Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

Jours tranquilles à Paris

30 juillet 2019

“The Operative” : un fascinant thriller sur la crise identitaire d'une espionne

Un thriller d'espionnage d'une grande sobriété sur la crise identitaire d'une agente sous couverture.

de Yuval Adler

operative

Avec Diane Kruger, Martin Freeman, Cas Anvar (All., Isr., Fr., 2019, 1h56)

Montrer le hors-champ des films d'espionnage classiques. C'est sûrement ce qui a convaincu le cinéaste Yuval Adler de faire The Operative. Qu'y a-t-il avant l'exécution d'une opération d'espionnage, avant l'arrivée en Aston Martin, le vodka martini, les coups de feu et les explosions ? Adler délaisse l'action et le bling-bling pour approcher le genre par une grande sobriété à la fois dans sa mise en scène (que l'on pourra trouver toutefois un peu effacée) et dans son récit d'une étonnante simplicité.

Ici, pas de multiples rebondissements, de retournement de veste à double ou triple détente, mais la description attentive et minutieuse de la construction d'une couverture par une espionne. Rachel, ex-agente du Mossad (Diane Kruger, très convaincante), est infiltrée à Téhéran et doit se construire un nouveau cercle d'amis, des habitudes, une réputation.

Une étape fastidieuse et peu impressionnante qui constitue pourtant la base de l'espionnage : tuer son ancienne identité et en faire revivre une autre au sein d'un même corps. On trouvera ici un écho évident avec la préparation minutieuse d'un.e acteur.trice pour préparer un rôle : ne faire plus qu'un avec le personnage, penser comme lui, quitte à ne plus être soi-même.

C'est précisément ce dont parle The Operative : comment le trouble identitaire s'installe chez une agente qui s'isole dans un pays inconnu et commence à ne plus savoir qui elle est. Le spectateur est alors saisi d'un vertige, ne pouvant plus distinguer les actions de Rachel de celles de sa couverture. C'est finalement en voyant The Operative que l'on réalise que, de James Bond à Ethan Hunt, tous les grands espions de fiction sont en fait de sérieux psychopathes.

Publicité
30 juillet 2019

Laetitia Casta se confie à Philippe Besson : découvrez son portrait en intégralité

casta44

Vendredi, Laetitia Casta s’est dévoilée à l’état pur en posant pour deux couvertures de ELLE. Découvrez dans sa totalité l’article que lui a consacré l’écrivain Philippe Besson, et retrouvez sa série mode, actuellement en kiosque.

Elle incarne la féminité absolue mais aussi une forme de liberté. La sublime quadragénaire se confie à l’écrivain Philippe Besson sur l’importance de faire rêver, d’aimer et d’être soi. Irrésistible.

C’est une journée caniculaire, une journée de fin du monde, et, tandis que la chaleur m’accable, Laetitia Casta se présente à notre rendez-vous avec une fraîcheur désarmante. Je me dis que la vie est décidément injuste et je remercie aussitôt cette injustice. D’emblée, nous convoquons nos souvenirs communs : nous avons été voisins jadis, je la croisais le matin, tandis qu’elle accompagnait ses enfants à l’école. Elle sourit à cette évocation. Désormais, ils se débrouillent sans elle. D’ailleurs, quel genre de mère est-elle ? « Le contraire d’une mère égoïste. Mes enfants, je ne les ai pas faits pour moi et je les aime pour ce qu’ils sont. Ma fierté, c’est de les voir prendre leur envol. À mon fils, par exemple, je répète : “N’aie pas peur de ta sensibilité, au contraire, affirme-la, elle est ta meilleure arme dans le monde qui t’attend.” » Voudrait-elle être mère à nouveau ? Elle botte en touche : « Je vis le moment présent, je ne planifie rien. » Car, enfin, voilà deux ans qu’elle est mariée au sémillant Louis Garrel. Tout de même, elle aura attendu longtemps avant de passer devant monsieur le maire. Elle plaisante : « J’ai toujours pensé qu’il fallait se marier tard. Peut-être qu’à 80 ans j’essaierai l’opium. En réalité, j’ai toujours eu peur du mariage, alors que mes parents ont pourtant connu une union heureuse. J’ai fini par dépasser ma peur, mes a priori. C’est une question d’assurance. J’ai pris beaucoup d’assurance. Et puis, vous savez quoi, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. » Sur le site Konbini, elle avait décrit son mari avec ces mots : « maladresse, vivacité, fougue, intelligence ». Elle dit : « J’aurais dû parler aussi de son humour. Il est très drôle. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’avec lui je ne m’ennuie pas ! »

