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Jours tranquilles à Paris

24 août 2020

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24 août 2020

Enquête - Catherine Deneuve, biographie non autorisée

Par Raphaëlle Bacqué - Le Monde

« Catherine Deneuve, derrière l’écran » (1/6). Une des amies de l’actrice nous avait mis en garde : « Une star, c’est d’abord quelqu’un qui organise son inaccessibilité. » Enquête en six volets sur l’icône du cinéma français

Au départ, les choses s’annonçaient bien. Et puis tout a déraillé. Pas d’un seul coup, mais par étapes, comme un train qui tombe lourdement d’un pont, les wagons chutant les uns après les autres. La locomotive, c’était elle. Catherine Deneuve, « notre-icône-nationale-monument-du-cinéma-et-de-l’élégance-française-notre-Marianne ! », comme le répètent les milliers d’articles écrits sur elle depuis soixante ans. Une série d’été du Monde racontant l’univers d’une actrice, cela ne devait pas être plus difficile qu’une enquête sur un chef d’Etat. On a vite compris, cependant, ce que signifiait cette mise en garde d’une de ses amies : « Une star, c’est d’abord quelqu’un qui organise son inaccessibilité. »

Il y a encore quelques années, lorsqu’on voulait prendre un rendez-vous avec Catherine Deneuve, il fallait passer par Sylvie Dorléac. Pendant près de quarante ans, la sœur cadette de l’actrice a été son assistante. Même air de famille et surtout même voix chic et séduisante. Au téléphone, paraît-il, l’effet était saisissant, « on croyait être tombé par erreur directement sur Catherine ! », s’esclaffe un confrère comme si cette possibilité était parfaitement incongrue. L’actrice a fait obtenir la médaille du travail à sa sœur puis, lorsque celle-ci a pris sa retraite, l’a remplacée quelque temps par la sœur de Fanny Ardant. Le milieu du cinéma français est minuscule, chaque fois que l’on y croise quelqu’un, c’est le frère, la cousine, le meilleur ami, le fils ou la fille d’un autre…

Des prétentions vite douchées

Aujourd’hui, pour décrocher un entretien, mieux vaut appeler directement l’agent de l’actrice ou deux sympathiques attachés de presse, modèles de patience et de diplomatie. Première difficulté : « Catherine Deneuve n’est pas en promo. » Justement, cela tombe bien. L’idée est de parcourir l’époque à travers ses films et parfois ses engagements politiques. C’est bien plus ambitieux, fait-on valoir avec une sotte vanité. Comme si, à 76 ans, avec 128 longs-métrages, cinq téléfilms, des apparitions dans une douzaine de documentaires, l’actrice pouvait encore être flattée qu’on lui consacre six doubles pages.

D’ailleurs, toutes les prétentions sont vite douchées avec Deneuve. Emmanuel Carrère en a fait un très amusant article dans Première (Il est avantageux d’avoir où aller. Recueil de textes et d’articles, POL, 2016). Deneuve avait suggéré le nom de l’écrivain pour une interview – une star a souvent besoin de rehausser à son niveau le prestige de ses interlocuteurs – et il raconte comment il est arrivé tout faraud devant elle… avant d’échouer lamentablement à lui faire dire la moindre chose intéressante. « Ce n’est certainement pas sa faute à elle, j’aimerais penser que ce n’est pas entièrement la mienne non plus, s’excuse Carrère, mais ce verbatim mériterait d’être conservé au pavillon de Sèvres comme exemple d’entretien cafouilleux avec intervieweur à côté de ses pompes et interviewée pas concernée. »

A dire vrai, il n’est ni le premier ni le seul. On trouve une quantité impressionnante d’entretiens menés par des écrivains, des peintres, des cinéastes renommés, en face desquels Catherine Deneuve ne dit rien. « Je crois que je suis encore un peu verrouillée », dit-elle à l’un d’entre eux, et on donnerait cher pour voir le sourire jaune qu’il a dû faire… Même l’échange entre le cinéaste Arnaud Desplechin et l’actrice, publié en petit livre, Une certaine lenteur. Catherine Deneuve et Arnaud Desplechin (Payot & Rivages, 2010), tant l’association paraissait prometteuse, est surtout passionnant pour le regard qu’il porte sur elle.

Desplechin tente, pourtant, de lui faire raconter Buñuel, Jacques Demy… « Vous aviez rencontré Hitchcock, s’enthousiasme-t-il, vous aviez un projet avec lui… » Réponse : « Oui, je devais tourner avec Hitchcock. Ça se passait dans le Nord, comme dans Le Rideau déchiré – une histoire d’espionnage. » On se dit que cela commence bien. Mais voilà la douche froide : « J’avais déjeuné avec lui à Paris, et j’étais très contrariée parce qu’on venait de m’arracher une dent de sagesse. Il est mort quelques mois après. J’aurais vraiment aimé tourner avec lui. Ça, c’est vraiment un cinéaste. » Voilà, c’est tout.

