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Jours tranquilles à Paris
26 décembre 2019

Récit -Incendies, fumées toxiques, canicules : l’été infernal australien

Par Isabelle Dellerba, Sydney, correspondance

La mégalopole australienne est cernée par deux gigantesques foyers de flammes. Depuis début novembre, les habitants de Sydney vivent dans une atmosphère polluée, alors que canicule et sécheresse rendent les feux hors de contrôle.

Seule la cheminée noircie tient encore debout. Autour, les quatre murs en tôle de la maison tombent en ruban sur le sol, cernés par une poignée d’arbres morts calcinés. Dans un fracas de train, le feu a dévasté la localité de Bilpin, samedi 21 décembre, avant de poursuivre sa course désordonnée à travers les montagnes Bleues, à l’ouest de Sydney. Mercredi, celui que les médias australiens ont surnommé « le monstre », et qui embrase depuis deux mois les forêts d’eucalyptus comme on allume des tas de brindilles, a dévoré près de 5 000 km2 et se répand sur un front de plus d’une centaine de kilomètres dans ce parc national. En face, un autre gigantesque mur de flammes avance dans sa direction en léchant les abords des banlieues sud-ouest de la capitale de la Nouvelle-Galles du Sud, l’Etat le plus peuplé d’Australie placé en état d’urgence depuis le 19 décembre en raison d’un risque d’incendie jugé « catastrophique ».

INFOGRAPHIE LE MONDE

Dans la mégalopole, les habitants, un goût âcre dans la bouche, observent ces effroyables brasiers former progressivement un arc de feu autour de la ville. « Ça fait deux mois que j’ai l’impression d’avoir recommencé à fumer. J’ai aussi la gorge sèche et cette drôle de sensation dans les poumons », décrit Donna, une auxiliaire de puériculture.

Le 10 décembre, elle était dans l’un des jardins de la crèche où elle s’occupe d’une vingtaine d’enfants quand le vent a poussé sur Sydney un nuage de fumée particulièrement dense et toxique, chargé de particules fines dépassant de onze fois le niveau considéré comme dangereux par l’Organisation mondiale de la santé.

Ce jour-là, le brouillard de pollution blanchâtre est tellement épais que les ferries sont maintenus à quai. Dans les tours du quartier d’affaires, entre 11 heures et midi, 154 alarmes incendies retentissent, obligeant des centaines d’employés à évacuer leurs bureaux. Même les pompiers sont victimes d’une fausse alerte. Sur le front de mer, l’océan charrie des vagues de cendres qui teintent de noir les plages emblématiques de la ville.

« Les personnes âgées, les enfants, les personnes vulnérables doivent rester à l’intérieur », martèlent les autorités depuis les premières lueurs de l’aube. Peine perdue, la fumée s’infiltre par tous les interstices des immeubles mal isolés et le nombre de personnes se présentant aux urgences à la suite des problèmes respiratoires explose, + 80 % par rapport à une journée ordinaire.

« Le plus dangereux, ce sont les particules fines PM2,5, explique Gabriel da Silva, universitaire spécialisé dans la chimie atmosphérique. Non seulement elles viennent se loger profondément dans les poumons, mais elles pénètrent aussi dans le sang et peuvent déclencher des accidents cardiovasculaires. » Cancérogènes, elles pourraient aussi, selon le professeur, avoir des conséquences à long terme sur la santé des quelque 5,2 millions d’habitants de Sydney, exposés de manière répétée et prolongée.

Masques, purificateurs d’air et applications

Entre début novembre et le 19 décembre, le niveau de pollution s’est établi fréquemment au-dessus du seuil de dangerosité dans la ville jusqu’ici réputée pour sa qualité de vie. « Il s’agit d’une urgence de santé publique », souligne Fiona Armstrong, directrice de l’Alliance pour le climat et la santé, à l’initiative d’un communiqué signé le 16 décembre par une vingtaine d’organisations professionnelles de médecins appelant le gouvernement à agir et les Australiens à se protéger.

Beaucoup n’ont pas attendu. Ces dernières semaines, ils se sont rués sur les masques à l’efficacité pourtant toute relative – seuls ceux qui filtrent les particules fines et recouvrent hermétiquement les voies respiratoires sont utiles contre la fumée – et les purificateurs d’air. D’autres ont téléchargé des applications gratuites pour recevoir des notifications quand la qualité de l’air se dégrade ou quand des feux approchent.