casta et son homme

LA PROMESSE D'UNE VIE EXTRAORDINAIRE

On imagine aisément qu’elle ne supporterait pas l’ennui. Elle confirme : « Toute petite, je me suis fait une promesse. Avoir une vie extraordinaire, c’est-à-dire qui sorte de l’ordinaire. J’ai été entendue par les étoiles. » Prend-elle toujours autant de plaisir à poser devant les photographes ? « Toujours, assène-t-elle. Songez qu’on fabrique du beau. C’est important de faire rêver. On n’est pas là pour assommer les gens… » Je lui fais remarquer que sa précocité dans le métier l’a tout de même privée de son adolescence. Elle est catégorique : « Je ne me suis pas sentie frustrée pour autant. J’ai voulu brûler cette étape. J’ai tout de suite eu envie d’appartenir au monde des adultes. D’ailleurs, au début, ma jeunesse m’a porté préjudice. On se méprenait sur moi : j’étais déguisée en lapin, mais il y avait un lion à l’intérieur. » Repensant au chemin parcouru depuis ses débuts, elle affirme n’éprouver aucun regret. « J’ai fait des conneries, ajoute-t-elle, mais, aussitôt, j’ai pensé : ce ne sont pas des conneries, ce sont des leçons. Quand on fait des choix avec son cœur, on ne peut pas se tromper. »

Une question me taraude : qui est la femme des photos ? Elle ou quelqu’un d’autre ? Y a-t-il une distanciation ? Une schizophrénie ? S’agit-il d’un rôle qu’elle interprète, comme au cinéma ? « Non, ça raconte quelque chose d’intime, on livre quelque chose de soi, on ne peut plus jouer seulement sur les choses extérieures, l’apparence. » Certaines photos cachent peu d’elle. Quel est son rapport à la nudité ? « Quand on arrive au monde, on est nu. Je n’ai pas à me cacher. Et je suis atterrée par la résurgence d’un certain puritanisme. J’aime, par exemple, la force que dégage “L’Origine du monde”, de Courbet. Mais montrer cette œuvre aujourd’hui, ça devient un acte politique. La censure m’horrifie. Finalement, la nudité, c’est un acte de rébellion. C’est affirmer son identité. » Dans le genre « j’assume tout » me revient qu’elle a accompli récemment un numéro de pole dance (oui, de pole dance) en décolleté pigeonnant et chaussures argentées sur la scène du Théâtre de la Porte-Saint-Martin, à Paris, aux côtés de Christophe, avec qui elle s’apprêtait à chanter en duo. La température était soudain montée dans la salle. « Je n’ai pas fait un numéro athlétique, précise-t-elle, mais plutôt sensuel. Je voulais jouer avec le spectateur, que ce soit comme un rêve. Alors, bien sûr, dès que ça déborde, ça pose problème mais, moi, ce que j’aime, justement, c’est quand ça déborde. »