« Notre Bob Dylan français »

Lorsqu’on l’a sollicité, Arnaud Desplechin a traversé une bonne partie de Paris à vélo pour venir parler de « Catherine ». Il l’aime et l’admire. Ces dernières années, c’est lui qui lui a offert son plus beau rôle, dans Un conte de Noël (2008), où elle incarnait avec génie la mère terrible d’une famille névrotique. « Elle est l’un des plus grands réalisateurs français », soutient-il en soulignant « la cohérence esthétique de ses choix ». Sur un plateau, « Catherine est bonne camarade », raconte Desplechin, drôle et attentive aux autres, avec un œil très sûr pour voir immédiatement à quoi tient une scène. Elle ne montre pas comment elle travaille, mais « elle joue comme Stendhal écrivait, retranchant ou ajoutant un mot afin d’obtenir neuf ou treize pieds plutôt que de céder à la pompe d’un alexandrin ». Dans la préface de leur livre d’entretien, le réalisateur écrit carrément qu’elle est « notre Bob Dylan français », parce que « comme Dylan, Catherine Deneuve ne joue pas les règles du jeu ».

« Rock’n’roll », « punk », c’est fou le nombre de fois où l’on a entendu ces mots à son propos. Est-ce inspiré par cette comparaison du cinéaste avec Dylan ou est-ce une de ces banalités que le milieu du cinéma ressert à l’envi pour masquer sous le snobisme un portrait un peu trop creux ? Un jour, avec un agacement sadique, on a demandé : « En quoi est-elle punk ? » Réponse : « Elle fume dans les hôtels et les restaurants, là où c’est interdit. » En réalité, si la cigarette est sa transgression, Deneuve n’a aucun goût pour le nihilisme. Elle est bien plus épicurienne que no future. Toujours, elle a vécu la bohème, mais dans le confort élégant et luxueux de la bourgeoisie, bobo bien avant que le terme ne devienne à la mode.

Comme une œuvre de Warhol

Tout de même, l’ancien patron de La Cinémathèque française Serge Toubiana reprend lui aussi cette idée, mieux étayée : « Deneuve est devenue, au fil du temps, une sorte d’icône pop, pense-t-il. Inscrite dans les mémoires au cœur des années 1960, puis traversant avec les plus grands les années 1970 et 1980, indéfiniment reproductible comme une œuvre de Warhol et pourtant unique. Ce que les spectateurs et les cinéphiles admirent chez Deneuve, c’est qu’elle ait traversé le temps, donnant le sentiment ou l’impression de “dompter” le temps éphémère et souvent cruel du cinéma, sans pour autant laisser paraître aucune trace de ce combat. »

Lui aussi l’admire, bien qu’elle lui ait fait un procès, en 1997, après la parution chez Gallimard de sa biographie de François Truffaut, coécrite avec Antoine de Baecque. Ils se sont réconciliés dix ans plus tard au chevet de l’épouse de Toubiana, Emmanuèle Bernheim. La romancière allait mourir, Deneuve est venue lui dire adieu. Lorsque Serge Daney, le grand critique de cinéma, était malade du sida, elle avait eu le même geste. Jamais ils ne s’étaient rencontrés. Elle a su qu’il vivait ses derniers mois et s’est arrangée pour qu’on le lui présente. « Catherine est arrivée au rendez-vous, place de la Bastille, avec une splendide écharpe en cachemire rouge, raconte l’une de ses amies. Daney n’aimait pas les actrices. Mais il en a été touché au-delà de ce que lui-même imaginait. »

Vingt fois on a entendu des récits semblables qui viennent contredire son image glacée. « Il y a deux femmes en vous », dit Depardieu à Deneuve dans Le Dernier Métro. Rien n’est plus vrai la concernant. Elle peut être chaleureuse et soudain cinglante, engager des procès à répétition puis se montrer généreuse, organiser une formidable fête sur un tournage et crucifier d’un regard un malheureux serveur.

Le chaud et le froid

Avec les journalistes, elle souffle aussi le chaud et le froid. Elle ne les aime pas, assure détester la presse people, mais compte parmi ses meilleurs amis la reporter de Paris Match Dany Jucaud. Sans être au niveau de contrôle obsessionnel d’Isabelle Huppert, qui surveille les retouches de chaque photo, certaines grandes agences ont fini par lui demander l’autorisation avant de vendre tel ou tel cliché. Quelle Deneuve verrons-nous si elle nous accorde enfin l’entretien demandé ?

