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Jours tranquilles à Paris
27 janvier 2019

Vous ne connaissez pas "Roi" de Bilal Hassani ? Voici la chanson qui représentera la France à l'Eurovision

Le youtubeur Bilal Hassani, idole queer des jeunes, représentera la France à l’Eurovision

Avec sa chanson « Roi », le youtubeur de 19 ans a été placé en tête du classement par les votes du public. Il a éclipsé des chanteurs confirmés comme Chimène Badi.

A 15 ans, il admirait Conchita Wurst, la diva à barbe qui avait remporté l’Eurovision. Cinq ans plus tard, le jeune Bilal Hassani représentera la France en mai à l’Eurovision après avoir remporté, samedi 26 janvier, la finale de « Destination Eurovision » avec son titre Roi, en direct sur France 2. « Merci, merci, merci, merci… Vous ne vous rendez pas compte du rêve que vous m’aidez à réaliser », s’est exclamé Bilal Hassani sous les cris du public.

Le chanteur, auteur-compositeur, de 19 ans, a été placé en tête du classement par les votes des téléspectateurs alors qu’il n’était que cinquième du classement à l’issue du vote d’un jury international.

Sa chanson Roi a été coécrite par Madame Monsieur, le duo pop qui avait remporté la première édition de « Destination Eurovision », et était arrivé 13e avec Mercy (sur le drame des migrants) l’an dernier lors du 63e concours Eurovision de la chanson à Lisbonne. « On est tous roi, on est tous reine », avait lancé Bilal Hassani à l’issue de sa prestation.

Parmi les voix qu’il affrontait lors de cette finale française figuraient des artistes confirmés comme la chanteuse Chimène Badi (avec Là haut), la plus connue du grand public qui termine troisième, et le chanteur du Roi Soleil Emmanuel Moire qui se place quatrième. Autre révélation du concours, la chanteuse de 21 ans, Seemone, termine deuxième avec sa chanson Tous les deux, une déclaration d’amour d’une fille à son père.

Une personnalité flamboyante remarquée

« L’Eurovision, j’en rêve depuis que je suis tout petit », avouait le jeune homme devenu une sensation sur les réseaux sociaux et pour les téléspectateurs de l’émission. Son succès est lié à sa personnalité flamboyante – avec ses perruques (à qui il donne des petits noms), son maquillage, son look lorgnant du côté de Kim Kardashian – et à ses messages positifs. Car le jeune homme d’origine marocaine plaide à sa façon pour l’acceptation de soi et repousse les codes classiques de la masculinité, en empruntant au vestiaire féminin tout en s’affirmant comme un homme. Ce qui ne se fait pas sans mal. Si aujourd’hui, il se moque de ceux qui doutaient du potentiel d’un « Arabe avec une perruque », il doit faire avec une violente campagne de haine sur les réseaux sociaux.

« Déjà plus de 1 500 tweets insultants, discriminants ou menaçants en raison de son orientation (sexuelle) et/ou de son apparence », a fait savoir le collectif Urgence Homophobie, qui s’est associé à Stop Homophobie pour attaquer en justice « chaque personne qui a insulté, discriminé ou menacé » en ligne le jeune chanteur.

Tout a commencé pour lui à l’âge de 15 ans, quand il apparaît dans la saison 2 de l’émission télévisée « The Voice Kids » et se fait remarquer avec sa reprise de Rise Like A Phoenix de Conchita Wurst. Une prestation en forme de renaissance. Il devient peu après youtubeur : sur la plate-forme où il popularise son tonitruant Bonjour Paris !, il fait son coming out, poste des vidéos de maquillage ou des reprises de ses idoles. Remarqué par Janet Jackson, Bilal Hassani doit sortir son premier album au printemps chez le label Low Wood.

Le public choisit son représentant

Après s’être reposée pendant plusieurs années sur un comité artistique pour désigner le candidat français à l’Eurovision, France 2 avait lancé l’an dernier « Destination Eurovision », une émission retransmise en direct dans laquelle le public contribue au choix du vainqueur.

Un processus de sélection entamé cet été a permis de choisir les dix-huit participants, sur un total de 1 500 propositions. Ils ont ensuite été départagés lors de deux demi-finales.

