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Jours tranquilles à Paris

21 juillet 2020

Carnoët - Vallée des Saints : « retrouver la sérénité »

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Remettre les finances sur les rails, stabiliser la situation administrative et « retrouver de la sérénité », tels sont les objectifs de l’équipe à la tête de la Vallée des Saints. Jean-René Cougard, président de l’association, répond aux critiques de Philippe Abjean, l’un des fondateurs du site.

Voulez-vous faire de la Vallée

des Saints un parc de loisirs ?C’est effectivement prévu dans les statuts de l’association, rédigés il y a douze ans. Mais il est hors de question, évidemment, pour notre équipe de se diriger dans cette direction.

Quant aux accusations d’affairisme, de dérive commerciale, plus de 300 sociétés, en plus des particuliers, nous ont apporté des dons, depuis dix ans, pour que la vallée des Saints puisse vivre. Est-ce de l’affairisme ? Comment faire autrement ?

Un parking payant, bientôt, les toilettes… Fini, le principe de gratuité ?

L’accès gratuit au site est le fondement même du projet. On est très attentif à cette notion et on le restera. Quant aux toilettes, elles coûtent à l’association 32 000 € par an (papier, entretien). Pour y faire face, il faut prendre sur les dons et subventions : ce n’est pas leur but. Courant 2019, le directoire et le conseil de surveillance et d’éthique (*) ont donc proposé d’assurer ce financement en installant une gâche automatique (0,50 €).

Néanmoins, ce dispositif ne sera pas installé pour le moment. S’agissant du parking, qui devenait nécessaire du fait de l’augmentation de la fréquentation du site, la précédente équipe, dont je faisais partie, a décidé, le 21 juin 2019, de le rendre payant (2 € par voiture) puis, le 20 décembre, d’installer une barrière automatique dont le coût (25 000 €) a été financé par un entrepreneur breton. Il faut noter que le parking actuel n’est que provisoire. Le définitif se situera au sud, sur un terrain où nous disposons d’un permis d’aménager. Cela nécessite toutefois 150 000 € d’investissements. Ce qui impose des finances saines et équilibrées, ce qui n’est pas le cas.

Comment comptez-vous rééquilibrer les comptes ?

Remettre les comptes d’équerre est notre priorité. Un audit est en cours. Mais il est sûr que le modèle de fonctionnement devra être différent. Il faudra séparer nettement l’activité et les finances de l’association, qui récolte des dons et subventions pour faire sculpter les statues, de la société commerciale qui gère la boutique et la restauration. Le mélange des genres a fragilisé cette dernière et la Vallée des Saints toute entière. Le financement et la gestion des deux structures devront être totalement indépendants. Nous travaillons ainsi notamment sur un modèle de mécénat de fonctionnement, par exemple, pour le financement du parking.

Pourquoi réclamez-vous un retour à la sérénité ?

Au-delà même d’une situation financière, juridique et administrative complexe, ce que n’a pas arrangé l’arrêt de l’activité dû au confinement, il est compliqué de travailler dans un contexte permanent d’attaques par voie de presse mais aussi d’interventions par SMS ou courrier d’avocats. Cette escalade est dangereuse. Le site vient d’être victime d’actes de vandalisme. On ne sait pas qui en est le responsable.

Mais cela montre qu’il est temps de calmer les esprits, d’organiser le débat. Sinon, on court le risque que cela monte encore d’un cran et qu’on en arrive à des menaces physiques… La vallée des Saints est un projet extraordinaire que l’on veut transmettre à d’autres générations. Ne le gâchons pas.

(*) Conseil d’administration.

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21 juillet 2020

Jean Paul Goude

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21 juillet 2020

Récit - Combi Volkswagen, le nec plus ultra du road trip estival

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Par Jean-Michel Normand

Sur la voiture des vacances 1/6 – Solide, fiable et pas si inconfortable qu’il n’y paraît, la petite maison mobile allemande s’est d’abord imposée comme la vraie voiture rebelle. Aujourd’hui, ses adeptes se sont coupé les cheveux, ont abandonné le patchouli et fait des enfants.