Puisque « Catherine Deneuve n’est pas en promo », son équipe a une idée : « peut-être que cette série sera une bonne façon de dire qu’elle a parfaitement récupéré de son AVC… vous comprenez, elle ne vous parlera pas si cela n’a pas d’utilité pour elle. » La réalisatrice Emmanuelle Bercot nous a déjà expliqué comment tout était prêt pour terminer en août De son vivant, où elle joue une mère qui accompagne jusqu’à la mort son fils malade, joué par Benoît Magimel.

Le 5 novembre 2019, le tournage se déroulait justement dans une aile de l’hôpital de Gonesse, dans le Val-d’Oise, lorsque l’actrice a ressenti les premiers signes de son accident vasculaire cérébral. Ces deux mois et demi de confinement lui ont offert un moment de convalescence supplémentaire sans que personne ne glose sur son absence. C’est leur troisième film ensemble. « Je ne sais pas comment Catherine prépare ses rôles, je ne parle même pas des personnages avec elle. Mais le secret, c’est qu’elle sait qu’elle peut me faire confiance », assure la cinéaste, comme pour souligner que son interprète principale n’a pas à craindre que l’on puisse déceler à l’écran la moindre trace de faiblesse.

Le nom de l’actrice est un sésame

Pour finir, le rendez-vous avec l’actrice est convenu. « Impossible d’aller chez elle, Mme Deneuve ne reçoit jamais dans son appartement. Le mieux serait que vous trouviez un hôtel », a suggéré son équipe. Le confinement s’est achevé huit jours plus tôt. Les cafés rouvrent à peine. Les avions restent rares, il n’y a pas un touriste, des deux-étoiles aux palaces, tout est fermé. Même le Panthéon, ce cinéma racheté par le producteur Pascal Caucheteux, dont elle a décoré le salon-bar du premier étage – tapis rouges, fauteuils de cuir et livres sur des étagères – a baissé les grilles. Le nom de l’actrice est un sésame, cependant. Un hôtel de Saint-Germain-des-Prés accepte d’ouvrir tout exprès l’un de ses salons. Le directeur rappelle en personne pour préciser : « Bien sûr, Mme Deneuve pourra fumer. » D’ailleurs, il viendra lui-même nous installer parce que c’est un admirateur et qu’il ne voudrait pas manquer de la saluer.

C’est cela, l’effet Deneuve. Tous les regards s’illuminent en entendant son nom. Au moins quatre générations l’ont vue dans Peau d’âne. Il y a un ou deux ans, des robes blanches ouvertes sur un plissé rose ou jaune, comme celles des Demoiselles de Rochefort, se sont vendues comme des petits pains au Bon Marché. Même ceux que l’actrice n’apprécie pas l’aiment quand même. Du temps où Nicolas Sarkozy était président, elle s’était retrouvée à l’Elysée pour une remise de décoration.

Le chef de l’Etat n’ignorait pas que Catherine Deneuve est de gauche. Une gauche sociale-démocrate, un peu caviar, assez éloignée du radicalisme affiché par une partie de la jeune génération du cinéma actuel. Elle avait apporté son soutien à Ségolène Royal contre lui lors de l’élection présidentielle de 2007. Il avait gagné cependant et un photographe voulait absolument prendre une photo du président et de la star. « Je ne crois pas que Mme Deneuve veuille poser à côté de moi », souffla Sarkozy en obligeant l’importun à aller voir ailleurs. Puis, il se retourna avec un sourire enchanté vers ses conseillers : « Elle est belle, hein ! »

Le jour de notre rendez-vous, tout est donc prêt. Et c’est là que le train a déraillé. Juste une heure avant la rencontre, coup de fil embêté de l’attaché de presse. « Catherine ne viendra pas. Elle annule. Elle n’accordera définitivement pas d’interview. » Tant pis pour Le Monde, tant pis pour l’hôtelier.

Un mois après ce premier crash, une « mise en demeure » arrive au directeur de la publication du quotidien : « Je viens vers vous en qualité de conseil de Catherine Dorléac, plus connue sous le nom de Catherine Deneuve, écrivait Me Julia Minkowski. Nous avons appris qu’une journaliste du Monde ferait une enquête sur Catherine Deneuve et chercherait à interroger ses proches en vue d’un article à paraître cet été. Si tel était le cas, je vous informe que nous serons particulièrement attentives à vos publications et que si des éléments relatifs à la vie privée et familiale de Catherine Deneuve ou des propos diffamatoires devaient être publiés, nous serons dans l’obligation de faire valoir ses droits par les voies de recours opportunes. Je vous prie de croire, etc. »

« Il y a les acteurs, et il y a les êtres humains »

