Corée du Nord a qualifié ainsi, dimanche 24 décembre, les nouvelles sanctions votées vendredi par le Conseil de sécurité contre ses programmes nucléaire et balistique. « Nous rejetons totalement les dernières sanctions de l’ONU (…) comme une atteinte violente à la souveraineté de notre république et un acte de guerre qui détruit la paix et la stabilité de la péninsule coréenne et de la région », a déclaré le ministère des affaires étrangères nord-coréen dans un communiqué diffusé par l’agence officielle KCNA.

15 décembre 2017

Les Etats-Unis mettent fin à la "neutralité du net"

Les Etats-Unis mettent fin à la "neutralité du net" : cinq questions pour comprendre cette décision qui bouleverse les règles d'internet

La circulaire que doit adopter jeudi 14 décembre la commission fédérale américaine des communications (FCC) va abroger l'un des principes fondateurs d'internet. Franceinfo décrypte les conséquences de cette décision aux grandes répercussions outre-Atlantique.

Ce projet enterre l'un des principes fondateurs d'internet. Le gendarme américain des télécoms a voté, jeudi 14 décembre, l'abrogation de la neutralité du net en adoptant la circulaire "Restoring Internet Freedom" ("restaurer la liberté d'internet" en anglais).

Le "père de l'internet" Vinton Cerf, le créateur du World Wide Web, Tim Berners-Lee, et 19 autres "pionniers du net" ont critiqué cette circulaire. Dans une lettre ouverte à la commission fédérale américaine chargée des télécommunications, la FCC, ils ont exhorté le président de la commission à annuler le vote. En vain. Bien que technique, ce sujet pourrait radicalement transformer l'accès aux données sur internet. Quelles sont les motivations d'une telle réforme ? Peut-elle remettre en cause la neutralité du net français ?  Franceinfo fait le point sur ce sujet brûlant en cinq questions.

La neutralité du net, c'est quoi ?

La neutralité du net signifie que tous les fournisseurs d'accès à internet doivent traiter tous les contenus de manière égalitaire. Et ce quelle que soit leur origine. Ainsi, la neutralité du net interdit aux fournisseurs d'accès à internet (FAI) de moduler la vitesse de débit ce qui permet d'éviter de faire une discrimination en fonction du contenu qui passe dans leurs tuyaux. Les données que vous consultez sur différents moteurs de recherche doivent, par exemple, vous arriver à la même vitesse.

Le concept date des débuts d'internet. On doit le terme à Tim Wu, professeur de droit, qui a théorisé dans les années 2000 ce concept remontant aux années 1970, quand les régulateurs ont cherché à empêcher le fournisseur AT&T, qui possédait alors le monopole des télécommunications, de bloquer ou perturber l'essor des nouvelles sociétés de téléphonie. Mais ce n'est qu'en 2015 que la FCC a finalement pu assimiler les fournisseurs d'accès à internet à haut-débit à des entreprises de télécommunications, et que cette régulation leur a été étendue.

Pourquoi est-ce important ?

Pour les entreprises technologiques et les défenseurs des droits numériques, la fin de la neutralité du net signe ni plus ni moins la mort de l'internet dans sa forme actuelle. Sans neutralité du net, les FAI pourraient moduler la vitesse de débit internet à leur guise en fonction des contenus. Ils pourraient ainsi imposer des frais supplémentaires aux entreprises en échange d'une meilleure vitesse de débit, et mettre ainsi sur pied un "internet à deux vitesses".

Les jeunes entreprises technologiques, qui n'ont pas les moyens de Google ou de Facebook, seraient alors désavantagées. La nouvelle directive est "une barrière à l'innovation et à la concurrence", estime Ferras Vinh, du Centre pour la démocratie et la technologie, qui défend la neutralité. Quant aux gros utilisateurs de données comme Netflix ou d'autres services de vidéo en continu, ils pourraient répercuter ces coûts supplémentaires sur le prix de leurs abonnements.

A qui cela profite-t-il ?

Les FAI pourraient extraire une rente considérable d'un internet à deux vitesses. Mais ils pourraient aussi se servir de cette nouvelle liberté pour bloquer ou ralentir des contenus qui leur font concurrence. Car les gros fournisseurs d'accès à internet américains sont eux-mêmes créateurs de contenus : ComCast possède par exemple NBCUniversal, et AT&T cherche de son côté à racheter le groupe Time Warner, qui possède des studios mais aussi des chaînes comme CNN ou HBO. Ces grands groupes américains pourraient ainsi être tentés de ralentir les contenus de leurs concurrents, comme Netflix, pour favoriser les leurs, comme le pointe Variety (en anglais). 

Seule limite : les FAI devraient gérer la hiérarchisation des contenus et de leurs clients de manière transparente. En cas de plaintes, elles seront traitées par une autre agence, la Commission fédérale de la concurrence, spécialisée dans la protection des consommateurs et les règles anti-monopole.

Pourquoi la FCC souhaite l'abroger ?

"Quel est le problème que vous essayez de régler ?" C'est la question posée par le sénateur du Massachussetts Ed Markey au nouveau patron de la FCC en juillet. Ajit Pai, nommé par le président Donald Trump à la tête de la FCC, s'est lancé à l'assaut de la neutralité du net pour, assure-t-il, "restaurer la liberté d'internet".

Pour les partisans de son projet, les règles actuelles ont le défaut d'assimiler les opérateurs à des services publics. De plus, ils arguent que cette régulation empêche les investissements dans de nouveaux services comme les vidéo-conférences, la télémédecine et les véhicules connectés qui ont besoin du haut-débit.

Les activistes qui défendent la neutralité du net présentent Ajit Pai comme la marionnette du fournisseur d'accès à internet et entreprise de télécommunication Verizon, pour qui il a travaillé entre 2001 et 2003.

Cela peut-il avoir un impact en France ?

