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Jours tranquilles à Paris
etats unis
19 juin 2018

Donald Trump a mis fin aux séparations des familles de migrants

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Donald Trump a mis fin aux séparations des familles de migrants arrivées illégalement aux Etats-Unis, qui ont provoqué une vague d'indignation mondiale et un profond malaise au sein de son parti. Photo : Une manifestation devant le bureau de l'immigration et des douanes (ICE) à San Francisco, le 19 juin 2018.

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12 juin 2018

Donald Trump et Kim Jong-un écrivent l’Histoire au rendez-vous de Singapour

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Par Gilles Paris, Singapour, envoyé spécial - Le Monde

Après une longue poignée de mains, les deux dirigeants se sont entretenus pendant trente-huit minutes, mardi 12 juin, dans la cité-Etat. Cette rencontre inédite n’est que la première étape de négociations qui s’annoncent compliquées.

A l’heure dite, une page d’Histoire a été écrite à Singapour, mardi 12 juin. Kim Jong-un et Donald Trump se sont avancés l’un vers l’autre, longeant un mur de drapeaux de la Corée du Nord et des Etats-Unis, avant de se serrer longuement la main. Les deux hommes, qui échangeaient les insultes il y a encore moins d’un an – lorsque le président des Etats-Unis évoquait à la tribune de l’ONU l’hypothèse d’une « destruction totale » du régime nord-coréen en cas d’agression contre son pays ou l’un de ses alliés –, ont pu mesurer le chemin parcouru lors d’un premier tête-à-tête de trente-huit minutes, avec leurs interprètes, précédé par quelques mots livrés à la presse. « Beaucoup de gens vont considérer ça comme de la science-fiction », a assuré le dirigeant nord-coréen dans la matinée.

Premier arrivé à l’hôtel de luxe sélectionné pour abriter ce sommet sans précédent et placé sous haute surveillance, Kim Jong-un a convenu que « le chemin pour en arriver là n’a pas été facile ». « Les vieux préjugés et les anciennes habitudes ont été autant d’obstacles, mais nous les avons tous surmontés pour nous retrouver ici aujourd’hui », a-t-il poursuivi. Ses premières paroles à l’endroit de celui qu’il qualifiait encore, il y a quelques semaines, de « vieux gâteux », ont été des plus amènes : « Ravi de vous rencontrer, Monsieur le président », a-t-il alors assuré.

Donald Trump, qui affiche son optimisme depuis qu’il a pris la décision de répondre favorablement à une offre de rencontre du dictateur nord-coréen en mars, n’a pas été non plus avare d’amabilités. « C’est un honneur, nous allons avoir une relation formidable », a-t-il estimé, d’ores et déjà convaincu que ce sommet sera « un immense succès ». Le président des Etats-Unis, qui n’avait pas exclu, par le passé, de quitter la rencontre en cas de désaccord, avait assuré samedi qu’il serait à même de jauger les chances de réussite dès « la première minute ».

Une seconde, puis une troisième poignée de main, lorsque les deux hommes se sont retrouvés en compagnie de leurs entourages respectifs pour une négociation plus approfondie, ont attesté que Kim Jong-un avait passé avec succès cette épreuve. Un déjeuner commun a également permis ensuite de mettre en scène cette relation naissante.

Longues négociations à venir

Les deux hommes, il est vrai, sont pour l’instant unis par un même souci : montrer que leur pari est payant. Pour le dirigeant nord-coréen, qui s’était autorisé une déambulation nocturne dans Singapour, la veille, en compagnie de ses hôtes singapouriens, le gain d’une rencontre avec le dirigeant de la première puissance mondiale, l’ennemi stigmatisé de longue date par la propagande de Pyongyang, est manifeste. Donald Trump, de son côté, peut se prévaloir d’une détente obtenue en prenant le contre-pied de ses prédécesseurs, qui ont toujours considéré, quelles que soient les administrations, qu’une rencontre au sommet ne pourrait que couronner de longues négociations. « Nous allons régler le problème », a-t-il commenté mardi matin.

Peu après l’entrevue, Donald Trump, qui a évoqué une « rencontre fantastique » avec Kim Jong-un, a annoncé qu’il allait signer un document avec le leader nord-coréen, dont il n’a pas précisé la teneur.