En 2015, Michel Houellebecq avait adjuré par mail tous ses amis de ne pas parler au Monde ; Karl Lagerfeld nous avait fait lanterner neuf mois en 2018 ; la même année, Alain Delon avait accordé un long entretien… après la parution de la série d’été qui lui était consacrée. Mais jamais le journal n’a reçu ce genre de menace judiciaire préventive… Ceux qui la connaissent bien doivent être habitués à de tels procédés, car, exception faite de Roman Polanski, qui annule aussitôt notre rendez-vous « puisque Catherine ne veut pas », de deux grands réalisateurs et de deux amies qui nous ont parlé mais ne veulent plus que leur nom soit cité, les témoins sollicités maintiennent leur rendez-vous.

Quand il s’agit de se raconter, Catherine Deneuve semble avancer puis reculer. Plusieurs éditeurs assurent avoir signé avec elle de fabuleux contrats afin qu’elle écrive ses Mémoires. En vain. Pour Olivier Orban, PDG de Plon, la journaliste de Libération Annette Levy-Willard, amie de l’actrice, devait rédiger le manuscrit. Deneuve n’avait qu’à raconter ce qu’elle voulait. Un éditeur américain avait proposé de son côté une très importante avance pour un récit de sa vie. Chaque fois, l’actrice a renoncé. Elle a mis près de trente ans à évoquer sa sœur, Françoise Dorléac, morte en 1967 dans un accident de la route. Elle a traîné en justice son ancien compagnon, Roger Vadim, père de son premier enfant, après que le cinéaste a publié des Mémoires. Il faut dire que le réalisateur d’Et Dieu créa la femme avait eu la goujaterie d’axer son manuscrit sur ses trois plus prestigieuses conquêtes : Brigitte Bardot, Catherine Deneuve et Jane Fonda.

En 2004, Deneuve a fini par publier quelques carnets de tournage (A l’ombre de moi-même, Stock). On sent bien que l’éditeur a jugé le résultat trop mince. Trop de détails sur la solitude des hôtels, pas assez sur sa façon d’aborder un rôle, ses discussions avec les réalisateurs. Et puis rien sur ses films avec Demy, Truffaut ou Mastroianni. Alors un entretien avec le réalisateur Pascal Bonitzer a été rajouté. Est-ce lui, est-ce elle ? De nouveau, elle fuit toutes les confidences. Et devant tant de réticence, les questions deviennent évanescentes. Comment raconter sa vie d’actrice sans aborder l’autre, familiale et amoureuse, puisque les deux sont souvent intimement mêlées ?

« There are actors and there are human beings » (« Il y a les acteurs, et il y a les êtres humains »), disait William Wyler, le réalisateur de Vacances romaines et de Ben Hur. Catherine Deneuve a toujours eu l’ambition d’être les deux. A la fois femme divine à l’écran et fille amoureuse, gourmande et gaie dans la réalité. Marilyn Monroe est son actrice préférée et elle sait que nombre de comédiennes ont passé leur vie à être malheureuses, dévastées de solitude. « Le cinéma crée des martyrs partout », a écrit le philosophe Gilles Deleuze. La peur de vieillir et celle de ne plus être aimé sont décuplées dans ce monde où la jeunesse et la beauté priment. « Quand je ne tourne pas, je me sens vide », a reconnu un jour Deneuve avec une rare franchise.

Ce goût pour la joie et le bonheur

« Catherine est très peu actrice dans la vie, disait d’elle François Truffaut. En fait, elle calcule très peu et préfère se laisser aller, très à l’aise dans certaines situations, très malheureuse dans telles autres. Mais elle ne le montre pas et possède une décence que j’apprécie beaucoup. Elle n’a pas la vanité de son talent. Pour elle, seul le bonheur compte. » Parmi tous ses films, Renée Dorléac, sa mère, qui a 108 ans, préfère Le Sauvage, de Jean-Paul Rappeneau parce que, a-t-elle déclaré, « c’est celui qui me fait le plus penser à la gaieté de ma fille lorsqu’elle était jeune ».

Ce goût pour la joie et le bonheur lui ont donné une sorte d’équilibre mental assez rare dans son métier. « Elle a eu les cartes en main et a distribué le jeu avec les atouts qu’elle avait, souligne le grand producteur Alain Sarde, quand tant d’acteurs se laissent envahir par des angoisses narcissiques qui brouillent leur discernement. » Une star reste épinglée sur le mur imaginaire du public. Deneuve, elle, réussit ce tour de force d’avoir voleté comme un papillon dans la lumière pendant soixante ans, sans s’y brûler.