« N’attendez pas un avertissement », a néanmoins prévenu, vendredi 20 décembre, Rob Rogers, le commissaire adjoint des pompiers de Nouvelle-Galles du Sud :

« Nous ne pouvons pas garantir qu’un camion de pompiers sera toujours disponible. Qu’un avion ou un hélicoptère vous sera immédiatement envoyé. »

En cette période de fêtes de Noël, c’est la deuxième fois depuis le début des incendies, fin août, que la région de Sydney est confrontée au plus haut niveau d’alerte jamais émis : « Catastrophique. » Les services météorologiques prévoient des vents violents et surtout des températures caniculaires.

Le 18 décembre, l’île-continent a déjà enregistré le record de la journée la plus chaude depuis le début des relevés avec une moyenne des températures maximales de 41,9 °C. En Australie-Méridionale, le 19, le thermomètre a flirté avec les 50 °C à Nullarbor et dépassé les 48 °C à Port Augusta. Une chaleur tellement intense que l’asphalte a fondu sur les routes.

« Les conditions sur le terrain sont dantesques », témoigne Gordon Morgan, pompier volontaire de 65 ans, basé à Muogamarra, au nord de Sydney : « Cela fait trente-huit ans que je suis sur le front et je n’avais jamais vu des feux se propager aussi facilement. » Dès le début du printemps austral et en l’espace de seulement quelques semaines, c’est tout l’est de la Nouvelle-Galles du Sud qui, sur une bande d’un millier de kilomètres le long des côtes du Pacifique, s’est embrasé avec des dizaines d’incendies voire des centaines brûlant simultanément.

« Le monstre »

Dans cet Etat frappé par l’une des plus violentes sécheresses de l’histoire moderne de l’Australie et où la capitale est soumise, depuis le 10 décembre, à de sévères mesures de restriction d’eau à cause de la baisse du niveau des barrages, il a suffi d’un éclair dans les Gospers Mountain, le 26 octobre, à quelque 300 kilomètres au nord-ouest de Sydney, pour que « le monstre » prenne vie, s’épanouisse dans les bois secs et menace, deux mois plus tard, les périphéries de l’agglomération.

Dans ce territoire, mercredi, ce sont plus de 3,4 millions d’hectares qui étaient partis en fumée, presque quatre fois plus qu’en Amazonie en 2019, selon les estimations, causant la mort de six personnes et détruisant près de mille habitations. Sur l’ensemble du pays, plus de 5 millions d’hectares ont brûlé et neuf personnes sont mortes depuis septembre.

L’Australie a beau exceller dans la lutte contre les feux de brousse avec une force de frappe de 74 000 pompiers volontaires rien qu’en Nouvelles-Galles du Sud, et une expérience hors norme à l’échelle de ce continent où les incendies sont tellement fréquents qu’ils ont une saison – jusqu’ici de novembre à mars –, elle est ici impuissante face au « monstre ». Malgré le déploiement de moyens titanesques avec des centaines de camions-citernes et des dizaines d’aéronefs. Malgré le soutien de l’armée et de soldats du feu néo-zélandais, canadiens ou encore américains.

Les volontaires, qui ont parfois posé des congés sans solde pour se rendre disponibles autant que nécessaire, savent qu’ils n’ont aucune chance d’éteindre ces flammes qui déferlent en flot continu sur de nombreux fronts sans l’aide de la pluie. Et ce ne sont pas les fines gouttes enfin tombées à la veille de Noël qu’ils attendent, mais des trombes d’eau.

Dipôle de l’océan Indien

Dans l’immédiat, l’Australie se prépare plutôt à une nouvelle vague de chaleur. Quant aux précipitations, « nous n’attendons rien de significatif dans les semaines à venir. Pas avant fin janvier ou février en tout cas », répond Andrew Watkins, chef des prévisions à long terme au Bureau de météorologie, l’agence gouvernementale.

