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Jours tranquilles à Paris
etats unis
15 août 2017

Charlottesville : après deux jours de polémique, Trump condamne des « violences racistes »

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Après la mort d’un manifestant samedi, certains médias et hommes politiques lui ont reproché de renvoyer dos à dos militants d’extrême droite et contre-manifestants.

Changement de ton et de mots pour le président des Etats-Unis, Donald Trump. Après la mort, samedi, d’une manifestante antiraciste en marge d’un rassemblement de militants d’extrême droite, à Charlottesville, le chef d’Etat a dénoncé, lundi 14 août, les « violences racistes » survenues dans cette ville de Virginie.

« Le racisme, c’est le mal », a-t-il déclaré depuis la Maison Blanche. « Et ceux qui provoquent la violence en son nom sont des criminels et des voyous, y compris le KKK [Ku Klux Klan], les néonazis, les suprémacistes blancs et d’autres groupes haineux qui sont répugnants face à tout ce qui nous est cher en tant qu’Américains. »

« Tout ceux qui ont agi de manière criminelle lors des violences racistes de ce week-end devront répondre de leurs actes devant la loi, justice sera rendue », a-t-il ajouté. Et de poursuivre :

« Quelle que soit la couleur de notre peau, nous vivons tous avec les mêmes lois, nous saluons le même drapeau. »

Deux jours après l’attaque à la voiture bélier contre des manifestants antiracistes à Charlottesville qui a fait un mort et 19 blessés, M. Trump use de mots bien plus durs pour qualifier cette attaque que ceux utilisés ce week-end.

Journalistes et hommes politiques lui ont, en effet, reproché ses premières réactions où il a renvoyé dos à dos les deux camps. « Nous condamnons dans les termes les plus forts ces démonstrations flagrantes de haine, de bigoterie et de violence de tous les côtés, de nombreux côtés », avait-il ainsi déclaré dans un premier temps, ignorant les questions des reporters lui demandant s’il dénonçait l’idéologie nationaliste des groupuscules suprémacistes blancs à l’origine de cette manifestation.

« Maléfique et inacceptable »

La première réaction de M. Trump a même provoqué la démission de Kenneth Frazier, PDG des laboratoires Merck et conseiller économique de l’occupant du bureau Ovale. « Les dirigeants américains doivent honorer nos valeurs fondamentales en rejetant clairement les manifestations de haine, de sectarisme et toute revendication de suprématie qui nient l’idéal américain voulant que tous les hommes ont été créés égaux », a réagi M. Frazier, dans un tweet diffusé lundi sur le site de Merck.

« En tant que PDG de Merck et en mon âme et conscience, j’estime de ma responsabilité de prendre position contre l’intolérance et l’extrémisme », a-t-il ajouté.

Plus tôt dans la journée, le ministre de la justice américain, Jeff Sessions, a qualifié cette attaque d’attentat terroriste. « Cela correspond à la définition de terrorisme intérieur », a-t-il dit lors d’une interview sur la chaîne ABC. Avant d’ajouter :

« Vous pouvez être sûrs que l’enquête cherchera à établir les chefs d’inculpation les plus graves possibles, car c’est une attaque maléfique et inacceptable. »

En ce qui concerne l’auteur présumé de l’attaque, James Fields, il est âgé de 20 ans et originaire du Kentucky. Avant son passage à l’acte, il a été photographié au milieu de membres du groupe d’extrême droite Vanguard America, qui est l’un des mouvements organisateurs de la journée « Unite The Right » à Charlottesville.

Le groupe a toutefois assuré, sur son compte Twitter, que l’auteur présumé de l’attentat n’était pas l’un de ses membres.

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14 août 2017

Donald Trump... en face de la Maison Blanche !

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12 août 2017

Trump vu par des psychiatres : "On est face à un malade, réellement dangereux"

D'après les plus grands médecins américains, le 45e président des Etats-Unis "souffre de graves troubles de la personnalité".

[Dans nos archives] Tout l'été, nous republions certains de nos meilleurs articles. Aujourd'hui, un éclairage sur la santé mentale du président américain, qui promet "le feu et la fureur" à la Corée du Nord, au risque de déclencher une guerre mondiale. Un "Frankenstein narcissique" qu'il est irresponsable de laisser en possession des codes nucléaires...