La finale de l’Eurovision 2018, disputée en mai dernier à Lisbonne, avait été remportée par l’Israélienne Netta. La dernière victoire française remonte à 1977, avec L’Oiseau et l’Enfant interprété par Marie Myriam.

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27 janvier 2019

Moi Magazine

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26 janvier 2019

Acte XI des « gilets jaunes » : la mobilisation a repris malgré des dissensions internes

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Les rassemblements ont été émaillés d’incidents à Paris, Toulouse ou Evreux. Jérôme Rodrigues, une figure des « gilets jaunes », a été blessé à l’œil, et l’IGPN saisie.

Plusieurs milliers de « gilets jaunes » ont participé à l’acte XI, samedi 26 janvier, plus de deux mois après la première mobilisation, le 17 novembre 2018. Les rassemblements ont été émaillés d’incidents sporadiques à Paris, Toulouse ou Evreux, sur fond de dissensions au sein du mouvement concernant la stratégie à suivre.

Le ministère de l’intérieur a recensé 69 000 manifestants, dont 4 000 dans la capitale, soit légèrement moins que le 19 janvier. Ils étaient alors 84 000, dont 7 000 à Paris, selon les autorités – des chiffres contestés par les « gilets jaunes ».

Certains chefs de file de facto avaient appelé à prolonger les manifestations par une « nuit jaune » sur la place de la République, dans l’Est parisien, qui fut en 2016 l’épicentre d’un autre mouvement protestataire, « Nuit debout ». Cette initiative rassemblant quelques centaines de personnes n’aura duré qu’un peu plus de deux heures. La place a été évacuée par les forces de l’ordre, qui ont a poussé les derniers mobilisés vers la station de métro, samedi vers 22 heures.

Dans la journée, cinq manifestations distinctes au total ont été déclarées dans la ville, signe de l’éparpillement de ce mouvement à la recherche d’un second souffle au moment où le gouvernement tente de reprendre la main avec son « grand débat national ».

Un proche d’Eric Drouet blessé à l’œil

Les « gilets jaunes » sont partis de plusieurs lieux de rendez-vous puis ont défilé dans le calme avant de converger, pour beaucoup, aux abords de la place de la Bastille. Des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre, lesquelles ont fait usage de gaz lacrymogènes, avec l’appui d’un canon à eau, pour disperser les manifestants aux alentours de 16 heures. La préfecture de police de Paris a fait état de 42 interpellations en milieu d’après-midi.

Un « gilet jaune » influent et proche d’Eric Drouet, Jérôme Rodrigues, a été blessé à l’œil place de la Bastille. Il était en train de filmer la fin de la manifestation pour un direct sur Facebook lorsqu’il a été touché. Sur la vidéo qu’il a postée sur le réseau social, on peut voir, à partir de la 9e minute, des forces de l’ordre arriver à proximité de lui. Un projectile, dont la nature reste à déterminer, est lancé dans sa direction. L’homme s’effondre, vite entouré par des « street medics », des secouristes bénévoles.

Présent sur place, Le Monde a constaté que Jérôme Rodrigues a ensuite été encadré par des policiers afin de sécuriser son évacuation par les pompiers. L’inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », a été saisie « pour établir les circonstances dans lesquelles cette blessure est intervenue », a indiqué la préfecture de police sur Twitter. Selon toute vraisemblance, il a été atteint par l’éclat d’une grenade de désencerclement, d’après des sources policières citées par l’AFP.

Gouvernement, policiers et gendarmes se savent sous surveillance, après la polémique qui s’est développée sur l’usage des lanceurs de balles de défense (LBD) et les blessures que ces armes infligent. Les forces de l’ordre ont expérimenté pour la première fois ce samedi l’utilisation de LBD par des binômes, dont un des deux membres est porteur d’une caméra-piéton filmant l’utilisation de cette arme et le contexte. Cela permettra le cas échéant de « réunir des preuves s’il y avait une contestation de l’usage du LBD », avait prévenu Laurent Nuñez, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur.

Le ministre de l’intérieur Christophe Castaner a « condamné » samedi dans un tweet « les violences et dégradations commises samedi encore, à Paris comme en province, par des casseurs camouflés en “gilets jaunes” ». Il a ajouté qu’à Paris, « l’IGPN saisie par [la préfecture de police] fera toute la lumière sur les incidents qui se sont produits place de la Bastille ».

