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Jours tranquilles à Paris
27 janvier 2019

L’homme est un objet érotique comme les autres

Par Maïa Mazaurette - Le Monde

Les arguments avancés par les hommes pour refuser de s’embellir sont nombreux et d’une mauvaise foi épatante. La chroniqueuse de « La Matinale » Maïa Mazaurette s’emploie à les réduire en pièces…

LE SEXE SELON MAÏA

Le corps des hommes existe-t-il ? Quand on entend certains d’entre eux exiger des femmes l’impossible (mettons, la jeunesse éternelle), sans s’interroger une seconde sur leur propre vieillissement ou sur leur propre apparence, on est en droit de se poser la question. Quand on en entend d’autres se plaindre d’une libido féminine défaillante, sans rien faire pour la stimuler, on croit rêver : le désir féminin serait-il si cérébral, si mystérieux, qu’il ferait abstraction de pectoraux en acier ? A d’autres.

D’ailleurs, si nous décollons le nez un instant des polémiques du moment, il devient impossible de nier le timide essor d’une corporéité masculine. Par exemple, les hommes ont des complexes. Selon des études menées par NBCnews sur plus de 100 000 hommes hétérosexuels, 5 % évitaient les rapports sexuels par honte de leur apparence, 5 % avaient du mal à se déshabiller devant l’autre, 14 % rentraient le ventre pendant l’amour, et 4 % cachaient leurs parties génitales (note pratique : il est temps de bander les yeux de vos compagnes et compagnons). Les 4 000 homosexuels interrogés rapportaient des chiffres encore plus élevés : 20 % esquivaient le sexe parce qu’ils se trouvaient moches, et 28 % rentraient le ventre.

Si les deux tiers des hommes hétérosexuels ont tenté de s’embellir par le régime, l’exercice ou la chirurgie, si 22 % d’entre eux se sentent mis sous pression par les médias… c’est bien qu’un certain message est passé : la beauté compte. Et son royaume s’étend bien au-delà de l’aspect purement sexuel (l’essai incontournable sur la question s’appelle Le Poids des apparences, par Jean-François Amadieu, paru aux éditions Odile Jacob en 2002).

Si vous voulez être désiré, soyez désirable

En ce qui concerne l’accès au plaisir sexuel, les bénéfices d’une belle allure sont indéniables. Nous ne sommes pas encore « sapiosexuels » (attirés uniquement par le cerveau de nos partenaires). Nous ne pouvons pas encore réellement faire l’amour à travers des avatars informatiques. Au risque de contrarier les purs esprits : le rapport charnel implique la présence de chair. Qui sera observée, jugée certainement, et appréciée si tout se passe bien. Pour le dire clairement : si vous voulez être désiré, soyez désirable. Si vous ne voulez pas être désirable, contentez-vous de la masturbation.

Au regard de cette équation pourtant basique, la passivité masculine surprend. C’est comme si nous redécouvrions le sujet tous les cinq ans : ah mince, les femmes ont des yeux ! Les tendances se suivent, se ressemblent plus ou moins, et disparaissent dans une indifférence paresseuse : qui se souvient encore des métrosexuels, lumbersexuels et autres spornosexuels surgonflés ?

Les arguments avancés pour refuser de s’embellir sont nombreux et d’une mauvaise foi épatante. Si vous le permettez, je vais les réduire en pièces à la hache. Tout d’abord, le stéréotype des femmes « non visuelles » est invalidé par les tests d’imagerie cérébrale depuis Mathusalem. Si les hommes veulent continuer de croire que leur apparence n’intéresse pas les femmes, ils se plantent le doigt dans l’œil – mais dans l’œil des femmes (et c’est de la maltraitance). Dans les années 1980, on pouvait encore s’en tirer avec l’argument Gainsbourg. Plus aujourd’hui. Par ailleurs, si vous êtes Serge Gainsbourg, faites signe.

