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Jours tranquilles à Paris

20 juillet 2020

Cathédrale de Nantes : l’énigme après l’incendie

Par Chloé Pilorget-Rezzouk, Envoyée speciale à Nantes - LIBERATION

Les policiers étaient toujours à pied d’œuvre dimanche soir pour déterminer si le feu qui a endommagé le bâtiment est d’origine criminelle ou accidentelle. Un bénévole du diocèse, faisant partie de l’équipe de sécurité de l’édifice, a été placé en garde à vue avant d'être relâché dimanche soir.

Actualisé à 23 heures dimanche avec la libération sans poursuite de l'homme gardé à vue.

A voir les terrasses encore endormies du vieux Nantes, difficile en ce dimanche matin ensoleillé d’imaginer le drame qui s’est joué à quelques encablures, la veille, pour le patrimoine français et les catholiques du pays. Samedi matin, il n’est pas encore 8 heures que les flammes ravagent une partie de la cathédrale gothique Saint-Pierre-et-Saint-Paul, emblème de la cité des Ducs auquel ses habitants, chrétiens ou non, sont particulièrement attachés. Malgré le dévouement de 104 pompiers, de précieuses pièces n’ont pu être sauvées, comme le grand orgue, qui avait jusque-là traversé quatre siècles d’histoire, le grand vitrail de la façade occidentale et un tableau du XIXe siècle, signé Hippolyte Flandrin, disciple favori d’Ingres. En visite sur les lieux samedi après-midi, le Premier ministre, Jean Castex, accompagnés des ministres de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et de la Culture, Roselyne Bachelot, a assuré que l’Etat prendrait «toute sa part dans la reconstruction» et «le plus rapidement possible».

«Je ressens une profonde tristesse», s’émeut Marie-Antoinette à la sortie de la messe dominicale de la basilique Saint-Nicolas, où les fidèles étaient bien plus nombreux que d’habitude. «C’était essentiel d’être là aujourd'hui», complète Jean-François Henry, président des Amis de la cathédrale, revenu précipitamment de l’île d’Yeu. «Après l’incendie de Notre-Dame de Paris, nous sommes perplexes devant ce nouveau signe qui nous est donné… Est-ce qu’on prend suffisamment soin de nos églises ? Combien en faudra-t-il de brûlées pour qu’on se réveille ?» s’interroge Raphaël, coutumier de la paroisse venu prier avec ses parents, son épouse Marie, et leurs quatre enfants.

Jean Castex devant la cathédrale de Nantes, samedi.Jean Castex devant la cathédrale de Nantes, samedi. Photo Franck Tomps

«Très estimé»

Tôt samedi matin, une enquête a été ouverte par le parquet de Nantes pour «incendie volontaire». Les premières constatations ont permis de distinguer trois points de feu à «une distance conséquente» les uns des autres. «Ce n’est pas le fait du hasard», déclarait le procureur de la République, Pierre Sennès, annonçant la saisie de la police judiciaire et le recours à un expert incendie du laboratoire de police technique et scientifique de Paris, «pour examiner les départs de feu et l’installation électrique». La cathédrale, déjà meurtrie par un feu dévastateur en 1972, a-t-elle été visée intentionnellement ? Ou s’agit-il d’un simple accident (certaines sources intervenues sur les lieux ayant pointé que les trois départs de feu étaient certes très éloignés, néanmoins tous alimentés en électricité) ?

La question demeurait pleine et entière dimanche, quelques heures après l’annonce du placement en garde à vue d’un bénévole de la cathédrale (qui en compte une centaine), «très estimé» et «très intégré» dans la communauté catholique. La garde à vue de cet homme de 39 ans, arrêté samedi après-midi, a été prolongée à la mi-journée dimanche. C’est lui qui avait la charge de fermer la cathédrale vendredi soir, à la veille du sinistre, a indiqué à l’AFP le procureur de la République de Nantes, ajoutant que les enquêteurs souhaitaient l’entendre sur «les conditions» de cette fermeture et préciser certaines «contradictions» dans son emploi du temps. La veille, le magistrat avait indiqué qu’aucune trace d’effraction n’avait été relevée. Pour autant, Pierre Sennès a mis en garde : «Toute interprétation qui amènerait à impliquer cet homme dans la commission des faits serait prématurée et hâtive.»