Cet expert attribue la crise actuelle à trois phénomènes distincts : une phase positive inhabituellement forte du dipôle de l’océan Indien – souvent appelé le « Niño indien » en raison de sa similitude avec son équivalent Pacifique – conjuguée à une phase négative de l’oscillation antarctique – une variation de la pression atmosphérique qui affecte la circulation des vents dans l’hémisphère Sud –, le tout sur fond de réchauffement climatique. Le météorologue explique :

« Sur l’ensemble du continent, depuis 1910, les températures ont grimpé d’environ 1 °C, en moyenne, et dans le Sud-Est, depuis les années 1990, les précipitations ont baissé d’environ 10 %. Ce climat plus chaud et plus sec est responsable d’une saison des incendies plus longue et plus virulente. »

Rien de nouveau pour les centaines de manifestants qui, samedi 21 décembre, dans une odeur de brûlé, traversaient le pont de Sydney pour aller camper devant la résidence officielle du premier ministre, Scott Morrison, en attendant son retour. L’élu conservateur, jugeant sa présence inutile, était parti discrètement passer une semaine en famille à Hawaï, déclenchant un tollé dans un pays déjà à fleur de peau. « On va lui demander des comptes ! On étouffe, on est malade et lui, non seulement il ne fait rien contre la crise climatique mais en plus, il part en vacances ! », s’étrangle Laura, une travailleuse sociale qui brandit une pancarte sur laquelle est inscrit un proverbe aborigène : « Nous ne possédons pas la terre, nous lui appartenons. »

Industrie du charbon

Depuis le début des incendies, de plus en plus de voix s’élèvent pour demander au gouvernement de s’attaquer à la source du problème : la hausse des températures mondiales. Scientifiques, professionnels de la santé, chefs d’entreprise, syndicalistes, agriculteurs, élus, lycéens, membres d’ONG, activistes, simples citoyens, tous sont montés au créneau pour appeler le cabinet à adopter une politique climatique afin que l’Australie, l’un des pires pollueurs au monde per capita, puisse, au minimum, honorer le modeste engagement pris lors de la COP21 : réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 26 % à 28 % en 2030 par rapport à 2005.

Mais Scott Morrison, qui offre régulièrement ses « pensées et prières » aux victimes, se pose avant tout en défenseur de l’industrie minière, pilier de l’économie australienne. En avril, il a même approuvé un projet particulièrement controversé de mine géante de charbon à proximité de la Grande Barrière de corail.

Malgré tout, ce chrétien évangélique affirme à longueur d’interviews que son pays respectera ses engagements internationaux. Ce à quoi aucun spécialiste ne croit.

En réalité, Canberra compte « tricher », selon le terme employé mi-décembre par Laurence Tubiana, architecte de l’accord de Paris, en utilisant les crédits carbone obtenus dans le cadre du protocole de Kyoto pour diminuer drastiquement l’effort à fournir. A la COP25, à Madrid, l’Australie s’est employée à miner la mise au point de règles robustes qui lui auraient interdit d’avoir recours à ce tour de passe-passe.

« C’est dégoûtant. Comment notre gouvernement peut-il faire cela alors que nous en sommes réduits à porter des masques », demande Lily Campbell, l’une des organisatrices de la manifestation de samedi. Après avoir finalement décidé d’écourter son séjour à Hawaï, Scott Morrison a présenté, dimanche, ses excuses à ses concitoyens pour être parti en vacances. En revanche, dès le lendemain, il réaffirmait ses positions en matière de lutte contre le réchauffement climatique, estimant qu’il serait « irresponsable » de tourner le dos à l’industrie du charbon.

Isabelle Dellerba (Sydney, correspondance)

Au moins seize morts après le passage du typhon Phanfone aux Philippines. Le typhon Phanfone, qui a balayé le jour de Noël des villages reculés et des zones touristiques du centre des Philippines, a fait au moins seize morts, ont annoncé, jeudi 26 décembre, les autorités locales. Ce typhon, qui s’accompagnait de rafales de vent atteignant les 195 km/h, a provoqué d’importants dégâts matériels, arrachant les toits des maisons et renversant des poteaux électriques. Phanfone a frappé entre autres la petite île de Boracay (Centre), celle de Coron (Ouest) ainsi que d’autres sites très prisés des touristes pour leurs plages de sable blanc. L’aéroport de Kalibo, qui dessert Boracay, a subi d’importants dégâts, selon un touriste sud-coréen qui s’est retrouvé bloqué et a fourni des images à l’AFP. Quoique moins puissant, Phanfone a suivi la même trajectoire que le typhon Haiyan, le plus dévastateur enregistré dans le pays, qui avait fait plus de 7 300 morts et disparus en 2013, frappant particulièrement la ville de Tacloban. Le typhon, en train de s’affaiblir, s’éloignait peu à peu du pays jeudi, se dirigeant vers la mer de Chine méridionale, selon le centre de prévisions météorologiques Weather Philippines. En moyenne, une vingtaine de typhons et tempêtes tropicales balayent chaque année les Philippines, faisant des centaines de morts. Mi-décembre, une tempête tropicale dans le nord du pays avait fait treize morts.