Modeste fourgonnette tôlée destinée à la reconstruction d’une Allemagne en ruine, le Volkswagen Combi est devenu une icône de la route en choisissant les chemins de traverse. Désigné comme une « boîte montée sur roues », il est directement issu de la première Coccinelle et naît en 1950, griffonné sur un carnet par l’importateur Volkswagen aux Pays-Bas qui avait perçu le potentiel de l’engin.

AVANT DE SE PAVANER EN BENTLEY, LES ROLLING STONES DURENT SE TASSER DANS LE COMBI DE LEUR PREMIER PIANISTE, IAN STEWART.

Rudimentaire et pratique avec son ouverture latérale coulissante dite « porte de grange » qui permet de charger la marchandise sur le côté (l’arrière est en partie occupé par l’inimitable quatre-cylindres à plat de Wolfsburg), il est surnommé « Combi » par les Français (abréviation de Kombinationenwagen, c’est-à-dire « voiture tous usages »). Les Allemands, en revanche, l’appellent « Bulli » (« bouledogue ») à cause de son pare-brise en deux parties qui lui donne un air légèrement renfrogné.

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Dès 1951, Volkswagen explore le filon des loisirs avec le coquet Samba Bus, reconnaissable à ses vingt-trois (!) fenêtres et hublots, sa peinture bicolore et son toit ouvrant souple. Devant le succès qu’il rencontre, il est décidé de lancer avec l’aménageur Westfalia des versions du Combi avec banquette Clic-Clac, table rabattable, jolis tissus et rideaux à franges.

Plus tard apparaîtra la célèbre trappe qui permet d’installer sur le toit un matelas sous une toile de tente. En reproduisant l’univers domestique à l’intérieur d’un véhicule utilitaire, le Combi a créé le camping-car, un vagabond de la route qui se pose en alternative plus souple et moins grégariste au caravaning.

Partir à l’aventure et cultiver un mode de vie parallèle, à l’écart des standards dominants, c’est aussi ce à quoi aspire la jeunesse des années 1960. Alors que certains ne rêvent qu’aux petits roadsters anglais et italiens ou aux pony cars lancés dans le sillage de la Ford Mustang, d’autres vont adopter le Combi qui n’a, a priori, rien d’une voiture de jeunes mais dont les caractéristiques collent parfaitement à leur mode de vie.

Véhicule officiel du mouvement Flower Power

Solide, fiable et pas si inconfortable qu’il n’y paraît, la petite maison mobile allemande profite de la popularité de la Volkswagen Coccinelle pour s’imposer des deux côtés de l’Atlantique comme la vraie voiture rebelle.

Entre autres avantages, la fourgonnette Volskwagen présente celui de faire bisquer les parents et d’adresser un pied de nez aux grosses voitures américaines. Elle fait de l’œil aux surfeurs californiens qui y logent leurs planches et peuvent y dormir. En Angleterre, les petits groupes de rock qui partent en tournée y entassent matos et musiciens. Avant de se pavaner en Bentley, les Rolling Stones durent se tasser dans le Combi de leur pianiste, Ian Stewart (1938-1985).

Avec le van Volkswagen, on peut aller au bout du monde. C’est le nec plus ultra du road trip estival entre copains et copines de la Beat generation. Il ne réclame pas beaucoup d’égards ni d’essence, et son moteur, facilement accessible, se répare avec trois bouts de fil de fer.

En août 1969 du côté de Woodstock, dans l’Etat de New York, on peut assister à un gigantesque embouteillage de ces parallélépipèdes couverts de peintures psychédéliques. Transformé en tee-shirt tie & dye roulant, le Combi est devenu le véhicule officiel du mouvement Flower Power.

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D’ailleurs, le gros logo VW tout rond ne demande qu’à être détourné en symbole de la paix cher à la génération hippie. Pendant des décennies, cette voiture va transporter les amateurs de rock psychédélique dans le sillage de leurs groupes fétiches. En 1990, lors du dernier concert donné à Paris par The Grateful Dead, le parking du Zénith était envahi par les Combis bigarrés des fidèles de cette formation californienne emblématique de la contre-culture.

En prenant de l’âge, le petit peuple du Combi va se couper les cheveux, abandonner le patchouli et faire des enfants. La camionnette s’embourgeoisera sans complexe en abandonnant le moteur arrière et se faisant appeler « Caravelle » (pour familles nombreuses) ou « California » (le camping-car). Après avoir envisagé un revival néorétro du Combi baba cool, Volkswagen devrait enfin tenir sa promesse à partir de 2022. Il s‘agira d’un microbus à propulsion électrique qui pourrait être baptisé « e-Samba ».