Le Dr John Gartner n’est pas un plaisantin. Cet éminent psychiatre qui a enseigné pendant plus de vingt ans à l’université Johns Hopkins de Baltimore (Maryland) est un spécialiste de la dépression et des troubles bipolaires. Pas le genre à poser un diagnostic à la légère. Mais pour lui, pas de doute : le président américain est psychiquement malade, inapte à exercer ses fonctions. Au téléphone, il explique très sérieusement :

"Donald Trump souffre de graves troubles de la personnalité qui en font un être potentiellement dangereux pour lui-même, pour les autres et pour le monde entier."

Le président de la première puissance mondiale est, selon lui, "un psychopathe narcissique, paranoïaque, détaché de la réalité", un "Frankenstein psychiatrique" qu’il est irresponsable de laisser en possession des codes nucléaires…

11 août 2017

Après avoir promis "le feu et la fureur" à la Corée du Nord, Donald Trump estime que sa menace n'était "peut-être pas assez dure

Donald Trump ne regrette pas sa menace de faire pleuvoir "le feu et de fureur telle que le monde n'en n'a jamais vu", adressée à la Corée du Nord après un tir de missile mardi. Au contraire, le président des Etats-Unis a estimé, jeudi 10 août, que sa mise en garde n'était "peut-être pas assez dure". Depuis son golf du New Jersey où il est en vacances, il a aussi assuré que la Chine pouvait faire "beaucoup plus" pour ramener Pyongyang dans le droit chemin.

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11 août 2017

De l'art de déclencher une guerre

Vu par Jean Guisnel
« La guerre est une chose trop grave pour la confier à des militaires », disait Clemenceau. Mais à voir le jeu stupide auquel se livrent deux chefs d'État, à coups de déclarations incendiaires, on se demande si la guerre ne serait pas une chose trop grave pour la confier à des politiques provocateurs. S'agissant de Kim Jong-Un, rien ne saurait nous étonner. Sa dictature naine est exsangue et, s'il multiplie les violations des sanctions internationales, ainsi que les outrages verbaux à l'adresse des États-Unis et du reste du monde, c'est bien pour exister.

Intérêts vitaux

Les tenants de l'orthodoxie nucléaire ne varient pas : l'arme atomique est dissuasive, en ce sens qu'elle empêche un éventuel agresseur de s'en prendre aux intérêts vitaux d'un pays détenteur. Or, de ce point de vue, la Corée du Nord n'a mis en cause les intérêts vitaux de personne. Et en toute logique, il suffirait à Washington de rappeler que si tel était le cas, alors des représailles seraient exercées. Mais ce n'est pas ce qu'a dit Donald Trump. Comme un vulgaire coq de village, il a clairement menacé son rival, en grande gueule, d'utiliser contre lui « le feu et une furie que le monde n'a jamais vus jusqu'ici » ! Non pas en cas d'atteinte aux intérêts vitaux de son pays, mais de nouvelle provocation.

Il s'agirait alors d'une frappe nucléaire « préventive », inédite à ce jour. Ce n'est pas sérieux.

Rhétorique du « fou »

Ravi de l'aubaine, le régime nord-coréen a aussitôt menacé de tirer contre l'île de Guam, tout en s'interrogeant sur la santé mentale de Donald Trump. On rappelle aujourd'hui, à Washington, que Nixon a, lui aussi, utilisé la rhétorique du « fou », pour faire croire à ses adversaires qu'il fallait craindre qu'il fasse n'importe quoi, sauf à céder à ses exigences. Mais Trump ne rentre pas dans ces subtilités. Il n'a ni la sagesse, ni la rationalité qu'on attend d'un chef d'État.

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10 août 2017

Le Japon entre inquiétude et vigilance sur la question nord-coréenne

Par Philippe Mesmer, Tokyo, correspondance - Le Monde

Les avancées du programme nucléaire nord-coréen et l’escalade verbale entre Washington et Pyongyang obligent Tokyo à se placer « en alerte élevée ».

Le 9 août fut cette année particulier au Japon. Alors que Nagasaki (Sud-ouest) commémorait le bombardement atomique américain de 1945 et que le maire de la ville, Tomohisa Taue, appelait le premier ministre Shinzo Abe à signer le traité d’interdiction des armes nucléaires conclu le 7 juillet aux Nations unies (ONU) par 122 pays au terme de négociations auxquelles Tokyo a refusé de participer, le ministre de la défense Itsunori Onodera évoquait de son côté la Corée du Nord.