Le plus dur, si l’on se fie aux tentatives de négociations précédentes – toutes sanctionnées par des échecs –, reste pourtant à venir pour les deux hommes. Les Etats-Unis n’entendent pas atténuer le régime de sanctions imposé en 2017 avec le soutien de la communauté internationale, aux Nations unies, tant qu’une dénucléarisation « complète, vérifiable et irréversible » de la Corée du Nord n’aura pas été établie. Pyongyang, pour sa part, a écarté un processus dans lequel il n’obtiendrait rien de Washington en échange, sans pour autant avoir publiquement avancé une liste de demandes.

L’importance prise au cours des dernières semaines par le secrétaire d’Etat Mike Pompeo, fort de la connaissance du dossier nord-coréen obtenue lors de son passage à la direction de la CIA, a donné des marges de manœuvres plus importantes à Donald Trump que celles qu’aurait sans doute autorisées le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton, un ennemi de longue date de Pyongyang. Malgré le premier succès que constitue en elle-même la rencontre de Singapour, le « processus » américano-nord-coréen n’en est encore qu’à ses débuts.

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11 juin 2018

Sommet avec Kim Jong-un : Donald Trump face au défi de la diplomatie

Par Gilles Paris, Singapour, envoyé spécial -Le Monde

Le président américain devrait devenir le premier à s’entretenir avec un dirigeant de la Corée du Nord, mardi à Singapour. Après deux ans de coups d’éclat, il va devoir lancer un processus complexe.

Donald Trump va mettre à l’épreuve ses instincts le 12 juin, à Singapour, en devenant le premier président des Etats-Unis à s’entretenir avec un dirigeant de la Corée du Nord, Kim Jong-un. « Vraiment confiant », il a jugé samedi matin avant de quitter prématurément un sommet du G7 particulièrement houleux, au Canada, qu’il saurait peut-être « dès la première minute » si cette rencontre sera un succès. Après avoir multiplié au cours de ses seize premiers mois passés à la Maison Blanche les initiatives unilatérales, les coups d’éclat et les attaques verbales sur son compte Twitter, y compris lundi matin à Singapour, il va devoir construire.

Ce président non-conventionnel avait pris de court le monde entier le 8 mars, y compris son entourage proche, en acceptant au pied levé une invitation de Kim Jong-un qui avait transité par le conseiller à la sécurité nationale du président sud-coréen Moon Jae-in, Chung Eui-yong. Ce pari va se matérialiser mardi. Il intervient après deux tentatives américaines infructueuses, au cours des vingt-cinq dernières années, pour parvenir à la dénucléarisation de la Corée du Nord. La situation a changé depuis ces échecs, Pyongyang assure désormais maîtriser l’arme suprême.

Donald Trump a rompu avec la prudence observée par tous ses prédécesseurs vis-à-vis de la Corée du Nord. Tous ont considéré jusqu’à présent que le bénéfice d’une rencontre au sommet ne pouvait que conclure des pourparlers fructueux. Fort de sa conviction d’être un négociateur hors pair, le président des Etats-Unis mise au contraire sur le facteur personnel pour amorcer le « processus » qui doit permettre une dénucléarisation « complète, vérifiable et irréversible », selon le mot d’ordre de la diplomatie américaine. Un choix cohérent compte tenu de sa volonté de se démarquer de tout ce qui a été expérimenté avant lui.

Le dossier nord-coréen ne figurait pas parmi les priorités de Donald Trump pendant la campagne présidentielle. Il ne l’avait mentionné que très brièvement dans son unique discours de politique étrangère, en avril 2016, principalement pour critiquer le président alors en fonction, Barack Obama. Ce dernier avait cependant indiqué qu’il compterait parmi les priorités de son successeur lors d’une entrevue à la Maison Blanche, le 10 novembre, deux jours après l’élection de Trump. Selon Jon Wolfsthal, conseiller de Barack Obama pour la non-prolifération de 2014 à 2017, le président sortant aurait alors suggéré au président élu de modifier le rapport de forces par le biais de sanctions. La politique de « pression maximum » qui s’est traduite par un large front commun aux Nations unies, découlerait directement de ce conseil.

Opportunité historique

Les sanctions sans précédents appliquées depuis un an ont joué leur rôle. Tout comme la conjonction de l’aboutissement de la quête nucléaire de Pyongyang, et de l’arrivée au pouvoir à Séoul d’un président désireux de multiplier les ouvertures en direction du voisin du nord pour éviter le « feu et la fureur » promis en août par Donald Trump. Cette situation favorable offre à ce dernier une opportunité historique.