Bien que très américain, le débat sur la neutralité du net concerne indirectement de nombreux autres pays qui fondent leurs législations internet sur le modèle outre-Atlantique. L'Union européenne a voté des directives en novembre 2015, applicables depuis le 30 mars 2016. Deux grands principes sous-tendent la neutralité du net : les FAI ne peuvent pas discriminer les contenus transmis sur le réseau et les internautes peuvent y consulter et y diffuser librement des contenus, rappelle Le Monde. La décision américaine "n’aura pas d’impact direct en Europe", affirme Sébastien Soriano, le patron de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, l'Arcep, chargé de l’application de la neutralité du Net en France, interrogé par le quotidien.

L'Arcep a rendu un premier diagnostic de la neutralité du net en France le 30 mai 2017. Comme dans d’autres pays, le régulateur a fait le choix de ne pas sanctionner directement les manquements à la neutralité, mais d’échanger avec les opérateurs. "L’Arcep préfère parfois attendre d’être saisie par les utilisateurs pour imposer aux opérateurs de respecter les règles édictées au niveau européen", critiquait au printemps l’association de défense des libertés numériques La Quadrature du Net.

L'industrie des télécoms risque aussi de mettre sous pression la neutralité du net en Europe, car les équipements terminaux comme les smartphones ou box et leurs systèmes d’exploitation ne sont pas traités par le règlement européen. "Cette question va monter en intensité, au fur et à mesure que les terminaux vont devenir plus intelligents et décider de choses à notre place", résume Sébastien Soriano pour Le Monde. De nouvelles recommandations devraient être formulées à ce sujet en 2018.

internet

Le régulateur américain des communications met fin au principe de la neutralité du net

Pour les défenseurs de la neutralité du Net, l'abrogation de cette règle ouvre la porte à la création d'un «internet à deux vitesses»: certains sites d'un débit plus rapide en payant plus alors que d'autres peuvent être pénalisés par exemple car ils représentent une concurrence aux opérateurs de télécommunications.

10 décembre 2017

Macron reçoit Nétanyahou ce dimanche à Paris

Le premier ministre israélien sera reçu à l'Elysée pour un «déjeuner de travail». Le président français est le premier chef d'État a le recevoir depuis la reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale d'Israël par Donald Trump.

Le rendez-vous était prévu depuis plusieurs semaines. Dimanche, à 14 heures, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou sera reçu à l'Elysée par Emmanuel Macron pour un «déjeuner de travail». Une visite qui tombe à point nommé, alors que Jérusalem est au centre des attentions, depuis que Donald Trump a décidé de reconnaître unilatéralement la ville trois fois sainte comme capitale de l'État hébreu.

C'est la seconde visite en France du premier ministre israélien. Il avait déjà été invité à Paris en juillet dernier pour commémorer la rafle du Vel d'Hiv. Cette fois, Nétanyahou est attendu en début d'après-midi au Palais pour un déjeuner de travail. Les deux responsables politiques feront ensuite une déclaration commune à 15h45.

Cette rencontre a été annoncée le 19 novembre, alors que les deux dirigeants avaient échangé par téléphone à propos de la crise au Liban. Mais la situation à Beyrouth devrait être éclipsée par la recrudescence des violences depuis la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem capitale d'Israël. Samedi encore, au moins deux Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par des raids israéliens à la suite de tirs de roquettes. Des affrontements entre jeunes Palestiniens et forces de l'ordre israéliennes ont également eu lieu en Cisjordanie. Selon le Croissant-Rouge, 171 Palestiniens ont été blessés en Cisjordanie et 60 dans la bande de Gaza pendant la journée de samedi par des tirs ou des coups des forces de sécurité ou intoxiqués par inhalation de gaz lacrymogène.

La Ligue arabe a demandé à Washington de revenir sur sa décision quand le Fatah a appelé à poursuivre les manifestations.

À Paris, plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi contre la décision de Donald Trump. Ils étaient environ 400 place de la République à l'invitation des associations EuroPalestine et France Palestine Solidarité, d'après l'AFP. «Ce n'est pas Trump qui décide du droit international (...) Il n'y a pas de peuple élu!», a lancé Olivia Zemor d'EuroPalestine devant un public brandissant des drapeaux palestiniens.

À Lyon également, 300 personnes se sont rassemblées en bord de Rhône, en scandant «Palestine vivra, Palestine vaincra». «La décision de Donald Trump met le feu à la poudrière», a déclaré à l'AFP Jérôme Faynel président du Collectif 69 Palestine et organisateur du rassemblement lyonnais. «Il faut maintenant que l'Europe prenne l'initiative. Et la rencontre dimanche entre Emmanuel Macron et Benjamin Nétanyahou pourrait être une bonne occasion d'élever la voix», a-t-il ajouté.

Si pour Nétanyahou, mercredi a été un «jour historique», Emmanuel Macron a de son côté qualifié de «regrettable» la décision du président américain. Vendredi, au micro de France Inter, Jean-Yves le Drian a également déclaré que cette initiative était «contraire au droit international». «Nous la désapprouvons, et nous souhaitons vraiment que malgré tout cela le calme règne», a ajouté le ministre des affaires étrangères. Mais il a aussi affirmé que la France «ne pouvait agir seule» pour résoudre la crise.

29 novembre 2017

Pyongyang affirme être un Etat nucléaire capable de frapper le continent américain

bombes

La Corée du Nord a testé mardi un nouveau type de missile balistique, brisant net la pause des essais observée depuis plus de deux mois. Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira en urgence mercredi.

La Corée du Nord a affirmé, mercredi 29 novembre, avoir réalisé son objectif, devenir un Etat nucléaire, après avoir testé avec succès un nouveau missile intercontinental qui met « la totalité du continent américain » à sa portée.

Ce tir – le premier depuis le 15 septembre – anéantit les espoirs d’une trêve qui aurait pu ouvrir la porte à une solution négociée à la crise suscitée par le programme nucléaire et balistique du régime nord-coréen.