Deuxième point : toute esthétisation constituerait une féminisation. Déjà en 1669, un poète anonyme se moquait d’un homme de cour qui, « métamorphosant et son corps et son âme, pour devenir un bel homme, il est devenu une femme » (la citation vient de l’excellent ouvrage La Crise de la masculinité, autopsie d’un mythe tenace, de Francis Dupuis-Déri, aux éditions du Remue-Ménage, paru en 2017).

Cet argument fonctionnerait si la beauté était excluante : plus précisément, si la beauté des femmes prenait la place de celle des hommes (car comme chacun sait, la beauté surgirait en quantité limitée, avec des quotas). Ce postulat absurde se double d’un mépris des préoccupations féminines puisque se comporter comme une femme, c’est la honte.

Solidarité masculine

Ce qui nous amène au troisième point : l’homme concerné par l’existence, mettons, des peignes, est un bellâtre stupide, serait un traître à son genre. Car, dans le cadre d’une certaine solidarité masculine, le calcul est vite fait : si aucun homme ne s’embellit, alors idéalement, l’accès à la sexualité est égalitaire et s’opère au mérite (intellectuel bien sûr).

S’embellir constituerait alors une forme de triche – et non, comme on pourrait l’imaginer, une forme de compensation face aux inégalités de naissance (la vraie triche restant évidemment la loterie génétique qui nous fait beaux, médiocres ou laids, et qu’une maîtrise des codes esthétiques permet justement de subvertir). Pour éviter cette forme de compétition, les hommes traditionnels intimident les esthètes. Le courage le plus élémentaire consisterait à refuser cette intimidation.

Quatrième point, nous manquerions de repères culturels clairs. J’admets que la transmission père-fils se limite souvent à ne pas s’entailler la jugulaire au premier poil poussant sous le menton. Cependant, les magazines masculins et autres coachs en séduction sont de très bon conseil sur ce plan-là. S’intéresser à ce que racontent ces experts vaut mieux que demander aux femmes (comme c’est généralement le cas) « ce qu’on doit faire ». Les femmes ne demandent pas constamment aux hommes comment s’embellir : leurs compétences appartiennent à une culture, dont elles sont responsables et qu’elles font constamment évoluer.

Cinquième argument, les canons de beauté actuels seraient inatteignables. De fait, le corps hollywoodien stéroïdé est désormais officiellement hors de portée des mortels… mais aussi de ceux qui en arborent les scintillants atours (les stars elles-mêmes sont les premières à dire que l’entraînement pour incarner James Bond ou Captain Ouzbek n’est pas gérable sur le long terme). Cet argument tiendrait dans un univers parallèle où la beauté demandée aux hommes serait « parfaite, sinon rien ». Personne ne demande aux hommes d’être parfaits. Seulement de faire des efforts – et s’ils refusent d’en faire, d’éviter de se plaindre.

Le canon existe

Enfin, la beauté masculine n’existerait pas. Dans ce paradigme, le désir n’est possible que parce que le masculin et le féminin sont différents, voire opposés (prenez ça dans les dents, les LGBTQ [lesbiennes, gays, bisexuels, trans, queer] !) : si les femmes sont belles (une généralisation pour le moins curieuse), alors les hommes ne peuvent pas l’être. A ceux qui pensent que la beauté aurait un genre, rappelons donc que les athlètes grecs concouraient nus, et qu’on organisait à l’époque des concours de beauté masculine, de virilité et de prestance, à la fois pour les enfants, les adolescents, les adultes et les vieillards (Concours de beauté et beautés du corps en Grèce ancienne. Discours et pratiques, Vinciane Pirenne-Delforge, 2016). Plus près de nous, les hommes en France ont porté draperies, robes, maquillage, perruques, cheveux longs et talons pendant des siècles.

Oh, et bien évidemment, vous ne vous en tirerez pas en prétendant que la beauté soit « dans l’œil de celui qui regarde » ou « pas quantifiable » : de multiples études ont montré que, lorsqu’il s’agit de reconnaître les visages les plus attirants, nous sommes remarquablement cohérents. Non seulement le canon existe, mais il nous met d’accord.