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26 décembre 2019

Vu sur internet - Superbe !

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25 décembre 2019

Pierre et Gilles

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25 décembre 2019

Lundi 23 décembre 2019 - Disparition. Ahmed Gaïd Salah, le “vrai” chef de l’Algérie, est mort

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Chef d’État-major de l’armée depuis quinze ans, Ahmed Gaïd Salah est mort ce lundi 23 décembre d’une crise cardiaque, ont révélé les médias d’État. Honni des manifestants, il était considéré comme le vrai dirigeant du pays.

L’information fait la une des sites d’informations algériens : Ahmed Gaïd Salah est mort, ce lundi 23 décembre, a confirmé l’agence de presse officielle APS. À 79 ans, le chef d’État-major de l’armée et vice-ministre de la Défense a fait une crise cardiaque à l’aube. Transporté à l’hôpital, il n’a pu être réanimé. “Ahmed Gaïd Salah tire sa révérence”, titre le grand quotidien algérien El Watan.

Cet homme aux fines lunettes et à la moustache poivre et sel était à la tête de la puissante armée algérienne depuis quinze ans. Incarnant le “système”, il était considéré comme le véritable homme fort du pays : celui qui tirait les ficelles derrière Abdelatif Bouteflika, déchu en avril dernier après 20 ans à la tête de l’État, et derrière Abdelatif Tebboune, le tout nouveau président du pays. Investi il y a seulement quatre jours, cet ancien Premier ministre et ancien ministre d’Abdelaziz Bouteflika était souvent dépeint comme une marionnette aux mains de l’armée.

Bête noire des manifestants

Ahmed Gaïd Salah était quant à lui l’ennemi du Hirak, ce mouvement de contestation sans précédent en Algérie. Il n’avait pas hésité à “menacer”, selon les termes d’El Watan, “les traîtres manipulables.” Depuis le mois de février, les manifestants n’ont cessé de réclamer son départ.

Omniprésent sur le terrain, c’est lui qui “en 2019, à la suite de la pression des manifestations populaire contre le régime, a poussé au départ le président Abdelaziz Bouteflika, dont il était un fidèle parmi les fidèles”, estime El Watan. Lui encore qui a maintenu coûte que coûte l’élection présidentielle, alors que son annulation était réclamée par une partie de la population, comme l’écrivait Liberté fin octobre. Les procès contre les caciques du régime Bouteflika, notamment contre son frère Saïd, n’ont pas suffi à satisfaire les protestataires qui estimaient qu’Ahmed Gaïd Salah ne faisait que des sacrifices pour mieux maintenir son pouvoir.

Ancien commandant des forces terrestres, il était considéré comme un tenant de la ligne dure dans l’armée. Son décès, alors que les protestations contre le système ne faiblissent pas, plonge l’Algérie dans encore un peu plus d’incertitudes.

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Politique. En Algérie, “la fin d’une époque ?”

La mort inattendue de l’homme fort du pays, le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah, le 23 décembre, change la donne politique. Alors qu’un mouvement de contestation sans précédent traverse le pays, cette disparition va-t-elle sonner le début d’une révolution ? Le grand quotidien national s’interroge.

La nouvelle du décès d’Ahmed Gaïd Salah, le 23 décembre, a été si inattendue que les sites d’informations algériens ont mis plusieurs heures avant d’oser publier des articles s’éloignant du communiqué officiel. Alors que le pays traverse une période très délicate, avec un mouvement de contestation très fort depuis dix mois et l’arrivée au pouvoir, le 19 décembre, d’un nouveau président très contesté, la disparition de l’homme le plus puissant du pays plonge l’Algérie dans une ère d’incertitude. “Elle constitue sans doute un tournant dans la vie nationale”, estime ainsi El Watan.