« Le système d’armes de type ICBM Hwasong-15 est un missile intercontinental équipé d’une ogive lourde extra-large capable de frapper la totalité du continent américain », a affirmé l’agence officielle nord-coréenne KCNA. Le développement de cet armement protègera le pays de « la politique de chantage et de menace des impérialistes américains », a-t-elle ajouté.

Pyongyang doit encore démontrer qu’il maîtrise la technologie de rentrée des ogives dans l’atmosphère depuis l’espace. Mais les spécialistes estiment que la Corée du Nord est sur le point de développer une capacité de frappe intercontinentale opérationnelle

Réunion en urgence du Conseil de sécurité

Le tir a eu lieu à Pyongsong, dans le sud de la province de Pyongan, aux alentours de 18 h 17 GMT (19 h 17 à Paris). L’engin a survolé la mer du Japon, précise l’armée sud-coréenne, disant avoir elle-même procédé à un test de missile en réponse à cette « provocation ».

Mardi soir, le président américain, Donald Trump, a réagi à ce nouveau tir dans une déclaration forte mais, mais évasive, à la Corée du Nord, en promettant : « On va s’en occuper. » Quelques heures plus tard, la Maison Blanche a publié sur Twitter une image de M. Trump en conversation téléphonique avec le premier ministre japonais Shinzo Abe à propos du tir de missile.

Une réunion en urgence du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) sur la Corée du Nord, demandée par Washington, Tokyo et Séoul, se tiendra mercredi vers 21 h 30 GMT, a par ailleurs annoncé mardi la mission américaine auprès de l’ONU.

Plus haute altitude

Selon des analystes du Pentagone, il s’agit d’un missile balistique intercontinental, qui a parcouru un millier de kilomètres avant de retomber en mer. L’engin ne représentait une menace ni pour les Etats-Unis ni pour leurs alliés.

Toutefois le ministre américain de la défense, Jim Mattis, a dit que ce tir avait atteint la plus haute altitude de tous ceux effectués par Pyongyang et qu’il représentait « une menace partout dans le monde ». Il a ajouté que les militaires sud-coréens avaient tiré des missiles de précision en mer pour « s’assurer que la Corée du Nord comprend bien qu’elle peut être prise sous le feu de notre allié ».

D’après la chaîne de télévision japonaise NHK, qui cite le ministère japonais de la défense, le missile nord-coréen pourrait s’être abîmé dans la zone économique exclusive de l’Archipel.

Ce tir a eu lieu huit jours après la décision de Washington de réinscrire la Corée du Nord sur la liste noire des « Etats soutenant le terrorisme », un geste qualifié de grave provocation par Pyongyang.

Donald Trump était au Congrès au moment du tir, « et il a été informé de la situation en Corée du Nord tandis que le missile était encore en vol », a dit Sarah Sanders, la porte-parole de la Maison Blanche. Le Pentagone dit quant à lui avoir « détecté un probable tir de missile en Corée du Nord ». « Nous sommes en train d’évaluer la situation et fournirons plus de détails quand nous en aurons », ajoute-t-il.

Options diplomatiques sur la table

Dans la soirée, le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, a déclaré que les « options diplomatiques » pour résoudre la crise nucléaire avec la Corée du Nord restaient « sur la table, pour l’instant ». Dans une déclaration lue par sa porte-parole à Washington, il a appelé la communauté internationale à « prendre de nouvelles mesures » au-delà des sanctions déjà adoptées par le Conseil de sécurité de l’ONU, « y compris le droit d’interdire le trafic maritime transportant des biens vers et de la Corée du Nord ».

Le premier ministre japonais Shinzo Abe a qualifié le tir « d’acte violent » qui « ne peut pas être toléré ». Il a ajouté dans la soirée : « Nous ne céderons jamais à aucun acte de provocation. Nous renforcerons notre pression » sur Pyongyang.

En alerte

L’agence de presse japonaise Kyodo rapportait lundi soir que le gouvernement nippon était en alerte après avoir capté des signaux radio suggérant qu’un tir de missile pourrait avoir lieu dans les prochains jours. Séoul avait fait état, mardi, de signes d’activité sur une base de missiles nord-coréenne.

La Corée du Nord, qui avait procédé à des tirs deux ou trois fois par mois depuis avril, avait suspendu ses essais depuis le 15 septembre, après avoir envoyé une roquette qui était passée au-dessus de l’île de Hokkaido, dans le nord du Japon.

L’absence de test de missile depuis avait suscité l’espoir que le durcissement des sanctions de l’ONU portait ses fruits. D’autant que les Etats-Unis ont incité le reste de la communauté internationale à prendre des mesures unilatérales. Washington a notamment demandé à la Chine, principal soutien économique de Pyongyang, de lâcher définitivement son voisin. Donald Trump s’est montré confiant à cet égard après sa récente visite à Pékin, en dépit du scepticisme de nombre d’observateurs.

bombe

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11 novembre 2017

Syrie : «pas de solution militaire» pour Trump et Poutine

Réunis à Danang (Vietnam) pour un sommet Asie-Pacifique, Donald Trump et Vladimir Poutine, les présidents américain et russe, en ont profité pour publier un communiqué conjoint dans lequel ils déclarent être «d'accord pour dire que le conflit en Syrie n'a pas de solution militaire» et ils confirment leur «détermination à vaincre l'Etat islamique».

«Les présidents ont confirmé leur engagement pour la souveraineté de la Syrie, son indépendance, son unité, son intégrité territoriale et sa nature séculaire», indique encore le communiqué, qui a été publié par le Kremlin. «Les président ont aussi discuté la nécessité de réduire les souffrances humaines en Syrie, et appelé tous les pays membres de l’ONU à augmenter leur contribution pour satisfaire aux besoins humanitaires dans les mois qui viennent.»

Le commandement militaire russe avait récemment accusé les Etats-Unis de «faire seulement semblant» de combattre l’EI en Irak et de gêner la contre-offensive soutenue par la Russie dans l’est de la Syrie.

