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Jours tranquilles à Paris

29 juillet 2019

Portfolio Talia Chetrit : une certaine conception de la frustration

Des instantanés pour voyeurs et voyeuses, inspirés de l’école de Düsseldorf.

Chez Talia Chetrit, l’érotisme est inséparable de la frustration. Ses clichés, impossible de s’y projeter et de s’y fondre. Toujours, l’Américaine née en 1982 dresse entre son sujet, souvent elle-même ou ses proches, et le regardeur-voyeur, une vitre à la fois transparente et impénétrable. Cette vitre, c’est le rappel que le dispositif de capture du réel n’est pas neutre.

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Courtesy the artist and MACK.

Nous ne sommes pas là en train de partager l’intimité des sujets. Nous percevons une image fabriquée, celle que l'on veut bien nous donner à voir. On aperçoit le fil du retardateur qui coupe en deux la scène d’ébats, ou bien le flou du plancher sur lequel est posé l’appareil qui mange le bas de la scène.

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Courtesy the artist and MACK.

Les images de Talia Chetrit sont à la fois instantanées et conceptuelles. Instantanées, parce qu’il s’agit de selfies, au retardateur ou devant un miroir, de scènes enjouées et candides du quotidien. Conceptuelles, parce que toute la réflexion sur le refus de la dictature du naturalisme de la photographie et de l’instant décisif, elle en hérite de l’école de Düsseldorf, dite plate ou objective.

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28 juillet 2019

Plus de 1 000 arrestations lors d’une manifestation à Moscou : les réactions indignées se multiplient

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Plus de mille personnes demandant la tenue d’élections libres dans la capitale ont été arrêtées samedi par la police.

Une semaine après avoir laissé plus de 20 000 personnes manifester dans le centre de Moscou, les autorités russes ont haussé le ton face à la contestation qui touche la capitale, samedi 27 juillet, en arrêtant plus d’un millier de manifestants.

La police avait été déployée dans des proportions rarement observées pour empêcher la tenue d’un rassemblement non autorisé en faveur d’« élections libres », sans parvenir à empêcher une foule compacte de plusieurs centaines de personnes de se retrouver devant la mairie, sur la rue Tverskaïa. Après de premières arrestations, les forces de l’ordre ont rapidement dispersé les manifestants pacifiques dans les rues adjacentes.

Plusieurs défilés improvisés se sont alors formés, réunissant, selon les chiffres du ministère de l’intérieur, plus de 3 500 personnes. Aux cris de « Liberté » ou « C’est notre ville », la foule a refusé de se disperser, se contentant de reculer face aux charges des forces antiémeutes. Fait rare en Russie, où le moindre geste de résistance peut avoir des conséquences lourdes, des heurts isolés ont opposé les manifestants aux policiers. Ceux-ci ont largement fait usage de leurs matraques sur des protestataires pacifiques, parfois simplement assis sur des bancs.

En fin de soirée, plus de mille arrestations ont été annoncées par la police (1 074 personnes selon les autorités, 1 373 selon l’ONG spécialisée OVD-Info, qui a recensé 77 cas de personnes battues), soit un chiffre rarement atteint qui comprend de nombreux passants ou encore des retraités participant à cette mobilisation qui aura donc duré presque toute une journée.

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Le calme n’est revenu que dans la soirée quand les derniers manifestants, rassemblés sur une place du centre-ville, se sont dispersés ou se sont laissé arrêter sans résister.

L’ambassade des Etats-Unis en Russie a dénoncé l’usage « disproportionné de la force policière ». L’Union européenne a elle aussi fustigé cette vague d’arrestations. « Ces détentions et le recours disproportionné à la force contre des manifestants pacifiques (…) portent une fois de plus gravement atteinte aux libertés fondamentales d’expression, d’association et de réunion », selon un communiqué dimanche citant la porte-parole de la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

L’ONG Amnesty International a dénoncé samedi soir un « recours à la force excessif » de la police russe, appelant à une « libération immédiate des protestataires pacifiques ».

Des candidats interdits de scrutin

Cette nouvelle manifestation, dont l’ampleur semble avoir pris de court les autorités, concernait ce qui s’est imposé comme le feuilleton politique de l’été en Russie, à savoir les élections à venir pour le Parlement de la ville de Moscou. Mi-juillet, au terme d’une procédure de vérification opaque, la commission électorale de Moscou a exclu de ce scrutin pourtant mineur une soixantaine de candidats, dont la quasi-totalité des opposants indépendants, pour des vices de forme ou des irrégularités.