«Tourmenté»

Dans la communauté catholique nantaise, on décrit le suspect comme «serviable», et «très agréable». Ce «servant d’autel» faisait partie «depuis quatre ou cinq ans» de l’équipe de sécurité de la cathédrale, composée de sept personnes et chargée d'effectuer un tour d'inspection de l'édifice chaque soir. «J’ai pleinement confiance en lui. C’est le point de départ de toutes ses  responsabilités», réagit à la sortie de la messe le père Hubert Champenois, qui le «connaissait bien».

Depuis environ un an, le quasi-quadragénaire était hébergé chez les frères franciscains. «Doué de ses mains», ainsi qu’en informatique, il aidait volontiers à de menus travaux, et tenait régulièrement l’accueil au couvent. Originaire du Rwanda, il était «très accompagné, notamment par le Secours catholique nantais». D’après le recteur de la cathédrale, il avait également «fait des démarches pour avoir ses papiers, comme des centaines d’autres». «Il était très tourmenté par ses problèmes de papiers, il se sentait ballotté depuis des années. Depuis une huitaine de jours, il était dépressif», confie un proche, sans pour autant l’incriminer. Il met ce changement de comportement sur le fait que son «titre de séjour n’avait pas été renouvelé».

En l’état de la procédure, «il n’y a aucun élément qui rattache directement mon client à l’incendie dans la cathédrale», a déclaré son avocat, Quentin Chabert, dimanche après-midi devant l’hôtel de police de Nantes. Sa garde à vue a finalement été levée, dimanche soir, et le bénévole libéré «sans aucune poursuite» : «Il n’est pas impliqué dans la commission des faits» Le père Champenois, qui n’ose croire à la piste criminelle, assure par ailleurs que «toute l’installation électrique avait été refaite au niveau du chœur et de la nef ces derniers mois, juste avant le confinement». La police scientifique est, elle, toujours à l’œuvre pour tenter d’en savoir plus sur l’origine du sinistre.

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20 juillet 2020

Vu sur internet

jaime390

20 juillet 2020

Auray - L’absence de gestes barrières inquiète

auray absence gestes barrieres

Au port de Saint-Goustan, les masques portés « peuvent se compter sur les doigts d'une main... Regardez ces terrasses pleines avec des gens entassés ! » Le Télégramme / Jérémy Descours

Jérémy Descours

Masques absents, distanciation sociale quasi inexistante, l’inquiétude monte chez les Alréens. Le Télégramme a passé le week-end dans les rues d’Auray pour prendre le pouls.

Le touriste peut-il être réfractaire ? À en juger le comportement de certains et l’agacement grandissant de plusieurs commerçants, ce week-end à Auray ne rimait pas avec vigilance, comme l’avait pourtant imploré le ministre de la Santé, Olivier Véran, la semaine dernière.

Alors que le port du masque devient obligatoire, ce lundi 20 juillet, dans tous les lieux publics clos, sous peine d’une amende de 135 €, la Bretagne fait aussi face à une circulation du Covid qui s’accélère. Pourtant ces derniers chiffres ne semblent pas inquiéter les touristes : « On ne veut pas y penser ! Je mets mon masque dès que je rentre dans un magasin mais dehors ce n’est pas nécessaire ! En plus il fait trop beau ! », explique cette dame, venue de Normandie.

Quelques mètres plus loin, dans le quartier de Saint-Goustan, le constat est sans appel. Dans les passages étroits qui mènent au port, où la distanciation sociale est quasi impossible, peu de masques à l’horizon. Françoise Jarry, propriétaire de la boutique de souvenir « Maison de Bretagne », s’insurge : « Justement j’en ai des choses à dire ! J’ai l’impression que le public a oublié les 30 000 morts. L’indiscipline est totale et les touristes se lâchent complètement. On est obligé de faire la police et ce n’est pas marrant du tout ! ».

Les touristes pointés du doigt

Même constat, vendredi, lors du marché où les comportements plus qu’imprudents semblaient être de vigueur. Ce poissonnier itinérant n’en revient pas : « A cette allure, on peut déjà se dire qu’on sera confiné en septembre ! Je suis amené à faire le tour du pays d’Auray, et c’est partout pareil ! ». Dans les halles, où les barrières et le sens de circulation ont été retirés, « c’est le Far West », comme témoigne une artisane. « La mairie nous a rappelé d’être vigilant avec les règles sanitaires mais à quoi bon quand on voit des gens rentrer sans masque et être aussi près les uns des autres… ».