8 novembre 2017

TRUMP = 1 an... Donald Trump ou la diplomatie du chaos

trump 1 an

Par Marc Semo, Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

Isolationniste, nationaliste, réaliste malgré lui et impulsif, le président des Etats-Unis secoue l’ordre mondial depuis son élection il y a un an.

« America first ! » : c’était son credo pendant la campagne présidentielle et, depuis sa victoire, le 8 novembre 2016, Donald Trump n’a cessé de le marteler. Aujourd’hui, neuf mois après son installation à la Maison Blanche, le 20 janvier, les Etats-Unis n’ont jamais été aussi isolés sur la scène interna­tionale, en butte à une défiance croissante de la quasi-totalité de leurs alliés, inquiets de les voir abandonner ce rôle de « leader du monde libre » qui était le leur depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Le candidat Trump n’avait cessé de pourfendre les Nations unies (ONU) et le système multilatéral en vigueur depuis 1945. Il avait dénoncé les alliances, à commencer par le traité de l’Atlantique Nord (OTAN), aussi « obsolète » que coûteux, subordonnant sa survie à l’engagement de ses membres européens à payer davantage. Il avait éructé contre l’accord sur le nucléaire iranien ainsi que contre divers traités commerciaux, responsables à ses yeux de la perte d’emplois aux Etats-Unis.

Le président Trump a dû corriger un peu le tir, au moins dans la forme. Il a rassuré les Européens, notamment ceux de l’Est, sur l’engagement de Washington dans l’OTAN face à la menace russe. Il a aussi rassuré Tokyo et Séoul sur la réalité de la protection américaine face à la Corée du Nord. Mais pour l’essentiel, il est resté le même : impulsif, narcissique et provocateur, au grand dam de ceux qui espéraient qu’il se « présidentialiserait » peu à peu. Ses conférences de presse, lors des visites de responsables étrangers à Washington, trahissent un manque d’intérêt pour les dossiers qui tranche avec la méticulosité de son prédécesseur démocrate, Barack Obama.

Ses tweets assassins et ses déclarations enflammées se succèdent. En neuf mois, les Etats-Unis se sont retirés d’un projet de libre-échange avec des pays riverains du Pacifique (Partenariat transpacifique, TPP), de l’accord de Paris sur le climat (COP21), de l’Unesco. Et le 13 octobre, le président américain a dénoncé l’accord sur le nucléaire iranien, sans s’en retirer – une décision qu’il laisse au Congrès.

Après des semaines de confusion sur la composition de son équipe, le président américain s’est finalement entouré de personnalités respectées sur les questions stratégiques et internationales. Pour la plupart, il s’agit de généraux tels qu’Herbert McMaster, son conseiller à la sécurité nationale, James Mattis, secrétaire à la défense, et John Kelly, passé de la sécurité intérieure à la fonction de chef de cabinet de la Maison Blanche. L’ancien patron d’Exxon­Mobil, Rex Tillerson, dirige pour sa part le département d’Etat. Ces hommes sont avant tout des « réalistes », décidés à affirmer la puissance américaine quand c’est nécessaire. Mais le président ne les écoute guère.

« Le seul point sur lequel Donald Trump a tenu parole jusqu’ici est celui de son imprévisibilité », ironise l’ancien ministre français des affaires étrangères Hubert Védrine.

Une enquête menée en juin par le think tank américain Pew ­Research Institute, dans trente-sept pays, a montré que le nouveau locataire de la Maison Blanche suscite la défiance de 74 % des personnes interrogées, avant tout en raison de son arrogance et de son intolérance. Il obtient les plus bas taux de confiance en Europe, notamment en Allemagne (10 %) ou en France (14 %). Il n’y a qu’en Israël et en Russie qu’une partie consistante de l’opinion (respectivement 49 % et 53 %) juge favorablement le 45e président américain.

Le « jacksonien »

La première initiative de Donald Trump en ­politique internationale après son installation à la Maison Blanche fut d’annoncer le retrait américain du TPP, qui avait été signé avec onze pays de la région Asie-Pacifique et représentait quelque 40 % de l’économie mondiale. Une aubaine pour la Chine qui, n’étant pas partie à l’accord, se retrouve aujourd’hui en position de force. Un cas d’école.

« Donald Trump se revendique comme pragmatique, mais il agit de façon idéologique, même si son idéologie n’est pas structurée », relève Laurence Nardon, spécialiste des Etats-Unis à l’Institut français des relations internationales (IFRI) et coordinatrice, avec Thomas Gomart, de l’ouvrage collectif paru début novembre Trump un an après. Un monde à l’état de nature ? (Etudes de l’IFRI). « Ces retraits des traités, à commencer par celui du TPP, sont contraires aux intérêts mêmes des Etats-Unis. Mais Trump a décidé de rester dans la veine ­populiste qui lui a fait gagner l’élection. »

Nombre d’experts de la politique américaine, dont Walter Russell Mead du Hudson Institute, n’hésitent pas à parler de « moment jacksonien », en référence au président ­Andrew Jackson, démocrate atypique qui occupa la Maison Blanche entre 1829 et 1837 et fut le véritable fondateur du populisme outre-atlantique, ainsi que le héraut d’un repli américain.

Pas question en effet pour M. Trump de défendre un « exceptionnalisme » de la poli­tique étrangère américaine, considéré comme de la vanité et qui obligerait à faire preuve d’une quelconque exemplarité.

La liste des traités que le nouveau locataire de la Maison Blanche a quittés, ou menace de quitter, est longue. « La politique étrangère de Trump a trouvé son thème : la doctrine du retrait », note Richard Haass, président du think tank Council on Foreign Relations.