Malgré les nombreux éléments apportés par ces candidats montrant la régularité de leur dossier, y compris des témoignages de citoyens certifiant avoir bel et bien déposé des signatures de soutien jugées fausses par la mairie, les procédures d’appel ont été expédiées en quelques heures ces derniers jours. A travers tout le pays, ce sont des centaines de candidats qui ont été interdits de s’enregistrer à ce scrutin du 8 septembre, dont l’opposition, qui ne peut participer aux élections plus importantes, a fait une cible prioritaire.

Cette réaction brutale des autorités montre la volonté du pouvoir russe d’en finir avec un dossier qui lui empoisonne la vie depuis le début de l’été. Toute la semaine, les autorités ont tenté, en coulisses, de décapiter le mouvement et de décourager la mobilisation. L’armée avait été jusqu’à annoncer déployer aux abords de la manifestation des inspecteurs chargés de vérifier les exemptions de service militaire des jeunes hommes présents.

Plusieurs jours durant, les candidats refusés ont été la cible de différentes manœuvres d’intimidation, une dizaine d’entre eux ainsi que certains de leurs proches ayant fait l’objet de perquisitions mercredi dans la nuit, ce qui est contraire aux règles de la police. D’autres ont été convoqués à des interrogatoires ou font l’objet de poursuites pour « entrave au travail de la commission électorale » lors d’un précédent rassemblement pacifique.

Les services de sécurité (FSB) ont par ailleurs annoncé se joindre à l’enquête pour vérifier d’éventuels contacts entre les opposants et des « structures étrangères ».

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Inconfort des autorités

Samedi matin, d’autres perquisitions et interpellations avaient été menées de façon préventive, avant le début du rassemblement, particulièrement chez des partisans du dirigeant de l’opposition Alexeï Navalny.

M. Navalny lui-même, plutôt en retrait dans le dossier, a de son côté été condamné jeudi à trente jours de prison. L’une de ses adjointes, la juriste Lioubov Sobol, elle-même candidate, a déclaré débuter une grève de la faim dans les locaux de la Commission électorale locale.

Dès l’origine, le dossier des élections locales moscovites s’est imposé comme une épine dans le pied du Kremlin. Signe de l’inconfort des autorités, aucun candidat ne s’est enregistré sous l’étiquette du parti au pouvoir, Russie unie, devenue un repoussoir. Formellement indépendants, les candidats de la mairie ont bénéficié d’un soutien en sous-main.

De l’avis des observateurs, le pouvoir comptait tenir l’opposition à l’écart grâce à la nouvelle règle sur les signatures, qui exige que les candidats indépendants récoltent le soutien de 3 % des électeurs de la circonscription dans laquelle ils entendent se présenter. La réussite des candidats indépendants à réunir ces signatures a pris de court la mairie, qui n’a ensuite pas su comment gérer efficacement le dossier.

Selon le site d’information Meduza, les tergiversations du maire, Sergueï Sobianine, ont duré jusqu’à la semaine passée, avant que le Kremlin décide de prendre le relais et de tenter de clore le dossier par la manière forte. Entre-temps, une manifestation avait été autorisée le 20 juillet, qui a rassemblé plus de 20 000 personnes, soit la mobilisation politique la plus importante depuis le mouvement de protestations de 2011-2012 contre les fraudes aux élections et le retour de Vladimir Poutine à la présidence.

Un recul démocratique inédit

Reste que la décision de tenir ces élections dans la capitale à huis clos, sans préserver une compétition même de façade, émeut une partie des Russes. Nombre d’observateurs y voient un recul démocratique inédit, mais aussi un geste de faiblesse du pouvoir.

Ces derniers mois, plusieurs candidats pro-Poutine ont été désavoués lors d’élections régionales au profit des communistes et nationalistes, qui jouent le rôle d’une opposition acceptable, et chaque scrutin s’apparente de plus en plus à un mauvais moment à passer.