Comme la totalité de la presse algérienne, le grand quotidien algérien affiche à sa une une photo d’Ahmed Gaïd Salah. Mais loin des apologies publiées par les journaux proches du régime – tel le Moudjahid, qui évoque le “héros national” – il s’interroge sur l’après-Gaïd Salah. Dans un pays habitué à voir l’armée tirer les ficelles dans l’ombre, “depuis la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika le 2 avril, le patron de l’armée a été propulsé au-devant de la scène comme rarement un haut gradé l’a été, rappelle El Watan. À 79 ans, il fustigeait tantôt les partisans de la transition, tantôt les ‘préalables’ au dialogue ; il s’en prenait aux promoteurs du slogan ‘État civil, pas militaire” en soutenant qu’il était “dicté par des cercles hostiles à l’Algérie.’” “Bref, celui dont on disait qu’il aimait la bonne chère avait son mot à dire sur tous les sujets. À tel point qu’on n’entendait que lui, parmi le personnel officiel”, poursuit le titre.

Omniprésent, Ahmed Gaïd Salah faisait aussi figure d’homme omnipotent. Chef d’état-major depuis quinze ans, un record, il était ainsi devenu “la cible privilégiée des chants du Hirak.” Les manifestants le tenaient pour responsable de la répression, voyaient sa main dans les condamnations de protestataires. “Beaucoup saluent le fait qu’il n’ait pas ‘tiré sur le peuple’ et d’avoir déféré devant les tribunaux des poids lourds de l’ère Bouteflika, ce qui lui vaudra le surnom d’‘El Mendjel’ [la faucille]”, rappelle El Watan. Reste que le chef d’état-major, “fidèle parmi les fidèles” d’Abdelaziz Bouteflika était aussi un tenant de la ligne dure qui avait imposé coûte coûte l’élection présidentielle du 12 décembre dernier, soldée par l’élection d’Abdelatif Tebboune, un autre homme du système. “Abdelmadjid Tebboune qui n’a pas manqué, par ailleurs, de décorer, à cette occasion, Gaïd Salah de sa dernière médaille, celle de ‘l’Ordre du mérite national Sadr’”, poursuit El Watan.

À la fin d’une année marquée par de profonds bouleversements, le titre s’interroge : “La mort [d’Ahmed Gaïd Salah] va-t-elle accélérer le changement souhaité par le Hirak ? Donnera-t-elle plus de liberté d’action au nouveau président ? Les plus lucides tempèrent toute conclusion hâtive en rappelant à juste titre que ce qu’on appelle ‘le système’ a toujours réussi à survivre à ses hommes et à changer de peau sans jamais changer d’âme.”

25 décembre 2019

Gainsbourg et les dieux...

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25 décembre 2019

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25 décembre 2019

Emmanuel Macron

Depuis le 5 décembre, les manifestations et les grèves s’enchaînent contre la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron.

C’est dans ce contexte que l’Elysée, sollicité par Le Parisien, a annoncé que le chef de l’Etat a choisi de ne pas toucher une pension de 6.225 euros bruts mensuels versée aux anciens présidents de la République. Mais il ne s’agit pas d’une véritable pension de retraite.

La décision, symbolique, a fait réagir l’opposition et soulève plusieurs questions.

Pas de « trêve de Noël » de la communication présidentielle. En pleine grève contre la réforme des retraites, l’Elysée a annoncé samedi qu’Emmanuel Macron va  renoncer à une pension spéciale versée aux anciens présidents de la République. L’annonce a fait grand bruit et suscité de nombreuses piques de l’opposition, alors que la mobilisation contre la retraite par points et la fin des régimes spéciaux est entrée dans sa 19e journée ce lundi. La décision du chef de l’Etat est-elle « logique », « démagogique », « symbolique » ? 20 Minutes a soupesé le pour et le contre, et explique pourquoi les anciens présidents sont loin d’être des retraités comme les autres.

A quoi renonce Emmanuel Macron ?

D’abord, rappelons les faits. Sollicité par le journal Le Parisien après le discours d’Edouard Philippe, le 11 décembre, Emmanuel Macron a apparemment pris le temps de mûrir sa décision. Samedi, le quotidien a publié la réponse de l’Elysée : le chef de l’Etat renonce à la pension d’ancien président, à laquelle il a droit selon la loi de 1955.