Le niveau de menace représenté par le régime de Kim Jong-un « nous oblige à rester vigilant », a-t-il déclaré, ajoutant que les avancées du programme nucléaire nord-coréen et l’escalade verbale entre Washington et Pyongyang obligeaient le Japon à se placer « en alerte élevée ».

Le 8 août, réagissant aux menaces formulées par la Corée du Nord après l’adoption de nouvelles sanctions par l’ONU après son tir de missile du 28 juillet, le président américain Donald Trump a exhorté Pyongyang à cesser de menacer son pays au risque de se heurter « à un feu et à une fureur que le monde n’a jamais vus jusqu’à présent ».

En réponse, l’agence nord-coréenne KCNA a évoqué la possibilité de tirs de quatre missiles balistiques Hwasong-12 vers les bases américaines de Guam, dans le Pacifique.

Manœuvres conjointes avec les Etats-Unis

Le 8 août également, le ministère japonais de la défense a rendu public son livre blanc pour 2017. Ses auteurs estiment que Pyongyang pourrait avoir suffisamment miniaturisé ses armes nucléaires pour pouvoir en équiper les ogives de ses missiles balistiques intercontinentaux. « Le risque de voir la Corée du Nord déployer des missiles nucléaires pouvant atteindre le Japon va croître avec le temps », précise le document.

Cette évaluation rejoint celle formulée fin juillet par la Defense Intelligence Agency, le renseignement militaire américain, qui voit dans cette miniaturisation une menace directe pour les Etats-Unis.

C’est dans ce contexte que le porte-parole du gouvernement nippon, Yoshihide Suga, a de son côté rappelé le 9 août que Tokyo appuyait la position de Donald Trump, selon laquelle toutes les options, y compris militaires, étaient « sur la table ».

L’Archipel veut renforcer les coopérations sécuritaires avec les Etats-Unis, a-t-il ajouté. Des chasseurs F-2 des forces nippones d’autodéfense ont participé, le même jour, à des manœuvres conjointes avec des bombardiers américains B-1B à proximité de la péninsule coréenne.

Menace grandissante

Une posture qui illustre les craintes du Japon, d’autant plus élevées que plusieurs missiles tirés depuis le début de l’année par Pyongyang sont tombés dans sa zone économique exclusive. Celui lancé le 28 juillet s’est ainsi abîmé à 150 kilomètres à l’ouest de l’île d’Okushiri (département de Hokkaido, Nord).

La menace grandissante a amené le gouvernement à mettre en ligne sur le site Internet de la sécurité civile des recommandations à suivre en cas d’attaque de missiles. Des exercices d’évacuation ont été menés dans différentes villes. Les pêcheurs de la côte de la mer du Japon s’inquiètent car les lancements de missiles sont aussi menés sans avertissement. En avril, un tir avait incité la compagnie Tokyo Metro à suspendre la circulation de ses trains pendant une dizaine de minutes.

En mars, un groupe de parlementaires nippons menés par M. Onodera avait appelé le gouvernement à doter le Japon de moyens – bombardiers, missiles de croisière – permettant de mener des frappes en territoire « ennemi ».

Une telle décision représenterait une rupture dans la doctrine militaire japonaise ; Tokyo a toujours évité de s’équiper de tels moyens. Dans l’immédiat, le gouvernement envisagerait plutôt de renforcer ses capacités antimissiles en s’équipant de nouveaux systèmes américains Aegis.

31 juillet 2017

Diplomatie... Russie / Etats-Unis

En réponse à des sanctions américaines, 755 diplomates sommés de quitter la Russie

Dans un entretien avec la chaîne Rossia 24, Vladimir Poutine a annoncé dimanche que ces diplomates devraient quitter la Russie. Une réponse aux nouvelles sanctions votées cette semaine par le Congrès américain.

 En réponse à des sanctions américaines, 755 diplomates sommés de quitter la Russie

Nouvel épisode dans les tensions russo-américaines. Dans un entretien diffusé avec la chaîne Rossia 24,Vladimir Poutine a annoncé ce dimanche que 755 diplomates américains devraient quitter la Russie, conformément à la décision de Moscou de réduire à 455 les effectifs du personnel de l’ambassade des Etats-Unis et de ses consulats sur le territoire russe.