Plus grave, ce refus de laisser les candidats indépendants tenter de contester le monopole du pouvoir laisse entrevoir une radicalisation des deux côtés. « Il ne pourra désormais plus y avoir de leaders de l’opposition prêts à adopter une position conciliante vis-à-vis du pouvoir, à se mettre d’accord avec lui », écrivait jeudi matin, après une nouvelle nuit de perquisitions, le vieux routier de l’opposition libérale Leonid Gozman.

Comme en écho, un responsable de l’opposition, Dmitri Goudkov, vu précisément comme l’un de ces membres de la jeune garde prêts au compromis avec le pouvoir, écrivait de son côté : « Sous Poutine, les élections et les commissions électorales sont mortes comme institutions. La dernière possibilité qui restait de participer de manière légale à la vie politique a disparu. »

Benoît Vitkine (Moscou, correspondant)

28 juillet 2019

Souvenir... Souvenir : Boney M - Ma Baker

28 juillet 2019

Emmanuel Macron est en vacances au Fort de Brégançon

macron piscine

28 juillet 2019

Cocktail

cocktails

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28 juillet 2019

Banksy à Venise ?

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28 juillet 2019

Fantasmes : et si on changeait de répertoire ?

Par Maïa Mazaurette

La chroniqueuse de « La Matinale » Maïa Mazaurette invite chacun à trouver l’imaginaire qui lui correspond le plus intimement et à éduquer ses préférences comme on éduque son palais.

LE SEXE SELON MAÏA

A quoi pensez-vous dans vos moments de rêverie érotique ? A quel imaginaire avez-vous recours pour déclencher vos orgasmes ? Peut-être invoquez-vous d’adorables nymphes sautillant dans un pré… peut-être s’y mêle-t-il des pratiques violentes, dégradantes, aliénantes. Ces catégories ne sont pas étanches : le répertoire fantasmatique occidental s’étend de la nuit de noces sur pétales de rose aux coups de cravache dans un donjon. A priori, vous avez hérité de cette amplitude.

Seulement, elle peut nous rendre mal à l’aise, voire nous placer dans des états de dissonance cognitive. Puis-je être un bon féministe quand j’entretiens des fantasmes de viol ? Puis-je être une bonne citoyenne quand je me masturbe sur des vidéos pornographiques piratées, tournées sans contrats, dans des circonstances douteuses ? C’est compliqué.

Si vous posez ces questions, on vous accusera d’être prude. Considérer ses fantasmes sous le prisme de l’éthique passe pour de la sensiblerie – exactement comme se préoccuper du sort des animaux. Pas envie de parler de cul, bite, chatte, pour désigner le désirable ? Vous voilà une oie blanche. Protester quand vous entendez un ami se vantant de « déglinguer » ses partenaires ? Vous voilà automatiquement relégué(e) du côté des censeurs (notons que dans ce paradigme, la censure vient en un bloc : on peut soit tout dire, soit ne rien dire).

En l’occurrence, se poser des questions ne produit pas un assèchement ou une moralisation de la fantasmatique. Personne ne va créer une police de la pensée (nous nous polissons très bien tout seuls). Il s’agit seulement de pouvoir aligner la théorie et les pratiques, ses valeurs et ses orgasmes : une reprise de puissance plutôt qu’une abdication (et s’il faut abdiquer, au moins aurons-nous opéré un choix conscient, et non un choix par défaut).

Les jeux ont des conséquences

Cependant, pour contrebalancer nos entre-deux fantasmatiques, notre culture a inventé un passe-droit formidable : cette idée que le sexe n’obéirait pas aux règles habituelles. Ah, bon. La chambre à coucher serait comme un autre monde, chimérique, où l’on grimpe aux rideaux pour monter au septième ciel tout en jouant la bête à deux dos, cul par-dessus tête. Il s’y jouerait un carnaval, un moment de suspension du réel – fondamentalement, ça ne serait pas la vraie vie, d’ailleurs on ferait ce qu’on veut, sans tabous, sans entraves, et ce serait beaucoup mieux comme ça. (Mieux pour qui ?).

Le problème, c’est que cette joyeuse optique a pour effet principal de nous faire serrer les dents. Nous sommes encouragés à accepter ce qui nous semblerait inacceptable : s’exaspérer des violences policières, conjugales ou parentales, mais se taper dessus à domicile. Oui, d’accord. Bien sûr qu’entre adultes consentants, on peut ritualiser, on peut contextualiser. Mais il s’agit quand même de se taper dessus. C’est pour de faux… avec de la vraie douleur. On peut se consoler en inventant une sexualité « par essence » transgressive mais, franchement, si vous avez besoin de transgresser pour maintenir la ligne de flottaison de votre libido, je vous adresse toutes mes condoléances.