L’autre chose qui nous met d’accord, en 2019, c’est que les femmes en ont marre d’être culpabilisées pour leur prétendu manque de désir, sans que les hommes (d’accord, certains hommes) s’interrogent sur leur responsabilité personnelle. Nous ne parlons pas ici d’une délicieuse innocence masculine, mais de paresse, d’arrogance et de mépris pour le désir des femmes. Envie de plaisirs charnels ? Remplaçons le déni du corps par le corps du délice.

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27 janvier 2019

Lily Rose Melody Depp pour Chanel

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27 janvier 2019

CESAR 2019 - save the date

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Affiche : Isabelle Huppert

27 janvier 2019

La belle Laetitia Casta

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27 janvier 2019

Nécrologie : Le compositeur Michel Legrand est mort

Par Bruno Lesprit 

Auteur de la bande originale des inoubliables « Parapluies de Cherbourg » ou « Demoiselles de Rochefort » et de dizaines d’autres films, amateur de jazz, le pianiste et chanteur est mort, samedi 26 janvier, à l’âge de 86 ans.

Il était, depuis la disparition en 2009 de Maurice Jarre, le plus célèbre compositeur français de musique de films en activité dans le monde. Egalement arrangeur, orchestrateur, chef d’orchestre, pianiste et chanteur, Michel Legrand est mort samedi 26 janvier à l’âge de 86 ans, selon son attaché de presse, après une vie entièrement vouée à la musique, une muse qu’il aura servie avec curiosité et gourmandise en explorant les territoires du septième art et du jazz, de la variété et du easy listening – cette musique dite d’ambiance, beaucoup plus facile à écouter qu’à concevoir.

Hyperactif et excessif, Michel Legrand citait à l’envi cette phrase de Cocteau dont il avait fait sa devise : « Le tact dans l’audace, c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin. » Une façon d’affirmer qu’il ne s’interdisait rien, refusant toute hiérarchie entre les genres. C’est toutefois davantage dans les salles obscures que sous le feu des projecteurs qu’il fit la plus éloquente démonstration de son art. Si son nom est indissociablement lié à celui de son partenaire de comédies musicales, le réalisateur Jacques Demy, il a laissé pour le grand écran une œuvre monumentale : plus de 150 partitions.

Avec ses contraintes qui n’étaient pas pour lui déplaire, la musique de film était le vecteur idéal pour que s’exprime l’expression du talent de ce passe-muraille. Grâce à elle, il a pu s’adonner à toutes les expériences : baroque (la musique de chambre pour deux pianos nimbée de beauté mystérieuse pour Le Messager, de Joseph Losey, en 1970) et romantisme, valse populaire et be-bop, percussions latines et violons tziganes, pop music et romances pour crooners. Avec, pour principe, de ne jamais sacrifier la mélodie, cette exigeante maîtresse à laquelle il avait juré fidélité.

Au Monde, en 2004, Michel Legrand avait raconté la naissance de sa vocation. Il assiste à une projection de La Belle Meunière (1948), de Marcel Pagnol. Schubert est interprété par Tino Rossi : « Il se promène dans la nature, lève la tête et on entend des glissandos de harpe qui descendent du ciel. Cut. On le voit ensuite chez lui composer avec une plume. Cut. Huit secondes plus tard, il dirige un concert. Je me suis dit : “Mais c’est ça que je veux faire ! Je lève le nez, j’entends des trucs, je griffonne… Sublime !” »

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Michel Legrand et Macha Méril

De Schubert au jazz

Né le 24 février 1932 à Paris, Michel Legrand est le fils de Raymond Legrand, un musicien autodidacte qui réalise des arrangements pour l’orchestre de Ray Ventura et de Marcelle Der Mikaëlian, sœur de Jacques Hélian – dont l’ensemble de swing sera en France le plus populaire de l’après-guerre. En 1935, le père déserte le foyer familial. Son fils ne le lui pardonnera jamais et n’aura de cesse de dépeindre son enfance comme solitaire : « Je haïssais le monde cruel des enfants comme celui des adultes. »

A l’âge de 10 ans, le garçon entre au Conservatoire national supérieur de Paris pour étudier le piano et la composition, auprès notamment de la légendaire Nadia Boulanger. Sa boulimie est déjà insatiable, l’adolescent assistant à une multitude de cours en « passager clandestin » et apprenant à jouer de la trompette et même du trombone à pistons. Pas un hasard qu’il s’agisse de deux cuivres. Après Schubert, un deuxième choc esthétique s’est produit : la découverte du jazz en 1948, à l’occasion d’un concert du trompettiste américain Dizzy Gillespie à Pleyel.