Pas de changements positifs

«Plus d’un millier de personnes travaillaient et travaillent encore» dans les représentations diplomatiques américaines en Russie, a indiqué le président russe dans un entretien diffusé sur la chaîne publique. «755 personnes devront arrêter leurs activités en Russie», a-t-il précisé, Moscou ripostant ainsi aux nouvelles sanctions votées cette semaine par le Congrès américain.

Des changements positifs dans les relations avec Washington ne sont «pas pour bientôt», a poursuivi Vladimir Poutine, alors que la Russie a décidé de réduire drastiquement le personnel diplomatique américain sur son territoire après l’adoption de nouvelles sanctions américaines contre Moscou. «Nous avons attendu assez longtemps, en espérant que la situation changerait peut-être vers le mieux», a-t-il déclaré, «mais il semble, que même si la situation change, ce n’est pas pour bientôt».

Le Sénat américain a adopté jeudi des sanctions pour punir la Russie de son ingérence présumée dans l’élection présidentielle. Ce texte, qui a été dénoncé par Moscou mais aussi critiqué dans l’Union européenne parce qu’il permet de punir des entreprises européennes, a ensuite été soumis au président Donald Trump, qui a le choix de le signer en l’état ou de le bloquer. Vendredi, la Maison Blanche a annoncé que Donald Trump signerait ce texte, lui donnant ainsi force de loi. Source : Libération

18 juillet 2017

Plombé par l’affaire russe, Donald Trump voit sa cote de popularité chuter

Après six mois à la Maison Blanche, le milliardaire républicain voit son taux d’opinions favorables est tombé de 42 % en avril à 36 % en juillet.

Nouvelle rafale de tweets, intervention médiatique de son avocat : le président américain, Donald Trump, tentait de reprendre l’offensive, dimanche 16 juillet, après la publication d’un sondage qui a révélé une chute de sa popularité.

C’est que « l’affaire russe » colle à Donald Trump en dépit des efforts déployés par son entourage pour affirmer, notamment, qu’il ne savait rien du rendez-vous, en pleine campagne présidentielle, en juin 2016, entre une avocate russe et son fils aîné, Donald Jr.

Alors que le milliardaire républicain est depuis près de six mois à la Maison Blanche, son taux d’opinions favorables est tombé de 42 % en avril à 36 % aujourd’hui, selon une enquête du Washington Post et de la télévision ABC News menée du 10 au 13 juillet.

George W. Bush aussi impopulaire

Un total de 48 % des sondés ont dit « désapprouver fortement » le président Trump, un taux jamais atteint par ses prédécesseurs démocrates Bill Clinton (1993-2001) et Barack Obama (2009-2017). Seul le républicain George W. Bush (2001-2009) avait été à ce point impopulaire, mais lors de son second mandat, relève le quotidien américain.

L’enquête a été tournée en dérision par M. Trump sur son canal de communication préféré, Twitter : « Le sondage ABC/Washington Post, même si près de 40 %, ce n’est pas mauvais ces temps-ci, c’était le sondage le plus inexact lors de la campagne électorale. » Ce qui est faux, pointe du doigt le Los Angeles Times : les estimations d’ABC/Washington Post se sont situées en 2016 à deux points du résultat final. Et, explique le quotidien, même avec une marge d’erreur de deux points, l’impopularité de Donald Trump reste record.

Les nuages s’accumulent sur le Capitole

En dépit des voix critiques, l’occupant de la Maison Blanche garde le soutien des parlementaires républicains, ainsi que de sa base.

Mais sur le Capitole, les nuages s’accumulent en raison du retard pris pour la réforme très controversée du système de santé. Dans son message hebdomadaire, samedi, le président avait assuré que les sénateurs allaient enfin « voter, la semaine prochaine, une législation pour sauver les Américains de la catastrophe Obamacare ». Mais le vote étant très serré, le Sénat va sans doute devoir adapter ce calendrier, le temps que le républicain John McCain (Arizona) se remette d’une opération chirurgicale.