DE L'ADMIRATION POUR LES GILETS JAUNES

On sait qu’elle a choisi de ne pas recourir à la chirurgie esthétique, dans une industrie qui révère la jeunesse. Elle s’en explique : « Le temps qui passe est mon ami. Je trouve ça beau de vieillir. J’attendais depuis longtemps d’avoir 40ans. Maintenant, ça commence à être vraiment intéressant ! » Et le plus fou, c’est qu’elle est absolument sincère. On sait aussi qu’elle n’a pas fait refaire ses dents, dans un monde qui traque impitoyablement les imperfections. Elle s’émeut que «la mode soit devenue parfois une fabrique de modèles, de clones, où tout est aseptisé, où on va même jusqu’à gommer les différences entre les sexes ». Elle se fait songeuse : « Chez Yves Saint Laurent, ce qui primait, c’était la beauté naturelle de la femme parce que cette beauté valorisait son travail, son art. » Elle se souvient du créateur avec tendresse et émotion : « C’est notre timidité qui nous a rapprochés. On se tenait la main et tout me paraissait plus facile. C’est lui qui m’a sortie du rang, lui qui m’a appris à sortir du rang. Lui qui m’a dit : “Tu seras actrice.” » Précisément, on l’a vue, il y a peu, dans « L’Incroyable Histoire du facteur Cheval », de Nils Tavernier. On la reverra bientôt sur Arte dans « Une île », une série fantastique qui propose une relecture moderne du mythe des sirènes. Comment accepte-t-elle les projets ?  « D’abord, mon obsession, c’est de ne pas refaire, de ne pas reproduire, mais, au contraire, de toujours tout remettre en jeu. Ensuite, il y a le sujet. Dans “Le Facteur Cheval”, ce qui m’a plu, c’est de raconter l’amour inconditionnel, le besoin mutuel de s’accompagner. Mon arrière-grand-mère, ma grand-mère accompagnaient leur mari, elles tenaient la maison, mais elles ne subissaient pas. » Ce qui tend à confirmer que, au cinéma, même quand on joue un rôle, on parle toujours un peu de soi. Du reste, le dernier film qui l’a profondément marquée, c’est « Douleur et Gloire », d’Almodóvar : « Il va au plus intime, et avec une honnêteté absolue. » Dès lors, je me sens autorisé à lui demander si elle a vu également « Les Estivants », de Valeria Bruni Tedeschi, où, sous le masque de la fiction, elle (en mannequin soutien-gorge) et Louis Garrel (en comédien infidèle et lâche) semblent apparaître. « Non, assure-t-elle. On m’en a parlé, bien sûr. Mais tout me glisse dessus. Moi, je vais à l’essentiel. » Manière de dire que tout cela n’est, au fond, que péripétie, détail. Plus tard, dans l’entretien, elle dira néanmoins : « Je n’aime pas blesser. Mais si on s’attaque à mon espace vital, alors je peux devenir redoutable. » En somme, il ne faudrait pas la chercher, la Casta. Mais revenons à l’« essentiel ». Ce serait quoi ? Qu’est-ce qui lui importe ? La politique ? Je lui rappelle qu’elle a exprimé de la sympathie pour le mouvement des « gilets jaunes ». Elle me coupe : « Non, pas de la sympathie, de l’admiration ! » Et, tout à coup, c’est très net, ça tient au regard qui se charge d’ombres, au corps qui se redresse, une ferveur nouvelle se manifeste : « Ils sont courageux. Vous avez vu les femmes ? Ce sont elles qui tiennent les comptes à la maison ! Les personnes âgées dans la rue ? Ça dit quelque chose de notre société, quand même ! Ce sont des gens qui galèrent en silence, et, tout d’un coup, ils sortent du silence. Moi, je viens d’un milieu très simple. Je sais ce qu’ils vivent. Ils dérangent, oui, et alors ? Avec eux, on ne sait pas sur quel pied danser ? Tant mieux ! On attendait cette révolution. Cela a réveillé les esprits, ouvert les consciences. La morale est simple : il faut arrêter de prendre les gens pour des cons. »

Elle enchaîne d’elle-même sur un autre combat, celui de #BalanceTonPorc. « Là aussi, les lignes ont bougé. J’ai vu le comportement de certains hommes changer. Ils font davantage attention, désormais. On ne doit pas tomber pour autant dans l’excès, il ne faudrait pas que la censure et la frustration produisent de l’agressivité. Ce qui importe, c’est qu’on comprenne qu’on n’est pas les uns contre les autres mais qu’on est ensemble. » Et puis, elle ne dit plus rien. Et moi non plus. Je comprends que le moment est venu de nous quitter. Cependant, juste avant de prendre congé, et parce que le moment s’y prête, et parce que je tiens à terminer sur une note de douceur, je lui demande, un peu gêné, quel est son meilleur souvenir de vacances. « La Corse, forcément, répond-elle aussitôt dans un sourire. J’empruntais un petit chemin seule, parce que, l’été, mes parents travaillaient, et j’allais nager. J’ai appris à nager dans les rivières. Et après m’être baignée, je m’allongeais sur les grosses pierres chauffées par le soleil. Je me souviens de l’odeur de menthe sauvage et du bruit strident que faisaient les libellules. Je n’ai oublié aucune sensation. » Elle ajoute : « Vous savez, je sais courir sur les cailloux. » On la croit volontiers. On se dit même que c’est ça qu’elle est d’abord : une femme qui court sur les cailloux avec une grâce infinie, comme si elle volait.

Retrouvez la série mode et l’interview de Laetitia Casta dans ELLE, actuellement en kiosque.