Au crédit de l’administration américaine, les interférences qui avaient pu expliquer la brève annulation de la rencontre, le 24 mai, ont cessé. Selon Jon Wolfsthal, qui a participé à un rapport de l’International Crisis Group consacré à la négociation à venir, le sommet de Singapour est un « Pompeo show », du nom du secrétaire d’Etat, qui a rencontré à deux reprises Kim Jong-un au cours des derniers mois, tout d’abord en tant que directeur de la CIA, puis comme chef de la diplomatie américaine.

Réputé sceptique par rapport aux intentions de Pyongyang, le secrétaire à la sécurité nationale du président, John Bolton, s’est placé en retrait, conscient de l’importance accordée par Donald Trump au sommet, « même s’il espère peut-être que le processus s’effondre sous son propre poids », selon Jon Wolfsthal. Ce retrait favorise manifestement une plus grande souplesse de Washington. A la quasi-reddition hic et nunc initialement envisagée a succédé une approche graduelle, même si, officiellement, les Etats-Unis n’ont pas encore fait leur un autre principe, celui de la réciprocité demandée par Pyongyang.

Le « processus » va ensuite tester l’intérêt de Donald Trump sur la durée. Comme l’assure Joseph De Trani, ancien négociateur pendant le mandat de George W. Bush, il doit en effet passer par de multiples étapes, dont « une déclaration initiale de la Corée du Nord sur son programme nucléaire, puis un accord sur un protocole de vérification et de contrôle par des inspecteurs ».

Enjeux multiples

« Ce n’est qu’après que la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible aura été effective, et que la Corée du Nord aura reçu des assurances sur sa sécurité, une assistance économique et l’établissement de liens conduisant à une normalisation formelle que l’on pourra considérer comme accompli le règlement pacifique de ce dossier », ajoute-t-il, en écartant toute possibilité de « succès rapide » mais en affichant sa confiance dans la détermination du président.

Que peut proposer en échange Washington sans amoindrir le régime de sanctions ? La presse américaine avançait avant la rencontre une reconnaissance diplomatique sans que l’on sache si elle est recherchée à ce stade par Pyongyang.

Dans une tribune publiée par le site Politico, Wendy Sherman, l’une des principales négociatrices de l’accord nucléaire conclu par le démocrate Barack Obama avec l’Iran en 2015, estime qu’en reniant la parole des Etats-Unis et en se retirant de ce compromis, Donald Trump a rehaussé la barre pour la Corée du Nord. Qu’il s’agisse du régime d’inspection jugé insuffisant en Iran alors qu’il est le plus rigoureux de l’histoire de la lutte contre la prolifération, de l’interdiction du moindre programme nucléaire civil pour Téhéran, ou encore l’interdiction des missiles à courte et à moyenne portée. « Si Donald Trump n’exige pas cela également de la Corée du Nord, il aura failli à ses propres critères », estime Wendy Sherman.

Les enjeux, pour Donald Trump, sont multiples. Il s’agit pour lui de marquer l’histoire en réussissant là où tous ses prédécesseurs ont échoué. Une dénucléarisation réussie lui permettrait aussi de réduire l’empreinte militaire des Etats-Unis dans la région. La Corée du Sud et le Japon abritent deux des trois plus importants contingents de soldats américains dans le monde. Le candidat, puis le président, n’ont cessé de stigmatiser ces déploiements qui détournent, selon lui, les Etats-Unis de leurs priorités intérieures.

10 juin 2018

Donald Trump

10 juin 2018

Washington-Pyongyang : une défiance réciproque

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Par Philippe Pons, Tokyo, correspondant - Le Monde

Depuis la signature de l’armistice, en 1953, le contentieux entre Américains et Nord-Coréens est nourri. Chaque côté s’accuse réciproquement de violation de l’armistice et de promesses non tenues.

Il y a un certain angélisme à attendre d’un adversaire qu’il négocie « avec sincérité » : quel Etat négocie sans arrière-pensée ? Cette sincérité est pourtant une demande récurrente de Pyongyang et de Washington dans tous les préambules à des pourparlers : elle est révélatrice de la méfiance viscérale des deux parties.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) est le plus vieil ennemi des Etats-Unis, « un pays que les Américains aiment haïr », selon l’historien Bruce Cumings. Un pays qu’ils n’ont pas réussi à vaincre et qui, depuis, les insulte et les menace. Pour les Nord-Coréens, les Etats-Unis sont l’ennemi juré qui les ont envahis en 1950, rasèrent leurs villes et, par la suite, les menacèrent d’une attaque nucléaire. La propagande antiaméricaine est onmiprésente en RPDC, et l’hostilité entretenue par les commémorations des souffrances passées.