Place Notre-Dame, Yves, un habitué du marché, pointe particulièrement les touristes. « Je constate que les locaux, surtout les personnes âgées, sont très assidus. Mais dès que l’on croise des jeunes ou des touristes… on est en roue libre ! ». Visés, Marie et Thibault, de banlieue parisienne, en villégiature, n’en ont que faire : « On est tous les jours dans les transports. On connaît le port du masque ! Ici, il y a dix fois moins de monde qu’à Paris ! On peut se relâcher un peu, ça va ! ».

« Le masque c’est chiant, mais... »

Pour cette vendeuse de prêt-à-porter, rue du Lait, il n’y a pas que l’absence du masque qui pose problème. « Au début du déconfinement, je passais un tube de lotion hydroalcoolique par jour… Aujourd’hui, il me tient trois jours alors que j’ai plus de clients ! Tout ce qui avait été appris a disparu… ».

Même si le relâchement semble de mise, tous les visiteurs ne sont pas si indisciplinés. Cette famille, venue de Lille, ne se déplace « jamais sans », insiste Muriel, la mère : « Il faut le redire : le masque c’est chiant ! Mais je suis en contact avec le milieu médical et je sais qu’il ne faut pas relâcher la pression ».

20 juillet 2020

Viki Fehner

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20 juillet 2020

Dédale à Vannes

Repotage

Murs, miroir, radiateur, plaques en plexiglas : tout a été recouvert de signes cabalistiques, peints à la bombe noire. C’est la façon dont le graffeur LesGens s’est approprié l’ancien bureau que le Dédale lui a confié, lors de sa résidence, au mois de juin. Comme lui, une trentaine d’artistes se sont installés au rez-de-chaussée de ce lieu culturel dédié au street-art. Pendant quatre jours à une semaine, ils se sont emparés de l’ancien bâtiment de la Direction départementale de l’Équipement, à Vannes. Cette nouvelle exposition ouvre ses portes au public demain lundi.

Pour cette édition, l’association L’art prend la rue, qui gère le Dédale, a décidé d’inviter des artistes provenant de la culture graffiti, qui fait la part belle à l’écriture. « Les graffeurs étaient complètement libres dans leur travail, explique Marie Duprieu, membre du comité artistique. Il fallait juste que le visiteur soit immédiatement immergé dans chaque pièce. »

Une salle, un univers

Le résultat est éloquent : chaque salle est comme un petit monde à part entière. Ici, Lek & Sowat invitent les visiteurs dans leur atelier, entre cadres de tableau vides, escabeau et pots de peinture. Là, Vilx donne à lire une aventure comique, à la manière d’une bande dessinée. Plus loin, Neist propose une expérience ludique : retrouver les éléments qu’il a cachés au milieu de camaïeu de couleurs de sa pièce.

Dans sa salle, le graffeur niortais Selah a décidé de révéler son processus artistique. « Je prends des photos des formes que je croise dans la ville, explique-t-il. J’en fais une sorte d’herbier de formes urbaines, que je dessine dans un carnet. » Ces croquis, il les a affichés sur les placards d’un mur. En face, le graff dans lequel il a réutilisé ces formes.

Plus de 7 000 réservations

De Grasse à Paris, de la Haute-Savoie à la Bretagne, l’exposition rassemble des artistes de tous horizons, et même des personnalités internationales. Plusieurs grands noms, comme Lokiss et RCF1, pionniers du graffiti dans les années 1980, ou Le Module de Zeer, y ont contribué. La visite, gratuite, est plébiscitée par le public : plus de 7 000 billets ont déjà été réservés. Les visiteurs, par groupes de vingt, pourront déambuler dans ces univers pendant une heure. Une dizaine de dates restent encore ouvertes pour les retardataires.

Mariette THOM.

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20 juillet 2020

Claude Lévêque expose au Havre...

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20 juillet 2020

Laetitia Casta

casta743

20 juillet 2020

NANTES - Les vitraux centenaires d’Anne de Bretagne détruits

« Quelle tristesse. Quand je vois les images et les flammes qui s’échappent de la grande baie centrale, je ne peux que constater que les vitraux ne sont déjà plus là ». Lenny Charrier, passionné d’histoire médiévale et membre du Forum Nantes patrimoine, connaît bien ces pièces datant du début du XVIe siècle, derniers éléments du XVe siècle de l’édifice.

Ces fragments de vitraux, hauts de 11 mètres et larges de plus de 7 mètres, réalisés par les peintres verriers Pierre ou Jean de la Chasse, faisaient partie d’une grande commande d’Anne de Bretagne, parmi lesquelles le tombeau des carmes.