« Il ne percevra pas cette retraite prévue à la fin de son mandat par la loi, car il estime que cette loi de circonstance a vocation à être normalisée. Il ne se l’appliquera donc pas. Il ne liquidera pas non plus cette somme lorsqu’il prendra sa retraite », dixit un conseiller du président cité par Le Parisien. Mais en réalité, il ne s’agit pas vraiment d’une retraite…

De quoi s’agit-il alors ?

L’Elysée fait référence à l'article 19 de la loi du 3 avril 1955. Il prévoit d’attribuer aux anciens présidents de la République une dotation annuelle d’un montant égal à celui d’un conseiller d’Etat, soit 74.700 euros bruts par an, donc 6.225 par mois, assujettis à l’impôt, a précisé Matignon en mai. La moitié de cette pension est « réversible sur la tête de la veuve ou, en cas de décès, sur la tête des enfants jusqu’à leur majorité ».

Ce n’est pas à proprement parler une retraite, puisque cette somme, prélevée sur le budget de l’Elysée, n’est pas financée par des cotisations.

Cette pension spéciale vient s’ajouter à la retraite que touche logiquement un ancien président, en fonction de ses activités professionnelles et mandats accomplis avant et après son passage à l’Elysée, qui lui ouvrent des droits à la retraite, via des cotisations. Le chef de l’Etat cotise aussi pour sa retraite pendant qu’il est à l’Elysée, en cotisant sur sa rémunération présidentielle (de 15.140 euros bruts mensuels en 2019). Par exemple, François Hollande touche, au total, environ 15.100 euros nets par mois depuis qu’il a pris sa retraite en 2017, selon des estimations de René Dosière, ancien député socialiste et spécialiste de la transparence des dépenses publiques.

Quant à Emmanuel Macron, il a été inspecteur des finances puis banquier d’affaires, cotisant au régime de la fonction publique et au régime général. En 2022, il aura 44 ans et donc encore quelques années devant lui pour travailler et cotiser pour sa retraite s’il le souhaite.

Outre cette pension, qui s’ajoute à sa retraite, à quoi a droit un ancien président ?

Ce n’est pas tout. Les anciens présidents de la République sont membres de droit à vie du Conseil constitutionnel, ce qui leur permet d’encaisser une indemnité mensuelle de 13.500 euros nets, assujettie à l’impôt, nous confirme le Conseil. Emmanuel Macron a aussi prévu de renoncer à ce droit. Au total, il se priverait donc de 19.725 euros bruts par mois à la fin de son mandat présidentiel.

Il n’est pas le premier : plusieurs anciens présidents ont déjà choisi de ne pas siéger au Conseil constitutionnel, et de tirer une croix sur cette somme, comme Nicolas Sarkozy en 2013, et François Hollande en 2017, qui voulait d’ailleurs abroger ce dispositif, mais a fini par y renoncer. Jacques Chirac y a été contraint pour des raisons de santé. Valéry Giscard d’Estaing est donc le seul ex-président à y siéger. La réforme des institutions d’Emmanuel Macron prévoit de supprimer ce droit, mais elle a été retardée.

En outre, les ex-présidents bénéficient de « soutien matériel et en personnel », financés par le budget du Premier ministre : chacun a droit à sept collaborateurs permanents pendant les cinq ans suivant son départ de l’Elysée, puis trois à vie, des bureaux meublés et équipés, depuis un décret de 2016. Au total, les anciens présidents coûtent environ 5 millions d’euros par an à l’Etat (hors frais de sécurité), selon René Dosière, qui a additionné leurs pensions et avantages en nature dans le chapitre « La vie après l’Elysée » de son livre Frais de palais.

Ça va faire des économies ?

On peut sortir sa calculette et faire des projections en fonction de l’espérance de vie d’Emmanuel Macron, de la probabilité qu’il fasse un ou deux mandats, et multiplier le tout par 6.225 euros bruts mensuels. On peut aussi interroger René Dosière :

« La décision d’Emmanuel Macron n’a qu’une conséquence financière infinitésimale. Mais elle va dans le bon sens, néanmoins il faudrait qu’il aille jusqu’à abroger l’article 19 de la loi de 1955 [donnant droit aux 6.225 euros bruts mensuels]. Cette dotation n’a plus de raison d’être aujourd’hui. A l’époque, le président n’avait pas de rémunération officielle, qui n’a été fixée dans la loi qu’en 2008. »

Contacté par 20 Minutes, l’Elysée n’a pas répondu ce lundi sur l’éventuelle abrogation de cette loi, ni sur les détails du futur régime de retraite du président de la République.