21 juillet 2020

Extrait d'un shooting - photos : Jacques Snap

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21 juillet 2020

Carlos Ghosn évoque un « obstacle technique » à son audition par la justice française

L’ex-patron de l’Alliance Renault-Nissan explique au « Parisien » que sa liberté de circulation n’est pas garantie. Il préférerait être auditionné à Beyrouth, au Liban.

Après avoir exprimé ses réticences à l’idée de s’expliquer devant la police française, l’ancien patron de l’Alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a évoqué un « obstacle technique » à son audition par la justice tricolore, dans une interview lundi 20 juillet au quotidien Le Parisien.

Accusé de malversations financières, M. Ghosn avait été arrêté au Japon en novembre 2018. Fin 2019, il avait rejoint le Liban, en passant par la Turquie, lors d’une opération d’exfiltration. Selon Le Parisien, il devait être entendu le 13 juillet par un juge d’instruction à Nanterre.

« Mes avocats discutaient avec le juge des conditions de cette audition depuis des semaines. Il y a un obstacle technique. Mon passeport est entre les mains du procureur général au Liban, car le Japon a émis un mandat d’arrêt international me concernant. Je souhaite aussi avoir la certitude que ma sécurité est assurée et que l’on me garantit une liberté de circulation », a expliqué M. Ghosn, précisant que pour se rendre en France il doit « traverser d’autres pays ».

« Personne ne peut m’assurer que le voyage sera sans interruption, sans accident. Le juge pourrait par exemple me faire interroger à Beyrouth où je suis prêt à répondre à toutes ses questions », a assuré l’ancien magnat de l’automobile.

« Je n’appartiens pas à l’establishment »

Carlos Ghosn était en liberté sous caution, avec interdiction de quitter le Japon, quand il a été exfiltré de l’Archipel lors d’une évasion spectaculaire le soir du 29 décembre 2019. Une fois au Liban, il s’est posé en victime d’un « coup monté » et a assuré ne pas avoir eu « d’autres choix » que de fuir une justice « partiale ».

Début juillet, un tribunal d’Istanbul (Turquie) a commencé à juger sept ressortissants turcs accusés d’avoir aidé M. Ghosn dans sa fuite. Selon l’acte d’accusation, ce dernier était dissimulé pendant le trajet dans un volumineux caisson pour instrument de musique dans lequel des trous avaient été percés afin de lui permettre de respirer.

Interrogé par Le Parisien sur ce qu’il attendait de la France, Carlos Ghosn a répondu qu’il n’était « pas naïf… ». « Je n’ai pas fait l’ENA, je n’ai pas les connexions habituelles du patronat français, je n’appartiens pas à l’establishment. Le microcosme ne me considérait pas à juste titre comme faisant partie des siens », a-t-il détaillé.

Interrogé par ailleurs sur son bilan contesté à la tête de l’alliance Renault-Nissan, il a répondu qu’il en était « fier ».

« J’aimerais que l’on m’explique, si j’étais mauvais, pourquoi on a renouvelé mon contrat en juin 2018, soit quelques mois seulement avant mon arrestation au Japon ? Le conseil d’administration où siègent deux représentants de l’Etat m’a demandé dans son ensemble de rester quatre ans de plus. Ils connaissaient tout de moi : ma stratégie, mon management, ma personnalité. Cela fait tout de même dix-sept ans que je suis à la tête de Nissan, treize ans de Renault, trois ans chez Mitsubishi. Si j’avais été un “fou des volumes” [de production], on s’en serait aperçu, non ? »

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21 juillet 2020

Festival La Gacilly-Baden Photo : Gerd Ludwig

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Cette année, le Festival La Gacilly-Baden Photo en Autriche présente deux expositions du photographe Gerd Ludwig, intitulées “L’ombre Longue de Tchernobyl” et “Moscou – Un Vent de Changement”. Débutant sa carrière en Allemagne, Ludwig, qui réside désormais à Los Angeles, est un photographe documentaire spécialisé dans les questions environnementales et l’ex-Union soviétique. Les deux thèmes convergent dans ses documents sur plusieurs décennies sur les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl, allant des images dans le réacteur délabré et hautement contaminé (s’étant aventuré plus profondément dans le réacteur que n’importe quel photographe occidental), à des images troublantes de poupées et de masques à gaz abandonnés ,réorganisé par les touristes visitant la zone d’exclusion.