L’appel du large que contient le be-bop métamorphose le prodige en rebelle : il ne se présentera pas au prix de Rome, au grand dam de Nadia Boulanger, qui écrira à la mère une lettre outrée. A 20 ans, Michel Legrand choisit de gagner sa vie. Pour un musicien, le plus sûr moyen d’y parvenir à cette époque est de se tourner vers le music-hall. Le pianiste obtient son premier contrat en accompagnant Henri Salvador, avant de rejoindre en tant que directeur musical Maurice Chevalier, grâce auquel il découvre l’Amérique en 1956.

Le plus surprenant est que Legrand est déjà connu depuis quelques années de l’autre côté de l’Atlantique quand il y débarque. Jacques Canetti, personnalité incontournable de la scène française (il est patron du Théâtre des Trois-Baudets et directeur artistique de Philips), lui a offert un emploi d’orchestrateur au sein de la compagnie phonographique. Il lui confie, contre 200 dollars pour solde de tout compte, la mission de réaliser un 33-tours d’ambiance reprenant des standards consacrés à Paris, commandité par le label new-yorkais Columbia.

Coltrane, Bill Evans, Miles Davis…

Avec sa pochette à la photo pittoresque (un Français à béret et blouse grise, brune au bec et potiron sur l’épaule), son obligatoire accordéon glissant sur une Seine de cordes romantiques, I Love Paris fait les délices en 1954 des tympans américains et s’écoule là-bas à 8 millions d’exemplaires en deux mois. Gêné par la dérisoire rétribution du maître d’œuvre, Columbia se rattrapera en lui offrant d’enregistrer un album avec le casting de ses rêves : ce sera Legrand Jazz, fruit de trois séances new-yorkaises en 1958. Le Français y dirige, entre autres, John Coltrane, Bill Evans et Miles Davis. Le trompettiste et celui qu’il surnommait « la Grenouille » se retrouveront en studio en 1990 pour la musique du film australien Dingo, avant-dernier enregistrement de Miles Davis avant sa mort.

De son premier séjour aux Etats-Unis, Legrand a rapporté quelques vinyles de la mode musicale qui fait fureur, le rock’n’roll. Ils alimenteront en 1956 la première tentative d’adaptation en France, quatre pastiches moqueurs (dont le fameux Rock’n’Roll Mops) par un trio d’amoureux du jazz, à peine dissimulés derrière leurs pseudonymes : Henry Cording (Henri Salvador, chant), Vernon Sinclair (Boris Vian, paroles) et Mig Bike (Michel Legrand, le plus jeune et le moins méprisant des trois, musique).

L’orchestre qui porte le nom de Michel Legrand continue d’enregistrer des albums d’instrumentaux à thèmes géographiques (Vienne, Rome, l’Espagne, Rio, Broadway, Paris toujours et encore) et accompagne les vedettes du moment : Dario Moreno, Jacqueline François et Zizi Jeanmaire. Ou un débutant comme Claude Nougaro, pour lequel Michel Legrand compose alors la plupart des musiques, dont celle, inoubliable, du Cinéma (« Sur l’écran noir de mes nuits blanches ») en 1962. Encouragé par Brel, lui-même se décidera deux ans plus tard à s’emparer du micro. Les envolées lyriques de sa voix flûtée et maniérée en irriteront plus d’un(e). En 1964, il livre, en revanche, un album devenu culte, Archi-cordes, des thèmes originaux de jerk, twist ou surf music engloutis sous une cascade de violons stridents et agressifs.