Est-ce un geste symbolique et une annonce habile, en pleine contestation de sa réforme des retraites ?

Oui, répond Jean Garrigues, historien spécialiste de la Ve République. « Il ne fait pas un sacrifice très important, car il est vraisemblable qu’après l’Elysée il retrouvera une profession qui lui permettra de toucher une retraite confortable », développe le chercheur. Il ne s’agit pas non plus décision révolutionnaire, puisqu’elle s’inscrit « dans une dynamique, depuis quinze ans, de transparence et de renoncement à certains avantages des élites politiques », poursuit-il, rappelant les efforts faits sous Hollande puis en début de quinquennat Macron.

Mais cette décision symbolique pourrait avoir un effet boomerang, selon Bruno Cautrès, directeur de recherche CNRS. « C’est mieux qu’il l’annonce plutôt que d’être épinglé plus tard pour ne pas avoir réformé sa retraite », note le politologue. « Globalement l’opinion juge que l’on vit trop bien de la politique, et elle est favorable à ce que le président rogne sur son train de vie ».

« Mais c’est une communication paradoxale, car on peut faire diverses interprétations de cette annonce : qu’Emmanuel Macron puisse faire une croix sur 6.000 euros bruts mensuels, cela peut accentuer la dimension de président des riches. C’est un peu comme lorsque Jean-Paul Delevoye annonce qu’il remboursera 140.000 euros, cela peut paradoxalement nuire à son image car qui peut instantanément débourser cette somme pour régulariser sa situation ? ». C’est d’ailleurs un angle d’attaque choisi par l'opposition.

En outre, il n’est pas certain que cette annonce ait un effet sur l’adhésion à la réforme des retraites. « Les Français expriment aujourd’hui leurs nombreuses interrogations sur l’avenir de leur retraite et cette réforme perçue comme très floue ». Emmanuel Macron devrait consacrer une bonne partie de son allocution du 31 décembre à ce dossier épineux.

25 décembre 2019

Milo Moiré

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25 décembre 2019

Caisse, cagnottes... les grévistes s'organisent pour lutter contre la réforme des retraites

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Les cheminots français de la SNCF en grève participent à une manifestation à Paris alors que la France affronte son 15e jour de grève consécutif contre les plans de réforme des retraites du gouvernement français, le 19 décembre 2019.

Texte par : Tiffany Fillon

Alors que la grève contre la réforme des retraites dure depuis 20 jours à la RATP et à la SNCF, les fins de mois s’annoncent difficiles pour de nombreux grévistes. Ils peuvent bénéficier de différents mécanismes d'aide, comme des caisses de grève ou des cagnottes en ligne, pour continuer leur combat.

Au 20e jour de mobilisation contre la réforme des retraites, il devient difficile pour les grévistes de poursuivre le mouvement. En cause : des salaires plus bas dûs aux journées de grève. Et le manque à gagner continuera à se creuser puisque de nombreux grévistes ont annoncé leur intention de poursuivre leur action jusqu'au retrait du projet de réforme. "Ils perdent de l'argent. Les combatifs s'arrangent pour avoir un peu d'argent de côté, mais c'est dur, et plus dur quand le salaire est bas", souligne Fabien Dumas, secrétaire fédéral du syndicat SUD-Rail.

Au sein des organisations syndicales, des solutions sont proposées pour que les grévistes tiennent le coup. La CFDT dispose, par exemple, de la Caisse nationale d’action syndicale (Cnas). Cette caisse fait de la CFDT la "seule organisation syndicale française à disposer d'une caisse de grève pour ses adhérents", financée par une partie de leurs cotisations, comme le note la confédération sur son site Internet.

Grâce à elle, chaque adhérent peut bénéficier d’une indemnité compensatoire, à hauteur de 7,30 euros par heure pour les salariés à temps plein, qui ont effectué plus de sept heures de grève. Par comparaison, au 1er janvier 2019, le SMIC s'élevait à 10,03 par heure, en salaire brut.

Alimenté par les cotisations des salariés adhérents à la CFDT, ce fonds ne sert pas seulement à indemniser les grévistes puisque, selon ce responsable, la Cnas sert aussi à “aider les adhérents et les syndicats en cas de procédures judiciaires”. Il estime le montant total de la Cnas à “plus de 100 millions d’euros”.