Sa deuxième exposition met en évidence sa couverture étendue de 30 ans de l’évolution rapide de la métropole Moscou.

Le portrait de Ludwig de l’ex-Union soviétique est profondément enraciné dans son éducation dans l’Allemagne de l’après Seconde Guerre mondiale. En tant que jeune enfant réfugié, dans l’obscurité d’un espace exigu qui servait à la fois de cuisine, de chambre et de salon, il écoutait la voix triste et apaisante de son père, un soldat allemand qui a survécu à Stalingrad. Les histoires écoutées à l’heure du coucher rappelant les paysages hivernaux, les soldats qui se frayent un chemin à travers les blizzards et les gens craintifs cachés dans les écuries et les granges étaient la tentative de son père de se débarrasser des terribles souvenirs de guerre. Adolescent, Ludwig prend douloureusement conscience des souffrances que l’Allemagne a infligées au monde. Frappé par la culpabilité générationnelle, sa concentration de toute une vie sur la Russie et l’ex-Union soviétique est devenue sa tentative de discerner le passé.

Pendant des décennies, Ludwig a été le principal photographe de National Geographic qui a documenté la vie dans l’ex-Union soviétique, se concentrant spécifiquement sur les problèmes socioéconomiques et environnementaux en Russie, au Kazakhstan et en Ukraine. «Il a l’œil d’un photographe d’art et est toujours à la recherche d’un point de vue oblique», partage l’écrivain / éditeur Reuel Golden. «De nombreux photojournalistes ont une vision légèrement clichée de la Russie et photographient le pays en monochrome. Ludwig adopte une approche plus audacieuse et colorée, ce qui donne à ses sujets une apparence plus humaine, moins unidimensionnelle.

Le Festival La Gacilly-Baden Photo, qui a lieu chaque été, attire des milliers de personnes à Baden, en Autriche, pour profiter d’expositions de photographies à couper le souffle exposées en plein air parmi les parcs, les jardins et les bâtiments de la ville. Le Festival La Gacilly a été créé en 2004 par Jacques Rocher pour célébrer la photographie dans la petite commune bretonne de La Gacilly, en France. Fruit de la collaboration entre Rocher et l’éditeur / photographe autrichien Lois Lammerhuber, le premier Festival annuel de La Gacilly-Baden a eu lieu en 2018. Cette année, il est dédié à la photographie en Europe de l’Est et se déroulera du 14 juillet au 26 octobre. Plus d’informations peuvent être trouvées ici.

Le cadre d’un festival en plein air fait du Festival La Gacilly-Baden l’un des rares moyens restants de présenter physiquement la photographie à un large public au milieu de la pandémie. Néanmoins, les règles de distanciation sociale s’appliquent.

www.longshadowofchernobyl.com

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21 juillet 2020

Laurent Joffrin lance un nouveau mouvement social-démocrate

Article de Sylvia Zappi - Le Monde

L’ex-directeur de « Libération » veut créer un parti de gauche réformiste. Au PS, beaucoup y voient une manœuvre de François Hollande

Passer du journalisme à la politique est devenu chose courante ; fonder un parti politique quand on est directeur d’un journal l’est moins. Surtout en plein cœur de l’été. C’est pourtant ce que projette Laurent Joffrin, ex-directeur de la publication et de la rédaction de Libération, qui a annoncé le lancement d’une association pour recomposer la gauche, dans un appel intitulé « Engageons-nous », publié par l’Agence France-Presse, dimanche 19 juillet. Accompagné de 130 personnalités du monde de la culture, intellectuels, artistes, militants associatifs, cadres d’entreprise et anciens syndicalistes, l’éditorialiste entend redonner du souffle à la gauche réformiste afin qu’elle redevienne « centrale ».