Bien sûr, ce ne sont que des jeux – nous nous jouons des codes. Cependant, les jeux ont des conséquences. Ont des règles. Ont des cadres. Nous laissons advenir certains jeux et pas d’autres (preuve que tout de même, nous ne faisons pas n’importe quoi).

A l’arrivée, ce système nous enferme : parce que nous tolérons au lit des fantasmes et des pratiques qui nous répugneraient hors de la chambre à coucher, nous estimons que le sexe est répugnant (ce dont nous nous accommodons, parce que dans le monde inversé du sexe, la répugnance devient un mode de communication aussi valide que le désir). En retour, parce qu’on a dégradé notre sexualité, elle nous paraît moins importante à préserver : le cycle s’auto-entretient.

Changer de crémerie

Pourtant, nous pouvons changer de route – si nous sommes en souffrance, ou lassés, ou dégoûtés, ou que nous préférerions désirer autrement. Si vous vous êtes masturbé(e) toute votre vie sur des fantasmes qui, in fine, vous laissent une amertume en bouche, pourquoi ne pas essayer de changer de crémerie ? Ce discours, on l’entend peu. Nous nous pensons comme des victimes de nos fantasmes : « moi, mon truc, c’est la domination », « je suis ulcérée par les vulves, c’est comme ça ».

Cette rigidité d’esprit (sans mauvais jeu de mots), nous ne l’appliquons qu’à la sexualité. Vous avez certainement été un enfant fuyant les choux de Bruxelles, puis vous avez éduqué votre palais. Après avoir été jeune anarchiste, vous avez voté Macron. Vous avez détesté les polars scandinaves, avant de découvrir Jo Nesbø. Vos goûts évoluent parce que vous êtes en vie et que vous les questionnez de temps en temps – parfois, parce que vous êtes obligé(e) de les questionner.

En l’occurrence, vous pouvez changer de fantasmes, en vous exposant à d’autres imaginaires, qui vous correspondent plus intimement. On peut par exemple changer de regard sur des types physiques qui nous laissent indifférents (comme des types ethniques ou morphologiques), changer de média (laisser tomber le porno pour retourner au musée ou en librairie), changer de paradigme (laisser tomber le porno mainstream mais passer au porno féministe). On peut aussi découvrir de nouvelles niches : garder la même esthétique (celle des mangas hentaï) mais sans les pratiques potentiellement problématiques (hop, voici du wholesome hentaï).

Vous vous êtes habitué(e) à ce qui vous excite actuellement : vous pouvez donc vous déshabituer, et vous habituer à autre chose. Il suffit d’un peu de temps (et ce n’est pas grave si vous n’y arrivez pas systématiquement, les fantasmes ne font pas de victimes).

Réinvestir sereinement notre sexe et nos désirs

Deuxième possibilité : vous pouvez créer votre propre fantasmatique, précise et personnalisée. Si vous n’en avez pas le temps ou les moyens, pourquoi ne pas essayer les plates-formes collaboratives ? La sexualité est plus riche quand on est plusieurs : sur Wattpad comme sur Reddit, dans les multivers des fanfictions comme sur les sites vous mettant en relation directe avec des performeurs et performeuses, vous pouvez penser à des scénarios en commun… et les faire advenir.

Notre culture sexuelle nous fait croire que nous sommes impuissants face à elle. Ce n’est pas vrai. Nous ne sommes pas plus condamnés au malaise que nous ne sommes condamnés au capitalisme, à la pénétration ou aux fraises espagnoles. Nous pouvons nous extraire.

Nous pouvons aligner le cerveau et le clito, le pénis et l’oasis, la raison et la passion. Il ne s’agit pas de mettre nos désirs en ordre, mais de réinvestir sereinement notre sexe et nos désirs… en réservant l’art du grand écart aux positions du Kamasutra.

28 juillet 2019

Milo Moiré

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milo94

milo99

28 juillet 2019

Boris Johnson

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28 juillet 2019

Décryptages - La reconnaissance faciale pour s’identifier en ligne inquiète les défenseurs des libertés numériques

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Par Léa Sanchez

L’association La Quadrature du Net a déposé un recours devant le Conseil d’Etat pour faire annuler le décret autorisant l’application AliceM qui permet de s’authentifier sur les sites administratifs en prenant une vidéo de soi.