Maxime Nicolle interpellé à Bordeaux

En chemin, l’un des cortèges est passé par le quartier des ministères, où s’est tenu un débat impromptu, en pleine rue, entre la ministre des outre-mer, Annick Girardin, et Etienne Chouard, promoteur du « référendum d’initiative citoyenne » que de nombreux manifestants appellent de leurs vœux.

Ailleurs en France, les manifestants se comptaient par milliers également à Bordeaux, l’un des foyers de la contestation. Une des figures nationales du mouvement des « gilets jaunes », Maxime Nicolle, a été brièvement interpellé samedi soir dans le centre de la capitale girondine, où s’étaient rassemblés environ 200 manifestants décidés à mener une action nocturne. L’homme « faisait parti d’un attroupement à qui il a été donné l’ordre de dispersion. Malgré cet ordre, il est resté et à inciter les autres à faire de même », selon la préfecture. Maxime Nicolle est ressorti moins de deux heures plus tard de l’Hôtel de police. « Il a été entendu en audition et laissé libre », a rapporté le parquet.

A Marseille ou Lyon, les manifestants étaient plus de 2 000, soit environ deux fois plus que le 19 janvier. Le chef-lieu du Rhône a été le théâtre d’affrontements entre « gilets jaunes » et policiers, de même que Toulouse ou Evreux. « De nombreux actes de violences et des dégradations sont commis à Evreux depuis ce matin », a déploré sur Twitter Sébastien Lecornu, ministre et animateur du grand débat voulu par Emmanuel Macron.

A Montpellier, quelque 2 000 manifestants ont défilé, selon la préfecture, et ont rendu hommage aux « gilets jaunes » victimes de violences policières. Des incidents ont éclaté vers 17 heures devant la préfecture, où les forces de l’ordre ont tenté de repousser les manifestants avec des jets d’eau, derrière les grilles du bâtiment. Quelque « 300 casseurs » ont lancé canettes et bouteilles, et deux policiers ont été blessés, dont l’un par un « jet d’engin pyrotechnique », selon la préfecture, qui fait état de six interpellations. La manifestation a également été tendue à Avignon : la préfecture a fait état de quatorze gardes à vue, notamment pour détention de cocktail Molotov.

« D’autres alternatives »

La consultation nationale lancée la semaine dernière par l’exécutif, avec la participation active du chef de l’Etat, pose aux « gilets jaunes » un nouveau défi : comment garder l’initiative face au gouvernement ? « Nous devons maintenir nos mobilisations. Elles ne doivent plus se faire dans la violence. Nous devons avoir d’autres alternatives », lisait-on sur la page Facebook des initiateurs de la « nuit Jaune ».

D’autres « gilets jaunes » ont opté pour une autre stratégie en annonçant mercredi la constitution d’une liste emmenée par Ingrid Levavasseur, aide-soignante de profession, en vue des européennes du 26 mai. Ce choix est loin de faire l’unanimité dans les rangs des « gilets jaunes », si l’on en juge par les réactions suscitées sur les réseaux sociaux et par un communiqué, publié sur la page d’Eric Drouet, fustigeant une « récupération abjecte ».

Dimanche, les partisans du grand débat et opposants à toute contestation violente se compteront à Paris dans « une marche républicaine des libertés » à l’appel des collectifs « STOP, maintenant ça suffit » et « foulards rouges ». Les organisateurs de cette manifestation jurent qu’elle est « apolitique » et qu’ils agissent uniquement par souci de dénoncer les violences et de promouvoir le dialogue.

26 janvier 2019

Au Théâtre ce soir...

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Théâtre Sulki & Sulku ont des conversations intelligentes Du 17/01 au 03/02 Théâtre du Petit Montparnasse - 75014 Paris

À peine sortis de la pièce Musée haut, musée bas, où ils figuraient en tant qu'oeuvre d'art, Sulki et Sulku ont ressenti le besoin irrépressible de continuer à discuter ensemble. Jean-Michel Ribes n'est pas parvenu à les en empêcher, et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Vous trouverez ici quelques-unes de leurs conversations qu'il a réussi à retranscrire. Ils lui ont assuré qu'elles étaient intelligentes. Il n'en est pas sûr, mais avec eux on ne sait jamais.