================================

Laetitia Casta, née le 11 mai 1978 à Pont-Audemer, dans l'Eure, est une actrice, mannequin et réalisatrice française. Elle débute dans le mannequinat à l'âge de quinze ans et est rapidement remarquée par photographes et stylistes. Jean Paul Gaultier est le premier à la faire défiler. En 1999, elle entame une carrière d'actrice de cinéma avec le film Astérix et Obélix contre César puis de théâtre en 2004 dans le rôle-titre d'Ondine. Elle est, en 2000, le modèle d'un des bustes de Marianne. Elle est faite chevalier des Arts et des Lettres en 2012. En 2016, elle dévoile la réalisation de son premier court métrage En moi à la Semaine de la critique au festival de Cannes.

30 juillet 2019

Autoportrait - Lorsque j'étais jeune

IMG_9110

30 juillet 2019

Fétichisme

fetiche

30 juillet 2019

Le Festival d'Avignon est terminé...

Quelques idées de pièces de théâtre que nous verrons peut-être bientôt à Paris...

"La Journée de la jupe", du film à la scène, une adaptation remarquable

Auteur et réalisateur de La Journée de la jupe avec Isabelle Adjani, Jean-Paul Lilienfeld adapte pour le théâtre dix ans plus tard son film dont le sujet est toujours brûlant (Théâtre du Balcon). Constamment relancée, l’action ne faiblit pas dans ce thriller social où s’entremêlent une vision de la deuxième génération issue de l’immigration, l’échec relatif du mode éducatif, l’affirmation des identités religieuses, avec comme fil rouge une vision machiste des femmes.

"La Dernière bande", Denis Lavant impressionne dans un Beckett radical

"La Dernière bande", un Beckett moins connu, un seul en scène où Denis Lavant impressionne, au carrefour du clownesque et de la pantomime avec cette expressivité dont il est seul détenteur (Théâtre des Halles). Denis Lavant est ce passeur d’histoire. Son art se diffuse jusqu'au pigeonnier, par son seul regard, ses seuls traits, puis ses déplacements syncopés, au rythme de ses pas quand il part en fond de cour et que leur cliquetis résonnent. Fascinant.

"Les Filles aux mains jaunes", les prémices de la libération des femmes

Les Filles aux mains jaunes de Michel Bellier, jolie pièce à la gloire des femmes, est habilement mis en scène par Johanna Boyé (Théâtre Actuel). 1914, les hommes sont mobilisés. A l’arrière les femmes sont appelées à contribuer à l’effort de guerre. Petites souris grises réquisitionnées à la production des obus, quatre femmes vont s’affirmer, entrevoir pour elles une autre place dans la société.

Publicité
30 juillet 2019

David Bellemere - photographe

bellemere67

bellemere68

30 juillet 2019

La pénétration est-elle devenue réac ?

campagnepenectorale-width_6103_height_3051_x_78_y_1742

Toute relation sexuelle serait fondée sur l’introduction d’un pénis dans un vagin… Un dogme ancestral, symbole de domination hétéro, qui est aujourd'hui contesté ou revisité. Tour d'horizon des pénétrés et des pénétrants.

Linda se dit féministe depuis le jour de sa naissance, il y a trente-quatre ans. “Le sexe, ça a toujours été comme les hommes l'ont décidé, c’est-à-dire un pénis dans un vagin. Notre culture est phallocentrique, tout tourne autour de la bite“, déclare cette native de Finlande où l'égalité entre les sexes est un prérequis culturel. “On ne comprend pas vraiment le corps féminin. Notre organe sexuel, ce n'est pas le vagin, c'est la vulve, qui est complètement oubliée.”

Les luttes féministes ont beau être passées par là, elle déplore que le sexe féminin ait encore du mal à être séparé de sa fonction reproductrice. “Les hommes hétéros ont beaucoup de travail à faire, soupire-t-elle en résumant le rapport sexuel type : si on a de la chance, on a le droit à des préliminaires, ensuite une pénétration, et puis le mec jouit et c'est fini.”

“En tant que femme, on attend de toi de satisfaire l'autre, au prix même de ne pas être satisfaite toi-même”

Confessant une libido très active, elle a longtemps eu le sentiment de ne pas être satisfaite. Un soir, elle rencontre un jeune mec de 24 ans, elle en a dix de plus. Ils rentrent chez elle, et alors que se dessine la promesse d'un rapport, il lui dit d'un ton rassurant qu'ils ne sont pas obligés de pratiquer la pénétration. D'abord surprise, elle réfléchit : “Bah oui, pourquoi ne devrait-on faire que ça ? En tant que femme, on attend de toi de satisfaire l'autre, au prix même de ne pas être satisfaite toi-même.”