Depuis la signature de l’armistice, en 1953, le contentieux entre Américains et Nord-Coréens est nourri. Chaque côté s’accuse réciproquement de violation de l’armistice et de promesses non tenues. Pour Washington et ses alliés, l’« Etat voyou » ne respecte pas ses engagements et joue de la bonne foi américaine. Le régime nord-coréen est assurément retors et a sa part de responsabilité dans l’échec des négociations de ces deux dernières décennies. Mais la « bonne foi » proclamée des Etats-Unis peut aussi être prise en défaut.

Deux exemples appellent des lectures plus pondérées que la simple rouerie nord-coréenne : la rupture de l’accord de 1994 entre Pyongyang et Washington, et la crise provoquée par Washington dans les jours qui suivirent un autre accord, négocié en septembre 2005 dans le cadre des pourparlers à Six (Chine, deux ­Corées, Etats-Unis, Japon et Russie).

Intervenu à la suite de la découverte des activités nucléaires à visée militaire de la RPDC, l’accord de 1994 a été le plus durable et le plus efficace. La RPDC s’engageait à geler son programme nucléaire sous la surveillance des inspecteurs de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA), en échange de la fourniture annuelle par les Etats-Unis de 500 000 tonnes de gazole, de la normalisation des ­relations entre les deux pays et de la livraison par un consortium international d’une centrale atomique à eau légère (comportant moins de risque de détournement de l’énergie à des fins militaires). Mais peu après, les républicains obtenaient la majorité au Congrès. Hostiles à l’accord, ils s’emploieront à le vider de sa substance. La centrale ne fut jamais construite et les livraisons de gazole s’espacèrent : la RPDC « avait tout lieu d’être déçue que les Etats-Unis n’aient pas pleinement respecté leurs engagements », déclarait Robert Gallucci, l’un des négociateurs de l’accord, devant le Congrès, en juillet 1998.

Dans l’« axe du Mal »

Constatant que les Etats-Unis traînaient des pieds pour normaliser leurs relations alors que son programme nucléaire avait bien été gelé, Pyongyang chercha à se doter clandestinement d’un programme d’enrichissement de l’uranium. En 2002, après avoir placé la RPDC dans l’« axe du Mal », George Bush saisit ce prétexte pour mettre fin avec fracas à l’accord de 1994. La RPDC se retira du traité de non-prolifération, expulsa les inspecteurs de l’AIEA et relança sa production de plutonium.

Dans une enquête minutieuse, Melt­down : the Inside Story of the North Korean Nuclear Crisis (St. Martin’s Griffin, 2008, non traduit), Mike Chinoy, chercheur au US-China Institute, a démonté le mécanisme de cette crise provoquée pour de fausses raisons, comme l’avait été l’invasion de l’Irak en 2003 (des armes de destruction massive qui n’existaient pas). Dans le cas coréen, Washington prétendit que le programme d’enrichissement était opérationnel. Ce qui était faux : la CIA le reconnaîtra à demi-mot en 2007. La RPDC était certes de mauvaise foi, mais Washington aussi, en manipulant les données fournies par la CIA pour faire du programme d’enrichissement de l’uranium un danger immédiat. Embryonnaire en 2002, il ne sera opérationnel qu’en 2010.

La crise ouverte au lendemain de la ­signature, en septembre 2005, d’un accord sur la dénucléarisation de la RPDC intervenu dans le cadre des pourparlers à Six, est un autre exemple de torpillage. A peine l’accord signé, le Trésor américain accusait une banque de Macao (Banco Delta Asia, BDA) de blanchiment d’argent pour le compte de la RPDC et gelait une douzaine de comptes nord-coréens. La mise à l’index de la BDA fit boule de neige : la plupart des banques suspendirent leurs transactions avec la RPDC, paralysant ses réseaux financiers. Pyongyang se retira des négociations et exigea le déblocage des fonds.

Réaction par un premier essai nucléaire

Simple coïncidence entre la signature d’un accord et l’action de police financière du Trésor ? Dans ses Mémoires, le négociateur américain de l’accord, Christopher Hill, en doute. En octobre 2006, la RPDC réagit en procédant à son premier essai nucléaire. « Les Américains doivent assumer la responsabilité d’errements qui ont conduit à une situation plus grave qu’elle ne l’était en 2002 », estimait alors Yang Sung-chul, ancien ambassadeur sud-coréen aux Etats-Unis. Peu après, la défaite des républicains au Congrès contraignit George Bush à restituer les fonds pour renouer les pourparlers. Les accusations de blanchiment et de faux-monnayage n’ont jamais été établies. Les pourparlers reprirent en juin 2007, mais capotèrent en raison d’un différend sur les sites à inspecter.