La rencontre avec Jacques Demy

A refuser de choisir entre humeurs orchestrales, jazz et chanson, une quatrième voie synthétique décide de son orientation. Les premiers contacts avec le cinéma remontent au milieu des années 1950, notamment pour des documentaires de François Reichenbach. Le carnet de commandes ne tarde pas à enfler, d’autant que le compositeur évite de prendre parti dans la querelle opposant la Nouvelle Vague aux tenants du réalisme poétique. Il travaille aussi bien pour Jean-Luc Godard (à partir d’Une femme est une femme, 1961) que pour Gilles Grangier (Le Cave se rebiffe, 1961).

C’est avec Jacques Demy que se nouent une amitié fraternelle et une complicité historique qui débute avec Lola (1961), le premier long-métrage du cinéaste. Leur troisième collaboration tente l’impossible, une comédie musicale à succès en France, pays rétif à l’art de Broadway. Premier film entièrement chanté, Les Parapluies de Cherbourg remporte la Palme d’or au Festival de Cannes en 1964.

La synchronisation miraculeuse entre les deux compères, qui ont dû réajuster dialogues et musiques au fil des scènes, invente littéralement un langage cinématographique dont le réalisateur américain Damien Chazelle se revendiquera pour La La Land, triomphe de l’année 2016. Legrand en profite pour signer son premier hit international avec le mélodramatique air de La Gare, chanté par Danielle Licari. Adapté en anglais sous le titre I Will Wait For You, il est repris par Astrud Gilberto, Connie Francis et Frank Sinatra. Le tandem Demy-Legrand approfondira son travail insolite dans Les Demoiselles de Rochefort (1967), cette fois avec un tube guilleret, La Chanson des jumelles, puis Peau d’âne (1970) et Trois places pour le 26 (1988).

Quatre fois nommés aux Oscars 1966, Les Parapluies de Cherbourg n’obtiennent aucune récompense mais Legrand a compris que sa manière a séduit Hollywood. Il s’y installe l’année suivante pour y vivre dès ses débuts sa « plus belle aventure », L’Affaire Thomas Crown (1968), film de Norman Jewison avec Steve McQueen et Faye Dunaway.

« Personne ne savait comment le monter, racontait-il. Comme l’intrigue tenait en vingt minutes, je leur ai proposé d’écrire et d’enregistrer la musique, puis de faire le montage ensemble. Le film a été entièrement construit à partir des articulations musicales. »

Outre la scène de baiser alors la plus longue jamais vue à l’écran, Thomas Crown comporte l’air le plus fameux du compositeur, The Windmills of Your Mind, interprété dans le film par Noel Harrison. Les paroles ont été écrites par Alan et Marilyn Bergman, couple américain avec lequel Legrand se lie à vie, et adaptées en français par Eddy Marnay (Les Moulins de mon cœur). D’autant plus éternelle qu’elle est inspirée de l’andante de la Symphonie concertante pour violon et alto de Mozart, la mélodie vaut à Legrand sa première statuette dorée. Doublée d’une deuxième, en 1972, pour le thème élégiaque d’Un été 42, blockbuster de Robert Mulligan, dont Barbra Streisand donne aussitôt une version chantée, toujours avec des paroles des Bergman.

La collaboration entre Legrand et la diva de Broadway remonte à Je m’appelle Barbra (1966), un album dans lequel Streisand s’essayait à des chansons en français. Elle culminera avec Yentl (1983), le premier film réalisé par la chanteuse-actrice, dont la partition offre à Legrand son troisième Oscar.

Des Oscars aux Césars

Tombé en dépression, Legrand ne sera resté que trois ans à Los Angeles. A son retour en France, les plus jeunes ont bientôt à l’oreille le thème composé pour la série d’animation Oum le Dauphin blanc. Au cinéma, c’est avec Jean-Paul Rappeneau que s’établit une collaboration durable pour la trilogie La Vie de château-Les Mariés de l’an deux-Le Sauvage. Le musicien finira par passer derrière la caméra pour Cinq jours en juin (1988), un récit de souvenirs dédié à sa mère, qui n’en a pas laissé d’impérissable. Régulièrement convié à animer la soirée des Césars, il capte l’attention avec son numéro de musicien fou, qui peut sembler théâtral alors que s’exprime son naturel.