Le 1er juin, Trump se retire de l’accord sur le climat, parce qu’il est « injuste » et permettrait aux autres pays de prendre l’avantage, selon lui, sur l’industrie américaine… Le retrait ne sera pourtant effectif qu’en 2020. Quand il menace de remettre en cause l’Accord de libre-échange avec le Mexique et le Canada (Alena), c’est parce que cet accord a contribué à délocaliser des millions d’emplois industriels.

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Banque mondiale sont dans son viseur pour les mêmes raisons. Ce choix peut être autant idéologique que financier, tout com­me pour l’Unesco, dont Washington s’est retiré en octobre, évoquant les « préjugés anti-israéliens » de l’organisation onusienne. Ce retrait, qui ne sera effectif qu’en décembre 2018, est surtout symbolique : depuis 2011 et l’admission de la Palestine, les Etats-Unis y ont déjà arrêté toute contribution financière.

En revanche, quand il s’agit d’accords sur des questions stratégiques ou sécuritaires, Donald Trump se montre plus prudent. En témoigne son attitude envers l’accord de juillet 2015 entre les 5 + 1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne) et l’Iran, gelant et mettant sous contrôle international le programme nucléaire de Téhéran. Après l’avoir « certifié » à deux reprises, il a finalement refusé de le faire une troisième fois, renvoyant la décision au Congrès. Mais tout en continuant de vitupérer contre « ce pire accord jamais signé », il s’est bien gardé de lui donner le coup de grâce.

Le nationaliste

Lors de son véhément discours à l’Assemblée générale de l’ONU, le 19 septembre, Donald Trump a pourfendu le « régime voyou » de l’Iran et menacé de « destruction totale » la Corée du Nord si elle utilise l’arme nucléaire, tout en exposant sa vision du monde.

A vingt et une reprise, il a employé le mot « souverain » ou « souveraineté », pilier avec « la sécurité » et « la prospérité » d’un ordre mondial « fondé sur le grand réveil des nations ». « En tant que président des Etats-Unis, je mettrai toujours l’Amérique en premier, tout comme vous, en tant que leaders de vos pays, mettez toujours et devez toujours mettre vos pays en premier », a-t-il lancé. « Trump n’est pas un isolationniste, souligne Laurence Nardon. Son nationalisme est celui d’une Amérique qui souhaite se retirer des affaires du monde, mais qui n’hésite pas à intervenir quand ses intérêts sont en jeu. »

Cette thématique recoupe largement celle exposée par son conseiller économique Gary Cohn et le secrétaire à la défense, James Mattis, dans une tribune au Wall Street Journal publiée le 31 mai, à l’issue du premier périple de M. Trump au Moyen-Orient et en Europe. Les deux hommes y présentent le monde « tel une arène où les nations, comme les acteurs non étatiques, sont en compétition pour gagner l’avantage ». Un monde « hobbesien ».

Dans cette logique, le président des Etats-Unis n’a que mépris pour l’Union européenne (UE), dont il ne comprend pas la logique. Il abhorre tout ce qu’elle implique en matière de délégation volontaire de souveraineté. D’où son enthousiasme pour le Brexit. Jamais les relations n’ont été aussi mauvaises avec les Européens, et en particulier avec l’Allemagne. « Nous devons prendre notre destin en main ; le temps où nous pouvions nous reposer sur d’autres est en partie révolu », réagissait en juin la chancelière allemande, Angela Merkel.

Les liens anciens entre Washington et ses alliés transatlantiques ne sont certes pas encore rompus, mais Donald Trump n’a plus vraiment d’amis en Europe, même si Emmanuel Macron a fait le pari d’un « achat à la baisse », surjouant la proximité personnelle, notamment lors de la visite de son homologue pour le 14-Juillet à Paris. Selon Bertrand Badie, professeur à Sciences Po, « les deux seuls vrais soutiens de Trump dans l’arène internationale, partageant ses objectifs tactiques et stratégiques au Moyen-Orient, sont Israël et l’Arabie saoudite ».

Donald Trump est convaincu que la puissance militaire et économique des Etats-Unis est suffisante pour leur permettre de faire ce qu’ils veulent, d’où son dédain pour les alliances. Au contraire de son prédécesseur républicain, George W. Bush, qui cherchait malgré tout à créer une coalition la plus large possible.

L’impulsif

De son propre aveu, les images des enfants morts asphyxiés de Khan Cheikhoun, petite localité rebelle du nord de la Syrie, bombardée le 4 avril au gaz sarin par l’aviation de Bachar Al-Assad (83 morts), l’ont bouleversé. « Cette attaque a eu un grand impact sur moi, c’était horrible », a expliqué Donald Trump en annonçant avoir ordonné, le lendemain, une frappe ciblée sur la base syrienne d’où avaient décollé les avions.

L’émotion du président américain était probablement réelle, tout autant que sa volonté de se démarquer de son prédécesseur Barack Obama qui avait renoncé, en août 2013, à faire respecter sa « ligne rouge » et à punir Damas pour avoir utilisé l’arme chimique contre sa propre population.

Jusqu’à ce jour, la question syrienne n’intéressait guère Donald Trump au-delà de la lutte contre les djihadistes. « Je n’aime pas Assad, mais Assad tue l’Etat islamique », expliquait-il auparavant. En le bombardant, il a voulu montrer sa force. Et c’est en recevant le Chinois Xi Jinping dans sa résidence de Floride et en dégustant à ses côtés « le plus beau des gâteaux au chocolat », qu’il donna l’ultime feu vert. « Je lui ai dit que nous venions de lancer 59 missiles… Il a demandé au traducteur de répéter », a raconté Trump, assurant que son invité l’avait approuvé. Alors que tout devait opposer Trump à son homologue chinois, l’envergure de cet autocrate, populiste à sa manière, a au contraire rapproché les deux hommes, au-delà de contentieux économiques clairement identifiés.

Washington avait au préalable averti Moscou de son bombardement ainsi que, par ricochet, Damas. C’était un avertissement. Depuis, le régime syrien n’a plus utilisé de gaz sarin. Ce ne fut pas pour autant un tournant dans la guerre, et la politique de l’administration américaine en Syrie, au-delà de la lutte contre le terrorisme, reste illisible.