Ils avaient été épargnés lorsqu’en 1793, les vitraux qui ornaient la cathédrale avaient été arrachés. Protégée par les orgues et leur tribune mises en place en 1620, seule la baie haute de la façade occidentale fut alors épargnée.

Même si chacun s’accorde à y reconnaître un portrait de la reine Anne de Bretagne, ces vitraux immenses n’avaient guère retenu l’attention, non seulement parce qu’ils étaient peu visibles, mais aussi parce qu’ils avaient été déjà fortement endommagés par l’explosion de la poudrière du château en 1800. Seuls 21 panneaux sur les 72 de composition initiale, ont été sauvés. Les autres ont été largement complétés de verre blanc.

On y voyait à gauche Moïse tenant les tables de la loi et Anne de Bretagne et à droite Élie et Marguerite de Foix, la mère d’Anne de Bretagne. Au centre se trouvait la Fontaine de Vie tiré de la fontaine de Jouvence.

« Comment se fait-il qu’un tel patrimoine puisse partir en fumée. Je pensais qu’avec ce qu’il s’était passé à Notre-Dame de Paris, tout serait mis en œuvre pour protéger nos richesses, s’insurge le défenseur du patrimoine. Je m’attends à plus de vigilance sur entretien des édifices anciens. C’est une perte énorme. C’est incompréhensible. »

On est servis à Nantes. Récemment, l’incendie de la basilique Saint-Donatien Saint-Rogatien avait fait de nombreux dégâts en 2015 et nécessite de longues années de rénovations toujours en cours.

Stéphanie LAMBERT.

20 juillet 2020

Hier sur la plage de Kerminihy - Erdeven

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La Plage de Kerminihy est une plage plutôt calme de Bretagne

La plage la plus sauvage de la commune : à la fois très grande et couverte de sable fin, elle est ouverte à tous et tolère le naturisme. Accessible à partir des parkings de Kerminihy à l'ouest, et à celui de la barre d'Etel à l'est, elle est également divisée en zones. Il faut se reporter aux panneaux disponibles sur le parking de Kerminihy afin de les identifier. La partie vers la barre d'Etel est interdite à la baignade du fait des forts remous causés par l'embouchure de la Ria. Cette plage n'est pas surveillée et dangereuse : parfaite pour la bronzette, la baignade reste à vos risques et périls! Notons que si le naturisme est toléré sur la plage, il ne l'est en aucun cas, ni sur la dune traversée par la voie verte, ni sur les parkings! Parkings gratuits, chiens interdits.

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20 juillet 2020

Chronique - Les couleurs du sexe : le rose au risque de l’overdose

chambre rose

Par Maïa Mazaurette

Cet été, la chroniqueuse et illustratrice de « La Matinale » Maïa Mazaurette sort son nuancier pour raconter la sexualité et prodiguer ses conseils. Aujourd’hui, le rose, ou plutôt LES roses.

LE SEXE SELON MAïA

Téléphone rose, littérature à l’eau de rose : et si la vraie couleur du sexe oscillait entre celle des cochons, des fuchsias et de la poudre ? L’association chromatique paraît imparable : historiquement, dans une Europe blanche, le rose a longtemps été la couleur de la nudité. Et encore aujourd’hui, la teinte – pétante ou pastel – domine les recherches liées à l’univers de la sexualité : sextoys, sexshops, guides de séduction…

Au premier regard, l’explication est toute trouvée : le rose serait la couleur préférée des femmes, les femmes sont « le sexe », donc le sexe est rose. Pesé, emballé, adjugé. Evidemment, c’est plus compliqué que ça : le rose est une couleur de petites filles. Parfois tout juste venues au monde (le rose bébé). Parfois sexualisées (le rose Barbie).

Ce soupçon d’immaturité devrait disqualifier le rose comme étendard du sexe, et pourtant ! Quand il s’agit de vendre des jouets sexuels, le rose décomplexe (« ce n’est qu’une vaginette, tout ira bien ») – notamment quand on l’associe à la romance (« ceci n’est pas un plug anal, c’est de l’amour »).

A condition bien sûr d’ignorer les signaux contraires, puisque le rose est simultanément considéré comme mièvre, moche, de mauvais goût, associé au papier toilette, aux vieux chewing-gums… n’en jetez plus.

A chaque étape du commerce du sexe

En 2015, l’institut de sondage Yougov révélait ainsi que si le rose est mal aimé, il l’est de manière fortement genrée : 26 % des hommes le placent en queue de classement, contre 12 % des femmes. A l’inverse, 10 % des femmes mettent le rose en tête de leurs préférences (couleur préférée, vous pensiez ?), contre… 0 % des hommes. Pour rappel, les humains préfèrent uniformément le bleu – préférence encore plus marquée chez les mâles.