« Les Nord-Coréens ne respectent pas leurs engagements en partie parce qu’ils pensent que les Etats-Unis ne respectent pas les leurs », déclarait le 9 mars, sur la chaîne CNN, Daryl Kimball, directeur de l’Arms Control Association à Washington. Une ombre qui risque de peser sur le sommet de Singapour.

Le sommet Trump-Kim, « une occasion unique ». Depuis le sommet du G7, à La Malbaie, au Canada, Donald Trump a souligné, samedi 9 juin, que sa rencontre avec le dirigeant Kim Jong-un, mardi à Singapour, était une « occasion unique » pour résoudre la question du nucléaire nord-coréen. « J’ai l’impression que Kim Jong-un veut faire quelque chose d’important pour son peuple, et il en a l’opportunité… C’est une occasion unique » qui « ne se représentera jamais », a déclaré le président américain. « Je suis dans une mission de paix, et nous allons porter les cœurs de millions de gens, du monde entier, a-t-il poursuivi. Nous devons obtenir une dénucléarisation. Il faut démarrer quelque chose. Nous croyons vraiment que la Corée du Nord sera un endroit formidable très bientôt. » Donald Trump, qui estime qu’il verra « peut-être dès la première minute » si les Nord-Coréens « sont sérieux ou non », est le premier président américain en exercice à négocier en direct avec un dirigeant nord-coréen, sur une possible dénucléarisation du régime reclus.

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2 juin 2018

Etats Unis - taxations

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29 mai 2018

Sommet Trump-Kim : les deux dirigeants ravivent l’espoir que la rencontre ait lieu

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Kim Jong-un espère que la rencontre « mettra fin à une ère de confrontation », selon le président sud-coréen. « On vise le 12 juin à Singapour », a confirmé de son côté le président américain.

Au lendemain de l’annonce par le président américain Donald Trump que son sommet avec M. Kim pourrait finalement avoir lieu, le président sud-coréen, Moon Jae-in, a rencontré, samedi 26 mai, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un dans la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées, a rapporté la présidence sud-coréenne.

Moins de 24 heures après cet entretien, le président sud-coréen a ravivé l’espoir, annonçant que Kim Jong-un espère que son sommet avec Trump « mettra fin à une ère de confrontation ».

Poursuivre les rencontres

A l’issue de la rencontre de samedi, les dirigeants des deux Corées se sont dit prêts à se revoir « fréquemment », a précisé l’agence officielle de presse nord-coréenne KCNA. Avec Moon Jae-in, ils « ont partagé l’opinion selon laquelle ils se rencontreraient souvent à l’avenir », d’après KCNA. « Kim Jong-un a remercié Moon Jae-in pour les grands efforts qu’il a faits en vue [de l’organisation] du sommet » Corée du Nord-Etats-Unis « programmé pour le 12 juin » et « exprimé sa détermination » à tenir ce sommet « historique ».

Les deux dirigeants se sont entretenus durant deux heures dans le village de Panmunjon, où ils s’étaient déjà rencontrés le 27 avril et avaient publié une déclaration commune dans laquelle ils s’engageaient à améliorer leurs relations. « Ils ont eu un échange de vues et ont discuté des moyens de mettre en œuvre la déclaration de Panmunjon et d’assurer le succès du sommet américano-nord-coréen », selon un communiqué de la présidence sud-coréenne.

M. Trump avait annulé jeudi son sommet prévu à Singapour, le 12 juin, avec M. Kim, avant d’afficher son optimisme dès le lendemain, évoquant « des discussions très productives avec la Corée du Nord pour que le sommet ait lieu ». Samedi, il a été plus loin et a déclaré que les choses « avancent très bien ». « On vise le 12 juin à Singapour. Ça n’a pas changé », a dit le président américain à la Maison Blanche.

Une rencontre secrète

La présidence sud-coréenne a publié des photographies montrant des poignées de main entre M. Moon et M. Kim, samedi, ainsi que la sœur de ce dernier, Kim Yo-jong, qui a joué un rôle public important récemment dans les discussions avec le Sud, notamment à la tête d’une délégation venue aux Jeux olympiques d’hiver en février. La rencontre entre MM. Moon et Kim s’est déroulée dans un bâtiment du côté nord-coréen de Panmunjom, village où avait été signé l’armistice entre les deux Corées, en 1953.