La constance n’est pas le fort de Donald Trump. Il revendique d’agir « à l’instinct », ce qui explique ses obsessions sur certains dossiers, à commencer par le danger représenté par l’Iran au Proche-Orient. Ses liens forts avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou comme avec la monarchie saoudienne le confortent dans cette lecture des déséquilibres régionaux.

Le réaliste par défaut

Après avoir promis pendant sa campagne la rupture avec ses prédécesseurs, à commencer sur le nucléaire iranien, Donald Trump a été contraint plus d’une fois de se raviser. Il s’est ainsi résigné en octobre à une rupture en trompe-l’œil sur l’accord avec Téhéran en confiant le dossier au Congrès. Quant au rapprochement historique avec Cuba, commencé par son prédécesseur, il n’a été que freiné.

Après avoir esquissé une remise en cause du principe d’une « Chine unique », matérialisée par une conversation téléphonique avec la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, avant d’accéder à la Maison Blanche, il a fait machine arrière pour apaiser Pékin. Il a aussi changé d’avis sur l’Afghanistan, où il a accepté, en août, d’envoyer des renforts à la demande des militaires. « Mon instinct était de partir, a-t-il reconnu. Mais j’ai appris dans le bureau Ovale que tout est plus compliqué et mes conseillers m’ont convaincu qu’il fallait rester. »

Au long de sa campagne et après sa prise de fonctions, Donald Trump a plaidé pour un nouveau « reset » (remise à zéro) avec la Russie, contestant ouvertement l’analyse du renseignement qui avait conclu à des interférences russes dans la présidentielle américaine. Les soupçons, étayés par des enquêtes, notamment parlementaires, l’ont cependant empêché d’avancer dans cette direction. L’unique entretien bilatéral avec son homologue russe, en marge du sommet du G20, en juillet à Hambourg, n’a pas abouti à une percée. Les expulsions réciproques de diplomates au cours de l’été ont, au contraire, témoigné de la défiance qui perdure entre les deux pays.

A plusieurs reprises, notamment devant l’Assemblée générale de l’ONU, le président américain a assuré être mû par un « réalisme fondé sur des principes ». Ce que conteste Stephen Walt, professeur en relations internationales à la Kennedy School of Government de Harvard et théoricien du réalisme en politique étrangère.

« Les réalistes s’efforcent toujours d’améliorer la position de pouvoir relatif d’une nation, explique M. Walt. Contrairement à la vision de Trump, cet objectif est souvent favorisé par la coopération avec d’autres pays, rarement en se montrant belliqueux et en cherchant la bagarre. Ironiquement, Trump donne à ses adversaires, et surtout à l’Iran, l’occasion d’apparaître comme beaucoup plus raisonnables et rationnels. Pour cette raison, tous les réalistes que je connais pensent que Trump est un désastre. »

Le narcissique

Donald Trump aime qu’on l’aime. Les psychologues glosent sur cette personnalité souvent présentée comme infantile et narcissique – la dimension personnelle joue un rôle-clé dans les relations avec ses homologues étrangers.

Emmanuel Macron l’a bien compris. Donald Trump ne cesse de parler de son « ami » français, atypique comme lui. Il lui a même fait parvenir des coupures de presse évoquant leurs bonnes relations, surlignées en jaune et annotées de grandes exclamations : « It’s true !!!!!!!! » ( « C’est vrai ! ») « Mon objectif est de le réancrer dans cette amitié franco-américaine, qui contribue à défendre nos valeurs de démocratie et de liberté », explique Emmanuel Macron, qui n’a pas, pour autant, réussi à le faire changer d’avis, ni sur l’accord sur le climat, ni sur le nucléaire iranien.

La dynastie saoudienne a également mis à profit ce narcissisme en réservant au président américain un accueil royal, auquel il a ­visiblement été sensible, lors de son premier déplacement à l’étranger, en mai. Le soutien apporté par la suite à Riyad par M. Trump dans sa querelle avec le Qatar a montré que l’investissement avait payé, y compris aux ­dépens de la médiation du secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson.

Donald Trump veut toujours être au centre de l’attention. Dans cette logique, son compte Twitter est devenu un outil politique et diplomatique de premier plan. Tant pis si ses messages contredisent à l’occasion les déclarations des responsables de son administration. Ces textes de 140 caractères sont la seule véritable addiction de ce septuagénaire qui ne boit ni ne fume. Avec des pointes aux petites heures de l’aube, selon le magazine The Atlantic, souvent en réaction au programme matinal de la chaîne Fox News. « Ils sont bien ciselés, j’ai toujours été bon élève. Je suis quelqu’un qui réussit bien ce genre de choses », a-t-il expliqué sur la même chaîne, se félicitant de pouvoir ainsi contourner les grands médias qu’il juge hostiles, souvent à juste titre.

Ces messages créent cependant un effet de brouillage sur les positions de Washington. Comme au moment de la grande escalade verbale, au cours de l’été, entre le président américain et son homologue nord-coréen, Kim Jong-un. Ces diatribes sont souvent improvisées, truffées de fautes d’orthographe ou de syntaxe, contribuant à créer « une politique de chaos », selon le mot de l’ancien secrétaire d’Etat démocrate John Kerry.

Le provocateur

Pendant la campagne des primaires républicaines, Donald Trump avait frappé les esprits en dénigrant systématiquement ses adversaires, affublés de diminutifs désobligeants. Il n’a pas rompu avec cette habitude en accédant à la Maison Blanche. Le numéro un nord-coréen, Kim Jong-un, désigné désormais par l’expression « Rocket man » en référence à ses essais balistiques, a pu le constater.