De plus en plus tenté par les infidélités au septième art, le vaillant sexagénaire se lance, avec l’écrivain Didier van Cauwelaert, dans la comédie musicale scénique, un domaine où il se sent « débutant ». Cela donnera en 1997 l’opéra-bouffe Le Passe-Muraille puis, en 2014, un « opéra populaire », Dreyfus. Pour John Neumeier, directeur du ballet de Hambourg, il compose la musique de Liliom (2011) avant de publier le premier volume de ses Mémoires, Rien n’est grave dans les aigus (Le Cherche Midi), puis d’épouser, à 82 ans, un amour de jeunesse, l’actrice Macha Méril.

Ces dernières années, on avait surtout vu le pianiste en compagnie d’une fan, la soprano Natalie Dessay, avec laquelle il a publié l’album Entre elle et lui (2013), recueil de ses airs les plus célèbres, que le duo a promenés en tournée. L’entente s’est prolongée en 2017 avec Between Yesterday and Tomorrow, « oratorio pour une voix et orchestre symphonique ». La retraite ? Jamais. Heureux de cette vie si remplie, Michel Legrand ne nourrissait qu’un regret : être né trop tard pour avoir pu proposer ses services à Vincente Minnelli et Judy Garland.

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27 janvier 2019

Eva Ionesco photographiée par Jacques Bourboulon

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27 janvier 2019

Bagages

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27 janvier 2019

Deneuve et Saint Laurent, leur belle histoire dans Match

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À la scène comme à la ville, Yves Saint Laurent a habillé Catherine Deneuve pendant plus de 40 ans. Une relation unique, dont Paris Match a été un témoin privilégié… Avec Rétro Match, suivez l’actualité à travers la légende de Paris Match.

“C’est une chose ­miraculeuse, une telle rencontre”, confiait-elle en 2010. À la scène comme à la ville, Yves Saint Laurent a habillé Catherine Deneuve pendant plus de 40 ans. Une relation unique, dont Paris Match a été un témoin privilégié. En 1970, l’actrice avait joué les mannequins pour le créateur, devant l’objectif de notre photographe François Gragnon. En 1981, Catherine Deneuve avait fêté les 20 ans de carrière d'Yves Saint Laurent en posant dans ses robes, photographiée par le grand Helmut Newton. Ensemble, ils feront la couverture de notre magazine.

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À la disparition du créateur, il y a onze ans, Catherine Deneuve avait livré à Paris Match un témoignage bouleversant sur l’homme et sur leur relation. Dernier chapitre de cette longue histoire, l’actrice a mis cette semaine aux enchères ses vêtements griffés Yves Saint Laurent. Manteaux, tailleurs, robes, accessoires… Près de 300 lots, souvent uniques, étaient au catalogue de cette vente événement.

Voici le témoignage de Catherine Deneuve, livré à Paris Match à la disparition d’Yves Saint Laurent, en 2008...

Paris Match n°3081, 5 juin 2008

Catherine Deneuve : “C’était un prodige. Génial, timide et hypersensible, il ne savait pas ce qu’était une vie normale.”

Propos recueillis par Dany Jucaud

C’est mon mari, le photographe David Bailey, avec qui je vivais à Londres, qui m’a parlé le premier de Saint Laurent. Il m’a dit : “Tu verras, ce sera le plus grand couturier de son époque!” J’avais 22 ans quand j’ai débarqué dans sa maison de couture, rue Spontini, avec à la main une photo d’une robe de la saison précédente qui me plaisait, découpée dans un magazine,et que je voulais absolument porter pour ma présentation à la reine d’Angleterre. Yves avait été très amusé par ma démarche. Ce n’est que plus tard que j’ai découvert l’univers si particulier de son studio, à la fois très luxueux et très artisanal. Yves était quelqu’un de réellement gentil, qui professait un grand respect pour les gens avec qui il travaillait. Les petites mains, les premières d’atelier avaient pour lui une admiration sans borne.