« Il n’y a pas de secret derrière ce mystère apparent, plutôt une nécessité de préserver une certaine fraîcheur pour ses rôles », affirme Benoît Jacquot, qui a réalisé pour elle Princesse Marie, sur Marie Bonaparte, cette disciple, amie et protectrice de Sigmund Freud. Le réalisateur viennois Josef von Sternberg conseillait lui aussi à Marlène Dietrich de garder toujours quelque chose d’elle-même pour le donner dans un prochain film.

C’est vrai qu’aujourd’hui Catherine Deneuve arrive avec toute sa filmographie légendaire et qu’il est parfois difficile de l’oublier. « Elle se vit comme une débutante, neuve à chaque prise », a remarqué Emmanuelle Devos, qui a joué plusieurs fois avec elle, mais en vérité tout le monde en parle comme d’un « monument ». L’acteur et réalisateur Xavier Beauvois, qui a interprété son jeune amant dans Le Vent de la nuit, dit drôlement qu’il a eu « l’impression d’embrasser la tour Eiffel ». Le cinéaste japonais Hirokazu Kore-Eda voulait carrément appeler son dernier film La Vérité sur Catherine Deneuve, comme si elle avait vampirisé son scénario. C’est le revers du privilège d’être star : on s’inscrit dans le paysage mental de chacun.

Il faut que Catherine supporte d’être Deneuve. Dans le 6e arrondissement de Paris où elle vit, à quelques dizaines de mètres de l’écrivain Patrick Modiano, du réalisateur Philippe Garrel et de sa fille, Chiara Mastroianni, il n’est pas rare de la voir balader son chien ou acheter les journaux au kiosque du coin. Lors des tournages, s’il n’y a pas de photographe, elle déambule facilement en jean, la tête couverte de bigoudis. Voilà Catherine.

L’appétit désinvolte des foules

Deneuve, elle, est parfois effrayée face à l’appétit désinvolte des foules. Pierre Lescure, qui a vécu avec elle pendant sept ans et est resté un ami fidèle, se souvient de ce couple qui, dans un Relais H d’aéroport, avait foncé sur l’actrice. La femme l’avait prise par les épaules et l’avait fait pivoter vers son mari, comme s’il s’agissait d’un simple mannequin de cire, en s’exclamant triomphalement : « Hein, qu’est-ce que je te disais, c’est bien elle ! » Dans ce monde postmoderne où chacun aspire à la célébrité, il y a toujours un importun pour débouler avec son smartphone, lui tourner soudain le dos et tenter un selfie, comme si une mèche de ses cheveux blonds saisie à la volée pouvait composer une glorieuse toile de fond.

Parfois, cependant, il y a un peu d’ambivalence à l’égard de la célébrité. Il y a six ans, Catherine Deneuve s’est ainsi retrouvée à Bombay, pour le Festival international du film. L’énorme ville abrite, sur la côte ouest de l’Inde, la plus grande industrie cinématographique du monde. Le patron du festival, un cinéphile amateur de films européens, voulait remettre à la Française une sorte de palme d’honneur, et avait obtenu pour cela le concours d’Aishwarya Rai, à la fois Miss Monde 1994 et actrice la plus récompensée de Bollywood. Catherine Deneuve a vite compris que la foule était d’abord venue pour celle-ci.

En sortant dans les rues grouillantes, personne ne paraissait noter sa présence, malgré sa blondeur. Celui qui l’accompagnait a alors osé lui demander : « Vous qui êtes partout célébrée, qu’est-ce que cela vous fait de ne pas être reconnue ? » Elle a cherché quelques instants. Puis, elle a pioché dans ces rôles écrits pour elle par François Truffaut. « C’est à la fois une joie et une souffrance », a-t-elle lâché. Une réplique de cinéma.

24 août 2020

Le festival de cerfs-volants fait carton plein

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Les cerfs-volants de toutes les formes et de toutes les couleurs ont survolé la plage de Kerminihy, côté barre d’Etel, ce dimanche.

Week-end prometteur pour le festival de cerfs-volants « Tout ça c’est du vent ! » qui a attiré plus de monde que l’an passé. L’aventure, lancée il y a un an, devrait en toute logique se poursuivre en 2021…

Joli bouclage dominical pour le festival de cerfs-volants « Tout ça c’est du vent ! » après deux jours de conditions météo parfois abruptes, la bande de kitesurfeurs du club étellois ABC du Kite, et ses passionnés cervolistes, ont connu ce dimanche une journée « parfaite » sur bien des plans. Avec le beau temps, le festival a tout simplement connu sa meilleure fréquentation en deux éditions : « Par rapport à 2019, ça va du simple au triple, témoigne, tout heureux, le président du club de kite, Vincent Hinault. En tout et pour tout, sur le week-end, 3 500 à 5 000 personnes ont dû venir. C’est incroyable. Rien qu’aujourd’hui, depuis 11 h, ça n’arrête pas de défiler depuis les quatre parkings les plus proches ».