14 juillet 2017

"La France doit poursuivre les coopérations avec les Etats-Unis sans faire de compromis sur les valeurs qu’elle défend"

Par Alexandra de Hoop Scheffer, politologue, directrice à Paris du think tank transatlantique German Marshall Fund of the United States

Dans une tribune au « Monde », la politologue Alexandra de Hoop Scheffer estime qu’à l’occasion de la visite de Trump à Paris, Macron doit multiplier les sujets d’entente. Mais jusqu’où doit-il aller ?

TRIBUNE. Les relations entre la France et les Etats-Unis « ont été, sont et seront toujours conflictuelles et excellentes », disait Jacques Chirac en 1995. Sans doute parce que les deux alliés ont été historiquement en compétition, porteurs d’un message universel, mais aussi parce que les divergences de vues sur certains sujets n’ont jamais empêché la France et les Etats-Unis de coopérer. Placé sous le signe du centenaire de l’entrée des Etats-Unis dans la première guerre mondiale, moment pivot qui a consolidé leur alliance avec la France, ce 14-Juillet doit inciter la France à démontrer sa capacité à continuer à coopérer avec les Etats-Unis, malgré les profondes dissonances avec la vision du monde du président Donald Trump.

La relation franco-américaine évolue aujourd’hui dans un contexte transatlantique qui se fissure de l’intérieur : le Brexit, Trump, les trajectoires politiques en Pologne, en Turquie et en Hongrie affaiblissent le discours sur la défense des valeurs démocratiques communes – volontairement délaissé par Trump – et nourrissent les réflexes protectionnistes et nationalistes : « Notre monde n’a jamais été aussi fracturé », a déclaré le président français au dernier G20, qui s’est tenu les 7 et 8 juillet à Hambourg, tandis que Trump affirmait, jeudi 6 juillet à Varsovie, que « la question fondamentale de notre époque est de savoir si l’Occident a la volonté de survivre ».

Cette interrogation s’apparente à un exercice d’introspection pour Trump à l’heure où il contribue à l’affaiblissement de la coopération internationale, et à l’émergence de nouvelles alliances sans les Etats-Unis. Le retrait de son pays de l’accord sur le climat a contribué à renforcer l’axe sino-européen et les accents protectionnistes de sa politique commerciale ont incité les Européens à accélérer la négociation des accords de libre-échange et de partenariat stratégique avec le Japon par exemple.

Clarifier les divergences

La France doit continuer à clarifier ses divergences avec Washington sur les sujets d’intérêt commun pour pouvoir avancer sur d’autres dossiers, et à faire pression sur l’administration américaine.

L’initiative française de convoquer un sommet sur le climat en décembre deux ans après les accords de Paris permet ainsi de maintenir la pression. Les succès demeurent partiels : pour le Sahel, Trump a imposé une grande prudence quant à la contribution financière au G5 Sahel proposé par la France. Le 14 juillet, le président français abordera aussi la situation du Golfe, avec l’objectif d’apaiser les tensions attisées par la diplomatie chaotique de Trump. Sur la Corée du Nord, les Etats-Unis peuvent compter sur le soutien de la France pour leur projet de résolution à l’ONU, instaurant de nouvelles sanctions. Enfin, le président Macron devra déployer tous les efforts possibles pour éviter que la France ne se retrouve sur la touche diplomatique sur les dossiers ukrainien et syrien, à l’heure où Washington cherche à développer des canaux de coopération bilatéraux avec la Russie.

L’efficacité de la relation bilatérale avec les Etats-Unis passera aussi par le renforcement du dialogue interparlementaire franco-américain, alors que le Sénat américain pousse en faveur de nouvelles sanctions contre la Russie et l’Iran. Enfin, la France sera d’autant plus audible à Washington si elle parvient à se réformer économiquement et à exprimer ses positions de concert avec ses partenaires européens.

La Syrie, premier test

La visite de Trump à Paris s’inscrit dans un contexte de rapprochement entre les Etats-Unis et la France sur les questions stratégiques, et notamment la lutte contre le terrorisme. La Syrie sera le premier test de la relation bilatérale, à l’heure où Trump et Macron affirment avoir une « approche commune ».

Mais tout miser sur la lutte contre le terrorisme et la coopération militaire ne peut suffire à bâtir une relation solide sur le long terme. Il faut multiplier les sujets d’une entente possible pour élargir les champs de coopération et éviter le scénario de la rupture. Sur tous les dossiers, du terrorisme aux enjeux migratoires en passant par le climat et la non-prolifération, l’administration Trump devra travailler avec la France et d’autres pays pour réaliser ses objectifs. Le président français a absolument raison de dire qu’« on ne peut prétendre lutter efficacement contre le terrorisme si on n’a pas une action résolue contre le réchauffement climatique ».