Test du refus de la pénétration

Suite à cette rencontre, elle décide de faire le test et de refuser désormais la pénétration avec ses partenaires. “Je l'ai fait pendant un an, pas de façon absolument systématique, quand je le sentais, je le faisais. C'était aussi un test pour moi car je suis parfois tellement pressée de le faire que je ne prenais pas de plaisir lors des préliminaires. Avant, le mec commençait à me lécher, et comme je savais que ça allait durer trente secondes, je n’arrivais pas à me laisser aller, alors que là, je savais qu'il n'y allait avoir que ça.” Les réactions se révèlent la plupart du temps positives, “même si parfois des mecs s'énervaient parce que tout d'un coup leur bite n'était plus au centre du truc”. Elle répand la bonne parole, convertissant garçons et filles à sa nouvelle religion, leur assurant béatitude et sublimation.

Une sexualité sans pénétration ? Si certaines peuvent lui trouver des charmes théoriques, en pratique, le projet est loin de faire l'unanimité chez toutes les filles. Marie*, Parisienne de 34 ans, ne se l'imagine pas une seconde. “Etre pénétrée, ça me fait penser à quand je suis à la plage et que je rentre entièrement dans l'eau. C'est un soulagement et aussi une excitation. J'ai l'impression que le reste c'est du touche-pipi, je m'emmerde très vite avec les préliminaires.” La perspective d'une sexualité sans pénétration et les promesses libératrices de Linda la laissent perplexe.

 “Je ne suis pas d'accord avec cette terminologie actif, passif. Quand tu es pénétrée, tu n'es pas si passive que ça”

Mais si elle se fait la défenseuse de la bonne vieille pénétration, s'excusant presque d'avoir une sexualité conventionnelle, après plusieurs années en couple avec le même mec, elle dit cependant baiser parfois avec des filles. “J'ai déjà pénétré des meufs. D'ailleurs, je ne suis pas d'accord avec cette terminologie actif, passif. Quand tu es pénétrée, tu n'es pas si passive que ça.” Les filles n'auraient-elles pas envie parfois de faire voler en éclats le bon vieux schéma pénétré-pénétrant assigné d'un côté aux filles, de l'autre aux garçons ? Techniquement, tout est possible. “Quand je n’ai pas envie, je me dis que j'aimerais inverser les rôles avec mon mec”, lâche Charlène, songeuse.

penetration 23

Inversion des rôles

Inverser les rôles, c'est un jeu que connaissent bien les gays et les lesbiennes. Même si Pedro, gay trentenaire qui a grandi au Chili, nuance le tableau : “En Amérique du Sud, la société est beaucoup plus conservatrice, et même dans la communauté gay, il y a une redistribution hétéronormée des rôles. Au Chili, sur les applis de rencontres type Grindr, les mecs mentionnent très souvent qu'ils sont soit passifs, soit actifs. Et pour ceux qui sont versatiles, certains emploient le terme 'moderno'. Comme si la redéfinition des rôles était liée à la modernité. Mais beaucoup de gays en Europe restent aussi sur le vieux schéma.”

Les vieux schémas, quels qu'ils soient, sont assez étrangers à Laura, “gouine assumée”, millennial à l'aise avec son corps et qui sait en faire profiter les autres. “Je suis un très bon coup, on me le dit souvent.” Elle parle donc de sexualité comme si c'était le sujet de son doctorat. “Je n'ai jamais rencontré de lesbiennes qui disaient qu'elles étaient uniquement 'actives' ou 'passives'. On a été éduquées à être passives vu qu'on est des femmes, mais les rôles s'inversent très souvent au cours d'une relation. J'avais un rejet de la pénétration en tant que jeune lesbienne, peut-être parce que les plus vieilles y étaient farouchement opposées, alors que maintenant j'adore me faire pénétrer.”

Lesbienne et pénétration

Elle déplore le cliché selon lequel les lesbiennes ne s'intéresseraient pas à la pénétration. “Moi-même, plus jeune, je n’explorais pas trop le vagin, parce qu'on ne parlait que du clitoris. Après, tu apprends que le plaisir vient d'un savant mélange des deux.” Elle s'arrête pour faire un point bibliographie et nous parler de l'Instagram clitoclit. Une série de planches anatomiques qui compare les organes génitaux masculins et féminins et révèle leurs similitudes plus que leurs différences. “C'est un mystère pour les femmes elles-mêmes, leur sexe.”