Des pertes salariales à compenser

En parallèle, le syndicat a aussi mis en place une cagnotte en ligne, pour "aider financièrement les agents SNCF qui se mobilisent depuis le 5 décembre", peut-on lire sur le site Internet de la cagnotte. Et la CFDT n’est pas le seul syndicat à proposer ce type de cagnottes. Il s’agit même d’un phénomène très répandu, à la fois à l’échelle nationale et locale. L’Unsa ferroviaire dispose par exemple d’une cagnotte nationale sur Internet, qui s’ajoute à celle dédiée aux grévistes de l’UNSA ferroviaire du Languedoc Roussillon.

À la CGT-RATP, "on n'organise pas de caisse de grève", indique Bertrand Hammache, secrétaire général de la CGT-RATP, mais il peut y avoir "des collectes autour des dépôts".

Pas de caisse de grève nationale non plus à la CGT-Cheminots, d'après son porte-parole Cédric Robert. "Des caisses de solidarité locales peuvent exister mais elles n'ont pas vocation à compenser la totalité des pertes" car "les cheminots grévistes vont perdre entre 60 et 100 euros de salaire par jour", signale-t-il.

Interrogé par France 24, un responsable de la CFDT souhaitant rester anonyme est convaincu que la fin du mois de décembre sera difficile pour certains grévistes. "Ils savent pertinemment qu’il y aura une répercussion salariale. Certains vont manger des boîtes de cassoulet à Noël", déplore-t-il, ajoutant qu’"aucune mesure d’accompagnement financier n’existe au sein des entreprises".

Sur les fiches de paie, des diminutions de salaires apparaîtront dès le bulletin de décembre à la SNCF. À la RATP, elles seront reportées à la fin janvier. Si les cheminots ont reçu mi-décembre leur prime de fin d'année, les agents RATP avaient, eux, perçu leur 13e mois à la fin du mois de novembre.

"Une solidarité nationale remarquable"

Face à ces pertes, les grévistes ont développé des stratégies pour supporter le coût financier de la grève. "Les grévistes font comme tous les Français qui ont des fins de mois difficiles. Certains ont envisagé de prendre des crédits, de piocher dans leur découvert" pour financer leur grève, rapporte Thierry Babec, secrétaire général de l'Unsa-RATP, syndicat qui n'a "pas de cagnotte".

Qu’ils soient cheminots ou non, syndiqués ou non, les grévistes peuvent aussi se tourner vers la cagnotte lancée par le syndicat Info’Com-CGT, qui défend des salariés de l'information et de la communication. Créée en 2016 pendant les manifestations contre la Loi travail, elle réunit à ce jour, "806 694 euros collectés pour le mouvement social des retraites”, d’après le site Internet qui l’héberge.

"Cet argent n’est pas celui de la CGT, c’est celui des donateurs", affirme Romain Altmann, secrétaire général d’Info' Com CGT et coordinateur de cette caisse solidaire gérée avec d’autres structures syndicales. Parmi les profils de donateurs, il cite notamment des "personnes qui ne peuvent pas faire grève pour des raisons financières, des femmes employées à temps partiel ou encore des retraités". D’après Romain Altmann, tous les grévistes peuvent bénéficier de ce fonds, qui est versé selon des "critères de répartition définis entre grévistes et syndicats".

À la tête de la CGT, cette initiative issue de la base syndicale fait grincer des dents. Sur Twitter, Laurent Brun, secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots, a dénoncé, dimanche 15 décembre, un système de répartition trop opaque. "Voilà comment on instrumentalise la grève pour collecter de l’argent. Cette collecte ne représente pas les cheminots CGT", a-t-il tweeté, avant d'ajouter : "Vous distribuez à votre bon vouloir et vous laissez croire que vous collectez en notre nom ce qui n’est pas le cas."

Malgré ces réserves, Romain Altmann reste motivé. "Même si en termes de montant, la cagnotte représente une goutte d’eau, elle illustre une solidarité nationale remarquable", se réjouit-il. Lui qui voit cette cagnotte comme un "symbole" sait qu'elle ne pourra pas régler tous les problèmes financiers des grévistes car, affirme-t-il, "leurs pertes de salaires se compteront en dizaines de millions d’euros."

greve30

25 décembre 2019

Kate Moss en couverture du Harper's Bazaar

kate54

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