La rencontre de samedi, la quatrième entre les dirigeants des deux pays toujours techniquement en guerre, s’est déroulée dans le plus grand secret, les journalistes ayant été prévenus après sa tenue, à la différence de la rencontre du 27 avril, qui s’était déroulée sous l’œil des caméras. De prochains pourparlers inter-coréens « à haut niveau » auront lieu vendredi prochain, a ajouté KCNA.

23 mai 2018

Donald Trump n’écarte pas un report du sommet avec Kim Jong-un

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Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

Evoquant les « conditions » exigées par Washington, le président américain a soufflé le chaud et le froid, mardi, à propos de la rencontre historique prévue le 12 juin à Singapour.

Donald Trump s’est-il montré trop optimiste à propos de la Corée du Nord ? Pour la première fois, mardi 22 mai, le président des Etats-Unis n’a pas écarté l’idée d’un report du sommet prévu dans trois semaines, à Singapour, avec le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un. M. Trump s’est longuement exprimé sur le sujet aux côtés de son homologue sud-coréen, Moon Jae-in, venu à la Maison Blanche pour préparer cette rencontre historique, soufflant alternativement le chaud et le froid.

Tout en répétant sa conviction que Kim Jong-un est selon lui « sérieux » à propos d’une éventuelle dénucléarisation de la péninsule, objectif affiché de la diplomatie américaine, le président des Etats-Unis a estimé qu’« il est possible que ça ne marche pas pour le 12 juin », la date qu’il avait tenu à annoncer lui-même sur son compte Twitter le 10 mai.

« Il y a certaines conditions que nous voulons, et je pense que nous les aurons. Et si nous ne les avons pas, il n’y aura pas de réunion », a-t-il dit sans préciser les points requis par la partie américaine. « Franchement, il a une chance pour que cette réunion soit une grande, une grande réunion pour la Corée du Nord et une grande réunion pour le monde. Si cela n’arrive pas, peut-être que cela arrivera plus tard. Peut-être que cela arrivera à un moment différent. Mais nous verrons », a-t-il ajouté évasivement.

Improvisation

Donald Trump paie peut-être son empressement du 8 mars. Ce jour-là, apprenant que le conseiller sud-coréen à la sécurité nationale, Chung Eui-yong, se trouvait à Washington au lendemain d’une visite à Pyongyang, le président avait exigé de le rencontrer sur le champ. Il s’était ensuite rendu pour la première fois dans la salle de presse de la Maison Blanche, au beau milieu de l’après-midi, pour informer les journalistes présents de l’imminence d’une déclaration importante de son visiteur.

Ce dernier s’était exécuté quelques instants plus tard, pour faire part de l’invitation lancée à Donald Trump par Kim Jong-un et de la réponse positive du président des Etats-Unis. Ce dernier avait manifestement pris de court ses propres conseillers, placés devant le fait accompli. Cette improvisation peut expliquer le raidissement de la Corée du Nord après les déclarations du conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton, défendant une ligne dure face à Pyongyang. Ce dernier avait présenté comme un « modèle » le renoncement unilatéral à un projet nucléaire par la Libye en 2003.

Ecartant toute approche graduelle, Washington exige en effet comme préalable à la moindre levée des sanctions internationales qui pèsent sur Pyongyang une dénucléarisation « complète, vérifiable et irréversible ». Pour les dirigeants nord-coréens, cette dénucléarisation a toujours également concerné la Corée du Sud au travers du bouclier américain.

Kim Jong-un a récemment donné des gages à Washington en stoppant les essais nucléaires et balistiques conduits à marches forcées depuis son arrivée au pouvoir, en libérant trois ressortissants américains détenus dans son pays, puis en annonçant la fermeture du site d’essais de Punggye-ri, qui sera effective à la fin de la semaine.

Un avenir radieux

Le dirigeant nord-coréen n’a jamais commenté publiquement les exigences américaines mais son vice-ministre des affaires étrangères, Kim Kye-gwan, avait jeté un froid, le 14 mai, en les dénonçant fermement.

« Si les Etats-Unis nous mettent au pied du mur et exigent unilatéralement que nous renoncions à l’arme nucléaire, nous n’aurons plus d’intérêt pour des discussions et nous ne pourrons que reconsidérer le sommet à venir », avait-il assuré dans un communiqué qui dénonçait en outre la tentation « extrêmement sinistre visant à imposer » à son pays « le destin de la Libye ou de l’Irak », deux pays plongés dans le chaos après des interventions américaines.