45 cervolistes amateurs

Une réussite qui doit beaucoup aux jolies conditions météo de fin de week-end, avec un vent léger de 25 km/h. « Et pourtant, le vendredi, ce fut musclé. Ce n’était pas gagné, résume le coorganisateur. Le samedi, c’était encore difficile avec 40 km/h de vent mais ça s’est tassé en fin de journée ». Pas de quoi mettre toute la programmation dans le vent. Les tonnelles et le balisage pour faciliter la circulation sur la plage ont été installés sans trop de souci. Et les organisateurs ont maintenu lors de la deuxième journée plusieurs animations dont les démonstrations de ballets de cerfs-volants de deux ou quatre lignes. Les poulpes géants et autres tortues Koopa ont survolé la plage pendant tout le week-end. Et près de 45 cervolistes amateurs ont joué le jeu…

Travailler la pédagogie en 2021

Cette année n’aura pas permis d’organiser des compétitions de ballets comme l’an passé. « Les équipes sont logiquement plus frileuses à venir avec la période Covid qu’on connaît », explique Jean-Charles Lelay, l’un des organisateurs. « On va relancer ça l’an prochain », promet Vincent Hinault. Car il y a bien sûr un après. « Ça donne envie de poursuivre. Et peut-être de voir les choses plus en grand, dans un aspect plus pédagogique. On a la chance de pouvoir pratiquer cela sur un grand site d’exception, après la nidification des oiseaux du littoral terminé. Il y a sûrement moyen de parler aussi de ce milieu protégé ». En d’autres termes, le vent ne devrait pas tourner en 2021…

24 août 2020

Vu sur internet - j'aime bien

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24 août 2020

Étel - 1850-2020 : la commune d’Etel a 170 ans

Le Musée des thoniers d’Etel a attiré l’attention sur l’anniversaire de la commune, née le 7 août 1850. Des pavillons marquant cet anniversaire ont été placés vendredi 21 août par la commune.

Dans une notice, Michel Perrin et Michel Le Leuch retracent la naissance de la ville, en remontant bien avant 1850.

Au XIe siècle, deux villages d’Erdeven sont cités par le cartulaire de Quimperlé sur le périmètre actuel d’Etel : le Sac’h et Kerivin. Le nom d' « Etell » apparaît dans des ouvrages à usage des marins de 1483 et 1548. Les XVIIe et XVIIIe siècles voient le développement d’une activité maritime et de presses qui devient importante au XIXe. Mais l’essor économique et démographique n’est suivi ni par la commune d’Erdeven, plus tournée vers la ruralité, ni par l’Etat qui peine à financer les infrastructures portuaires et n’envisage pas de route de désenclavement.

Une expo en préparation

Suite au scrutin de 1848, où un seul Étellois figure au conseil d’Erdeven, une pétition massive est lancée pour réclamer la séparation et la « République » d’Intel : « Dré gras en Eutru Doué, hur gourdadeù o doé groeit En Intel, dré hur volanté ni e zo Intelliz ! » (Par la Grâce de Dieu, nos ancêtres ont fait Intel, par notre volonté nous sommes Étellois). Le combat aboutit avec l’érection d’Etel en paroisse en 1849 puis en commune en 1850. Etel compte alors 1.022 habitants et son territoire couvre 208 ha.

Toute cette histoire et l’essor d’Etel donneront lieu à une exposition photos préparée par le musée et présentée à la médiathèque.

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24 août 2020

Extrait d'un shooting

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24 août 2020

Face à la contestation, Loukachenko choisit la stratégie de la terre brûlée

Par Benoît Vitkine, Moscou, correspondant - Le Monde

Des foules toujours aussi immenses se sont rassemblées, dimanche, en Biélorussie pour protester contre la réélection d’Alexandre Loukachenko. Mais l’inquiétude grandit face à la volonté du régime de mettre fin aux grèves.

A ceux qui en doutaient encore, Alexandre Loukachenko vient de le rappeler de la manière la plus démonstrative et dramatique qui soit : confronté à un mouvement de contestation sans précédent, le président biélorusse vendra chèrement sa peau, quitte à entraîner son pays dans une spirale de violences.