L’interdépendance des enjeux fait que l’engagement des Etats-Unis sur le climat est devenu un indicateur du leadership américain aussi important que le respect de tous leurs autres engagements internationaux (accords de défense mutuelle, financement des organisations internationales, aide au développement). La sortie de l’accord de Paris met de facto en péril les possibilités de coopération dans tous les autres domaines.

Des concessions au G20

Le rôle de la France est donc de défendre le multilatéralisme et de poursuivre les coopérations autour d’intérêts communs, sans pour autant faire de compromis sur les sujets et les valeurs qu’elle défend.

Les dirigeants du G20 ont déjà fait des concessions à Trump, quitte à contredire certains principes du G20 et à prendre le risque de faire des émules : sur le climat, l’accord de Paris est « irréversible », mais les Etats-Unis sont autorisés à vendre leur gaz de schiste dans le monde ; sur le commerce, le G20 combat le protectionnisme, mais reconnaît « le rôle d’instruments légitimes de défense commerciale ». Ces concessions avaient pour objectif de maintenir Trump dans le G20, de la même manière que l’invitation de Macron à Trump pour le 14-Juillet vise à « ramener Trump dans le cercle ».

La question qui se pose dès lors est de savoir jusqu’à quel point la France et ses partenaires européens sont prêts à sacrifier leurs valeurs et les fondamentaux de leur politique étrangère pour maintenir le lien avec Washington. Quels sont les aspects de l’ordre international que nous souhaitons absolument préserver et sur quels sujets sommes-nous prêts à faire des concessions qui risquent d’être irréversibles ? C’est la réflexion que toutes les capitales partenaires des Etats-Unis devraient se poser avant de tendre la main à Trump.

30 juin 2017

Donald Trump à Paris le 14 juillet pour célébrer « les solides liens d’amitié » avec la France

Par Stéphanie Le Bars, Solenn de Royer - Le Monde

Le président américain a accepté l’invitation protocolaire d’Emmanuel Macron. L’occasion d’un nouvel échange après leurs premières rencontres fin mai.

Il a dit « yes ». Le président américain Donald Trump, accompagné de son épouse Mélania, viendra à Paris le 14 juillet, à l’invitation d’Emmanuel Macron, pour assister au défilé sur les Champs-Elysées. Des troupes américaines doivent s’y produire aux côtés des militaires français, à l’occasion du centenaire de l’entrée en guerre des Etats-Unis. L’invitation, lancée dans le cadre protocolaire des commémorations, avait été faite le 25 mai lors du sommet de l’Otan à Bruxelles, mais était restée lettre morte.

Syrie et climat

M. Macron l’a donc renouvelée le 27 juin lors d’un entretien téléphonique avec M. Trump, à l’origine destiné à féliciter le président français pour le résultat des élections législatives, et au cours duquel les deux hommes ont préparé la rencontre bilatérale qu’ils auront pendant le G20, à Hambourg les 7 et 8 juillet. Mercredi, la Maison Blanche a fait savoir que cette première visite du président américain en France serait l’occasion « de réaffirmer les solides liens d’amitié entre la France et les Etats-Unis ».

L’Elysée a aussi justifié cette invitation en rappelant les liens anciens qui unissent les Etats-Unis, « pays allié et ami », à la France. « Il y a des désaccords (sur le climat notamment, NDLR) mais cela n’empêche pas d’échanger sur d’autres sujets », avance-t-on dans l’entourage de M. Macron. Selon le communiqué de la Maison Blanche, les dirigeants renforceront à cette occasion « leur coopération déjà forte en matière de lutte contre le terrorisme et leur partenariat économique et aborderont de nombreuses autres questions d’intérêt mutuel ». Alors qu’ils font chacun à leur manière leurs premiers pas sur la scène internationale, les sujets de discussion entre les deux hommes ne manquent pas, qu’il s’agisse de dossiers consensuels comme l’engagement contre l’organisation Etat islamique en Syrie et en Irak, ou plus conflictuels comme les mesures contre le réchauffement climatique. Selon une source officielle française, les deux présidents pourraient profiter d’un dîner le 13, pour évoquer le dossier syrien, alors que Washington et Paris ont brandi cette semaine des menaces de représailles contre le régime de Damas en cas de nouvelle attaque chimique.