Les municipales ont créé un « espoir » à gauche en permettant à cette dernière d’emporter plusieurs villes et métropoles, assure le manifeste. Mais le succès rencontré à l’échelle locale n’est pas reproductible au niveau national en l’absence d’un programme « crédible », construit « pour gouverner ». Laurent Joffrin et ses amis – entre autres, les artistes Agnès Jaoui et Ariane Mnouchkine, les sociologues François Dubet et Michel Wieviorka, la femme de lettres Noëlle Châtelet, la journaliste Laure Adler ou encore l’universitaire Dounia Bouzar – déplorent que la gauche réformiste ait laissé, depuis sa défaite en 2017, le champ libre à Emmanuel Macron face à Marine Le Pen. Ils veulent créer une « force centrale », seule capable de porter une candidature en 2022 qui ne soit pas de témoignage, comme celles, selon eux, des écologistes et des « insoumis ». Pour ce faire, il faut, selon les initiateurs, inventer un troisième courant qui unifie les partis réformistes – Parti socialiste (PS) et Parti radical de gauche –, mais aussi des déçus du macronisme et des personnalités de la société civile.

Le journaliste de 68 ans explique qu’il ne se résout pas à voir le PS (dont il fut membre) « s’effacer ».« Il faut réaffirmer des valeurs et des propositions pour que cette gauche-là existe, dit-il. Je veux plaider pour l’émergence d’un nouveau mouvement politique, citoyen, où l’écologie ne domine pas tout. » Les mots ressemblent à s’y méprendre à ceux de certains caciques du PS, comme aux critiques de François Hollande et Bernard Cazeneuve. Ces derniers ont la dent dure contre la direction socialiste emmenée par Olivier Faure, qu’ils accusent de brader le parti en disparaissant dans la « social-écologie ».

« Petite caste bourgeoise »

A la direction du PS, on voit plus que l’ombre de l’ancien chef de l’Etat derrière l’appel de Joffrin. « C’est une rampe de lancement pour sa candidature. Cela fait des mois que Hollande cherche une fenêtre par où rentrer dans la vie politique. Mais il ne se rend pas compte que personne ne veut de lui, car s’il y a bien un truc qu’on nous reproche, c’est son quinquennat », critique un proche de M. Faure. La date de la conférence de presse présentant l’initiative – le 20 juillet –, le profil des signataires, l’annonce d’« assises sociales et écologistes » pour lancer un nouveau parti font aussi tiquer les socialistes. « Tout ça est signé Hollande. Derrière, il y a la petite bande qui se réunit chez Julie Gayet [la compagne de l’ancien chef de l’Etat], une petite caste bourgeoise qui fait de la politique le samedi soir », s’agace un cadre.

Laurent Joffrin reconnaît avoir parlé de son initiative à François Hollande, dont il est un intime, tout comme à l’ex-ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, mais aussi à Ségolène Royal et à Jean-Christophe Cambadélis. « Cette ligne d’un printemps socialiste est plutôt raccord avec ce que je pense », relève l’ancien premier secrétaire du PS, battu aux législatives en 2017. Quant aux proches de François Hollande, ils assurent que celui-ci regarde l’initiative de son « ami de quarante ans »« avec bienveillance » : « Il pense que c’est utile de réaffirmer une pensée sociale-démocrate », assure une collaboratrice. Le journaliste se défend toutefois de toute influence. « Je propose ce que j’écris depuis trois ans », explique-t-il. Et si Jean-Marie Cambacérès, ancien député, a embarqué son club Démocratie 2012 (constitué de fidèles à M. Hollande) dans l’aventure, comme l’a révélé Le Figaro, c’est par conviction, assure-t-il. Le mouvement de M. Joffrin devrait être lancé le 30 août, dans un théâtre parisien. Le même week-end que l’université d’été du PS.

20 juillet 2020

P Magazine

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20 juillet 2020

Sommet européen : un coup de grippe-sous

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Par Jean Quatremer, Correspondant à Bruxelles 

Après trois jours de négociations autour du plan de relance franco-allemand, les chefs d’Etat et de gouvernement n’avaient toujours pas trouvé d’entente dans la soirée de dimanche. En cause notamment, l’intransigeance du club des «radins».