Dans son discours revient souvent l'idée de jeu, et surtout de jeu de pouvoir, du même ordre qu'un jeu de rôle. C'est à ça que servent les strap-on (ou gode ceinture comme disait mamie). “On joue avec, on se fait des fellations. La première fois que j'ai pris une meuf avec, j'ai joui direct avec le frottement du strap-on. Quand j'étais plus jeune, j'avais un déni de ma sexualité et je ne voulais pas de toys, parce que c'était comme si on avait besoin d'une bite.”

Réciprocité pénétré-pénétrant

La réciprocité pénétré-pénétrant apparaît souvent au cœur des discussions avec les filles qui veulent inventer une autre sexualité. Alice est hétérosexuelle, mais sexuelle avant tout, du type prêtresse érotique qui souhaite initier tous ses nouveaux partenaires au plaisir prostatique. “Moi, je ne peux plus aujourd’hui coucher avec un homme qui me dit qu’il n’est pas ouvert à ça. Les mecs, tu leur dis : 'Bonjour, le paradis, c'est par ici.' Ils répondent : 'Ah non, pas possible pour moi, impossible de mettre quelque chose dans mes fesses.' Ce n’est pas de la discrimination, juste que cette répartition des rôles est boring. Par contre, après, quand ils sont au lit avec toi, ce sont les premiers à vouloir te sodomiser… En toute logique.”

Dans la Grèce antique, pour les hommes, se faire enculer était un rite initiatique pour entrer dans l'âge adulte et éprouver le féminin avant d'y renoncer à jamais. Pourtant, une fois qu'il y eut goûté, François n'a pas voulu retourner en arrière. Il a longtemps été hétéro et se définit désormais comme pansexuel. En couple pendant douze ans avec une fille – “le seul truc qu'on avait refusé du schéma hétéronormé était de faire des enfants” –, il a butiné après sa rupture pour finalement se mettre en couple avec une fille qui s'est affirmée lesbienne lors de leur relation, de quoi lui permettre d'ouvrir son champ de vision.

Dominant et dominé

“Ma sexualité a commencé au moment où j'ai été pénétré. Peu importe l'intensité de ton désir homosexuel. Jusqu'à ce moment-là j'avais une sexualité banale, voire triste. Je ne faisais jamais de préliminaires, quasiment jamais de cunnilingus. Une sexualité qui reposait sur mon sexe triomphant. La seule nuance, c'est que je pouvais mettre ma bite dans son cul.” Comme il aime expérimenter, il se retrouve une fois à baiser un mec. Il le recontacte un peu plus tard et, par besoin de réciprocité, lui propose un deal : “Vu que tu es le premier mec que j'ai pris, je veux que tu sois le premier mec qui me prenne. C'est bien d'être dominant et dominé, pénétré et pénétrant.”

Quand on interroge des mecs hétéros qui se font pénétrer par leur copine, eux n'ont pourtant pas tant l'impression de renverser les jeux de pouvoir. “Ne pas pénétrer une meuf, ça peut être aussi un outil de domination. Tu comprends que le jeu est plus long sans pénétration”, nous confesse Maxime, qui se définit comme quelqu'un d'ouvert d'esprit et de curieux. Les adeptes du plaisir prostatique ont tous une âme d'explorateur. C'est aussi le cas de Rémi, qui a essayé très tôt avec une fille avec laquelle il est toujours en couple. “Je suis très dominant, même quand je suis pénétré”, avoue-t-il. Plutôt grande gueule et provocateur, il aime en parler autour de lui. “Tu as quand même une influence sur les gens. Tu en parles avec des potes qui disent qu'ils sont contre et deux ans après ils te disent qu'ils ont essayé. J'ai l'impression que les mecs ont peur surtout.”

penetration24

“Etre considéré comme une femme ou un gay reste la grande peur des hétérosexuels”