C’est le sens des images habilement diffusées par ses services de communication, dimanche 23 août. On y voit le chef de l’Etat atterrir en hélicoptère dans l’enceinte du palais présidentiel, à Minsk. Vêtu de noir, sanglé dans un gilet pare-balles, l’homme porte un fusil automatique bien en évidence. Son fils de 15 ans est avec lui, en uniforme militaire. Loukachenko fait quelques pas martiaux, s’enquiert : « Il ne reste plus personne, là-bas ? »

Quelques minutes plus tôt, une foule s’est approchée de sa résidence de Minsk, à l’issue de l’immense manifestation qui s’est déroulée à quelques centaines de mètres de là, place de l’Indépendance. A la vue des cordons de police, elle est restée à bonne distance, fidèle à la stratégie de non-violence qui anime le mouvement de contestation contre les fraudes massives du scrutin présidentiel du 9 août.

Le danger est inexistant, mais là n’est pas l’essentiel. Alexandre Loukachenko est un homme de spectacle et de symboles. Celui-là est évident : Viktor Ianoukovitch, son homologue ukrainien, avait fui en 2014 son palais en hélicoptère, chassé par la foule ? Lui arrive pour en découdre. Le message est aussi adressé à ses troupes, et il est inquiétant, après quelques jours de répit dans la répression.

Il s’agissait également pour le président biélorusse de faire oublier, par sa spectaculaire sortie, les images de manifestations à nouveau massives, ce dimanche. Une semaine après les derniers rassemblements, on a vu les mêmes foules, les mêmes marées humaines parées de rouge et de blanc converger vers le centre des villes biélorusses.

Postures de matamore

A Minsk, ils étaient au moins autant que le 16 août, entre 80 000 et 250 000 selon les estimations des médias indépendants. Des dizaines de milliers d’autres sont sorties à Brest, Grodno, Gomel, Moguilev, Vitebsk et jusque dans des villages isolés. Pour les manifestants, l’essentiel est sauf : l’essoufflement annoncé n’a pas lieu, la rage et l’énergie sont intactes.

Quelque chose a changé, pourtant, qui ne tient pas seulement à la pluie et au ciel gris. Le 16 août ressemblait à une fête nationale. Ce dimanche, on se compte avec inquiétude. Chacun l’a compris, la masse ne suffira plus à renverser l’autocrate, mais elle est au moins synonyme de sécurité. Il y a une semaine, les forces de sécurité avaient abandonné la rue. Elles sont de retour, ostensiblement. Seule la foule gigantesque l’empêche d’intervenir.

Ces derniers jours, les arrestations ont repris lors des innombrables rassemblements qui se déroulent, pendant la semaine, à toute heure du jour. D’abord ébranlé par l’ampleur de la protestation, Alexandre Loukachenko a renoué avec les postures de matamore : vendredi 21 août, il a promis de ramener l’ordre, de « régler le problème ». Des poursuites judiciaires ont été lancées contre des membres du conseil de coordination conduit par la candidate exilée Svetlana Tsikhanovskaïa. Dimanche matin, le ministre de la défense menaçait, dans une vidéo, d’envoyer ses troupes en appui des forces antiémeute et de la police.

« La situation est difficile, reconnaît, au téléphone, un ouvrier de l’usine MAZ, fabricant d’autobus et de camions à Minsk, qui a participé au rassemblement mais préfère ne pas donner son nom. Les punitions ont commencé : huit des nôtres ont été licenciés parce qu’ils étaient grévistes. Les forces antiémeute viennent jusqu’aux entrées des sites. Un de nos camarades a tout simplement disparu… Résultat, le nombre de grévistes diminue, environ 2 000 sur 16 000. »

Diviser la population

Cette lutte souterraine est moins spectaculaire que la répression dans la rue, la torture dans les centres de détention ou les provocations du président. Elle sera, sur le long terme, déterminante. Les grèves à répétition dans les usines ont été le signal le plus inquiétant pour le régime. C’est là qu’il est en train de reprendre la main, utilisant la menace de la répression et celle de la précarité économique. Le fonds de soutien collaboratif mis en place par l’opposition ne peut pas faire le poids.

« Evidemment qu’il y a une certaine fatigue, reconnaît Pavel Latouchko, un ancien ministre et ambassadeur, devenu l’un des dirigeants de l’opposition. Cela fait deux semaines qu’on manifeste sans interruption. Le pouvoir utilise les arrestations, les violences et les pressions pour endiguer la mobilisation. » « C’est précisément le rôle de tels rassemblements de masse, tempère la sociologue Ioulia Shukan. Ils servent à redonner des forces au mouvement, à remobiliser ses participants, alors que la dynamique paraît négative. »

Les répercussions de la crise sont déjà immenses. Plusieurs firmes du très performant secteur des hautes technologies, le seul à ne pas dépendre de la Russie, ont indiqué délocaliser une partie de leurs activités, temporairement pour le moment. Les arrestations de leurs cadres et ingénieurs actifs dans la contestation, mais aussi les coupures à répétition d’Internet, menacent leur travail. Plusieurs ont choisi l’Ukraine voisine, pays que M. Loukachenko présente comme une terre de chaos et un contre-modèle.