Revenons donc à nos sextoys. En mai 2018, la journaliste Claire Lampen signait sur le site américain Gizmodo un article consacré à la manière dont les concepteurs de sextoys choisissent leurs couleurs : il apparaît que le rose émerge dans les années 1980, à la fois pour sa proximité avec certaines carnations et pour toucher un public féminin. Mais c’est aussi une question commerciale : « presque uniformément, les porte-parole des marques de sextoys à qui j’ai pu parler ont déclaré que le violet et le rose, et dans une moindre mesure le noir et le bleu, dominent les ventes nord-américaines, alors que le rouge est boudé par le public, sauf quand il tend vers le brun ou le framboise ».

Plus le rose se vend, plus il imbibe la chaîne de production. Et plus on le retrouve à chaque étape du commerce du sexe : le clitoris décrit comme un « bouton de rose », le genre « pink film » au Japon (du porno à petit budget), la Pink TV LGBT en France, la Pink TV pornographique aux Etats-Unis.

Alors, tout est dit ? Pas si vite. Tout d’abord, le rose devient une couleur « de femme » très tardivement : au départ, le rouge et ses déclinaisons appartiennent au monde guerrier des hommes, tandis que les femmes sont associées au bleu de la Vierge Marie (qui porte cette couleur depuis le XIIe siècle).

« Pinkwashing »

Cette symbolique commence à s’inverser à partir du XVIIIe siècle : en 1774, Les Souffrances du Jeune Werther de Goethe popularisent l’habit bleu chez les hommes, tandis que les romantiques font du bleu la couleur de la mélancolie, du rêve… et de l’amour (êtes-vous fleur bleue ?). C’est à cette époque qu’il intègre le club des couleurs les plus populaires. En 1792, le bleu devient la couleur des soldats. Il se faufile alors dans une gamme considérée comme froide : le bleu de travail, le jean, l’uniforme.

Il faut attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour donner des couleurs aux bébés selon leur genre, avec une accélération datant des années 1980. Cette différenciation des jouets et des vêtements n’est pas fondée sur les préférences des enfants mais sur une manœuvre commerciale : au lieu de faire passer les manteaux, vélos ou cartables au sein d’une même fratrie, les parents sont obligés de racheter des objets qu’ils ont déjà.

C’est également ce passage d’une symbolique adulte à une symbolique enfantine qui fait basculer le rouge vers le rose : s’il paraît approprié, jusqu’aux décennies 1960-1980, de « délaver » le duo rouge/bleu pour l’adapter aux plus jeunes, on prête ensuite à ces derniers une préférence pour les couleurs franches. De fait, le rose contemporain se décline aussi bien en fuchsia qu’en layette.

Cependant, on aurait tort de limiter cette conversation aux cours de récré : si le rose incarne le sexuel, c’est aussi pour des raisons politiques. Sous l’Allemagne nazie, les homosexuels étaient identifiés par un triangle rose. C’est cette référence historique qui nous fait aujourd’hui parler de « pinkwashing » quand une marque emploie un vernis LGBT pour toucher cette clientèle (et dans une moindre mesure, quand une marque se met à coller des rubans roses sur tout et n’importe quoi, sous prétexte de lutter contre le cancer du sein).

« Millennial pink »

On parle de « taxe rose » quand un même produit est vendu plus cher quand il est destiné aux femmes, et de « purplewashing » quand le marketing utilise un imaginaire pseudo-féministe pour vendre, mettons, des t-shirts « Girl Power » à 300 euros.

Pourquoi purple (violet) ? Parce que dès le début du XXe siècle, cette couleur devient celle des suffragettes – et qu’elle est encore arborée, aujourd’hui, par les féministes. Plus le rose se rapproche du violet, plus il devient dangereux : couleur de magie et de mystère, de sorcellerie et de vanité, d’ambiguïté et d’extravagance.

Il reste un dernier rose, qu’on aurait tort d’oublier : le « millennial pink » (ainsi qualifié car il recouvre une teinte hyper-photogénique). Rien à voir avec le sexe ? Pas si sûr. Les millennials sont plus féministes et moins attachés à l’hétérosexualité que leurs aînés de la génération X (ne parlons même pas des boomers). Plus on est jeune, plus on aime le rose : sur Instagram comme dans sa vie militante… et comme dans sa vie sexuelle.

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