Martin Page

Il y a quelques mois, Martin Page publiait un petit essai qui a su faire parler de lui, Au-delà de la pénétration (éditions Monstrograph), où il essayait de repenser la pénétration depuis sa position d'homme hétérosexuel. “Le but de la pénétration, au fond, n’est pas vraiment le plaisir des deux partenaires, mais en premier lieu celui de l’homme, puis éventuellement celui de la femme (d’ailleurs, la pénétration cesse généralement quand l’homme a atteint son plaisir). C’est l’instauration d’une relation inégalitaire comme modèle”, écrit-il. “C’est bien ça l’enjeu pour certains : ils pénètrent pour ne pas risquer de mettre à jour leur propre désir d’avoir un doigt ou un gode dans l’anus, pour ne pas devenir un être pénétrable, c’est-à-dire, dans leur stupide esprit macho : une femme ou un homosexuel. Donc un dominé, un faible. Etre considéré comme une femme ou un gay reste la grande peur des hétérosexuels.”

Repenser sa sexualité

L'essai se veut une ode aux sexualités différentes. Il s'aventure à une analogie entre “l’animalisme (plus généralement la critique de la suprématie humaine) et la critique de la suprématie de la pénétration. Manger de la viande et pénétrer sans se soucier de l’autre est l’attitude d’un être qui profite de son statut de dominant sans se penser dominant”, mettant dans le même sac “les hommes hétérosexuels omnivores, les fanas de barbaque et de pénétration. Ceux qui dominent la planète et la détruisent.”

Il est amusant de constater que la métaphore culinaire est constamment revenue dans la bouche des personnes interrogées pour parler de pénétration, comparée presque toujours au plat principal d'un repas. La plupart, fins gourmets, ne pourraient se passer de l'entrée, du café et du dessert. Pour Linda, notre prospectrice sexuelle finlandaise, le renoncement temporaire à la pénétration n'a pas été vécu comme un jeûne. “C'est plutôt comme si les haricots verts remplaçaient l'entrecôte.” Alors que les scientifiques s'accordent à dire que nous devrions passer à un régime végétarien pour sauver la planète, peut-être pourrait-on prolonger l'analogie et imaginer un défi aussi insurmontable : est-ce que “papa dans maman” restera longtemps le modèle hégémonique de sexualité ? Ou l'être humain, pour la survie de son plaisir, va-t-il aussi devoir repenser sa sexualité ?

*Le prénom a été modifié

29 juillet 2019

"Into the Wild": en Alaska, une randonneuse meurt en voulant rejoindre le bus du film

Un endroit très difficile d'accès, où il faut notamment traverser la rivière Teklanika qui présente un courant particulièrement violent.

Par Léo Tourbe

bus

Le célèbre bus d'"Into the Wild" en Alaska.

ALASKA - Ne pas forcément reproduire ce que l’on voit dans les films. Une femme biélorusse l’a appris aux dépens de sa vie. Jeudi 25 juillet, elle s’est tuée alors qu’elle voulait rejoindre le mythique bus dans lequel le héros du livre, puis du film “Into the Wild”, s’est abrité.

Situé au plein milieu de l’Alaska aux États-Unis, le bus est très difficile d’accès. Pour cela, il faut traverser la rivière Teklanika qui présente un courant particulièrement violent. Accompagnée de son mari pour cette expédition, la Biélorusse a été emportée par le courant lors de la traversée. Son mari a pu la tirer hors de l’eau mais il était déjà trop tard, comme l’a rapporté le Fairbanks Daily News-Miner.

Le livre de Jon Krakauer, qui date de 1996, raconte l’histoire de Christopher McCandless, un étudiant qui plaque tout pour aller vivre une aventure en Alaska, en 1992. Il trouve alors refuge dans ce bus et y reste une centaine de jours avant que son corps soit retrouvé sans vie dans un sac de couchage deux semaines plus tard. La consommation d’une plante toxique qu’il pensait comestible a eu raison de lui.

Depuis, des fans du livre et de l’adaptation cinématographique de Sean Penn (2007), se lancent le défi de rejoindre le bus, installé à l’origine pour abriter des ouvriers pendant la construction d’une route dans les années 60.

Les sauveteurs ont malheureusement souvent affaire à des randonneurs mal préparés. En 2013, un trio d’Allemands, ne pouvant plus retraverser la rivière à cause de la montée des eaux, avait été secouru par un hélicoptère militaire. Un mois plus tard, un autre groupe de trois randonneurs avait aussi été sauvé de justesse.

29 juillet 2019

Météo : coup de vent attendu la nuit prochaine sur la Bretagne

meteo

29 juillet 2019

LIBERATION - la une de ce matin

libé lundi

Publicité
Publicité