Mardi, Donald Trump, qui avait tenté de rassurer les Nord-Coréens en refusant de reprendre à son compte la formule de son conseiller, a trouvé un autre coupable pour expliquer le revirement de Pyongyang. Il a jugé que ce changement de ton était survenu après une entrevue entre Kim Jong-un et son homologue chinois, Xi Jinping, la seconde depuis le début de l’année. « Les choses ont changé après cette rencontre, et je ne peux pas dire que cela m’a rendu très heureux », a-t-il dit. Lundi, il avait déjà déploré sur Twitter que la frontière entre la Chine et la Corée du Nord soit devenue « bien plus poreuse récemment », relativisant selon lui l’effet des sanctions internationales.

Aux côtés d’un Moon Jae-in peu avare en flatteries, le président américain a un instant ouvert les vannes des promesses, offrant un avenir radieux au dirigeant nord-coréen. Si ce dernier satisfait aux exigences de Washington, « il sera en sécurité. Il sera heureux. Son pays sera riche », a-t-il assuré.

16 mai 2018

La Corée du Nord menace d'annuler le sommet avec Trump

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DIPLOMATIE - Pyongyang proteste contre des manœuvres militaires au Sud..

La Corée du Nord souffle le chaud et le froid. Après la détente spectaculaire, Pyongyang a menacé mercredi d’annuler le sommet prévu le 12 juin à Singapour entre son dirigeant Kim Jong-un et le président américain Donald Trump en raison de manœuvres militaires au Sud, a rapporté l’agence sud-coréenne Yonhap.

Pyongyang a également annulé une rencontre de haut niveau avec la Corée du Sud prévue mercredi pour protester contre l’exercice militaire annuel Max Thunder, auquel prennent part les armées sud-coréenne et américaine, a affirmé Yonhap, citant l’agence officielle nord-coréenne KCNA.

Les Etats-Unis devront « mûrement réfléchir sur le sort de ce sommet Corée du Nord-USA, à la lumière de vacarme militaire », a indiqué Yonhap, reprenant l’agence officielle nord-coréenne.

Les exercices entre les forces aériennes des deux alliés constituaient un entraînement pour une invasion et une provocation, alors que la période était au réchauffement des relations inter-coréennes, a ajouté Yonhap, citant toujours KCNA.

Washington continue de préparer le sommet

Pour sa part, Washington a affirmé continuer à préparer le sommet. « Nous allons continuer à aller de l’avant » concernant les préparatifs, « nous n’avons pas été notifiés » d’un changement, a déclaré la porte-parole du Département d’Etat, Heather Nauert.

Le langage utilisé par la Corée du Nord est un retour soudain à l’ancienne rhétorique de Pyongyang, qui a longtemps estimé qu’elle avait besoin de l’arme nucléaire pour se défendre contre les Etats-Unis.

Les hostilités entre Corée du Nord et Corée du Sud (1950-1953) se sont arrêtées après un cessez-le-feu, laissant le territoire divisé en deux pays, délimitées par une zone démilitarisée. Les deux camps sont toutefois techniquement toujours en guerre. Lors d’un sommet rarissime le mois dernier dans la zone démilitarisée, Kim Jong-un et le président sud-coréen Moon Jae-in ont réaffirmé leur engagement derrière un « objectif commun », la « dénucléarisation totale » de la péninsule.

10 mai 2018

En Iran, la décision de Trump sur l’accord nucléaire provoque le désarroi

Par Louis Imbert - Le Monde

La République islamique d’Iran manque d’options face au retrait américain, et n’a pas d’illusion sur la capacité des Européens à sauver l’accord. Et les difficultés économiques pourraient s’aggraver.

L’Europe, étroite planche de salut. Les élites iraniennes qui défendent jusqu’ici l’accord sur le nucléaire et une forme d’apaisement avec l’Occident ont mal masqué, mardi 8 mai, leur désarroi après l’annonce par le président américain, Donald Trump, du retrait des Etats-Unis.

Le coup est dur, injuste, répète-t-on à Téhéran, puisque le pays respecte ses obligations, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Mais l’Iran, englué dans la crise économique et dans des luttes politiques toxiques, manque cruellement d’options pour réagir, sauf à violer à son tour l’accord, ce qui n’est pas encore à l’ordre du jour. Reste donc à compter sur les autres signataires : la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Russie et la Chine, sans grande illusion.

Dans un discours retransmis en direct à la télévision d’Etat – contrairement à celui de M. Trump –, le président Hassan Rohani est apparu déjà démonétisé, vide, aux côtés des principaux membres de son gouvernement qui se balançaient sur leurs pieds en rang, gênés.