Avec Romain COTTARD et Damien ZANOLY De et mise en scène : Jean-Michel RIBES (photo ci-dessous)

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26 janvier 2019

Dita von Teese au cours du défilé de Jean Paul Gaultier -Fashion Week

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26 janvier 2019

Appuyez là où ça fait...du bien

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26 janvier 2019

Extrait d'un shooting

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26 janvier 2019

Save the date

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26 janvier 2019

Le compositeur Michel Legrand est mort à l'âge de 86 ans

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Son œuvre restera pour toujours associée au cinéma. Il avait notamment composé la musique de plusieurs films de Jacques Demy dont "Les Demoiselles de Rochefort".

Il était un des plus grands compositeurs français, et l'auteur de certaines des musiques les plus marquantes de l'histoire du cinéma. Michel Legrand est mort dans la nuit du vendredi 25 au samedi 26 janvier à Paris, à l'âge de 86 ans, a annoncé samedi son attaché de presse.

Collaborateur de Jacques Demy, pour qui il avait signé les chansons des Parapluies de Cherbourg, des Demoiselles de Rochefort et de Peau d'Ane, il a aussi travaillé pour de nombreux cinéastes de la Nouvelle Vague comme Jean-Luc Godard et Agnès Varda, avant de faire carrière à Hollywood, composant notamment la musique d'un James Bond, Jamais plus jamais. Il a remporté trois Oscars et cinq Grammy Awards.

Sa carrière ne se limitait pas pour autant au cinéma. Chanteur et pianiste, il a accompagné aussi bien Ray Charles et Frank Sinatra que Charles Trenet et Édith Piaf.

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Le compositeur, auteur notamment des «Parapluies de Cherbourg» et des «Demoiselles de Rochefort», est décédé dans la nuit à Paris à l'âge de 86 ans, a annoncé samedi son attaché de presse.

Le compositeur de musique Michel Legrand, créateur notamment des thèmes des films «Les Parapluies de Cherbourg» et «Les Demoiselles de Rochefort», est décédé dans la nuit à Paris à l’âge de 86 ans, a annoncé samedi 26 janvier son attaché de presse. Au cours d’une carrière de plus de 50 ans qui lui a valu une renommée mondiale et trois Oscars pour ses musiques de films, ce musicien touche-à-tout a travaillé avec les plus grands de Ray Charles à Orson Welles, en passant par Jean Cocteau, Frank Sinatra, Charles Trenet et Édith Piaf. En 2013, Libération lui consacrait ce portrait à l'occasion de la sortie d’un coffret de 15 CD et d’un album de duos avec Natalie Dessay, et de la publication de sa première autobiographie

Pour la plupart des gens, des Français du moins, Michel Legrand est «la moitié de Demy», comme il l’écrit lui-même. On dirait presque : et vice-versa. Une chambre en ville (musique de Michel Colombier), c’est comme si ce n’était pas le même réalisateur que celui des Parapluies de Cherbourg et des Demoiselles de Rochefort.Qu’on enlève la musique de l’un ou les images de l’autre et l’œuvre de chacun semble bizarrement amputée. Pire qu’Une chambre en ville, il y a Trois Places pour le 26, le dernier film de Demy, en 1988, «en-chanté» par Legrand. Le compositeur prend volontiers une part du ratage : «J’arrange une partie de la musique avec des machines, précisément pour avoir une couleur plus contemporaine. Est-ce une bonne idée ? Sur le moment, j’en suis convaincu. Avec le recul, beaucoup moins : les rythmiques électroniques et les sons de synthétiseur font comme une tache d’huile de l’époque à laquelle le film est tourné.» Misère du son des années 80.