Ces nouvelles devraient inquiéter le président − elles le confortent. Car Alexandre Loukachenko semble jouer délibérément la stratégie de la terre brûlée pour conserver le pouvoir. Pour décourager les grévistes, il a prévenu que les usines où se déroulaient des grèves seraient purement et simplement « fermées ». Et pour remplacer les mineurs grévistes de l’entreprise de potasse Belaruskali, il fera venir « des Ukrainiens » (chose que les syndicats de ces derniers ont immédiatement exclue).

Depuis quelques jours, le président multiplie les déplacements. Comme si, après avoir remporté le scrutin du 9 août par une fraude d’une ampleur inédite, il se mettait en campagne. Les visites sont encadrées au millimètre près, le plus souvent dans des collectivités agricoles, pour éviter les huées qui avaient marqué sa visite dans une usine, dans les premiers jours de la contestation, et fortement marqué le chef de l’Etat.

Sans états d’âmes, Alexandre Loukachenko joue la division de sa population. Contre toute évidence, il accuse l’opposition − des « rats », lâche-t-il dans son hélicoptère − de chercher à rejoindre l’Union européenne et l’OTAN, et de vouloir interdire l’usage de la langue russe. Son action aurait pour résultat, assure-t-il, « une guerre ethnique, une guerre religieuse ».

« Ascenseur émotionnel »

Ces avertissements sont autant une façon d’effrayer ce qui lui reste de soutiens que des appels du pied à Moscou, sur des thématiques qui résonnent avec une acuité singulière en Russie. Dans le champ diplomatique aussi, Loukachenko a choisi la terre brûlée. Particulièrement habile, durant ses vingt-six ans de règne, pour zigzaguer entre Est et Ouest et obtenir le maximum de chacun, le chef de l’Etat, aux abois, a décidé de s’en remettre entièrement à Moscou. Pour pallier l’absence des grévistes de la télévision publique, il a déjà reconnu avoir invité des « spécialistes » russes.

Lui qui, avant le scrutin, accusait le Kremlin de déstabilisation, assure désormais que les manifestations sont dirigées par les Etats-Unis. Samedi, il a mis son armée en état d’alerte maximale, dénonçant d’« importants agissements des forces de l’OTAN à proximité » des frontières, désignant notamment la Pologne et la Lituanie. L’Alliance a démenti tout renforcement dans la région, mais nul ne sait où cette spirale peut entraîner Alexandre Loukachenko.

Dans ce contexte, les appels à la négociation émis par différents pays européens et des organisations comme l’OSCE, réitérés dimanche, paraissent illusoires. Si l’opposante Svetlana Tsikhanovskaïa a indiqué dès le début être prête à un dialogue, Alexandre Loukachenko a rapidement écarté cette option. Le rejet par Moscou d’« interférences extérieures » le conforte dans cette voie.

La partie est pourtant loin d’être jouée. S’il ne conduit pas à un dénouement violent, le face-à-face entre deux camps qui font preuve d’une semblable détermination promet de s’installer dans la durée. Vendredi, Maria Kolesnikova, la seule représentante du triumvirat féminin formé autour de Mme Tsikhanovskaïa à ne pas avoir fui le pays, évoquait ainsi l’« ascenseur émotionnel » dans lequel vivent les manifestants, les enjoignant à la patience.

24 août 2020

Milo Moiré

milo58

milo82

24 août 2020

Photo mondialement connue - « Les poings levés de Tommie Smith et John Carlos » de John Dominis (1968)

monde5

Lors des Jeux olympiques de Mexico en 1968, Tommie Smith et de John Carlos, deux des trois gagnants de l'épreuve du 200 mètres, profitent des caméras braquées sur eux pendant la remise des médailles pour faire passer un message : un poing brandi ganté de noir. Ce geste, assimilé au groupe militant Black Panther, est on ne peut plus explicite dans un contexte où, quatre ans après l'abolition de la ségrégation par le Civil Rights Act, les crimes racistes sévissent toujours aux États-Unis. D'autant plus que, cinq mois avant les J.O, Martin Luther King est assassiné, provoquant ainsi une énième vague d'émeutes dans le pays. Malgré les insultes et les hurlements du public, le lendemain, Lee Evans, Larry James et Ron Freeman, vainqueurs du 400 mètres, se présenteront sur les marches du podium en levant un béret noir, autre référence aux militants Black Panther. Pendant ce temps, Tommie Smith et John Carlos seront bannis du village olympique par Avery Brundage, le président des jeux. Ce qui mettra fin à leurs carrières sportives.

24 août 2020

Pierre et Gilles

pierre77

pierre78

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