Ses muses étaient Betty Catroux et Loulou de la Falaise, pas moi! Lorsqu’il a fait les costumes pour “Belle de jour” notre relation est devenue beaucoup plus intime. Yves est [émue,elle se reprend], était...c’est difficile de parler de lui à l’imparfait...Yves était extrêmement pudique, je ne lui posais jamais de questions.Nous avons eu une amitié silencieuse.Le jour où il n’a plus eu ses ateliers, il a commencé à dépérir. Une profonde mélancolie l’entraînait au fond de l’eau. Après son départ de la maison, lorsque je le croisais, je sentais à quel point il était désemparé. C’était un prodige. Génial, timide et hypersensible, il ne savait pas ce qu’était une vie normale. Sans Pierre Bergé, et malgré tout son talent, il n’aurait jamais atteint le niveau de notoriété qu’il a connu. Il y avait chez lui un mélange de simplicité et de grande sophistication, une ironie et un sens de la dérision incroyables. Son rire me manque. On s’envoyait beaucoup de fleurs. J’essayais de lui faire parvenir des choses qui pouvaient le surprendre... On s’écrivait, aussi. Yves était un homme de mots, j’ai gardé toutes ses lettres.

Je l’ai revu pour la dernière fois, chez lui, fin 2007, quand Nicolas Sarkozy l’a élevé au grade suprême de la Légion d’honneur. Il se sentait très diminué par ses problèmes d’équilibre et de vertige, mais je n’ai pas imaginé une seconde que je ne le reverrais plus. On a annoncé sa mort tellement de fois! Je disais toujours : “Regardez cette grande carcasse, sa cage thoracique… Cet homme est un chêne!”

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Sous l'oeil d'Helmut Newton

27 janvier 2019

27 janvier 1945 : Libération du camp d'Auschwitz

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Entrée du camp d'Auschwitz, photo prise le 27 janvier 1945 - source : WikiCommons-Deutsches Bundesarchiv

27 janvier 2019

Paris : le Banksy en hommage aux victimes du Bataclan dérobé

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La porte a été découpée à la meule et emportée dans la nuit de vendredi à samedi.

L’œuvre que le street artist Banksy, internationalement réputé, avait choisi d’offrir au Bataclan en hommage aux victimes de l’attentat du 13 novembre 2015, a été volée, s’est indignée samedi la salle de spectacle parisienne sur Twitter.

« L’œuvre de Banksy, symbole de recueillement et appartenant à tous, riverains, Parisiens, citoyens du monde nous a été enlevée », a dénoncé Le Bataclan. C’est dans cette salle que 90 personnes ont été tuées le 13 novembre 2015 lors de l’attaque terroriste qui a frappé Saint-Denis et Paris, et plusieurs centaines de personnes ont été blessées.

Un personnage à l’air triste ou recueilli avait été peint au pochoir et à la peinture blanche en juin 2018 sur la porte noire de l’une des sorties de secours à l’arrière de la salle de concerts, dans le passage Saint-Pierre-Amelot (XIe arrondissement) par lequel de nombreux spectateurs du concert des Eagles of Death Metal s’étaient échappés pendant l’attaque terroriste. La star du street art, dont l’identité est toujours l’objet de supputations, avait signé son œuvre en publiant deux photos sur son compte Instagram.

« C’est une profonde indignation qui nous anime aujourd’hui », indique le message signé « l’équipe du Bataclan », qui ne précise pas les circonstances de ce vol. Selon LCI, citant une source proche du dossier, dans la nuit de vendredi à samedi, « des malfaiteurs cagoulés et munis de meuleuse sont venus dérober l’œuvre avant de l’emporter dans un camion ». Les policiers sont intervenus au Bataclan à 4h25 après le déclenchement des alarmes. Ils n’ont pu que constater le vol. Un témoin a indiqué avoir vu une camionnette blanche et trois hommes tout près. Le 2e DPJ a été saisi de l’enquête.

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