Scanner la puce de son passeport biométrique à l’aide de son téléphone et prendre une vidéo de soi pour créer son compte et pouvoir accéder à des services administratifs en ligne : c’est le principe de l’application « Authentification en ligne certifiée sur mobile », surnommée « AliceM ». Ce système, présenté comme très sécurisé par le ministère de l’intérieur et utilisable uniquement sur Android, devrait permettre de s’authentifier sur les sites liés au portail d’accès FranceConnect : celui des impôts, de la Sécurité sociale…

Mais AliceM, qui est encore en phase de test, suscite des interrogations et des inquiétudes, venant notamment des défenseurs des libertés numériques.

Le 15 juillet, l’association spécialisée La Quadrature du Net a déposé un recours devant le Conseil d’Etat pour annuler le décret du 13 mai autorisant le dispositif. Elle dénonce un traitement intrusif de données biométriques « ayant pour objectif avoué d’identifier chaque personne sur Internet pour ne plus laisser aucune place à l’anonymat ».

« Prémices » d’une politique publique de l’identité numérique

Le projet des pouvoirs publics de développer des solutions d’identité numérique n’est pas nouveau. Si, en 2012, le Conseil constitutionnel avait jugé inconstitutionnel la création d’une base de données biométriques, l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS) et le ministère de l’intérieur travaillent depuis plusieurs années sur AliceM. En septembre 2017, la feuille de route du ministère de l’intérieur mentionnait sa volonté de se positionner « comme maître d’ouvrage et maître d’œuvre de l’élaboration de solutions d’identité numérique ».

En mai, à l’occasion de la publication du rapport « Etat de la menace liée au numérique en 2019 », le locataire de Beauvau, Christophe Castaner, affirmait vouloir que « chaque Français, dès 2020, puisse prouver son identité » en ligne pour, notamment, « bâtir la sécurité du XXIe siècle » et lutter contre les contenus haineux sur Internet. Il affirmait à cette occasion qu’AliceM constituait l’un des « prémices d’une politique publique de l’identité numérique ».

Dans le recours qu’elle a déposé, La Quadrature du Net centre son argumentaire sur le caractère obligatoire de la reconnaissance faciale dans le fonctionnement de l’application.

Dès octobre 2018, dans un avis portant sur le projet de décret visant à autoriser AliceM, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) émettait aussi des doutes sur ce point et proposait des alternatives, comme un face-à-face en préfecture. « En l’espèce, le refus du traitement des données biométriques fait obstacle à l’activation du compte, et prive de portée le consentement initial à la création du compte », écrivait-elle, rappelant les exigences du Règlement général sur la protection des données (RGPD) en la matière.

« Normaliser » la reconnaissance faciale

Pour La Quadrature du Net, maintenir ce système dans ces conditions renforce une « normalisation » de la reconnaissance faciale. « C’est un bras d’honneur à la CNIL », s’insurge Martin Drago, juriste pour l’association.

Le militant pointe les limites techniques de la reconnaissance faciale, mais surtout les conséquences sur la société liées à l’utilisation de ces données sensibles : « Le danger, c’est que notre visage ne devienne plus qu’un outil d’identification, un outil utilitaire. » Il regrette l’absence de débat public en France sur cette question, malgré les expérimentations ayant déjà eu lieu. A Nice, par exemple, la municipalité a décidé en février de tester un dispositif de reconnaissance faciale sur la voie publique.

En plus des informations biométriques, le décret autorisant AliceM indique que de nombreuses données à caractère personnel sont susceptibles d’être enregistrées : nom, prénom, adresse postale, sexe, informations relatives au titre d’identité utilisé…

Une partie d’entre elles seront uniquement stockées, de manière chiffrée, sur le téléphone de l’usager. D’autres, notamment celles liées à « l’historique des transactions associées au compte AliceM », seront également conservées dans un « traitement centralisé » mis en œuvre par l’ANTS et supprimées « à l’issue d’une période d’inactivité du compte de six ans ». Une durée supérieure à celle que préconisait la CNIL : dans son avis rendu en 2018, elle recommandait une conservation de ces données « pour une durée maximale de six mois ».

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