L’UE n’a pas attendu longtemps après le Brexit, le 31 janvier, pour trouver son nouveau «Monsieur non», en l’occurrence les Pays-Bas. Ce n’est pas la même puissance, mais c’est la même détermination à refuser la moindre intégration supplémentaire. Mark Rutte, le Premier ministre libéral néerlandais, surnommé le «David Cameron des radins» par un diplomate européen, qui peut compter sur l’appui de l’Autriche, du Danemark, de la Finlande et de la Suède, était ainsi encore à la manœuvre, dimanche soir, après trois jours d’un sommet européen tendu, à Bruxelles, pour essayer d’enterrer le «plan de relance» post-coronavirus de 750 milliards d’euros qui n’est rien d’autre qu’une mutualisation partielle des dettes nationales, un saut fédéral incontestable. Il essayait aussi, dans la foulée, de tailler à la hache dans le cadre financier pluriannuel (CFP) 2021-2027 de plus de 1 000 milliards, celui-là même auquel il avait déjà apposé son veto le 21 février car il juge qu’il va déjà trop loin dans la solidarité financière (à peine 1 % du RNB des Vingt-Sept pourtant). A l’heure de boucler ces pages, on ne savait toujours pas si les chefs d’Etat et de gouvernement parviendraient à un accord dans la nuit, à l’issue du plus long Conseil européen depuis le sommet de Nice de décembre 2000.

Ceux qui espéraient que la crise du coronavirus, un événement inimaginable aux conséquences humaines et économiques sans précédent en période de paix, ferait bouger Rutte en sont pour leurs frais : aucune concession n’a été jusqu’ici suffisante pour le convaincre de se montrer solidaire de ses partenaires.

Explosion

Pourtant, ils ont tout fait pour l’attendrir : le voyage à La Haye est même devenu un must, la plupart des dirigeants de l’UE, Emmanuel Macron en tête, s’y précipitant pour lui expliquer que sans ce plan de relance, les Etats les plus touchés par la récession et ne disposant pas de marge de manœuvre budgétaire comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Grèce et même la France, risquaient de décrocher, ce qui mettrait en péril l’euro, et même le marché unique.

De fait, l’enjeu est existentiel pour l’Union : pourquoi rester dans une monnaie unique qui, par sa sous-évaluation, profite essentiellement aux pays du Nord, comme en témoignent leurs excédents commerciaux massifs ? Et pourquoi rester dans le marché intérieur avec ses frontières grandes ouvertes, si cela aboutit à une domination sans partage de l’Allemagne et des autres pays du Nord ? Or cette richesse existe en grande partie grâce au marché unique et à l’euro. Ainsi, Rotterdam n’est le premier port d’Europe que parce qu’il est la porte d’entrée du marché intérieur. Autant dire que les pays du «club Med», comme on les appelle avec mépris aux Pays-Bas, ne seraient pas les seuls à souffrir d’une explosion de l’UE.

Ce danger, économique mais aussi géopolitique puisque les pays du Nord seraient rendus responsables de la fin de l’aventure européenne, a bien été compris par la chancelière allemande. Alors qu’elle soutenait en sous-main les Pays-Bas et le club de radins, qui préfèrent s’appeler «frugaux» par opposition aux «dépensiers» du Sud, Angela Merkel a tourné casaque en mai devant l’ampleur de la crise en se ralliant à l’idée de Macron d’une mutualisation partielle des dettes engendrées par les dépenses de reconstruction. Ce qui a laissé les Pays-Bas presque isolés, mais pas moins déterminés. Problème : toutes les questions financières se décident à l’unanimité, ce qui donne le même poids à Malte qu’à l’Allemagne…

«Rabais»

Dès l’ouverture du sommet, vendredi, Merkel et Macron ont constaté, sidérés, que Rutte n’avait pas bougé d’un iota depuis un mois. Et que la coalition qu’il a constituée autour de lui tenait alors qu’elle est pour le moins hétéroclite : la Suède, le Danemark et la Finlande sont dirigés par des sociaux-démocrates (alliés à des écologistes en Finlande et en Suède) et l’Autriche par un conservateur allié aux écologistes… «De plus, ils ne visent pas la même chose, souligne un diplomate européen. L’Autrichien Sebastian Kurtz fait de la politique intérieure, les Scandinaves veulent que ça ne leur coûte rien alors que Rutte veut empêcher le changement de nature de l’Union.»