Outre, bien sûr, la maladie de Demy à cette époque, qui le laisse «ailleurs», écrit Legrand, le défaut d’alchimie vient sans doute de ce que Montand chante lui-même les chansons. Or, le secret de la réussite absolue des Parapluies ou des Demoiselles, c’est que les acteurs ne chantent pas leurs rôles (même si l’on croit souvent, tant la ressemblance de timbre est frappante, que Deneuve est une super soprano). Mieux : les acteurs doivent indexer leur jeu sur la voix des chanteurs, pré-enregistrée, mais sous leurs indications. En studio : «Je ressens un certain trouble à avoir devant moi les deux interprètes de Geneviève, ses deux composantes chimiques. Cinquante pour cent de Danielle et cinquante pour cent de Catherine vont fusionner pour former cent pour cent d’une nouvelle entité, un personnage de synthèse qui échappe complètement à l’une comme à l’autre.» Magie d’outre-monde du cinéma, le personnage est un spectre, une chimère, rien à voir avec la présence théâtrale, évidemment.

Complice.

Legrand écrit beaucoup sur Demy. Il a quelques jugements à l’emporte-pièce («une comédie anodine, l’Evénement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune»), il assume totalement son absence de modernité (le fulgurant Model Shop le «déconcerte»), se montre parfois mesquin à l’égard de son ancien complice mort qui, dit-il, à propos de son refus de musiquer Une chambre en ville, «aurait sans doute préféré des compliments factices à un refus argumenté et sincère».

Globalement, d’ailleurs, Michel Legrand n’est pas le champion de l’introspection. A 81 ans, sa première autobiographie, Rien n’est grave dans les aigus, est radine en autocritique, mais ne se prive guère de remarques un peu rapides sur autrui : Henri Salvador, Maurice Chevalier, Claude Nougaro ne ressortent pas forcément grandis des portraits qu’il fait d’eux. Il n’y a que ceux qu’il n’aura pas eu le temps de connaître assez qui jouissent d’une aura totale, tel Aragon, rencontré en 1964, et dont il aurait aimé un argument de ballet : «En gros, j’ai le Sacre du printemps qui me démange, toute modestie mise à part.»

La partie la plus fascinante, de fait, de ce livre, paru au Cherche-Midi, concerne les rapports au masculin de Legrand. Aragon est rangé dans la catégorie des «pères de substitution». Le sien, Raymond Legrand, fut un collabo notoire. Chef d’orchestre de variétés, compositeur de musique de film (pour Cayatte, Pagnol, Verneuil…) et beau-frère de Jacques Hélian, il continua sa carrière après-guerre après avoir été parachuté résistant de la dernière heure. Son fils en garde un souvenir mitigé, entre admiration pour l’escroc de génie et rancœur contre celui qui les a abandonnés.

Dans les années 50, Raymond et Michel travaillent souvent ensemble - ou, plus exactement, Raymond fait travailler Michel, car, fainéant de première, il compte en général sur le génie de son fils pour composer à sa place, sauver la mise, improviser devant Tino Rossi pour un film de Cayatte : «"Ah, j’ai oublié de te dire : je n’ai rien écrit." Il voit que je m’étrangle et cherche à me rassurer par un grand "ne t’inquiète pas !" - phrase qui depuis produit sur moi l’effet contraire. Et il m’annonce son plan : "Je vais leur raconter l’intention de la chanson, sa signification dans l’histoire et hop, tu joues ! - Je joue quoi ? - Un truc dans l’esprit de ce que j’aurai raconté." Moi, inquiet : "Et s’ils me demandent de rejouer la mélodie, j’en serai incapable ! - Pas de panique, je ferai diversion…"»

Avec Jacques Demy, la relation est fraternelle. Les familles partent en vacances avec leurs enfants, Michel et Jacques s’appellent entre eux «les fufus» sans que Legrand se rappelle aujourd’hui pourquoi, Agnès Varda et la harpiste Catherine Michel se donnent du «fufute», c’est une «grande famille recomposée». Mais le vrai secret de leur entente, c’est le monde infrasexué de l’enfance : «Nos séances de travail sont entrecoupées par un rituel immuable, qui déconcerte nos femmes : nous jouons au train électrique.» Là, on sent qu’on touche presque du doigt la capacité des deux hommes à créer des personnages de «princesses».

En dehors de France, Michel Legrand est un compositeur américain et de jazz. Son livre évoque le couple hollywoodien Marilyn et Alan Bergman, amis proches et paroliers du tube qui colle à jamais aux basques de Legrand, The Windmills of Your Mind (les Moulins de mon cœur, en VF) en 1970. Ces années-là sont aussi celles de la dépression aiguë, dont Legrand ne se tire que par un traitement de choc, sevrage de barbituriques, hospitalisation de plusieurs semaines, Anafranil.