Le penchant de Donald Trump pour les rodomontades a été vérifié plus d’une fois depuis qu’il occupe le bureau Ovale, notamment vis-à-vis de la Corée du Nord à laquelle le président promettait en août « le feu et la fureur » en cas de provocations. Cette propension s’appuie sur un goût pour la puissance militaire que soulignent ses ambitions maintes fois répétées de modernisation d’un outil militaire qui reste, de loin, le premier au monde, en ­dépit des vicissitudes budgétaires.

La déstabilisation qu’affectionne le président et que traduit le recours intempestif à Twitter a été conceptualisée par Rex Tillerson comme une « action forçant les événements ». Ce faisant, le président des Etats-Unis affaiblit le mantra reaganien de la realpolitik qu’il revendique pourtant comme boussole : celui de « la paix par la puissance » qui figure, depuis 1980, dans les programmes présidentiels républicains. Les gesticulations et les menaces constantes érodent en effet l’effet dissuasif du recours à la force.

Le businessman

« C’est un chef d’entreprise qui raisonne avant tout en fonction du rapport coût/bénéfice. Mais ce passé de patron fait aussi qu’il n’arrive pas à admettre l’existence de contre-pouvoirs et qu’il n’est pas seul maître à bord », explique un haut diplomate français, stupéfait à la fois par la cordialité mais aussi par l’obsession comptable du président américain, lors de son premier contact avec son homologue français.

Une vie d’entrepreneur libre de toute forme de contrôle, son empire immobilier n’étant pas coté en Bourse, ne constituait manifestement pas la meilleure préparation pour la fonction suprême. L’extrême personnalisation du pouvoir et l’entretien de pôles d’influence parfois antagonistes ont été bénéfiques à la Trump Organization. Il en va autrement à la Maison Blanche et notamment en politique internationale, dans laquelle son gendre, Jared Kushner, et sa fille, Ivanka Trump, jouent un rôle non négligeable.

Le président, comme pris de court par sa victoire, n’a cessé d’accumuler les retards dans la constitution de son équipe, en particulier pour les nominations des responsables chargés de répercuter les décisions américaines et de déchiffrer les intrigues de Washington auprès des alliés des Etats-Unis. La décision de réduire drastiquement les moyens du soft power incarné par le département d’Etat au profit des militaires a aussi déséquilibré l’outil diplomatique américain. L’isolement de Rex Tillerson a compliqué la situation.

L’OPA hostile opérée par M. Trump sur le camp républicain a aussi renforcé sa dépendance par rapport à un cercle familial omniprésent. Le choix de confier à son gendre, Jared Kushner, la délicate mission d’une ambitieuse paix israélo-palestinienne en témoigne, une nouvelle fois, aux dépens du secrétaire d’Etat.

Des jugements sévères ont d’ores et déjà été portés sur l’ébauche de la doctrine Trump. « Refuser l’obligation de leadership [américain] sur la scène internationale, au nom d’un nationalisme bancal et fallacieux concocté par des gens préférant trouver des boucs émissaires plutôt que des solutions, est antipatriotique », a lancé, le 17 octobre, le sénateur républicain John McCain. Ce dernier, ancien prisonnier de guerre au Vietnam considéré comme un « faucon » en politique étrangère, est une figure reconnue au Congrès pour son expertise dans les questions internationales et militaires.

« Nous perdons confiance dans l’économie de marché et le commerce international, en oubliant que les conflits, l’instabilité et la ­pauvreté sont les conséquences du protectionnisme », renchérissait, deux jours plus tard, le prédécesseur conservateur de M. Trump, George W. Bush. Deux avis de décès d’une politique étrangère républicaine classique, déjà passée par pertes et profits.

20 octobre 2017

NANTES : Le Lieu Unique à son tour dans le viseur de l'ultra droite

lieu unique

Depuis lundi, le drapeau "He Will Not Divide Us" flotte au-dessus du Lieu Unique à Nantes. C'est une oeuvre d'art politique, en réaction à l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis. Comme les autres sites où il a été accrochée, le LU a été victime de plusieurs attaques.

C'est au départ une oeuvre d'art contre la division et pour l'unité, un message qui répond à l'élection de Donald Trump aux États-Unis à l'automne 2016. Le drapeau "He Will Not Divide Us" - il ne nous divisera pas - flotte depuis le début de la semaine au-dessus du Lieu Unique à Nantes. Et comme tous les autres sites qui ont voulu relayer ce message, le LU est victime d'intimidations et de menaces de militants d'extrême droite.

Tout a commencé à New York, au museum of the moving image. L'idée de départ, c'était que tous ceux qui le souhaitent puissent prononcer les mots "he wil not divide us" devant une caméra et que les images soient projetées en continu sur un mur hors du musée. Très vite, le débat s'est engagé et le musée a préféré abandonner le projet après avoir eu vent de projets d'attaques. Il a ensuite été transféré à Albuquerque, toujours aux États-Unis, et là, il a été victime d'actes de vandalisme et d'attaques de la part de l'extrême droite. C'est à ce moment-là que l'oeuvre est devenue ce drapeau, accroché dans un lieu tenu secret. Mais encore une fois, les opposants ont réussi à lancer leurs attaques. Même chose de l'autre côté de l'Atlantique, à Liverpool, où le centre d'art FACT avait décidé d'accrocher le drapeau sur son immeuble. Là, un groupe d'homme est monté sur le toit et la direction a préféré tout arrêter.

Un jeune homme arrêté sur le toit du Lieu Unique

"He Will Not Divide Us" a finalement "trouvé refuge" au Lieu Unique de Nantes au début de la semaine. Le petit drapeau blanc flotte au-dessus de la tour LU, filmé en continue, et, là encore, le site a été visé : des intimidations et des appels à passer à l'action sur les forums internet et les réseaux sociaux. Et des appels aussi à décrocher le drapeau sur les réseaux sociaux.