Pourtant, le président du Conseil européen, Charles Michel, croyant bien faire, avait déjà taillé dans la proposition de la Commission avant même le début du sommet en revoyant à la baisse le montant du budget européen, qui n’était plus qu’une ombre, et en accordant des «rabais» aux «radins» sur leurs contributions… Mais cela n’a pas suffi aux radins qui ont estimé qu’il s’agissait d’un point de départ.

Pour Mark Rutte, en particulier, pas question d’avoir autre chose qu’un plan de relance distribuant des prêts que chaque pays rembourserait seul : or pour l’Allemagne et la France, le cœur du plan sont justement les 500 milliards d’euros que la Commission emprunterait sur les marchés avant de les distribuer sous forme de subventions aux Etats. En effet, des prêts alourdiraient la dette publique de pays déjà en difficulté et surtout ne permettraient pas à la solidarité de jouer : en effet, c’est le budget européen qui remboursera la dette commune, budget auquel chacun contribue en fonction de sa richesse.

Réinstaurer la troïka

Le Néerlandais a d’abord mené une bataille sur la gouvernance du plan, et non sur le plan lui-même : il a exigé que chaque déboursement soit décidé à l’unanimité des Vingt-Sept. L’idée est double : s’accorder un droit de veto sur les aides financières (des prêts, dans son idée) afin de les conditionner à des réformes structurelles. Ce qui revient à réinstaurer la fameuse troïka qui a traumatisé l’Irlande, le Portugal, la Grèce et Chypre durant la crise de la zone euro. Le second objectif est d’enlever tout pouvoir de contrôle à la Commission, un exécutif jugé à la fois trop fédéral et trop proche des grands pays. Tous ses partenaires, y compris les autres «radins», ne l’ont pas soutenu dans ce combat. Rutte a néanmoins été jusqu’à refuser le mécanisme de «frein d’urgence», un compromis imaginé par les équipes de Charles Michel qui permet de demander aux Vingt-Sept de discuter d’un problème lié au déboursement. Les chefs d’Etat et de gouvernement se sont séparés vendredi soir sans accord sur ce point. Sur la taille du plan, les radins, unis pour le coup, ont refusé tout net d’aller au-delà de 200 ou 250 milliards de subventions. Merkel et Macron, qui ne se sont pas quittés durant tout le sommet, même pendant les bilatérales, ont jugé que la position des «radins» était inacceptable.

Samedi, les bilatérales, les réunions à quelques-uns et les sessions plénières se sont enchaînées, sans guère de progrès. Charles Michel a formulé plusieurs compromis, tellement en recul par rapport au plan original que Berlin et Paris ont dû mettre le holà : samedi soir, vers 23 h 30, Merkel et Macron ont même quitté une réunion avec les «radins», qualifiée de «très dure» par l’entourage du chef de l’Etat et convoquée par le président du Conseil européen, en jugeant le compromis «trop faible». Ils ont poursuivi la discussion à leur hôtel en compagnie d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, et de Giuseppe Conte, le Premier ministre italien. Rutte, lui, a tranquillement déclaré aux journalistes qu’il n’avait pas «entendu d’ultimatum»… Plusieurs délégations se demandaient même si le Néerlandais avait vraiment l’intention de négocier ou voulait juste faire durer le plaisir pour apparaître comme un héros aux yeux de son opinion publique : l’homme qui a tenu tête à Berlin et Paris !

Dimanche rebelote : Merkel et Macron ont expliqué à leurs partenaires qu’ils ne descendraient pas en dessous de 400 milliards d’euros de subvention, «une offre à prendre ou à laisser». Mais tout au long de la matinée, Rutte s’est activé pour diviser ses partenaires. Il menaçait même les pays du Sud : «Mieux vaut un petit plan que pas de plan du tout, car lundi matin les marchés vont ouvrir et cela risque de vous coûter cher», a-t-il dit en substance. Découvrant la manœuvre, le couple franco-allemand s’est employé à rassurer tout son petit monde. Côté français, on estime qu’il faut être prêt à lancer le fonds de relance à quelques-uns si les Pays-Bas maintiennent leur blocage, car il est exclu de laisser tomber le sud de l’Europe, et donc de faire une croix sur le projet européen. On en est là.

20 juillet 2020

Sensuelle

jaime41

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