«Romantique».

On retrouve aussi Miles Davis, jouant d’abord à contre-cœur sur Legrand jazz, en 1958 (il est embauché par Philips et Columbia), mais qui demandera au Français en 1990 de l’aider à composer la BO de Dingo, film de Rolf de Heer. Dans les deux cas, Legrand décrit une star instinctive, qui aime se faire prier, mais à la fois un musicien «délicieux, impliqué, perfectionniste». Le jazz, avoue pourtant Legrand, n’est pas ce qui lui est le plus facile : «Si je suis dans la vie quelqu’un de joyeux, d’assez blagueur, la musique qui sort naturellement de moi est plutôt lyrique, romantique ou dramatique. Je souffre pour accoucher des thèmes bondissants, des valses jazz entraînantes, des bossas novas ensoleillées imposées par le sujet.» Seule la musique «savante» demeure pudiquement tue ou minorée dans ce récit. On a vu l’amour que porte Legrand à Stravinski et son désir d’orchestrer un ballet. Sur Liliom, ballet pour John Neumeier composé en 2011, sa «première vraie incursion» dans un genre non soutenu par un récit préexistant, il reste discret : «J’espère avoir réussi», note-t-il simplement.

Pendant cinq années, entre 1946 et 1951, Michel Legrand a été l’élève de Nadia Boulanger, la célèbre «mademoiselle» qui a formé Gershwin, Barenboim, Gardiner, Carter, Copland, mais également Vladimir Cosma ou Piazzolla… C’est auprès d’elle qu’il apprend composition et orchestration, mais aussi vitesse et rigueur.

Rien n’est grave dans les aigus contient un fac-similé d’une lettre de Nadia Boulanger. Il trace peut-être le programme des années à venir de Legrand : «Mon petit Michel, pardon de t’ennuyer mais ce serait folie de laisser passer ta chance. Le fait que ta partition serait finie serait déjà une page tournée vers ce que j’attends pour toi. Je t’en prie, fais un effort. Si tu développes ta volonté et te forces à achever ce qui t’est peut-être difficile, tu es sauvé. Tu ne sais à quel point j’y attache de l’importance. Courage, je serai toujours à tes côtés mais… aide-moi. En toute affection, Nadia Boulanger, le 25 mars 1951.»

Eric Loret - Libération

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26 janvier 2019

Après le plus long « shutdown » de l’histoire, Trump essuie le plus cinglant revers de sa présidence

Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

Le président américain a accepté un financement de l’administration fédérale jusqu’au 15 février, sans obtenir le moindre dollar pour le « mur » à la frontière avec le Mexique.

Donald Trump a tenté de sauver les apparences, vendredi 25 janvier. Il s’est dit « très fier » d’être parvenu « à un accord pour mettre fin au gel » (« shutdown ») d’un quart du gouvernement fédéral. Lorsqu’il a quitté le Rose garden de la Maison Blanche choisi pour cette annonce, les conseillers et les membres de son cabinet présents l’ont applaudi. Il venait pourtant d’essuyer l’un des plus cinglants revers de sa présidence.

Après de premiers signes de désordre dans le transport aérien à New York, faute d’assez d’aiguilleurs du ciel, le président des Etats-Unis s’est en effet résigné à accepter à l’identique ce qu’il avait refusé le 21 décembre, plongeant 800 000 fonctionnaires fédéraux dans l’incertitude. Après le plus long gel fédéral de l’histoire du pays, il a accepté un financement temporaire des départements concernés, jusqu’au 15 février, sans obtenir le moindre dollar pour le « mur » qu’il souhaite ériger sur la frontière avec le Mexique. Les fonctionnaires recevront leurs salaires gelés pendant cette période, au contraire cependant de milliers de sous-traitants.

Le financement de ce projet auquel les démocrates sont opposés va faire l’objet de négociations pour lesquelles Donald Trump arrive en position de faiblesse. Pendant les cinq semaines de « shutdown », le président a tout tenté pour convaincre les Américains de l’existence d’une « crise » à la frontière : allocution solennelle, déplacement sur place, tables rondes à la Maison Blanche, pluie de messages alarmistes publiés sur son compte Twitter. Rien n’y a fait.