Patrick Gyger, le directeur du Lieu Unique s'attendait à se genre de choses. La sécurité informatique a d'ailleurs été renforcée, même chose pour le bâtiment. "Nous avons aussi sécurisé au maximum les accès au toit et à la coupole avec de la rubalise et des panneaux où il est écrit danger de mort". Parce que c'est ça la plus grand crainte pour l'instant du directeur du LU, que quelqu'un tombe de plusieurs dizaines de mètres et se tue en passant à travers une verrière, par exemple. Un jeune homme a déjà été intercepté à proximité des bureaux administratifs, au dernier étage du bâtiment ce mardi. "Ce n'est pas pour rien que nous avons installé le drapeau avec une grue. C'est qu'on ne peut pas monter là-haut, c'est trop dangereux", poursuit Patrick Gyger.

Notre volonté n'est pas de provoquer mais de donner la parole à des artistes censurés

Pour le reste, "pas question de se laisser intimider", pour le directeur du Lieu Unique. "L'oeuvre restera tant qu'on estime qu'elle le peut dans de bonnes conditions". Et tant pis les avis négatifs s'accumulent sur les sites de notations de voyage comme Trip advisor ou sur le moteur de recherche Google. "Notre volonté, ce n'est absolument pas de provoquer", poursuit Patrick Gyger, "mais de donner la parole à des artistes qui se retrouvent censurés à cause des menaces contre leur oeuvre."

Des messages de soutien du monde entier

Et il préfère mettre en avant toutes les réactions positives que l'installation du drapeau a suscité : "des gens nous écrivent du monde entier pour nous féliciter, pour féliciter les artistes et pour nous dire que, en effet, face à des volontés de division, la population doit rester unie. Que ce soit aux États-Unis avec Donald Trump ou ailleurs dans le monde", conclut-il.

lieu unqisue22

nantes

15 octobre 2017

Président Trump, semaine 37 : Donald la menace

Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

La ligue de football, la chaîne NBC, Kim Jong-un, l’Iran ou même Porto Rico : le président américain a multiplié les tweets d’intimidation, une fois de plus.

C’était la semaine de la National Football League (NFL), de la chaîne de télévision NBC, de Porto Rico, du régime de Kim Jong-un et des autorités iraniennes. Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump pratique la menace à haute dose, quel que soit le sujet. L’intimidation, chez le président des Etats-Unis, constitue avec le dénigrement de ses adversaires et l’autosatisfaction, une part essentielle de ses commentaires publiés sur son compte Twitter. Ces derniers jours ont permis de le vérifier une nouvelle fois.

Lundi 9 octobre, M. Trump a commencé sa semaine par une menace voilée visant la Corée du Nord, l’une de ses cibles de prédilection depuis l’été. Le lendemain, la puissante fédération qui rassemble les clubs de football professionnels américains s’est retrouvée à son tour dans la ligne de mire présidentielle, parce que certains joueurs continuent de s’agenouiller pendant l’exécution de l’hymne national des Etats-Unis qui précède les rencontres, pour protester contre les inégalités raciales et sociales. « Pourquoi la NFL bénéficie-t-elle d’exemptions fiscales massives alors qu’elle ne respecte pas notre Hymne, notre Drapeau et notre Pays ? », a-t-il grondé avant de suggérer une sanction financière.

M. Trump a poursuivi sur le même mode interrogatif le jour suivant, après la publication d’un reportage de la chaîne NBC dont il contestait le contenu. « Avec tous ces Informations Bidons venant de NBC et des chaînes, à quel moment sera-t-il approprié de contester leur licence ? Mauvais pour le pays », a tonné l’occupant du bureau Ovale, qui a juré sur la Bible le 20 janvier de respecter une Constitution dont le premier amendement concerne la liberté d’expression.

Bombardement d’avertissements

Puis le tour est venu de l’île de Porto Rico, qui tarde à se remettre des destructions causées par l’ouragan Maria en septembre. Le président a averti jeudi, toujours sur son compte Twitter, que l’Agence fédérale chargée des situations d’urgence et l’armée, réquisitionnée en toute hâte, n’allaient pas rester sur place « pour toujours ». Pour justifier cette impatience, il a jugé bon d’estimer que « le réseau électrique et toutes les infrastructures étaient un désastre avant les ouragans », une manière de dire que les Portoricains ne pouvaient s’en prendre qu’à eux-mêmes. Vendredi, M. Trump a conclu sa semaine en menaçant de saborder l’accord sur le nucléaire iranien « à tout moment ».

Pour se tenir loin d’éléments jugés contraires ou contrariants qu’il bombarde de ses avertissements, M. Trump a pu compter au cours de la même période sur deux entretiens télévisés. Le premier a été conduit par l’ancien candidat à l’investiture républicaine Mike Huckabee, qui dans le civil est le père de sa porte-parole, Sarah Sanders. Le second a été piloté, devant un public conquis, par Sean Hannity, qui avait eu la bonté d’apparaître dans un de ses clips de campagne. Le locataire de la Maison Blanche est ressorti indemne d’un déluge de flatteries.

Lundi, jour férié, il avait défié sur un terrain de golf le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham, qui l’a longtemps irrité par son indépendance d’esprit. M. Graham a annoncé à l’issue de la partie remportée par M. Trump un score record pour le président, ce qui a soulevé le sourcil de la revue Golf Magazine, plus que circonspecte. Un bon investissement au demeurant, le sénateur a été réinvité samedi.

12 octobre 2017

Israël emboîte le pas aux Etats-Unis et quitte l'Unesco

Après son retrait de la COP21 en juin, Washington continue de faire cavalier seul. Jeudi 12 octobre, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) a annoncé que les Etats-Unis quittaient ses rangs. "Cette décision n'a pas été prise à la légère, et reflète les inquiétudes des Etats-Unis concernant l'accumulation des arriérés à l'Unesco, la nécessité d'une réforme en profondeur de l'organisation, et ses partis pris anti-israéliens persistants", a précisé le département d'Etat américain dans un communiqué. Dans la foulée, Israël a annoncé qu'elle quittait également l'organisation.

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