Mais les égards à l’endroit du président américain, conspué par la quasi-totalité des responsables politiques français avant et après son élection, ont surpris en France. Ainsi, le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a estimé que M. Trump n’était pas le bienvenu à la fête du 14-juillet, qui est celle de la liberté des Français. Cette réaction n’est toutefois en rien comparable au tollé suscité en Grande-Bretagne par une possible venue du président américain à Londres. Face aux risques de manifestations, la visite d’Etat de M. Trump a été reportée sine die.

Imprimer sa marque

« Macron recherche la compagnie des grands de ce monde, observe le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis. Il sait que sa victoire à la présidentielle, avec un premier tour à 23 % seulement, doit être relégitimée ». « Macron veut affirmer aux yeux de tous que « France is back », analyse de son côté l’ancien ministre Thierry Mandon, qui voit là « un peu de prétention ». Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était vu reprocher sa jeunesse et son manque d’expérience, notamment sur la scène internationale. A peine élu, le chef de l’Etat a voulu montrer qu’il ne redoutait pas les rapports de force. Le 29 mai, il a reçu Vladimir Poutine à Versailles, sans hésiter à évoquer devant lui des sujets dérangeants, comme les droits de l’homme.

Avec M. Trump, M. Macron a voulu imprimer sa marque. Dès leur première rencontre, au sommet de l’Otan, fin mai, à Bruxelles, il a semblé vouloir donner le ton de la relation franco-américaine, lors d’une énergique poignée de main échangée avec un Donald Trump visiblement pris de court. « Il faut montrer qu’on ne fera pas de petites concessions, même symboliques », a ensuite expliqué le président français. Lors du G7, en Sicile, alors qu’il se dirigeait vers le président américain, flanqué d’homologues étrangers dont la chancelière allemande, M. Macron avait ostensiblement dévié de sa route, au dernier moment, pour saluer Angela Merkel puis d’autres Européens, avant de se tourner vers le président américain, spectateur contrit de cette scène.

Moins d’une semaine plus tard, Macron avait également défié Trump sur le climat, alors que ce dernier venait d’annoncer sa décision de sortir des accords de Paris. A l’occasion d’une conférence de presse nocturne et improvisée, le président français avait parodié le slogan de campagne de Trump par cet appel : « Make our planet great again » (rendez sa grandeur à notre planète). Il a depuis assuré qu’il ne désespérait pas de faire changer d’avis au président américain.

Propos peu amènes

« Macron a sans doute jugé qu’il avait été un peu fort avec sa poignée de main et son message vidéo sur le climat », avance un diplomate qui a servi sous le quinquennat précédent, d’où l’invitation le 14 juillet. Mais le chef de l’Etat a surtout obéi à une logique protocolaire, l’amenant à inviter le président des Etats-Unis, dès lors que les troupes américaines défilaient sur les Champs-Elysées. « Ce qui est le plus surprenant dans cette affaire, c’est que Trump ait accepté de venir, poursuit le diplomate. C’est un bon coup pour Macron ».

A Washington, l’annonce de ce déplacement a suscité peu de commentaires mais a pu surprendre, d’autant que le président américain reviendra tout juste de son séjour en Europe pour le G20. Depuis son installation à la Maison Blanche, M. Trump a tenu des propos peu amènes sur la capitale française. En février, en marge de déclarations sur sa politique migratoire et la lutte contre le terrorisme, M. Trump avait convoqué les dires d’un mystérieux ami, Jim, pour critiquer la France. Selon cet ex-amoureux de « la Ville lumière », cité par M. Trump, Paris n’était plus Paris et il n’envisageait plus d’y retourner ». Plus récemment, défendant sa décision de sortir de l’accord de Paris, il avait déclaré, dans un étonnant raccourci, qu’il avait été élu « pour défendre les habitants de Pittsburg, pas de Paris ».

Les rencontres du mois de juillet donneront aux deux dirigeants l’occasion de soigner des relations, amorcées de manière un peu abrupte.

Solenn de Royer et Stéphanie Le Bars (à Washington)

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