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Formules maladroites

Le président des Etats-Unis a également instillé le doute au sein de son propre camp sur sa capacité à livrer et à remporter les « victoires » dont il avait juré pendant la campagne présidentielle que sa base finirait par se lasser. La direction républicaine avait tenté de le dissuader de se lancer dans cette épreuve de force faute d’avoir les voix nécessaires au Congrès. Il est passé pourtant outre. Nul doute que le camp républicain aurait fini par se fracturer si le blocage avait perduré plus longtemps comme en avait attesté un déjeuner tendu au Sénat, jeudi, avec le vice-président Mike Pence.

Pendant les cinq semaines de gel, Donald Trump et certains membres de son administration ont également donné l’impression de minimiser l’épreuve subie par les fonctionnaires et l’impact grandissant du blocage. Le président a tenté de se rattraper vendredi en exprimant dès le début de son intervention son admiration pour « les incroyables travailleurs fédéraux et leurs familles exceptionnelles, qui ont fait preuve d’un dévouement véritablement extraordinaire ». Il aura cependant du mal à effacer l’impression entretenue par des formules maladroites ou désinvoltes.

Donald Trump a bien menacé vendredi de bloquer à nouveau partiellement le gouvernement dans trois semaines en cas d’échec avec les démocrates, mais sa reculade et la dégradation continue de sa cote de popularité en cinq semaines rendent cette menace peu crédible. « Espérons que le président a retenu la leçon », a noté le chef de la minorité démocrate du Sénat, Chuck Shumer (Etat de New York), le grand vainqueur de l’épreuve avec la speaker (présidente) démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi (Californie). La dernière carte qu’il lui reste, un état d’urgence nationale permettant de contourner le Congrès, devient moins crédible chaque jour qui passe sans que cet état d’urgence ne soit déclaré. Il pourrait d’ailleurs être bloqué par la justice.

Echecs retentissants

La négociation qui va s’ouvrir va être d’autant plus difficile qu’elle a été précédée, en 2018, par des échecs retentissants. Donald Trump a ainsi repoussé une proposition démocrate de 25 milliards de dollars (22 milliards d’euros) pour le « mur » en échange de la régularisation de sans-papiers arrivés enfants aux Etats-Unis et privés de protection juridique contre des expulsions par le président. Il a ensuite torpillé un accord bipartisan sous la pression de son aile droite après avoir assuré qu’il soutiendrait tout compromis venu du Congrès.

Cette même aile droite qui avait fait pression avec succès en décembre sur Donald Trump pour refuser le financement temporaire d’une partie du gouvernement fédéral a réagi vendredi avec virulence après sa capitulation. « Bonne nouvelle pour George H. W. Bush, depuis ce jour il n’est plus la plus grande mauviette à avoir occupé la fonction de président des Etats-Unis », a commenté la pamphlétaire anti-immigration Ann Coulter sur son compte Twitter.

Cette aile droite guette déjà de nouvelles concessions. Les démocrates, qui ont voté par le passé en faveur de tronçons de barrière à la frontière, ont annoncé qu’ils pourraient soutenir certaines mesures destinées à renforcer sa sécurité, notamment sur les points de passage légaux par lesquels transite la majorité du trafic de drogue, contrairement à ce que laisse entendre le président. Ils sont de même prêts à augmenter le nombre de gardes frontière, ou de juges pour traiter le million de dossiers de demande d’asile aujourd’hui en souffrance. Mais ils pourraient en contrepartie revenir à la charge sur le dossier des jeunes sans-papiers.

Il était dit que ce vendredi serait défavorable aux slogans scandés dans les meetings de Donald Trump. Pour la formule « Build that wall ! », qui ne parvient pas à se traduire sur le terrain, comme pour celle qui promettait la prison à l’ancienne candidate démocrate à la présidentielle Hillary Clinton (« Lock her up ! »). C’est en effet un vieux complice du président, Roger Stone, qui a été arrêté et inculpé à l’aube en Floride, en lien avec l’enquête « russe », avant d’être libéré sous caution avec interdiction de quitter le territoire.

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