M. Rohani a annoncé que le pays ne relancerait pas immédiatement l’enrichissement de l’uranium et mènerait des consultations durant « une courte période de quelques semaines » avec les autres signataires. « Et si l’accord n’est finalement qu’une feuille de papier, alors notre prochain mouvement sera clair », a-t-il dit. La parenthèse d’ouverture prendrait fin. M. Rohani a joué sur elle sa vie politique face à ses rivaux conservateurs, qui se nourrissent de l’opposition à l’ennemi américain.

Le risque d’une escalade militaire

Des figures d’ordinaire critiques de l’accord se sont alignées sur cette voie médiane : la République islamique serre les rangs face au danger. Cependant, l’appareil iranien se fait de longue date peu d’illusions sur la capacité de l’Europe à résister aux pressions américaines sur ses banques et ses entreprises, si celles-ci s’exercent avec suffisamment de force.

« Ceux qui militent pour continuer à appliquer l’accord et à séparer les Etats-Unis de l’Europe se réduisent à un cercle de plus en plus étroit autour du président Rohani », constate Ali Vaez, de l’ONG International Crisis Group, dans un récent rapport.

Quel intérêt l’Iran a-t-il à maintenir sa position de hauteur morale, quand les bénéfices qu’il en tire ne cessent de se réduire, et au risque de projeter une dangereuse image de faiblesse ? L’intérêt de l’accord n’est pourtant pas qu’économique, « c’est une garantie de sécurité pour la région », rappelle l’analyste conservateur Foad Izadi. Sans lui, le risque d’une escalade militaire avec Israël en Syrie, ou d’une confrontation avec le grand rival régional saoudien s’accroît dangereusement.

Mais la perspective d’amélioration de la situation économique désastreuse de l’Iran que l’accord devait garantir est également un gage de sécurité intérieure, pour l’Etat dans son ensemble – et non pour le seul Hassan Rohani, que des internautes vilipendent en « traître » sur Twitter, tandis qu’une manifestation largement relayée sur les réseaux sociaux appelait à « brûler » symboliquement l’accord, mardi soir à Machhad, grande ville conservatrice située dans le nord-est du pays.

Système bancaire au bord de l’implosion

Des syndicalistes sont emprisonnés, intimidés en nombre et pourtant les grèves perdurent aux quatre coins du pays. Le système bancaire est au bord de l’implosion, le pays fait face à une importante fuite de capitaux, les prix grimpent en ville.

La sécheresse dévaste le centre et le sud du pays depuis cinq ans et des manifestations disparates ont toujours lieu dans les petites villes depuis la vague de protestation du tournant de l’année, dont la répression a fait plus de vingt-cinq morts.

La majorité de l’appareil politico-sécuritaire parait aujourd’hui estimer qu’en cas d’échec des consultations, l’Iran devrait répliquer en violant à son tour l’accord. Il pourrait remettre sur pied son programme de recherche et de développement, relancer l’enrichissement de l’uranium à 20 % sur le site militaire souterrain de Fordow ou cesser de collaborer avec l’AIEA. Téhéran peut également orchestrer des attaques de ses alliés miliciens en Syrie et en Irak contre les forces américaines, au risque d’une riposte.

Enfin, une minorité milite pour une sortie du traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), auquel l’Iran a adhéré en 1970. Le souriant ministre des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a lui-même brandi cette menace ces derniers mois.

Bruits de bottes

Elle pourrait ouvrir la voie à la recherche d’une bombe atomique. Des militaires estiment qu’à l’image de la Corée du Nord, le seul moyen d’engager un dialogue avec les Etats-Unis, direct et en position de force, serait d’avoir la bombe.

Ces bruits de bottes, la rue iranienne les percevait déjà nettement, mardi soir, dans l’annonce de M. Trump. A Téhéran, Nassim, photographe de 34 ans, avait peine à se souvenir de cette nuit du 14 juillet 2015, où elle était descendue sur une avenue de la capitale pour célébrer, dans un concert de klaxons et de sifflets, la signature de l’accord avec la communauté internationale.

« Nous pensions que la vie serait meilleure, résume-t-elle. Tout ça, c’est du passé. Je pense de nouveau qu’une guerre peut nous tomber dessus. Je regrette de n’avoir pas écouté ma sœur, à Londres, qui m’incitait à émigrer et à vivre avec elle. Si je l’avais écoutée, j’aurais déjà construit une vie là-bas. Mais ces jours-ci, je ne fais plus que m’accrocher aux informations. »

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